Il y avait quelques jours encore, j'avais ma place au quartier général du Kakumeigun, j'y avais même encore mes affaires. Mais aujourd'hui ce n'était plus le cas, j'avais un nouveau poste au sein de la hiérarchie et je ne pouvais assurer deux fonctions en même temps. J'avais réfléchi longuement à quelle pouvait être la personne qui devait me remplacer. Logiquement un bras-droit devait prendre cette place mais Saibogu Lenka était loin d'être la personne idéale pour ce poste. Son rôle actuel était déjà quelque chose d'insupportable à ses yeux, il n'aimait pas avoir des responsabilités... Cela dit, il avait été un très bon compagnon durant ces deux ans. Cet homme m'avait aidé à sa façon dans de nombreuses épreuves, il m'avait aussi apporté assistance durant la prise de pouvoir qu'on avait nommé « La nuit du phœnix ». Il avait permis, comme de nombreux Sunajins révoltés, de faire en sorte de faire revivre Suna et en quelque sorte Kaze. Je ne pouvais que le remercier d'être un ami, il m'était précieux et continuerait à l'être. Chose que je ne lui dirai jamais et réciproquement, on préférerait plutôt se couper la langue-...

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Ce soir je souhaitais une chose et une seule, pouvoir me préparer un bon repas et me reposer après m'être rassasié. Sans même attendre, j'allumai un feu afin de faire chauffer mes poêles. Un système Saibogu nous permettait de préparer rapidement nos repas. N'ayant que très peu passé de temps ici, j'eus du mal à trouver les ingrédients pour réaliser mon plat. Je cherchais à me faire un simple bol de ramen mais avec de bons aliments. Finalement je réussis à tomber sur quelques nouilles, de la viande, des œufs et un peu de verdure afin de compléter le tout. Il fallait préparer le bouillon, couper les produits-... Je mis plus d'une heure à réaliser la préparation de ramen. C'était quelque chose de simple et rapide en temps normal mais j'avais souhaité faire les choses soigneusement afin de pouvoir savourer le résultat final.

Je pris le premier bol à ma disposition pour déposer la préparation à l'intérieure, une fois terminé j'appliquai une légère couche de viande bovine au-dessus afin d'apporter la touche finale. J'étais maintenant assis autour de la table et attendis de pouvoir déguster sans me brûler.

Ce laps de temps me permit de réfléchir à ma vie actuelle, à mes ambitions et mes projets. Une chose était certaine, je ne pouvais avancer seul. Personne ne pouvait affronter ce poste seul, personne ne pouvait apporter rien qu'avec sa personne une paix à Suna et à Kaze no Kuni. C'était bien à ce quoi j'aspirai, apporter la paix dans mon pays. Je me l'étais promis, je l'avais promis à mon maître et aux miens. Dans la continué de ce serment, j'avais rejoint le Kakumeigun après avoir été promus Chûnin suite à l'affrontement avec l'homme masqué. Quelques événements plus tard, je m'étais retrouvé dirigeant du Kakumeigun et avais pour tâche de veiller à la sécurité intérieure du village. À l'extérieur, il m'arrivait évidemment d'intervenir mais c'était légèrement plus difficile. Finalement aujourd'hui je me trouvais à la place du Kazekage, être intendant en m'empêchait pas de vouloir donner tout mon être pour réussir la mission qui m'avait été confié et pour redonner confiance au peuple. Je l'avais évoqué devant les miens, je voulais faire oublier le passé désastreux de Suna, faire oublier les traîtres qui avaient succédé à ce poste-...

Après m'être perdu pendant de longues minutes, je commençai à déguster mon plat. Trouvant qu'il faisait un peu chaud, j'enlevai ma veste pour la laisser pendre sur l'arrière de ma chaise. La seule conclusion que je pouvais faire, c'était que ce plat se trouvait être plutôt bon. J'avais déjà fait mieux mais avec des ingrédients de qualité et cela ne dépendait pas de moi ce soir... Une fois mon bol terminé, je posai les baguettes sur celui-ci avant de le pousser. J'entendis à la porte des bruits de pas, quelques secondes plus tard la porte s'ouvrit. Je pus alors voir mes deux élèves, Chikamatsu Ruri et Ketsueki Kazushi.

«  Bonsoir, comment vous allez ? L'appartement est plutôt plaisant, je dois l'avouer. Ça me fait penser à mon ancien logement. »

En effet, je ne me trouvais pas dans ma demeure familiale. Ici c'était chez Kazushi, voulant le surprendre j'avais fait en sorte de m'introduire et de fil en aiguille je m'étais décidé à cuisiner. Je ne m'attendais tout de même pas à le voir accompagné de Ruri... Cela dit je ne souhaitais pas m'amuser à émettre des hypothèses sur leur relation, ça ne me regardait pas.

«  Asseyez-vous, je vous en prie. »

Dis-je pour m'amuser davantage de la situation.

À présent que j'habitais - partiellement - chez Kazushi, je mettais un point d'honneur à participer aux corvées et autres tâches ménagères, ainsi qu'à l'achat des courses. Ce dernier avait d'ailleurs décidé de m'initier à la cuisine, chose qui s'avérait périlleuse et compliquée. Cela faisait quelques soirs que nous mangions des plats brûlés, ou pas cuits, ou trop salés. Mais à chaque fois, le Ketsueki trouvait une solution pour que le tout soit finalement comestible et il ne perdait pas espoir de me voir un jour maîtriser cet art. Il insistait même sur le fait que je progressais, même si je doutais fortement de la véracité de ses propos.

Suite à ces essais plus ou moins fructueux, il ne restait plus grand-chose à manger dans l'appartement, ce qui signifiait qu'on devait sortir acheter des aliments. Posant le gros livre de cuisine sur la table, nous cherchions les recettes que nous voulions essayer cette semaine pour écrire la liste des courses. Gyoza ? Omurice ? Tonkatsu ? Yakisoba ? Autant de noms que j'avais l'habitude de lire sur la carte des restaurants, mais dont j'ignorais totalement la préparation. Tout cela me paraissait bien compliqué étant donné que je ratais même les Onigri, mais je faisais confiance à Kazushi.

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Nous avions visité les deux tiers des commerces de Suna et pourtant il nous manquait encore quelques éléments. Qui aurait cru que le Katsuboshi... Katsoshibu... euh... Katsuobushi serait si difficile à trouver ? Le Vampire insistait pour porter tous les sacs - même s'il était déjà chargé comme une mule - alors j'insistais pour payer. Je portais quand même le dernier sac en papier qui contenait seulement des Shiitakes et des Edamames. Il nous avait fallu tellement de temps pour réunir tout ça que la nuit était déjà tombée, et que nous étions presque mis dehors par les gérants des échoppes qui souhaitaient fermer.

Clé en main, c'était moi qui étais chargée d'ouvrir la porte. Je su au moment où je pénétrais dans l'appartement que quelqu'un d'autre se trouvait là. Pas de sensorialité, juste un pressentiment. Je lâchais immédiatement mon unique sac, qui vint s'écraser au sol. Le chakra parcourait mes membres et un kunai se trouvait dans chacune de mes mains lorsque je reconnu notre sensei, tranquillement installé à la table de la cuisine.

Je jetais un regard légèrement gêné à Kazushi, sachant qu'il était trop tard pour cacher ma présence. Poussant un soupir, je ramassais mon sachet et les clés de l'appartement vinrent se poser un peu plus fort que prévu sur la table. C'est avec un brin d'exaspération que je me demandais la raison de son introduction ici. On allait avoir droit à un long discours suivi d'un sermon. Je ne me posais même pas de question sur la façon dont il avait appris toute l'histoire, je me contentais de prendre un siège en face de notre sensei, comme il l'avait demandé.

Depuis que Ruri habite, presque, chez moi, ma vie est différente, pas mal même. Je ne pensais pas que la vie à deux serait si différente de celle seule. Rien n'est comme avant, la quantité de nourriture achetée, préparée, la place, tout plein de petits détails auxquels on ne pense pas forcément avant d'y être confronté. Et pourtant, je suis heureux, malgré les changements dans ma vie. J'ai retrouvée l'envie de me battre, de tout faire pour mon village, à travers les missions du Kakumeigun, où même pour le pays, n'importe quoi. J'avoue que j'ai toujours une pensée pour Tetsui, toujours dans les geôles de Konoha après la débâcle de Nami.

Les placards sont vides, il faut donc faire des réserves, d'habitude, j'y allais une fois par semaine et cela suffisait parfaitement, il me restait même souvent de quoi faire encore quelques repas, mais maintenant, c'est tous les quatre jours que nous devons aller faire le nécessaire pour réunir ce qu'il nous faut pour la cuisine. Ruri s'y est mis, d'ailleurs, elle a encore du chemin à faire, mais sa cuisine s'améliore d'essai en essai. Je n'abdiquerais pas avant elle, si elle abdique, ce qui n'est pas son genre.

La nuit arrivait et les marchands nous mettaient dehors, c'est ainsi les bras remplis de sacs que nous sommes rentrés chez moi. Devant la porte, j'ai rapidement compris que quelque chose ne se passait pas comme prévu. Ruri a lâché le sac avant de prendre ses kunaïs, presque en les rangeant aussitôt. Cela s'est passé trop vite et je n'ai pas eu le temps de faire tomber mes sacs, fort heureusement. J'entre à mon tour dans mon appartement, pour y trouver... Ogami. Le Régent n'a donc pas mieux à faire que venir se préparer un plat dans mon appartement ? Mais bon, je ne lui en veux pas, il doit y avoir une raison. Le regard gêné de Ruri m'a rappelé un fait important, Ogami n'est pas au courant pour notre relation. Et bien maintenant, il l'est.

"Je sais bien qu'il est plaisant, c'est pour ça que j'habite ici."

Tout en m'approchant de la table, rejoignant Ruri et répondant ainsi à l'invitation du Toshiro, je rajoutais.

"Que nous vaut ta visite ? Sans même convocation, ni rien. Il doit s'être passé quelque chose, non ?"

J'attends ainsi la réponse de notre senseï, que va-t-il nous donner comme excuse pour s'être invité pareillement chez moi ?

Comme prévu, mes deux interlocuteurs étaient surpris de me trouver ici. En effet je m'étais introduit dans sa demeure, je l'avais fait en connaissance de causes et savais évidemment quand et comment le faire. Je ne m'attendais cela dit pas à voir Ruri ce soir, c'était une agréable surprise. Je ne souhaitais pas avoir d'informations quant à sa présence ici puisque cela ne me regardait absolument pas. Cela dit je ressentais comme une certaine gêne. De mon visage sérieux habituel, je les fixai en attendant qu'ils accèdent à ma requête. Ruri fut la première à s'asseoir, suivi de son partenaire qui me demanda la raison de ma venue ici. Son côté protocolaire ressortit puisqu'il ne disait ne pas avoir reçu de convocation ou de lettre prévenant de cette visite. Il n'avait pas tout à fait tort après tout, je voulais faire autrement pour cette fois. Je posai les coudes sur la table avant de placer mon mentor sur mes deux mains. J'attendis quelques secondes avant de répondre à ses nombreuses interrogations.

«  Vous êtes tous deux mes élèves et même si je n'ai pas été aussi présent que je l'aurais souhaité, je vous ai apporté les enseignements nécessaires afin que vous puissiez prendre votre envol. Aujourd'hui je ne pense plus pouvoir vous apporter davantage en tant que senseï, mon nouveau rôle au sein de la hiérarchie fait que je ne peux plus autant m'investir dans cette équipe, Yunitto. En quelque sorte vous avez répondu à mes attentes, j'avais voulu une équipe permettant « d'unifier ». Lors de la prise de pouvoir, certains de vos clans respectifs se sont joint à nous et ce grâce à votre investissement. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres, vous avez bien travaillés et je vous en remercie. »

Marquant une pause de quelques secondes, j'affichai un sourire honnête à mes deux élèves. Ce lien nous unissant ne pouvait être défait, j'avais beau avoir choisi la dissolution de l'équipe Yunitto que pourtant ils allaient à rester à tout jamais ceux que j'avais formé et ceux dont j'étais fier. Même si cela pouvait paraître étrange, je voyais ces deux comme « mes enfants ». Bien sûr ça me paraissait encore bien abstrait mais au même titre que ma famille, je voulais les protéger et les guider sur le bon chemin.

«  Ruri, je me souviens encore de notre première rencontre et je peux dire aujourd'hui que tu n'es plus la même. Tu as grandie, tu as évoluée et est devenue une très bonne Kunoïchi. Il te reste encore du chemin à parcourir mais je sais que tu poursuis tes rêves et je suis sûr que tu parviendras à les atteindre. Tu es une fière descendante des Chikamatsu et tu as un brillant avenir devant toi. Je serai ravi de t'avoir à mes côtés afin de continuer dans ce sens. »

J'en avais terminé avec la damoiselle de l'équipe et je n'avais que très peu à ajouter. De toute façon je n'étais pas très à l'aise avec les remerciements et les compliments, c'était pour moi déjà beaucoup d'en faire autant. Évidemment, je pensais chacun d'eux et j'en omettais quelques uns-... Ils me connaissaient tous deux et savaient pertinemment que je n'étais pas le plus expérimenté en la matière. Il restait maintenant le Ketsueki, celui qui avait hérité d'un nom maudit et qui avait su pourtant se faire une place au sein de la hiérarchie. Il fallait continuer dans cette optique, c'était pour moi la meilleure des choses à faire.

« Kazushi, tu es sûrement celui qui m'a fait le plus douter. Sans même avoir à converser avec ta partenaire, j'avais l'impression de pouvoir la cerner. Mais avec toi, c'était quelque peu différent... J'ai su alors avec le temps voir de quoi tu étais réellement capable et je connais ta motivation. Tu mérites d'être promu, tu mérites d'avoir l'opportunité de faire tes preuves. Sache que tu vas devoir travailler, sache que tu vas devoir montrer à tout un peuple ce dont tu es capable. À partir de la semaine prochaine, tu seras aux côtés de Lenka afin de te former pour diriger le Kakumeigun. Tu prendras ensuite la relève et assureras le rôle de Chef du Kakumeigun. Est-ce clair ? »

J'étais très sérieux quant à ces derniers mots, je ne lui donnais pas cette opportunité puisqu'il était mon élève ; Je lui donnais puisque d'après moi, avec du travail il pouvait être un très bon dirigeant. Bien supérieur à la Ketsueki, bien supérieur à moi, il pouvait nous surpasser.

Ogami a attendu que nous soyons tous les deux assis avant de commencer son discours. J'attendais avec un peu d'apréhension les nouvelles qu'il nous apporterait. Nous disant qu'il n'a pas été aussi présent qu'il le souhaitait pour l'équipe, que nous avons bien travaillé, que nous avons accompli ce qu'il souhaitait de nous en tant qu'élève. Il mettait donc fin à l'histoire Yunitto. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé dans ma tête à se moment-là.

Je sais que ses nouvelles fonctions l'oblige à passer encore moins de temps avec nous, mais cette annonce tourne un page, importante de ma vie pour arriver sur une page vierge. Sans même de titre, sans chapitre. Qu'est-ce que je pouvais bien devenir sans l'équipe ? Je ne sais pas trop. Lors de l'annonce de la dissolution de l'équipe, mon regard est resté figé dans le sien, ne montrant pas trop de signe exterieur, mais pourtant, l'intérieur bouillonait.

Il parla ensuite de Ruri, disant qu'elle avait bien changé depuis leur première rencontre. Qu'il serait ravi de l'avoir à ses côtés. Je ne sais pas bien ce qu'il entends par ses côtés, mais je lui laisse le bénéfice du doute.

Viens ensuite le moment où il parle de moi. Je ne sais pas à quoi m'attendre, j'ai peur qu'il parle de certaines choses que nous avons vécu ensemble à Ruri. Je ne sais pas ce qu'il va bien pouvoir dire de moi. Sa tirade allait commencer et ses premiers m'annoncaient rien de bon.

Je suis celui qui l'a le plus fait douter. Il n'arrive pas à me cerner ? Voici une déclaration qui m'étonne et qui a eu comme effet de lever l'un de mes sourcils. La suite de son discours parlait de promotion, jonin ? Déjà ? Enfin, je pense y être prêt, mais ne m'y attendait pas. Et la suite de sa phrase m'a laissé un sentiment d'impuissance. Comme si tout le poids de la terre était maintenant sur mes épaules. La sensation ne dura pas longtemps, mais la surprise était toujours bien présente.

"... Ch... Kak ?!"

Mes pensées se mélangeait à mes paroles, je me resaisis ensuite afin de me lever, comme un salut militaire.

"Bien reçu !" D'un ton ferme.

Je me suis ensuite rassis, cherchant le sol du regard, me demandant encore ce qu'il venait de se passer. Je peux très bien sentir le regard de mes deux compagnons. Et pourtant je n'ose pas les affronter. Cherchant un bâtiment à travers la fenêtre derrière Ogami, j'ajoutais.

"Je ne sais pas quoi dire, je... ne m'y attandais pas du tout." Je marquais une légère pause avant de continuer. "Dans tous les cas, je te remercie de ta confiance, et je ne te décevrais pas."

Je plongeais ensuite mon regard dans celui de Ruri, afin de voir sa réaction face aux annonces faites par notre, désormai, ex-senseï.

Ce que je venais d'entendre me laissa totalement stupéfaite. Finalement, il n'était pas venu pour nous sermonner, mais j'aurais préféré que ce soit le cas. Non... Il était venu pour nous annoncer la dissolution de l'équipe. Alors, après tout ce temps, nous n'étions plus rien ? J'avais l'impression de perdre ma deuxième famille, mais la plus importante. Je me sentais abandonnée.

Je savais que ce moment finirait par arriver, et il avait raison : il n'avait plus rien à nous enseigner et de toute façon, son nouveau poste lui prenait bien trop de temps. Mais je pensais simplement que ça se ferait en douceur ; que les années passeraient, tout en sachant au fond de nous que nous n'étions plus une équipe à proprement parler. Qu'il n'y aurait pas d'annonce "officielle". Et pourtant c'était le cas. Tout finissait là, maintenant, ce soir. Tout était fini.

Toute la confiance accumulée ces derniers jours s'écroulait comme un château de cartes. Je l'entendais parler, mais ses mots passaient au-dessus de ma tête. Si je le pouvais, je lui aurais crié « TAIS-TOI ! » Je ne voulais pas entendre tout ça. Et pourtant je restais là, le visage impassible, comme figée dans le marbre. Pourquoi cette nouvelle ne les touchait pas, eux ? Mais j'avais déjà la réponse : parce qu'ils n'étaient pas autant perdus que je l'étais.

Lorsque vint le passage sur Kazushi, mon oreille s'accrocha à ces mots ; "Chef du Kakumeigun", comme enfermée dans une bulle. J'étais contente pour lui. Je savais qu'il espérait un poste dans la hiérarchie et cette charge lui irait parfaitement. Mais dans le fond, je n'arrivais pas vraiment à me réjouir. Je n'avais pas encore digéré la première nouvelle et une petite voix ne pouvait s'empêcher de murmurer au fond de moi : « Toi, que vas-tu devenir ? ». L'un Régent et l'autre Chef du Kakumeigun, autrement dit les deux postes les plus importants du Village. Les deux postes avec le plus d'obligations. Ce sentiment égoïste me faisait bien comprendre que Kazushi n'aurait plus de temps à m'accorder, lui aussi. Le sentiment d'abandon avait doublé.

Quand le Ketsueki se tourna vers moi pour voir ma réaction, je fermais les yeux pendant quelques secondes et rassemblais toute la force présente en moi. Quand je les rouvris, c'était pour lui afficher le sourire le plus grand dont j'étais capable. Je ne voulais pas laisser mes sentiments détruire son bonheur.