Inutile d’essayer de le renier, la nourriture était sans aucun doute possible mon plus gros point faible. Ça en faisait également une de mes activités préférés, que ce soit la préparer ou la manger. C’est pour cette raison que dès que la tarte fut au four, mon attention se reporta aussitôt sur la casserole qui mijotait encore. Passant mon nez rapidement au-dessus, je reniflai un ou deux coups et aussitôt une foule d’odeurs alléchantes me parvinrent aux narines. C’est que ça commençait à sentir vraiment bon, je commençais à être impatient de me mettre à table. Demandant à la jeune femme comment avançait la cuisson de notre repas, je l’entendis répondre en premier lieu par un ricanement. Intrigué, je baissai les yeux vers Yuki-chan qui observait la croute dorer et m’avoua trouver impressionnant et rare de voir un garçon qui se débrouillait aussi bien dans une cuisine. La remarque me fit aussitôt rougir, malgré moi. C’était bien vrai que les fourneaux étaient généralement un poste réservé à la gente féminine, mais avec un appétit comme le mien j’avais appris tôt que j’étais le seul à pouvoir le satisfaire.

- Oh, tu sais…, commençai-je un peu en bredouillant, c’est seulement une question de pratique. Enfin, il y a certainement un intérêt aussi, mais je dois dire que c’est plutôt en ayant personne d’autre que moi-même sur qui compter pour les repas que j’ai vraiment développé cette habileté. C’est bien d’aimer manger, mais si on n’est pas capable de s’en faire…

C’était la première fois qu’on me complimentait de la sorte pour mes talents de cuisinier et même si cela me gênait un peu je ne pouvais pas dire que cela me déplaisais. Certes, j’essayais de passer cela pour un rien, mais c’était bien de savoir que toutes ces heures passées dans les cuisines à me faire des petits trucs à grignoter n’ont pas été en vain. Il y avait une sorte de… satisfaction de voir que non seulement j’étais un estomac sans fond, mais que j’étais également capable de le remplir. Ayant toujours les effluves du plat en nez, je demandai à la Samui si notre casserole cuisait normalement, ce à quoi elle me répondit en me prenant la vaisselle sale et la mettant dans l’évier. Cela voulait sûrement dire que cela avançait bien. Nous allâmes donc nous réinstaller confortablement dans les divans pendant que le tout était en train de cuire et terminai ma boisson. Je reposai le verre vide sur la table devant moi tandis que Yuki-chan me questionnait subitement sur mes frères et sœurs. Effectivement, même s’ils ont sûrement beaucoup grandi depuis mon départ, j’avais beaucoup veillé sur eux. Ne me laissant pas le temps de répondre, elle poursuivit en m’apprenant que de son côté elle était une fille unique, bien qu’elle ait trois cousins d’environ son âge. De la façon dont elle parlait d’eux, ils étaient sûrement des sortes de grands frères pour elle, ce qui me fit sourire. Je savais ce que c’était, être le grand frère. Quand elle mentionna son chat, je vis aussitôt un œil de mon ninken s’entrouvrir.

- Fais attention, ce ne sont pas les meilleurs amis d’Aka.

Je ris, parce que même s’il avait une aversion pour les chats, ce n’était rien d’aussi grave qui le ferait aussitôt bondir sur un félin dès qu’il en voit un. C’est très cliché, je le reconnais, mais Akamori n’est tout simplement pas capable des chats. Son regard passa alors de mon ninken vers moi et elle me dit que je devais la trouver pitoyable. Mes sourcils se levèrent, mes pensées étant loin d’aller dans ce sens, alors que je l’écoutais se vider le cœur. Parce que c’était bien cela qu’elle faisait, elle se confiait à moi. J’eu un élan de compassion envers Yuki-chan, qui malgré notre rencontre très récente n’hésitait pas à me parler d’elle. Également, je me reconnaissais un peu dans ses paroles, puisque d’une certaines manières j’étais un peu dans la même situation qu’elle.

- Mais pas du tout, Yuki-chan! Nous sommes des êtres humains, pas des robots; il est tout à fait normal que tu ressentes ce genre de choses. Moi-même m’ennuis des miens.

Bon d’accord je n’avais pas vraiment d’excuses puisqu’il m’arrive tout de même d’aller leur rendre visite de temps à autres, mais pas aussi souvent que je l’aimerais. Enfin, comme la kunoichi l’avait dit, nous étions bien des shinobis avant tout. C’est ainsi que le sujet tomba sur nos familles, alors que la Samuin désirait connaître la mienne. Me raclant un peu la gorge, je commençai à lui faire un portrait de ma famille.

- Comme tu l’as deviné, j’ai bien des frères et des sœurs. J’ai une petite sœur, Shita, qui doit justement avoir environ ton âge, et un petit frère, Shippo, qui avoir sept ans. Je les adore tous les deux, bien que de façons différentes. Shita, c’était un peu comme la prunelle de mes yeux, je voulais la protéger plus que tout. Shippo, à cause de la différence d’âge, c’est un peu mon élève si je peux dire cela ainsi; j’ai essayé du mieux que j’ai pu de lui montrer ce qu’un shinobi devait être. Ce que ça peut vouloir dire alors que j’avais peine dix ans, dis-je en ricannant. Enfin, ça c’était avant que je parte, je ne sais pas trop ce qu’ils pensent de moi maintenant. Il y aussi mon père, Renji, qui derrière ses airs de dur se cachent un père aimant et attentionné et, bien sûr, ma mère, Kaede. Ayant grandi dans un clan nomade shinobis, tu comprendras que j’ai été bien plus souvent avec ma mère qu’avec mon père; la relation que j’ai avec chacun d’eux est donc très différente.

Je m’arrêtai, trouvant que j’avais fait un bon portrait de ma famille. Parler ainsi de ma famille me les faisait voir d’une nouvelle façon, n’ayant jamais fait de rétrospection de la sorte avec ma famille auparavant. Mais encore plus qu’autre chose, parler d’eux de la sorte me donnait plus que tout le goût de les revoir. Prendre de leur nouvelle, être de nouveau le grand frère que j’étais.

- Bon, assez parlé de ma famille, je commence à devenir émotif, dis-je à moitié à la blague. Et si nous parlions d’autre chose. Parles-moi de ton pays. Est-ce qu’il fait vraiment toujours froid là-bas?

Juste à y penser j’avais des frissons. Pouvait-on réellement vivre à l’année longue dans un tel froid? La curiosité l’emporta toutefois sur ma peur quant à savoir réellement la réponse; la curiosité faisant partie de mes qualités qui pouvait parfois se révélé être des défauts.

Pendant tout mon monologue, les yeux de la jeune femme ne m’avaient pas quitté une seule seconde. Enfin, peut-être lorsqu’elle s’était prise un morceau de pain. Elle semblait très intéressée par ce que je lui racontais. Quand j’eu terminé, non sans une petite boule qui commençait à me serrer la gorge, je me levai pour me reprendre un tant soit peu. Nous en profitâmes alors pour nous lever et nous rediriger vers la cuisine afin de regarder nos préparations. C’est autour de ce temps-là que je retournai finalement la question à la jeune femme, très curieux de savoir de quoi son pays avait l’air. Quel contraste il devait faire avec Konoha! Je fus néanmoins répondu premièrement par un silence. Jetant un coup à Yuki-chan, je vis aussitôt la confusion sur son visage. N’avait-elle pas compris?

Au final, c’est moi qui n’avais pas compris, ayant pris son regard pour de la confusion. Ce fut plutôt mon tour d’être confus quand elle me demanda subitement le choix entre deux pays. Devant mon air surpris – je ne m’attendais pas à ce qu’elle ait habitée dans deux pays différents – elle commença avec celui qui m’étais familier, Mizu. C’était dans ce pays qu’était Kiri, le village de la Brume. De la façon qu’elle en parlait, je trouvais étonnant qu’un clan se perfectionnant dans la maîtrise du Hyôton puisse y habiter. Toutefois, comme je l’ai dit, c’étaient des choses que je savais déjà; j’avais fait mes devoirs de géographie. Yuki no kuni n’était toutefois pas dans les régions que j’avais étudié, c’était plutôt sur ce pays que je voulais en savoir plus. Elle sembla dénoter l’étincelle de curiosité dans mes yeux, puisqu’elle s’attarda beaucoup plus longtemps sur celui-ci que sur Mizu. Comme je le pensais, il y faisait vraiment toujours froid, avec de la neige à longueur d’année. Adaptation, tu parles! Je ne savais même pas comment ils faisaient, il devait y avoir une foule de truc à penser et à remanier dans des conditions aussi hostiles. Elle me parla aussi un peu de leur économie, ce qui en tant que shinobi était toujours pratique, avant de finalement signaler que le ragout était prêt.

- Excellent! Je commençais vraiment à avoir faim, dis-je alors que je tendais les deux assiettes à la Samui qui nous servit tous les deux. Bonne appétit.

Je plongeai aussitôt ma fourchette dans le ragout et en sortir un morceau de viande dégoulinant de sauce. Cela ne me prit pas de temps pour me rendre compte que ce ragoût, fait par Yuki-chan, était simplement fabuleux. Je dévorai mon assiette alors que je continuais d’écouter la jeune fille parler des gens qui venaient visiter le pays. Selon elle, ces derniers n’étaient pas du tout conscients du danger. Elle me donna aussitôt un exemple très frappant, qui me fit réaliser une fois de plus que cela ne semblait pas être une terre très accueillante. Je comprenais un peu mieux pourquoi certains choisissaient Mizu à Yuki.

- En effet, ce n’est pas très brillant, mais n’empêche qu’il ne doit pas y avoir que ça. Il doit bien y avoir quelques trucs qui ne se trouvent nulle part ailleurs! Excellent le ragoût, en passant; je n’avais jamais rien goûté de la sorte!

En disant cela, je prends une autre bouchée. Nous devions tous les deux avoir faim puisque ce ne fut pas très long que nous n’avions plus rien dans notre assiette. Ce n’était cependant pas ce qui allait m’arrêter. Me levant pour aller me resservir, j’aperçus alors ma tourte depuis la fenêtre du four. Ma tourte! Je l’avais complètement oublié tellement le ragoût m’avait fait une grande impression. Me dépêchant à la sortir, je constatai avec soulagement que je l’avais retirée juste à temps, arborant une croute dorée à juste à point. Ça en avait été moins une! Je vins me rasseoir avec ma deuxième de ragoût et l’entamai dans le silence. J’essayais de trouver un sujet de discussion, mais jusqu’à date ça faisait chou blanc; tout ce que j’arrivais à penser c’était à ce ragoût.

- Est-ce que cette recette de ragoût te viens aussi de tes parents?

Après tout, ma recette de dessert me venait bien de ma mère, il se pouvait que cela soit aussi une recette familiale. Après tout la plupart des recettes que nous faisons sont des recettes que nous avons déjà vu et quel meilleur endroit pour ça que dans sa propre cuisine?