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 Réapprendre à vivre

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Suna
Meïka A. Oniri
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Message(#) Sujet: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 9 Nov 2015 - 23:46

-Ha... Aaaaatchouuum !!

Mon éternuement rejeta une volée de farine tout autour. Et moi je me laissai choir face la première sur le plan de travail. Cela n'avait pas été de tout repos mais j'y étais finalement parvenue et seulement à la quatrième reprise. Toujours affalée sur le support je tournais la tête d'un quart pour contempler le vaste champ de bataille qu'étais devenue ma cuisine. J'avais traversé un nombre incalculable de fois le désert et bravé ses milles dangers, explorés d'antiques ruines remplies de pièges et de momies, criblés de balles des dizaines de criminels, coordonné et encadré plusieurs centaines de shinobi au service de la sécurité d'un village militaire, mais cela ne m'avait jamais préparé à faire ce genre de chose. La loi naturelle du monde voulait que je sois davantage faite pour manger plutôt que cuisiner. Malgré cela j'étais tout même sacrément fiers de ma réussite. C'était un peu comme la mécanique, mais avec des temps de cuisson en plus.

-Hmmm...

Je laissai mon esprit vaguement flotter dans les airs. La fatigue me retombait dessus et ce plan de travail devenait de plus en plus confortable. Je ne me laissai cependant pas avoir et me redressai subitement, le visage et les cheveux totalement enfarinés. Je tentai de souffler sur une mèche rebelle, mais rien à faire, elle resta entortillée sur elle-même. Un nouveau tour de quart me permis de contempler mon reflet dans le réfrigérateur. J'arborai une véritable mine de déterrée et les éléments de garnitures dont j'étais couvertes n'aidaient en rien à contredire ce tableau. Je poussai un long soupir de fatigue. Avant de me mettre en route j'allais devoir passer par cette étape obligatoire qu'était la douche.

Une bonne heure est demie plus tard je sortais de chez-moi armée d'un plateau chargée de victuailles sous cellophane. Dehors la nuit était pleine et fraîche. La lune était au abonnée absente. Il devait être dans les onze heures du soir, mais je savais insomniaque le Nara que je m'apprêtai à rendre visite. Ainsi traversais-je une à une les ruelles avec mon plateau en prenant soin d'éviter de croiser toute fréquentation et surtout des visages connus. Il n'aurait manqué plus que cela. Dire qu'à la base j'avais pris cela comme une sorte de jeu couplé à un défis personnel.

Finalement j'arrivais dans les quartiers résidentiels attribués aux émissaires de Konoha. Si j'en croyais ce que m'avait dit la conseillère à la défense, mon hôte devait se trouver dans l'habitation numéroté quarante-deux. A mesure que j'en approchai je sentais la nervosité me gagner peu à peu. Notre dernière discussion s'était achevée dans un climat des plus hostile et quelque part je craignais que cela se termine de la même façon. Finalement parvenue devant je restai planté stupidement durant deux bonnes minutes avec mon plateau sur les bras. Je déglutis ; pris mon courage à deux mains et frappait finalement trois coups. De là où j'étais je pouvais le sentir se déplacer vers l'entrée. Le battant de la porte s'ouvrit et nous tombâmes l'un face à l'autre. Lui semblait visiblement surpris de me voir et moi je liquéfiai littéralement sur place.

-Je... je vous avais bien dis que je ne vous lâcherai pas, que vous le vouliez ou non...

Mes bras se tendirent pour lui offrir ce plateau rempli d'une bonne dizaine de muffins au chocolat.

-Tenez c'est pour vous... Donnant donnant n'est-ce pas ? Je parvins à esquisser un sourire gêné. Où peut-être était-ce plutôt une grimace ?

Je poussai un petit rire nerveux qui resta coincé dans ma gorge. Je me rendais compte à quel point il était difficile de renouer avec une personne que j'aurais souhaité pouvoir trucider sur place il y avait trois semaines de cela.

-Heu... Puis-je entrer ? Finis-je par lâcher timidement.

Je revenais ainsi à lui parce qu'il ne devait pas en être autrement. Durant ces derniers jours je mettais remises en questions sur bien des plans. Je n'étais plus Oniri, pas plus que je n'étais Soma, alors je ne pouvais en vouloir au monde pour ce qu'elles avaient vécu. Il me fallait arrêter de sans cesse chercher à fuir les autres et tous les problèmes y attrayant. Je devais apprendre à pardonner à la vie sans quoi il ne me serait jamais possible d'avancer. Mais plus que tout : parce que je savais qu'il avait besoin de moi. Pour ainsi dire, en tant qu'Akuma nous étions seul. Le monde des humains ne pouvait nous comprendre. Nous n'avions que l'autre. Et même s'il était un homme, et donc par définissions un imbécile de première, j'étais prête à l'aider quoi qu'il m'en coûte.


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Lun 15 Aoû 2016 - 21:58, édité 6 fois
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyMer 11 Nov 2015 - 23:59

Au Pays du Vent, toutes les journées étaient atrocement chaudes. L'air y était sec, les températures étouffantes, et s'il tombait plus de vingt millilitres de précipitation annuelle, l'on pouvait sabrer le champagne. Pour ainsi dire, il n'y avait qu'une seule saison ici : elle était estivale modèle caniculaire, et la mer n'était pas à la hauteur de la plage pour que l'on puisse en profiter. Les nuits à Suna étaient l’extrême inverse. La température chutait drastiquement, si bien que si l'on était invité à une soirée et que l'on arrivait en bermuda et tongs, mieux valait avoir prévu un manteau double épaisseur, un bonnet et une écharpe pour le retour – surtout si la soirée en question avait été généreusement arrosée.

Au milieu de tout cela cependant, il existait un havre de paix, où le thermomètre affichait toujours la bonne température, quelle que soit l'heure de la journée ou de la nuit. Cet endroit s'appelait : '' résidence munit d'un conditionneur d'air ''. Grâce à cette fantastique invention des Saibogu, il faisait toujours frais le jour quand dehors était étouffant, et douillet la nuit quand l'extérieur grelotait. S'en devenait presque une invitation à rester enfermé, et à ne sortir qu'au deux crépuscules, quand le chaud et le froid flirtaient quelques minutes dans un parfait équilibre.

Mais malgré tout ce confort accessible avec seulement la pression de deux boutons, il y en avait un parmi les émissaires de Konoha qui avait décidé de garder le sien bloqué sur trente-cinq degrés la nuit. Le jour, il lui suffisait d’entrouvrir les fenêtres s'il n'était pas dehors. La raison en était simple : il allait participer à l'examen Chunin, et devait en conséquent préparer son corps à affronter la première épreuve située dans le désert. Autrement dit, il devait s'habituer en quelques semaines à une chaleur dans laquelle les Sunajin étaient nés, avaient grandit, et été élevés s'il ne voulait pas être trop désavantagé. Un entrainement spartiate alors qu'il était censé être en congé, diront certains, c'était un peu de gâchis de vacances, mais lui s'en fichait : il n'arrivait pas à profiter de son séjour, et ce depuis qu'il était arrivé à Suna.

Cet individu, c'était Natsuki. Il était venu au Village avec trois objectifs en tête. Le premier était d'escorter Mizuki pendant tout le trajet pour qu'elle arrive en un seul morceau – sans quoi c'est Miko qui l'aurait taillé dans lesdits morceaux -, et le second de s'assurer que l'ingénieur en charge du projet de la prothèse de main de son Hokage faisait bien son travail. Deux tâches assignées officiellement qu'il avait mené à bien. Mais le troisième était beaucoup plus personnel, et concernait l'aide qu'il cherchait auprès de ce même ingénieur dans un domaine bien moins mécanique et beaucoup plus... physique. Là par contre, les résultats avaient été pour ainsi dire, désastreux. Ç’aurait pu être pire, mais il n'en était pas avancé pour autant. Le ton, à défaut d'être monté, était devenu tranchant, suite à quoi il s'en était allé après s'être fâché avec l'une des trois seules personnes susceptible de l'aider à guérir. Cette personne, c'était Oniri.

Trois semaines s'étaient écoulées depuis. Trois semaines au cours desquelles il ne s'était rien passé de particulier. Il avait visité un oasis, comme il l'avait demandé à Kibõ, et été invité à l’intronisation du nouveau chef de clan des Kawaguchi, où à ce jour encore il se demandait les raisons de sa présence là-bas - son chaperon s'était d'ailleurs posé la même question. En plus de vingt jours, il n'y avait donc pas de quoi remplir un carnet de vacances sur ses péripéties... C'était dommage. Il était à peu près certain que dans d'autres circonstances, il aurait prit énormément de plaisir à séjourner ici, à l'image de Senwashi et de Van.

Au lieu de cela, il était déjà couché à vingt-trois heures au lieu de faire la fête. Le sommeil occupait une part essentielle de sa vie, même si au final, il ne lui était jamais reposant. Ses nuits étaient hantées par de perpétuels cauchemars, des visions d'horreur de ce que ses instincts refoulés le poussaient à faire, voire de ce qu'il avait déjà fait en cédant lors de ses phases de crise. C'était entre autre l'origine des cernes qu'il portait sous les yeux. De beaux cernes entretenu depuis près de six ans maintenant, et qui faisaient presque partie intégrante de son visage.

Des coups résonnèrent contre sa porte d'entrée, le genre de celui qui veut se signaler plutôt que celui complètement éméché qui vient s'étaler contre. Visiblement, quelqu'un lui avait prévu un autre programme qu'attendre que la nuit passe. Tiré de son demi-sommeil, il bascula en position assise sur son lit, enfila son bas de pyjama pokemon, chaussa ses chaussons lapin Johnny Darko, et alluma les lumière sur son parcours jusqu'à l'entrée. Il ouvrit la porte à peine, juste assez pour laisser apparaître un œil fatigué, légèrement contrarié, et cerné de toute part. Juste assez pour tomber sur un visage fatigué, légèrement pétrifié, et cerné de toute part.


« Oniri ? »
lâcha-t-il, surpris, en ouvrant plus grand la porte.

La fraîcheur de la nuit lui glaça la sueur sur le torse.


« Qu'est-ce que vous faites ici ? »


Question bête, elle lui apportait des muffins au chocolat à vingt-trois heures, cela se voyait pourtant. Il sourit à son tour, bien plus à l'aise avec les rictus de circonstance qu'elle, visiblement. Il avait plus de pratique dans le domaine, en même temps. Elle était nerveuse, il le sentait. Le plateau de douceurs n'était prétexte, de la même manière que lui avait utilisé la main manquante de Miko comme entrée en matière. A la différence qu'à ce moment là, trois semaines plus tôt, ils s'étaient retrouvés en bons termes. Ce n'était pas le cas de leur séparation. Une conclusion qui semblait encore peser sur le comportement de la jeune femme. A l'inverse, Natsuki n'en gardait pas de ressenti particulier : à force de vivre dans la colère perpétuelle, il avait apprit à relativiser la source de ses courroux – après coup tout du moins, car il restait toujours prompt à partir au quart de tour dans l'instant présent.


« Faites comme chez vous. »
dit-il en s'écartant de l'entrée pour qu'elle puisse s'avancer. « Ce n'est pas vraiment chez moi ici après tout. »

Il suffisait d'un rapide coup d’œil aux environs pour s'en rendre compte. La maison ne portait aucune marque ou effet personnel, que ce soit photo de famille ou bibelot particulier. Elle était telle que l'on pouvait en trouver dans les catalogues d'agences immobilières, prête à être habitée et personnalisée. Seule une guitare trônait dans un coin de la cuisine sur son support. Natsuki l'avait rangé ici car c'était le seul endroit de la maison qui ne voyait jamais le soleil briller directement : l'astre lumineux avait déjà assez attaqué la peinture usée de l'instrument chez lui à Konoha, inutile qu'il fasse davantage de ravage ici, au sommet de sa puissance.


« Ils ont l'air bon. »
complimenta-t-il en débarrassant Oniri de son plateau de muffins. « C'est vous qui les avait fait. »

Ce n'était pas une question. En vérité, les pâtisseries tiraient un peu la tête. C'était le genre que l'on retrouvait uniquement sur les modèles '' fait maison '' avec la mention '' expérience zéro, j'ai juste suivit la recette ''. Touchant.


« Vous par contre, vous n'avez toujours pas trouvé le sommeil. J'ai l'impression de me voir dans un miroir. »


La nature et l'intensité de compliment restait à définir, que ce soit par le destinataire ou l'expéditeur. Le ton léger pouvait par contre peser dans les circonstances atténuantes.


« Installez-vous dans la cuisine. »


Celle qui faisait aussi office de salle à manger. Il lui tira la chaise pour lui indiquer quelle place occuper, et déposa sur la table à côté du plateau offert par Oniri un verre avec deux bouteilles. L'une contenait du lait, et l'autre de l'eau.


« Vous m'excuserez, mais je n'ai rien d'autre à proposer à boire ici. »


Le lait allait probablement rapidement tourner en dehors du réfrigérateur avec une température pareil. Il haussa les épaules, puis joignit ses mains sur la table.


« Bien, que préférez-vous Oniri ? Que je vous mette à l'aise en vous demandant d'abords si mes desserts vous ont plu, ou que je vous demande directement pourquoi vous désiriez me voir ce soir ? »
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 12 Nov 2015 - 20:26

Je m'étais attendu à voir beaucoup de choses apparaître au moment où il ouvrit la porte. Une homme passablement énervé par ma venue, une homme en tenue de chef cuisinier occupé à préparer des flans et des beignets de sauterelles, un ninja en tenue de combat, mais pas à cela. D'un certain point de vue on pouvait dire que j'étais plutôt bien loti. J'eus droit à la superbe vision d'un beau mâle au torse nu bardé de tatouage et luisant de sueur. Sans doute n'aurais-je pas manquée de profiter du spectacle si je n'avais pas été aussi fatiguée. Seulement cette idole se cassait littéralement la figure lorsqu'on arrivait en-dessous de la ceinture. En effet, j'aurais été incapable de dire quoi du pantalon où de ses chaussons étaient le plus troublant ce qui me partagea entre la crise de fou rire et la rupture d'anévrisme. Le résultat fut un étrange mix des deux, qui visuellement parlant devait s'apparenter à un état de mort cérébrale.

-Sympa les lapins... Dis-je en fixant avec de grands yeux les deux bestioles accrochés à ses pieds, oubliant totalement la partie supérieur de son corps qui, théoriquement, aurait du être plus attrayante.

Il m'invita à le rejoindre à l'intérieur. J'avançai d'un pas maladroit jusqu'à le suivre dans son salon-cuisine. Rien ne semblait avoir bougé depuis sa venue. L'environnement était totalement neutre si ce ne fut cette guitare posée dans un coin dans la pièce. La pauvre donnait l'impression d'avoir grandement vécue. Je lançai un regard interrogateur à l'encontre du Nara signifiant : « Vous savez en jouer ? » Il me répondit par la même expression, sauf que la sienne voulait dire « C'est vous qui avez fait ces muffins ? ». J’acquiesçai d'un signe de tête sans parvenir à trouver mon aise. Après quoi il releva sur mon état de fatigue en plus de prétendre avoir l'impression de se retrouver devant un miroir. Je haussai un sourcils circonspect, celui de mon œil valide, avant de le dévisager de sa bas en haut, lui et ses lapins pokemons.

-Si vous le dites...

Nous nous installâmes à sa table et il me proposa de boire quelque chose. J'avais le choix entre un verre d'eau et du lait, c'était... fort accueillant. J'eus une petit moue agacée non pas parce cela me dérangeait, mais plutôt parce que j'étais peinée de constater où sa malédiction l'avait rendu. Si je comprenais bien le pauvre n'éprouvai plus aucun plaisir à l'égard de ce qui faisait la vie elle-même. De l'eau plate et du lait, cela résumait assez clairement sa situation présente. C'était assez triste dans un sens. Je me demandai alors s'il tirerait un quelconque plaisir à manger mes muffins. A dire vrai je me surpris à souhaiter qu'il les trouves dégouttant si nécessaire. Au moins cela aurait prouvé qu'il ressentait quelque chose.

-Un rien me suffira. Ne vous donnez pas cette peine. Il est inutile de faire semblant avec moi.

Moi je ne fis pas semblant en étirant un nouveau sourire dans lequel se mêlaient quelques brides de tristesses et de compassions ; ce qui ne l'empêcha pas de ré-attaquer de la façon la plus froide qui fut. J'avais presque l'impression d'être revenue à ce jour d'il y a trois semaines en arrières. Il n'avait pas changé contrairement à moi qui m’efforçai d'être moins égoïstes.

-Votre premier flan à finit encastré dans un mur peu de temps après votre départ. Le second je l'ai partagé avec mon paternel. Vous avez par ailleurs les compliments de Saibogu Satoshi.

Je baissai les yeux a peine fiers de ma plaisanterie. Visiblement ce n'était pas ce soir que j'allais réussir à détendre l'atmosphère.

-Pour revenir à un sujet plus sérieux, je tenais à vous présenter mes excuses pour ce qui s'est passé l'autre fois. Je n'ai pas agis de la bonne façon. J'aurai du refuser et vous retenir parce qu'il n'y a personne d'autre pour vous aider comme je peux le faire. Nous sommes à la fois similaires et différents, mais nous sommes les seuls à pouvoir réellement nous comprendre. C'est pourquoi nous devons tout faire pour nous entraider...

Même en m'accordant tout le recul qui m'était du je continuai de le considérer comme le principal fautif de cette cassure. J'avais peut-être ma part de responsabilité, mais elle était dérisoire comparé à son comportement. Seulement ce n'était pas en restant bornés et en campant sur nos positions que nous ferions avancer les choses. J'ignorai s'il pourrait m'apporter quoique ce soit, mais je savais que je le pouvais pour lui.

-J'ai réfléchi durant ces dernières semaines et je pourrais avoir un début de piste pour vous aider à réprimer votre mal. Cela ne permettra jamais de le supprimer, mais si cela peut au moins soulager votre fardeau pour vous permettre de ressentir à nouveau il s'agira d'un bon début.

Si cette méthode fonctionnait il pourrait alors remercier Honda ma petite couleuvre qui m'avait donnée l'idée.

-Si la présence de votre démon est influencée par le cycle des saisons, il est fort probable que cela soit du à l'énergie Senin. J'ai entendu dire que beaucoup d'Akuma étaient liés au chakra naturelle ce qui justifie le fait que la plupart des légendes les concernant font état de leurs apparitions au cours d’événements calendaires majeurs.

Le fait de passer trois mois enfermées dans le noir à lire quatorze livres par jour avait finit par porter ses fruits. Mes recherches avaient considérablement avancée durant cette période. Il était malgré tout peinant de voir que je trouvais davantage de solution pour autrui que pour moi-même.

-Je suis en mesure d'influencer le Chakra Senin, mais encore à faible niveau. Avec de l'entraînement il me serait dès lors possible d'absorber une partie de cette énergie dans votre corps. Si le raisonnement logique se tien vous devriez normalement allez mieux même si ce ne sera que temporaire. Le problème étant de savoir de quel genre d'élément de la nature votre corps tire sa force. Votre faiblesses est-elle du au dépérissement de la flore en hiver ? De l'éloignement de la terre par rapport au soleil au cours de cette période ou d'autre chose ? La première étape consisterait à pouvoir confirmer cette hypothèse et à trouver ce fameux élément auquel vous êtes liés.

Dans mon cas il s'agissait de la lune dont les facéties capricieuses m'avaient causées de nombreux problèmes durant ces derniers mois. Étant à l'origine de ce procédé on ne pouvait donc l'appliquer sur moi même ce qui consistait en une belle ironie. Hors sur le court terme ma guérison ne faisait actuellement plus partie de mes priorités même si quelque part je savais qu'en l'aidant lui je pourrais m'aider moi-même.

-Je sais que cela peu paraître maigre, mais essayez de voir cela comme un début. Dis-je en levant les paumes ainsi que les épaules. Si toutes ces idées se confirment il sera possible d'envisager des solutions sur le long terme, pour vous comme pour moi. Quand dite-vous ?

L'interrogeant du regard je fus de nouveau dérangée par cet élément perturbateur.

-Mais avant toute chose. Est-ce que cela vous poserait problème d'enfiler un T-shirt ?

Simple question d'équilibre. La perceptive d'être assise en face d'un homme torse nu chaussé de tête de lapin diabolique à vingt-trois heures a côté d'un plateau de muffin au chocolat le tout dans un grand appartement aseptisé était assez dérangeante.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptySam 14 Nov 2015 - 19:43

« Je ne fais pas semblant, j'essaie juste de rendre les choses plus agréables. »

Il désigna le verre sur le table : s'il avait voulu sauver les apparences, il en aurait posé deux. Il apprit ensuite le destin des flans qu'il avait apporté à la jeune femme, une funeste fin pour le premier de la ligné qui aurait même valu un commentaire de sa part s'il n'avait pas tiqué sur la suite : Oniri lui révéla qu'elle était la fille de Satoshi, le Saibogu qu'il avait rencontré jadis avec Onpu au cours d'une entrevue des plus troublantes. Il s'abstint cependant de toute remarque, car il se souvenait clairement que son invitée n'était pas au courant du projet de son père, projet qu'il avait brièvement abordé au temple de Maskine. Était-ce le cas aujourd'hui ? Sans importance, ce n'était pas l'ordre du jour.


« Décidément vous les Sunajins êtes fascinant. En dehors des Nara de naissance et des alcooliques chroniques, la plupart des Konohajins sont incapables d'apprécier le lait de cerf, tant le goût sauvage est puissant et emplit toute la bouche. Mais ici, que ce soit Kibõ, votre père ou vous, vous les avez trouvé excellents. Si j’atteins l'âge de la retraite, je vais songer à ouvrir un restaurant dans le Village, vous avez un bon palais ici. »


Difficile de concurrencer dans ce domaine les Akimichi à Konoha, surtout au niveau des tarifs : leur menu enfant suffit en général à nourrir une famille moyenne pour la journée... Plaisanterie, plaisanterie, mais le sujet sérieux fini par se lancer de lui-même. Cela ne servait à rien de vouloir détendre l'atmosphère, elle finissait toujours par se cristalliser dès que l'on touchait à cela. Et il commença avec des excuses. Natsuki s'attendait à beaucoup d'entrées en matière, mais pas à ce modèle-ci.


« Non, vous avez bien fait ce jour là, cela n'aurait que plus mal fini autrement. Surtout si c'était pour me dire que votre aide n'est apportée que parce que personne d'autre ne peut le faire. Même si c'est effectivement le cas, je ne veux pas votre sacrifice pour ma cause. Je ne vous dirai pas que cela me mettrait très mal à l'aise, car je ne suis plus capable d'éprouver cette émotion, mais cela ne m'empêche pas d'en avoir le souvenir. »


Dire qu'à peine trois ans plus tôt, il en était à un point désespéré qu'il l'aurait rossé pour obtenir son aide de force, s'il n'aurait pu l'avoir de gré. Une bonne chose qu'ils ne se soient pas connu plus tôt. Quand l'on pense que tout ceci a débuté parce qu'elle portait des gants sympas. Glorieux départ pour une saga fantastique...


« De mon côté Oniri, je n'ai malheureusement aucune excuse à vous présenter. »


En guise d'entrée en matière, il tenait lui aussi un bon niveau. Le genre qui promettait une liste courte.


« Depuis tout jeune, j'ai acquit et développé une maîtrise totale de moi-même. Je n'en fais pas une fierté, car c'est ce qui est attendu de chacun d'entre nous en tant que shinobi : faire fi de nos émotions, de nos principes et de notre moral pour mener à bien la mission qui nous est confiée. Mais depuis que j'ai commencé à être... malade, j'ai une nette tendance à une agressivité que je parviens pas à supprimer. Bien au contraire, cela prend des proportions beaucoup plus importantes que je me permettrais en temps normal. Mais cela ne vient pas de moi, je n'ai pas choisi d'être frappé de cette malédiction. C'est pourquoi je n'ai jamais cherché le pardon pour les actes qui ont été commit sous le coup de la colère : si je présentais des excuses pour cela, cela reviendrait à l'accepter comme une part de moi. Et je le refuse. Je ne suis pas ainsi. Je ne suis pas un monstre dévoré par sa fureur. »


C'était ce qu'il pouvait offrir de mieux en réponse à la déclaration d'Oniri. Pas très avenant donc...

Et c'est sur ce qui se voulait être un nouveau départ pour les deux protagonistes que la demoiselle borgne lui expliqua le fruit de ses réflexions. Natsuki l'écouta avec un intérêt premier tandis qu'elle lui présentait les différentes pistes qu'il serait le plus intéressant d'explorer, compte tenu de ce qu'elle avait pu apprendre il ne savait où. Des pistes très vagues, certes, qui se basaient davantage sur des suppositions et des interprétations de légendes, mais c'était à peu près le point où ils en étaient tous les deux : à défaut d'avoir des preuves et des solutions, ils devaient les produire en expérimentant. Il n'avait plus que cela pour avancer. Il n'avait d'ailleurs jamais eu rien d'autre.


« L'énergie naturelle serait à l'origine de ce qui me dévore ? Hum, je n'imaginais pas la planète si furieuse. Kuma ne plaisantait pas quand il disait que la Terre nous en voulait... Une chose m'échappe toutefois : en quoi est-ce nécessaire de connaître la source de ce pouvoir pour agir dessus ? L'énergie Senin est ce qu'elle est. Si elle coule dans mon corps, et que vous êtes capable de la manipuler, peu importe sa provenance, non ? Il y a aussi quelque chose d'autre qui ne colle pas avec votre raisonnement. Je n'ai pas de moment fort, cela je peux l'affirmer avec certitude. J'ai étudié très attentivement mes épisodes de crises, et leurs moments de survenu : il n'y a pas de cycle logique. Que ce soit le jour, la nuit, le printemps ou l'automne, l'intensité des pulsions et ma capacité à les dominer ne dépendent que des facteurs situationnels : stress, douleur, sang-froid, endurance... Autrement dit, je n'ai pas de haut, seulement un gouffre en hiver. Alors si cela veut dire que je risque d'être tout au long de l'année dans le même état que durant la saison froide... »


Il récupéra la bouteille de lait, qu'il rangea dans le réfrigérateur.


« … eh bien j'imagine que ce sera déjà un bon progrès. »


Il prit appuie contre le plan de travail de la cuisine avec son bassin, et croisa mécaniquement les bras.


« Honnêtement, je suis prêt à essayer à peu près n'importe quoi. Alors si c'est documenté et réfléchi par quelqu'un comme vous, capable d'influencer le cœur même de la problématique, je ne vois pas de raison pour ne pas tenter. »


En dehors du fait qui si cela se passait mal le pire pouvait arriver, bien entendu.


« De mon côté, la seule piste un tant soit peu tangible que j'ai pu expérimenter relève de ceci. »
désigna-t-il en dessinant du pouce la courbe du tatouage qui passait sur son muscle pectoral droit. « Ces tatouages, que je croyais autrefois résulter d'un choix personnel, se sont révélés être des sceaux d'un genre unique. Il semblerait que ce soit grâce à eux que l'Autre ai pu être canalisé si longtemps. Mais un traumatise davantage psychique que physique a atténué leur effet il y a six ans. Il ne s'agit donc pas de simple fuinjutsu, mais quelque chose de beaucoup plus élaboré, qui dépasse mon niveau actuel : des sceaux qui gravent peut-être l'âme bien plus que le corps. Est-ce qu'ils filtrent l'énergie naturelle de la même façon que vous compter me l'absorber ? Je ne sais pas. En tout cas, je suis partant pour découvrir où votre méthode peut nous mener. »

Le singulier semblait plus à sa place que le pluriel dans sa phrase cependant, mais avant qu'il n'ai eu le temps de poser sa question, Oniri lui fit part du léger problème qu'elle éprouvait avec l'absence de haut qu'il portait – ou ne portait pas.


« Je suis pourtant plus habillé que si nous étions à la piscine. »
fit-il remarquer en écartant les bras, témoignant de la honte qu'il n'éprouvait nullement. « A moins que vous ayez du mal à résister à l'appel de la chair ? Je vous comprends, moi-même je n'y résiste qu'avec difficultés. »

La taille des crocs qui se révélèrent dans son sourire ne laissèrent que bien peu de place à la métaphore sensuelle dans sa phrase : le littéral sanglant en occupait déjà tous les interstices.


« Et c'est précisément ce dont je veux me débarrasser. »


Il fit un simple signe de la main gauche devant lui, ce qui provoqua une métamorphose illusoire dans un * pouf * sonore, accompagnée d'un léger nuage blanc rapidement dissipé. Il en émergea alors dans sa tenue habituelle, sombre et couvert des pieds au cou. Seuls ses chaussons étaient restés.


« Il y a une question que j'aimerai vous poser Oniri. »
reprit-il comme si rien ne s'était passé. « Vous avez dit que nous sommes les seuls à pouvoir réellement nous comprendre, à pouvoir envisager des solutions pour vous comme pour moi. Mais il y a un point que je ne comprends pas chez vous, un mystère qui pourrait être la nature de la réaction que j'ai eu malgré moi la dernière fois que nous nous sommes vu. A quel problème cherchez-vous une solution pour vous ? »

Sa voix avait perdu toute trace de plaisanterie. Peut-être qu'en ayant la réponse, et qu'en la comprenant, il cessera d'envier la situation d'Oniri, et la regarder autrement qu'à travers son nombril.

Debout depuis son plan de travail, il ne quitta pas la jeune femme du regard.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 16 Nov 2015 - 22:32

-Si vous pensez que votre lait de cerf est fort attendez de goûter celui de chameau. Cela explique certainement pourquoi savons apprécier vos flans. Pour ce qui est d'ouvrir un restaurant, vous feriez certainement fureur en ville. Cela manque de plats exotiques. Il faudra cependant vous habituer à la chaleur, mais je constate que vous vous y préparez déjà... Dis-je en secouant mon haut pour y faire entrer un peu d'air.

Au départ je le croyais complètement fou à se balader dans un tel accoutrement avec une chaleur pareille. Quelque part il fallait l'être un peu pour s'imposer ce genre d'entraînements alors qu'il existait des méthodes plus honorables. Son manque de sensations et d'émotions semblait le plonger dans les extrêmes sur tout ce qu'il entreprenait. Je n'étais cependant pas faite pour jouer les psychanalyste. En reposant le regard sur sa tenue nocturne je pensai avec amusement qu'il me faudrait peut-être le laisser entre les mains de Kioshi. Tous deux semblaient autant enfermés l'un que l'autre dans sa propre bulle.

Passée cette idée saugrenue je redevenais plus sérieuse et gardai concentrée toute mon attention sur mon interlocuteur lorsqu'il commença sa suite de monologues. Je ne savais pas trop pourquoi, mais cela me rassurait qu'il me dise que j'avais pris la bonne décision. Pour une fois j'avais l'impression de ne pas foutre en l'air toutes les relations sociales que j'entreprenais sans jamais savoir si cela provenait réellement de moi ou des autres. Il y avait seulement un détail sur lequel il se fourvoyait et cela je le lui devais entièrement pour m'être mal exprimée.

-Détrompez-vous. Je ne me sens aucunement obligée. Si je suis ici ce soir c'est uniquement parce que je l'ai souhaité.

Je lui décochai un sourire complice à la limite du fraternel. Il était un imbécile borné égocentrique enfermé dans sa maladie. Et c'était bien pour cela que je lui avais pardonné son comportement, tout du moins en partie. Aussi voulais-je faire des efforts pour lui parce que, l'air de rien, il commençait à m'être sympathique, hors il lui faudrait également en faire en retour. Ces paroles n'étaient peut-être pas de lui, mais il avait tout de même eu la faiblesse de les laisser sortir. Donc quelque part il avait tout de même des excuses à me présenter.

Je ne m'en outrai nullement, n'étant plus à cela prêt. Yami ne s'était jamais excusée pour avoir laissé Megami me déchirer les entrailles. Alors pourquoi devrais-en attendre faire autant avec lui ? Non sincèrement je restai au-dessus de tout cela. Il ne fallait plus espérer, il ne fallait plus vivre dans le passé, mais s'attaquer au présent. Le mien se trouvait ici. Et si nous parvenions à le guérir, je ne lui demanderai pas non plus de me remercier en retour pour un acte qui me semblait naturel.

-Non vous n'êtes pas un monstre sanguinaire. Ce n'est pas votre faute et je ne vous tiendrai jamais rigueur pour ceci. Cependant, sachez que si d'avenir vous veniez à m'aborder de la même façon que la dernière fois ; je n'hésiterai pas un seul instant à vous pulvériser sur place.

Les grands sourires totalement impersonnel qui s'en suivit servait à confirmer ces dires. Et si cela ne suffisait pas je croisai les jambes sous la table pour faire teinter les deux pistolets harnachés à mes cuisses. Ne jamais aller quelque part sans être équipé de deux calibres cinquante aux chargeurs pleins. Il s'agissait d'une des règles de cette ancienne femme totalement parano qu'était Saibogu Oniri. J'avais beau vouloir changer bon nombre d'aspect de sa vie ; elle resterait toujours égale à elle-même sur certains plans.

De son côté le Nara ne sembla pas prendre à cœur ma remarque qui relevait autant de la provocation, de la plaisanterie, que de la menace. La suite de son discours fut empreint de nombreux doutes et questions que je ne gardais pas en suspens plus longtemps. L’énergie Senin était mon grand sujet de lecture de ces derniers temps. Noa m'avait également apprit de nombreuses choses concernant cette dernière. A présent je comprenais dans quel but.

-Malheureusement ce n'est pas si simple. L'énergie Senin est en effet ce qu'elle est. Cependant sa nature profonde peut varier d'un élément à l'autre. Pour donner un exemple l'énergie provenant de la nature est différente que celle venant du soleil. En l'absence d'informations je préfère éviter que nous prenions des risques sans savoir à quoi nous attendre. Une mauvaise manipulation pourrait entraîner de fâcheuses conséquences c'est pourquoi je tiens à mettre toutes les chances de notre côté.

Ce n'était pas que je craignais son autre forme. J'avais déjà affronté quelque chose de mille fois plus obscure, violent et visqueux au Pays des Neiges. Sans trop miser sur l'excès de zèle je me sentais capable de survivre devant sa nature démoniaque si cela tournait mal. Ce que je tenais néanmoins à éviter étant de le transformer en quelque chose d'encore plus obscure et violent. Il me faudrait encore mener divers recherches et tests sur le Nara avant de commencer l'expérience. Celui-là même qui semblait fort hâtif à l'idée de s'y mettre.

Aussi fus-je étonnée lorsqu'il aborda le sujet de ses tatouages. Outre le fait de le rendre partiellement sexy, ces derniers servaient visiblement à maintenir l'Autre enchaîné dans les profondeurs de son âme. Mon regard s'embrasa à cette idée. Moi qui ne pensait pas vraiment en tirer profit, nous entamions déjà une piste qui pourrait se révéler salvatrice concernant mon propre cas. A cet instant je me damnai pour être une aussi mauvaise partisane du fuinjutsu. C'était assez peu commun chez les Saibogu et je faisais malheureusement partie de ce lot. La mécanique brute était plus de mon ressort notamment lorsqu’il était question de faire exploser des trucs.

-Qui vous les a fait exactement ? Et avec quel encre ? Vous dites qu'il s'agit d'un choix personnel, mais comment cela peut-il être possible ? Et puis...

J'hésitai une seconde à lui poser la question avant de comprendre que nous n'étions pas ici à discuter pour garder nos secrets. Il nous fallait avancer.

-Quel est donc ce traumatisme provoqué il y a six ans ?

Je n'étais pas du genre à m’immiscer dans la vie d'autrui et lorsque je le faisais, c'était de la façon la moins subtile qui soit.

Suite a ma remarque sur son accoutrement il me répondit de propos qui parvinrent à m'arracher un sourire amusé. Aussitôt la paume de ma main vint s'éclater sur mon visage.

-Vous me semblez irrécupérable mon cher. Cependant...

Toujours dans cette position je retroussai les lèvres pour lui laisser apercevoir cette rangée de crocs dans ma bouche. Ces dernières se modulèrent pour reprendre la forme de dents humaines.

-Qu'est-ce que je vous comprends...

Si nous passions le plus clair de notre temps à pleurer sur nos malédictions il nous était également possible d'en rire entre deux accalmies, ce qui fut mon cas sur l'instant. Suite à cela je me laissai choir sur ma chaise, en penchant la tête en arrière de sorte à renvoyer les quelques fines mèches de cheveux qui touchèrent presque le sol. Et dans le même prolongement je laissai échapper un soupir fatigué. Le temps que je me redresse il était de nouveau habillé, seules les pantoufles était toujours présente ce qui rendait le tout encore plus risible.

-Vous comptez partir en mission dans cette tenue ? Dis-je dans une nouvelle tentative de plaisanterie.

Celle-ci fut rapidement coupée par la question du Nara. Il demanda à connaître la nature des problèmes dont il me fallait faire face au quotidien. En des circonstances habituelles j'aurais certainement baissé la tête et me serait refermée sur moi-même pour bafouiller une réponse improvisée. Au lieu de cela je tenais son regard en joue dans le miens. Un œil aveugle et un autre d'or qui s'opposaient avec intensité face à ces prunelles fantomatique. J'eus un nouveau sourire, sauf que celui-ci semblait triste, un rien fatigué.

-Je ne contrôle plus rien... Voilà-tout... Mon pouvoir s’apparente à une augmentation des capacités sensorielles ainsi qu'à la perception des énergies de notre monde. J'en suis devenue capable depuis que Oniri et sa sœur ont fusionné pour donner naissance à un démon complet. Seulement il m'arrive quotidiennement de perdre le contrôler sur ces facultés. La moindre lueur me brûle les yeux, le moindre bourdonnement me déchires les tympans, la moindre odeur me donne des nausées, la douleur d'une simple piqûre peut se transformer en véritable torture...

Mon regard dévia en direction du plafonnier au-dessus de nous, m'attendant à ce que sa lumière m'aveugle soudainement. Heureusement il n'en fut rien.

-Cela survient spontanément et sans que je ne puis faire quoique ce soit si bien qu'il m'est impossible de trouver le sommeil ni de profiter d'un peu de répit. J'ai à peine fermé l’œil depuis trois mois si vous voulez tout savoir ; il paraît que c'est à partir de cinq jours que l'on commence à devenir fou. Fis-je en haussant les épaules avec une certaine désinvolture dans une vaine tentative pour tourner ma situation à la dérision.

Avouer tout ceci était plus pesant que je ne l'aurai cru, mais je ne devais pas m'arrêter là. Quitte à vider son sac autant le faire jusqu'au bout. Ce faisant je levai l'index non pas pour attirer son attention mais pour désigner ce qui était censé se trouver au-dessus de nous.

-Mais ce n'est pas tout... Je tire mon chakra naturel de l'astre lunaire et suis donc dépendante de son cycle de révolution. Rien avoir avec les histoires de loup-garou, même si la finalité est similaire lorsque la lune est pleine. J'ai... J'ai déjà attaqué des innocents, ainsi que blessé une amie à cause de cela. Par chance il n'y a eu pour le moment aucune victime...

Le ton de ma voix se fit plus rêveur. Je posai avec lenteur les paumes de mes mains sur la table tout en m'imaginant le pire.

-Il m'est impossible de m'enfermer durant cette période. J'en suis incapable. Mes instincts me poussent ne pas le faire et à partir en chasse. C'est très différent de vous. Il n'est pas question de brutalité et de massacre, c'est beaucoup plus subtile et... pervers...

Je marquai une courte pause pour rassembler mes esprits, mais aussi et surtout parce que j'hésitai à lui faire ce dernier aveux.

-Et pour finir. Sachez je ne suis pas exactement celle que vous avez connu au Pays des Rizières. Je ne suis plus celle que l'on nomme Saibogu Oniri. J'ai toujours une grande part d'elle en moi. Je me reconnais d'ailleurs avant tout en elle, mais il y a également sa sœur. Ces deux individualités ont fusionnés pour donner naissance à celle qui se tient ici devant-vous. C'est assez difficile à expliquer et certainement à croire. Vous auriez davantage de raison de penser que je suis folle, moi-même j'ai du mal à ne pas m'en convaincre...

Je craignais de passer effectivement comme telle en restant autant dans le vague

-Imaginez simplement la somme de deux chiffres. Oniri représenterait un six et sa sœur un trois. En les additionnant on obtiendrait un nouveau chiffre qui est neuf. Je serais ce neuf en question composé de la somme de ces deux chiffres. Le six étant toujours plus présent, mais dont la formule donne lieu à quelque chose de nouveau...

Voici qui était finalement avoué. Il était désormais le seul à savoir.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 3 Déc 2015 - 16:29

L'énergie senin était finalement plus complexe que les autres formes élémentaires apparemment, d'après ce que lui en disait Oniri. Et il était à peu près certain qu'elle était restée volontairement vague pour que son discours soit compréhensible sans le noyer sous un flot de détails compliqués. Il avait beau être un Nara, il n'était pas vendu avec une encyclopédie intégrée : le savoir était acquit, et non inné.

« Hum... Dans ce cas, je pense que le soleil peut d’emblée être éliminé de la liste des suspects. Il est beaucoup plus loin de moi quand il fait nuit que lorsque la terre s'en éloigne durant les journées d'hiver, or je ne suis malade que durant la saison froide. L'on peut en dire de même pour toute forme de chaleur : mon humeur ne décroit pas au rythme des degrés. »


Il se tut un instant, et songea à tout ce qui était lié à l'hiver. Le soleil, le froid, la nature qui se meurt, les animaux qui hibernent, la neige ? Les deux premiers avaient été éliminés, le troisième était retenu pour être le plus vraisemblable. Les animaux – en dehors des oiseaux – le détestaient, et et la neige n'était pas un phénomène naturel majeur pour qu'il puisse être considéré comme coupable potentiel.


« M'est avis que se tourner vers le dépérissement de la nature en hiver est la première piste à explorer. Mais si vous voulez que je puisse vous aider autrement qu'en servant de cobaye, il va falloir m'indiquer où trouver toutes les connaissances que vous avez déjà pu acquérir sur le sujet. Ou à défaut, prendre le temps de me les expliquer – une seule fois suffira. »


Puis vint la question de ses tatouages. Une question compliquée, tant elle avait plusieurs débuts, et que tous étaient nécessaire pour comprendre l'ensemble. Cela faisait une longue histoire, mais il essaya quand même avec la version la plus courte possible.


« Comme je vous l'avais dit la dernière fois, j'ai grandit en croyant que mes tatouages relevaient d'un choix personnel. Que le monde changeait, et que la guerre nous faisait changer avec lui. J'avais comprit cela très jeune, aussi je m'étais fait tatoué une promesse à même la peau, celle de ne jamais oublié qui j'étais, et pourquoi je me battais. Aujourd'hui, cette promesse est un fardeau, mais c'est aussi cela qui m'aide à tenir bon. »


Il releva sa manche factice ( même si chronologiquement, il ne s'était pas encore métamorphosé des vêtements, mais l'on va faire comme si ), et regarda les formes bleutées qui y étaient inscrites.


« Mais il s'est avéré que tout ceci était faux, quand j'ai apprit la vérité il y a six ans, lors de ce fameux traumatisme. C'est arrivé lorsque j'ai détruit le Château Ambulant du Genei Ryodan. Pendant l'opération, j'ai été harcelé par l'esprit des morts que pouvait invoquer mon adversaire. J'ai ressenti comme mon âme se briser sous leurs assauts répétés, et c'est derrière les fragments que l'Autre attendait. C'est à partir de là que tout a commencé à changer pour moi, même si au début, je ne me suis aperçu de rien. Mais cela n'a été qu'une question de semaines avant que ma première transformation involontaire est eu lieu. Et c'est au cours de celle-ci que les souvenirs de ma vie entière ont fait surface comme une avalanche, aussi clairs que du cristal. Tout ce que je croyais véridique, comme le choix de mes tatouages, ma vie de famille, ma naissance, tout s'est écroulé devant la vérité apportée par la mémoire. »


Il pencha la tête légèrement sur le côté, les bras à nouveau croisés sur sa poitrine.


« J'ignore d'où de je viens, et qui sont réellement mes parents. Ma mémoire semble bloquée au seuil de mes trois ans, et mon psychiatre s'est déjà cassé les dents dessus. Mais je me souviens maintenant de tout ce qu'il y a eu après. Mon premier souvenir est celui d'un océan de cadavres réduit à l'état de chair informe. J'ai été trouvé par deux hommes en blouse blanche, j'ignore qui ils étaient, mais ils cherchaient des cobayes sur les restes des champs de bataille. Ils m'ont ramené dans leur laboratoire, et très vite, ils ont découvert de quoi j'étais capable lorsqu'au cours d'une crise, j'ai massacré une dizaine d'autres enfants de mon âge. Ce sont eux qui ont trouvé le moyen de contenir cette chose en me tatouant jusqu'à l'os, mais je n'en sais pas plus : ni par quelle méthode, ni par quelle encre. Et cet endroit où j'ai été tenu captif n'existe plus, j'y suis déjà retourné pour y trouver des réponses. Tout avait été détruit et ravagé, probablement par moi quand je m'étais échappé six mois plus tard. Ce qu'il se passe lorsque je perds le contrôle reste très flou dans ma mémoire, contrairement au reste. De fait, la piste la plus prometteuse que j'avais devant moi était déjà scellée avant même que je comprenne que j'avais un problème. »


Il passa une main dans ses cheveux, ce qui révéla brièvement la naissance de ses cornes qu'il cherchait tant à dissimuler au quotidien.


« Les chaînes du souvenir sont quelque chose de très compliquées, n'importe quel Yamanaka vous le dira. Il ne s'agit pas juste d'un livre que l'on ouvre et consulte avec sa forme et ses chapitres. Je pense que mes parents – ceux qui m'ont trouvé et adopté après mon évasion – ont dû demander de l'aide à ce clan auprès duquel nous sommes si proches, mais qu'ils n'ont rien pu trouver, si ce n'est de me modifier la mémoire à propos de ces tatouages , et m'éviter ainsi de me poser certaines questions. Grâce à eux, j'ai au moins pu avoir une enfance normale, si l'on peut vraiment considérer le contexte de la Grande Guerre et notre participation dedans comme faisant partie de l'enfance normale. Grâce à eux, j'ai eu quatorze ans pour me forger une identité que je souhaite garder, et une volonté pour me défendre de ce que je ne souhaite pas devenir. »


Une fois de plus, maintenant qu'il avait commencé à se confier, il parlait beaucoup trop, comme si ces rares opportunités qu'il avait étaient les occasions qu'il attendait pour vider un sac trop chargé qu'il ne partageait avec personne.


« Je m'égare. Mais en résumé, voici l'idée : ce sont deux individus qui avaient déjà de solides connaissances pour parvenir à me tatouer tout jeune ces marques capable de retenir une entité dont presque personne ne sait rien. Et dommage pour eux, il semblait nécessaire qu'une dernière transformation ai lieu pour la sceller complètement : celle qui m'a permit de m'enfuir hors de cet enfer. Peut-être est-ce cela qui a aussi mit ma mémoire sous verrou, et qui expliquerait beaucoup de chose, mais je ne peux pas m'avancer là-dessus... J'ai fait beaucoup de recherches à ce propos dans le domaine du Fuinjutsu, mais je n'ai encore rien trouvé de similaire à ce que j'ai. Les plus proches existants sont peut-être ceux du clan des Suzurane, mais comme chaque secret clanique, leurs connaissances sont très bien gardées, contrairement aux miennes qui sont limitées. »


En relevant les yeux vers Oniri, il la vit afficher en réponse à sa provocation sa propre rangée de scies à viande, presque étincelantes à la lumière des néons. Il en aurait été tenté de sourire, si l'envie impulsive de goûter la chair de la jeune femme ne l'avait pas prit. Il se vit l'espace d'un instant planter ses crocs dans la peau délicate jusqu'à y arracher la carotide, et sentir le sang chaud qui s'en échapperait lui asperger le visage pendant qu'il continuerait de la dévorer vive. Une sueur froide se mêla à celles dû à la température étouffante de l'appartement, tandis que les jointures de ses doigts devinrent blanches à force de s'agripper au rebord du plan de travail derrière lui. Il avait donc posé une question pour changer de sujet.

Et la réponse qu'il eu fut alarmante. Il retourna s’assoir face à la jeune femme.


« Au final, votre situation n'est pas si différente de la mienne, il n'y a rien à envier dedans. Vous êtes victimes d'instincts qui n'étaient pas les vôtres, et de changements sur lesquels vous n'avez pas de contrôle. Je suis désolé de vous avoir jalousé Oniri, je vous présente mes excuses. »


Ces paroles, il pouvait les prononcer sans crainte, car c'était lui et non le monstre qui avait envié la nouvelle vie de la Saibogu. Une vie qui au final n'avait rien du paradis qu'elle semblait être, bien au contraire : c'était presque pire depuis qu'elle s'était trouvée sa seconde moitié.


« Nous avons tous les deux déjà vu et prouvé qu'il existe de nombreux phénomènes inexplicables et mystérieux dans ce monde. Et ce n'est pas parce qu'ils sont invraisemblables qu'ils ne sont pas réels. Alors au final, la seule chose qu'il m'est difficile de croire, ce n'est pas que vous ayez fait la danse de la fusion avec votre sœur - ? - , mais que je n'ai actuellement pas à ma table la même Oniri que j'ai rencontré au Pays des Rizières. »


Il s'efforça de sourire.


« Vous m'avez l'air d'être aussi arrogante, plaisantine et désinvolte que la femme que j'ai connu au temple. Ce sont de belles couleurs, elle utilisait les mêmes pour peindre le masque derrière lequel elle cachait sa souffrance et ses doutes. »


Il passa son annulaire sur une de ses cernes pour la frotter.


« Est-ce que ce sera plus agréable pour vous si je continue de ne m'adresser qu'à deux tiers de votre personne, ou bien préférez-vous que je commence d'abord par me présenter à votre nouveau trois, histoire de sceller cette rencontre avec le neuf que vous êtes comme il se doit ? »


Finalement, il était lui aussi capable de plaisanter sincèrement de temps à autre, lorsqu'il était avec quelqu'un auprès de qui il pouvait baisser sa garde. Sa situation n'en restait pas moins difficile à vivre, mais au moins, cela prouvait que dans son cœur tout n'était plus noir. Il avait fait des progrès depuis le début de sa maladie, et tout cela, c'était grâce à Iji.


« Blagues mises à part, quand désirez-vous commencer Oniri ? J'ai un emploi du temps particulièrement vide depuis que je suis arrivé à Suna, mais je me doute bien que ce n'est pas votre cas. Surtout si vous comptez dedans comme actuellement le fait de ne plus dormir : la nuit, c'est un jour en plus. Alors dites-moi, quelles sont vos disponibilités, vos locaux, et les essaies que vous songer à mener. »


Entre eux, les muffins attendaient toujours leur jugement, silencieux et inexpressifs.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 24 Déc 2015 - 16:55

Au fil de ses paroles j'en découvrais davantage sur l'histoire de ce mystérieux Nara. Son existence ne fut pas de tout repos, mais il avait néanmoins eux la chance d'avoir un entourage stable durant son enfance afin de pouvoir construire les solides fondations qui étaient destinés à supporter sa personnalité. Quelque part je l'enviais, moi qui étais restée, au demeurant, particulièrement influençable durant de nombreuses années de ma vie. Son récit avait de quoi glacer le sang, pourtant je continuai de l'écouter et de l'aviser avec intérêt. Plus grand chose ne pouvait me surprendre ou encore me rebuter. Les événements de Yuki m'avait rendu beaucoup plus ouverte à ce genre de scénario. Notre monde grouillait d'une richesse sans nom dont la diversité laissait beaucoup de place à l'improbable. Venant de mon interlocuteur je fus tout de même surprise qu'il se confit avec autant de ferveur. Lui qui prétendait ne plus rien éprouver, ressentait-il tout de même le besoin de vider son sac ? Dans tous les cas son discours suscitait tout autant de nouvelles questions qu'il n'apportait de réponse, car refermant son lot de mystères. Néanmoins cela venait de lever le voile sur de nombreuses pistes dans le cas où mon hypothèse sur le chakra Senin se révélait désuète.

-Je n'en sais pas plus que vous au sujet des barbares Suzuranes, mais comme tout le reste ils peuvent représenter une piste de recherches envisageable. Pour tout vous avouer, les théories concernant les origines de votre Akuma et la façon de s'en débarrasser ne manquent pas, mais il serait surfait de se pencher dessus dans l'immédiat. Explorez chaque piste une à une me semble plus avisé que de nous noyer dans un torrent d'informations, histoires, légendes et autres fantaisies. Néanmoins si vous tenez à chercher par vous-même je ne pourrais que vous conseiller la grande bibliothèque de Odaichi. Le désert de Kaze renferme en savoir millénaire méritant qu'on y prête attention.

Je venais de finir mon verre aussi fade soit-il. Cette conversation me coûtait un effort psychologique certain. Le ton était beaucoup plus léger que lors de notre dernière rencontre, mais cette succession de confidences, d'émotions et d'informations commençait à avoir raison de ma patience. Je réalisai alors à quel point il devenait urgent pour moi de réussir à guérir et à retrouver le sommeil sans quoi je finirais irrémédiablement par perdre tous mes moyens. Hors au vu de mon titre je ne pouvais me permettre un quelconque laissé allé. Aussi, contre toute attente, le Nara parvint à m'arracher un sourire suite à ses propos sur ma personnalité ainsi que sur les numéros employés pour la définir. Je m'essuyai le visage arrachant au passage les prémices d'une larme naissante sur le bord de mon œil valide.

-Ce ne sera pas nécessaire, mais je vous en remercies. Il me faudrait juste un peu de temps pour me... nous ? Habituer à cette nouvelle condition.

Ses paroles n'avaient en rien aidées à corriger mon problème. Pourtant, parfois, un acte dérisoire pouvait avoir leur propre incidence. C'était le cas sur l'instant. De simples mots qui étaient parvenus à me faire sourire et à dédramatiser ma situation. Ils me rappelaient que je n'étais pas seul. Quand bien même il était là, Soma également, ainsi que tous les autres. Plus que de trouver une solution, c'était le fait de savoir que nous la cherchions ensemble qui me confortait.

-Mais ne vous inquiétez pas. Vous ne serez pas pour autant délaissé. J'ai également pour objectif de remettre quelques chiffres en ordre dans votre tête.

Mes mains se joignirent entre elle pour y accueillir mon menton. Mon regard se fit insistant sur sa personne avant de se fendre d'un clin d’œil. Le tout fut accompagné d'un nouveau sourire cette fois-ci enclin à la complicité. Après quoi le dialogue reprit un tournant plus sérieux. Les mots passés devaient à présent laisser place à l'action. C'était à moi qu'incombait d'organiser notre prochaine rencontre. Ce faisant, je me redressai dans ma chaise pour adopter une posture plus réfléchie. Pourtant au vu des circonstances il n'y avait pas vraiment à hésiter.

-A mon sens l'initiative la plus logique serait de nous éloigner le plus possible de toute forme de civilisation et de vie durant l'opération. Histoire que nous ne prenions aucun risque en cas d'éventuel débordement. Par la plus heureuse des coïncidences il y a un désert juste à côté du village.

A cela il ne restait plus qu'à fixer une date accompagnée de l'heure allant de paire.

-Étant donné que le sommeil nous fait défaut et qu'il m'est devenu risqué de sortir en pleine journée que diriez-vous des nous retrouver d'ici demain à la Voie Illusionnées sur les coups de onze heures ?

L'idée de me retrouver seule au milieu du désert en tête à tête avec à une créature sanguinaire n'était pas une perspective des plus réjouissantes. Il y avait, certes, de meilleurs moyens pour passer sa soirée, mais le goût du risque me sied bien. Je ne craignais aucunement de lui faire face. S'il avait vraiment été incapable de ce contenir, il aurait certainement déjà tenté de me massacrer depuis longtemps. Et encore aurait-il fallut qu'il en ait la force nécessaire. Il n'aurait pas été le premier monstre à mon actif. Autant dire que je me sentais parfaitement apte à gérer ce genre de situation. Néanmoins, au vu de la prise de risque, j'espérai qu'il puisse m'apporter quelque chose en retour. Ce n'était pas donnant-donnant, mais presque.

-Par la suite j'aimerai avoir votre aide afin d'explorer quelques ruines engloutis dans les profondeurs sableuse de Kaze. Ces dernières pullulent sous le désert. Hors certaine m’intéressent car elles pourraient être liés à mes origines. J'espère y trouver de quelconques informations qui pourraient m'aider à mieux comprendre ce que je suis et si possible à m'aider à me contrôler. L’inconvénient étant que ces ruines sont pour la plupart dangereuses car infestées de pièges et de momies.

Non ce n'était pas une blague. Elles existaient réellement. J'avais même eu le loisir d'exploser le crâne de l'un d'elle à coup de massue lors d'une mission. La belle époque où j'étais encore genin...

-J'aurai besoin d'un accompagnant. Et vous êtes tout qualifié comme garde du corps.

Et surtout parce que je ne tenais pas à impliquer qui que ce soit d'autres dans mes affaires personnels. A présent le Nara en savait plus que quiconque et dans l'immédiat je tenais à ce qu'il reste le seul dans cette situation. Avant de disparaître Noa m'avait confié l'existence de Seth ainsi que d'Heyle deux intensités définissant l'origines de Yorn. Si Seth représentait une potentielle menace enfermée, ce n'était pas le cas de Heyle qui était censé m'être lié. J'espérai le rencontrer afin de trouver une solution durable à mon problème.

En attendant je remarquai que le plateau de muffin s'alanguissait de nous. J'avais eu temps de mal à les préparer et cela me faisait presque de la peine de les voir ainsi attendre. J'en attrapais un pour le lancer en direction du Nara tandis que je me réservai un deuxième.

-Ils ne vont pas se manger tout seul. Vous me feriez bien l'honneur d'y goûter ?

Je pris une bouchée du mien. Une seconde de mastication silencieuse. Puis une deuxième puis je me sentir bleuir de dégoût. Plaquant une main devant ma bouche pour ne pas tout régurgiter, je me demandai comment est-ce que j'avais fait pour ne rater la recette à ce point.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyDim 27 Déc 2015 - 15:51

'' L'âme du gourmand est toute dans son palais. ''



« Odaichi, hum ? » répéta Natsuki. « J'essaierai d'y faire un saut pendant deux ou trois jours avant de quitter Suna. Mais dans l'immédiat, cela m'est plutôt impossible. Je suis comme qui dirait un peu prisonnier du Village, et je ne peux m'en échapper sans un chaperon affilié. Non pas que cela soit dérangeant, mais je ne tiens pas à ce que l'on s'intéresse à mes lectures, ce qui ne manquera pas d'être le cas si je passe du temps là-bas. »

Il ne se leurrait pas. Même s'il était ici en tant qu'invité de marque, il n'en restait pas moins surveillé un minimum. Et la dernière chose dont il avait envie, c'était d'attirer l'attention. S'il voulait être un peu plus libre, il lui fallait un accompagnateur qu'il avait dans sa poche... ou avec qui il partageait des intérêts communs.


« Une escapade nocturne, comme à la bonne époque ? »
lança-t-il, en référence à un temps qui n'était pas si éloigné que cela. « Pourquoi pas ? Surtout qu'en tant que Conseillère des défenses, vous savez mieux que quiconque jusqu'où vont les dispositifs de surveillance du Suna. Je ne saurai donc rêver meilleure compagnie pour trouver un peu d'intimité au sein du désert. Va pour demain soir, une heure avant celle du crime. »

Il nota le rendez-vous dans un coin de sa tête, puis s'intéressa aux revendications d'Oniri. Car bien évidemment, aucune aide n'était gratuite, c'était ce qu'ils avaient convenu aux Pays des Rizières. Toutefois, maintenant que la jeune femme – les jeunes femmes ? - avait découvert ses origines et son histoire, il s'attendait davantage à juste servir de cobaye pour ses expérimentations, de sorte à ce que ses techniques soient affinées lorsqu'elle les utiliseras sur elle-même. En lieu et place, elle lui demandait de l'accompagner dans des ruines du désert pour en apprendre davantage sur elle-même.


« Il me semblait que vous aviez déjà découvert tout ce qu'il y avait à savoir sur votre passé, et que les origines y étant attachées se trouvaient au Pays des Neiges. Qu'est-ce qui vous fait croire qu'il y aurait aussi des sources ici, dans les fondations du Pays du Vent ? »


Puis il tiqua sur l'évocation des momies, haussant un sourcil perplexe.


« Des momies ? Dans des ruines enfouis ? Je croyais qu'elles n'existaient que dans les pyramides, vu que ces dernières sont construites de sorte à évacuer le temps qui converge à l'intérieur pour assurer une méthode de conservation idéale. Je ne vois pas comment des cadavres embaumés auraient pu traverser les siècles '' en vie '' autrement. »


Il gratta la barbe au menton qu'il n'avait pas, l'air pensif.


« Ma foi, vous avez l'air de vraiment craindre ce qui pourrait se trouver dans les ruines, pour demander de l'aide ainsi. J'ai toujours eu l'impression que ce n'était pas trop votre genre de demander assistance lorsque cela pouvait être évité. En tout cas, pas de problème, vous pouvez compter sur moi pour vous accompagner dans la profanation de tombeaux. Tant que je serai au Pays du Vent tout du moins, ce qui peut représenter une bien longue période, avec l'examen Chûnin en préparation. Mais mieux vaudra ne pas perdre trop de temps non plus : nous ne savons jamais de quoi l'avenir sera fait. »


Comme cet étrange tremblements de terre survenu un peu plutôt dans la semaine, et dont il avait eu vent. Quelque chose de gros se préparait, il le sentait à travers le picotement dans son cuir chevelu. Restait à savoir quoi... Il fut tiré de sa réflexion par une variété plutôt rare de muffin volant qu'il attrapa au vol avant de le dévisager.


« Bien sûr. »
répondit-il simplement en portant à ses lèvres le dessert chocolaté.

Il croqua dedans, et mâcha mécaniquement avant d'avaler. C'était devenu un automatisme avec le temps. Maintenant qu'il ne sentait plus le goût de rien, la finalité de la nourriture n'était pour lui plus d'être savourée, mais simplement ingurgitée pour fournir les nutriments nécessaire au fonctionnement de son corps. Mentir sur la réussite des plats était devenu un réflexe aussi, mais il n’eut cette fois-ci pas à le faire : la réaction d'Oniri en goûtant ses créations était suffisamment explicite quant au résultat. Il l'observa alors, amusé, en prenant une seconde bouchée de son muffin.


« Ils sont ratés à ce point, ou vous vous êtes seulement trompée et m'avez envoyé celui qui ne contenait pas le poison ? »
lança-t-il sur le ton de la conversation.

D'un geste du pied, il fit glisser la poubelle jusqu'à elle, et tourna légèrement la tête sur le côté pour la laisser vomir en toute dignité.


« Si cela vous intéresse, plutôt que d'explorer des ruines, je peux vous donner des cours de cuisine. Bien que pour le coup, l'intérêt serait limité : je suis incapable de vous dire ce qui cloche dans votre recette. »
ajouta-t-il avant de prendre sa troisième et dernière bouchée, finissant ainsi sa part de dessert. « Ne vous inquiétez pas, l'intention y était : je suis aussi touché que ce que je peux l'être par votre geste de me les avoir apporté. Cela se voit que vous vous êtes donnée du mal. »

Des paroles réconfortantes, certes, mais qui une fois de plus étaient prononcées davantage mécaniquement, car jugées adaptées à la situation, plutôt qu'avec le cœur, issu d'un réel désire de soigner l'égo de la cuisinière en herbe.


« Maintenant que j'y pense. Oniri, peut-être sauriez-vous me répondre. J'avais déjà posé la question à Kibõ, mais en bon nombriliste, il m'avait répondu un peu à côté de la plaque en se mettant au cœur de la réponse. Je passe un peu trop de temps à flâner à Suna en ce moment, je me dois de donner le change. Du coup, comment s'amuse-t-on ici le soir, lorsque lendemain n'est pas entaché de responsabilités à assurer ? »


Il avait déjà fait le tour du Village, mais n'étant pas intéressé par grand chose, rien ne l'avait tenté. Peut-être qu'avec l'avis d'une autochtone, il serait plus à même de cibler comment il allait combler ses prochaines soirées – celle du lendemain mise à part.

Et qui sait, cela sonnera peut-être comme une invitation aux oreilles de la jeune femme.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyMer 30 Déc 2015 - 0:42

Ma proposition sembla le ravir même s'il ne laissait absolument rien paraître. Je cru cependant desceller dans ses paroles une prière à l'aide pour l'aider à se détacher de ses chaperons et ainsi rejoindre Odaichi en toute sérénité. Malheureusement pour lui il ne pourrait compter sur moi pour cette fois. Si j'avais réduis mon travail en tant que Conseillère à son minimum c'était avant tout parce que je ne me sentais plus capable de l'assumer. Il était donc hors de question que je prenne davantage de zèle en quittant le village plusieurs jours simplement pour aller bouquiner à la capitale en compagnie d'un Konohajin. L'escapade nocturne était déjà un cadeau en soit. Je ne préférai ne pas penser au rumeur qui découleraient de nous deux si l'on nous voyait ainsi quitter le village ensemble de nuit. Je ne tenais pas à ce que l'on commence à penser que la Kunoichi à qui l'on avait confié la sécurité du Suna prenne du leste en osant quitter le village de nuit pour s'adonner à toute forme de batifolage avec un Nara.

Une simple sortie... Il s'agissait du genre de banalité que les simples Shinobi pouvaient se permettre, mais qui n'étaient pas en adéquation avec le titre que je portais. Après coup je me rendais compte à quel point il était contraignant de faire figure d'icône aux yeux d'une communauté. L'erreur n'était pas permise et dès lors qu'un problème se profilait à l'horizon la population ne se gênerait pas pour pointer du doigt qui de droit. Si j'aimais me mettre en avant ce n'était guère au devant de la scène mondiale, d'autant plus avec les nombreux squelettes enfermés dans mes placards. L'un des principaux étant que cette fameuse Conseillère en qui le peuple avait placé sa confiance et ses espoirs n'était autre qu'un monstre aimant chasser les humains au clair de lune. A ce sujet mon homologue démoniaque semblait croire que j'en avais terminé avec l'histoire de mes origines, ce qui n'était pas encore le cas.

-Détrompez-vous mon cher. Je n'ai que la moitié du puzzle d'assemblé. Je pourrais en rester là avec une fresque à demi complète, qui à elle seule comporte une belle histoire à raconté. A savoir un début et une fin. Mais ma curiosité me pousse à vouloir connaître les origines de ceci...

Je tendis la main, la paume présenté au plafond quant une carapaces chitineuse vint recouvrir mes phalanges pour donner naissances à un jeu de griffes acérées. Il me fallut quelques secondes pour parvenir pleinement à me contrôler. Ainsi, ces dernières ne tardèrent pas à redevenir poussière pour rendre apparent la peau mate de mes doigts.

-Je sais qui étais mon père. Je sais qui était ma mère. Et je sais qui je suis. Pourtant cela ne me dit pas ce que je suis. Ma génitrice est à l'origine un fragment composant cet antique démon qu'était Yorn. J'ai donc besoin de découvrir ce qu'était précisément Yorn. Selon les légendes cette créature aurait entraîné le déclin de nombreuse civilisation à travers les âges. C'est pourquoi sa puissance à été fragmentée et éparpillée. Deux moitiés se trouvaient à Yuki et les deux autres se trouvent ici à Kaze, enfoui quelques parts sous le sable.

Seulement le problème était là. Le désert de Kaze était grand, très grand. Une vie de fouille ne serait pas suffisante pour réussir à déterrer tous les secrets qui y étaient enfouis. Il me fallait donc commencer quelque part. Et cela se concrétisait par l'exploration de ces ruines que j'avais déjà arpenté il y avait trois ans en arrière. Chose amusante. La réaction du Nara quand au contenu de ses dernières fut complètement à côté de la plaque, au point de m'arracher un sourire moqueur.

-Vous devriez plutôt vous demander comment ces choses peuvent encore se mouvoir de la sorte alors qu'elles sont censées être morte depuis des millénaires. A ce niveau là, savoir qu'elles se trouvent dans des ruines engloutis et non dans des pyramides importe peu. Mais si la question vous turlupine autant vous pourrez directement leur poser la question le moment venu. Arguais-je d'une voix éminente de malice.

C'était de la plaisanterie gratuite qui relevait davantage de la taquinerie que de la réelle provocation. Ce même sourire que j'arborai depuis lors fut rapidement gâché par le goût des muffins. A dire vrai, même la texture n'était pas à la hauteur. Pourtant d'apparences j'aurai jurée qu'ils étaient viables. Toujours fut-il que mon hôte écouta la voix de mon palais en laissant glisser la poubelle jusqu'à moi tandis que je me refusai d'avaler le morceau présent dans ma bouche, préférant le reprendre dans ma main et le jeter avec toute la dignité et le raffinement présentable en ces circonstances. Le reste du muffin subit également le même sort en rejoignant les ordures. De son côté le Nara continuait de l'engloutir bouchée par bouchée avec une parfaite indifférence. Je ne savais pas s'il avait souhaité sa petite vengeance suite à ma dernière brimade mais, dans tous les cas, il l'avait obtenu.

-Non, vous faite seulement preuve d'une forte ténacité à l'anti-gel et au cyanure.

Je ne trouvais rien de mieux à dire pour me justifier de mon échec cuisant en matière de pâtisserie. Et lui de son côté, en grand samaritain alla jusqu'à pousser le vice en me proposant des cours personnel. Il pouvait toujours rêver, j'étais bien trop fiers pour cela. Et ce n'était pas ses belles paroles pré-mâchée qui y changerai quoique ce soit. Ces muffins étaient répugnant avec ou sans bonne intentions.

-Mouai... Ça ira. Je saurais me débrouiller... Fis-je tout en arborant malgré-moi une moue boudeuse, partagée entre l'énervement et l'agacement d'avoir échouée.

Heureusement, le jeune homme eut l'intelligence de changer de chemise en même temps que de sujet de conversation ; désireux de connaître les lieux d'intéressements que pouvaient quérir les visiteurs de Suna. Je roulais instinctivement les yeux vers le plafonds en pensant à Kibô. Visiblement l'ancien rêveur ne savait toujours pas comment faire preuve de subtilité avec ses hôtes... La question du Nara eut cependant le mérite d'occuper mes pensées durant les prochaines secondes. Des lieux à visités ce n'étaient pas ce qui manquait dans les environs, mais je ne l'imaginai pas amateur de sites touristiques, d'autant plus que sa condition devait le dispenser de tout émerveillement face à quelconques panoramas. En soit il n'était pas facile de proposer quelque chose de divertissant à un individu qui ne ressentait pratique plus rien. Mon regard s'attarda un long instant dans le sien, comme si ce dernier allait me fournir de lui-même la réponse. Les banales promenades nocturnes dans le désert et autre exploration du marché de nuit au centre-ville n'était certainement pas des activités faisant partie de ses centres d'intérêts.

-Avez-vous déjà entendu parler du théâtre des marionnettes du clan Chikamatsu ? Il s'agit d'une tradition. La plupart de leur représentation ont lieux de nuit et valent le détour pour les individus en quête de dépaysement.

Je me rendais compte que je n'avais assistée à aucun de leur spectacle depuis bien des années. La dernière remontait à mon enfance. Pourtant on disait que l'émerveillement et le décalage y étaient toujours. Était-ce vrai ?

-Souhaitez-vous que je vous y accompagne ? J'ai moi-même quelques séances à rattraper...

On pouvait me reprocher de quitter le village mais pas d'assister à un spectacle au coeur de ce dernier.


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Dim 10 Jan 2016 - 13:17, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyMer 6 Jan 2016 - 21:42

« Un spectacle de marionnettes ? » répéta Natsuki. « Ma foi, pourquoi pas ? Il y a bien longtemps que je ne suis plus allé à une animation de ce genre. Pas assez toutefois pour avoir oublié qu'il n'est pas convenable de sortir dans ma tenue actuelle. »

Les chaussons-lapins mis à part, il était surtout vêtu d'illusions pour le moment.


« Si vous voulez bien m'accorder quelques minutes, le temps de me changer. Faîtes comme chez vous en attendant, ce n'est pas chez moi, alors je m'en fiche. Il y à boire dans le frigo, ou des muffins sur la table. »


Il passa dans la salle de bain puis dans sa chambre, où respectivement il se rinça de l'abondante sueur résultant de l'étouffante chaleur de son appartement et s'habilla en prévision de la froide nuit dans laquelle il allait s'aventurer. Cela tombait bien, il avait justement trouvé un ensemble il n'y a pas longtemps en fouillant les méandres du cyberespace Saibogu. Il retrouva ensuite Oniri à l'endroit approximatif où il l'avait laissé. Du moins le supposait-il au moment où il tapait ces lignes. Il prit une somme d'argent avec lui, et fut fin prêt.


Spoiler:

« Nous pouvons y aller, je vous suis. »
annonça-t-il après s'être chaussé, en ouvrant la porte de son appartement de location.

Ils descendirent ensemble le palier, puis furent lâchés dans la nuit Sunajin. Un mode de vie complètement différent de la journée, avec des activités qui pour la plupart l'étaient tout autant.


« J'ai participé plus jeune à des représentations similaires. Un cousin à l'imagination débordante et moi-même nous retrouvions régulièrement pour faire le spectacle aux autres enfants lorsque notre tante nous gardait. C'était des ombres chinoises, comme vous vous en doutez probablement. Et l'air de rien, cela avait été très formateur pour nous deux : nous avions rapidement progressé dans la gymnastique nécessaire à l'utilisation de l'art qui a rendu notre clan célèbre. Il m'était encore possible de joindre l'utile à l'agréable à l'époque, cela aidait pas mal. Maintenant que l'enfance est terminée, acquérir la force n'est plus un jeu mais une nécessité : le monde et les conditions dans lesquels nous vivons ne nous en laissent pas le choix. »


Il haussa simplement les épaules, l'air de dire que c'était sans importance. Les choses sont ce qu'elles sont, et seront ce qu'elles seront. Il fallait simplement composer avec – ou en amont, pour les plus prévoyants.


« Je pense que si j'atteins l'âge de la retraite, et que j'arrive à guérir de ma tumeur, je me recyclerai dans le spectacle. M'est avis que j'aurai d'ici là dépassé largement le niveau pour reproduire la scène du combat au Gouffre de Helm en trois dimensions, pourvu que je parvienne à me procurer une miniature du décors. Non pas que je n'ai pas déjà essayé dix ans plus tôt, mais ça manquait pas mal de détails. Du coup comme tout était en noir, ça rendait super brouillon. »


Faire des projets d'avenir étaient toujours malvenu selon lui, surtout dans leur profession, car l'on ne savait jamais de quoi demain sera fait. Et il était très bien placé pour savoir que rien ne se passait jamais comme prévu. Du coup, il avait tendance à plutôt dresser une liste de ce qu'il pourra faire plus tard : s'il y arrivait, tant mieux, si cela ne se faisait pas, tant pis. Il s'évitait ainsi des déceptions – qui étaient bonnes pour les autres - , ou d'être incapable de tenir ses engagements, pour cause de décès par exemple.


« C'est ici je suppose ? »
demanda-t-il en désignant le bâtiment.

Il était à peu près sûr de sa déduction, après avoir vu que l'enseigne était surmontée d'une poupée dansant en équilibre avec des gestes lents et monotones, animée par les fils qui la reliait à la grande main mécanique fixée au-dessus. Il observa un instant la courte boucle de mouvements qu'elle effectuait, et se demanda si le spectacle sera du même acabit, avec des marionnettes plus grandes, ou s'il devait s'attendre à une représentation pour enfants avec un homme caché sous l'estrade, et avec une poupée dans chaque main. Oniri lui avait promit un dépaysement qui valait le détour, mais elle avait tout aussi bien pu se payer sa tête, histoire de rire un bon coup. L'important était qu'il sorte de toute façon, afin de donner un peu de travail à ceux qui le surveillaient de temps à autre. Ça le mettrait mal qu'à la fin de son séjour qui s'éternisait ici, le service de renseignement remette un rapport sur lequel était écrit : '' le sujet a passé ses six mois à Suna sans sortir de l'appartement où il a été affecté ''.

Toujours guidé par Oniri, ou par la file d'attente en fonction, il gagna la caisse du théâtre où il régla le prix d'entrée. Elle était Conseillère de la Défense dans son Village, et lui Maître des Larbins dans le sien : cela en disait long sur leurs salaires respectifs, mais la galanterie stipulait qu'il devait s'occuper de payer. Il pénétrèrent une fois munit de leur ticket dans la salle de spectacle. Ils avaient une vingtaine de minutes d'avance sur la séance à venir, ce qui permettrait éventuellement à la Sunajin de lui expliquer un minimum l'histoire ou le contexte de ce qu'ils allaient voir, pour peu qu'elle en sache quoi que ce soit. Les places n'étant pas encore toutes occupées – le prix d'entrée avait sans doute quelque chose à voir là-dedans -, Natsuki sélectionna des sièges bien située par rapport à la scène, et s'installa.

Son regard se promena un moment sur les alentours. Il s'agissait d'un très beau théâtre, capable d'accueillir un sacré foule grâce à de nombreuses rangées disposées en dénivelé. Il repéra aussi plusieurs loges en hauteur, chacune disposant d'une dizaine de places. La scène était pour le moment masquée par un immenses rideau ocre brodé d'or, si bien qu'il n'était possible d'en voir que les premières lattes vernies du parquet.


« J'ai vu qu'ils vendaient des muffins à l'entrée. Vous en voulez ? »
demanda-t-il spontanément.

Peu à peu, la salle se remplissait.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 11 Jan 2016 - 10:26

Le Nara exprima le besoin d’aller se changer, m’invitant à patienter ici-bas en buvant une collation ou encore en me servant un muffin. Alors accoudée sur la table, j’eu un rire forcé sans saveur qui s’arrêta aussi soudainement qu’il était venu.

-Ce n’est pas drôle… Fis-je d’un ton neutre à en rendre jaloux un cyborg.

Toute l’ironie se trouvait davantage dans la mise en scène que dans mes propos et je savais mon interlocuteur parfaitement digne d’en saisir toute la subtilité. Cette même subtilité avec laquelle je me rêvai à lui botter l’arrière train avec assez de violence pour l’éjecter hors du seuil de la pièce. Mais la porte se ferma d’elle-même derrière lui sans que je n’eus fait quoique ce soit. Ainsi me retrouvais-je seule en compagnie de ces foutus muffins.

« Je vous déteste » Pensais-je avant de détourner le regard, la mine boudeuse.

Cette longue agonie solitaire dura plusieurs minutes avant que notre hôte ne se décide enfin à présenter le bout de ses chausses d’autant plus élégantes, mais d’autant moins charismatiques que les précédentes. Je ne pensais pas l’avoir déjà vu en civil. Toujours fut-il que le Konohajin était doté d’un certain goût vestimentaire.

-Un rien vous va également à ravir mon cher… Comme quoi…

Je laissai volontairement ma phrase en suspend pour laisser libre cours à son imagination. Le tout avait naturellement été teinté d’une indéniable pointe d’ironie. Néanmoins cela ne m’empêchait pas de penser ce que je venais de dire.

Etrangement cela me fit le plus grand bien de rejoindre l’extérieur. Cette bouffée d’air nocturne fut plus que bienvenue. C’est à ce moment-là que je réalisai à quel point j’avais été nerveuse depuis mon entrée dans cette résidence. Et en sortant j’avais l’impression que toute la tension inhérente à notre situation était restée enfermée entre ces murs. Les problèmes semblaient être mit derrière nous l’espace d’un temps tandis qu’en face se dressait le village caché du sable orné de ses milles et un lampions. Ces petites lueurs transcendaient l’obscurité tout autour d’eux pour ne laisser que des ombres tamisées dansantes au gré des aléas de la foule qui déambulait en abondance dans les ruelles.

Il était tard et à cette heure-ci le marché battait à son plein. Ce n’était qu’après que ce soit écoulé l’ardeur du jour que le désert prenait réellement vie. En journée, il était mieux vu de rester cloitré chez soit pour s’épargner la fureur de l’astre diurne dans l’attente que ce dernier s’efface sur l’horizon lointaine. Ainsi, le peuple du désert consacrait la plus grande partie de ses nuits à rattraper leurs journées perdues. Le marché était donc toujours de bons augures et se concentrait essentiellement dans le centre-ville. En passant nous pûmes constater de nombreuses étables gorgées de toutes sortes de victuailles et autres bibelots en provenance des quatre coins de Kaze, mais aussi du restant du continent. En effet, malgré la distance qui séparait la ville portuaire qu’était Odaichi de Suna, le commerce et les échanges demeuraient fructueux ce qui permettait ainsi aux habitants du Sable de pouvoir se fournir en marchandises originaires de contrées voisines. Des odeurs épicées planaient dans l’air et nous ne tardâmes pas à croiser un marchand en train de faire cuir en broche des scorpions pour les revendre. En face, un veille femme vendait à même le sable, posé sur un linge, de nombreux bijoux dont plusieurs pendentifs en or arborant des gravures anciennes surgis d’outre temps. Je m’arrêtai une seconde pour en examiner quelques-uns autant par curiosité que par coquetterie refoulée. Je ne portais plus de bijou depuis bien longtemps.

Nous nous rapprochâmes progressivement du théâtre et la foule se désemplissait suffisamment pour nous laisser circuler normalement. J’étais satisfaite de constater que mes migraines n’avaient pas profitées de cette cacophonie visuelle et auditive pour me sauter dessus. Mes sens conservaient une certaine stabilité et ce n’était pas pour me déplaire. Pour autant je ne me sentais étais pas rassurée, craignant qu’une crise surgisse à tout instant sans prévenir. Aussi avais-je hâte que nous rejoignons l’environnement calme du théâtre. Entre temps le Nara en avait profité pour me raconter une anecdote de son enfance.

-Vous sembliez être un enfant charmant. J’aurai aimé pouvoir en dire autant. Malheureusement de mon côté je passai le plus claire de mon temps à me faire courser par mes domestiques tout en tirant sur des poteries de valeurs inestimables. Il paraitrait que l’une delle aurait appartenue au Rikudo Senin en personne. Mais nous ne le saurons jamais. Soutins-je en levant l’index.

Cela pouvait presque paraître mignon. Une petite chipie faisant des bêtises. Mais la réalité été que je n’avais eu de cesse de multiplier les problèmes dans le vain espoir que mon père me remarque un jour. Ce qui n’était jamais arrivé. J’avais alors continué dans cette lancée, allant de pire en pire croyant que cela me permettrait de m’oublier. Enfin tout ceci était derrière moi à présent et il valait mieux qu’il ne reste que le souvenir de cette vulgaire poterie brisée en morceau. Quelle ait appartenue au Sage des six Chemins où à un des marchands que nous avions croisé plutôt dans la soirée.

-Dans tous les cas si la reconstitution de miniature vous intéresse tant. Je ne pourrais que vous conseiller de rejoindre des associations de jeux de rôles. Votre pouvoir serait plus que bienvenue. A moins que vous ne teniez à faire dans le spectacle de marionnettes ? Dis-je en adressant un regard en coin à l’immense pantin qui s’agitait mollement au-dessus de nos têtes. Cela fait des années, mais je constate qu’ils l’ont laissé là. On dit qu’elle est à l’effigie de la première création de Chikamatsu Monzaemon. Le père des Marionnettistes. Le faciès de l’imposante structure de bois ouvrit la bouche comme si elle cherchait à confirmer ou infirmer mes dires.

Une fois à l’intérieur nous fîmes la queue durant encore un long moment. Le Théâtre des Marionnettes de Suna était particulièrement réputé aussi bien à Kaze qu’à l’étranger. Il n’était pas rare de voir de nombreux voyageurs prendre le risque de s’aventurer dans le village ne serait-ce que pour assister à l’une de ces représentations. A l’origine les quelques Marionnettistes du village se regroupaient sur la place centrale dans le but d’effectuer leur prestation et divertir la population. Il s’agissait d’un temps mort au milieu de la guerre et des conflits. Dix ans plus tard la tradition perdurait sauf qu’il y avait à la place cette immense structure érigée par les Kawaguchi que tous appelaient humblement le Théâtre des Marionnettes. Parvenu au guichet je m’apprêtai à sortir un peu d’argent quand le Nara me devança en payant ma place en prime. J’en fus un peu gênée. La galanterie avait certainement beau agir pour lui, ce n’était qu’une simple sortie. Il n’était pas nécessaire d’y donner des airs de rendez-vous galant.

-Nous allons voir la pièce appelée « La nuit de Rakasha ». Il s’agit de leur dernière création en date. On dit que celle-ci est plutôt déroutante. Je ne sais pas grand-chose à son sujet si ce n’est qu’elle s’inspire du théâtre ancien notamment en matière de tragédie.

On ne pouvait donc espérer de fin heureuse. Cela tombait plutôt bien car nous étions ici pour être dépaysé. Ce à quoi notre demande fut rapidement satisfaite par la grande salle du théâtre. C’était étonnant. De mémoire les lieux me semblaient beaucoup plus grands. Nous nous installâmes confortablement dans nos fauteuils au rang du milieu. La salle se remplissait progressivement et une fois encore le Nara ne manqua pas d’y aller de sa plaisanterie qui m’accorda le droit de lui administrer un petit coup de coude dans les côtes.

-Chut ! Fis-je, un index posé sur les lèvres le tout accompagné d’un sourire en coin. Plus il allait ainsi et plus il rendait mon échec difficile à accepter. Je n’aimais pas rester sur une défaite quelle qu’elle fut.

« Un jour je lui ferais bouffer des muffins tellement bon que ces cornes lui en tomberont. » me promis-je.

Et ce fut ainsi que les minutes s’écoulèrent tandis que je me plaisais à imaginer cette scène. Finalement les lumières s’éteignirent pour ne laisser qu’un unique projecteur pointé sur le rideau. Une étrange silhouette s’en extirpa. Recouverte d’une cape à capuchon en piteuse état, son dos courbé laissait présumer d’un certaine âge. Tout du moins tel était ce que la mise en scène laissait supposer.

-Mes enfants… Soyez les bienvenues au Spectacle ! Le ton de sa voix était rauque. Sa langue claquait sur les dernières intonations. En seulement quelques mots il était parvenu à attiser toute l’attention du publique qui se tut comme s’il ne s’agissait que qu’une seule et même entité. -Je suis Ragmaziel, humble compteur à votre service. Dit-il en écartant les bras pour s’incliner. Son capuchon cachait toujours son visage si bien qu’il était impossible de lui donner un âge. –Je me présente à vous car l’on m’a chargé devous conter cette histoire. Celle de Rakasha le démon trompeur…

Un sourire en coin m’échappa. Evidemment il fallait que cela tombe sur un démon...

-On dit de lui qu’il possédait mille serviteurs aux mille visages. Et que tous avaient été dépossédés de leur âme. Tel était le prix à payer pour avoir pactisé avec lui. Aujourd’hui nous les trouvons encore partout. La preuve étant… ils sont parmi vous !

Tous les Shinobi dans la salle l’avaient certainement déjà remarqué. Quelque chose clochait depuis le début de la représentation. A l’instant où le compteur avait récité ses dernières paroles plusieurs membres du publiques commencèrent à s’élever dans les airs. Egalement vêtus de tenues en lambeau ces derniers décrivaient des cercles dans les airs tels des esprits en peine, dénués de toute raison autant que de but. Entre temps le prestidigitateur avait levé les mains vers la voûte avant de brutalement les rabaisser pour attirer à lui la dizaine de pantins.

-Ils étaient des rois, des princes, de simples marchands et mendiants. Voyez-ce qu’ils sont aujourd’hui. Voyez ce que nous sommes… De vulgaires pantins ! Le ton de sa voix se fit plus amer, plus percutant à l’instant où il retirait son capuchon pour révéler que, finalement, lui aussi n’était qu’une marionnette parmi tant d’autres.

Le rideau s’ouvrit alors tandis que chacun des « acteurs » était happé vers le font pour disparaître dans le décor. La représentation s’étala sur une bonne heure durant laquelle nous pûmes voir humains et marionnettes s’échanger les rôles. Les décors n’étaient que de simple panneau de bois découpés, mais peints de façon estampée avec un grand savoir-faire Nous découvrîmes l’histoire d’Achulra, le prince du désert tombé profondément amoureux d’une princesse issue d’une contrée voisine. Ne parvenant à la séduire il passa un pacte avec le démon Rakasha qui lui confectionna un filtre d’amour à donner à sa bien-aimée. Tous deux cherchèrent à se marier, mais le Roi de la contrée voisine et père de la princesse désapprouva cette union. Il entra en guerre contre le royaume du prince dans le but de récupérer sa fille. Il y eut de nombreux morts. Le prince perdu dans sa folie finit par donner la mort à sa femme avant retourner la dague contre lui, mais le Rakasha l’interrompit pour réclamer son dû. Ce fut ainsi que le démon jeta l’âme du prince Achulra aux flamme avant d’emporter son corps pour le transformer en Serviteur. Le rideau se referma sur cette scène à la grande intensité tragique sous les applaudissements de la foule. Après quoi nous rejoignîmes l’extérieur. Les trois heures du matin approchaient. Cette fois-ci il commençait réellement à se faire tard, mais je ne me sentais pas fatiguée pour autant.

-Alors qu’en avez-vous pensez ? J’espère que cela a au moins le mérite d’être distrayant. Ma gouvernante était une grande amatrice de théâtre. Elle m’y emmenait souvent avec elle lorsque j’y étais plus jeune. C’est ainsi que j’ai découvert le spectacle. Pour tout vous avouer au départ les Marionnettes me faisaient peur. Quand je repense à la pièce de tout à l’heure je me dis qu’il y avait effectivement de quoi effrayer une enfant. Expliquais-je tout en marchant.

La transition entre le spectacle et la réalité demeurait brutale. J’avais du mal à retrouver les pieds sur terre, mais je me doutai que mon état de santé avait un rapport avec cela. Secouant machinalement la tête de gauche à droite je remarquai un décalage entre ce que je voyais et ce qui était réellement. La transition entre l’intérieur et l’extérieur s’était faite de façon un peu trop abrupt. Mes sens incontrôlable d’Akuma n’arrivaient pas à s’adapter. Je me retrouvai rapidement désorientée et saisi de vertiges. Manquant de trébucher je me rattrapais en serrant ce qui devait être le bras de mon accompagnateur. Mon regard se perdit dans le vide. J’étais désorientée.

-Cela vous dérangerait si nous allions-nous asseoir un instant ? Dis-je sans préciser ce dont il retournait. Le Konohajin avait certainement deviné, mais j’étais trop fière pour en donner davantage.

Ce faisant nous nous installâmes sur ce qui devait être un banc au détour d’une ruelle. Je posai mon visage entre mes mains par instinct comme si cela pouvait m’aider à aller mieux. Le décor continuait d’osciller autour de moi. Je me senti blêmir…

-Et bien… Cette sortie aura été presque parfaite… Tentais-je d’ironiser. Mis à part cela… A votre avis. Dois-je mériter une hospitalisation ou un enterrement ? Je relevais la tête pour lui présenter ma mine cadavérique tout en affichant un sourire distrait. Je ne voulais pas que cette soirée soit gâchée. Je voulais encore un peu maintenir cette illusion d’une vie normale.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyMer 13 Jan 2016 - 13:23

La beauté existe en tout être.
Le corbeau n'a nulle besoin de se faire aigle.


« Une tragédie, hum ? Je me suis toujours demandé pourquoi cela s'appelait ainsi. Car si c'est par défaut le style qui s'oppose directement à celui de la comédie, c'est surtout un reflet de la réalité. Aucune histoire de ne fini bien. »

Natsuki, ou l'art de plomber une ambiance avec naturel et spontanéité.


« Ne vous retournez pas. Je crois qu'il y a des marionnettes qui nous observent dans le public. »
glissa-t-il sur l'air de la confidence.

Nulle de doutait qu'il s'agissait d'une mise en scène, dont l'effet était pour le coup atténué pour ceux qui avaient remarqué les pantins. Mais cela montrait surtout que Natsuki, à l'instar de beaucoup d'autres shinobis, était incapable de se détendre complètement. L'on pouvait enlever un soldat à son champ de bataille, mais jamais lui arracher complètement sa vigilance. Et ce, même lorsque la lumière diminua jusqu'à se résumer à un unique projecteur éclairant la scène. Le silence se fit alors dans la salle, chacun pendu aux lèvres du conteur. Et dès les premières paroles, le Nara tatoué glissa un regard en biais vers sa compagne de la nuit. Ignorait-elle réellement en l'ayant fait venir que l'histoire allait compter comme personnage central un démon ? A en juger par le sourire que la demoiselle affichait, il en déduisit que non, mais que la coïncidence avait au moins le mérite d'être amusante.

L'histoire au moins eu le mérite de ne pas être cousu de fil blanc. Du moins, jusqu'à la partie où le conteur révéla sa véritable nature. Le restait demeurait au final plutôt classique, mais là n'était pas la véritable force de la pièce. Natsuki comprit très rapidement que ce n'était pas tant la narration qui attirait les spectateurs, mais la mise en scène. Celle-ci était très recherchée, que ce soit dans la disposition des décors simples, mais très richement décorés, ou cette habilité qu'avaient les acteurs à échanger sans cesse de rôles avec les marionnettes en fonction de l'avancement de l'histoire. La fin était attendu, certes, mais sa réalisation fantastique. Pour que qu'il aurait été disposé à, Natsuki était sûr que cette pièce de théâtre lui aurait plu, à sa façon. Le reste de la foule en tout cas semblait en avoir eu pour son argent, car sitôt que le rideau se referma sur l'ultime scène, un tonnerre d'applaudissements emplit la salle. Pas de pantin caché parmi les spectateurs cette fois-ci, il s'agissait de la vraie réaction du public. Puis les acclamations se calmèrent progressivement, et la salle se vida petit à petit. En compagnie d'Oniri, Natsuki quitta l'établissement avec l'air de celui qui avait passé une bonne soirée. Mais même si la nuit était avancée, la vie n'en était qu'à son aube à Suna.


« M'est avis que les marionnettes et les poupées sont des éléments de références pour ce qui est d'installer une ambiance malsaine quelque part. Prenez n'importe quel film, mettez y une scène avec une poupée d'enfant sur une étagère qui vous toise avec ses yeux vides de vie, et vous obtiendrez une séquence qui hantera pendant quelques jours les nuits d'un enfants. Pire même je dirai : imaginez que vous explorez des ruines anciennes, et paf, au détour d'un virage, une marionnette vous attend, juste là, en plein milieu du chemin, avec son sourire dément. »


Natsuki tourna la tête quelques instants, puis refit face à Oniri, avec ladite expression sur le visage.


Spoiler:

« Mais pour en revenir au spectacle... »
reprit-il après quelques secondes « J'imagine qu'il était distrayant. La mise en scène en tout cas était recherchée. Qui plus est... »

Oniri l'arrêta dans sa phrase en se retenant à son bras. Quelque chose clochait, pas besoin qu'elle lui fasse un dessin pour qu'il le comprenne : il avait eu lui-même assez de crises pour faire le lien avec tout ce qu'elle lui avait dit plus tôt dans la soirée. Il commença par s'assurer que cette nuit n'était pas soir de pleine lune, puis il la guida un peu à part de la foule, là où il avait repéré un banc sur lequel il l'aida à s'assoir.


« La perfection n'existant pas, je dirai que le score est plutôt bon pour la soirée. Cela manquait un peu d'alcool et de danseurs du ventre par contre, aussi je dirai que vous mériteriez davantage pour un enterrement de vie de jeune fille. A supposer que l'on vous laisse entrer quelque part avec une mine pareil, bien entendu. »


Cela n'allait clairement pas fort pour la jeune femme, et tenter d’alléger le tout avec un peu d'ironie et de dérision ne changera rien, Natsuki en avait conscience. C'est pourquoi il décida d'aborder le problème autrement, avec les seules solutions qu'il avait à sa disposition. Il tira alors une enveloppe d'une poche intérieur à sa veste, et en sorti la feuille muni du sceau qu'elle contenait.


« Je n'ai jamais été capable d'expliquer comment ou pourquoi, mais dans les moments où je suis le plus perdu, elle m'aide beaucoup. »
commença-t-il d'une voix douce

Il acheva de déplier la feuille, et lorsqu'il activa le sceau de stockage qu'il avait copié d'une ancienne Kirijin, sa vieille guitare aux couleurs délavées par le soleil lui apparut dans les mains.


« Il suffit que j'en gratte les cordes, moi qui n'ai jamais été un guitariste ni dans l'âme ni dans le corps, pour me sentir apaisé. Un peu comme si l'instrument jouait la contre-mesure de l'horreur qu'est ma malédiction. Je n'ai qu'à suivre les accords, laisser la mélodie devenir un fil conducteur pour mes pensées, pour avoir l'impression de revenir à une époque où je n'avais pas à supporter tout cela, comme si j'étais détaché de tout. Peut-être que ses vertus peuvent se partager un peu. Oubliez le reste, concentrez-vous simplement sur la musique. »


Ses doigts commencèrent à s'animer sur les cordes, dans un rythme plutôt doux. Les accords s'enchainèrent lentement pour former un air léger et enlevé qui évoquait par de nombreux aspects une sérénade. Le genre de composition qui s’interprète le soir, sous la fenêtre de l'être que l'on désir séduire. Il laissa ses pensées se perdre avec la musique qui flottait autour d'eux, suspendu dans la fraîcheur de la nuit, l'instrument devenant l'espace de quelques minutes le seul maître de la mélodie.

Pour Natsuki, qui était passablement mauvais avec une guitare par le passé, avait progressé de façon impressionnante depuis qu'il lui avait découvert cette propriété pour le moins inattendu. Cela ne marchait qu'avec lui, cela ne marchait qu'avec cet instrument là, dont la couleur délavée et le trou dans la caisse de résonance témoignaient d'une longue vie, mais peut-être qu'aujourd'hui, cela pourrait aider Oniri. De la même manière que les notes formaient le pont qui permettait à son esprit de s'échapper, peut-être que cette passerelle offrira à la jeune femme la possibilité de se retrouver.

Il n'avait aucune certitude, mais cela ne l'engageait à rien d'essayer. Alors il essaya, tout simplement, coupé du monde avec une seule femme, et une infinité d'étoiles pour seules témoins. La sérénade originelle avait une introduction beaucoup plus courte, mais lui préféra la prolonger, les notes ayant au final davantage d'importance que leur rendu final. Ainsi il continua de simplement gratter les cordes de son instrument en silence pendant un moment, avant de se décider à ajouter les paroles d'une voix qui ne lui appartenait plus depuis longtemps.

« Je t'aime pas seulement pour ton argent ♫
Je t'aime aussi parce que t'as une moto ♪
Peut-être aussi parce que t'as de belles dents ♫
Et une jolie paire de lolo ♪
Et tu es si fantastique whoa ♫
J'aimerai bien devenir ton petit copain
Je pourrai demeurer chez toi ♫
Et me nourrir dans ton frigo »


La composition d'origine s'arrêtait ici, probablement dû à un incident arrivé au compositeur, mais Natsuki l'avait prolongé, ajoutant encore des notes pour éviter une fin abrupte, et permettre à Oniri de regagner la réalité en douceur.


« Comment vous sentez-vous ? »
demanda-t-il une fois qu'il eu cesser de jouer. « Je sais à quel point ces moments de crises peuvent être pénibles, surtout qu'ils surviennent toujours aux pires moments. Est-ce le brouhaha du théâtre qui vous a brouillé les sens ? »

En quelques mouvements, il eu rangé son instrument de la même manière qu'il s'en était équipé.


« Peut-être est-il préférable d'écourter cette soirée improvisée, et de regagner un lieu paisible. Parviendrez-vous à rentrez chez vous seule, ou préférez-vous que je vous raccompagne ? »


Trois heures du matin passées, peut-être était-il temps qu'ils allaient se coucher, s'ils voulaient être en forme pour demain. Bien dormir et être en forme, quelle bonne blague...
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 14 Jan 2016 - 22:34


Intriguée autant que me le permettait ma migraine, j’avisais de mon unique œil valide l’instrument qui était soudainement apparut entre ses mains. Couplé à sa tenue il représentait l’archétype même du parfait petit musicien itinérant. Dans ce sens cela me surprit tout de même de voir cette guitare apparaître alors qu’il avait été fait mention de sa présence dans l’appartement quelques post plus haut. Là n’étant pas le cœur du problème je me contentai de passer outre se détaille. La douleur me vrillait le crâne et je n’étais pas certaine qu’une quelconque forme de mélodie puisse soulager mon mal.

Je n’osai cependant rien dire par crainte de froisser ses bonnes intentions. Ainsi, avec une dextérité traduisant le temps passé, le Nara se mit à jouer une douce mélodie, belle et envoutante dont la clameur s’alliait de concert avec les chants nocturnes. Une nuit étoilée au ciel dégagé lui-même enchanté par le souffle de l’instrument en corde. S’il avait espéré que cela me soulage de mon mal il n’en fut rien, j’aurai même préférée que cela se passe dans d’autres circonstances, là où j’aurai été la plus à même de profiter de cet air. Mais il n’en fut rien. Dans un sens cela ne fut pas plus mal car toute la poésie de l’instant s’effondra lorsqu’il commença à pousser la chansonnette. Ma consternation était-elle que la paume de ma main vint d’elle-même s’éclater contre mon visage, à défaut de s’éclater contre sa joue pour l’envoyer dans le décor.

-Je crois que tout compte fait j’aurai préféré les danseurs du ventre accompagné d’alcool. Vous n’êtes vraiment pas doué pour consoler les femmes Nara-san. Terminais-je avec une pointe de malice dans la voix.

Ce faisant je cherchais à tâtons mon paquet de cigarette enfoui quelque part dans l’une de mes proches. Je ne pouvais pas faire autrement, cela recommençai, je ne voyais plus rien. Je tapais dans le fond de l’emballage pour en faire ressortir une première cigarette que j’allais directement lover dans la commissure de mes lèvres, le tout avec une certaine désinvolture. Etre aveugle ne m’empêcha pas de ressentir la chaleur de la flamme ondoyant à l’extrémité de mon briquet. Je tirais quelques lattes avant de sifflet un mince filet de fumée.

-Mais merci d’avoir essayé… Je ponctionnai une nouvelle fois sur ma cigarette, cette fois-ci avec davantage de retenue.

Fumer n’était certainement pas recommandé au vu de mon état, mais il s’agissait d’un des rares moyens que j’avais trouvé pour divertir mon cerveau malade. Dans l’autre cas il m’aurait fallu obstruer la totalité de mes sens ce qui n’aurait pas été bienvenu pour entretenir une conversation.

-Quatre-moi que je suis de retour à Suna. Et je n’ai pratiquement pas revue la lumière du jour depuis. A cause de cela je fais de plus en plus défaut à mon poste de conseillère et de nombreuses personnes commencent par douter de moi. Depuis quatre-moi, lorsque je lève la tête, il n’y a que l’obscurité du plafond ou la vue du ciel étoilé.

J’accompagnais ces mots par le geste bien qu’il m’était impossible de discerner quoique ce soit. La douleur m’élançait encore, mais l’aiguille dont elle se servait pour martyriser mon cerveau perdait progressivement sa pointe. Au bord de mes lèvres je pouvais sentir ma cigarette chancelante qui n’était plus qu’à un souffle de tomber. Au lieu de cela se fut ses cendres qui rejoignirent le sable frais. Même cela je pouvais le ressentir.

-Pourtant, ce n’est pas ce qui me gêne le plus. Fis-je en retissant le fil de mes paroles comme si ce dernier n’avait jamais été rompu. - J’ai toujours été une fille de la nuit. Aimant m’immiscer parmi les ombres pour y faire ce qui est interdit. Je crois que je ne suis pas faite pour vivre dans la lumière...

Les rêveries m’emportant un bref instant en énonçant cette vérité. Oui, j’étais toujours rattachée à ce songe lointain né durant mon enfance mais incompatible avec mon présent.

-J’aimerais pouvoir voyager…

Sillonner les ténèbres insondables de la nuit à une vitesse folle sans nul autre but qu’une destination lointaine et inconnue. Sans responsabilité, sans devoir. Seulement moi. Pourquoi le dire ici ? Pourquoi le dire maintenant ? Pourquoi lui ? Il n’y avait pas de prétexte, seulement une raison. Il fallait que cela sorte. Et il n’y avait qu’avec lui que je pouvais cesser de faire semblant.

-Dites-moi. Si vous parveniez à vous débarrasser de votre démon. Quelle serait la première chose que vous feriez ? Que deviendriez-vous ?

Je m’étais tournée vers-lui, arborant un sourire dont j’ignorai moi-même la signification tandis qu’il avait tout à loisir de toiser mes yeux aveugles.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 18 Jan 2016 - 14:26

Natsuki se contenta de hausser les épaules, l'air indifférent.

« Je n'ai jamais prétendu que je l'étais. J'imagine que je devrai me sentir mal à l'aise maintenant. »


Il fit un effort pour que son teint vire au rouge cramoisie, histoire de continuer à faire semblant, et détourna un regard faussement gêné le temps de renvoyer sa guitare d'où elle venait grâce au sceau de transposition.


« Votre état de santé est franchement nul, je ne sais même pas pourquoi je vous l'ai envié. »
lâcha-t-il avec plus de sérieux, bien que l'intention derrière se voulait légère.

Si lui ne tirait aucun avantage de sa condition, il avait au moins trouver un échappatoire dans son cauchemar au quotidien. Telle qu'il la voyait maintenant par contre, Oniri avait l'air complètement perdue. Ni l'empathie ni la pitié n'étaient des options disponibles, aussi il se contenta simplement d'un geste de la main pour changer le sens du vent, afin que la jeune femme puisse garder pour elle la fumée de son bâton de mort. Tout comme lui, elle avait parfois besoin de parler, de faire sortir de son sac tout ce qu'elle ne pouvait pas dire à autrui. Alors il l'écouta simplement, prenant pour lui une partie de son fardeau afin de la soulager, tout comme elle l'avait fait avec lui. Les deux étaient chargés comme des mules par leurs histoires respectives, alors il n'était plus à cela près.


« Un voyage sans destination, j'imagine. »
répondit-il pensivement en observant le ciel, la tête basculée en arrière. « Un peu comme quand je vous avais emmené à travers le ciel, ou tous ces kilomètres de route que vous avalez à moto pour le simple besoin de sentir la vitesse vous fouetter au visage. Mais en plus long, sans se retourner. C'est envisageable lorsque plus rien ne nous retient, mais ce n'est pas votre cas j'ai l'impression. Vous ne seriez déjà plus ici le cas échéant. »

Il fit craquer ses doigts à la manière de Miko pour voir s'il y arrivait lui aussi, et se redressa sur son banc.


« Il n'y a pas de honte à prendre du recul sur un problème, surtout quand celui ne peut pas être soldé. Fuir ne fait qu'entrainer davantage de conséquences, mais le contourner peut devenir une solution. Reste à voir combien de temps vous parviendrez à tenir ainsi. Car si quatre mois vous paraissent longs, attendez d'en arriver à la décennie... M'est avis que si des bribes de réponses sont peut-être dans ces ruines que vous avez localisé, mieux vaut s'y mettre assez tôt, avant que vous ne soyez complètement '' cassée ''. »


Ils l'étaient déjà tous les deux, mais cela ne les empêchaient de fonctionner encore à peu près. La question restait : jusqu'à quand ? Personne n'avait la réponse, et ce soir, chacun s'en fichait. C'était bien mieux de rêver d'un avenir où ils seront normaux. Au moins pour cette nuit.


« Vous posez mal la question, Oniri. Le tout n'est pas de savoir la première chose que je ferai si je guéris de mon cancer mais quand. Car cela arrivera, c'est la seule certitude à laquelle je peux me raccrocher. »


L'unique pensée positive qu'il arrivait à conserver, et à faire fleurir grâce à l'assistance des trois personnes qui l'aidaient à avancer dans cet obscure couloir duquel aucun ne savait où aller. L'essentiel était juste d'arriver à mettre un pied devant l'autre, jusqu'à trouver le bout. Du try and die dans sa forme la plus basique, avec un être dont le corps refusait de mourir, et dont l'esprit se demandait combien de temps encore pourra-t-il encore tenir en se faisant continuellement briser de la sorte.


« J'imagine que la première chose que je ferai sera de manger mon poids en céréales Captain Ukulélé. De tous les aliments dont je ne peux plus percevoir la saveur, ce sera le premier sur lequel je me jetterai. Ou alors je m'écroulerai de fatigue, véritablement, et je dormirai pendant un mois entier, le temps de rattraper mon sommeil en retard. »


Contrairement à ce que lui avait dit Oniri la concernant, lui dormait la nuit. Mais dans son cas, son sommeil était extrêmement mauvais, perturbé par sa malédiction qui le plongeait dans un univers cauchemardesque sitôt qu'il fermait les yeux. Combien de fois se réveillait-il en sursaut ou en hurlant la nuit, les sens en alerte, le corps recouvert de sueurs froides, et le cœur palpitant si vite dans sa poitrine qu'il aurait dû depuis longtemps s'arrêter de battre?


« Je pense que je mangerai en premier. Cela offrira assez de sucre à mon corps mon hiberner, à défaut de me réveiller un diabète latent. »


Les bonnes choses – surtout les bonnes choses en fait – étaient comme tout : mieux valait ne pas en abuser.


« Et ce que je deviendrai ? Bien, tout simplement ce que j'ai toujours été : moi-même, le vrai. Quelles meilleures options envisageables ? Je me doute bien que quoi qu'il advienne, ma maladie même une fois soignée laissera une empreinte sur moi. »
confia-t-il en se frottant un bras. « Mais cela ne m'empêchera pas d'être moi-même. N'importe comment, toutes conséquences n'est pas négative. Lorsque l'on perd quelque chose, l'on en récupère toujours une autre en compensation. Ce n'est pas forcément matériel, ce n'est pas forcément visible, mais tant que l'on vit, c'est présent, et cela peut marquer la différence. »

Lui-même, même s'il n'en prenait pas pleinement mesure, avait gagné en traversant toutes ces épreuves. Quant à savoir si c'était suffisant pour l'armer et affronter le chemin qu'il restait à parcourir, cela, c'était une toute autre question.


« Je pense que je prendrai une année de congé quand même. »
lâcha-t-il après un moment de silence. « Si mon restaurant fonctionne, je pourrai vivre sur ces revenus pendant quelques temps, et profiter comme il se doit des petits plaisirs que la vie a à offrir. Comme du théâtre de marionnettes ou des pâtisseries maisons de mes connaissances, par exemple. »

Il se promit de cesser de mentionner les muffins d'Oniri. Cela faisait déjà trois fois en trois posts, le potentiel de la blague était épuisée.


« Je suppose que pour vous, tout ceci est encore un peu trop neuf pour songer à l'avenir, alors que déjà le présent se dérobe sous vos pieds. Ce n'est pas plus mal remarquez. Cela ne sert à rien de faire des projets d'avenir, pas dans notre métier, et encore moins dans notre situation. Rien ne se passe jamais comme prévu, que ce soit une mission, une rencontre, une tentative à la guitare, ou de la conception de muffins. »


Il a tenu quinze secondes, félicitation à lui.


« Cela vous dérange si je vous raccompagne jusqu'à chez vous tout à l'heure ? Je sais que vous m'avez dit de voir avec la bibliothèque d'Odachi, mais j'ai cru remarquer que la votre n'était pas si mal fourni que cela, et il y a quelques livres que je souhaiterai vous emprunter. Si cela est possible bien entendu. »


Une horloge publique indiquait au loin 3 heures 30 du matin. Il était encore tôt, il avait le temps d'attendre qu'Oniri soit capable à nouveau de mettre un pied devant l'autre. En attendant, autant en profiter pour discuter de tout et de rien, comme leurs passe-temps, à l'époque où ils en avaient encore. Cette nuit était une pause dans leur vie, bien qu'aucun n'était apte à en profiter pleinement.

Qu'elle dure encore un peu ne fera de mal à personne.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 18 Jan 2016 - 21:43



"Chacun est habité par son propre chagrin,
qui pour le cœur n'a aucune forme de mesure.
Et tout ceci est... irremplaçable."



Comme toujours chacune de mes remarques le laissait de marbre tandis que ses réactions me donnaient autant l’impression d’avoir affaire à un bloc de glace dans lequel on aurait sculpté un faciès dans le vain espoir d’y apporter un tant soit peu de vie.

-Je ne vois plus rien. Et puis ce n’est pas la peine de faire semblant. Vous savez… simuler vos émotions. Cela n’est pas nécessaire avec moi.

Je le ressentais à chaque instant passé avec lui. Il s’avait se montrer convaincant, mimait à s’y méprendre les sentiments, mais il ne se dégageait rien de lui si ce n’était une forme hystérique de désespoir.

-Enfin, j’imagine que vous agissez par habitude.

Cette-fois-ci ce fut à mon tour de hausser les épaules. Bien qu’aveugle il m’était toujours possible de faire usage de mes facultés sensorielles pour percevoir le monde qui m’entoure et ce faisant, je demeurais toujours capable d’abattre une souris d’une balle dans la tête à deux cent mètre de distance. Mon ouïe quant-à-elle fonctionnait suffisamment pour l’entendre me parler. Ainsi me contentais-je d’acquiescer lorsqu’il fit référence à cette fameuse nuit passée au Pays du Riz. Cela avait été une véritable bouffée d’air frais pour moi, au sens propre comme au figuré. Un instant en dehors du monde et de sa folie, là où j’avais pu laisser de côté mes doutes et mes craintes. Cela avait beaucoup compté pour moi. Bien plus qu’il ne le croyait et ce que la logique aurait permis.

-Pour tout vous avouer. Je ne saurais vous dire si la perspective d’être encore en vie dans dix ans m’enchante vraiment ou non. Lançais-je d’un ton ironique accompagné du sourire qui allait de pair. Vu ce que j’ai réussi à encaisser en quatre ans, je n’ose imaginer ce qu’il restera de moi une fois toutes ces années écoulées.

Morte ? Complètement folle ? Devenue un monstre tueur dénuée de sentiment ? L’instant était au pari et se résumait à jouer à la roulette Saibogu avec un chargeur plein. La subtilité résidant dans le fait d’ignorer quel type de balle s’enfoncerait dans mon crâne. Le pis dans tout cela étant que j’arrivais presque à en tirer une forme d’amusement. Celle-là même caractérisée par un fond de lassitude. Je soupirais à nouveau, laissant échapper un mince filet de fumée d’entre mes lèvres tandis que la moitié de ma cigarette y demeurait encore coincée.

-Je crois qu’en fait, j’ai juste besoin de dormir…

La phrase s’adressait davantage à moi-même qu’à mon interlocuteur. Et cela me permis de réaliser à quel point notre discussion était déprimante. En même temps quel autre sujet sincère pouvions-nous encore aborder quand toutes les couleurs du monde se ternissaient en traversant nos yeux ? Je l’écoutai toujours parler de son quotidien ou plus précisément de ses fameuses céréales. Il était troublant de constater à quel point nous cherchions exactement la même chose, non pas de guérir de nos maladies, cela n’était que la finalité. Non, nous recherchions à redevenir normaux, à vivre des instants normaux et ce le plus simplement du monde.

-Peut-être récupérons-nous autre chose, mais dans le fond ce qui a été perdu l’est définitivement et à jamais. Nous savons ce que nous perdons, mais nous ignorons ce que nous allons récupérer en retour.

Ou l’art et la manière de continuer d’enfoncer l’ambiance en douceur. Au moins avais-je la chance de pouvoir ruminer à deux que toutes seules, mais je n’aimais pas agir ainsi, aussi tentais-je de rehausser le ton tandis qu’il me demandait s’il était possible d’emprunter quelques-uns de mes livres.

-Même pas vous n’oseriez proposer un café à la dame ayant partagée cette soirée avec vous ? Décidément vous êtes irrécupérable Nara-san. Je me relevais avec davantage de vigueur que je ne m’en aurait cru capable. Mais soit… J’espère malgré-tout pouvoir vivre assez longtemps pour rencontrer le véritable vous. Dis-je en retirant ma cigarette en guise de symbolique. Seulement laissez-moi vous le dire, si vous continuez de faire référence à mes muffins votre démon deviendra le dernier de vos soucis. Je ponctuai cette phrase en lui offrant mon plus beau sourire carnassier, le kit de crocs était fourni avec.

Sans ajouter mots nous reprîmes notre route, l’absence d’objection l’invitait indirectement à me suivre. La douleur dans mon crâne s’en allait progressivement et le voile sombre devant mes yeux s’ornaient parfois de taches floutées que j’imaginai toutes droit tirées de la réalité, mais qui se révélait plus gênante qu’autre chose. Aussi me contentais-je de continuer d’avancer en gardant les yeux fermés. En soit cela n’était plus un problème pour celle que j’étais devenue. Je me demandai : Etait-ce ce que j’avais acquis en retour du prix de mon humanité ?

-Parlez-moi un peu de votre pays. De Konoha également. L’ironie veut que je n’ai jamais vraiment eux l’occasion de voyager, la plupart de mes trajets ayant pris fin à la bordure du désert. Et dire que je possède un des moyens de transport le plus rapide au monde… Quel gâchis.

Ce qui restait de ma cigarette vola allègrement jusque dans une poubelle passant parlant. Sitôt fait je m’en allumai une nouvelle.

-J’ai moi-même inventé son système de moteur à galet cinétique. Il utilise mon affinité raiton pour se mettre en marche, suite à quoi la rotation fournis d’elle-même la quasi-totalité de l’énergie nécessaire aux fonctionnements de la roue motrice. Cela permet d’économiser énormément de chakra et d’effectuer de long trajet. Il s’agit de la seule invention dont je sois réellement fiers, et si on puit dire la seule véritable invention tout court.

Malgré ce qu’il pouvait en dire le Nara semblait porter un grand intérêt à la technologie Saibogu, il suffisait de voir son regard se poser sur les différents bâtiments d’architecture futuriste qui se détachaient des autres. A se demander s’il n’avait vraiment pas loupé sa vocation.

-Je me suis contentée d’améliorer et personnaliser certain modèle d’armes déjà existant. On ne peut pas vraiment me considérer comme une technicienne contrairement à la plupart de mes confrères. Nous pourrions dire que je suis avant tout une Kunoichi. Dis-je en faisant tournoyer mes deux pistolets entre chacune de mes mains avant de les remettre à leur place. Oui, mes armes m’accompagnaient et ce qu’importaient les circonstances. Si cela vous tente je pourrais un jour vous laisser les essayer.

Parce qu’avec les sorties en moto je ne connaissais rien de mieux pour se défouler à part peut-être tirer sur des trucs et les faires exploser. Après quoi nous arrivâmes finalement jusqu’à chez-moi. La ruelle était totalement déserte. Il n’y avait aucune présence en extérieur si ce ne fut quelques animaux et rongeurs nocturne parti en chasse. Je me risquai alors à ouvrir un œil et m’aperçue, non sans satisfaction, que ma vue était revenue. Sitôt entrée dans ma résidence, j’allumais la lumière.
-La bibliothèque n’a pas bougé depuis, vous pouvez vous servir. Faites-comme chez-vous.

Ce n’était pas totalement vrai, cela débordait désormais de livre, bien plus que ce les concepteurs n’avaient prévu pour l’étagère. Plusieurs ouvrages étaient amassés à même le tapis, encore ouvert, témoignant ainsi de nombreuses de séance de lecture à même le sol. Tandis que je laissai mon hôte se pencher sur la question je me dirigeai vers la cuisine.

-Si vous voulez je peux préparer un café suffisamment fort pour que vous-même réussissiez à en sentir le goût.

Au moins ne pouvais-t-on pas me retirer cela. Sans que sa réponse n’ait eu un réel impact sur mes intentions, deux tasses pleine se retrouvèrent l’une en face de l’autre sur la table basse. J’ôtais mes spartiates avant de m’installer, les jambes repliées, sur un fauteuil. Je le laissai farfouiller dans mes ouvrages tout en sirotant ma boisson chaude. De temps à autre il m’arrivait de lui conseiller le livre qu’il avait en main.

-Puisque-nous comme moi ne semblons pas décidez à terminer cette soirée, pourquoi ne pas avancer le rendez-vous de demain et commencer les premiers essais sur le chakra Senin ? Si nous nous débrouillons correctement et avec un peu de chance nous serons rentrés avant le lever du jour.

Pour être franche je ne tenais aucunement à passer le restant de la nuit et toute la journée du lendemain seule dans l’attente que le soleil se couche et que vienne enfin l’heure de nous retrouver dans la désert. Des journées dans ce sens, je ne les avais que trop côtoyés.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptySam 23 Jan 2016 - 23:21

J'aime les femmes comme j'aime mon café.
Noir, et avec une cuillère dedans.



Natsuki afficha un sourire en coin lorsqu'Oniri lui reprocha son absence d'étiquette. Une plaisanterie qui n'avait de sens que pour eux-deux.


« Non en effet, je ne vous le propose pas. Voyez-y là peut-être les traces de l'éducation de mon clan, mais le café de fin de soirée est un peu trop chargé en connotations pour que je me permette de vous en faire la suggestion. Cela dit, si jamais vous fréquentez un Nara un soir, je vous déconseille de lui demander si pouvez lui emprunter un livre ou deux chez lui. »


Puisqu'il avait parlé de son clan, et qu'Oniri voulait en savoir plus sur le Pays du Feu, il lui raconta les us et coutumes des Nara à l'époque où ils n'étaient pas encore installés à Konoha, et comment se passait leur vie au sein de la Nation, quelles et comment étaient les régions dans lesquelles ils avaient vécu, comment Konoha avait été fondé en partie par eux etc... La jeune femme en retour lui parla de ses inventions, notamment d'un moyen de locomotion extrêmement rapide dont l'énergie d'alimentation venait en partie de son affinité avec l'électricité. Elle entra vaguement dans les détails compliqués qui régissaient la mécanique, Natsuki les écouta avec un intérêt poli. Elle aborda ensuite ses customisations sur les armes à feu, et lui les écouta avec un intérêt sérieux.


« Pourquoi pas tout à l'heure ? »


Il ne pouvait pas nier qu'il trouvait fascinant que, alors que le ninja moyen passait des années de sa vie à s'entrainer pour éliminer au mieux son prochain, il suffisait de mettre entre les mains de quelqu'un une petite arme de poing et presser sur une gâchette pour arriver au même résultat beaucoup plus vite et avec beaucoup moins d'effort. Le progrès conduisait tout le monde vers un pied d'égalité, en dotant chacun de la capacité de détruire l'autre : une paix fondée sur la peur.

A discuter, ils finirent par arriver devant le hangar où vivait la Sunajin. Il entra avec elle, et une fois déchaussé se mit à son aise, comme elle le lui avait suggéré. La bibliothèque n'avait pas bougé, c'était vraiment : ses étagères étaient tellement chargées de livres et elle-même était tant encerclée par des volumes sur le sol qu'elle pourrait difficilement aller où que ce soit.


« Tentez si vous voulez, cela ne coûte rien d'essayer. Même s'il m'est avis que le café est comme le vin : il ne se savoure pleinement que l'esprit tranquille, et le cœur ouvert. »


Il s'aventura prudemment entre les bouquins éparses, piochant ici et là au hasard des ouvrages dont il lisait brièvement la première et quatrième de couverture. La logique de rangement semblait soit dépasser totalement Natsuki, soit être complètement inexistante. L'Histoire côtoyait la mécanique, la survie en nature se cachait sous un roman de fantaisie, les pratiques SM des rhinocéros nains de Papouasie tentait de pousser hors du rayon la cuisine facile etc... Comme il ne cherchait rien en particulier, ce n'était pas particulièrement dérangeant. Il reconnu en parcourant des yeux les livres quelques uns qu'il avait conseillé à Oniri, et d'autres qu'il subodorait fortement être en rapport avec leurs recherches communes. La jeune femme commentait l'un ou l'autre des ouvrages qu'elle avait déjà lu et qu'il tenait, puis il termina sa sélection avec un troisième et dernier livre, dont la couverture tachée d'huile par endroit portait le titre '' construire et réparer son électroménager ''. Peut-être qu'avec cela, il parviendra à mieux comprendre le jargon qu'employaient les Saibogu de temps à autre.

Il traversa à nouveau la jungle de papier en prenant soin de n'en abîmer aucun, et s'installa en face d'Oniri, dans la même configuration que la dernière fois qu'ils s'étaient tous les deux retrouvés chez elle. A la différence que cette fois-ci, il avait un café devant lui plutôt qu'un verre d'eau. Cela sera peut-être suffisant pour que cette nuit impérissable ne connaisse pas la même fin que la précédente entrevue. Il porta la tasse à son visage, et en huma l'arôme qui en émanait.


« ''The Fragrance of Dark Coffee.'' »
reconnu-t-il.
« Un café plutôt haut de gamme, vous avez bon goût. Tout comme pour le mobilier. J'ai vu que vous aviez changé les canapés et la table, entre autre.»

Il bu une gorgée de caféine, puis reposa la tasse sur la table, éventuellement sur la coupelle s'il y en avait une pour ne pas laisser de vilaines traces, lorsqu'Oniri lui proposa d'avancer l'horaire de leur rendez-vous.


« J'ai depuis longtemps apprit à ne pas compter sur la chance pour quoi que ce soit. Et là, il est plus de quatre heures du matin, cela ne vaut même pas le coup de sortir : le soleil ne va tarder à commencer à se lever d'ici deux ou trois heures, sans nous laisser le temps de faire autre chose que de nous faire remarquer tous deux nous éclipsant hors du Village. Mieux vaut s'en tenir à notre rencontre de ce soir. J'attends depuis plus de sept ans de trouver une solution à mon problème, je ne suis pas à une soirée près. »


Bien calé dans son fauteuil, il croisa négligemment les jambes, la cheville sur le genou opposé, et les mains formant l'une contre l'autre un triangle parfait non loin de son menton, comme pour souligner le sourire en coin qu'il affichait.


« Par contre, si votre proposition de me laisser essayer vos '' modèles d'armes améliorés et personnalisés '' tient toujours, je ne serai pas contre une séance de tir. Sauf si vous faites cela derrière chez vous, et que cela risque de déranger les voisins, bien entendu. »


Ce n'était pas les possibilités de jeux entre deux adultes se retrouvant seuls qui manquaient, mais tester ces armes de mort facile Saibogu était de loin celle qu'il trouvait la plus attrayante dans l'immédiat.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyDim 24 Jan 2016 - 17:27

Visiblement le dosage de sa tasse avait eu l’effet escompté en se soldant presque par un résultat au-delà de mes espérances. C’était à croire que le Nara était en train de boire le meilleur café de sa vie. J’avais presque l’impression de voir l’ombre d’une expression se dessiner sur son visage ce qui rendait la scène d’autant plus déroutante. De mon côté j’essayai de ne pas relever sa dernière remarque concernant mon nouveau mobilier, ce fut cependant plus fort que moi.

-Ho… heu… L’ancien n’était plus à mon goût… Dis-je d’un ton que j’aurais voulu moins maladroit.

Je me grattai nerveusement l’épaule comme si cela aurait pu m’aider à retrouver contenance jusqu’à ce que, finalement, j’en vienne à trouver le salut dans le fond de ma propre tasse de café. J’avais pris soin de ne pas autant charger le mien par crainte d’exploser. Les migraines et le manque de sommeil apportaient déjà suffisamment de stresse. Il n’était donc pas nécessaire de transformer mes veines en plantation de caféier directement extraite du sud de la province d’Iwama.

Suite à quoi je vis mon hôte s’installer confortablement dans son fauteuil, les jambes croisées, les mains jointes et… Qu’étais-ce ? Un sourire ? Oui c’était assez effrayant car celui-ci ne semblait pas faussé. Il ne faisait pas semblant cette fois. Mais le pis dans tout cela étant qu’il donnait l’impression d’avoir quelques choses derrières la tête. Force fut de constater qu’après avoir rejeté ma proposition d’en découdre avec son démon il révéla davantage séduit par l’idée de tester mes armes, ce qui, dans un sens confirmait une part de mon hypothèse. Ce petit plaisir coupable témoignait du fait qu’il avait manqué une part de sa vocation. Il serait certainement devenu Saibogu si l’occasion s’était présentée à lui.

-C’est donc cet effet-là que vous fait le café ? La prochaine fois je vous offrirai simplement des livres…

Cette fois-ci le ton se prêtait davantage au constat sarcastique. Le tout fut bouclé par en sourire pincé accompagné un haussement de sourcil des plus éloquents.

-Mais puisque-vous semblez tant vous y intéresser… Je remuais ma cuillère dans ma tasse avant de finir le tout d’une gorgée. Ne perdons pas de temps pour nous y mettre. J’ai encore tout un stock de bouteille de jus de fruit à écouler.

En effet, j’avais eu tout à loisir d’en consommer depuis ce dernier entrainement avec Tetsui. Le jeu avait plutôt bien séduit le Yamada et je doutai qu’il en soit autre pour le Nara. Après avoir reposé ma tasse sur sa coupelle je me dirigerais directement vers la partie technique de mon loft. Autrement dit au fond, là où se trouvait mon atelier. La machine que je cherchai étais couverte d’une nappe et reposait sur un plateau à roulette. Je poussai le tout jusqu’à la bais vitrée. De-là je fis sortir le matériel jusque sur la terrasse en invitant le Nara à me rejoindre. Dehors la nuit était toujours pleine et l’air aussi frais que lors de notre première sortie.

La terrasse était totalement vide. Elle s’apparentait davantage à un imposant bloc de béton blanc qu’un géant aurait déposé là avant de reprendre sa route. Mon compagnon d’infortune pu alors constater que nous étions totalement seuls. Pas de voisinage. En face de nous se dressait l’imposante muraille qui entourait le village. Je lui priai de m’attendre encore un instant avant de retourner à l’intérieur pour en ressortir quelques secondes plus tard affublée d’un énorme sac contenant pas moins d’une trentaine de bouteille de jus de fruit vidée de leur contenu.

-Oui, je les garde exprès pour cela. Lançais-je, avant qu’il ne se risque à me poser la question.

Je devais certainement encore passer pour une folle. En attendant, j’allais poser une première bouteille sur un rocher située à l’autre bout du terrain murant par l’occasion la machine sur roulette dans le plus grand des secrets. Nous n’avions pas besoin de nous en servir pour l’instant.

-Bien… J’ignore si vous avez déjà tenu une arbalète, mais c’est un peu le même principe.

J’inspectai mon arme tout en parlant, m’assurant que le chargeur était bien remplit et que la sécurité était levée. Suite à cela je lui laissai prendre l’instrument de mort en main avant de le contourner. Afin de l’aider dans son premier essai, je me plaçai dans son dos, superposant mes mains par-dessus les siennes pour mieux le guider.

-Vous devez fermement le tenir à deux mains. Assez pour ne pas trembler. Gardez-vos pouces à distances de la glissière auquel cas vous risqueriez de le regretter. Ecartez-vos pieds autant que l’espace entre vos épaules.

Là encore je l’aidai à adopter la position la plus adaptée de sorte à ce que ces bras restent tendus vers l’avant. Ce n’était pas que je n’avais aucune confiance en lui, mais je préférai éviter qu’un accident malencontreux me fasse subir le même sort que celui qui était initialement prévu pour la bouteille juste en face.

-A présent fermez un œil. Prenez ensuite une inspiration et relâchez progressivement votre air pendant que vous faite feu. Cela vous permettra de stabiliser votre visée.

Tout y était, il ne restait plus qu’à presser sur la détente. J’étai presque collée à lui et il ne manquait que quelques centimètres pour que nos joues se côtoient. Cette proximité précaire était en quelque sorte un passage obligatoire lors d’un premier tire, mais ce n’était pas tellement cela qui me dérangeait à cet instant précis. Aussi, alors qu’il se concentrait sur sa visé, je ne pus m’empêcher de faire la remarque.

-Votre haleine sent le café.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 28 Jan 2016 - 15:19

« Qui vous dit que c'est le café et non les livres ? » répondit-il sur le même ton complice.

Oniri se leva, et Natsuki l'imita, non sans avoir tiré leçon de sa précédente expérience similaire avec Miko : il vida sa tasse avant de la suivre cette fois-ci. Elle s'avança jusqu'à l'espèce de garage qu'elle avait caché la dernière fois, en prétextant du désordre, et commença à pousser un engin drapé jusqu'à la terrasse. Le Nara tatoué lui aurait bien proposé de l'aide, mais elle savait sans doute mieux que lui ce qu'il convenait de faire ou non avec son attirail. Qui plus est, si elle gardait sa machine dissimulée sous une couverture, c'était bien pour qu'il ne la voit pas encore. Autant la laisser monter sa surprise comme elle l'entendait. Il lui ouvrit simplement la baie vitrée, et sortit le premier.

L'air y était frais, contrastant avec la chaleur enveloppante de l'appartement qu'il quitta. Le temps qu'Oniri aille et revienne, il observa les environs. A l'image de l'intérieur du loft, il n'y avait aucune séparation avec le reste. La terrasse était juste là, sans brise-vue ni barrière. Pour cacher quoi de toute façon ? Il n'y avait pas de voisin immédiat dans les environs, et les remparts qu'elle bordait étaient suffisamment haut pour offrir toute l'intimité désirée – ainsi qu'un point d'observation privilégié pour les voyeurs de garde. Mais vu la peau d'Oniri, et sa crainte du soleil, il doutait qu'elle s'adonne au bronzage intensif : lui avait prit plus de couleur qu'elle depuis qu'il était arrivé ici.

Un vacarme léger le tira de sa flânerie, et l'amena à poser un regard sur Oniri, laquelle portait dans un sac la source sonore : les fameuses bouteilles de jus de fruit. Il la dévisagea avec un sourire amusé, se demandant si elle buvait pour le contenant ou le contenu, à l'image de ces enfants qui ne mangent leurs céréales que pour le jouet caché dans le paquet.


« Je n'ai rien dit. »
répondit-t-il avec légèreté en levant les mains pour feindre l'innocence.

La jeune femme plaça la cible de verre à bonne distance, puis revint vers lui pour lui donner des consignes. Natsuki l'écouta en même temps qu'il l'observa manier son arme, mémorisant les différents boutons et mécanismes dont il ne pouvait que supposer l'utilité – et lesquels étaient bien plus compliqué qu'une arbalète. Il savait en manier à peu près une, tout comme il avait eu une formation de base avec chaque arme, mais il était très loin d'en faire un usage parfait : la quintessence de son art martial s'exprimait au travers de ses poings, et non du fer. Exception faite pour ses tonfas toutefois.

Elle lui remit enfin l'arme Saibogu entre les mains, dont les fines gravures rehaussées d'or sur la crosse, la glissière et le canon valaient à elle seule le coup d’œil. Elles n'apportaient aucun avantage tactique, à ne point en douter, mais tant que l'esthétisme n’empiétait pas sur l'efficacité, Natsuki ne voyait pas de mal à faire preuve de coquetterie.

La jeune femme le contourna ensuite, et l'aida à se positionner de la façon la plus efficace possible. Au naturel, il aurait sans doute éclaté de rire quand elle arriva dans son dos, lorsqu'il comprit ce qu'elle voulait faire. Avec son petit 1 mètre 66, elle se retrouva bien en peine une fois son arme saisit à travers les mains superposées du Nara, dont le mètre 83 lui permettait à peine de voir par-dessus son épaule sur la pointe des pieds. Au lieu de cela, il eu simplement la courtoisie de poser un genou à terre et l'autre en équerre, sans faire de commentaire.


« Je serai peut-être un peu plus stable ainsi. »
se contenta-t-il de dire.

Le poing serré sur la crosse de l'arme, et l'autre enveloppant le premier en soutenant le chargeur, il parcouru le monde à travers la visière de son révolver. L'univers semblait infiniment plus petit tout d'un coup, se limitant à un axe de tir unique donnant l'impression que rien ne pouvait lui résister. Il tenta de centrer sa ligne de mire sur la bouteille au loin, prenant à peine gare aux mains chaudes d'Oniri posées sur les siennes glacées. Il sentait toutefois l'assistance de visée qu'elle lui apportait autant que sa respiration sur son épaule. Ce fut sans doute cette telle proximité physique qui rallongea autant son temps nécessaire pour viser : il s'y reprit à inspirer et expirer plusieurs fois pour atténuer cette pulsion silencieuse mais omniprésente qui le démangeait de frapper et briser la jeune femme. Il aurait peut-être dû quand même accepter qu'ils s'attaquent de suite au problème de sa malédiction, plutôt que de s'amuser sur la terrasse corps contre corps à aligner une malheureuse bouteille...

Le temps qu'il se décide, et que son doigts presse une gâchette plus résistante qu'il ne l'aurait cru, une phrase siffla à son oreille. Le coup de feu partit, belle détonation lumineuse dans la nuit silencieuse, et fit une étincelle sur la muraille plusieurs mètres derrière la bouteille. L'arme tressauta dans ses mains, et bien qu'il en absorba une bonne partie du recule, la force subitement déployée contre laquelle il dû soudainement lutter au moment du tir dévia largement le canon de sa cible. Manqué, comme dirait l'autre.


« C'est ce qui arrive quand on en boit. »
répondit-il enfin avec légèreté, sans bouger la tête. « Peut-être que j'en ai aussi le goût. »

Nullement décontenancé par son échec, il retenta son tir, cette fois-ci plus au fait des caractéristiques de l'arme à prendre en compte. Il n'y parvint toutefois pas vraiment, la deuxième et troisième cartouches tapant cette fois-ci le rocher sur lequel reposait la bouteille. Il retira alors ses pensées : utiliser ces armes n'étaient pas aussi simple qu'il y paraissait. L'air de rien, ce pistolet nécessitait déjà une sacrée force pour être utilisé sans que le canon ne saute au nez du porteur. Et passé une certaine distance, la dextérité est elle aussi de mise pour parvenir à toucher sa cible, sans quoi les balles se contentent de pleuvoir tout autour en atteignant n'importe quoi, sauf l'objectif attendu. Il fallu patienter jusqu'à la sixième balle pour voir la bouteille légèrement effleurée par le projectile, et la neuvième pour qu'elle éclate enfin. Natsuki baissa alors son arme, le canon encore fumant, et se redressa en position debout pour regarder le verre brisé au loin.


« Neuf tentatives pour une bouteille. Sans être un connaisseur, je crois que je peux difficilement me tromper en affirmant que c'est plutôt mauvais. J'espère que les munitions ne vous coûtent pas trop chères. »


Il se permit de se servir parmi les bouteilles, et en installa une autre similaire au même endroit. L'essaie se fit sans l'assistance d'Oniri ce coup-ci, et se conclu sur la fin du chargeur sans succès. Il ne lui restait que deux tirs, mais bon...


« Tss... »
lâcha-t-il en baissant son arme tenue de la main droite.

De la gauche, il mima avec l'index tendu et le pouce levé un pistolet. Son auriculaire, son majeur puis son annulaire s'agitèrent brièvement dans cet ordre avant de se replier, et aussitôt, une lame de vent s'échappa de l'index pour frapper de plein fouet la bouteille, du premier coup cette fois-ci.


« Je m'en sors mieux avec celui-ci, il semblerait. »
annonça-t-il après avoir soufflé sur son doigt pour en chasser la fumée inexistante et le ranger dans son holster invisible à la hanche.

Il prit en main le vrai pistolet par le canon dont la glissière était relevée, faute de munition disponible, et tendit l'arme à Oniri.


« Maintenant que vous vous êtes bien moquée, vous me faites une petite démonstration le temps que mon poignet récupère ? J'admets qu'il est bien plus difficile de s'en servir que ce que je pensais de prime abord. »


Il s’asseya non loin.


« J'imagine que les poteries de l'Ermite que vous abattiez plus jeune ne se faisait pas avec un modèle comme celui-ci, customisé ou non. Cela fait combien de temps que vous vous entrainez avec ? Que je puisse mesurer la courbe de désespoir affligent qu'il me reste à parcourir. »


Non pas qu'il ignorait qu'il n'arriverait jamais à rien de vraiment efficace avec ce genre d'armement, à moins de changer complètement de pouvoir spécial au profit de celui des Saibogu, mais il pouvait au moins apprendre assez pour essayer de s'amuser le temps d'une fin de nuit.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyVen 29 Jan 2016 - 15:55

Le premier tire se solda par un échec et ce non sans surprise contrairement à la réponse qu’il apporta vis-à-vis de sa précédente remarque. J’ignorai si c’était intentionnel où s’il était complètement côté de la plaque. Toujours fut-il que ma réponse ne se fit pas attendre.

-Est-ce que c’est une invitation ? Vous n’avez pas à vous montrer si timide vous savez. Dis-je avec un sourire en coin.

Cela sonnait comme une moquerie car s’en était effectivement une. J’aurai certainement considérée différemment sa remarque s’il n’avait pas été une carcasse vide rongée de l’intérieur par une entité démoniaque. Au moins lui restait-il encore cette forme d’humour qui coïncidait assez bien avec la mienne. Je l’aidais à rehausser ses prochaines tires mais fut force de constater qu’il n’était finalement que peu doué dans le maniement des armes à feu. Avec mon assistance une personne lambda aurait certainement déjà obtenu des résultats bien plus probants. Ou alors était-ce parce que j’étais trop petite et que cela m’empêchait de l’aider normalement ?

-Je fabrique moi-même mes munitions, seulement au rythme où vont les choses je serais certainement dans l’obligation de vous faire payer les futurs séances de tires.

Dis-je tandis que je m’éloignai de lui pour m’adosser au Mur, les bras croisés. Je le regardai ainsi faire seul comme un grand, lui qui était si musclé semblait avoir beaucoup de mal avec le recul de l’arme. Entre temps je m’étais allumée une nouvelle cigarette non pas pour me détendre comme la fois précédente, mais bel et bien parce que je me sentais détendue. Le voir éprouver autant de difficulté avait quelque chose d’amusant. Comme quoi l’on trouvait son bonheur des choses dérisoires. Cependant la patience du Nara finit par atteindre ses limites alors qu’il ne restait plus que deux pauvres balles dans le chargeur. Délaissa mon arme au profit de ses mains ce fut cette fois-ci un tire futon assuré qui fit éclater la bouteille, ancien conteneur de jus de fruit. Ce faisant, il aurait été impardonnable que je ne prenne pas la peine d’applaudir et ce avec toute l’ironie du monde.

-Bravo ! Bravoooo ! Wouuuuuuuuuuh ! Fis-je en plaçant mes mains en portes voix avant de les frapper de nouveau entre elles.

Et seul le son du claquement de mes paumes résonnait au milieu de la nuit. Suite à quoi le Nara me demanda de lui faire une démonstration. Je ne savais pas si cela en valait vraiment la peine, même si j’aimais me mettre en avant vis-à-vis de mon adresse au tire. J’avançai malgré-tout pour prendre position à sa place. En chemin, au moment de le croiser, j’avais préalablement et sournoisement coincé ma cigarette entre ses doigts afin qu’il la tienne le temps de la petite mise en scène. Cependant comme prévu je me rendis jusqu’à ma machine sur roulette. De là je retirais le drap qui la recouvrait afin de révéler ce qui ne devait être, à son sens, qu’un gros appareil hétéroclite fait d’engrenages, de pistons, et de mécanismes de ressorts. Il fallait se l’avouer, l’aspect général manquait cruellement de finition. Cela ressemblait presque à du travail amateur confectionné entre deux week-ends ce qui n’était pas totalement éloigné de la réalité. De-là je plaçais une dizaine de bouteille sur le tapis roulant avant d’actionner le levier de mise en marche. Le tic-tac cyclique qui ce fuit entendre n’était autre que le vestige de mon dernier réveil.

-Je devais avoir six ans la première fois que j’ai tenu une arme. J’étais parvenue à la dérober dans le bureau de mon père en crochetant la serrure. Autant dire qu’il n’avait pas apprécié. Et ce n’est que deux ans plus tard que j’ai réellement commencé à m’entraîner. Autrement dit cela doit faire une douzaine d’années depuis.

Je marquai une pause comme pour souligner les mots à venir qui, dans un sens, avait leur importance par rapport au reste.

-Mais je me suis drastiquement améliorée depuis ces derniers mois…

D’une démarche nonchalante je me plaçai au centre de la terrasse et dégainai ma seconde arme en la faisant tournoyer entre mes doigts. Mes pieds nus se croisière entre eux tandis que mes bras écartés tenaient les canons des pistolets pointés vers le bas. De la sorte, j’avais davantage l’air d’une danseuse étoile s’apprêtant à effectuer sa prestations plutôt qu’à une Kunoichi s’apprêtant à martyriser de pauvres bouteilles innocentes. J’expirais lentement par la bouche, laissant mes sens entrer en éveil. Chaque vibration dans l’air se transforma en caresse, chaque murmure de la brise en mélodie.

L’obscurité n’était plus une gêne, seulement une constance faisant partie intégrante de moi. Les tic-tacs s’alourdissaient. Ils ralentissaient progressivement et sonnaient à mes oreilles comme des battements de cœurs. Ou alors s’agissait-il du mien que j’arrivais à attendre ? La raison s’effaçait, tout n’était plus que ressenti tant et si bien que je sentais la pupille de mon œil se calquer sur la nature de mon Akuma. Le grincement métallique s’enclencha et d’un mouvement ample de la jambe de m’élançai pour tournoyer en même temps que les dix bouteilles se voyaient éjectées dans les airs. Je n’en voyais aucune, mais je pouvais suivre leur déplacement avec une aisance troublante. Le pressai sur les détentes. Plusieurs coups de feu partirent malgré la vitesse à laquelle je tournais. Dans l’élan j’effectuais un mouvement de rotation verticale avec ma jambe pour m’élancer dans un salto arrière ponctué par le rugissement des pistolets qui déversaient leur chargeur avec une précision mortelle sur leurs cibles. La dernière bouteille vola en éclat à seulement quelques centimètres du sol, à l’instant où je m’étais retrouvée la tête en bas. Finalement je retombais agilement sur mes jambes, ré-adoptant dès lors ma position initial. Cela n’avait durée qu’une poignée de seconde.

Tout autour de moi reposait à même le sol un nombre incalculable de morceaux de verres et de douilles reflétant en de millier de prismes scintillants la lumière provenant de l’intérieur de mon loft. J’expirai une nouvelle fois, tandis que mes sens entamaient une chute vertigineuse. J’en fus quelque peu décontenancée. Le retour sur terre était un peu difficile. Je cherchai le Nara du regard durant quelques secondes alors que ce dernier se trouvait en face de moi depuis le début. Je lui adressai un sourire avant de m’incliner gracieusement comme l’aurait fait une danseuse de ballet devant son publique.

-J’espère être parvenue à monter votre courbe de désespoir assez haut. Dis-je en relevant seulement la tête pour le gratifier d’un clin d’œil.

Je rangeai mes armes dans leurs holster puis le rejoignais en slalomant entre les morceaux de verres afin de récupérer ma cigarette.

-A présent voici à la partie la moins intéressante.

Je me retournais brusquement, les poings posés sur les hanches, faisant face à ce monumental désordre.

-Le nettoyage...

J’espère intimement qu’à défaut d’une guitare, le N ara puisse faire apparaître un balais géant pour tout déblayer.


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Mar 2 Fév 2016 - 20:20, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyDim 31 Jan 2016 - 0:58

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Makes me smaller




Lorsque ce fut son tour, Oniri révéla la machine qu'elle cachait sous le drap. Au yeux de Natsuki, il s'agissait d'un gros tas de ferraille dont il ne devinait la fonction qu'au contexte dans lequel elle était présente. Et quelque part, elle n'était pas à l'image qu'il s'en faisait. Enfin, il y avait les ressorts, les engrenages et autres marques typiques des Saibogu, mais il s'attendait à y voir des cibles reliées à des tiges que l'appareil aurait fait bouger une fois activé. Car dans l'immédiat, il ne comprenait pas le rapport entre la machine et le tir pendant qu'Oniri alignait les bouteilles dessus.


« Je peux comprendre que se faire dévaliser par une jeune demoiselle de six ans fâche, en plus de remettre en question son système de sécurité. »


Les serrures étaient rarement ce qui arrêtaient un ninja, tous ayant des notions de crochetage, si ce n'est plus. Et quand la porte était trop gardée, il devenait plus simple de passer par le mur.

Ce qu'Oniri lui dit ensuite, il ne le comprit pas immédiatement, ou plutôt, pas dans le sens qu'elle le pensait elle. Il supposait que sa soudaine progression lui était venu de la nécessité, du refuge à ses angoisses qu'elle avait trouvé dans les armes à feu de la même manière que lui s'était amélioré en guitare : pour apaiser un esprit tourmenté. Le spectacle qu'elle lui offrit lui fit réaliser son erreur d'interprétation.

La machine propulsa les bouteilles en l'air, et presque aussitôt, la jeune femme entra dans la danse, entamant un ballet nocturne au milieu des étoiles. Les coups de feu se succédèrent, et Natsuki ne parvenait pas à déterminer ce qui était le plus impressionnant : la chorégraphie souple et légère de son hôte, ou le fait qu'aucune cartouche ne rata sa cible dans des conditions pareilles.

Ce qu'il réalisa par contre, ce fut le véritable sens des mots qu'Oniri avait employé plus tôt. Sa précision avait quelque chose de surnaturel, et pour cause : elle l'était. L'éclat dans son œil éteint qu'il aperçut lui rappela ce qu'elle lui avait dit, que sa pupille était capable de voir dans l'obscurité. Cela associé au fait qu'elle avait gardé les yeux clos après le spectacle de marionnettes, mais qu'elle était parvenu tout de même à marcher jusqu'à chez elle en évitant tout les obstacles imposa une évidence à son esprit : Oniri avait développé des capacités de perception hors du commun. Des capacités qui lui venait de sa nature même, et qu'elle contrôlait visiblement plutôt bien. Tout le contraire de lui, qui refusait de se servir des capacités inhérentes à sa propre malédiction. Des pouvoirs sur lesquels il n'avait quasiment aucune emprise, et dont ils n'avaient de toute façon aucune utilité, si ce n'était de détruire aveuglément.


« Oui, à des sommets. »
répondit-il en applaudissant lorsqu'elle s'approcha.

Et pas seulement dans le domaine du tir. Elle qui portait le poids de sa nature depuis bien moins longtemps que lui, et qu'elle en subissait tout autant de désagréments, il lui semblait pourtant qu'elle en maîtrisait la substance infiniment plus que lui. Il avait bien comprit en début de nuit qu'il n'avait rien à lui jalouser, et pourtant, la colère quelque part trouvait les fissures par lesquelles se propager. Mécaniquement, il secoua la tête, et rendit à Oniri la cigarette qu'elle lui avait fait tenir, et dont il avait proprement tranché l'extrémité d'une pichenette pour l'éteindre.


« Vous devriez songer à des cibles en carton, elles salissent moins. Mais j'imagine que c'est aussi moins amusant que d'entendre et de voir la délicieuse explosion du verre retentir et se répandre sur le sol. Allez, reculez-vous. Vous m'avez laissé jouer avec vos accessoires, et même si c'est vous qui avez sali le plus, je vais m'occuper du ménage. Je vis quasiment seul, j'ai l'habitude de cela. »


Il s'occupait effectivement beaucoup de sa maison à l'époque, mais les temps avaient changé. Et puisqu'il ne trouvait déjà plus de satisfaction dans les plaisirs de la vie, il était inutile de parler des corvées. Heureusement, il existait les missions rang D.

Il attira Oniri sur un coin de la terrasse, et lui présenta son dos. A son tour, il prit une aspiration, puis leva une main à hauteur de hanche, paume vers le ciel. En quelques secondes, des courants d'air commencèrent à affluer et à s'y accumuler, pour y former un petit côte circulaire. De l'autre main, il répéta le même processus, et lorsqu'il sembla satisfait, il les claqua l'une contre l'autre avant de les écarter. Aussitôt qu'ils furent mélangés, les deux courants donnèrent naissance à une tornade qui enfla rapidement jusqu'à atteindre une taille humaine. Bien que contenu entre les paumes de son créateur, elle avait un puissant effet d'aspiration qui agitait vers elle vêtements comme poussière. Les cornes naissantes de Natsuki se révélèrent sous sa chevelure soulevée, mais il n'y prêta que peu d'attention : s'il se méfiait habituellement à tout instant pour les maintenir cachées, Oniri les avait déjà vu, et savait tout ce qu'il y avait à savoir dessus.

Après un dernier geste de la main, il relâcha sa technique qui zigzagua lentement sur la dalle géante où se tenaient les restes de la courte séance de tir. Les douilles et et les éclats de verre frémirent à l'approche du courant, roulèrent légèrement puis finirent happés par la tornade. Les débris tournoyèrent sans se disperser, s'entrechoquant les uns contre les autres dans un tintement continue pendant une bonne minute, après quoi l'ensemble sur lequel Natsuki avait conservé sa concentration s’essouffla progressivement, jusqu'à ne laisser derrière lui qu'un amas de verre, de douilles, de poussière et de cailloux entassés, plus probablement quelques boulons et vis mal serrés volés à la machine lanceuse de bouteilles.


« Des fois que la question vous effleure l'esprit : non, je ne deviendrai pas votre robot-ménager. Inventez-le s'il vous en faut vraiment un. »


Les mains sur les hanches, Natsuki contempla la terrasse désormais propre, le tas à balayer mis à part.


« A l'époque, j'étais convaincu que chaque corvée cachait un entrainement adapté. »
confia-t-il à Oniri. « Et pourvu que l'on soit féru d'exercices, l'on pouvait épanouir notre potentiel dans chaque tâche, que ce soit physique, intellectuel ou mental. Je trouvais cela plus pertinent pour notre profession que de simplement siffler en travaillant, comme le conseiller une certaine demoiselle. Elle n'aurait pas fini empoisonné si elle avait été un peu moins cruche d'ailleurs... » marmonna-t-il pour lui-même. « Aujourd'hui, je réalise que même si tous ces exercices ont constitué une bonne base, ils sont bien dérisoires en comparaison à l'expérience que j'ai acquis sur le terrain, dans le vrai. '' Une seconde de combat où l'on engage sa vie vaut une heure d'entrainement '' disait une artiste martiale du Pays de l'Eau, et qu'un apprentissage sans souffrance n'a aucune valeur. Si c'est vrai, vous imaginez la valeur ce que nous apprenons tous les deux ? »

Il se tourna vers son hôte, une main sur la hanche, et l'autre sur l'épaule opposée, et lui décocha un sourire, aussi éclatant que la nuit qui les enveloppait encore.


« Les Kirijin respectaient beaucoup cette philosophie, et l'intégraient dans leur manière d'enseigner à l'Académie. Le lancer de kunai par exemple se faisait toujours par binôme. Chacun portait une cible en bois ayant le diamètre d'un avant-bras sur le ventre, et à tour de rôle, ils visaient le centre de leur partenaire à dix mètres de distance. Cela vous dirait de jouer à cela, pour vérifier qui de nous deux est vraiment le plus précis avec ses armes ? »


Il laissa planer quelques secondes de silence, pour apprécier éventuellement une réaction d'Oniri, puis souffla par le nez, amusé.


« Je plaisante. J'ai passé l'âge pour ce genre de jeu. Je vous aide à ranger la machine ? »
demanda-t-il pour changer de sujet, en désignant d'un geste de la tête la lanceuse de bouteilles. « J'aurai bien fait quelques tirs encore, mais effectivement, c'est inintéressant au possible de nettoyer ensuite. »

S'approchant de l'appareil à l'allure rudimentaire, il l'observa quelques instants.


« C'est impressionnant tout de même, tout ce que vous parvenez à inventer, vous les Saibogu. Il ne semble y avoir aucune limite à vos capacités, sinon votre imagination. Et votre savoir ne sert pas qu'à la guerre. Je me demande ce que j'aurai fait de ma vie, si je n'était pas né Nara. Enfin, si je n'étais pas né ainsi plutôt. »
rectifia-t-il en se tapotant la tête du revers du majeur gauche. « Y avez-vous déjà songez vous-même ? J'aurai tendance à dire que oui, puisque celle-ci ne semble pas vous convenir. C'est toujours amusant de s'imaginer autrement, c'est l'essence même du jeu de rôle. Mais gare à ne pas trop rêver non plus, car si l'on fuit la réalité par dépit, il est bon de se rappeler qu'il ne tient qu'à nous de la bâtir telle que l'on l'aimerait. Même enchaîné, il reste possible de se battre. C'est pour cela que nous sommes là non ? En dehors de se lancer des vannes et d'abattre des malheureuses bouteilles qui ne nous en rien fait j'entends. »

Il passa une main dans ses cheveux, et s'arrêta sur la nuque avant de soupirer, l'air rêveur.


« Qu'est-ce que je cause ce soir... et pas seulement pour les apparences pour une fois. C'est peut-être un signe qu'il y a du progrès. »


Après sept ans, il y en avait eu, mais c'était toujours agréable d'en constater les paliers.


« Ou alors c'est juste le café. »
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyMar 2 Fév 2016 - 20:35



Le chef d’orchestre, s’élança dans une étrange chorégraphie, s’autoproclama m’être des vents et des courants d’airs tant et si bien que ceux-ci ployèrent sous sa volonté pour matérialisé une tornade qui secoua la terrasse pour emporter dans son sillage l’ensemble des éclats de verres ainsi que les douilles. La prestation durant une bonne minute avant que le tout ne s’effiloche jusqu’à atteindre l’état d’un monticule de débris recouvert de sable et de poussière. Ce n’était certainement pas la démonstration la plus épatante qui me fut donnée de voir dans ma vie, pourtant la remarque émise par le concerné valait le détour.

-Dommage, j’avais déjà sélectionné la puce que je comptais vous implanter dans le crâne. Dis-je d’un ton neutre tout en papillonnant des yeux. Vous auriez eu le privilège de pouvoir cuisiner pour moi.

Et cela m’éviterai d’alléger mon porte-monnaie dans des plats à réchauffés, restaurants et autre snacks aussi mauvais pour la santé que pour la ligne. Ou alors, il ne me restait plus qu’à choisir l’option la plus logique, à savoir apprendre à cuisiner par mes propres moyens même si ma dernière escapade muffin laissait présumer qu’il s’agissait d’une mauvaise idée. C’était assez ironique lorsque j’y repensai. Si seulement mon quotidien pouvait se limiter à ce genre de problème, tout ce que l’on retrouvait dans une vie normal lorsqu’on n’était pas une démone empirique toute droite sortie de la nuit des temps. Même à côté de cela le fait d’être une Kunoichi me semblait presque facile.

Et comme si tout semblait presque normal dans le meilleur des mondes je me retrouvais à passer énergiquement le balais pour remblayer le désordre essentiellement répandu par mes soins et généreusement rassemblés par mon hôte. J’écoutais son monologue tout en continuant à m’évertuer à la tâche. Mon ustensile de nettoyage s’arrêta en cours de route lorsqu’il me proposa de nous attacher de petit rondin de bois sur le ventre afin de déterminer qui de nous deux possédait la meilleur précision de tire. Figée dans mon geste inachevée, je relevai mécaniquement la tête pour lui adresser un haussement de sourcil désapprobateur.

-Nara-san, j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes devenu complètement cinoque….

Heureusement il plaisantait et je me contentai d’arborer un sourire en coin tout en reprenant mon balayage. Les débris se retrouvèrent amassés dans un sac poubelle tant et si bien qu’il ne restait plus aucune trace apparente de notre séance de défouloir en extérieur.

-Dans ce cas la prochaine fois nous n’aurons qu’à tirer sur des canettes de soda pleine. Oui, pleine. De sorte à ce que ce soit encore plus amusant quand elles explosent…

Pour finir je m’attaquai au rangement de ma machine, qui, toujours montée sur roulette, n’attendait plus qu’à être poussée jusqu’au battant de la baie vitrée. J’écoutais toujours mon narrateur, tout en lui adressant parfois quelque coup d’yeux discrets pour lui assurer qu’il avait malgré-tout mon attention. Une fois encore ses propos sonnaient assez étrangement.

-Si d’avenir vous veniez à vous lassez d’être un démon, la porte au PS Saibogu vous est grande ouverte mon cher. Cependant...

D’une poussée assez brutale je parvins à faire rentrer le chariot qui roula à l’intérieur jusqu’à heurter le canapé. Suite à quoi je fis aussitôt demi-tour pour aller tapoter, et ce sans aucune gêne, l’une des cornes que le vent avait révélé à en soulevant sa chevelure d’argent.

-Je vous aime bien comme ça… Vous ais-je déjà dis que cela vous rendait mignon ? Là encore je faisais référence aux protubérances osseuses poussant de part et d’autres de ses tempes. Je lui faisais la remarque autant que s’il était question d’une nouvelle coiffure ou d’un nouveau vêtement. Je vous avouerai que cela me fait plaisir de vous voir ainsi… Avec davantage de moral qu’en début de soirée. Dis-je dans une moue souriante. Comme quoi il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du café…

Je n’avais vraiment pas l’habitude de parler aussi franchement à quelqu’un. Ce n’était pas arrivé depuis Yami et cela me semblait à remonter à une autre époque, une autre vie. Aussi pour ne pas me mettre plus mal à l’aise je détournai le pas pour rejoindre l’intérieur de ma résidence tout en invitant le Nara à me suivre. Sitôt à l’intérieur j’envoyais le restant de ma cigarette s’échouer dans la poubelle bien qu’il en restait encore un bon tiers intact.

-Tenez-vous à renouveler l’expérience ? Proposais-je alors que je me trouvais dans la cuisine prête à me servir une nouvelle boisson chaude.

Cette fois-ci j’attendis d’avoir réellement son avis avant de préparer quoique ce soit pour lui, bien que ma propre tasse ne manquât pas à l’appel. Aussi, nous finîmes par nous retrouver à nos positions initiales à savoir chacun assis confortablement dans un fauteuil en face de l’autre séparés par une table basse qui, cette fois-ci, était couverte d’ouvrages en tout genre appartenant encore à ma bibliothèque quelques instants plus tôt. Tout en prenant une première gorgée de café, j’attrapais l’un des livres que j’ouvrais d’une main jusqu’à la page indiquée avant de tendre son contenu à mon hôte.

-Avez-vous déjà lu les travaux d’Hiruzen Matawa ? Cet ouvrage traite de la naissance de la condition de non-humain suite à la propagation de la maîtrise du chakra dans notre monde. Il y est fait une fois de plus mention des Gekei, Gogyou et Akuma. Mais il va jusqu’à présenter les Ketsueki, les Monjara et Jinmenju, comme appartenant aux mêmes catégories. Je vous cite un passage : « Il a toujours été fait état de sélection naturelle comme principal vecteur de l’évolution. Cependant ce concept semble s’être révolutionné il y a environ mille ans lors de la première émergence de chakra. L’humain a alors commencé à devenir le décisionnaire de sa propre évolution. »

Comprenait-il où il voulait en venir ? C’était à par le chakra que tout avait commencé. En somme toute personne le possédant ne pouvait plus être considéré comme totalement humain, d’autant plus pour ceux portant en eux des dons héréditaires.

-C’est assez curieux de penser comment le chakra à put bouleverser les fondements de notre espèce. Même si ce livre n’apporte aucune réponse, il a tout de même le mérite de nous poser la question. Je vous le conseil à vos heures perdues. Il retrace également l’histoire des différents peuples du continuent, comment est-ce qu’ils ont migrés sur telle ou telle terre pour définir ce qu’ils sont à présent. Saviez-vous que les Yamada ont explorés tous les continents avant de finir à Kaze ? Et que les Akuzu ne sont même pas originaire du Yuukan mais d’une contrée montagneuse située au nord de Kaze ?

Dans le fond cette conversation n’apporterait rien de concret, je la présentai simplement pour qu’elle existe durant le temps que nous voudrons bien la lui accorder. La vérité était que je ne voulais pas que cette soirée se termine. Je voulais ne continuions de discuter, de plaisanter, de nous renvoyer mutuellement la balle en des remarques sarcastiques jusqu’à ce que le soleil commence à se lever et qu’une nouvelle journée ne commence. De-là nous retournerions à nos vies, nos devoirs et nos problèmes respectives, mais pas tout de suite. Il restait encore deux heures, ils pouvaient bien attendre un peu.

-Il y a également un passage sur le clan Nara. Je ne savais pas que la longue chevelure était de tradition chez-vous.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 4 Fév 2016 - 23:01

A deux, la machine à bouteilles sauta le pas de la baie vitrée, et roula tranquillement jusqu'à un canapé situé dans l'atelier. Natsuki la suivit du regard, et manqua de fait presque le demi-tour d'Oniri qui approcha ses mains de son visage. Les réflexes musculaires prirent les devants, et ses doigts se refermèrent sur le poignet inquisiteur de la jeune femme, la bloquant à quelques centimètres de son but. Le regard froid d'un soldat ramené brutalement sur le champ de bataille la transperça l'espace d'une seconde, le temps pour l'esprit de reprendre le contrôle de la situation. Ses traits s'adoucirent presque aussitôt.

« C'est une partie encore très sensible. »
expliqua-t-il en posant avec douceur sa deuxième main au toucher glaciale sur celle d'Oniri pour l'abaisser. « N'aller pas tenter le diable en titillant de ce côté-là. »

Ils en plaisantaient, mais la vérité était que même s'il ne déployait plus monstre d'efforts pour cacher ses excroissances à Oniri, il en avait toujours honte, pour tout ce à quoi elles le rattachaient encore. A sa malédiction, à ce qu'il devenait, à ce qu'il faisait, à ce qu'il refusait.


« Ne minimisez pas trop vos efforts dans l'entreprise. Bien plus que le café, vous avez contribué à beaucoup dans cette soirée. Et sincèrement, si un jour j'en suis capable, j'en garderai un bon souvenir. J'avais besoin d'une soirée comme celle-ci, et il n'y a qu'avec vous que je pouvais la passer ainsi, tel que je suis. J'imagine que vous aussi ? »


Ce n'était pas vraiment une question, aussi ils rentrèrent pour retrouver leurs places respectives sur le canapé. Lorsqu'elle lui proposa de renouveler l'expérience, il marqua un court de temps de réflexion, cherchant à déterminer à laquelle elle faisait allusion. Le fil de la discussion tombait normalement sur le café, aussi il accepta poliment, histoire de justifier la conversation à venir.

C'est donc après une séance ludique de tir sur bouteilles qu'ils passèrent à un thème bien plus intellectuel, à savoir l'évolution de l'espèce selon Hiruzen Matawa. Audacieuse, distrayante, avec de la répartie, et maintenant cultivée, Oniri avait décidément tout pour plaire, si ce n'était cette propension naturelle à tuer selon le cycle lunaire et son incapacité notoire à réussir quoi que ce soit avec un plan de cuisine.


« J'ai effet déjà lu les travaux de ce cher professeur Matawa. Sans être l'un des premiers ouvrages à m'être passés sous les yeux, je me suis rapidement intéressé à ses écrits. C'est lui qui a orienté mes recherches vers les Gekei notamment. A l'époque, je cherchais à savoir s'il existait un lien entre eux et ma condition. Comment fonctionnait leur corps, comment leur esprits se transformait lorsqu'ils entraient dans leur forme animal etc... Tout cela pour déterminer si je n'étais pas une espèce de Gekei moi aussi, victime de mes propres pulsions. Cela n'aurait rien changé au problème, mais au moins j'aurai eu une base sur quoi démarrer. »


Malheureusement, il fallait s'y attendre, les Gekei sont comme tout clan très secret, et ne laissent rien filtrer.


« Il m'aura fallu vous rencontrer pour réaliser que je n'étais pas un cas unique ou un dérivé hasardeux – légendes mise à part - et comprendre qu'il s'agissait de tout autre chose. Pour en revenir aux travaux de Matawa, j'adhère avec son idée de l'évolution de l'être humain. Jusqu'à présent, que soit pour n'importe quelle forme de vie, elles ont évolué et se sont adaptées à un environnement changeant. Celles qui ont réussit ont survécu, celles dont le changement n'était pas adapté ont disparu. Mais cela prend du temps, c'est ce qui différencie l'évolution de la mutation. Dans le premier cas, cela prend des centaines d'années, au mieux, et résulte en général d'une erreur génétique au niveau de la reproduction, qui a pu se transmettre. Par exemple : une libellule héritant d'un trait comme une couleur de peau rose n'aura aucune chance de survie, elle sera bien trop visible. Elle n'aura pas le temps de transmettre cette anomalie à sa descendance, elle sera dévorée avant. Mais une libellule développant de petites mandibules, elle, aura plus de chance d'arriver à se reproduire, et de transmettre son évolution à la prochaine génération, qui elle-même pourrait en avoir de plus grosses, jusqu'à transformer son régime alimentaire en carnassier. C'est ce qui s'appelle la sélection naturelle. »


Et c'était partie pour une discussion thématique passionnante. #jesuisunnaraetjesaistout


« Quand l'évolution apparaît très rapidement pour un unique spécimen, c'est plutôt une mutation. Mais l'exploitation du chakra a énormément changé la donne pour ceux qui y sont parvenu, c'est un fait. Depuis toujours, nous vivons dans un monde hostile, et à nos débuts, nous autres Hommes n'étions que très bas placés dans la chaîne alimentaire. La découverte et l'utilisation du chakra nous a conduit à développer des méthodes pour nous protéger. Certaines en ont fait des techniques, d'autres ont influencer leur corps avec pour produire des changements adaptés à la survie en rapport avec leur milieu de vie. C'est ainsi que petit à petit, au fil des siècles ont émergé des êtres avec un corps aussi souple et extensible que du caoutchouc, alors que d'autres ont développé des glandes capable de former de l'argile explosive émergeant de bouches placées un peu partout sur leur peau. En cela, le statut de '' non-humain '' qu'utilise le professeur Matawa me semble erroné, puisqu'il s'agit ici d'évolution décidée et affinée, et non de mutation. »


Mais rien n'était blanc ou noir dans ce monde.


« Un fait qui reste bien entendu à débat, puisqu'il n'existe aucun précédant sur le sujet : l'être humain est le seul qui a influencé volontairement sur sa propre évolution. Pour le reste de la nature, il ne s'agit que d'erreurs génétiques ayant perduré sur les siècles. Enfin, je dis cela, mais rien n'est moins sûr. Car si Matawa s'est intéressé aux humains, il n'a utilisé la faune et la flore que comme point de comparaison. Et pourtant, je pense que nous nous accorderons tous deux à dire, si vous en avez déjà vu, que les chiens et loups qu'élèvent les Inuzuka de Konoha n'ont rien de purement naturelle dans leur évolution. Est-ce dû au fait qu'ils ont été capable d'enseigner à leurs animaux des notions d'utilisation du chakra, ou du croisement minutieusement sélectionné pour la transmission des meilleurs gènes ? »


C'était presque finit, encore un peu de courage lecteur.


« Les Dobutsu enfin mériteraient eux aussi un chapitre, pour les espèces dont ils s'occupent. Mais si vous voulez mon avis sur la question, ce clan n'a rien à voir sur l'évolution des animaux de leur territoire. Pour moi, les espèces un peu surnaturelles qui y vivent ne sont que des reliquats, des branches annexes des créatures ayant su évoluer jusqu'à atteindre le stade de ce que nous appelons aujourd'hui les Kuchiyose. Reste à savoir qui a été là en premier : l’œuf ou la poule ? Le shinobi, ou le Kuchiyose ? Je vous avouerai que je n'ai jamais poussé ma curiosité aussi loin, donc je ne peux qu'émettre des suppositions. Peut-être que ce sont les Hommes qui se sont inspirés de ces animaux, peut-être que ces animaux ont été d'une façon ou d'une autre en contacte avec du chakra pour expliquer une telle divergence avec les autres représentants de leur espèce. Cela revient au final à se poser la même question : quelle part avons-nous hérité de nos ancêtres, et jusqu'à où pouvons-nous nous-même décider de notre devenir ? »


Fin de l'exposé, merci d'avoir suivit jusqu'au bout. Et pour ceux qui se sont endormis ou ont sortit leur Saïpad 4 pour une partie de Shinobi Crush en attendant que cela se termine, sachez que la tasse de café de Natsuki n'est qu'à moitié vide. Ne perdez toutefois pas espoir, le passage sur '' les coiffures traditionnelles Nara : origine, histoire et évolution '' sera peut-être plus captivant.


« C'est bien là le problème du professeur Matawa, il ne sait pas se tenir à un seul sujet. Je ne lui jette guère la pierre dessus cependant : les coiffures traditionnelles de mon clan et leur histoire sont toutes aussi intéressantes, sinon plus, que l'évolution de l'être humain. Les deux sont d'ailleurs liés. »


Et c'était reparti.


« Les cheveux longs ne sont pas qu'une tradition au sein de mon clan, mais aussi une marque de fierté qui remonte à plusieurs millénaires. Voyez-vous, il existe des tribus guerrières dont les soldats ne se coupent les cheveux que s'ils sont vaincu au combats. D'autres, comme ce dont dont l'imbécile de chef m'a fait rater l'événement Furyou en me donnant rendez-vous pour rien dans une cabane au bord de la côte, en ont fait des armes. Mais pour mes ancêtres, c'est singulièrement différent : les origines s'en trouvent à l'époque où l'Homme ne portait même pas encore de pagnes et vivaient dans des grottes, où la survie était au cœur des préoccupations du quotidien, et l'outil n'existait toujours pas , la coquetterie encore moins. C'est en ces temps que s'est illustré l'homme reconnu aujourd'hui comme le fondateur de la lignée des Nara : il a eu l'idée de nouer ses cheveux beaucoup trop longs derrière sa tête à l'aide d'une de ses propres mèches. Un éclaire de génie qui a complètement réformé la place de sa tribu dans l'ordre naturel.


Sérieusement.


« Pour les membres de son groupe, fini les cheveux qui tombaient devant le visage à chaque mouvement, finit les voiles d'obscurité dès que le vent se lève : ce fut un tout nouvel horizon qui s'offrit à eux. Et comme le monde devint soudainement plus vaste, plus éclairé, le danger plus facilement évitable et la nourriture plus aisément visible, les ancêtres des Nara purent consacrer davantage de leur temps à autre chose. Cet simple découverte fut un tremplin de progrès pour eux, qui les plaça loin devant tous les autres. Ainsi, quand la majorité des autres tribus découvrait à peine comment se servir de leur dix pour faire autre chose que se les fourrer dans un orifice quelconque, les miens maîtrisaient déjà les outils de pierre et le feu, les rendant capable de lutter contre le prédateur chevronné. Ainsi, même si contrairement aux autres mes ancêtres avaient acquit la possibilité de se couper les cheveux, ils n'en firent rien, préférant garder cette manière de les porter attachés, témoin de l'avènement de leur entrée dans l'évolution bien avant leurs pairs. »


C'était les dessous des cartes, présenté par un fier représentant de son clan.


« Alors bien sûr, la tradition a évolué elle aussi. Nous portons toujours les cheveux longs, mais bien moins qu'à l'époque. Et leur attache relève aussi d'une autre signification de nos jours : lorsqu'ils sont coiffés ainsi, en ananas... »
dit-il en réunissant ses cheveux en épis à l'arrière de son crâne. « … c'est que le cœur de la personne est à prendre. C'est aussi pour cela que lors d'un mariage traditionnel chez les Nara, la robe de la mariée est pourvu d'un étui à couteau à la hanche : pendant le fameux baiser qui lie à jamais les deux êtres, la mariée coupe l'élastique de son mari coiffé ainsi, signe que ce dernier est désormais sien. Romantique, n'est-ce pas ? »

Beaucoup plus que chez les Hyûga en tout cas...


« En ce qui concerne votre clan, c'est beaucoup plus difficile d'en trouver une histoire et des traditions, vu qu'il s'agit un peu d'une caste ouvert à tous. C'est l'intelligence et non l'enseignement ou l'hérédité qui fait de vous des Saibogu, non ? »
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyJeu 11 Fév 2016 - 12:27

Le contact de ses mains glacées me courrait encore sur la peau et ce même après nous être installés. J’avais toujours mis cela sur le compte de l’air extérieur. En effet la plupart de nos rencontres avaient essentiellement eu lieu de nuit, mais la vérité étant que ce froid semblait provenir de lui-même. Comme s’il ne si dégageait aucune chaleur ce qui donnait presque l’impression de se balader en compagnie d’un cadavre mobile doté du sens de l’humour. Toujours fut-il que le sujet de conversation que je venais de lancer sembla éveiller son intérêt au point l’animer d’une certaine vie, un peu comme lorsqu’il s’était essayé à l’arme Saibogu. Assise en tailleur dans mon fauteuil je profitai d’une première gorgée de café en pensant que son contenu ne serait jamais suffisant pour me noyer contrairement au flot de parole incessant qui émanait de la bouche de mon hôte. Plus sérieusement je ne l’avais jamais vu autant débiter de la sorte. Aussi, tandis qu’il continuait de proférer ses paroles pleines de sens mon regard se posa discrètement sur le contenu de sa propre tasse déjà à moitié vide. Moi qui m’étais plu à plaisanter sur cette histoire ; je commençai à croire que cette dernière n’était pas sans fondement.

-Vos propos sont des plus pertinents Nara-san, cependant, je ne puis adhérer à votre dernière conclusion. De mon point de vu le terme de « non-humain » émit par Matawa peut s’appliquer à la plupart des possesseurs de Kekkei Genkei. L’évolution se caractérise par le changement progressif de la structure génétique d’une espèce suite à un processus de sélection naturel sur une période de plusieurs milliers d’années, n’en déplaise à votre libellule rose. La mutation est l’exact opposée. A savoir un changement brutal de la structure génétique d’une race sur une courte période, souvent suscité par une intervention tiers qui dans le cas présent n’est autre le chakra. Les premiers changements relatent de l’apparition du Chakra il y a un peu plus de mille ans de cela, ce qui représente un intervalle trop court sur l’échelle de l’évolution. Il est donc bien question de mutation dans le cas présent, le Chakra ayant permis aux humains d’altérer leur condition de gré ou non.

Et oui. Voilà ce qu’il arrivait lorsqu’une jeune femme insomniaque droguée au café et au jus de fruit restait enfermée dans le noir durant plus de quatre mois à lire des livres et à parler à son serpent domestique.

-Les générations d’humains n’ayant jamais eu accès au chakra suivent la courbe naturelle de l’évolution contrairement à ce qui en possède, étant alors les décisionnaires de leur propre mutation. Si le concept d’humain et de non-humain restent encore flou c’est notamment parce que ces deux parties comportent encore énormément de similitude sur le plan physiologique. Mais qu’en sera-t-il d’ici un millénaire de plus, lorsque l’écart génétique se sera davantage creusé entre eux ?

Evidemment un dialogue en amenait un autre. Cette conversation pouvait ne jamais prendre fin, ou tout du moins jusqu’à ce que l’un de nous ne finisse par tomber le premier dans un profond sommeil. La bonne blague…

-Je vous avouerai que je ne me suis pas particulièrement intéressée sur le sujet des Kuchiyose et ainsi que des familiers Shinobi. De ce que je sais simplement des Dobutsu, il arrive que des créatures sauvages sans aucun lien avec le monde Shinobi parviennent à développer des caractéristiques au contact de ces derniers. Après concernant le clan Inuzuka il est probable que certains croisements entre espèces soient effectués afin de favoriser l’apparition de ces caractéristiques. Mais vous êtes certainement le mieux placé passé que moi pour le savoir. Après à savoir : « qui sont apparus en premier entre le Kuchiyose ou le Shinobi ? » la question reste entière. L’histoire relate d’humains normaux ayant acquis le chakra auprès de ces créatures. Seulement nul ne saurait dire à ce jour de laquelle de ces deux espèces détentrices du chakra en est réellement le précurseur. En soit je n’aurais qu’à bêtement citer l’écrivain Saotome : « Il est futile de délibérer sur des faits dont on ignore l’origine ».

C’était le grand problème de notre époque. Tout un chacun aimait à croire qu’il détenait les réponses à toute les questions sans vraiment prendre le temps de comprendre l’origine de ces dites questions. Mais en soit tel n’était pas le but de cette discussion. Cette citation avait pour but de clore le débat et nous d’en lancer un autre. Seulement voilà, la bombe verbale qu’était devenu le Nara, amorcée par mes soins, semblait impossible à arrêter. Je n’aurais su dire pourquoi cela m’amusait. Non pas dans le sens espiègle du terme, mais avec une certaine insouciance que l’on pourrait presque qualifier d’infantile.

Peut-être était-ce parce que depuis peu, il me paraissait réellement normal dans la mesure où il ne s’efforçait plus de faire semblant. Aussi le laissais-je poursuivre quant à son monologue narrant l’histoire de la longue chevelure qui caractérisait les membres de son clan. Une fois de plus il en venait à confirmer mes soupçons sur son cas. Lorsqu’il était lancé dans une conversation, il était impossible de l’arrêter. Sans parler du fait, qu’à l’image de ce cher Matawa, lui aussi avait tendance à s’éparpiller dans ses sujets. Je réalisai alors à quel point je commençai à le connaitre. C’était… flippant…

-Rassurez-moi… Vous vous moquez de moi ? Répliquais-je dans un haussement de sourcil circonspect après avoir écouté son histoire sur les Nara néandertalien noueur de cheveux. Ou alors s’il s’agit du point d’orgue de votre « intelligence » je suis prête à porter une queue de cheval jusqu’à la fin de ma vie et demander à tous les Saibogu d’en faire de même.

Pour joindre le geste à la parole j’attrapais mes cheveux afin qu’ils adoptent temporairement cette fameuse coiffure et tournait la tête de profil afin de laisser à l’expert le loisir de porter son jugement.

-Alors qu’en dites-vous ? Dis-je avant de laisser retomber le tout en vague sur mes épaules.

La suite de son récit fut beaucoup plus attachante. Elle aurait sans doute touchée la femme que j’étais si le mariage ne consistait pas en quelque chose de totalement abstrait et dénué d’intérêt à mes yeux, à l’image même du sentiment d’amour inhérent à ce concept. J’avais suffisamment donnée de ma personne pour ces sottises. Notamment, je ne pouvais concevoir l’avenir avec quelqu’un tout en ignorant si l’on survivrait au lendemain. Notre vie, notre métier nous interdisait tout espoir qu’en à un éventuel futur. Plutôt que porter les fardeaux du passés, ou de perdre mon temps à envisager l’avenir, je préférai encore vivre dans le présent aussi dure et amer peut-il être. Evidemment, il y aurait toujours ce rêve présent devant-moi. Quoi que je veuille, malgré ma volonté à vouloir le réfuter, il serait toujours-là. Mais je me faisais à l’idée qu’il ne serait jamais rien de plus que ce qu’il était déjà et ne pourrait appartenir à la réalité. Et comme à chaque fois que j’y pensai, la gorge nouée, je venais déposer une main fébrile sur la cicatrice de mon bas ventre. Puis brusquement rappelée à la réalité par la situation présente je relevais les yeux vers mon hôte pour lui adresser un sourire dont je ne parvins à cacher la tristesse.

-En effet, c’est une belle tradition. Les chevelures en ananas vous sied plutôt bien...

J’achevai le contenue de ma tasse pour me donner contenance avant de m’empresser de saisir la perche qui m’avait été tendue pour changer de sujet.

-C’est exact. Pour ainsi dire le terme de clan est assez désuet lorsqu’on parle des Saibogu. Il est davantage question de communauté. Considérez-cela comme une sorte d’université ou d’entreprise. Vous passez votre examen d’admission et on vous envoie un courrier pour vous signalez que vous êtes admis. Suite à quoi on vous forme durant plusieurs années jusqu’à ce que vous obteniez les connaissances nécessaires pour œuvrer au service de la communauté. Parvenu à ce stade vous avez le choix entre partir où rejoindre un des nombreux centres de recherches du Kenkyuujo afin de faire avancer la science dans le domaine de votre choix. A ce jour il existe deux branches principales de développement. L’une liée à l’équipement militaire rattaché à Suna ainsi qu’une autre lié à l’amélioration du niveau de vie des habitants de Kaze. Cette dernière se trouvant à Odaichi.

Malheureusement ce n’était pas si simple. Afin de mener des cherches et d’innover, de nombreuses ressources étaient nécessaire, mais celle-ci faisaient clairement défaut au désert dans lequel nous vivions. C’était pour cette raison que Suna avait jeté son dévolu sur le Pays du Bois. Hors un event calamiteux avait refroidi l’engouement autour de cette conquête politique qui resterait certainement en suspend jusqu’à ce que les choses se tassent.

-Comme vous pouvez le constater tout ceci est beaucoup moins romantique que vos traditions Narresque. Fis-je en haussant les épaules ironiques. La vérité est que les Saibogu possèdent sa propre richesse qui se caractérise en chacun. N’étant pas un don héréditaire il est donné à tout le monde, pour qu’y s’en donne les moyens, d’appartenir à cette communauté. Ce qui fait qu’on y retrouve des individus issus d’autres clans. Des Yamada Saibogu, des Akuzu Saibogu, des Marionnettiste Saibogu. De la sorte, la communauté demeure pauvre en tradition, mais riche d’un point de vue culturel.

J’avais énoncé ces paroles avec une certaine fierté, m’efforçant depuis lors à chasser ces mauvaises pensées qui me trottaient dans la tête depuis la discussion des cheveux en ananas. Aussi comme bon nombre de mes semblables j’estimai que le « clan » Saibogu était synonyme d’avenir pour notre monde et ce malgré ces nombreux détracteurs qui se contentaient de dénigrer le progrès sans réaliser les biens faits qui leur étaient apportés au quotidien.

-Si vous voulez mon avis. Un jour viendra où nous trouverons des Saibogu aussi bien au Pays du Feu que dans celui de la Foudre. Tout n’est qu’une question de temps.

Je parlais avec un certain détachement, laissant comprendre qu’en soit, il s’agissait de quelque chose d’inéluctable et ce quand bien même Kaze viendrait à perdre son monopole sur la technologie. Suite à quoi le silence retomba. J’en profitai pour prendre une courte inspiration. En baissant les yeux je remarquais qu’il avait finalement terminé sa tasse. J’en fis de même.

-Racontez-moi d’autres traditions liées à votre clan. Pourquoi le cerf est-il aussi présent ?

C’était indéniable. Cette nuit ne prendrait fin qu’à partir de l’instant où le jour commencerai à se lever…
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyLun 15 Fév 2016 - 16:50

Cela faisait longtemps que Natsuki n'avait pas eu l'occasion d'échanger ainsi sur un sujet intellectuel, qui n'avait d'autre but que de partager des idées et des points de vue sans conclure sur quoi que ce soit. Oniri était de la même veine que lui, à donner son avis sans chercher à l'imposer à l'autre, dans le simple intérêt de parler et de s'enrichir de l'expérience d'autrui. Ce genre de discussion lui manquait, et le simple fait de s'en rendre compte lui permettait de réaliser qu'imperceptiblement mais sûrement, il remontait la pente. Moins de trois ans plus tôt, il ne se serait jamais imaginé assis en face de quelqu'un à débattre pour le simple plaisir de le faire. La notion même de s'amuser ne serait-ce qu'un peu ne lui venait pas à l'esprit. Il changeait, ou plutôt, il revenait à ce qu'il était, à ce qu'il avait toujours désiré rester être. Le chemin à parcourir dans l'obscurité totale restait long, mais désormais, il avait des balises à suivre. Oniri était l'une d'entre elle, et bien qu'il ignorait où elle allait le conduire, il n'était dans cet environnement rien d'autre qu'un papillon attiré par les flammes : perdu dans le noir, l'on n'allait jamais ailleurs que vers la seule lumière que l'on découvre, quelle qu'elle soit.

Comme attendu, son hôte resta dubitative devant l'histoire qu'il raconta sur les origines des cheveux longs des Nara, ne sachant pas si le récit était un mensonge tellement gros qu'il pouvait être vrai, ou s'il s'agissait juste d'une plaisanterie de son invité. L'un dans l'autre, elle apprit en tout cas pourquoi ce dernier avait toujours refusé d’œuvrer sur le background de son clan malgré les demandes incessantes de sa Hokage : pour le meilleur et pour le pire, il écrivait vraiment n'importe quoi quand il était dans sa période.

N'importe comment, Oniri s'esseya à cette coiffure Nara typique, bien que ses cheveux étaient beaucoup trop longs pour rendre efficacement la forme de l'ananas. Mais quelque part, pour les origines et l'éducation de Natsuki, cela rendait plutôt bien, offrant un innocent côté séducteur à la demoiselle. Il sentit même l'espace d'un instant monter jusqu'à ses cornes la pulsion de se jeter sur elle et de lui trancher la main pour relâcher sa chevelure, et ainsi la faire sienne.

Le temps qu'il le réalise, son regard assassin avait déjà fendu la jeune femme en deux. Passant alors son pouce et son index sur ses yeux pour simuler une réaction de fatigue, il se reprit, et enchaina sur l'histoire du mariage traditionnel Nara telle que la vision fugitive et sanglante le lui avait inspiré.

Puis ce fut au tour d'Oniri de parler des Saibogu, une communauté qu'elle décrivait comme un melting pot culturel. Une image qui correspondait au final plutôt bien à celle que s'en était fait Natsuki.


« La façon dont vous en parlez, dont l'on le devient, cela m'évoque davantage un métier qu'une communauté. J'entends par là que comme chaque travail, pourvu que l'on en ai les capacités, il s'acquiert au terme d'un apprentissage sanctionné par un '' diplôme '' à la fin. Un Yamada Saibogu ne sera au final jamais autre chose qu'un homme baigné dans la culture de son clan, et exerçant le métier d'inventeur au même titre qu'il aurait pu faire boulanger. En cela, je ne trouve pas étonnant l'idée qu'un jour, Suna perde effectivement le monopole de votre technologie, et que celle-ci se généralise. Après tout, nous avons déjà tous des réfrigérateurs et des télévisions dans nos foyers. »


Plus qu'une vague idée, c'était déjà un concepte bien réel, puisqu'il y a environ deux ans, Satoshi Saibogu avait décidé de prendre contact avec les différents Villages Cachés pour leur faire part de son projet. Créer une cité-état de la technologie, permettant à chacun de se doter des secrets Saibogu, et entamer ses propres branches de production. Mais c'était à une époque où Zanshi était encore en vie, et Onpu aux commandes de Konoha. Depuis, il n'en avait plus entendu parler. Sans doute un projet de plus avorté faute de temps, de moyens, ou tout simplement de revirement de prérogatives. L'un dans l'autre, Satoshi avait affirmé avoir agit de son propre chef, et non en tant que dirigeant de la communauté Saibogu dont il avait prit sa retraite. Aussi puisque Oniri ne semblait pas en savoir davantage que depuis leur rencontre au Pays des Rizières il se garda d'en aborder le sujet. La demoiselle semblait de toute façon plus intéressée par les traditions Nara, dont elle relança le thème et une piste.


« Si je vous dit qu'il est le premier animal que les précurseurs des Nara ont réussi à convertir en monture suite à la découverte des cheveux attachés qu'ils ont utilisé comme rênes, j'imagine que vous n'y croiriez pas ? »


Elle ne serait pas en tort, mais il laissa tout de même planer le doute un instant.


« Ce sont des animaux très nobles, vecteurs de beaucoup de légendes et de récits, même au delà de notre clan. Sans doute sont-ce ces croyances qui ont poussé mes ancêtres à les domestiquer. Ils sont le symbole de la vie et de la renaissance, et c'est dans cet esprit que aujourd'hui, nous les élevons dans une partie de la forêt qui leur est consacrée. Ce sont entre autre grâce à nos recherches sur ces animaux que la médecine traditionnelle a progressé. Que ce soit dans la vie ou dans la mort, ils sont la source de nombreuses composantes médicales dont nous faisons la récolte pour concevoir des remèdes. »


Il haussa les épaules.


« Il n'y a ici rien d'aussi curieux que cette tradition sur nos cheveux. Nous sommes simplement très liés à ces animaux que nous élevons depuis des siècles, c'est pourquoi ils ont une place importante dans notre culture. La ferme dont nous disposons à Konoha nous permet de prendre soin d'eux, et leur chasse est interdite dans la région. »


Basculant en arrière sur son fauteuil, Natsuki contempla un instant le plafond. Beaucoup de Nara travaillait à cette ferme, mais lui n'y avait plus sa place depuis longtemps. L'aura qu'il émettait depuis que sa malédiction s'était révélée avait tendance à produire la fuite ou l’agressivité de la part des animaux. Les humains s'y montraient en général très peu sensibles, mais il ne trompait pas la faune.

Une main passée distraitement sur son oreille l'amena vers un autre souvenir, tandis qu'il contemplait ses doigts comme s'il les voyait pour la première fois. Un souvenir qui pour tout ce qui en découlait amenait beaucoup d'émotions contradictoires à se rencontrer.


« Lorsque j'étais plus jeune, mon père me fit un cadeau la veille de ma première bataille. Un cadeau qui se fait de père en fils/fille depuis des siècles au sein du clan : leurs boucles d'oreilles. Même si la force n'est pas la pierre angulaire de notre Famille, nous sommes avant tout un clan de guerrier. Aussi, notre passage d'enfant à soldat - Kyōsha - est symbolisé par la transmission de ces bijoux. En les recevant, nous héritons avec elles les attentes et les devoirs inhérents au sang qui coule dans nos veines. En les portants, nous sommes reconnu par nos paires comme digne d'arborer les couleurs des Nara sur le champs de bataille. »


Natsuki passa son auriculaire sous l'une de ses cernes avant de reprendre.


« A l'image de mes tatouages, ces boucles que nous héritons de notre père nous rappellent tel un murmure à l'oreille qui nous sommes, et pourquoi nous nous battons. Toutefois, nous ne les gardons pas indéfiniment : dès que nous succédons à un chef d'équipe - Keima -, preuve que nous sommes jugés apte à diriger notre propre escouade, nous les rendons à leur propriétaire initial, et nous en recevons de nouvelles de la part du Keima remplacé. Ce sont celles-ci que nous transmettons à notre futur enfant au cours du même rituel. Il n'existe qu'une seule exception à cela : les boucles d'oreilles du chef du clan - Kinshō -, qui les remet à son successeur lors de la passation de pouvoir. »


Et comme toute tradition, elle était victime de l'évolution des mœurs, de la société, et du contexte.


« Cela a légèrement changé depuis que le Village Caché de la Feuille a été fondé, suite à la réorganisation de la hiérarchie militaire. La transmission des boucles d'oreilles de la part du père se fait maintenant lorsque l'enfant atteint le rang de Genin, et ce dernier les rend lorsqu'il est promu Chunin. Les chefs d'équipe ayant connaissance de cette tradition offre à ce moment-là la nouvelle paire de boucles au Nara dont ils ont la charge. »


A celui qui les observait, il pouvait remarquer que les oreilles de Natsuki ne portaient elles aucun trou.


« En ce qui me concerne, je n'ai pas eu la chance d'avoir de mentor, comme vous pouvez le voir, aussi depuis ma promotion mes lobes se sont refermés. Les traditions ne sont pas toujours suivit, mais parfois pas de notre plein gré. »


L'ironie de la situation était qu'il avait bien eu un mentor, un membre du clan Nara qui plus est, mais qu'il avait toujours refusé de reconnaître comme tel. L'ancien Troisième Hokage s'était montré être un aussi piètre mentor que dirigeant de Konoha, brillant essentiellement par son absence plutôt que ses aptitudes à transmettre à la génération suivante l'héritage du Feu. Venant de la part d'un Kage, c'était d'autant plus malvenu. Après, ce n'était pas entièrement sa faute, le Nara tatoué y convenait : Nikkou était rongé par son passé, et faute de pouvoir s'en détacher, il ne parvenait pas à se tourner vers le présent. Il portait un lourd fardeau sur ses épaules, mais plutôt que d'agir pour s'en soulager, il préférait le noyer de la même façon que lui-même le faisait dans l'alcool. En résultait le pochetron qu'il était aujourd'hui, moins qu'une ombre de celui qu'il fut jadis. Pour quelqu'un qui avait du sang Nara dans les veines, c'était soit ironique, soit un accomplissement, le sujet restait à débat au sein du clan...


« Nous avons aussi trois festivals particuliers. L'un nous est propre, et fête le solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année. Il va sans dire que je n'y ai jamais participé... Les deux autres sont liés à des clans avec lesquels nous sommes très proches. L'un s'organise avec les Akimichi et les Yamanaka au printemps, et l'autre avec les Hyûga en été. Ce dernier est d'ailleurs relativement récent, puisque nous nous sommes vraiment alliés à eux que très tard historiquement, pour mettre fin à la Grande Guerre des Shinobis et fonder Konoha. »


Au loin, et indifféremment des préoccupations des Hommes, la lune achevait son cycle, s'échappant une fois de plus à son éternelle proie et poursuivant, le soleil. Les premiers rayons ne percèrent pas les volets derrière lesquels Oniri se protégeait, mais assurément, l'aube se levait. Soit à peu près tout l'inverse des habitants du désert, qui ne tarderont pas à fuir la fournaise à venir. Conscient de l'heure qui tournait, mais qui n'avait au final de sens que pour ceux qui vivait selon son cycle, Natsuki proposa toutefois :


« Il commence à se faire tôt. Vu que vous m'avez initié aux plaisirs nocturnes de Suna, cela vous dit que je prépare le petit déjeuner ? Dites-moi ce que je peux utiliser et qui vous tente, et je ferai au mieux. »


Vu que le loft d'Oniri était dépourvu de mur, il connaissait le chemin de la cuisine, mais ce n'était pour autant qu'il pouvait faire comme s'il était chez lui.


« Qu'est-ce qu'il se prépare habituellement ici ? Au Pays des Oiseaux, je sais qu'ils aiment beaucoup la charcuterie dès le matin. »
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre EmptyVen 19 Fév 2016 - 22:52

La comparaison du savoir-faire Saibogu avec n’importe quel métier n’était pas erronée, même si à la vue du contexte militaire dans lequel nous vivions j’aurais davantage parlé de formation. Les Shinobi étaient formé à devenir des ingénieurs et ce qu’importaient leurs origines. On les qualifiait dès lors comme appartenant à cette communauté. Dans ce sens je devinais que nous étions indirectement d’accord sur le fait que les individus composants notre société avaient beaucoup tendance à se classifier entre eux notamment en se basant simplement sur un nom. Heureusement il était toujours agréable de rencontrer des individus éclairés notamment si ces derniers venaient de l’étranger. J’en avais un exemple parfait devant moi et me demandai si je ne cherchais pas la petite bête en lui posant des questions pour le pousser à déverser un nouveau flot de parole prêtant à débat.

C’était à moitié vrai et à moitié faux, mais je ne pouvais pas nier apprécier que discuter avait quelque chose de reposant dans un sens et sans que je ne puis expliquer pourquoi. Tout du moins lorsque ce dernier ne me lançait pas d’autres jets d’inepties à la figure. Celle-là qui se fendit d'un sourire en coin couplé à haussement de sourcil. A croire que le Nara était vraiment attaché à cette tradition capillaire. Seulement sa dernière question prouvait que lui-même ne croyait pas totalement en ses dires.

-Est-ce vraiment nécessaire que je vous réponde. ? Fis-je avec une certaine désinvolture comme je cherchai à le taquiner.

J’aimais à jouer à ce genre de jeu avec lui, à le provoquer, le taquiner, me moquer. Pourquoi ? Parce qu’il n’en avait strictement rien à faire. A plus d’une reprise un homme normal aurait pu percevoir certain de mes propos comme une invitation, mais pas lui. Quelles qu’en furent les raisons je trouvais cela rafraîchissant. Il ne cherchait jamais à avoir le dernier mot, notamment dans les dialogues futiles, préférant se concentrer sur l’essentiel là encore sans jamais rien chercher à imposer quoi que ce soit. Il s’adaptait toujours à la situation et ne semblait jamais mal à l’aise.

Tout du moins en apparence. Je savais avoir été la cible de ses pulsions meurtrières plusieurs reprises durant la soirée. Lorsque nous étions chez-lui, quand j’avais tenté de toucher ses cornes, ou encore à l’instant en nouant mes cheveux. Je ne lui en avais tenu aucune rigueur même si j’étais plus que réceptive à ce genre de sentiments. Telle une bête flairant l’instinct meurtrier du chasseur ; à aucun moment n’avais-je pour autant ressenti la moindre crainte à son égard. Peut-être tout au plus sa propre difficulté à se contenir. La vérité étant que j’avais confiance en ce Nara. Certainement plus qu’en lui-même. A mon image il s’était formé un masque d’indifférence pour cacher le démon qui l’habitait. J’étais pourtant certaine que cette soirée avait contribué à en décrocher une partie.

Au fond nous cherchions tous les deux la même chose. Une impression de normalité que cette soirée nous avait généreusement apporté. Aussi l’écoutais-je me faire part du lien que son clan entretenait avec les cerfs. Cependant l’une de ces informations sonna comme une petite révélation dans ma tête.

-Vous possédez une ferme de cerf à Konoha ? Simple rhétorique. En soit je trouvais cela surtout intriguant venant d’un village militaire. On ne peut pas dire qu’on trouve ce genre d’élevage dans le désert. Pour tout vous dire on ne trouve pas vraiment d’élevage tout court. Le climat ne s’y prête pas et la faune comme la flore sont rares. Par chance nous avons la Mer du Sud qui nous permet d’importer de nombreuses marchandises. Mais une chose est certaine, vous ne trouverez pas de cerf ici. Je marquai une pause avant de reprendre. Tout de même… Une ferme remplit de ces animaux… Cela doit être amusant à voir.

J’imaginais avec amusement d’immenses enclos au milieu des bois remplis de ces animaux qui exposaient fièrement leur ramures, des dernières pouvant presque se confondre avec leur environnement. Je mettais cela sur ma liste imaginaire des lieux que je ne pourrais probablement jamais prendre le temps de visiter dans ma vie. Ce faisant j’écoutais la suite de son récit avec la plus grande attention. Celle concernant les boucles d’oreilles était beaucoup plus intéressante dans la mesure où elle s’apparentait davantage à une tradition qu’une simple coutume. Lorsqu’il écarta ses cheveux pour révéler le lobe de son oreille lequel présentait des poinçons refermés je ne pus m’empêcher de toucher instinctivement le mien qui, caché sous ma propre chevelure, comportait exactement les mêmes caractéristiques, mais pour des raisons différentes. Comme quoi rien ne se passait jamais comme prévu.

-Voilà qui est regrettable… Je trouve que ce genre de tradition devrait perdurer. Ne serait-ce que pour espérer que vous ayez un jour à les transmettre. Vous deviez être fiers du jour où vous les avez reçus de votre père. N’est-ce pas situation que vous aimeriez un jour perpétuer ?

Ce ne fut qu’à cet instant que je réalisai la valeur de mes propos. Les Shinobi n’avaient que peu vocation à fonder une famille si ce ne fut pour perpétrer la lignée clanique. Et cela uniquement s'ils avaient la chance de survivre assez longtemps pour. Seulement dans le cas du Nara c’était certainement pire pour lui qui pouvait difficilement concevoir une quelconque forme d’avenir en compagnie de cette créature qui lui rongeait l’âme. Je me doutai que mes mots l’indifféreraient, mais il ne s’agissait pas du genre de conversation que j’aimais tenir, aussi m’appliquais-je à faire rebondir le dialogue sur ma propre personne. Je me contentai alors simplement de l'imiter en soulevant ma propre chevelure pour lui présenter mon oreille sur laquelle était également visible deux poinçons cicatrisés.

-Il est aussi question de traditions pour des habitants du désert lorsqu'il est question de bijoux. Ils ont toujours été synonyme de symbolisme et de faste notamment pour ceux fait d'or. Cela se ressent d’autant plus par rapport aux restes du monde car Kaze fut à l’origine un pays très riches en minerait. Ce faisant nous possédons la meilleure qualité d’orfèvrerie du continent. Ce savoir remonte à bien des siècles. En réalité il n’est pas rare de retrouver dans les ruines enfouis des bijoux dont les méthodes de gravures sont similaires à celles encore utilisées aujourd’hui. La raison est que le symbolisme de ces derniers sont profondément liés aux superstitions. Ces bijoux fabriqués dans la plus pure tradition ont réputations d’influer directement sur l’âme de ceux qui les portent. Cela peut également en dire long sur la personnalité d’une personne.

Je me coupai dans mon élan pour arborer un sourire à la fois ironique et fatiguée, cessant dès lors de me triturer nerveusement le lobe pour laisser ma chevelure retomber gracieusement dessus.

-Mais ne comptez pas retrouver cela à Suna. Ou tout du moins est-ce peu probable mis à part du côté des civiles. Il fut un temps où je me pavanai orgueilleusement avec tout un apparat de bijoux. Puis un jour je suis devenue une Kunoichi ce qui m’a inculqué le sens des réalités. Je n’en portai alors plus que pour les occasions particulières. Le côté pratique a terminé de prendre l’ascendant sur l’esthétisme lorsque j’ai été élu conseillère et ces deux petits trous ont fini par se refermer sans que je n’ai le temps de m’en rendre compte.

Je haussai les épaules avec une certaine désinvolture pour cacher la façon dont cela m’affectait réellement et ce malgré l’apparente banalité des faits. Je me dis alors que je devais vraiment être fatiguée et à bout de force pour ainsi oser aborder ce genre de discussions. Où peut-être était-ce simplement cette soirée qui avait fini par m’avoir à l’usure? Quitte à également faire tomber mon masque au moment où les premiers rayons de l’aube commencaient à filtrer au travers de la baie vitrée.


Face au Mur il nous était difficile de voir le soleil. Pourtant cela n’empêchait pas aux ténèbres d’être progressivement distillés par les premières lueurs du jour. En silence j’allais débarrasser la table avant de reprendre place tout en écoutant l’énumération des différents festivals liées au clan Nara. Après quoi mon hôte sembla remarquer que cette nuit touchait finalement à sa fin. Moi qui pensais qu’il ne tarderait pas à vouloir prendre congé fus profondément surprise de l’entendre se proposer pour préparer le petit déjeuné au point où j’en perdis tout mon vocabulaire durant quelques secondes.

-Heu… Je… Oui bien sûr. Faites comme chez-vous. Prenez tout ce dont vous avez besoin.

Cela ne répondait pas à toutes ses questions. Seulement c’était bien la première fois que quelqu’un se dévouait pour cuisiner sans être payé pour et ceux dans ma propre maison qui plus est. Je restai vissée dans mon siège tandis que mon hôte emboîtait déjà le pas vers la cuisine. Cela me donna assez de temps pour lui apporter la réponse convenue.

-Faites ce qui vous plait. Ce que vous aimeriez simplement cuisiner. Ne vous en faites pas il y a assez d’ingrédientd pour deux personnes. Je ne cuisine pas souvent, mais vous trouverez tout ce qu’il vous faut dans les placards.

Parce qu’il était tout simplement hors de questions que je sois la seule à manger et ce quand bien même le Nara ne semblait plus avoir le sens du goût, en témoignait l’expérience avec les muffins. Dans le fond ce n’était pas vraiment quelle saveur auraient les plats qui importait.

Ce fut ainsi qu’il se mit au travail. Une nouvelle journée commençait et je me retrouvai avec un homme dans ma cuisine en train de préparer le petit déjeuné. C’était assez amusant quand j’y repensai. Avec un peu de recul je remarquai que cette soirée avait comporté quasiment tous les archétypes d’un rendez-vous galants destinés à terminer en nuit sulfureuse. Sauf qu’il n’y avait rien eu de tout cela malgré que le lendemain qui s’y prêtait également. Aussi, tandis que le chef s’attelait aux fourneaux je m’empressai d’aller baisser le volet de la baie vitrée de moitié en prévision de l’aube qui, progressivement, enlaçait le désert. Par chance, il était encore assez tôt pour que je n’aie à me terrer dans l’obscurité la plus totale. J’en profitai également pour passer le bonjour à Honda, m’arrêtant un instant devant son vivarium pour observer la couleuvre qu’elle était avant de la gratifier d’une petite caresse sur la tête avec autant d’affection que s’il s’agissait d’un chien. Suite à quoi j’aidais à dresser le service sur la table basse en plaçant les couverts ainsi que tout le nécessaire. Je retrouvai ensuite ma place dans mon fauteuil.

-J’ignore exactement ce que vous êtes en train de préparer, mais rien qu’à l’odeur cela me semble prometteur. De toute manière il n’y a pas d’autre issue possible, vous devez faire quelque chose de délicieux sinon soyez certain que je n’hésiterai pas à vous le rappeler jusqu’à la fin de votre vie. Plaisantais-je à moitié avant de laisser retomber le silence.

Car tout était tellement calme en dehors des quelques tintement en provenance de la cuisine. Si ce n’était le jour qui se levait, j’aurai l’impression que cette nuit se poursuivait, qu’entre ces murs le temps était suspendu et qu’il représentait le cœur du monde comme si rien n’existait en dehors. Pourtant la courbe de l’astre diurne se propageait progressivement dans le loft tant et si bien que je ne tardais pas à baigner dans son halo d’or. Fermant les yeux je profitai de cette douce chaleur sur ma peau réalisant à quel point la lumière du jour m’avait manqué. Aussi avant même que je ma malédiction ne vienne réclamer son dû je profitai de cet instant de répit, redécouvrant mon environnent sous un aspect que je n’avais que peu côtoyé.

Mon regard se promena lentement sur le mobilier, sur la décoration, sur l’atelier avec ses nombreux outils étalés hasardeusement au milieu de l’établi qui attendaient patiemment de pouvoir achever leurs œuvres. Je m’attardai également sur la bibliothèque ou plutôt sur son monticule d’ouvrages épars étalés sur le tapis. Certain étaient ouverts, d’autres empilés. Je réalisai alors à quel point j’étais de nature bordélique. Il y avait même un pot de stylo posé à même le sol à côtés de quelques feuilles éparpillées remplit de notes. Le loft avait beau être grand j’y avais soigneusement dispersé mon bazar. J’aurai aimé pouvoir un jour trouvé le courage de ranger tout cela. Malheureusement je savais que ce ne serais jamais possible pour la simple et bonne raison que mon temps ici était compté. De mon existence à Suna, il ne me resterait que ce genre de souvenirs, de ces moments passé que je m’efforcerai de conserver précieusement.

-Dites Nara-san !

Je me retournai sur mon siège de sorte à croiser mes bras sur le dossier afin de poser mon menton dessus. De là je m’octroyai une vue parfaite sur le dos d’un Nara vivement actif aux fourneaux. J’avais la tête prisonnière dans un étau, l’esprit embrumé par la fatigue, un corps en ruine pour les mêmes raisons. Mes cernes étaient sans contestes bien plus prononcées que celles de mon hôte. Je savais qu’à l’instant même où je chercherai à trouver le repos les aboiements d’un chien, ou encore le simple murmure du vent suffirait à me réveiller en sursaut. Tout ceci me donnait l’impression d’être au bout de ma vie, mes rares perspectives d’avenir se révélaient bien sombres et sans issues de secours possible et pour causes : j’allais moi-même me jeter dans l’abysse dont je doutai pouvoir en ressortir. Mon passé était chaotique, mon futur délictueux et pourtant… Pourtant… Là dans l’instant présent au milieu du silence, je souriais ; comme une imbécile heureuse sous cet éclat providentiel chanté par la clameur de l’aube.

-J’ai reconsidéré votre proposition. Tout compte fait je suis prête à vous accorder le privilège de m’apprendre à cuisiner. Afin cela va tout de même dépendre de ce que vous allez déposer dans mon assiette…

Peu importait la façon dont je m’exprimai. J’avais toujours l’impression de mentir aussi mal. La fatigue sans doute…
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