Il est parfois surprenant de voir le présent comme l’avenir du passé. Vous ne comprenez pas, très bien je vous l’explique. Vous savez lorsque vous êtes dans un moment d’ennui ou de nostalgie, vous vous demandez, comment serais-je dans quelques jours, mois, années. Serais-je un grand ninja, un simple Genin, un petit Chûnin ou bien le Mizukage ? Eh bien ce jour là précisément je me souvenais de comment j’avais bien pu penser à ce que j’aurais pu être plus tard. Je suis toujours curieux de savoir comment se déroulera l’avenir mais là, ce n’était plus une supposition, c’était la réalité. Ce jour là, je n’étais plus un gamin. Certes, l’âge faisais bien de moi un adolescent mais la barbe que j’arborais et le bagage émotionnel que je possédais me donnait bien dix de plus que mon âge. Et puis, je ne me suis jamais senti un enfant dans l’âme. Les enfants aiment jouer, s’amuser, rire et danser. Je n’ai jamais aimé danser. Je pense même que je n’ai jamais été un enfant à proprement parler. Non, j’étais bien plus que ça. J’étais un sage dès la naissance. Du moins c’est ce que je pense.

Vous vous demandez certainement pourquoi je me lance dans une telle introspection de moi-même. La réponse est simple comme le jour : Ce jour là je devenais maitre. Devenir un maitre, c’est avant tout abandonner son statut d’élève. L’abandonner, c’est se résigner à ne plus se concentrer qu’à apprendre mais bien à enseigner. On ne prend alors plus comme seul objectif le développement de soi mais également la formation de la génération future. Chose quelque peu paradoxale quand on sait que c’est plutôt moi la génération future. Et, je le savais, mes élèves pouvaient très bien être beaucoup plus jeunes que moi. Cela ne m’enchantait pas vraiment mais il fallait bien faire avec. En fait, je n’avais pas décidé moi-même d’être maitre. J’avais, quelques mois au paravent, demandé expressément à l’un des inspecteurs de l’académie de diriger vers moi tous les élèves qui auraient un don pour le maniement du sabre. Apparemment, il en avait trouvé trois d’un coup. Que de surprise. Peut-être avait-il attendu un peu avant d’être sûr qu’ils seraient à la hauteur. Toujours est-il qu’en lui demandant ce service, je m’étais déjà préparé à l’éventualité de devenir un maitre. Cette perspective ne me faisait pas vraiment peur à l’époque mais à présent, ce n’était plus exactement la même chose.

Lorsque ce fameux inspecteur me donna la liste des noms, je lui répondis que je ne souhaitais pas la consulter. Qu’il demande simplement à chacun de ces élèves de se rendre sur le terrain d’entrainement numéro huit. Je ne souhaitais pas en savoir davantage à ce moment là. Je voulais les découvrir par moi-même, eux et leur pouvoir. Ce n’est pas pour rien que j’avais demandé des sabreurs. On reconnait un bretteur non pas à son nom mais à son sabre. S’ils étaient aussi efficaces que je le pensais, ils devaient être en mesure de me montrer par eux-mêmes leur personnalité. Certes c’est pour la plupart des gens une idée reçu mais l’art du combat au sabre est avant tout comme un partage d’émotion. On ne met pas sa vie en jeu dans un duel au sabre, on met son honneur et ses compétences. Chaque erreur peut être fatale et c’est bien là que réside tout l’intérêt de se battre avec une arme blanche. De plus, le sabreur garde avec ses tranchoirs une relation quasi-familiale. Vous comprendrez bien que si quelqu’un me volait mes sabres, il devrait courir vite car je lui arracherais directement les jambes. Ainsi est l’amour que j’ai pour mes armes qui ne m’ont jamais quitté.

J’étais donc là, assis sur une de ces pierres du terrain d’entrainement numéro huit. Je regardais le vent faire danser les brindilles au sol et les branches dans les aires. C’était un endroit paisible. Et puis si propice à la méditation. Non vraiment, c’était un endroit tranquille et agréable. Cela faisait d’ailleurs longtemps que je n’avais pas pris le temps de me reposer comme il se doit. Je m’étais un peu surmené ces temps-ci et j’avais à peine le temps de dormir que déjà je devais repartir. Mais ce jour-là était bien différent des autres. J’avais refusé toutes les missions proposées pour me lancer dans la création d’un apprentissage et, peut-être bien d’une équipe si ces petites têtes étaient bien faites. Mais je n’avais rien d’autre à faire qu’attendre. Et puis, peut-être que ces fameux élèves allaient bientôt se pointer. Du moins je l’espérais vivement pour eux. Je ne suis pas vraiment vaniteux mais je suppose que cela doit faire bon genre d’avoir comme sensei un épéiste de Kiri. Et puis, qu’est ce qui me disait que ces élèves ne finiraient pas eux-aussi épéistes ? Non, je fondais de grands espoirs sur ces ninjas et j’espérais vraiment qu’ils soient à la hauteur de mes espérances… Maintenant, cela restait à voir.