Alors que le soleil commençait tout juste à étendre sa magnificence sur le village Kiri, la princesse des neiges était déjà debout. Comme à son habitude, elle se réveilla avant l'aube pour aller s'accouder à la fenêtre de sa chambre afin de contempler le dehors. Pour une fois la tristesse ne s'empara pas de son esprit. Ce qui fait que c'est avec allégresse qu'elle scrutait l'horizon. Elle était tout simplement aux anges et jouissait d'un bonheur auquel elle n'y songeait point, depuis des années maintenant. La soif de revanche s'étant intensément enracinée en elle, la béatitude est une chose sur laquelle elle ne s'était jamais vraiment attardée jusque là. Les choses qui avaient récemment changé dans sa vie, lui avaient donné matière à cogiter voire même à se remettre en question. Ceci était la première chose qui lui donnait une énorme satisfaction tout comme l'envie ainsi que la motivation de sourire à nouveau. Chose qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps.

Elle avait aussi quitté la maison où elle vivait avec ses deux bienfaiteurs pour se trouver un logement individuel. Si elle tenait à inviter son amant à passer la nuit en sa compagnie, un lieu où ils ne seraient que tous les deux, sans dérangement, serait parfaitement plus adapté. On peut dire que son amour pour son cher Kyu avait réussi à complètement modifier autant sa perception des choses que sa façon d'agir. Et comme un bonheur n'arrive généralement pas seul, la jeune femme était ravie de son intégration à Kiri où elle savait désormais qu'elle avait sa place. De ce côté-là aussi le changement avait été radical, car contrairement à maintenant, au départ elle pensait qu'elle ne trouverait pas sa place dans le village parmi les habitants qui vivaient une existence sans souci. Aujourd'hui, elle était contente de s'être fourvoyée dessus et d'avoir finalement choisi le chemin de la plénitude.

Maintenant qu'elle avait la clef de son bonheur entre les mains, il n'était plus question qu'elle laisse le désir de vengeance revenir en elle. Son seul souhait à présent était de s'adonner à exprimer avec force ainsi qu'intensité ce qu'elle ressentait. Faute de ne pouvoir dire à son bien aimé ce qu'elle ressentait, elle se rattrapait sur des actions insolites les unes autant que les autres. Il fallait qu'il comprenne qu'elle n'appartenait et n'appartiendrait à personne d'autre que lui. Assurément, la demoiselle au charme incandescent était devenue très fleur bleue. Songeant à son bien aimé qu'elle avait envie de revoir, la belle accentua sa position avachie et poussa un petit cri de jubilation en tendant ses bras devant elle. Après cela, elle plaça ses bras au-dessus de sa tête pour s'étirer et termina par effectuer des exercices de mise en forme. Lorsqu'elle eut terminé, elle se dirigea vers son placard où elle sortir des habits qu'elle enfila.

Après s'être habillée, la princesse arpenta ensuite joyeusement le couloir qui menait à la cuisine où elle se prépara un petit déjeuner qu'elle prit le temps de manger avant de sortir. Hors de son habitation, elle salua tous ses voisins et continua son avancement. Gambadant telle une fillette ravie d'avoir reçu le cadeau de ses rêves, elle finit par se heurter à quelqu'un. Après le choc, elle et l'inconnu se retrouvèrent au sol.

- Oh je suis vraiment désolée de vous avoir heurtée, dit-elle en regardant la jeune fille qu'elle venait de heurter. Est-ce que tout va bien ?, demanda-t-elle d'une voix inquiète.

Décidément la folâtrerie ne réussissait pas à la princesse. A peine se laisse-t-elle envahir par elle qu'un accident se produit. Tout de même courtoise, elle se renseigna sur l'état de santé de la jeune fille.

Une nouvelle fois, je venais de passer deux heures en compagnie de grand-mère. La leçon du jour avait porté sur les danses traditionnelles du pays de la neige en tenue de grands apparats. Sans aucune comparaison possible, c'était l'un de mes cours préférés, pourtant, je ressentais malgré tout une légère anxiété en sortant de la maison.
Je n'avais pas pris la peine de me changer pour rejoindre le restaurant de mon oncle, étant déjà en retard pour le repas de midi. C'est donc en portant la lourde robe et en essayant de rassembler la multitude de rubans qui la composaient que je courrais au travers d'un dédale de rue innombrable en espérant arriver à l'heure. Chose impossible en soit. Toujours étant qu'en courant ainsi à vive allure, je ne fis pas vraiment attention et je percutais de plein fouet une jeune femme avant de tomber à la renverse, la multitude de jupons composant ma robe me passant par-dessus la tête.


"Aie ..."


Tomber sur le sol aussi violemment n'était pas, de plus, agréable à première vue et il me fallut une dizaine de secondes avant de pouvoir recommencer à bouger en entendant la voix fortement agréablement de la jeune femme. Je me redressais alors d'un coup en murmurant douloureusement :


"Ça va aller !"


J'écartais alors tous mes jupons pour enfin dévoiler mon visage d'ange avant de regarder la femme plantureuse se tenant devant moi. Ma bouche s'ouvrit de stupéfaction en observant sa silhouette sculpturale dont les courbes et la grâce n'avaient rien à envier au plus beaux travaux de Michelangelo. Telle, une petite nymphe pourchassée par un satyre, je me redresse et m'éloigne légèrement comme pour ne pas la gêner. J'incline alors poliment la tête en rougissant et en refermant la bouche avec empressement en me rendant compte de mon impolitesse :


"Excusez-moi ! C'est ma faute ! Je ne regardais pas ou j'allais !"


Mon regard se tourna alors discrètement vers l'horloge du village. Décidément, j'étais en retard et retard pour retard, je me permettais un nouveau coup d'œil discret en direction de la jeune femme trônant devant moi pour une nouvelle fois observer sa grande beauté. Une petite mimique se dessina alors sur mon visage alors qu'il semblait reconnaitre une certaine similitude dans son visage à la peau blanche comme la neige ... Comme la mienne en fait. J'arquais timidement un sourcil avant de demander d'une petite voix intriguée :


"Vous êtes la petite amie de Shord non ?"


Il me semblait bien l'avoir déjà croisé en compagnie du jeune homme et à ce moment-là, les deux shinobis semblaient assez proche. Suffisamment proche du moins pour que je parvienne à comprendre l'ambigüité de la relation qu'il pouvait y avoir entre eux. Si cela était une confusion de ma part, la jeune femme me le ferait savoir, j'en étais sure.

Yuki eut un petit sourire timide à la réaction de la jeune blonde et se contenta de la saluer une nouvelle fois lorsqu'elle se présenta :


"Je suis Yuki Samui, je suis une amie de Shord et de Yusuke !"


À l'évocation du nom de ce dernier, je rougis légèrement avant de reprendre une certaine contenance et de me redresser :


"Yusuke m'a un peu parlé de toi et puis, je vous ai déjà croisé, toi et Shord dans la rue, mais il n'a pas fait attention à moi ! Je suis encore un peu petite pour attirer l'attention, je pense !"


Un petit sourire en coin se dessina sur mon visage après l'évocation de ma condition physique. Je n'étais encore qu'une enfant, il était tout à fait normal en soit que je n'attire pas trop les regards et je pense que ma famille serait d'accord avec moi pour dire "tant mieux". Nous étions des gens plutôt discrets et sobres malgré l'affriolance exaspérante de ma grand-mère maternelle. La robe que je portais à cet instant précis en était la démonstration pure et simple, mais je ne vais pas cacher que j'appréciais cette dernière.
Réajustant une dernière fois ma coiffure, je me tournais délibérément ce coup-ci vers l'horloge alors que la jeune femme en venait-elle clairement au fait en me demandant si j'avais un rendez-vous. Je rougis de plus belle et approuvé d'un vif hochement de tête :


"Juste un repas en famille ! Mais je n'ai pas eu le temps de me changer après ma leçon de danse ! Je vais sans doute me faire gronder, car cette robe coute une fortune !"


Je regardais alors le sol en réfléchissant rapidement pour trouver une solution sans que rien ne me vienne a l'esprit. Les trois-quarts de ma famille étaient composée de shinobi de grand talent, je n'arriverais pas à tromper leur vigilance avec des artéfacts ou subterfuges quel qu'il soit.


"Vu le retard que j'ai ... Je devrais peut-être rentré chez moi me changer ! Ça m'éviterait certainement de me faire engueuler pour deux raisons, mais uniquement sur mon retard !"


Je fis la grimace à cette pensée. Faire demi-tour pour rentrer chez moi et me changer aller me prendre une bonne demie heure si je voulais être un minimum présentable, mais en soit ça restait la seule solution possible. Je ne sais pas pourquoi, j'ai alors lancé un regard plein d'attente en direction de la copine de Shord.