Ordre de mission:

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L'oiseau se posa sur le bord de la fenêtre et gazouilla joyeusement pour signifier sa présence à la forme sombre au fond de la pièce. Devant le manque de réaction de la masse informe il vint s'installer sur la table de chevet et réitéra son chant mélodieux, tirant cette fois la chuunin de ses songes. Cette dernière bailla négligemment et sortit de son lit difficilement. Elle se frotta les yeux pendant de longues secondes pour finir de se réveiller et retira le bout de papier de la patte du petit messager. L'animal s'envola aussitôt le parchemin de mission remit, sans même réclamer un bout de pain ou un peu d'eau. Kyuusei lut tout d'abord en diagonale puis, pensant avoir mal compris, relut plus attentivement. Mais non. Une expression de profonde lassitude se dessina sur son visage un court instant. S'habillant rapidement, elle attrapa un baluchon chiffonné et poussiéreux qui trainait au pied du lit et franchit le seuil de sa maison. A peine venait-elle de rentrer à Kiri elle devait repartir.
La jeune fille survola l'ordre de mission une ultime fois pour être certaine de rien avoir oublié et le jeta dans la rivière non loin de là. Cette fois on venait de lui confier une mission d'espionnage qui ne serait certainement pas une sinécure. Observer sans se faire voir ne relevait pas particulièrement de ses compétences. Le village devait vraiment se trouver en manque d'effectif chez les senseurs pour lui infliger une telle quête. Et si la bande possédait réellement un niveau supérieur au sien se faire repérer reviendrait à mourir ou à devenir un otage. Charmante perspective non ?

Kyuusei se rendit au dernier endroit où l'on prétendait avoir vu la bande de ninja, un petit village limitrophe de Kiri, au terme de quelques jours de marche. Les informations que l'on venait de lui offrir se révélaient prodigieusement faibles. On y aurait aperçu dans le bar un groupe d'homme qui "ressemblait fort à des ninjas". N'ayant aucune piste plus probante que cette simple rumeur de bas-étage je devais me rendre en ce lieu perdu. Et puis il fallait bien que je débute quelque part non ?


Je pris prudemment le chemin de l'auberge de la hure. Une clientèle disparate occupait la place commune. Du coté de l'âtre quatre marchands buvaient ensemble au dessus d'écuelles fumantes remplies à ras bord de nourriture. Un petit groupe de prêtres était rassemblé près du mur, plongé dans une conversation calme. Trois gardes du dirigeant local riaient bruyamment tout près du feu, hilares sous l'effet d'une plaisanterie et d'un énorme pichet de sake. Tous aussi ordinaires les uns que les autres, songeais-je en examinant l'assemblée. Des paysans et des marchands trinquaient pendant que, près de la cheminée, un barde chantait pour un public restreint. Aucune bande de ninja à priori. Ne me restait plus qu'à attendre qu'ils arrivent ou se manifestent. Je commandais à manger ainsi que de l'alcool local pour faire passer le tout. Je me surpris à taper du pied sans raison valable et fronça des sourcils. J'étais aussi nerveuse qu'avant une bataille et sans raison valable. Des yeux d'un vert saisissant croisèrent les miens et me figèrent sur place. L'homme blond n'était pas là la première fois que j'avais examiné la pièce. Il avait à peu près la trentaine, abordait un air noble et des cheveux couleur de lin. Il me regardait avec un mélange de curiosité et de lassitude qui me fit dresser les cheveux.

- Voici votre sake, annonça le barman en servant lourdement la commande. Sa vous fera cent yen.

Je prit fébrilement la monnaie au fond d'une de mes poches, paya l'aubergiste, puis me retourna pour choisir une table. L'homme aux cheveux de lin avait disparu. Je m'installait à une place dos au mur, un endroit parfait pour surveiller la clientèle. J'observais de nouveau l'endroit où l'étranger se tenait quelques instants plus tôt pour m'assurer qu'il était bel et bien parti. L'inquiétude en moi grandissait. J'aurais du le voir partir j'étais à coté de la porte. Il n'a pas pu s'évaporer tout de même ! Logiquement il aurait du se trouver dans la salle mais ce n'était pas le cas.
Me forçant à penser à autre chose j'examinais de nouveau la pièce et laissais mes oreilles se promener d'une conversation à une autre. La disparition d'une jeune noble occupait, probablement enlevée contre une rançon, alimentait leurs conversations en un mélange de spéculations morbides et de ce qui semblait une inquiétude réelle pour le bien être de la jeune femme. Coïncidence avec la présence supposée des mercenaires ? Et qui pouvait bien être ce mystérieux homme ? La soirée se déroula ensuite paisiblement sans qu'aucun ninja ne se présente à l'auberge. Finalement j'avais réussi à récolter quelques informations mais toujours rien de probant. Il était temps de partir dormir. Déjà l'alcool me faisait dodeliner de la tête.
La ruelle qui faisait face à l'auberge était calme lorsque je quittais l'établissement. D'un œil exercé je vérifiais l'étroit passage. Vide. Un courant d'air troubla la nuit. Il y eut un instant de silence et des bruits de pas résonnèrent alors qu'une silhouette émergeait de l'ombre. Le personnage avança doucement jusqu'à ce que la lumière de la nuit éclaire son visage. C'était l'homme aux cheveux de la lin de la taverne. Que me voulait-il ? Un air froid et amusé étirait le coin de ses lèvres alors qu'il approchait d'un pas inexorable. La terreur me submergea un court instant puis les esprits qui m'accompagnaient se placèrent tout autour de moi, invisible et silencieux comme la mort. Je ne savais pas s'ils pouvaient me protéger mais bon c'était mieux que rien. Enfin au bout de quelques secondes l'homme se figea et prit la parole d'une voix douce.

- Je m'appelle Hyrosuo. Rassure toi mon enfant je ne te veux pas de mal. Je viens te faire une offre. Je sens en toi des capacités étonnantes. Je peux t'aider à les exploiter si tu me suis. Je ferais de toi une personne crainte que même les membres du misuto hésiteront à affronter. Ou peut-être préfères-tu rester une simple gamine terrifiée devant un inconnu ?

Il faut dire que je m'attendais à tout sauf à une offre pareille. Comment pouvait-il sentir mon don ? Et puis il devait pourtant se douter que je venais de Kiri non ? J'avais un faible niveau mais de là à me prendre pour une simple gamine... Enfin bref. Si je refusais son offre il risquait de me tuer et si j'acceptais... je me jetais aveuglement dans la gueule du loup. Que dire et que faire ? Finalement j'optais pour un silence tout simple. L'homme du sentir mon désarroi et reprit la parole de sa voix douce.

- Je comprend que mon offre puisse te déstabiliser mais tu n'as rien à perdre. Je te laisse un jour pour réfléchir à ma proposition. Si tu es intéressée retrouve moi ici demain soir et sinon... ne vient pas. Mais je n'aime pas spécialement que l'on dise non.

Sa menace à peine voilée me laissait un goût amer dans la bouche. Jamais je n'aurais du accepter cette mission... Je ne suis pas faite pour traquer les gens moi ! L'homme recula d'un pas et commença à se fondre à nouveau dans les ténèbres. Sa voix résonna une dernière fois dans la ruelle.

- Surtout ne cherche pas à me suivre...

Comme si j'avais envie de suivre un probable ninja de génie capable de me balayer en quelques secondes ! Enfin bon si moi je ne pouvais pas le suivre mes esprits eux le pouvaient. Il prirent en poursuite l'homme et disparurent avec lui. Je n'avais donc plus qu'à attendre qu'il viennent me faire leur compte rendu. C'est donc le cœur battant la chamade et la boule au ventre que je prit en pleine nuit la route pour Kiri. Je ne savais pas encore ce que les esprits allient pouvoir me dévoiler mais une chose était sure je ne voulais qu'une chose: mettre de la distance entre cet individu et moi.



Quelques jours plus tard, alors que le jour se levait à peine les esprits me retrouvèrent et me firent leur rapport. Les mercenaires se comptaient au nombre d'une bonne vingtaine. D'après ce qu'ils avaient pu voir ils menaient une vaste campagne de recrutement dans les villages isolés afin de fonder une véritable petite armée et se composaient des fonds en extorquant de l'argent via des kidnappings. Quant à leur chef... Je venais de faire sa connaissance. Les esprits avaient aussi pu identifier le bras droit et les principaux combattants aguerris. Le groupe de mercenaire bougeait tout les jours et n'avaient pas réellement de camp fixe, du moins de ce qu'ils avaient pu voir. Je n'avais là qu'une faible base d'information mais... je n'avais pas vraiment envie de mettre ma vie en danger pour en savoir un peu plus.