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 Réapprendre à vivre

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Konoha
Nara Natsuki
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyVen 26 Fév 2016 - 10:48

Oniri semblait gênée su sujet qu'elle avait ouvert lorsqu'il aborda la tradition des boucles d'oreille transmise à son enfant. La demoiselle n'avait pas l'air très à l'aise avec l'idée de la descendance, mais pour ce qui en état de Natsuki, lui n'avait pas d'amertume. Il n'avait pas de regret, non pas parce qu'il acceptait la fatalité de ne pas pouvoir avoir d'enfant dans son état, mais simplement parce qu'il était incapable d'en ressentir : les pulsions qui dictaient sa conduite ne lui laissaient même pas l'occasion d'envisager avec intérêt de fonder une famille.

« Oh vous savez, j'ai tout de même poursuivit cette tradition à ma manière. J'ai eu beaucoup d'étudiants sous ma tutelle. Près de la moitié d'entre eux étaient des incapables et n'ont pas persévéré, tandis que l'autre s'est faite tuée dans les deux ans qui ont suivit, que ce soit en mission ou de ma main. Mais il y en a eu un qui est sortie du lot, et qui a su s'illustrer bien plus que les autres. A lui, lorsqu'il a quitté mon équipe car il était temps d'apprendre par lui-même, je lui ai offert une chevalière ornée d'une tête de cerf. Un cadeau qui illustrait le temps que nous avons passé ensemble à emmagasiner de l'expérience, expérience qui j'espère lui servira dans l'avenir. Ce n'est pas si différent de nos boucles Nara traditionnelles. »
conclut-il avec un sourire en coin.

En étant moins malade, peut-être même aurait-il ressenti à ce moment là la même chose que son père, lorsqu'il lui avait offert ses boucles d'oreilles. Le sujet resta sur les bijoux, Oniri lui parlant du talent des Kazejin dans leur création avec une technique si perfectionnée qu'elle n'a que très peu évolué au cours des siècles de pratique.


« Je vois. C'est donc parce que le pays était riche en minerais et ses habitants des orfèvres chevronnés qu'il ne reste maintenant plus que du sable après leur passage ? »
demanda-t-il sans laisser paraître s'il était sérieux ou s'il se payait ouvertement sa tête.

N'importe comment, cette apartée sur les bijoux et leur place au Pays du Vent était enrichissante.


« Ils auraient une influence sur l'âme ? Ou bien est-ce l'Homme dont l'on peut deviner les facettes de l'esprit en fonction de la parure qu'il choisit de revêtir ? Dans le premier cas, cela me donnerait presque envie de faire un tour au marché ce soir pour y trouver un collier de sérénité. Mais je me suis déjà essayé à la lithothérapie : inefficace, sans surprise. »


Oniri avoua toutefois avoir passée depuis longtemps sa période de coquetterie, obligations professionnelles obligent. Natsuki répondit par une moue peu convaincu.


« Un ninja doit toujours préférer l'efficacité à l'esthétisme afin de se tirer au mieux des mauvais pas, mais le risque auquel il s'expose le plus, c'est d'oublier qu'avant d'être un soldat, c'est un être vivant avec des désirs et des envies. Beaucoup trop n'ont que leur carrière et leur travail en tête au point d'en effacer tout le reste, et de ne plus s'accorder le moindre plaisir. '' Nul autre devoir n'est plus sous-estimé que celui d'être heureux. '' »
cita-t-il, avant de hausser les épaules. « Mais j'imagine que cela ne nous concerne pas vraiment, au vu de notre situation. »

Ayant eu l'aval de la maîtresse des lieux, il gagna la cuisine, et commença à fouiller dans le réfrigérateur et les placards à la recherche de ce qui était comestible, ou qui pouvait être utilisé comme ustensile.


« Je n'ai plus l'envie de cuisiner, et ce depuis longtemps. »
répondit-il simplement en préparant son plan de travail. « Plus jeune, j'adorai cela. Je voyais la cuisine comme quelque chose de bien plus poussée qu'un simple repas. Je voulais faire partager quelque chose à travers mes préparations, véhiculer une émotion ou transmettre un ressenti à celui qui le goûte. Il ne s'agissait pas juste de servir une assiette avec quelque chose de bon dedans. C'est une façon de faire dans laquelle je trouvais beaucoup d'intérêt, et beaucoup de plaisir, que ce soit dans l'essai, l'échec ou la réussite. »

Il trouva une balance, et commença à peser la farine après en avoir étudié le mécanisme. A feu doux, du blé baigné dans du lait cuisait dans une casserole juste à côté.


« Aujourd'hui, n'étant plus capable de connaître la saveur de ce que je prépare, je n'ai plus rien que je puisse faire partager dans mes plats. Une passion coupée dans l'élan, et d'autant plus aisément écrasée maintenant que j'ai d'autres préoccupations à l'esprit. »


Des pulsions sanguinaires qui ne demandaient qu'à s'exprimer sur fond d'une colère bouillonnante, par exemple.


« Toutefois, sans dire que l'envie m'en saisi, j'avouerai que ce n'est pas contraint et forcé que je vous prépare le petit déjeuner actuellement. »
lui confia-t-il avec un bref clin d’œil.

Alors qu'il parlait, il avait déjà mélangé dans un saladier de la farine, du sel, du beurre et deux œufs. Ses mains lavées plongées dedans, il travailla la mixture jusqu'à ce qu'elle devienne pâteuse, et forma avec une boule qu'il emballa dans un torchon pour le ranger au réfrigérateur. A côté, il versa dans une assiette creuse du fromage blanc, de l’œuf et du sucre qu'il remua avec une spatule de bois jusqu'à obtenir un mélange homogène.


« Je dois avouer que je suis plutôt surpris. La cuisine n'est clairement pas votre point fort, et pourtant, ce ne sont ni les ingrédients ni les ustensiles qui manquent ici. Est-ce là un moyen de cacher les apparences quand vous recevez de la visite ? »


Un autre saladier contenait du fromage blanc, deux œufs, du sucre et une pointe de sel pour lier l'ensemble à la farine et former une autre pâte plus souple que la précédente. Séparée et roulée dans la farine en plusieurs boules de la taille de la paume. Une fois aplaties, il les garda de côté.


« Oui ? »
demanda-t-il en se tournant vers elle lorsqu'Oniri l'appela.

Et l'espace d'un instant, il s'immobilisa. Il s'immobilisa en découvrant la jeune femme sous une lumière nouvelle, se tenant comme une gamine sur son siège avec un sourire béat sur les lèvres. Etait-ce de le voir à ses fourneaux qui la faisait sourire ainsi ? S'il devait se fier sur l'instant, il dirait presque qu'elle était heureuse, un trait qu'il ne lui avait encore jamais observé. Cela le laissa songeur. Il partageait ce même sourire qu'elle à l'époque, brillant d'innocence et contaminant chaque visage qu'il croisait. Qu'en était-il aujourd'hui, sinon un masque aux lèvres peintes pour simuler un bonheur aux yeux des autres ? Un espoir peut-être. Du moins c'est ainsi qu'il interprétait cette légère pointe de chaleur qu'il sentait le percer, bien différente de la colère ardente qui le dévorait.


« Oui, pourquoi pas ? »
lâcha-t-il finalement en reprenant pied dans la réalité. « Cela pourrait être... amusant ? J'évaluerai vos plats sur leur aspect et leur odeur, et le goût en fonction de votre grimace quand vous les goûterez. »

Il disait cela par taquinerie, leur soirée s'étant résumée à prendre du bon temps et à se lancer des pics salés, mais concrètement, qu'est-ce qui pouvait réellement se faire, sinon fantasmer ? Cette nuit était une aparté dont chacun savait qu'elle touchera à un moment ou à un autre à sa fin, et que la réalité reviendra les percuter de plein fouet sitôt que cette bulle éclatera. L'on avait beau essayer d'étirer les secondes, le temps reprenait toujours ses droits au bout. Sachant pertinemment cela, il était d'autant plus confus de se surprendre à espérer l'espace d'un instant que cette mascarade distrayante ne se termine pas. Pas tout de suite en tout cas.


« Racontez-moi Oniri, comment se passe une conception d'un engin que vous inventez ? Je veux dire, vous vous dites un jour '' Tien, j'aimerai bien avoir aspirateur qui circule tout seul dans la maison. '' ou '' Ce serait pas mal si j'avais le véhicule volant le plus rapide au monde '' mais ensuite ? Comment passe-t-on de l'idée à la réalité ? J'imagine que ce n'est pas très différent de la cuisine lorsque l'on conçoit un plat, dans le fond. L'on mélange des ingrédients dont l'on connait le goût d'une infinité de manière avec l'objectif de sublimer l'ensemble, et cela dans une succession d'essai-erreur jusqu'à obtenir un résultat satisfaisant. »


En même temps qu'il discutait, il poursuivait sa cuisine. Le blé avait absorbé tout le lait, et maintenant qu'il était bien doré Natsuki avait ajouté un fond de bouillon de bœuf, obtenu grâce à ces carrés d'arômes artificiels prêt à tremper. Tout en gardant un œil dessus, il récupéra la pâte en boule qu'il avait déposé dans le frigo une demi-heure plus tôt, et l’aplatit sur son plan de travail avant d'en découper à l'intérieur des cercles relativement large jusqu'à en obtenir une quinzaine. Les uns après les autres, il les disposa dans un moule à ravioli, déposa au coeur une cuillère à soupe de sa préparation au fromage blanc, et referma le tout pour le rendre hermétique. Une fois le tout prêt il les plongea dans une marmite d'eau portée à ébullition dont ils ne tardèrent pas à toucher le fond.


« Comme c'est plutôt indiscret de ma part, et que cela ne me regarde pas forcément, je ne vous incite pas à répondre contre votre plein gré, mais puisque vous êtes une ingénieur de talent, j'imagine que pour arriver à un tel niveau vous avez dû consacrer du temps à créer pour progresser. Probablement même pour vous amuser, à concevoir un peu tout ce qu'il vous passait par la tête. Y'a-t-il invention dont le résultat ou la fonction vous fait un peu honte, avec le recul ? Dans le genre une puce à implanter dans le corps d'un jeune homme pour en faire un parfait outil ménager. »


Les galettes qu'il avait préparé plus tôt volèrent jusqu'à une poêle où il les fit simplement dorer en les retournant avec dextérité. Ces mouvements, il ne les avait plus fait depuis des années, ou très rarement juste pour l'apparat, mais ils étaient toujours là, gravés dans sa mémoire musculaire, prêts à être exécutés mécaniquement, à l'identique, sans passion, et avec un unique objectif final : nourrir.


« En parlant d'invention, vous n'avez pas eu trop de mal à apporter les modifications demandées par mon Hokage sur sa prothèse ? J'imagine que ce n'est pas évident d'ajouter des options sur un produit quasiment fini. »


Le blé comme les galettes étaient dorés à souhait. Il les retira du feu, et les disposa séparément sur deux assiettes. Il poivra légèrement le premier et mélangea avec une pointe de beurre, tandis que les seconds furent présentés avec deux confitures de mûres et de... de cactus. Il étudia le pot un instant, n'en ayant encore jamais vu jusqu'à présent, puis déposa les deux assiettes sur la table où Oniri avait préparé le couvert. Le temps qu'il revienne s'occuper de ses raviolis, ces derniers étaient déjà remonté à la surface de l'eau bouillante, signe qu'ils étaient assez cuit. Il n’eut qu'à les récupérer, les égoutter en vitesse, et les servir sur une assiette de la même manière que ses galettes. Avec du lait et du jus de fruit en guise de boissons, le petit déjeuner était prêt.


« Madame est servit. »
lui sourit-il en s'inclinant légèrement, une serviette pliée sur le bras pour jouer le jeu jusqu'à bout.

Il prit ensuite place, et lui laissa la première bouchée avant de se servir lui-même. C'est ainsi que presque amusé, il réalisa qu'il s'agissait là de son premier petit déjeuner en tête à tête depuis une éternité – il ne comptait pas toutes les fois où ses bras brisés avaient forcé les étudiants aides-soignants à le nourrir à l'hôpital.
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Suna
Meïka A. Oniri
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMer 2 Mar 2016 - 13:36

-Ce n’est pas nécessairement la saveur du plat qui importe, mais la raison pour laquelle il a été préparé. Les actions ont parfois plus de valeur que le résultat.

Fis-je d’un ton énigmatique tout en continuant de l’observer s’activer aux fourneaux du hauts de mon fauteuil. Les meilleurs choses étaient les plus simples et comme si je m’apprêtais à mourir demain, je profitai de ces instants d’humanités, de chaque seconde comme s’il m’était possible de rattraper un temps que je n’avais jamais eux. Le menton posé sur mes bras j’éprouvai malgré-tout la sensation d’être à demi consciente en raison de la fatigue. Hors cela ne m’empêcha pas de réagir lorsqu’il me fit une nouvelle remarque concernant mes talents culinaires. En retour il eut bel et bien droit à une grimace. Cette moue à la langue tirée et au nez retroussé digne d’une enfant de cinq ans.

-Dans ce cas nous attendrons que vous ayez retrouvé le sens du goût afin que fassiez office de cobaye et puissiez constater par vous-même de mes progrès.

Sans trop comprendre pourquoi. Je ressentis la violente pulsion de lui cuisiner un plat immonde en lui en faire vomir ses entrailles, puis un autre si délicieux que ses cornes lui en tomberaient définitivement.

A mes côtés les rais du soleil prenaient progressivement leur ascension dans la pièce, jusqu’à jeter leur dévolu sur le mur en face de la baie vitrée. Bientôt l’astre diurne ne serait plus qu’une immense boule incandescente irradiant de brûlures tous ceux qui oseraient se présenter au désert, mais pas encore. Nous avions encore un petit déjeuné à prendre. Entre temps mon cuisinier m’asséna de nouvelles questions concernant la conception d’inventions Saibogu. La technologie semblait être quelque chose qui le fascinait vraiment.

-En réalité je pense que ce n’est pas différent du reste. Je veux dire lorsqu’il s’agit de créer quelque chose. Un beau matin on se lève avec une idée. On la décortique sous toutes les coutures, on pose ses idées sur papier. On cherche à en trouver les failles, on va chercher dans son répertoire de connaissances, mais également dans celui des autres, voir si des travaux n’ont pas déjà été faits sur le sujet. On fait des essais, on tente, on échoue. Parfois on ne parvient jamais à atteindre son but tandis que d’autre, on réussit sans savoir comment. Alors on pense plus de temps à essayer de comprendre pourquoi cela fonctionne plutôt que pourquoi cela ne fonctionne pas.

Tout en répondant je pouvais sentir l’odeur de ses préparations s’élever depuis la cuisine. Du sucre, de la pâte et des tas de bonnes choses que je n’aurais su reconnaître. Sans avoir dégusté je savais d’avance qu’il s’agirait d’un petit déjeuné que je ne serais pas prête d’oublier, tant par le fond que par la forme.

-Mais pour être honnête avec vous je ne suis pas la meilleure bricoleuse de mon clan. J’irai même jusqu’à me situer en-dessous de la moyenne me limitant à des lanceurs de bouteilles vides ou encore à travailler sur ma moto. Dis-je avec une pointe de fierté dans la voix. En fait… Je suis plus faite pour la mécanique lourde. Mes travaux manquent toujours de finitions. L’exception à la règle étant les armes à feux dont la confection est plus que millimétrée, même si j’avoue m’être faite aidée à plusieurs reprises par des collègues. Quant à une invention dont je pourrais avoir honte… Pas spécialement. A dire vrai je n’ai eu besoin d’aucune puce pour transformer un beau jeune homme en parfait outil ménager…

Cette fois-ci je lui adressai un grand sourire pincé laissant ressortir mes pommettes. Je m’abstins cependant du petit haussement de sourcil allant de pair bien que l’envie ne manquait guère. Cependant remettre sur la table le sujet de la prothèse réservée à l’Hokage n’était pas sincèrement pour me plaire. Le simple fait de repenser au temps passé dessus me donnait la migraine. Et puis tous ces fameux ajustements…

-Rien n’est impossible pour une insomniaque j’ai du temps à revendre. Mais répondez-moi honnêtement. La Nanadaime avait-elle vraiment besoin de tous ces gadgets supplémentaires ?

Une lance mains, un briquet intégré au pouce et bien d’autre encore. Cela n’était pas très sérieux, quand bien même ce fut pour la bonne cause. Puis finalement, après une bonne heure d’attente, j’eu afin droit à la découverte des plats qui semblaient fort appétissant à l’œil.

-Voilà qui est parfait ! Vous pouvez disposer mon cher. Mimais-je, plutôt à l’aise dans mon rôle.

J’attendis pourtant qu’il prenne place en face de moi avant d’entamer une première bouchée de galette. Le goût fut effectivement incomparable avec tout ce que j’aurai été en mesure de préparer.

-C’est délicieux… Fis-je d’une voix calme sans prendre le risque de croiser son regard.

Je pris soins de toucher à tout et à chaque fois je fus surprise par l’étonnante simplicité de ce repas qui pourtant avait demandé tant de travail. Et pour aller avec le reste, cette petite bouteille de jus de fruit posée sur la table promise à un funeste destin que nous étions les seuls à connaître. Je nous servis à tous les deux avant de continuer à manger avec appétit.

-J’ai le plaisir de vous annoncer que vous êtes officiellement engagé. Félicitation ! Lançais-je en gage de diversion tandis que je me frottai les yeux.

Ce fut ainsi que nous partageâmes ce petit déjeuné. L’essentiel se passa dans un silence faisant honneur au plat. Shinobi, guitariste, cuisinier, homme de ménage, un penchant inavoué pour la mécanique. Y avait-il seulement une chose qu’il ne savait pas faire ? Le Nara nourrissait de nombreuses passions refoulées. J’imaginais sans mal l’homme qu’il avait jadis été et par conséquent celui qu’il aspirait à redevenir. Quelque part derrière cette épaisse carapace qu’avait dressé son démon se trouvait quelqu’un ne demandant qu’à vivre. Cette même vie que j’imaginais sans mal rayonner en lui. De ce fait cela me motivait d’autant plus à faire tout mon possible pour l’aider à reprendre le contrôle de son existence. A ce moment je me moquai bien de passer en seconde et ce malgré mes propres maux qui refaisaient surface à cet instant précis.

En effet je n’avais que trop profitée des éclats du soleil montant et ses lueurs me semblaient plus vives que jamais au point de me donner l’impression que quelqu’un était en train de m’enfoncer une aiguille dans le crâne. Cette maudite migraine revenait. Je me tins la tête un instant, désorientée, avant de me lever subitement pour chercher à tâtons l’interrupteur qui rabattrait les volets de la baie vitrée. Je les laissai descendre jusqu’à ne laisser paraître qu’un mince filet de lumière. Une poignée de seconde supplémentaire me fut nécessaire pour reprendre contenance et retrouver ma place dans l’espace environnant. Delà j’allais actionner un autre interrupteur qui mit en marche les éclairages auxiliaires du loft qui ne tarda pas à baigner dans une très faible lueur tamisée, seul éclairage que ma pauvre cervelle était encore en mesure de supporter. A défaut d’apporter une atmosphère romanesque, cela eut pour effet de sévèrement assombrir les lieux. Déjà durant la soirée j’avais légèrement accentué l’éclairage comparé à ce dont j’étais habituée seulement pour le confort de mon honte. Malheureusement je venais d’atteindre ma limite.

-Navrée pour le désagrément, je n’ai hélas guère mieux à proposer dans l’immédiat au risque de ne plus pouvoir vous tenir compagnie. Par ailleurs j’y pense, mais comme le jour vient de se lever, peut-être préféreriez-vous partir ? Je ne tiens pas à vous imposer votre présence ici.

Mes propos relevaient davantage de la politesse que de la sincérité, même si, dans le doute, je préférai m’en assurer.

-Cependant si vous tenez à rester, sachez que vous êtes toujours le bienvenu ici. Je pourrais même, en guise de remerciement pour votre repas, vous proposer de fabriquer ensemble « l’invention » de votre choix. Une sorte de petit cours de mécanique en somme.

Je pensais anticiper sa réponse parce qu’il n’avait rien à faire et que la simple perspective de retourner s’enfermer chez-lui pour attendre patiemment la soirée à venir ne serait guère engageante ; tout comme il en serait de même pour moi. Alors quitte à devoir attendre autant le faire à deux sans laisser à l’autre l’occasion de ruminer sur son propre sort. Dans tous les cas le choix lui appartenait, moi j’avais déjà fait le mien pour ne plus sous-estimer ce devoir qu’était celui d’être heureuse.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMer 9 Mar 2016 - 12:26

« C'est sans doute la raison pour laquelle j'ai trouvé vos muffins amusants. » répondit-il simplement.

Oniri sembla apprécier le petit déjeuner que Natsuki lui avait préparé, et le compliment qu'elle lui fit aurait probablement plu au chef dont il avait endossé le rôle le temps d'une heure, même s'il n'en retint que l'information finale : madame était satisfaite.


« Dois-je en déduire que j'ai passé haut la main le test de devenir votre professeur de cuisine ? Merveilleux. Nous commencerons donc dès que je serai en état de. Je vous montrerai les bases comme faire bouillir de l'eau. Et si vous vous montrez suffisamment compétente et méritante, peut-être même que nous pourrons prendre un peu d'avance sur le programme : je vous apprendrai alors comment faire cuire des pâtes. »


Cette dernière tendresse pointue dont ils raffolaient tous les deux lancées, le petit déjeuné se déroula dans le calme, interrompu essentiellement par le bruit des couverts et de la mastication. Le silence n'en était pour autant pas pesant : Oniri était occupée à profiter des préparations, et Natsuki à remplir son estomac, son corps ayant besoin d'énergie pour fonctionner. Deux manières différentes d'aborder le premier repas de la journée. La reprise des échanges verbaux n'eut lieu que vers la fin, lorsqu'Oniri montra des signes de fatigue. Elle semblait à nouveau prise de maux de tête, aussi il devina sans mal qu'il s'agissait de la lumière devenant trop vive pour ses yeux. Lentement, les ombres commencèrent à engloutir le hangar au fur et à mesure que les volets automatisés s'abaissaient. Triste représentation d'un monde dans lequel Natsuki s'était vu sombrer, la lumière s'effaçant sous le poids du temps passé à fléchir sous sa malédiction. Où qu'ils posaient les yeux, il n'y avait que l'obscurité pour les accueilir, des ténèbres éternelles patientant au fond d'un trou où ils ne manqueront pas de s'échouer un jour. Ne restait que cette fine raie de lumière, que le Nara tatoué observa comme la maigre espérance de ce qu'ils leur restait, à lui et à Oniri. Intangible, inaccessible, et si fragile qu'elle semblait pouvoir s'éteindre d'un simple souffle, mais pourtant bien présente : la seule chose à laquelle ils pouvaient encore se rattacher pour croire en un lendemain meilleur.

Basculant la tête en arrière sur son fauteuil, Natsuki observa un moment le plafond, dont un faible éclat commença à émaner des néons. Cela ne changeait presque rien à l’éclairage, mais c'était suffisant : il savait que pour Oniri, il ne faisait jamais vraiment noir. Quant à lui, son clan l'avait fait grandir dans l'obscurité bien plus que son sang, un simple éclat suffisait amplement à ses yeux pour y voir.


« Non cela ira, ne vous inquiétez pas. Le noir est un peu mon élément aussi quelque part. Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je suis un Nara souvenez-vous. Peut-être plus aussi performant qu'à l'époque où une technique de sensorialité me permettait de voir dans l'obscurité la plus complète, mais encore assez pour ne pas m'exploser les genoux sur une table basse ou glisser sur un écrou sauvage. »


Allusion discrète au désordre ambiant de la maison ? Il s'abstint de sourire pour lui en donner la confirmation.


« Pour ce qui est de mon départ, c'est une question voilà bien difficile. Mon emploi du temps étant particulièrement vide – je n'ai pas mit beaucoup d'effort pour le remplir, je l'admets -, je ne serai pas beaucoup mieux ailleurs qu'ici, surtout si c'est pour m'exposer au soleil. Il me reste donc à déterminer si votre demande relève d'une façon polie de me mettre à la porte car vous souhaitez un peu de tranquillité, ou si vous croyez vraiment que vous êtes en mesure de m'imposer quoi que ce soit. »


Il révéla ses dents cette fois-ci, signe qu'il avait bien comprit le fond de la pensée de son hôte, et qu'il ne faisait que lui lancer une enièm pique – plus personne ne comptait les points de toute façon. Le message passa visiblement, puisque la jeune femme lui proposa un cours de mécanique. Une offre aussi intéressante qu'inattendu. Avait-elle était inspirée par ses explications sur comment la conception d'une invention se déroulait ?


«Une invention que j'aimerai fabriquer... »
répéta-t-il, un tic de langage qu'il avait lorsqu'une réflexion était nécessaire avant d'apporter sa réponse. « Un prêté pour un rendu, donc. Ce pourrait être distrayant en effet. Et s'il est possible de joindre l'utile à l'agréable, je serai intéressé par la construction d'un jukebox. Du moins, si c'est dans vos cordes, et réalisable '' au cours d'un petit cours de mécanique. '' Le cas échéant, je saurai me contenter d'un bobble-head à mon effigie. Un modèle capable de tirer des boules de feu par les yeux, de préférence. »

Instant de silence.


« Un vieux fantasme inassouvie, je n'ai pas pioché les bonnes cartes en terme d'affinité à la naissance. »
expliqua-t-il en anticipant réaction et questions de la part d'Oniri.

Puis il haussa les épaules, l'air de signifier qu'il n'y avait rien de plus à en dire sur ce sujet sans importance. Supposant que le cours de mécanique en question se déroulera dans l'atelier, il commença par se lever, et passa son auriculaire sur l'une de ses cernes. Dire qu'il était toujours aussi frais après sa nuit blanche ne serait pas erroné, mais le plus juste était d'écrire qu'il n'avait pas l'air plus cadavérique que le matin précédent. L'avantage du fond était que l'on ne pouvait pas aller plus bas.


« Je vous suis. »
se contenta-t-il de dire, ne sachant pas vraiment par où commencer.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyVen 18 Mar 2016 - 21:11

J'eus droit à une énième longue tirade en guise de réponse à ma question.

-Un simple oui aurait suffit. Fis-je tout en haussant les épaules.

Restait à déterminer laquelle de ces deux inventions était la plus réalisable et ce avec les moyens du bord. Je restai quelques secondes dubitative avant de finalement apporter la réponse tant attendue.

-Je ne pense pas que nous aurons le temps d'assembler un jukebox. Le Bobble-head me semble être une expérience davantage réalisable sur le court terme. Par contre il ne pourra lancer boule de feu par les yeux. J'en suis navrée il vous faudra vous contenter de lance-flammes.

A noté que je n'avais pas pris la peine de l'interpeller quand aux origines de cette demande incongrue, tout simplement parce que je m'attendais à quelque chose du genre. Le pire étant que le contraire m'aurait étonné. Grand dieu, je commençai à connaître les quelques facettes de ce Nara et aucun évangile en ce bas monde n'aurait été en mesure de me dire s'il s'agissait d'une bonne chose ou non. Toujours fut-il que les idées s’amoncelaient dans ma va tête. Fabriquer son nouveau jouet allait nous prendre une bonne partie de la journée si ce n'était pas la totalité.

-Si vous vous sentez motivé, nous pouvons le concevoir de A à Z. Au moins vous aurez le mérite d'avoir quelque chose d'entièrement fait main.

Dis-je tout en me dirigeant vers le renfoncement au fond du loft où se trouvait mon atelier. Nous n’eûmes qu'à descendre une marche pour nous retrouver sur un sol en béton. De-là je tirais plusieurs panneaux coulissant aux vitres en plexiglass de sorte à créer une totale séparation entre l'espace de vie et le lieu de travail. Je ne tenais pas vraiment à ce que toute la poussière et la crasse engendrées par nos travaux ne salissent le mobilier. Suite à quoi nous primes positions en face du plan de travail. De là je sortie divers feuilles vierges en format A3, des crayons, équerre, règle et compas. Oui, il était encore possible d'utiliser ce genre d'outil une fois sortie de l'école. Dans un premier temps j'entrepris de dessiner le premier schéma. Je posais plusieurs questions afin que le plan corresponde au mieux aux attentes du Nara.

-Par contre, si vous tenez à avoir le lance-flamme il nous faudra faire un modèle en dimension un sur un. Du moins pour la tête en tout cas...

La conception n'était pas nécessairement la partie la plus amusante. Hors ce fut après une bonne heure de mise au point que nous pûmes commencer à nous mettre au travail, après nous êtres préalablement équipé de gants et de lunettes de protections. Pour commencer la conception de la partie centrale. A savoir la fameuse tête. En guise de support nous commençâmes par découper un patron dans une fine plaque de métal à l'aide de la scie circulaire. Cette dernière finit aux fourneaux avant d'être modelé à l'ancienne. Autrement dit à l'ancienne. Je laissai le Nara s'aiguiser au joie de la chaudronnerie tandis que de mon côté j'attaquais la tête d'un mannequin pour façonner une ébauche au futur moule en plâtre. Ce fut une fois terminé que je laissai à mon hôte le loisir de le contempler. Il failli ouvrir la bouche, certainement pour protester. Je l'en empêchai.

-Taratata on ne discute pas. Il aura cette tête là et ce n'est pas discutable. Vous n'aviez cas pas me tendre la perche.

Suite à cette interlude le travail se poursuivit encore. Je le laissai s'attaquer à la partie du corps, ainsi qu'au montage du ressort qui servirait à agiter la tête tandis que je me concentrait sur la phase la plus délicate. La mise en place des lances-flammes par les yeux. Le tout se ferait par injection d'huile inflammable et de gaz. Il suffirait d'appuyer sur un bouton pour déchaîner l'enfer sur terre. Je m’interrompais cependant pour préparer la résine plastique avant de la faire couler dans le moule. Le tout fut ensuite expédié au réfrigérateur pour les prochaines heures. La journée était déjà bien entamé. L'après midi filait presque vers sa moitié, mais nous avions fait le plus gros de l’œuvre. Il était temps de s'offrir une petite pause bien mérité.

Café ! Café ! Café !!

Le travail reprit de plus belle. A partir de là, il ne restait plus que l'assemblage et les finitions. Le moule fut retiré du réfrigérateur. L'ouvrir fut une véritable galère. Nous dûmes percer un trou à l'intérieur et injecter de l'air au compresseur pour réussir à décoller le tout sans rien endommager. Nous pûmes alors découvrir une parfaite représentation de l'effigie facial en plastique du Nara dans ses meilleurs moments. Cette dernière fut installée sur le support en métal précédemment martelé et assemblé au reste du corps. Il me fallut faire plusieurs test, mais les trous percés au niveau des lobes purent cracher des gerbes de flammes comme prévu. Mais le plus important.... Je donnais une petite pichenette pour m'assurer que la tête dansait convenablement sur son ressort.

-C'est quand même super important...

La dernière partie était ma préférée. A défaut de produits adaptés, nous usâmes de peintures à carrosseries pour peindre la tête qui fut passé à l'aérographe sous toutes les coutures. Une fois encore cet imbécile se révélait particulièrement doué. Je me demandai s'il y avait une chose qu'il ne savait pas faire de ses mains. J'apportai malgré-tout quelques retouches et finitions afin de faire ressortir toute la profondeur de l'âme du Bobble-Head. Le travail achevé nous restâmes un long moment face au plan de travail à contempler l'aboutissement de douze heures de travail.

Bobble-Head:

Je penchai légèrement la tête de côté à l'image d'un animal intrigué par un objet dépassant l'entendement de sa compréhension.

-J'ai... J'ai l'impression qu'il me suit du regard...

Une vérification s'imposait. Toujours en gardant les yeux rivés sur la bête, j'effectuai trois pas chassés sur la droite avant de reprendre ma position initial au côté du Nara. Ce faisant je tournais la tête pour rediriger ce fameux regard dans sa direction.

-C'est flippant...

Je laissai retomber le silence pour nous plonger dans la contemplation de cette figurine démoniaque. A présent il ne restait plus qu'à faire ce que toute personne normal ferait en étant en possession de minis lance-flammes portatifs : Cramer des trucs ! Nous nous amusâmes à faire flamber à peut-près tout ce qui nous tombait sous la main. Cela tourna essentiellement autour de la nourriture. Une pomme de terre, du mais, un œuf (nous savions que c'était une mauvaise idée dès le départ, ce qui ne nous a pas empêché de le faire pour autant). Alors je coinçai une cigarette entre mes lèvres et me penchai légèrement vers l'avant.

-Allez-y !! Je vous assure ça va passer.

Il appuya sur le bouton et deux geyser de flammes endiablés furent projetés par les yeux du Bobble-Head à l'effigie du Nara. Juste assez loin pour réussi à allumer ma cigarette. Ce faisant je levai les poings en l'air, victorieuse.

-Wouhouuuuuuuuuuuuuuuuu !! Bon maintenant je vais aller chercher les marshmallow !

Nous les fîmes tour à tour fondre en broche avant de les déguster. Le résultat était assez satisfaisant malgré l'arrière goût de propane. Je jetais un coup d’œil à l'horloge qui me répondit qu'il était onze heure passé... du soir... La journée avait filée à une vitesse phénoménale. J'étais épuisée comme toujours, mais étrangement de meilleur humeur que d'habitude. Hors j'adressai un autre coup d’œil à l'unique petit miroir de l'atelier et lui m'expliqua à quel point j'arborai une mine cadavérique, mais aussi à quelle point j'étais sale. La journée de travail avait été éprouvante. Mes cheveux n'étaient plus si blanc que cela. J'étais toute encrassée par la graisse, l'huile, la peinture, la poussière et le plâtre.

-Nieurk ! On dirait le monstre des marais en train d'essayer d'enfanter la Chose. Fis-je en grimaçant devant mon reflet avant de me tourner vers le Nara. Vous n'êtes pas beau à voir non plus. C'était d'autant plus vrai qu'il avait aussi donné de sa participation.

Sur ces belles paroles j'écartai les panneaux coulissant pour retourner dans la pièce centrale, qui malgré son « léger » désordre, n'était en rien comparable au chaos qui s'était installé à quelques mètres de là dans l'atelier.

-Si vous voulez allez prendre une douche n'hésitez pas. Du doigts je désignais la structure cloisonnée qui faisait office de salle de bain. Je prendrais la mienne après. Et si l'envie vous prend de fouiller dans mes affaires. Veillez à laisser le fusil à pompe à sa place sous l'évier. Merci.

De mon côté je m'installai sur mon fauteuil tout en continuant de fumer. De-là j'avais une superbe vue sur le Bobble-Head toujours posé sur le plan de travail. Honnêtement ce machin avait vraiment quelques chose de dérageant. Alors, je vis soudainement la tête effectuer une rotation complète sur elle même et ce envers toute logique. Je devins soudainement blanche comme un linge et laissai s'échapper ma cigarette fumante d'entre mes lèvres. Je me frottai alors nerveusement les yeux avant de reporter mon attention sur la figurine qui n'avait pas bougée depuis lors. La fatigue sans doute...


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Lun 13 Juin 2016 - 21:02, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyDim 20 Mar 2016 - 14:03

Oniri lui expliqua que le bobble-head était la valeur la plus sûre, et prit les choses bien en main pour sa conception. Natsuki reconnu dans son regard les mille et une idées qui défilaient dans son esprit pour organiser la réalisation de son jouet tandis qu'elle préparait son atelier. Il resta un moment à l'observer dessiner sur le plan de travail, et comprendre le processus de création. Quelques questions de la jeune femme servaient à étayer ses schémas, et progressivement, les premières esquisses prirent formes.

Elle le mit au fait des contraintes et des possibilités, et ils arrivèrent sur le compromit idéal entre ce qui était attendu et réalisable. Oniri lui confia diverses tâches après lui avoir expliqué comment s'y prendre, et auxquelles il s'attela avec plus ou moins de dextérité en fonction de ses expériences passées. Il arrivait d'ailleurs au bout de l'une d'entre elles lorsque son hôte attira son attention pour lui montrer un morceau de plâtre aux dimensions impressionnantes. Le visage creusé dedans le laissa toutefois perplexe, à mi-chemin entre l'impressionnant du détails et le scepticisme de l'expression choisi. Mais lorsque d'un sourcil arqué et l'index dressé, il tenta une remarque, il fut rapidement réduit au silence. Ce n'était visiblement pas négociable. Et pas plus grave au final : si le résultat rendait aussi vrai que le vrai, il le mettra sur son bureau, face à tous ceux qui viendront pour lui demander une augmentation.

La journée se déroulant à grand renfort de caféine pour la jeune femme, et de cambouis pour son partenaire, ils en arrivèrent au produit fini, une superbe tête dansante sur un support d'une quarantaine de centimètres. Un peu plus gros que ce à quoi il s'attendait, mais d'allure plutôt sympathique tout de même. Du moins, aussi sympathique que l'on pouvait avoir l'air avec un visage pareil...


« Il ne reste plus que la couleur à appliquer. »


Et la jeune femme avait le matériel parfait pour cela. Niveau artistique, il se débrouillait un peu mieux avec un crayon, mais après quelques essaies et conseils d'Oniri, il attrapa le coup de main. Ce fut finalement après douze de travail qu'ils touchèrent au but, et contemplèrent le produit fini de la même façon que ce dernier les dévisageait. La jeune femme le regardait avec appréhension, tandis que lui-même le voyait avec davantage de satisfaction. Il sera vraiment à sa place sur son bureau de travail.


« C'est parfait. »
répondit-il plutôt lorsqu'elle eu terminé de sautiller. « L'on procède à la phase de test ? » lui glissa-t-il avec sourire en coin.

Et la phase de test ils firent, en exposant à peu près tout et n'importe quoi au regard de braise de la figurine. Ils s'amusèrent comme des enfants avec un briquet, avec un comportement peut-être même indigne des jeunes adultes qu'ils étaient – si ce n'était complètement irresponsable. La journée était passée à une vitesse folle, et pour la première fois depuis longtemps, Natsuki pouvait dire qu'il avait réellement passé un bon moment. Les bribes s'étouffèrent rapidement, certes, mais l'espace d'un temps, elles avaient été bien présentes. Il surprit son propre sourire dans le miroir.


« Cela ne me change pas beaucoup de d'habitude. »
répondit-il simplement à sa remarque.

Malgré les protections et les lunettes, nombre de ses tatouages se mélangeaient ou se perdaient dans la crasse et la peinture pour former de nouveaux motifs tarabiscotés.


« Une douche s'impose en effet. Mais je n'ai pas de rechange, je vais la prendre à la maison. Peut-être juste faire un crochet par votre évier pour me laver le visage avant de sortir. »


Un peu d'eau et de savon, et il enleva le plus gros de cambouis qui marquait son visage.


« Ça va Oniri ? Vous êtes toute blanche. »
remarqua-t-il en revenant dans le salon.

L'on dirait qu'elle avait vu un fantôme. A moins que c'était juste la fatigue ? Ils n'avaient pas dormi tous deux depuis un moment.


« Bon, je ne vous dis pas encore merci ni au revoir, vu que nous nous retrouvons d'ici une demi-heure. Une préférence pour les Portes du Village, ou ici ? »


Il n'était pas fixé sur la manière de quitter Suna pour une escapade dans le désert, et préférait laisser cela à la Conseillère des Défenses, qui jouait à domicile.


« Toutefois, si cela devait mal se passer cette nuit... »
dit-il en empochant sa figurine. « … sachez que j'ai beaucoup aimé ces deux jours. Ils ont été vraiment distrayants et... je pense que j'en avais besoin. »

Sur un dernier geste de la main, il quitta le hangar de la Saibogu, et regagna son propre appartement loué aux frais de Suna. La douche, à défaut de lui faire le plus grand bien, élimina une couche impressionnante de saleté et de cambouis qu'il retrouva parfois dans des endroits inattendus. En dix minutes, il s'était refait peau neuve, et peut-être que d'ici quelques heures, il pourra en espérer autant de sa vie.

Tout reposait sur Oniri pour la suite. Enfin, pas totalement non plus, lui aussi avait un rôle à jouer dans tout cela, il ne pouvait pas décemment pas tout faire peser sur les épaules de la jeune femme. Volonté et résilience étaient de mise pour l'épreuve qui l'attendait ce soir, laquelle pouvait le conduire dans n'importe quelle direction. Mais il était confiant, comme si ces dernières années passées à lutter seul ne furent au final qu'une préparation pour ce jour. Qu'importe ce qu'il pouvait arriver cette nuit, il ne devait pas reculer, ni laisser la peur le freiner. Toutes ses pistes s'étaient achevées sur des cul-de-sac, il ne lui en restait qu'une. Une qui connaissait le sujet mieux que personne, pour en être aussi elle-même la victime.


« Prête pour la soirée de votre vie ? »
lui demanda-t-il avec un sourire en la rejoignant au lieu convenu.

Elle devait peut-être être aussi terrifiée que lui, et avec autant d’appréhension sur tout ce qu'il pouvait se passer. Mais tout comme lui, elle savait qu'ils se trouvaient au pied du mur, et que pour avancer, ils n'avaient d'autres choix que de prendre des risques.

Faire des paris sur l'avenir était le quotidien de leur métier après tout.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptySam 26 Mar 2016 - 13:40

-La fatigue tout au plus... Cela ira mieux.... Enfin... Bref....

Je secouai vigoureusement la tête de gauche à droite pour me remettre les idées en place, mais aussi pour décrocher mon attention du Bubble-Hand démoniaque. Je passai une main crasseuse sur mon visage crasseux sans prendre le risque de me frotter les yeux. De son côté, après s'être débarbouillé la figure, le Nara m'invita à nous retrouver d'ici une demi-heure. Le temps était enfin venu. Les mots qui suivirent sonnèrent curieusement dans mes oreilles ; Et son sourire qui me semblait honnête fut contagieux aux points où je me surpris à l'imiter.

-Je pense que j'en avais également besoin...

Pour ces deux jours qui indirectement me préparaient à ce sombre avenir auquel je m'étais destiné. Je savais que dans mes moments de doutes il m'arriverait de repenser à outre à ces instants pour retrouver courage.

-Repassez plutôt dans une heure. Il me faudra un peu plus de temps pour mettre en place les préparatifs. Retrouvez-nous devant chez-moi.

Je restai assise dans mon fauteuil sans trouver la force de l'accompagner jusqu'à la sortie, me contentant de le suivre du regard.. Lorsque la porte se referma derrière lui, je gardais l'image de son sourire en tête, pensant alors, que sans m'y être forcé, j'y étais finalement parvenu. J'avais gagné. Pourtant, ce soir, il nous restait encore une grande victoire à remporter. A mesure que les secondes défilaient je sentais la nervosité me gagner. Aussi sans m'attarder davantage j'allais rejoindre la salle de bain en jetant mes vêtements sur le sol en route. J'arrivais entièrement nue dans la cabine de douche et laissai couler l'eau sur mon corps sans prendre la peine de mesurer la température. J'entrepris de me laver rapidement sans pouvoir m'empêcher de penser aux événements futurs. Finalement je m'adossai contre la paroi douche avant de me laisser crouler le long. L'eau continuait de ruisseler et ma longue chevelure immaculée me collait au visage.

A la fatigue venait s'ajouter la tension inhérente à cette épreuve future. L'échec n'était pas une option envisageable. Pourtant j'en venais à craindre les conséquences. Je restai ainsi tel un poids mort laissant peu à peu la vapeur envahir la pièce tandis que j’essayai de recouvrer un tant soit peu de force. Il s'agissait en quelque sorte de la seule façon que j'avais trouvé pour me reposer, à savoir entrer dans un demi état de somnolence. Seulement comme à chaque fois que je relâchai mon attention, mes sens reprenaient le dessus. Et je sentis l'iris de mon œil droit se fendre tout en entendant les voix de deux gardes discuter entre eux à l'autre bout de la rue. Je soupirai longuement, comme pour chercher à relâcher toute la pression qui pesait sur mes épaules en sachant pertinemment que je n'aurai jamais assez de souffle pour y parvenir. Après quoi je me relevai lourdement avant d'entreprendre de me sécher et de me rhabiller. Cette fois-ci j'adoptai ma tenue de Kunoichi, ainsi que tout mon équipement Saibogu, n'était-on jamais assez prudent. Je terminais en nouant mes cheveux en une longue tresse qui je descendis jusqu'au milieu du dos. Faisant face au miroir je ne daignais accorder un regard à la trousse de maquillage qui s'alanguissait depuis des mois et qui, au final, ne servait plus qu'à donner un semblant de réalisme aux lieux.

Une fois prête, je m'empressai de rejoindre le garage afin de récupérer ma moto, de-là j'allais faire halte au Kenkyuujo. Il n'y avait pas grand monde à cette heure-ci. Encore heureux, car je me rendis dans la salle des sceaux en prenant soin d'user de mes techniques de camouflages pour déjouer les différents systèmes de sécurité. Pour ainsi dire ce que je m'apprêtai à faire n'était pas vraiment légal. Les parchemins qui s'y trouvaient étaient exclusivement réservés aux recherches et à rien d'autres. Pourtant cela ne m'empêcha d'être fortement déterminée à en faire un usage détourné. Le temps que je reviennes le Nara était déjà présent à m'attendre devant l'ancien entrepôt. M'arrêtant dans un dérapage je laissai nos regards se croiser. D'un signe de tête je l'invitai à monter sans oser répondre à sa question.

-Allons-y !!

Nous nous mîmes en routes en faisant une halte à la Voie Illusionnée. Après quoi il n'eut plus rien d'autres que le son rugissant du moteur de ma moto fendant les dunes de sables à vive allure. Comme toujours le ciel était parfaitement dégagé, laissant le firmament resplendir au dessus du désert. La lune n'en était qu'à son croissant, tranchant, comme si ce dernier cherchait à fuir vers l'horizon lointain. L'air était à la fois frais et doux. Cette nuit Kaze portait mal son nom et les fins granules de sables restaient passivement à leur place. Comme à quoi fois que je me retrouvai au milieu de ce « nulle part » j'éprouvai l'impression d'être la seule à avancée au cœur d'un monde à l'arrêt. Cette sensation avait quelque chose de réconfortant car elle me donnait l'illusion que plus rien ne pouvait m'arriver. Cela parvint à pondérer mes craintes jusqu'à ce que nous arrivâmes finalement à ce non-lieu situé à près d'une centaine de kilomètre de toute forme de civilisation. Pour résumé, il n'y avait que du sable formant des dunes et ce à perte de vue.

-Cela me semble parfait. Pouvez commencer par vous déshabiller, mais je vous serais gré de gardez votre sous-vêtements. Fis-je tout en coupant le contact.

Une remarque humoristique m'avait traversé l'esprit, mais je savais que je n'aurais pas été en mesure d'y donner le ton. Et puis la situation ne s'y prêtai pas. Qu'importait mes efforts il aurait été impossible de relâcher la tension palpable dans l’atmosphère. Je me contentai donc de garder le silence tout en déployant les compartiment latéraux de mon véhicule dans lesquelles reposaient les quartes imposants parchemins gentiment subtilisés une heure plus tôt. Je déroulai chacun d'eux sur chaque point cardinaux, laissant un petit espace de sable là où se rejoignaient les bandes couvertes de sceaux.

-Placez-vous au centre.

Le ton de ma voix sonnait presque comme un ordre. La vérité était que je n'étais pas foncièrement à mon aise avec la situation. En même temps comment pourrais-je l'être ? Une fois qu'il ce fut exécuté, je sortis un marqueur pour commencer à tracer de nombreux sceaux à même sa peau dont pardessus ses tatouages. Les marques étaient dans la continuités des parchemins.

-Il s'agit d'un système de sceau que les Saibogu utilisent par mesure de sécurité lors de leur expériences. Il s'agit en quelques sortes d'une barrière prévu pour retenir les explosions. Je l'ai modifié de manière à ce qu'elle vous retienne aux cas où...

Au cas où c'était lui exploserait, mais j'estimai qu'il était mal aviser de finir cette phrase. Une fois le travail achevé le Nara se retrouva couverts de marque de la tête au pied. Je composai quelques mudra, posai mes mains sur l'un des parchemins et l'ensemble des sceaux s’illuminèrent pour converger vers le points centrales avant de se répartir sur le sable en une série de quatre cercles concentriques. Il s'agissait d'une technique à usage unique et de nouveaux parchemins devaient être confectionner si l'ont voulait de nouveau en faire usage. Dès lors je me tins face au Nara, prenant une grande inspiration, je laissai mon chakra d'Akuma se déverser dans mes cellules qui se matérialisa sous forme de flamme bleuté sur mon corps. Et comme ces dernières brûlaient ma chair, un nouvel épiderme apparût en dessous dont l'aspect imitait la couleur et les reflet de l’acier. De petites cornes jaillirent de mes tempes et les extrémités de mes mains comme de mes pieds s'ornèrent de griffes chitineuses. Les deux orbites brumeuses qui me servaient d'yeux toisèrent l'homme qui me faisait face.

-Nous pouvons y aller quand vous voulez..

J'attendis son assentiments puis concentrait mon chakra dans l'extrémité de ma griffe que je plantais ensuite dans son front. La suite ne dépendrait pas du hasard, mais de nous.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 29 Mar 2016 - 18:48

Natsuki embarqua sur la moto, les mains posées sur les hanches de la jeune femme pour ne pas se faire éjecter à chaque virage. Oniri connaissait sa route, il la laissa faire dans un silence qui semblait de mise. Alors qu'ils filaient dans le désert, personne ne pipa le moindre mot. La Saibogu était concentrée sur sa route probablement, et Natsuki lui observait le paysage défiler autour d'eux. Une vision qui aurait pu être nostalgique quelque part. Ils avaient tous deux partagés cette même vue la première fois qu'ils s'étaient rencontrés, au Pays des Rizières. Oniri l'avait embarqué sur son bolide, et ensemble, ils avaient avalé les routes de terre sous le couvert des étoiles. C'était cette nuit-là que sur un coup de tête inexplicable, il lui avait montré ce qu'il était, et qu'à sa surprise, avait découvert qu'elle était pareille. Cela avait commencé par un simple compliment sur une paire de gants, pour aujourd'hui se retrouver à se cacher dans le désert afin de mener une expérience aussi insolite qu'hasardeuse sur eux-même. Une expérience qui pouvait mener à tout comme à rien, mais surtout, au pire.

Ils s'arrêtèrent finalement loin de tout, si ce n'est du sable omniprésent dans ce pays. Oniri lui demanda de se déshabiller, et il s'exécuta sans le moindre commentaire ni sourire. L'heure n'était plus à la plaisanterie, l'envie de donner le change avec des traits d'humour encore moins. Il avait les muscles tendu comme du roc, et ne parvenait à contenir son stress que par habitude. Quoi qu'il puisse advenir, il ne reculera de toute façon pas. Il avait comprit depuis longtemps que dans sa situation, il ne pouvait pas avancer sans risque. Il s'était soumit à tout ce qui était connu, sans succès, et n'avait désormais plus que des incertitudes. Plongé dans l'obscurité, et sans savoir où aller, Oniri était devenu la nouvelle lueur pour guider sa route. Quant à savoir si ce chemin était le bon, ou s'il ne fera que se brûler en l'atteignant...

Ses habits laissés sur les sièges de la moto, il croisa les bras sur sa poitrine, et observa la Saibogu s'occuper des préparatifs. Quatre parchemins étaient disposés à même le sable, et comportaient chacun des sceaux d'une complexité telle qu'ils dépassaient très largement ses connaissances. Cela ne fit qu'ajouter une dose non nécessaire de tension dans ses épaules. Il avait conscience des risques qu'il encourait, qu'il faisait encourir. Pour n'importe quelle raison, cela pouvait aussi très bien être un piège. Mais il n'avait pas le choix, sa situation et sa volonté de s'en sortir le poussaient à envisager toutes les opportunités qu'il trouvait, sans considération véritable du danger auquel il s'exposait, ni de leurs conséquences éventuelles. Avancer à tâtons, c'était couler peut-être. Rester sur place, c'était couler sûrement. Cette situation ne lui convenait pas, elle ne lui avait jamais convenu. Le choix était vite fait. Il avait envie de vivre, de profiter de ses repas, de son repos, de sa vie. Que des soirées comme chez Oniri ne soient plus un florival d'émotions simulées, mais une réalité dans laquelle il puisse s'épanouir à nouveau. Il ne perdrait pas grand chose en échouant, sinon un simulacre d'existence passé à lutter pour ne pas sombrer dans la folie destructrice.

Debout au centre des parchemins, les bras le long du corps, il laissa Oniri lui tracer sur la peau de nombreux sceaux similaires à ceux se trouvant à ses pieds. La quantité était impressionnante, et nombre d'entre eux chevauchèrent les tatouages qu'il portait déjà, souvenirs gravés dans la chair du début de sa vie dans un laboratoire. La jeune femme était minutieuse dans ses tracés, qui prirent un très long moment tandis que lui frissonnait sans vêtement dans le froid des nuits du désert. Il savait toutefois que cette préparation était nécessaire. Oniri lui en avait expliqué le fonctionnement habituel de ces sceaux, il espérait que ce soit suffisant. Il mémorisa en tout cas leurs formes et leurs organisations sur les parchemins, dans l'hypothèse où ils pourraient lui servir à nouveau une fois de retour chez lui. Les symboles sur son corps n'étaient trop difficiles à mémoriser non plus, sauf ceux situés là où ses yeux ne pouvaient se poser. La Saibogu était concentrée sur son travail, aussi il n'osait bouger que les yeux, bien que son corps ne demandait qu'à trembler dans un mélange de froid, d’appréhension, et de stress.

Il prêta aussi peu d'attention à ces désagréments qu'il le pouvait, jusqu'à ce que finalement Oniri lui annonce qu'ils allaient pouvoir commencer. D'abord la barrière de sécurité fut activée, laquelle lui réduisit considérablement ses mouvements possible. Aussitôt, l'angoisse grimpa en flèche de la même manière que lorsqu'il se retrouvait attaché dans la salle d'étude d'Iji. Il détestait cette sensation d'impuissance. Puis Oniri se transforma, au cours d'un processus bien moins sanglant et violent que le sien. Il n'en restait pas moins impressionnant, alors qu'elle s'immolait littéralement, sa chair se consumant pour alimenter les flammes. Et avec son nouvel épiderme poussèrent ses armes naturelles dont le potentiel létal se mesurait à la simple vue. Oniri lui avait dit que lorsqu'elle dérapait, ses pulsions ne la rendaient peut-être pas aussi violente que lui, mais elle n'en restait pas moins dans le même registre, avec des accès beaucoup plus pervers, le genre de chasseur qui apprécie longtemps jouer avec sa proie à demi-morte avant d'enfin concéder à lui porter le coup fatal. Laissé comme tel, si la barrière de protection ne fonctionnait pas dans les deux sens, Natsuki était à sa merci à la moindre perte de contrôle...


« Allez-y. »
dit-il sans quitter du regard les orbites blancs de la jeune femme cornue.

Elle avança une griffe vers son visage qui instinctivement produisit une épaisse carapace, mais elle la traversa sans peine, et déversa son chakra à travers son organisme. La sensation, une fois encore, ne lui fut pas inconnu. Tout semblait revenir à cette fameuse nuit aux Pays des Rizières. Sa conscience se déconnecta de la réalité, il plongea à nouveau.

Il n'y eu pas vraiment de transition. Il était juste là, son corps flottant au milieu de nulle part. Mais cette fois-ci, Oniri était avec lui. Silencieux, il l'attrapa par la main, et le monde commença à se construire. Le ciel nocturne se dessina au-dessus de leurs têtes, grêlés d'étoiles et sans nuage, similaire à celui de Kaze qu'ils venaient de quitter. L'océan succéda au firmament, étendu infini aux reflets sombres qu'aucune vague ne troublait. Et à mi-chemin entre les deux pôles, une île siégeait. Composée presque entièrement de sable blanc, sa forme de croissant comptait une fine bande boisée sur son tranchant extérieur. Et au creux de sa révolution se tenait une lagune naturelle. Tirant sans force sur la main d'Oniri, Natsuki la fit le suivre, et flotta doucement jusqu'à l'île où il se posèrent.


« C'est ici que je le garde, et que Cela attend. »
expliqua-t-il d'une voix calme.

Il l'amena au cœur de la lagune, la surface se troublant à aucune de leur pas dessus. Puis le monde commença à basculer lentement autour d'eux. Comme dans une sphère de neige que l'on retourne pour provoquer la neige, le ciel et la mer échangèrent leur place, plongeant le Nara tatoué et la Saibogu balafrée à travers la lagune. L'eau ne montra aucune résistance, aucune densité à leur contact, aucune différence avec l'air libre. Seule une vague de violence presque palpable vint les accueillir. Aucune source, aucune origine où que se pose le regard, seulement une pression presque suffocante qui saisissait à la gorge.

Natsuki resta imperturbable, habitué depuis longtemps à ces sensations, et écarta simplement les bras pour désigner l'abysse qui ne se laissait pas deviner depuis l'extérieur.


« Je ne crois pas être en mesure de faire plus, et Iji n'a jamais été capable d'aller plus loin non plus. La démence est partout ici, et elle a vite fait d'altérer l'esprit. »


Il n'osa pas poser son regard sur Oniri, conscient de ce qu'il lui demandait, et ce à quoi il l'exposait. Bien entendu, la jeune femme était consentante, de la même manière qu'elle ne prenait tous ces risques seulement pour lui. Au fond, il n'était qu'un cobaye destiné à ce qu'elle puisse affûter ses techniques avant de passer aux essaies sur elle-même.

Il le devinait en pleine connaissance de cause, mais cette place lui convenait : il n'avait de toute façon pas mieux.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 5 Avr 2016 - 20:59


En un instant nous nous retrouvâmes à flotter dans l'espace infinie. Et quand il me saisi par la main, je pus sentir le lien se renforcer entre-nous. L'univers défila devant nos yeux. La voûtes célestes fit de nouveau son apparition seulement le désert laissa place à une océan sans fin qui se perdait dans la nuit. Un profond sentiment de sérénité me gagna tandis que nous nous dirigions vers cette île faite de sable servant certainement de refuge à son âme. J'explorai du regard les confins qui nous entouraient. Sans limite j'imaginai qu'une éternité ne serait pas suffisante pour les explorer. Tout était si calme, si reposant. Loin du monde, loin de tout. J'en venais presque à souhaiter me poser sur ce croissant lunaire, y enfouir mes pieds dans le sable et je ne plus jamais le quitter. Seulement quelque chose en moi me disait que c'était pas à faire. Je n'étais pas chez-moi, simplement une invitée que l'on autorisait, part exception, à sillonner ce monde où les chimères et constance de l'âme se côtoyaient avec harmonie.

Ce faisant, je lui adressai un regard auquel il ne répondit pas. Il me vint alors cette question. S'agissait-il de cette personne que j'apprenais à connaître sans jamais être réellement parvenue à faire autre chose que rayer la surface? Était-ce vraiment lui? Cet océan étoilé perdu dans une mer de tranquillité ? Lui qui m'avait toujours semblé si... vide. Je commençai à présent à réaliser l'ampleur et la force des rêves qui l'habitait, ceux-là même qui étaient gâchés par sa malédiction. Pour autant, mon cœur s'allégea à cette pensée. Malgré tout ce qu'il avait pu endurer, toutes ces années éprouver à lutter contres ses démons, il était resté le même au fond de lui à éprouver, à ressentir, à rêver qu'il existait.

Alors le ciel et l'océan s'inversèrent, nous laissant plonger dans sa noirceur immuable sans qu'aucune onde ne vienne briser sa surface. Le changement d'atmosphère fut des plus abruptes. A l'instant même où nous étions plongés dans abysses célestes, j'avais éprouvé un lourd sentiment d'oppression, comme si mon âme flottante s'était soudainement retrouvée prisonnière d'un étaux. Ainsi était-ce à quoi le Nara devait faire face au quotidien. Scrutant les profondeurs je pus desceller que quelque chose trouvait au bout et était effectivement à l'origine de cette aura exultant la calamité. Cette décharge de haine ne demandait qu'à s'exprimer, à se répandre, à tout contrôler, moi y comprise afin de mieux détruire.

C'était exactement comme la dernière fois. La deuxième chose que je redoutai le plus dans cette tentative inespérée était que cette influence néfaste déteigne sur-moi. Hors le simple fait de me tenir face à cette abîme gangrenait ma conscience, en témoignait les infimes taches de corruption qui apparaissaient progressivement sur ma peau. Pour répondre à cette menace je bandai ma volonté, déployant ma lumière qui chassa ces maux. Ce n'était que temporaire, je savais que dans les secondes qui allaient suivre j'allais devoir lutter contres quelques choses d’infiniment plus sombre. Le Nara m'expliqua qu'il n'était jamais allez au-delà auparavant. Autrement dit l'inconnu nous guettait.

-Je le ressens bien. Mais, je sais que je peux nous faire avancer davantage. Je... Coupé dans mon élan, j'expirai lentement avant de reprendre la parole Préparez-vous. Ne me lâchez sous aucun prétexte... A ces mots mes griffes se resserrèrent sur sa main avec fermeté, tant pour accentuer mes dires que pour trouver le courage d'affronter l'inéluctable.

Ma lumière se répandit sur lui pour l'envelopper tel un manteau protecteur tandis que nous élancions à corps perdu au cœur des ténèbres et ce avant que le doute n'en prolonge l'échéance. Ce fut à peu de chose près comme je l'imaginai, mais en bien pire. Je me sentis écrasée par une fureur torrentielle dont la clameur obscure nous hurlait de rebrousser chemin. Nous n'étions pas les bienvenu. Moi la première. Elle nous repoussai d'un mètre en arrière, mais nous avancions de deux. Concentré sur notre chakra, je tentai tant bien que mal de nous frayer un chemin jusque dans les profondeurs. Au fil de notre avancé j'acquis la confirmation que quelques choses se trouvait bel et bien en bas. Ce qui signifiait que ce gouffre avait bel et bien une fin. Et nous y parvînmes au prix de grands efforts. J'étais cependant parvenue à me ménager. Tout du moins dans la mesure du possible. La gangrène me recouvrait désormais de moitié, rongeant et brûlant mon être à petit feu. Je me retrouvais en proie à d’innombrables émotions négatives qui toute, dans leur globalité, m'incitaient à l'abandon.

Mais je continuai de lui tenir la main, faisant rempart, de ma volonté pour préserver la sienne alors que nous touchions finalement le fond. Le déchaînement de rage était-elle qu'il m'était impossible de faire quoique ce soit mit à part de ployer l'échine et de poser un genou à terre pour ne pas finir totalement écrasée par le poids de cet immense fléau. Nous étions les seules lumières en proie à cette sauvagerie sans nom. Et par-là les ténèbres, par-delà les hurlements, nous pûmes l’apercevoir. L'entité noir à l'origine de ce chaos. Sans chercher à se presser, comme cherchant à prendre le temps nécessaire pour savourer la situation, elle s’avança lentement vers-nous.

-Je peux vous protéger, mais c'est à vous de le vaincre ! Criais-je d'une voix étouffée par la tempête.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyLun 11 Avr 2016 - 13:38


Les griffes d'Oniri goutèrent la peau de Natsuki lorsqu'elle resserra sa prise sur sa main. L'énergie sur laquelle elle avait le contrôle se diffusa alors par cette voie dans le corps du Nara tatoué, lui octroyant une aura lumineuse similaire à celle qu'il ne pourra jamais espérer arborer dans l'autre monde. Il avait trop fauté dans sa vie pour mériter une place là haut, et ce bien avant que le mal qu'il hébergeait en lui n'accentue ses ravages. Aujourd'hui toutefois, il allait avoir l'occasion de purger une partie de ses péchés. Non pas pour le salut de son âme, mais pour lui-même. Pour contre tout ce dont il continuera de se battre, et pour ce qu'il ne se battra plus.

Immobile, il se laissa flotter aux côtés d'Oniri dont la poigne le faisait avancer. Étrangement serein, son visage ne reflétait pas la folie destructrice qui les entourait, et les frappait par violentes vagues successives sans répit. L'entrée de ces Abymes étaient son quotidien, et le fond les heures les plus noires de sa folie destructrice. La Saibogu ne pouvait avoir de meilleur exemple que ce qu'elle vivait actuellement, de ce contre quoi Natsuki luttait en permanence pour ne pas sombrer. Sans doute l'aurait-il déjà fait, tout comme elle, sans la protection malheureusement dérisoire qu'elle s'efforçait de maintenir autour d'eux. Elle luttait pour les conduire, cela se voyait, et sur son corps apparaissait les séquelles de cette escapade. Tout comme la première fois, la colère sous sa forme la plus primaire la corrompait et la marquait de ses stigmates.

Tout près, et malgré son apparence impassible, Natsuki traversait les mêmes étapes. Plus il avançait, et plus sa peau se craquelait pour laisser apparaître la substance sombre et rugueuse qui le recouvrait. Sa chair se déchira sous l'aisselle et sur l'épaule, libérant le chemin pour les bras monstrueux qui s'efforçaient de pousser. Toute souillure que ce soit, elle s'arrêta cependant à la moité de son corps, laissant celle reliée à Oniri immaculée. Son visage, pourvu désormais d'un unique bois de cerf en partance de sa tempe, était asymétrique à souhait, si bien que selon le côté où l'on se plaçait pour l'observer, c'était deux personnes complètement différentes que l'on trouvait. L'un exprimait le calme d'un esprit implacable, l'autre reflétait de son œil aveuglé par la haine la volonté de détruire la Vie elle-même.

En réalité, l'esprit de Natsuki n'était rien d'autre qu'une cage de fer enfermant hermétiquement son cœur, protégé de toute atteinte extérieur. Il avait à peine conscience d'être où il se trouvait. Tout reposait sur Oniri pour le conduire au fond de ce gouffre, il était essentiel qu'il se préserve pour la bataille qui l'y attendait. S'il ne s'était jamais aventuré aussi loin, c'était parce que sa volonté était trop faible, trop éreintée par un combat perpétuel, pour s'essayer à vaincre plutôt que résister. Iji sans doute serait parvenu à l'amener jusqu'ici lui aussi, s'il l'avait laissé faire. Mais peut-être qu'inconsciemment, et malgré tout ce à quoi il était prêt pour en finir avec tout cela, une infime part de lui avait toujours retenu le Yamanaka, probablement de peur qu'il finisse comme lui, dévoré par sa propre colère. Moins de remords l'encombraient avec Oniri. Était-ce parce qu'elle était comme lui ? Parce qu'il était pour elle un cobaye plutôt qu'un ami ? Ces deux derniers jours contredisaient beaucoup de choses, mais ce n'était pas le moment pour y penser. Perçant au cœur de la tourmente, la voix de la jeune femme l'appela.

Lentement alors, il releva la tête, comme s'il prenait conscience de son nouvel environnement. C'était le fond. Ou le sommet, selon le point de vue d'un monde qui n'avait plus aucun sens. Et au loin se dessinait la silhouette à l'origine de tout. Une présence dont il avait fait son possible pour l'éloigner de lui pendant près d'une décennie, la repoussant inlassablement dans ses tréfonds pour que jamais elle ne remonte. Créature indomptable qui avait toujours refusé de poser le genou à terre, guettant la moindre opportunité de se libérer des larges chaines qui ne la tempérait qu'à grande peine, aujourd'hui le Nara tatoué ne se tenait qu'à quelques mètres de son plus noir cauchemar.

Le visage fermé et froid, il n'accorda plus le moindre à Oniri. Son regard ne quittait plus la silhouette indistincte au loin. Son pouls battait à en rompre son rompre son cœur, mais sans hésitation, il lâcha la main de la Saibogu, et s'avança à son tour. Elle avait raison sans même avoir besoin de le dire. C'était son combat. Il était temps de le mener.

Le manteau de lumière qui l'entourait perdit rapidement en intensité, et en peu de temps, il perdra probablement en surface aussi. C'était sans importance, il ne convenait pas de remonter autrement que libre. Les deux êtres s'arrêtèrent l'un devant l'autre, et s'observèrent en silence, comme dans une glace. Et c'était ce qu'ils étaient : deux reflets d'une même pièce. La Créature portait les traits de Natsuki, à demi transformée tout comme lui.

« Tu tentes de me bannir de mon propre corps, et maintenant, tu te présentes à moi. Tu as du culot de venir jusqu'ici. »


Natsuki resta interdit devant les paroles de son reflet. Jamais encore il n'avait perçu une pensée aussi claire et construite, sinon la colère, émaner de cela.

« C'est terminé. »
parvint-il à articuler. « Il est temps que tu disparaisses pour de bon. »
« Tu oses me dire cela, alors que c'est toi le parasite? »
gronda mentalement l'être. « Tu t'es approprié mon corps après que j'ai été scellé, tu l'as détourné du but pour lequel Elle lui a insufflé la vie, et maintenant, tu te crois en plus dans ton droit de m'en chasser ? Ton existence à elle seule est une aberration. Tu m'as donné cette forme misérable alors que je n'étais que Volonté. » cracha-t-Il en regardant sa main humaine.

Le simple fait de pouvoir s'exprimer semblait l'agacer au plus au point. Mais doucement, la carapace des deux hommes gagnait du terrain à mesure que la lumière de l'un s'effaçait sous les torrents de haine qui l'assaillaient. Natsuki perdait pied devant ce que l'Autre lui disait. Il s'était imaginé beaucoup de choses sur ce qui l'attendait, mais pas cela, et ce jusqu'à la rencontre en elle-même.

« Qu'est-ce que... »
« Tu n'aurais jamais dû exister. Tu es né de la faiblesse des Hommes quand je me suis retrouvé incapable d'exécuter ce pour quoi Elle m'a crée. »
« ...Elle ? »
« Et maintenant que tu es là, je vais te détruire. »
poursuivit-Il en l'ignorant. « La Grande Guerre qui a motivé ma naissance est peut-être finit, mais pas mon œuvre. Les Hommes que tu défends ont outrepassé leurs droits, et Elle, incapable de faire ce qui est nécessaire pour son bien, m'en a donné le devoir. Aujourd'hui, je me libère de cette forme grotesque, et retrouve les droits qui sont les miens. »

A mesure qu'Il parlait, son corps grandissait et gagnait en masse, devenant pourtant de moins en moins tangible alors qu'Il retrouvait sa véritable forme, celle qu'Il aurait toujours dû avoir : aucune. Il n'était pas un être réfléchit, Il n'était pas crée pour penser. Il était une volonté, une idée, un objectif. Et il était temps qu'Il l'accomplisse.

Natsuki, le corps entièrement consumé par sa métamorphose, se retourna, et jeta un regard de peur panique à Oniri : il s'était préparé à toutes les batailles, sauf celle-ci. Il chargea droit sur Oniri, et la percuta comme s'il cherchait à la plaquer. Ils traversèrent en un instant l'abysse infini, la surface du lagon, le ciel et ses étoiles. La Saibogu se retrouva jetée en arrière dans la réalité. Le Nara tatoué, lui, resta prisonnier de ses sceaux. Ses tatouages brillèrent intensément de leur lueur céruléenne, qui ne fit que s'accroître lorsqu'il commença à se débattre. Son hurlement rageur résonna dans le désert silencieux, provoquant la réaction des marques tracées par Oniri qui se mirent à fumer. Son regard voilé de sang ne laissait aucun doute sur ses intentions, et plus rien ne le retiendra longtemps.

S'il fallait à nouveau sceller la bête comme deux décennies plus tôt, c'était maintenant, ou jamais.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyDim 17 Avr 2016 - 11:50


Le temps allait et venait. L'univers autour de nous perdait de sa constance comme de sa raison. Mon cœur se noyait progressivement dans ce tourbillon de haine, dont la clameur funeste sonnait comme un appel à la destruction. Et ma pauvre âme se retrouvait à ployer sous le poids de cette insistante calamité. Elle me voulait également. Elle me voulait afin de me posséder et ce pour mieux me détruire. Au milieu de cet océan de ténèbres ma lumière s'étiolait. A genoux, les mains posées sur le crâne, j'espérai vainement pouvoir chasser ce mal tandis que, à seulement quelques pas de moi, la rencontre avait lieu. Cette entité... Non plutôt cette volonté cauchemardesque qui se prétendait corrompue par la raison. Un simili du Nara tatoué seulement composé d'ombres et de ressentiment. Je n'avais pas besoin de l'écouter pour l'entendre. Le son de sa voix résonnait en moi comme si elle était issue de mon esprit. Et chacun de ses mots étaient comme une aiguille que l'on m'enfonçait dans les nerfs.

A mesure que les secondes s'écoulaient je sentais ma volonté partir. Je ne parvenais plus à réfléchir, allant même jusqu'à oublier la raison de ma présence ici. Tout n'était plus que souffrance et rancune. Je pouvais le sentir, ce goût amer envers toutes ces choses que la vie avait faite. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises importait peu, seule prévalait cette pulsion meurtrière qui ne demandait qu'à être relâchée. C'était tellement simple Il n'y avait pas à réfléchir. Pourtant... Pourtant elle demeurait enchaînée et ce malgré mon désir ardent d'y céder. Les entraves étaient bien présente, maintenant en cage la progéniture cauchemardesque qui venait de prendre forme en moi. J'éprouvai alors un étrange sentiment, comme si une présence familière se trouvait à mes côtés. Cependant en relevant la tête la dernière chose que je vis fut le Nara foncer sur-moi.

Sans attendre je me retrouvais éjectée de son monde, me ramenant dans la réalité avec autant de confusion qu'après mettre réveillée des suites d'une chute en rêve. Sans réaliser ce qui m'arrivait je fus frappée de plein fouet par une onde qui m'expulsa en arrière sur plusieurs mètres. J'effectuai quelques roulés boulés dans le sable avant de m'échouer sur le ventre. L'air sifflait comme jamais dans mes oreilles. En rouvrant les yeux je fus à même de constater que la zone était plongée dans un véritable chaos. Comme si une tempête s'étaient soudainement levée, des volutes de sables endiablées dansaient en cercle avec comme point centrale le démon cerf ; dont les hurlements étaient à peine étouffés par le tumulte ambiant.

Dès lors je me retrouvais prise face à se déchaînant de fureur, alors que mon corps refusait de bouger sous l'action de la douleur. La corruption s'était également propagée dans la réalité, allant jusqu'à me recouvrir aux trois quarts. Je pouvais le sentir. Ce mal qui rongeait ma chaire comme de l'acide en cherchant à s'étendre toujours plus. J'éprouvais de plus en plus de difficulté à respirer. Chacun de mes muscles étaient crispés à l'extrême, incapable de tenir sur les deux fronts qu'étaient le monde réelle et la lutte interne pour ne pas finir consumée par la sauvagerie. Mon cœur pulsait si violemment dans ma poitrine que cela en devenait douloureux. Prise de vertige, je me sentais partir, encore une fois. Je savais qu'en l'état tout était perdu. Pour autant, je ne voulais pas que deux monstres voient le jour des suites de cette confrontation. Nous étions des êtres vivants à part entière. Nous avions le droit de vivre. Non... Tel était notre devoir.

« S'il te plaît... Je veux l'aider...  »

Je ne pouvais y arriver seul. Je ne pouvais combattre deux ennemis à la fois. Alors il fallait que quelqu'un se charge de l'un d'eux. Comme elle l'avait fait précédement en muselant cet embryons de haine, je voulais que Soma se charge d'une partie du problème. Si ma propre volonté n'était pas suffisante je savais que je pouvais compter sur la sienne. Si elle était-là. Si elle avait renoncée à sa propre existence, c'était pour me rendre plus forte afin que je puisse vivre en retour. Et j'étais prête à mettre tout ceci en jeux afin de pouvoir l'aider. J'avais toujours eu conscience des risques encourus. Je savais qu'en m'exposant à ce mal ce dernier risquait de me détruire. Mais cela ne m'effrayait pas.

J'avais depuis longtemps cessé d'avoir peur à partir du jour où j'avais compris que je n'étais plus seule. Et soudainement, comme si cette pensée avait suffit à la sollicité, je sentis de nouveau sa présence s'élever pour faire rempart entre-moi et le déluge d'ombres. La corruption arrêta alors de se propager, se contentant de grignoter les parcelles de mon corps déjà conquises. La douleur était omniprésente, mais je n'avais plus à la gérer. Alors mes griffes labourèrent le sable comme pour chercher à prendre appuie dessus. Toute tremblante, je parvins à me relever. La tempête s'était décuplée au point où il m'était impossible de voir à plus d'un mètre devant-moi. Le dos voûté, mon bras servant de refuge à mon visage, je commençai à avancer lourdement en me fiant uniquement au chakra du Nara.

Je n'avais que quelques mètres à franchir pourtant cela parut me prendre plusieurs longues minutes. La bête hurlait de tout son saoul tout en cherchant à s'extraire du joug des sceaux qui un à un prenait feu. Je composai une série de mudra avant de plaquer mes paumes dessus. Les marques jusqu'alors disposées en cercle concentrique autours du Nara tatoué se resserrent sur-lui. Dans le même temps je sentis mes réserves de chakra fondre comme neige au soleil. Néanmoins cela eu l'effet escompté et le démon se retrouva totalement immobilisé bien que les vents continuaient de se déchaîner tout autour. Je ne pouvais cependant m'arrêter-là. Je savais qu'il avait besoin d'aide. Je savais qu'il me fallait le rejoindre. Alors que mes forces m'abandonnaient un peu plus à chaque seconde, que l'inconscience me guettai, je rassemblai le peu qui me restai pour parvenir à m'accrocher en passant mes bras autour de sa nuque. Je me cramponnai alors à lui en dépit des éléments qui ébranlaient la terre et le ciel. C'était difficile à croire.. Moi qui croyais ne plus jamais en mesure de m'attacher à quelqu'un... Cet homme sorti de nul part était parvenu à me prouver le contraire.

Et sans plus attendre mes griffes se posèrent dans son dos, perforant avec violence sa carapace jusqu'à venir se loger dans sa chaire. Dans la seconde qui suivit je me retrouvais à faire de nouveau le voyage. Cette fois-ci en solitaire et sans m'attarder sur l'émerveillement de ce monde lointain. Parvenue à la hauteur de la lagune je plongeai sans la moindre hésitation vers le cœur des abysses. A nouveau cette sensation d'écrasement. J'avais pourtant l'impression que cette dernière était moindre comparé à tout ce par quoi je venais passer. Le voyage me parut également plus court. En arrivant au fond j'aperçus finalement le Nara en proie à cette décharge de sauvagerie incessante. Son double avait perdu de sa consistance pour mieux l'assaillir de toute part. J'arrivais alors, à l'image d'un éclaire, pour m'interposer. La lumière ainsi que les marques sombres se mêlaient à présent sur mon corps comme s'il s'agissait de tracés peints à la main.

-Natsuki vous devez comprendre. Il a peur de vous... Il en a toujours été ainsi. Cela n'a jamais été à sens unique. Vous avez toujours exercé cette influence sur lui. C'est en autre ce qui lui à donné conféré cette conscience. Et plus que jamais il redoutait cette rencontre.

A peine avaient-ils été chassé que les ténèbres revenaient à la charge, mais cette fois-ci en se dressant tel un vertigineux rempart tout autour de nous. Instinctivement nous nous plaçâmes dos à dos, comme pour anticiper une éventuelle attaque venue de toutes les directions.

-Il est peut-être votre cauchemar, mais vous êtes également le sien. Vous vouliez être libre ? Vous rêviez d'une vie ? Alors sachez qu'elle vous attend là haut. Mais qu'avant il vous faudra le vaincre.

Et a ces mots mes griffes entrelacèrent ses doigts. Seulement, cette fois-ci, c'était pour lui prodiguer autre chose qu'une protection.

-Je vous aiderai. Cette nuit sera marqué comme celle de votre première grande victoire sur lui.


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Dim 24 Avr 2016 - 20:47, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 19 Avr 2016 - 18:16

Il n'y avait plus rien, sinon l'obscurité absolue, et le hurlement d'un vent déchaîné. Recroquevillé sur lui-même, la tête enfouie dans ses genoux, un petit garçon tremblait de terreur au milieu de cet enfer. Seul rempart entre lui et le chaos environnant, une bulle se dressait et l'enveloppait, vestige d'une volonté persistante qui ne tardera pas à se briser sous les assauts répétés qui la harcelaient. Les fissures à sa surface se propageaient, toujours plus étendues à mesure que le temps ici inexistant s'égrainait. A quoi bon résister de toute façon ? L'emporter n'était pas possible, il n'y avait que la souffrance en résistant pour prolonger l'instant avant l'inévitable. Tôt ou tard, il allait succomber, alors pourquoi attendre ? Pourquoi pas maintenant ? Qu'est-ce qu'un enfant pouvait comprendre à la douleur après tout ? L'essentiel était qu'elle cesse, et son salut se tenait de l'autre côté de cette barrière. Le torrent qui se fracassait contre emportera probablement tout lorsqu'il la brisera. Peine, douleur, et existence...

Lorsque sa protection vola finalement en éclat, il ne bougea pas, resserrant simplement sa prise sur ses tibias par appréhension. Mais rien ne vint, rien de changea. Sa tête se releva doucement, et ses yeux tombèrent sur l'éclair qui illumina les ténèbres. Oniri était revenue. La lumière dérisoire qui émanait d'elle offrait enfin un reflet à ce qui se cachait dans l'obscurité, laissant entrevoir les courants de haines déferlants autour d'eux.


« Pourquoi êtes-vous revenu ? »
articula l'enfant sans croire à ce qu'il voyait.

Un court répit de plus, mais à quoi bon ? Il secoua la tête de gauche à droite, résigné.


« Cela ne sert à rien de lutter Oniri. J'aurai dû le savoir depuis le début. Il n'y rien qui m'attend au bout. Pas pour quelqu'un qui n'aurait jamais dû exister. J'ai... Je suis né simplement pour combler un vide dans un corps scellé. Je ne peux pas gagner, ni coexister, seulement repousser l'échéance, et disparaître. »


Les doigts d'Oniri étaient chauds dans sa main, une chaleur que l'on n'espérait pas trouver ici. En les sentant se serrer contre sa paume, il retrouva un peu d'assurance. La Saibogu l'avait épaulé depuis qu'il l'avait mit dans le secret, et ce malgré les différends qu'ils avaient eu. Avec elle, il avait réalisé qu'il n'était pas seul devant l'inconnu, qu'il était possible à tâtons de chercher des solutions. Iji lui avait offert la force de se relever, Oniri celle de poursuivre. Ce n'était que des chimères en définitif, un objectif irréalisable, mais ce qu'ils avaient tous deux fait pour lui était bien réel. Jusqu'au bout, ils n'auront fait au final qu'une seule erreur, la même que lui : croire qu'il pouvait réussir. L'on ne peut pas effrayer ce qui ne connait pas la peur, pas plus que l'on peut vaincre ce qui ne peut être détruit ou entravé.

Et cela, il ne l'avait comprit que trop tard. Toutes ces années à lutter et à croire qu'il y aura un bout à ce tunnel pour se faire finalement écraser par une vérité : celle qu'il est réellement, celle qui allait l'engloutir aujourd'hui. Plus d'échappatoire possible, et Oniri qui dans son erreur se condamnait avec lui. A un degré pareil, pouvait-il encore croire que les actes de cette dernière étaient désintéressés, ou bien était-elle aussi désespérée que lui de s'en sortir ? C'était sans importance, les réponses telles qu'elles soient disparaitraient avec eux ici.

Sa main serra un peu plus fort les doigts griffus de la Saibogu. Autour d'eux le cauchemar battait de son plein, tempête inlassable qui cherchait à déborder la défense d'Oniri, mais le petit garçon n'avait désormais plus peur. La femme à ses côtés avait chassé ses craintes, et conforté sa résolution. L'issue était certaine, inflexible, mais il avait encore le pouvoir de choisir. Il hocha la tête.


« Vous avez raison, Oniri. Ensemble, c'est peut-être possible. »


D'un geste fluide, il se dégagea de la prise de la Saibogu, et bondit. Sans résister, il se laissa porter par le courant qui le souleva à quelques mètres au-dessus de la jeune femme. Pieds joints et bras écartés, il s'abandonna complètement à cette lutte qui durait depuis trop longtemps. Contrairement aux ombres s'agitant sous la danse des flammes, les ténèbres révélées par la lumière d'Oniri n'eurent qu'un geste : celui de converger vers le dernier chaînon qui les retenait de la liberté.

Il ne chercha pas à se défendre, ni à les repousser. Au contraire, il les accepta. Les lames invisibles filèrent dans sa direction, et le lacérèrent de toutes parts. Lui y resta parfaitement stoïque malgré les gerbes de sang qui fusèrent. La poitrine bombée, il abaissa les mains et leva le menton. Les ombres accentuèrent leurs assauts, jusqu'à se concentrer devant lui dans un coup décisif. Ce n'est qu'alors que lui banda sa volonté une ultime fois, et plia le torrent rageur juste avant son impact. L'action sembla se figer dans l'instant, et calmement, il porta ses deux mains en coupe devant lui. Les courants y convergèrent en tourbillon. La réalité dans laquelle il était commença à se distendre à mesure que les filaments qui la composaient se condensaient devant lui. Dire qu'il lui aura fallu attendre qu'Oniri et sa capacité de contrôler ainsi les énergies en abreuve tout son corps pour qu'il parvienne à cela. Elle lui avait promit la délivrance, et son don allait la lui offrir.

La sphère continuait de grossir, zébrant de nervures sombres les mains qui la soutenaient. C'est sans crainte qu'il se laissa envahir lorsque les courants devinrent des volutes qui le pénétrèrent par la bouche et les yeux. Son visage se révulsa en arrière, et la corruption le gagna. Une défaite cuisante, mais attendue. Espérée même, car une fois le tourbillon entièrement fondu, l'Entité se retrouva brièvement prisonnière de l'être qu'Elle cherchait à détruire de l'intérieur. Il était peut-être voué à disparaître, mais en aucun cas il n'autoriserait l'Autre à ravager le monde qu'il avait apprit à aimer et pour lequel il s'était battu.


« Oniri ! »
hurla-t-il d'une voix caverneuse qui n'était pas la sienne. « Finissons en ! Achevez-moi ! »

Sa peau rougissait, virant en peu de temps au cramoisi à mesure qu'il contenait le mal le rongeant dans sa chair. Mais il arrivait à sa limite, et consumé par la rage ardente, la fin de son histoire l'appelait. Finalement, il aura laissé la tâche ingrate à Oniri jusqu'au bout. C'était son combat, et malgré cela, c'était la jeune femme qui se retrouvait à en écrire la dernière page. L'ultime coup pour en finir avec ce qui avait depuis trop longtemps duré.

Aujourd'hui, La Saibogu pouvait lui apporter la grande victoire promise, et bien plus encore : la délivrance.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyDim 24 Avr 2016 - 22:46

Ce n'était plus un homme, mais un enfant apeuré qui se tenait à mes côtés. Résigné qu'il était le voici qui se lamentait sur un destin une fois de plus similaire au mien. Nos existences ayant été façonnées par la main de l'homme, elles transgressaient à elles seules les lois de la nature.

-Et alors qu'est-ce que cela peut faire ? Contrairement à toutes choses nous sommes nés sans avoir notre place dans ce monde. Pourtant j'ai pus constater par moi-même que vous avez su créer la votre. Vous avez un passé, une histoire, une famille et des amis. Qu'importe le motif de votre naissance, vous avez gagnez le droit d'exister en devenant une personne à part entière. Vous êtes Nara Natsuki et vous êtes cette personne que j'ai décidé d'aider.

Que ces derniers jours n'aient été fait que de faux semblants, ces moments passés ensembles avaient bel et bien existé et demeuraient dans nos mémoires. Rendu aveugle par sa maladie il était devenu incapable de réaliser tout ce qu'il avait accomplit jusqu'à présent. S'il estimait ne pas exister c'était uniquement aux yeux d'une personne, à savoir lui-même. Mais il aurait tout le temps de le réaliser plus tard, une fois que nous en aurions terminé avec ces démons. Ma persévérance sembla donner fruit lorsqu'il concéda à vouloir lutter à mes côtés, seulement ce dernier s'empressa de pourrir lorsqu'il se déroba de ma main pour aller se noyer dans les ténèbres.

Ainsi n'eus-je plus qu'à contempler la scène, en écarquillant les yeux d'effrois. Lorsque l’atmosphère commença à s'alléger autour de nous je compris finalement ses intentions. Le torrent de haine s'engouffra en-lui sans se douter que son hôte allait se transformer en prison. Alors l'univers commença à se distordre tout autour de nous. Ployant sous la force de la volonté de son propriétaire, le peu de repère qu'il me restait vola en éclat, suite à quoi il ne resta plus que le vide dans sa plus pure neutralité. Le mal s'en était allé, ne laissant plus que les deux protagonistes que nous étions face à face. Je crus sentir mon cœur louper un battement lorsque l'enfant Nara me demanda d'en finir avec tout ce que ceci sous entendait.

Sans doute était-ce trop tard pour réaliser l'ampleur de son désespoir, mais cela arriva à cet instant. Toutes ces années passer à lutter, tous ses échecs ainsi que ses brèves victoires avait finit par user son âme ainsi que sa volonté. Que pouvait-donc faire une lame émousser si ce ne fut renoncer à se battre ? Cette vérité me glaça le sang. Ainsi tout était perdu ? Avait-il lutter, et souffert durant si longtemps pour en arriver-là ? Finir réduit à néant de ma main ? Étais-ce un destin similaire qui m'attendait ? J'eus beau retourner la situation dans tous les sens, je ne voyais plus aucune perspective à partir de l'instant où il s'était adonné aux ténèbres. Alors mécaniquement, je levais ma paume sertie de griffe vers l'avant. Des flammes faites de lumières et d'ombres se formèrent à l'intérieur. Matérialisation de ma force vitale, comme de ma volonté je savais qu'une simple frappe serait suffisante pour anéantir l'âme déjà tellement affaibli de Natsuki.

Je lui adressai un regard empli de peine et d'amertume, celle-là même qui me nouait la gorge. Il l'ignorerait, mais je lui en voudrais toujours pour m'avoir demandé cela. Cependant, je savais qu'il me reprocherai tout autant de ne pas avoir accédé à sa requête car, d'un geste ferme, j'écrasai entre mes griffes ces flammes qui lui étaient destinés.

-Cessez-donc de ne penser qu'à vous-même...

Ces mots furent si glacial que je crus qu'ils n'étaient pas de moi.

-Je refuse votre reddition... Et j'en assumerai entièrement les conséquences. Je sais d'expérience qu'une âme ne peut jamais être totalement détruite... Quoiqu'il arrive... je vous ramènerai. Dis-je en lui adressant un regard déterminé.

Je parlais, mais cette décision était autant mu par un profond sentiment d'empathie que d'égoïsme personnel. Parce que être ami ne signifiait pas toujours aller dans le même sens qu'autrui. Parfois, pour son propre bien, il fallait savoir aller contre la volonté de ce dernier. Lui qui avait tant lutté, tant souffert, avait le droit au repos, avait le droit que l'on porte son fardeau à sa place. Mais la défaite lui était interdite, car il ne réalisait pas tous ceux qu'il laisserait derrière lui. Et pour ce qui était de ma part d'égoïsme pure... Je ne voulais pas être responsable de cela, pas plus que je ne voulais le laisser partir. Aussi quelque part il me renvoyait une énième fois à moi-même. Je pensais que s'il échouait à vivre, j'étais également vouée à suivre sa trace.

-Si ce n'est pas aujourd'hui ce sera un autre jour.

Tourna ma paume face à mon visage, je pliais machinalement mes griffes, pensive, me prépara à ma prochaine action.

-Accordez-moi un peu de temps...

J'envoyais alors ma main fendre l'air à l'horizontal. Dans la réalité, se fut mon bras couvert de chakra Raiton qui lui perfora la poitrine, faisant craquer ses côtes, frôlant sa colonne vertébrale avant de ressortir par son dos. Le sang éclata autour de nous ainsi que sur mon corps maculé d'estampes aux variantes lumineuses et obscures. Dans mon élan j'étais tout de même parvenue à épargner ses points vitaux. Et à cet instant où la foudre cumulée crissait comme le chant de mille oiseau, les sifflements de la tempête quant à eux se faisant de plus en plus discret. J'atteignais moi-même ma limite, pourtant sans chercher me soucier de ce qu'il pourrait advenir de moi, j'envoyais tout le chakra qu'il me restait vers mon bras pour le transformer en raiton. Dès lors c'était un véritable déchaînement d'éclaire qui prenait forme aussi bien à l'intérieur du démon qu'autour de nous.

-C'est à vous que je m'adresse. Oui vous, cette créature doté de conscience. Je vous ordonne de le relâcher dès cet instant et de retourner à votre place dans les profondeurs.

Nos deux esprits communiaient encore. Je savais qu'il pouvait m'entendre. Et il savait jusqu'où j'étais prête à aller.

-Si vous ne le faite pas alors je vous tuerai tous les deux...

De loin il n'était plus qu'une fureur éclatante, dont les flash déchiraient la nuit au beau milieu du désert.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 26 Avr 2016 - 15:33

Au cœur d'un néant absolu, un enfant sentait sa conscience s'effriter. Ronger par les flammes d'une rage absolue depuis le cœur, à l'image d'une feuille touchée par des braises, il se consumait. Sa peau devenue incandescente s'embrasa brusquement, et le noya dans un torrent de feu. La dernière sensation qu'il perçu avant de s'éteindre fut un picotement dans la poitrine. Il ne lui apporta aucun soulagement.

Il n'y avait rien après. Ni ténèbres ni obscurité, ni agonie ni personne pour l'y attendre. Le temps et l'espace n'existaient pas, pas plus que lui-même. Aucune pensée, aucune possibilité, il était simplement effacé. Tout ce qu'il a été, tout ce qu'il a accomplit, tout ce qu'il espérait n'étaient plus que des souvenirs dans le cœurs et la mémoire de ceux qu'il avait rencontré de son vivant. La mort n'était ni plus ni moins que cela. Une fin abrupte, parfois désirée, parfois imposée. Il n'était même pas capable de décider celle qui s'appliquait à lui, ou de s'en rappeler.

Quelque part au loin, à des milliers de kilomètres de là peut-être, grondaient les échos d'une tempête. Ce n'était que de faibles murmures, sortit probablement de l'imaginaire, rien de plus. Le son du vent lui était bien réel. Il caressait doucement ses cheveux, tandis que les légères vagues de la mer soupiraient leur mélodie lente et régulière à ses oreilles. Le sable blanc restait froid sous ses doigts. Depuis combien de temps était-il assit ici, le regard perdu vers un horizon obscur où seule une lune pâle brillait ? Il avait l'impression d'avoir toujours été sur cette plage, sans avant ni après. Aucun souvenir, aucun avenir, seulement un moment présent. Et pourtant, aucune question ne se bousculait à son esprit. Au contraire, il l'avait clair, lisse, sans la moindre pensée parasite. Il se sentait serein.

Spoiler:

Doucement, il ferma les yeux, et inspira l'air marin. Le sel lui piquait le nez, une sensation qui n'avait rien de nostalgique, mais qui était loin d'être désagréable. Le chant des vagues était d'ailleurs encore plus doux ainsi, lorsqu'il s'abandonnait à ses autres sens. Il ne remarqua le léger crissement du sable sous des pas que lorsque ces derniers s'arrêtèrent près de lui. Sans s'inquiéter ni se presser, il ouvrit les yeux, et observa encore un peu cet horizon fixe où la lune et la mer flirtaient. A ses côtés, un enfant attendait, assit et silencieux tout comme lui, sur un étrange rocher.


« La vue est plutôt belle, non ? »
demanda le jeune garçon.

Il resta un moment, le regard glissant sur les milles reflets des vagues


« Je ne sais pas. »
finit-il par répondre. « Je n'ai jamais rien connu d'autre. Mais... Je pense que je pourrai rester encore ici un moment. »

Le flux de la mer avait quelque chose d'envoûtant, comme si sa danse éternelle suffisait à capter le regard sans jamais le lasser.


« Ce n'est pas vraiment ta place pourtant. »


Il haussa les épaules. Quelle importance ? Il ne connaissait rien d'autre que cette plage et son océan perdu. Il ne semblait y avoir que cela où que le regard se perde, et n'importe comment, le besoin de bouger ne lui traversait même pas l'esprit.


« Te souviens-tu de ton nom au moins ? »


La question tourna un moment dans son esprit. S'en souvenait-il ? Les vagues continuaient de lui murmurer leur mélopée, dont les notes guidaient le fil de sa pensée, mais il ne trouva rien au bout. Beaucoup d'informations lui manquaient, et pourtant, il ne s'en inquiétait pas, il ne se questionnait pas. Il ne ressentait aucun besoin de le faire.


« Non, je l'ignore. Est-ce important ? »


A ses yeux, cela ne l'était pas. Cela ne l'avançait à rien, il n'en voyait pas l'intérêt.


« Cela dépend de toi. Les souvenirs oubliés ont-ils toujours de l'importance ? Ou bien les perdre est sans gravité, puisque l'on ne s'en souvient plus. »


Pouvait-il souffrir des fragments sombrés de sa mémoire ? Il porta une main à son cœur, et en écouta le battement. Il ne ressentait rien. Ni angoisse ni appréhension, ni douleur ni désir. La réponse se trouvait ici, exposée à nue.


« Non, ce ne l'est pas. »
répondit-il finalement sans l'ombre d'un doute, ni d'une certitude.

C'était un fait qui s'imposait, rien de plus. A l'image du vent frais qui soufflait doucement sur leur visage, apportant avec lui les arômes de l'océan. Sans origine ni destination, il ne faisait que passer, portant avec lui ce qui se laisser entrainer dans ses courants. Peut-être est-ce avec lui qu'une idée finit par germer.


« Et toi, qu'est-ce qui t'a amené ici ? »


Ce fut sa première question. La première fois peut-être qu'une réponse était attendue, dont l'intérêt naissant était suffisant pour qu'il la pose. L'océan entonna inlassablement le même chant, et transforma l'attente en une agréable interlude.


« Je suis venu trouver quelqu'un qui m'attendait. »
répondit-il finalement, comme s'il avait longtemps pesé ses mots avant de les choisir. « Cela te dérange si je reste avec toi un moment ?  »

Il ne voyait pas de raison de refuser. L'enfant se contenta alors de sourire en coin, prenant le silence de leur conversation pour un oui.


« Il y a eu une bataille là-bas. »
annonça-t-il en pointant l'océan du doigt.

Mais aussi loin que se porte son regard, l'horizon et son au-delà ne laissaient entrevoir rien d'autre que l'union du ciel et des flots. Les murmures s'étaient tut.


« Ce fut âpre. Des gens ont souffert, d'autres ont abandonné. »
poursuivit l'enfant depuis son rocher.

Il l'écouta d'une oreille distraite, sans savoir où le jeune garçon voulait en venir, ni chercher à le comprendre. Il l'écouta tout simplement, tout comme il entendait les vagues.


« Mais il ne pouvait y avoir qu'une seule issue. Certains l'ont accepté, d'autres ont refusé de s'y résigner. Ils se sont battu jusqu'au bout pour ceux en quoi ils croyaient, refusant de plier le genou devant les faits accomplis. Ce sont eux qui ont payé le plus lourd tribu à la fin. Celui de leur courage, celui de leur foi, et celui de lâcheté d'autrui. Ce qui a commencé dans le sang semblait voué à ne pouvoir finir autrement que dans le sang aussi... … … Cette histoire ne te dit rien ? »
demanda-t-il après un moment.
« Non, rien. »
répondit-il sans faire l'effort d'y réfléchir.
« C'est pourtant la tienne, Natsuki. »


Il y eu un battement. Natsuki. C'était son nom. C'était son identité. Ce qu'il ignorait un instant avant encore s'imposa comme une certitude gravé en son cœur. Un battement qui parti à la recherche des souvenirs qui l'entouraient, les faisant remonter encore et encore à la surface, tissant une toile disparate dont les anneaux devinrent des chaines. Chaque appel trouvait réponse, et continuait de poursuivre, de s'étendre pour en raviver d'autres. Une avalanche de fragments mémoriels s'abattit, les laissant tourbillonner dans son esprit qui se noyait sous la masse. Natsuki tomba en arrière, suffocant.

Le jeune garçon quitta son rocher, et se tint debout, près de lui. Un garçon qui avait les mêmes traits que lui, pourvu que l'on fasse abstraction des tatouages qu'il n'avait pas. Il ne fit aucun geste pour le secourir, et le dévisagea, tout simplement, comme s'il s'attendait à ce qui arrivait au Nara tatoué.


« Les batailles ne se gagnent pas sans sacrifice. Pour gagner, tu dois accepter de renoncer et de perdre. Aujourd'hui, tu as baissé les bras, et tu as renoncé à l'avenir. Mais c'était nécessaire pour avancer. Tu as fais ce qu'il fallait non pas pour fuir, mais pour t'accepter, qu'importe comment cela finirait. Et c'est pourquoi je suis là. »


La poitrine de Natsuki se souleva du sol, le cambrant alors qu'il peinait à respirer.


« Les batailles ne se gagnent pas sans sacrifice, c'est vrai. Mais quoi que tu ais à offrir, le prix à payer n'est pas toujours celui que tu attends. Ton combat n'est pas encore fini... »


Le corps de l'enfant commença à se désagréger, comme du sable soufflé par le vent.


« ... alors ne rends pas vain tout ce qui a été fait pour toi jusqu'à maintenant.  »


Le monde bascula, et s'éteignit...

Ce furent les étoiles qu'il rencontra en premier en ouvrant les yeux. Le ciel nocturne de Suna attendait au-dessus de lui, impénétrable. La douleur ne vint qu'après, achevant d'éveiller ses sens. Elle lui lacérait la poitrine, irradiant à travers sa colonne vertébrale jusqu'à exploser dans son dos. Il lâcha un grognement en tentant de se lever, mais ses membres étaient terriblement lourds. Sa tête se pencha vers l'avant, et il se découvrit à demi-enseveli dans le sable. Seul son visage et la moité de son épaule droite émergeaient. Tout autour de lui, un gigantesque cratère dont il était le point central voyait progressivement son sable s'écouler le long des parois.

Il grogna encore sous l'effort, et commença par dégager son bras libre, lequel creusa pour l'aider à extirper le reste. Ce n'est qu'alors qu'il remarqua l'épaisse carapace sombre qui barrait sa poitrine, comme si elle cherchait à recouvrir quelque chose. La douleur qui le lançait était celle d'une blessure, il le devinait. Comment il l'avait eu par contre, il n'en trouvait pas la moindre trace de souvenir...

Il rampa hors de son trou, et parvint à s'extraire du cratère après de nombreux efforts. Le désert qui s'étendait tout autour de lui semblait avoir été ravagé par une tempête comme il n'en avait jamais connu. Les jambes chancelantes, il se redressa. Il se sentait faible, vidé, comme s'il avait perdu une part de lui-même. Le front en sueur, il l'épongea d'un revers de la main, avant d'observer ses doigts comme s'il les découvrait pour la première fois. La rage qui bouillonnait en lui, elle semblait si loin... Il se sentait... mieux. Était-ce cela qu'il sentait lui manquer, après avoir vécu tant de temps avec ? Il y avait tant de chose avec lesquelles il pourra le remplir, se sentir à nouveau complet et...

Oniri.

Le nom de la jeune femme le frappa en plein visage. Soudainement, il réalisa qu'il ne la voyait plus, alors qu'elle aurait dû être là. Frénétiquement, il commença à balayer les environs des yeux, à la recherche de la Saibogu qu'il n'apercevait nulle part.


« Oniri ! »
rugit-il en ne cessant de s'activer du mieux qu'il le pouvait pour la retrouver.

Elle ne pouvait décemment pas être loin...
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 3 Mai 2016 - 11:35

Je me sentais vidée de toute mes forces. Mon corps ne réagissait plus. Mes membres étaient si lourds au point où tout geste me semblait impossible. Pourtant, en dépit de cet état précaire, mon âme se voyait être le théâtre d'un champ de bataille enflammé. De nombreux éléments s'agitaient en-moi, s'entrechoquaient, fusionnaient avant de se diviser pour répéter ce cycle inlassablement. Je me sentais bouillonner de l'intérieur, et ce déluge captait toute mon attention. Je n'étais plus pensée, je n'étais plus volonté, je n'étais que sensations et émotions. La paix et l'amour, faisant face à une rage déraisonné. Pourtant ces éléments ne tardèrent pas à s'équilibrer entre eux, comme s'ils étaient finalement parvenu à trouver un terrain d'entente. Alors le remous déchaînés de ces vagues faites d'or et d'argent commencèrent à se stabiliser pour prendre la forme d'un paisible ruisseau glissant en direction des espaces infinies de mon esprit. Cette énergie coula en-moi, me fit l'effet d'une décharge qui remit tous les mécanismes de ma pensée et de mon corps en marche. Je fus prise d'un soubresaut. L'air remplit soudainement mes poumons à l'instant où je sentis mon cœur battre à nouveau. Mes paupières s'ouvrirent lentement.

J'étais perdue, incapable de comprendre où est-ce que je me trouvais ni ce que je faisais ici. Mes pensées demeuraient confuses, brouillées par les nombreuses informations envoyées par ma constitutions fébriles. Ma chair me brûlait de part en part. J'avais l'impression que mes os s'étaient transformés en verre, prêt à céder sous mon propre poids. Il faisait froid, terriblement froid, mais il ne s'agissait qu'une des nombreuses raisons qui me poussaient à trembler. J'expirai subitement, l'oxygène lui-même était devenu un fardeau trop lourd à porter. Incapable de penser où d'agir, je me contentai donc de rester là à attendre que tout ceci passe. Les minutes s'écoulèrent, mais cela perdura. A défaut d'aller mieux, j'appris à supporter mes maux ce qui me permit de recentrer mes pensées. Les souvenirs revinrent peu à peu. D'abord ma bride, quelques images que je parvenais difficilement à tirer du fond de ma mémoire, jusqu'à réussir à extraire le bon élément qui m'envoya brutalement toute ma structure mémorielle à la figure. Je me rappelai du Nara, de sa résignation, mais aussi de ce que j'avais tenté pour-lui. Dès cet instant la confusion s'évapora pour laisser place à des idées claires. A présent que je possédai un objectif, il m'était possible de faire converger mes dernières forces vers ce dernier.

Mes griffes labourèrent le sable à la recherche d'espérée d'une prise à laquelle me tenir. Mes muscles agissaient uniquement par mécanismes, obéissant bêtement aux ordres transmis par mes nerfs qui faisaient tous le travail. De mon corps je ne ressentais plus rien si ce ne fut la douleur. Je parvins finalement à prendre appuie pour me redresser, chassant par l'occasion l'épaisse couche de sable qui me recouvrait. Je restai ainsi prostrée de longues secondes, laissant à mes sens le loisir de reprendre leur place pour me permettre d'analyser l'environnement qui m'entourait. Le désert était ravagé et n'avait plus rien avoir avec ce qu'il fut dans mes derniers souvenirs. Aussi loin que se portait ma vue se trouvait uniquement d'innombrables monticules sableux exposés de façon si chaotique qu'elles n'auraient put être le fruit de mère nature. Je me demandai alors où est-ce que pouvait se trouver le Nara, sachant qu'il m'était impossible d'user de mes facultés sensorielles en l'état. En d'autres circonstances, je me serais certainement laissée échoir à même le sable dans l'espoir de recouvrer mes forces, mais mon inquiétude à son égard me poussait à agir. A dire vrai il s'agissait de la seule motivation qui me gardait consciente.

Alors je fis ce que je devais faire, à savoir me redresser en tremblant de tout mon être. Parvenue à ma hauteur un vertige me saisi que je parvins rapidement à chasser. J'avançai ensuite pas à pas, les jambes chancelantes en laissant des empreintes griffues sur le sable dans mon sillage. Chacun de mes gestes étaient lents accompagnés d'une certaine lourdeur, mais je parvins à trouver mon rythme. Et les minutes s'écoulèrent dans le plus pur des silences, si ce ne fut parfois les murmures de la brise qui venait siffler dans mes oreilles. Des frissons glacés ne cessaient de me courir le long de l'échines. J'ignorai où j'allais jusqu'à ce qu'un écho lointain, appelant mon nom, finisse par me parvenir. Mon cœur sauta un battement lorsque je reconnu cette voix si bien que mes lèvres s'étirèrent pour former un imperceptible sourire. Me sachant incapable de répondre je fis mon possible pour le rejoindre. Gravissant une dernière dune, je finis par le retrouver alors qu'il se trouvait en contre bas. Il était-là, vivant et, plus que tout, il était lui-même. Je restai alors immobile du haut de mon surplomb, lui laissant le temps de m’apercevoir et de se figer le moment venu. Le vent secoua de nouveau le désert faisant ondoyer nos chevelures respectives qui mirent nos cornes apparentes à la lueur de l'astre lunaire. L'une des miennes se dérogea en retourna à l'état de poussière. S'ensuivit le même schéma avec ma peau dont les marques faites de lumière et d'ombre avaient perdu de leur profondeur. A présent c'était tout mon corps qui semblait progressivement se désagréger. Le peu de sensation, notamment celles liées à la douleur en venaient également à disparaître. Plus tremblantes plus que jamais, des larmes se mirent à couler le long de mes joues tandis que je continuais de le fixer. Elles étaient-là pour mille et une raison dont l'une étant la manifestations d'une joie couplée à un profond soulagement.

-Ça... ça a marché ?

Mes mots n'étaient que des murmures inaudibles qui se perdirent certainement dans la nuit étoilé bien avant d'atteindre leur destinataire. Comprenant que ce qui devait être fait avait été fait, je cessai tout effort. Alors mes muscles finirent pas céder et mes jambes se dérobèrent. Un voile d'ombre m'enveloppa bien avant que je ne touche le sol. Je fus attirer dans ce qui se rapprochait certainement le plus d'un long et profond sommeil.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMer 4 Mai 2016 - 13:17

Le désert ravagé s'étendait à perte de vue. Natsuki ne savait même pas où commencer à chercher, tant elle pouvait être partout autour de lui, que sous lui. La nuit était glaciale, il grelottait de froid, et ce malgré un corps en feu. Tout autant de désagréments qu'il se força à ignorer pour rechercher Oniri, laquelle sembla littéralement apparaître au sommet d'une dune. Tous deux s'immobilisèrent pour se dévisager, probablement autant surpris de se voir debout ainsi que méfiant de ce qu'ils pouvaient être devenu, mais ce fut la Saibogu qui donna les premiers signes de mouvement en s'érodant. Les cornes d'abord tombèrent, emporté comme du sable dans le vent, suivit de ses jambes qui cédèrent sous son poids.

Natsuki peina à la rejoindre, chaque effort supplémentaire pour accélérer la cadence lui rappelant qu'il devrait cesser de flirter autant avec ses limites. Il tomba à genoux non loin de la jeune femme, dont le teint était aussi blanc que ses cheveux. Le pouls était à peine perceptible sur la carotide, et le souffle faible, quoi que régulier. Sans être médecin, les symptômes de surmenage étaient évidents. Quant à songer à récupérer dans ces conditions, cela l'était beaucoup moins... Il était trop faible pour la ramener à Suna, situé beaucoup trop loin, et le désert ne leur offrait aucun abri correct. La situation était dramatique, et aucun des deux n'avait prévu cette tournure des événements. Une imprudence qui risquait de leur coûter beaucoup.

Leur seule chance dans la tourmente fut que la tempête avait soulevé beaucoup de sable. De nouvelles dunes s'étaient bâtit, et avaient laissé derrière elles ce qu'elles recouvraient auparavant. Un tas de rochers entre autre attira son attention, dont la disposition pouvait le laisser espérer un peu d'ombre lorsque le soleil prochain se lèvera – et avec lui, la températures. La hausse sera la bienvenue pendant un temps, car elle réchauffera leur corps transit de froid, mais très vite, il savait que chaleur enveloppante se transformera en fournaise ardente. Et sans eau, ils étaient morts...

A contre-coeur, Natsuki laissa Oniri sur place, et s'approcha des gros blocs pierreux. Ces derniers formaient une espèce de caverne plus ou moins à ciel ouvert, bien qu'il fallait se baisser et ramper presque pour s'y faufiler. L'espace disponible était relativement étroit pour deux personnes, mais le Nara tatoué estima qu'ils auront malgré tout de l'ombre en permanence. Pas de scorpion et pas de serpent visible à priori, l'endroit fera une bonne cachette le temps qu'il... Le temps qu'il quoi d'ailleurs ? Il n'avait plus de force, pas de vivres, Oniri était inconsciente, et il était perdu. Il s'efforça de ne pas y penser, et de se soucier d'un problème après l'autre. Et le premier, c'était d'avoir un abri contre le plus gros de la chaleur.

De retour à l'extérieur, il aperçu le soleil se lever lentement à l'horizon, comme si ce dernier doutait de l'utilité de son effort. L'aube était rougeoyante, et chassait les dernières étoiles du territoire qu'elle conquérait bien trop rapidement au goût de Natsuki. Oniri était toujours là où il l'avait laissé une dizaine de minutes plus tôt. Il s'efforça de la soulever, chose qu'il aurait habituellement réussit sans le moindre effort, mais ses forces l'abandonnèrent, et il dû se résoudre à la trainer par les bras, dessinant un long sillon dans le sable. Il creusa davantage l'entrée de l'abri de fortune rocailleux qu'il avait trouvé, puis se débrouilla tant bien que mal pour y glisser Oniri. Il contrôla une seconde fois ses constantes, la vision brouillée, puis renonça à penser à la suite du programme. Il se roula sur le côté, et sombra presque malgré lui dans l'inconscience, son corps ayant atteint ses propres limites.

**************

Le temps passa, et laissa à Natsuki l'opportunité de songer à beaucoup de choses. Ce qu'il allait raconter si on les découvrait tous les deux, dans le cas où le chaos qu'il a provoqué ai attiré l'attention de quelqu'un dans le Village en faisait partie, mais l'essentiel de ses réflexions n'étaient pas centrées là-dessus. Ce qu'il ruminait pendant tout le jour sous la chaleur de plomb était sa propre condition, au travers de ses mains qu'il dévisageait sans cesse. Il s'était passé quelque chose au cours de cette expérimentation avec Oniri, c'était certain, et très clairement, il n'était plus le même. Pour autant, il n'était pas question de guérison. La couche écailleuse irrégulière et durcit qui barrait la plaie sur son torse en était la preuve. N'importe comment, il avait perdu espoir de ce côté-là, en comprenant que son corps était né ainsi. Comme il l'avait toujours craint au fond de lui, ses capacités et ses accès de rage étaient innés, et non acquit. La seule pièce rapportée dans cette enveloppe de chair, c'était sa pensée, celle qu'il a toujours cru être, et qui avait prit forme en contact des humains. Un stade à peine réalisé, et qu'il se sentait avoir déjà dépassé.

La rage n'était plus aussi omniprésente dans son esprit, l'envie de détruire et de tuer s'étaient atténuées, mais elles étaient toujours là, il la percevait. Loin d'être enfoui plus profond, c'était simplement là, plus vivable au quotidien. Une sensation de vide l'accablait pourtant, alors qu'il ne s'était jamais sentit aussi complet. Il se sentait globalement mieux, mais différent : il avait indéniablement changé. Vers quoi restait la grande question, il ne comprenait pas encore tout. Cela avait-il un rapport avec cet étrange rêve qu'il avait fait ? Il ne pouvait pas cohabiter avec ce qu'il cachait en lui, son corps cherchait à l'éliminer coûte que coûte. Cela, s'il ne l'avait pas encore réalisé depuis, la nuit dernière le lui avait gravé dans la mémoire. Ils étaient deux entités complètement disparates. Son manque lui venait-il donc de ce qu'il pensait avoir perdu ? Avait-il inconsciemment renoncé à une partie de lui pour ne faire plus qu'un avec les restes de l'Autre qu'Oniri avait brisé ?

Plus il y pensait, et plus il avait mal au crâne. Tout était embrouillé dans son esprit, et pour une fois, il ne parvenait pas à y faire le tri. Il y renonça, il n'arrivait pour le moment pas à avoir les idées claires, aussi il reporta son attention sur autre chose. La Saibogu était toujours inconsciente, mais vivante. Elle dormait depuis plus de douze heures, la respiration lente et régulière. Tout comme lui, elle était trempée de sueur, et l'état de cette dernière le préoccupait plus que le sien. Il n'était toujours pas au mieux de sa condition physique, la soif et la chaleur n'aidant clairement pas, mais ce soir, il allait devoir trouver une solution, sous quelque forme que ce soit. Sa maîtrise de l'élément aqueux ne lui avait jamais autant manqué depuis le patch technique qui lui avait fait la perdre. L'eau qu'il produisait avait un arrière goût de chakra, mais au moins, elle faisait son office. Là, ce n'était guère avec ce qu'il avait qu'il pourra aller loin. Il allait devoir compter davantage sur la chance et son cerveau que sur ses capacités shinobi pour s'en sortir.

****************

Oniri toussa brusquement, recrachant une partie de l'eau qu'il s'efforçait de faire couler dans sa bouche plutôt que dans ses poumons. Mission à demi-réussi pour les optimistes, à demi-ratée pour les autres, les réalistes noteront surtout que la jeune femme avait enfin reprit conscience après plus de quarante-huit heures sans ouvrir l’œil, même si ce n'était pas dans des circonstances très douces. Natsuki la redressa un peu plus, s'abstenant de lui taper dans le dos – une pratique inutile tant que la personne tousse – et laissa la quinte passer.


« Oniri, cela va aller ? »
lui demanda-t-il d'une voix dont le soulagement de la voir à nouveau consciente s'entendait distinctement.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptySam 7 Mai 2016 - 13:25

Il ne fut rien. Une simple étendue sombre et contemplative. Un sommeil profond, dénué de tout songe. On ne pouvait pas vraiment qualifier cela de repos, mais plutôt de récupération. Mon corps se remettait de ses nombreuses affres, de ces longues semaines passées sans dormir, ainsi que des derniers événements qui avaient également malmené mon âme. Depuis lors j'avais l'impression que quelques choses avait changé en-moi. J'aurais été incapable de dire s'il s'agissait de quelques choses de positif ou de négatif. Toujours fut-il que cette pause me fut salutaire notamment de part sa rareté. Je fus finalement brusquement ramenée à la réalité en étant partiellement étouffer par ce qui semblait être de l'eau. Saisi d'un soubresaut et d'une quinte de toux, je fis mon possible pour reprendre contenance. Une voix familière sonna à mes oreilles. Je me risquai à papillonner des yeux, apercevant dès lors le visage de Natsuki se dessiner. Une fois remise de mes émotions j'esquissai un léger sourire avant de chercher à comprendre du regard où est-ce que nous nous trouvions. Le lieu était particulièrement étroit. Je pus reconnaître le contact rugueux de la roche sous mes doigts.

Le Nara m'aida à m'adosser contre la paroi. Nous étions obligés de nous maintenir accroupi pour ne pas nous heurter la tête contre la pierre. Cette dernière formait un amas de pique, dont les quelques ouvertures nous permettaient de distinguer le ciel. Le jour était-là promenant avec lui la chaleur ardente du désert. A ce moment là les souvenirs me revinrent ce qui me permit de comprendre en un rien de temps notre situation, qui ceci dit en passant, était assez pittoresques. J'avais beau m'être reposée mon état était pour le moins instable. Je devinais n'avoir rien avalé et bu depuis des jours. Mes réserves de chakra semblaient éprouver de grande difficulté à se remplir. Et par le ciel, il faisait une chaleur atroce. Comme toute femme de Kaze j'étais habituée au climat aride du désert, néanmoins il restait dangereux de s'y exposer plusieurs heures d'affilés. Hors je devinais que nous étions ici depuis bien plus longtemps. Haletante, couverte de sueur, je tentai d'humecter mes lèvres desséchée en vain. Je finis par me saisir du récipient que me tendis Natsuki pour en boire le contenu de façon modérée. Une question me traversa alors l'esprit, bien qu'il était intriguant de se demander comment est-ce qu'il était parvenu à se procurer cette eau ainsi que ce conteneur, ce ne fut pas celle-ci qui me vinrent.

-Comment... Allez-vous ? Parvins-je à prononcer d'un ton aussi peu articulé qu'audible.

Pour appuyer mes propos je lui adressai un regard insistant qui prévalait sur toute parole. Qu'il réponde ou non n'aurait pas changé grand chose car, dans un sens, ma question était rhétorique. Ses yeux parlaient déjà pour lui. Je le devinai changé tant si bien qu'il ne m'apparaissait plus comme un épais bloque de marbre sur lequel on aurait dessiné un visage souriant et obligé à se montrer sympathique avec tout le monde. Quelque part le savoir plus serein avec lui-même me confortait bien que cela n'allégeai en rien la gravité de notre situation.

-Nous... en parlerons... plus tard...

Il aurait été mal avisé d'utiliser le peu de salive qui nous restait pour nous lancer dans une conversation qui nous coûterait beaucoup d'énergie. Ce fut alors que mon regard se posa sur son torse au centre duquel se trouvais un monceau de petites plaques à l'endroit précis où je l'avais transpercé quelques jours plus tôt. Je devinais que la blessure s'était progressivement cicatrisée et n'avait déjà plus grand chose avoir avec ce qu'elle fut. Cela ne m'empêcha pas d'étirer une moue gêner. Qu'importait les résultats liés aux conséquences de mes actes, l'idée de l'avoir transpercé de plein fouet avec une attaque raiton n'était pas quelques choses dont j'étais particulièrement fière. Par ailleurs depuis quand étais-je capable de cela ? Revenir sur les récents événements se révélait assez difficile étant donné que ces derniers sonnaient, pour moi, comme dans un rêve. A la fin, poussée par la gêne, j'en vins à détourner le regard pour reporter mon attention sur la situation présente. Plus que précaire, elle ne s'annonçait guère de façon optimiste. J'étais au plus faible de mes capacités et le Nara se portait à peine mieux. Nous dispositions de très peu de moyen et un peu moins d'une centaine de kilomètre de dune nous séparait des premières formes de civilisations. De mon côté c'était tout juste si je parvenais à étendre mes capacités sensorielles sur une cinquantaine de mètre à la ronde.

Je remarquai alors que je me trouvais en débardeur. Natsuki avait rangé ma veste ainsi que le restant de mes affaires dans une petite ouverture rocheuse. J'attrapais le tout d'une main moite pour le tirer à moi. Avec un grand soulagement je remarquai que Memory et Oblivion étaient bien présent, reposant docilement dans leurs holsters. Pour le reste, une grande partie de mon matériel manquait à l'appel, certainement perdu dans la tempête. Malheureusement ce n'était pas avec cela que nous irions bien-loin. Tirer sur des choses c'était utile uniquement quand l'on avait des choses sur lesquelles tirer. Hors ce n'était pas le cas. Je replaçai donc le tout à sa place en exprimant un léger soupire. J'essuyai d'un revers de la main la sueur perlant sur mon front avant de me réinstaller aussi confortablement que me le permettait notre refuge. La chaleur était si étouffante qu'elle rendait toute inspiration laborieuse, mais je savais que ce n'était rien comparé à ce qui nous attendait dehors. Aussi n'avions d'autres choix que d'attendre la nuit avant d'espérer pouvoir tenter quoique ce soit. Après avoir reprit une mince gorgée d'eau une idée me vint.

-Utilisez votre futon... pour créer un courant d'air. Parvins-je à mieux articuler.

L'idée n'était pas mauvaise en soit. L'air pouvait facilement circuler à travers la roche. Une simple brise pour une consommation en chakra dérisoire pouvait se révéler salvateur et nous aiderait à mieux supporter la journée jusqu'au couché du soleil. Suite à cela les heures s'écoulèrent et se ressemblaient toutes. Il n'y avait pour ainsi dire rien à faire si ce ne fut économiser nos forces autant que possible. Le tout se passa dans un silence des plus gênants. Ne pas pouvoir prendre la peine de discuter après tout ce qui venait de se passer n'aidait en rien. Nous devions cependant mettre l'accent sur notre survie. En l'état je ne voyais pas comment nous pourrions traverser le désert sans matériel. Le seul espoir étant de remettre la main sur ma moto qui se trouvait certainement ensevelie à plusieurs mètres de profondeurs sous le sable. Et pour parvenir à la déterrer il nous faudrait attendre de recouvrer suffisamment de force, mais aussi et surtout d'attendre que la nuit arrive enfin. Ne parvenant à retrouver le sommeil, je me contentai de fermer les yeux après m'être lovée dans un coin de notre refuge de fortune. J'essayai autant que possible de faire travailler ma sensorialité. Ainsi les heures écoulèrent jusqu'à ce qu'une infime, mais non négligeable, présence entre dans mon champ de perception.

-Notre repas est arrivé... Fis-je en me redressant avec lourdeur.

Sans ajouter le moindre mot j'attrapais un kunai parmi mes affaires et commençait à me tortiller pour rejoindre la sortie. L'air n'était effectivement pas plus respirable à l'extérieur. Seulement les lueurs pourpres parsemant l'horizon annonçaient l'avènement salvateur du crépuscule. A peine me relevais-je qu'un vertige me saisi. Mon sens de l'équilibre se déroba et ne me laissa d'autre choix que de glisser le long d'une dune pour ne pas m'effondrer lamentablement. Prise de sueur froide, je passai une main sur mon front en renvoyant mes mèches collante de sueurs et couverte de sable en arrière. Je me relevais après quelques seconde, avançant à pas de chat sur quelques mètres. Chaque foulée me permettait de ressentir un peu plus distinctement les mouvements onduleux de ma proie dissimulée. Les sens en éveilles, je finis par bondir sur le serpent, dérapant sur le sable, ma main balaya se dernier pour se refermer sur la gueule du reptile.

Le bête émit un sifflement tout en se tortillant avant de commencer à s'enrouler autour de mon bras. N'y prenant pas cas je me dépêchai de retrouver l'amas rocheux qui me servit de support pour décapiter la proie à l'aide de mon kunai. Je traçais ensuite plusieurs sillons dans sa peau écailleuse avant de l'éplucher comme s'il s'agissait d'une banane. Une fois fait je découpai le tout en tranche avant de les éparpiller sur un rocher ayant emmagasiné la chaleur journalière à un seuil tel qu'il ferait parfaitement office de plaque de cuisson. La chair du reptile se mit à griller toute seule. J'attendis patiemment que la nature face son œuvre en prenant soin de protéger autant que possible des lueurs du soleil couchant. Au fil des minutes l'atmosphère commença à s'adoucir.

-Vous pouvez sortir... Le repas est prêt...

J'éprouvai toujours autant de difficulté à parler. Toujours fut-il qu'un repas, aussi spartiate soit-il serait plus que bienvenu. Notre objectif principal étant de retrouver nos forces avant d'espérer reprendre notre route. Et dans ce sens le serpent fit son office. Le simple fait d'avoir l'estomac plein fit cesser mes vertiges. Après quoi j'allais récupérer mes affaires, rattachai mes holsters à mes cuisses tout en gardant ma veste à portée de main. J'entrepris alors de défaire ma tresse, découvrant avec un certain dégoût l'état lamentable de ma chevelure avant d'attraper un élastique pour nouer le tout en queue de cheval. L'air extérieur était encore chaud, mais le cadre se révélait plus attrayant que l'espace exigu de notre refuse improvisé. J'allais donc m'adosser contre un rocher, rejetant la tête en arrière. A cet instant, je sentis ma lèvre inférieur desséchée s'ouvrir pour laisser couler un mince filet de sang le long de mon menton. Je l'essuyai d'un revers du poignet.

-Décidément... Vous m'aurez vu dans mes pires jours... Dis-je en tentant un sourire.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptySam 14 Mai 2016 - 21:50

De nombreuses questions semblaient se bousculer dans l'esprit d'Oniri, dont la plupart trouvaient leur écho dans celui de Natsuki. Des réponses et des discussions qu'ils n'avaient pas vraiment loisir de tenir au vu de leur situation. A la seule qui franchit les lèvres de la Saibogu, il lui adressa un regard en haussant les épaules. Un changement, il y en avait eu un, mais il était encore trop tôt pour qu'il réussisse à le définir exactement.

Sur le reste de la journée donc, ils s'en tinrent tous deux à un silence autant dû à l'épuisement qu'à la volonté d'économiser leurs ressources physiques, le bruit de la roche en train de cuir sous le soleil implacable comme seule mélodie de fond. Soleil qui était d'ailleurs loin d'être couché lorsqu'Oniri déclara que leur repas était arrivé. Cessant son rôle de ventilateur en l'entendant, Natsuki ouvrit doucement les yeux tandis qu'elle quittait déjà leur abri de fortune. Trempé de sueur et couvert de sable collant, il n'essaya même pas de l'arrêter pour de l'interroger. Elle avait gagné sa confiance en ce qui concernait les actions qu'elle souhaitait entreprendre, aussi il la laissa faire sans sourciller.

Le temps était affreusement long, et incapable de mettre l'ordre dans ses idées pour trouver refuge dans son esprit en ces conditions, Natsuki ne pouvait que somnoler ou compter les secondes avant le coucher du soleil sur l'horizon, seul instant de transition où les températures deviennent supportables. L'appel d'Oniri arriva pourtant un peu avant, amenant avec lui une douce odeur de viande cuite. Ce n'est qu'en se trainant hors de sa tanière de fortune qu'il découvrit la nature du butin de chasse de la jeune femme : un serpent. Repas frugale, il fut néanmoins le bienvenu. Car s'il pouvait se passer de manger un long moment, le Nara tatoué savait que jeûner ne ferait que puiser dans ses ressources déjà affreusement entamées, et qu'il ne pouvait se permettre d'en gaspiller la moindre parcelle dans son état. D'un sourire, il remercia la chasseresse pour sa prise, puis ils se préparèrent à bouger : maintenant qu'Oniri avait reprit conscience, il était hors de question de rester sur place à attendre la mort venir.


« Je pourrai dire à peu près la même chose. Au moins nous repartons sur un pied d'égalité maintenant. »


Il ramassa la poterie qui lui servait de gourde, malgré le peu d'eau qu'elle contenait encore, puis balaya les environs des yeux. Il savait grâce au soleil où se trouvait à peu près Suna – une direction probable – mais c'était tout.


« J'aurai aimé jouer la carte de la facilité, et vous dire que pendant vos deux jours d'inconscience, j'ai retrouvé votre véhicule et les bidons d'eau qu'il y avait avec, mais ce n'est hélas pas le cas. Tout ce que j'ai pu découvrir, c'est un curieux tunnel que le désert a recraché. Une construction humaine, mais qui m'a laissé un très mauvais pressentiment sitôt que je me suis aventuré dans son entrée. Je ne suis pas allé très loin dedans, notamment parce que je n'y vois rien, mais j'ai réussit à trouver un endroit où de l'eau filtre à travers une fissure dans la roche. J'y ai récolté ce que j'ai pu en créant une poterie de terre. »


Celle qu'il tenait.


« C'est à quatre kilomètres dans...cette direction. »
annonça-t-il après s'être repéré sur les premières étoiles qui apparaissaient. « Le problème est que l'entrée a très vite commencé à être enseveli à nouveau. C'est entre autre la raison pour laquelle je ne vous ai pas tiré jusque là-bas, bien que l'on y serait probablement au frais. Je doute que nous puissions le retrouver à l'heure actuelle... Ce serait pas mal pour refaire le plein... » précisa-t-il en agitant sa gourde à l'écho creux « … voire même pour se déplacer si vous êtes encore en état de nous procurer de l'éclairage, mais je ne sais pas du tout où le tunnel va, ni même où il peut bien déboucher. Et comme je vous l'ai dit, il ne m'inspire pas du tout. J'ai un sentiment de malaise dérangeant à l'intérieur, et je suis à peu près certain que cela n'a rien à voir avec de la claustrophobie. »

Il n'arrivait pas à mettre des mots là-dessus, si ce n'était qu'il ne s'attarderait dans ce singulier endroit que contraint et forcé. En tout et pour tout, il adressa à Oniri un regard perplexe.


« Vous connaissez mieux ce désert que moi. Des suggestions sur la conduite à tenir par rapport à notre situation ? »


Cavaler cent kilomètres en une nuit était apparemment un formalité dans le monde shinobi – Mizuki lui en avait fait faire plus de 600 en trente-six heures, temps de repos inclus – mais ce n'était guère possible dans son état actuel. Il récupérait à peine, épuisé par une épreuve récente sur laquelle se greffaient en plus deux jours de jeûne et de rationnement hydrique sous une chaleur accablante.


« Marcher en direction du Village me semble pas mal, même si nous devons faire la route en deux jours. Il faudra juste espérer trouver une cachette similaire pour s'y tenir dans ce cas, sans quoi la chaleur risque d'avoir raison de nous. Mais n'importe comment, rester sur place n'est pas une option. Aussi quoi que nous fassions, faisons le vite je vous prie. Les températures ne vont pas tarder à chuter sous le seuil de l'agréable, et je n'ai que l'illusion d'un pantalon pour me couvrir. J'ai bien conscience qu'elle est inutile, vu que le mythe est déjà tombé sitôt que l'on arrive sous ma ceinture, mais bon... »


Le froid du désert obscure ou l'ardeur du désert baigné de lumière, à choisir, Natsuki préférait encore rester chez lui. Mais l'on avait pas toujours ce que l'on voulait dans la vie...
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyVen 20 Mai 2016 - 17:26

J'écoutai le récit du Nara avec une certaine attention tout en mastiquant une tranche de serpent grillé. Nous avions visiblement disposé d'une certaine source de chance dans notre malheurs. Autant par cet amas rocheux qui avait pu nous servir de refuge, que par cet prétendue grotte logée sous les dunes de sable. Cependant je craignais cette bonne fortune finisse par se tarir tant la situation dans laquelle nous nous trouvions semblaient sans issue. Ainsi le Konohajin décidai de s'en remettre à mon expérience pour décider de la voix à suivre. Pour ma part je n'avais pas vraiment eu à réfléchir pour décider d'une réponse, celle-ci s'imposait d'elle-même bien que son issue ne m'enchantait guère.

-Votre description du tunnel semble correspondre au ruine des Kawaguchi. Il y en a un peu partout sous le désert et l'un donne directement accès à Suna...

Ce fait n'était pas de notoriété général. Aussi en parler à un « étranger » n'était pas quelque chose de particulièrement avisé. A partir de là je savais que Konoha serait au courant de l'existence de ce dit tunnel. Seulement je n'étais pas assez bête pour faire passer mon devoir avant notre survit, tout du moins pas dans ce genre de circonstances.

-L’inconvénient étant qu'il s'agit d'un véritable labyrinthe. Nous aurions tôt fait de nous y perdre. Cela s'en parler des nombreux pièges placés au fil des siècles par les marionnettistes ainsi que les monstrueuses créatures y résidant. D'un autre côté je doute qu'affronter la chaleur accablante du désert dans notre état soit une meilleur solution. Cela m'étonnerait qu'il nous offre encore d'autre occasion de survivre dans l'avenir.

Tout miser sur la chance et tenter de traverser le désert en espérant trouver refuge, eau et nourriture ou alors compter sur nos propres compétences pour affronter les dangers des ruines. Autant dire qu'il n'y avait effectivement pas à réfléchir. En tant que Shinobi nous avions été éduqué de sorte miser sur nos capacités afin de nous sortir des situations les plus périlleuses. La bonne fortune n'avait pas sa place dans ce monde. J'avais conscience que, dans le fond, les dangers était tout aussi grand, mais le fait d'avoir une certaine emprise sur la situation avait quelque chose de confortant. S'il devait arriver malheurs dans ses ruines nous n'aurions qu'à nous en prendre à nous même et non la fatalité comme cela aurait été le cas dans le désert.

-Je pourrais utiliser mes sens pour nous guider, malheureusement je crains ne pas avoir de quoi nous éclairer durant le trajet.

J'étais capable de voir dans l'obscurité ce qui n'était certainement pas le cas de mon compagnon. Une grande partie de notre devenir dépendrait donc de moi, même si dans un sens j'avais l'impression que tout ce à quoi nous devrions faire face n'était rien comparé à ce que nous avions déjà affronté et qui se trouvait à présent derrière-nous.

-Voyez le bon côté des choses. Au moins ces ruines vous garderons à bonne température et ce qu'importe votre accoutrement. Lançais-je en arborant ce qui devait être un sourire espiègle.

Après quoi je laissai glisser mon regard le long de son corps vers le bas puis composait le signe du tigre dans l'espoir de dissiper l'illusion qui lui servait de pantalon. Naturellement il ne se passa rien et j'arborai une moue faussement déçue en conséquence. Ainsi mon espièglerie naturelle venait de refaire surface ce qui était assez plaisant même si je savais qu'elle finirait par s'évaporer après deux ou trois nuits blanches consécutives. Après cela je me relevais pour partir en quête du prétendu tunnel. Désormais le crépuscule se présentait telle une simple auréole chaleureuse sur l'horizon. La nuit avait presque finit d'étirer son voile sur le désert tant et si bien que moi et Natsuki ne tardâmes pas à ressembler à de simples silhouettes. Ma vision nocturne ne tarda pas à prendre le relais et l'iris de mon unique œil valide se fendit à la vertical, à l'image de ces yeux de félidés brillants dans l’obscurité. Une bonne demi-heure de recherche me fut nécessaire pour réussir à trouver l'entrée de la grotte qui fut trahit par l'écho de son ruisseau. J'invitais Natsuki a me rejoindre afin de m'aider à creuser le sable et ce fut non sans mal que nous parvînmes à l'intérieur. Dès lors en l'absence totalement de la moindre source de lumière il fut impossible, même pour-moi, d'y discerner quoique ce soit.

-Attendez je pense tout même avoir une idée...

Je concentrai mon chakra dans mes doigts et les fis claquer à plusieurs reprises. Son écho se répandit jusque dans les confins des cavités. Je devais avoir l'air d'une sotte jusqu'à ce que des étincelles commencent à se manifester a chaque claquement. Seulement le succès ne vint pas. J’essayai alors ce qui me passait par la tête, autrement un peu tout et n'importe quoi. Frictionner mes mains entres elles, applaudir, me gratter la paume, le tout en essayant d'y concentrer mon chakra. Puis finalement, sans trop savoir comment je parvins à manifester un petit amas de charge électrique dans mes mains. Le genre à produire de petits flashs de lumière successifs. De quoi donner mal au crâne, mais également permettre d'y voir un peu plus clairement. De nous deux j'étais certainement la plus bluffée devant cette situation.

-Wahou... Alors c'est l'effet que cela fait d'utiliser d'une affinité.

J'y parvenais pour la première fois. Étant une Saibogu et ayant commencée ma formation de Kunoichi assez tardivement, je n'avais jamais vraiment apprit à utiliser mon affinité raiton. La transformation de mon chakra en élément passait habituellement par mes armes pour une utilisation assez primaire. Je ne comprenais pas vraiment ce qui s'était passé, mais assimiler une infime partie du démon de Natsuki avait contribué à éveiller certaines choses en moi. Il était cependant encore trop tôt pour déterminer l'ampleur de ces changements. Et seul l'avenir me dirait s'ils auraient une influence positifs sur moi où s'ils ne feraient qu'empirer les choses. Cependant, dans l’immédiat, cette nouvelle faculté était plus que bienvenue. Je laissai la Nara remplir sa gourde ainsi qu'une nouvelle pour-moi tandis que je gardais ma distance avec mes éclaires. C'était encore assez instable et un accident serait vite survenu.

-Nous n'avons qu'à toujours prendre la direction du sud. Plusieurs dédales vont s'offrir à nous. Si vous possédez le doton il suffit de créer de petites mottes de terres à même le sol contenant votre chakra. Elles me serviront de balise ce qui me permettra de terminer par où nous ne sommes pas encore passé. Cela vous convient ?

Outre cela je pouvais également utiliser mes sens pour desceller d'éventuel piège ainsi que retracer la piste de ces prétendues créatures censées vivres dans les profondeurs. Le voyage risquait de nous prendre deux fois plus de temps que prévu, mais avec de la persévérance et de la patience, nous pourrions rejoindre Suna sans risque. Ce fut ainsi que nous entreprîmes notre avancée. Je ne pensais pas avoir déjà autant eux records à mes facultés sensorielles avec pour conséquence de manifester en partie mon Akuma. Je me retrouvais alors partiellement transformée, avec de petite cornes naissantes, un regard blanchi et des crocs en guises de dents. Au bout d'une heure d'avancée je perçue le chakra d'une toute petite créature venant dans notre direction. Je m'immobilisai soudainement, pointant ma lampe raiton vers le bas pour voir ce qu'il en retournait. Il s'agissait d'un minuscule fennec, sans doute encore bébé avec un pelage doux qui s'apparentait à une boule de coton.

-Hoooo il est trop mignon... Je m’accroupissais pour le voir d'un peu plus près. Vous pensez qu'il est comestible ? Dis-je en lançant le sourire carnassier allant de paire.

Les oreilles de la boule de poile se dressèrent sur sa tête avant qu'elle ne prenne subitement la fuite.

-Mince... Je crois qu'il comprend notre langue...
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyDim 29 Mai 2016 - 22:01

L'évocation du tunnel prit davantage de sens pour Oniri qu'à Natsuki, qu'elle traduisit comme étant des ruines appartenant ou ayant appartenu au clan Kawaguchi. Des ruines s'étendant dans tout le désert, et qui débouchait notamment à l'une de ses sorties sur Suna. Le Nara tatoué ne manqua pas l'effort que devait coûter cette information à sa compagne d'infortune d'un point de vue militaire, toutefois l'intérêt de cette donnée était relativisée par la sécurité apparemment bien garni de ces sous-terrains. A supposer que Suna ayant conscience de cette entrée la gardait, les créatures et les pièges présents un peu partout dans ce qui se transformait en véritable donjon achevaient de dissuader tout visiteur désireux de venir par la petite porte.

« Cela reste mieux que le désert de surface, j'imagine, car le soleil lui ne nous laisse pas de doute sur notre avenir. »


Avec Oniri à ses côtés, la question de l'éclairage dans les longs couloirs sombres s'était soldée d'elle-même. Cependant, la demoiselle ne semblait pas aussi optimiste que lui sur le sujet.


« Vous ne pouvez plus créer de flammes comme vous l'aviez fait... là-bas ? »


Le développement de la narration et de ce qui allait suivre tendaient à croire que non. Tant pis. Au pire ils dormiront au frais près de l'entrée, se gaveront de l'eau mit à disposition, et lorsqu'ils auront un peu mieux récupéré leur force qu'en cuisant dans leur grotte au soleil, traverseront le désert d'une traite durant la nuit, comme des vrais shinobis habitués à cavaler huit-cent kilomètres par jour. La question prioritaire était toutefois de retrouver l'entrée du tunnel. Incapable de se repérer dans un désert en perpétuel changement, la tâche fut relativement âpre, puisqu'ils durent se contenter de la direction approximative dont se souvenait Natsuki. Avec la chute rapide des températures, il commença d'ailleurs à subir les méfaits du froid sur sa peau nue, laquelle représentait la quasi-totalité de son corps.

Il fallu un moment au duo pour retrouver l'entrée puis creuser pour l'atteindre, mais ils y parvinrent bien avant le levé du soleil. Comme la première fois, Natsuki parcouru malgré l'obscurité les quelques mètres de l'embouchure, jusqu'à trouver là où le mince filet d'eau filtrait à travers des fissures dans la roche. Délicatement, il anima une portion du mur pour former un bec verseur, et orienter l'écoulement sur sa gourde. Le débit se comptait en gouttes, mais ce n'était pas vraiment important dans la mesure où ils ne pouvaient pas avancer plus loin à cause de l'absence totale de visibilité.


« Cela correspond bien à une branche des ruines Kawaguchi ? »
demanda Natsuki d'une voix qui trahissait un tension manifeste.

L'effort de creuser l'avait quelque peu réchauffé, mais les frissons qui parcouraient sa peau n'avait rien à voir avec la température. Ces ruines, ou quoi que ce soit, semblait lui déclencher une réaction primitive de défense. Et si c'était ainsi à l'entrée, il n'osait pas imaginer plus en profondeur. Le soleil endormi à l'extérieur avait presque l'air amical à côté de cette oppressante sensation... Et il faisait confiance à son instinct, car s'il lui arrivait de mal l'interpréter, ce dernier ne l'avait jamais trahit.

Du temps passa, et des grésillements dans l'air commencèrent à résonner près d'Oniri, laquelle se montrait plutôt active depuis un moment. Et c'est ainsi qu'un arc électrique prit naissance entre ses doigts, apportant avec lui la lumière, et scellant définitivement leur choix de progression.


« Que cela me convienne ou non n'a pas d'importance : ce n'est pas comme si j'avais de meilleurs choix. »
lâcha-t-il d'un ton aigre.

Il créa une deuxième large gourde de terre qu'il commença à faire remplir, puis sortit du tunnel. Suna se trouvait au sud de leur position, dont il visualisait à peu près la direction. Son regard se tourna ensuite vers les étoiles, desquelles il mémorisa la disposition pour se repérer à l'occasion d'une sortie prochaine du dédale qui ne serait pas la bonne. Fort de ces informations collectées, il rejoignit Oniri dans les ruines Kawaguchi, la direction du sud bien ancrée par ses sens. Il ne restait plus qu'à espérer qu'il parviendra à la garder sous terre, ou si les sous-terrain se montreront vicieux dans leur construction.


« Allons'y. »
annonça-t-il à regret dès que leur deuxième réservoir fut plein, et qu'eux-même eurent fait le stock d'eau.

Natsuki la sentait barboter dans son estomac à chaque pas, mais ce n'était qu'une gène mineure en comparaison de ce qu'il encourait à l'avenir... Ce fut Oniri qui ouvrit la marche, ses dons de sensorialité et d'éclairage assurant leur sécurité relative. Natsuki de son côté gardait un œil sur leur dos, tout en s'efforçant de mémoriser leur trajet au fur et à mesure de leur avancée. Des balises numérotées achevaient de tracer leur chemin déjà parcouru.

Le malaise de Natsuki ne se calmait pas alors qu'ils s'enfonçaient dans les ruines, mais au moins, il ne s'aggravait pas non plus. Incapable de dire si c'était une bonne nouvelle ou non, il resta concentré sur ce qui l'entourait, prêt à réagir au danger. Aussi silencieux qu'Oniri, seuls leurs pas résonnaient sur les murs où leurs ombres dansaient sous les flash lumineux de la lampe de poche improvisée de la jeune femme. Elle avait recommencé à se transformer en partie, des cornes émergeant de son front. Il ignorait si elle en avait conscience, mais dans l'immédiat, il s'abstint de lui poser la moindre question ou de faire de remarques sur le sujet. Il avait mieux à penser, et se contenta de croire qu'en l'absence de la pleine lune, elle ne deviendra pas la chasseresse qu'il aura en plus du reste à gérer. Ces ruines et leur contenu étaient déjà bien assez à son goût.

La première heure fut consacrée à l'exploration et à la gestion de la tension qui ne quittait pas les nerfs de Natsuki d'une semelle. Pas de créatures monstrueuses encore, et pas de pièges, seulement des balises et de la poussière soulevée à chacun de leurs pas. Une chance quelque part, mais qui ne dura pas. Oniri s'immobilisa finalement, les sens en alerte.


« Un fennec ? Qu'est-ce qu'il fait ici ? »
demanda-t-il.

Question sous-jacente : que faisait-il ici dans le noir, sans source de nourriture ou d'eau à priori ? Tout laissait croire qu'il n'était pas là à l'état naturel. A moins qu'il y avait une sortie non loin, et que cette portion de tunnel était son terrier ? Oniri se posait d'autres questions, lesquelles avaient aussi leur intérêt. Peut-être même davantage au vu de leur situation. L'animal tenta de fuir, mais Natsuki se montra beaucoup plus vif que lui. Une succession de signes composée à une vitesse qui trahissait leur fréquence d'usage lui offrit le contrôle des ombres, et une main s'arracha sur sol pour saisir le coup du fennec après avoir remontée le long de sa patte. L'emprise le coupa dans sa course dans un couinement plaintif, et le traina contraint et forcé jusqu'au duo de shinobi. L'animal poussa deux brefs cris de détresse supplémentaires, suite à quoi la main d'ombre se referma plus fort sur sa gorge pour l'étouffer.


« Lâche-le ! »
hurla une voix qui ressemblait davantage à un grognement gutturale.

Quiconque avait eu un chien chez lui saurait reconnaitre ce bruit caractéristique des griffes cliquetant sur le sol sous le pas d'une course rapide. Natsuki n'eut pas besoin d'attendre qu'apparaissent deux yeux rouges dans l'obscurité du couloir pour comprendre de quoi il retournait. Il se fendit en avant, et saisit à le jeune animal à la gorge. Dans la seconde qui suivit, la lampe d'Oniri leur révéla la créature qui les avait atteint. Un immense fennec, qui occultait la moitié de la largeur du couloir, se tenait devant eux en position d'attaque. Son grognement menaçant révélait des dents qui ne servaient clairement pas à un régime végétarien. Son dos frottait contre le plafond, ce qui couvrait son pelage de poussière, débutait sur un garrot que Natsuki serait incapable d'entourer de ses deux bras.


« Lâche-le ou je vous taille en pièces ! »
rugit-il.

Natsuki jeta un coup d’œil à Oniri, sans quitter de l'autre la créature située à quatre mètres d'eux. Était-ce les fameux monstres dont elle lui avait parlé ? Cela promettait... Il avait bien conscience que le fennec géant n'avait besoin que d'un instant pour combler cet écart, et faire un massacre. Le fait qu'il parlait allait dans ce sens, tout comme les quelques pièces de vêtements qu'il portait : il s'agissait d'un animal shinobi, un Kuchyose.


« Non. »
lâcha Natsuki d'un ton froid.

Son corps était encore fatigué de ces derniers jours, usé par les épreuves passées, mais dès lors que la créature était apparue, le Nara tatoué s'était redressé, les muscles bandés et le regard dur. Il ne laissait plus aucun signe de faiblesse transparaître, et s'imposait même comme concurrent direct pour la position de dominant dans l'échange.


« Si je vous le rends, vous n'aurez plus aucune raison de ne pas le faire. »


Il cala le jeune fennec sur son bras, à l'image d'un nouveau né humain, à la différence près qu'il n'avait pas relâché sa prise sur la gorge de l'animal. Le petit ne poussait plus qu'un léger gémissement craintif, le corps parcouru de tremblement. Son tortionnaire l'ignora, un regard de glace planté dans la créature beaucoup plus massive aux crocs saillants.


« Vous gardez ce secteur. Alors vous allez nous conduire à la sortie de votre territoire. Ensuite seulement, je vous rendrai le petit. »
« Maudit ! Tu pues le sang et la mort! »
grogna-t-il, le visage marqué par la colère. « Quelle raison ai-je de te croire ? »

Les oiseaux mis à part, Natsuki avait un contact extrêmement mauvais avec les animaux. Ces derniers, beaucoup plus sensibles que les êtres humains, percevaient l'aura de la malédiction qui l'entourait. Une aura porteuse de mort et de haine qui lui attirait toujours leur animosité. La plupart s'enfuyaient, mais les créatures dominantes ou qui se sentaient dos au mur n'hésitaient jamais à attaquer, dussent-elles être guidées par la peur plutôt que la colère. Et actuellement, le seul rempart qui séparait Natsuki et Oniri des crocs du fennec géant était la conscience intelligente de l'animal, en plus petit que le Nara tatoué retenait en otage.


« Absolument aucune. Mais je n'ai rien à gagner à le tuer, ou à mourir ici. »


Le regard implacable de Natsuki lui demandait sans mot ce que le fennec préférait : son devoir, ou sa descendance. Pour sa part, le Nara tatoué lui ne laissait planer aucun doute sur la conclusion des événements si son adversaire refusait de les laisser passer.

Le concerné n'avait pas quitté sa position d'attaque, ne paraissait pas moins menaçant, mais dans ses yeux se lisaient qu'une réflexion menait son court.
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 31 Mai 2016 - 13:35

Visiblement le petit fennec était accompagné du grand méchant fennec. Ou peut-être était-ce nous les méchants dans l'histoire ? Toujours fut-il que la tension jusqu'alors palpable était soudainement devenue écrasante. La joute oratoire et psychologique fut à la valeur de celle opposant les deux mâles, celle-ci se résumait à la question de savoir qui possédait la plus grosse. J'en aurai presque soupiré si la situation n'était pas si dramatique. Nous nous retrouvions face à une créature dont nous ne souhaitions nullement mesurer le potentiel létal, d'autant plus dans un lieu aussi exigu. Entre elle est nous se dressait le petit animal qui, il y avait encore quelque seconde, représentait à mes yeux un bref encas. Pointant mon nuage d'éclaire vers le bas je restai légèrement en retrait, schématisant depuis lors un itinéraire de fuite dans ma tête. Entre temps l'animal sembla plonger dans une certaine réflexion. Visiblement le vainqueur de ce duel venait d'être désigné, mais de là à dire que cela n'allait pas nous porter préjudice... Toutes les victoires n'étaient pas toujours bonnes à prendre.

-Soit... Mais je vous préviens. Si vous lui faite quoique ce soit. Ces vous qui nous servirez de repas...

Il venait de dire « nous » ce qui n'était guère rassurant. Et à ses mots il émit un grognement sourd dont l'écho se répercuta jusque dans les confins des galeries. Des bruissements vinrent de toutes parts, se rapprochant de plus en plus rapidement. J'aurai du les sentir venir plus tôt. J'aurai du sentir la présence de cette créature, pourtant je n'y étais pas parvenue. Cela n'avait rien avoir avec elles, cela venait de moi. Faute était de constater que j'avais surestimé mes capacités en pareille circonstance et que je me trouvais en bien plus mauvais état que je ne l'eus crue. Malgré la situation je ne parvenais toujours pas à regretter mon choix de délaisser le désert infinie au profits de cette caverne sinueuse. La raison principale étant qu'il semblait possible de pouvoir discuter avec ces familiers, ce qui n'est pas le cas pour l'extérieur. On ne négociait pas avec le désert.

-Vous allez faire mieux que cela. Vous allez nous escorter directement jusqu'au village caché du sable. Vous, ainsi que toute votre famille. Je m'exprimai d'un ton aussi catégorique que glacial.
-Ce n'est guère votre territoire. Et vous vous permettez...
-Que je sache vous n'êtes pas vraiment ne mesure de négocier.
-Nous n'obéissons qu'aux Kawaguchi !! Rugit-il avec une certaine ferveur.
-Les Kawaguchi ne ramèneront pas à la vie votre enfant. Dis-je calmement avec une amertume telle qu'on aurait cru que je l'avais déjà tué.

La bête émis un nouveau grognement avant de tourner les pattes. Sa queue fouetta l'air si violemment qu'une légère brise s'éleva. Je déglutie légèrement. Cela faisait deux à zéro. Le voyage s'annonçait plutôt bien. Désormais il ne nous restait plus qu'à garder en otage le petit être pendant encore deux jours jusqu'à ce que ses congénères nous mènent à la sortie. Nous reprîmes alors notre marche. La tension était toujours aussi dense, mais celle-ci semblait atteindre ses limites du côté de Natsuki que je pouvais sentir aussi intensément que les autres créatures présentes tout autour de nous. Il ne semblait pas au mieux de sa forme. Était-ce uniquement dû à la situation ou bien à autre chose ? Toujours fut-il que je m'approchai lentement de lui, tendant le bras pour saisir le bébé fennec par la peau de la nuque.

-Donnez le moi.

Je laissai clairement sous entendre que cela n'était pas négociable. J'ignorai encore d'où lui venait cette charge de stresse, mais je ne tenais pas à ce que cette dernière s'alourdisse en continuant de traîner le garant de notre survie. A peine la petite bête fut-elle dégagée de l'étreinte du Nara qu'elle ne manqua pas d'exprimer son désarroi.

-POUAH ! Il toussota avant de reprendre. Mais qu'est-ce qu'il pue ! C'est dégueulasse... Hein ! Mais c'est quoi cette chose ? C'est une fille ? Elle est moche !J'espérai pour lui qu'il disait cela uniquement en raison de mon apparence semi-démoniaque. Dans le doute je le secouai violemment tout en continuant de le tenir par la peau. Haaaaa. papa au secours !!

Le fennec majeur se trouvant juste en face de nous tourna la tête d'un quart. Tout en expirant lourdement par les naseaux il m'adressa un regard injecté de sang qui en disait longuement. Je cessai alors ma petite vengeance, présentant alors un sourire gêné qui se révéla carnassier en raison de mes crocs. Je gardai ensuite le « bébé » à distance tout en le tenant avec autant de soin que s'il s'agissait d'un mouchoir usagé. Nous poursuivîmes notre route dans un silence des plus pesant. Les heures se succédèrent. Je faisais mon possible pour restée concentrée en déployant au mieux mes capacités sensorielles. Nous continuions de nous diriger vers le sud, sans n'avoir rencontré à aucun instant la moindre impasse. Le même décor se succédait inlassablement. De la terre, du sable et de la roche mêlés ensemble donnait forme au dédale toujours plongé dans la plus pure des obscurité. L'air y était lourd, difficilement respirable car peu renouvelé. Il y faisait plus chaud que prévu.

La présence de nombreux rampants nous assurerait cependant de quoi nous rassasier. De l'autre côté, tout portait à croire que les fennecs tenaient leurs engagements. Néanmoins à mesure que le temps défilait je pouvais sentir le poids de la fatigue réclamer lentement son du sur ma personne. Malgré la température probablement tolérable des souterrains j'étais toujours en sueur. Il ne me fallait pas trop bouger la tête par crainte d'être en proie aux vertiges. Il m'était de plus en plus difficile de maintenir l'éclair dans ma main qui avait depuis lors diminué en intensité. Mais je m'inquiétai avant tout et surtout pour Natsuki. J'ignorai comment ces deux derniers jours s'étaient passé durant mon absence. Il avait eu il y a peu le torse perforé par une attaque raiton en plus d'avoir subi d'incroyables bouleversement interne. Il ne s'en sortait certainement pas mieux que moi. Je me souciais de son état sans pour autant oser le questionner en raison des circonstances.

-Hey dit ! Pourquoi est-ce que t'arrête pas de le regarder !?

Perdue dans mes pensées, il me fallut quelque seconde avant de redescendre et comprendre. Quelque peu prise au dépourvue et gênée je me sentis légèrement rougir sans comprendre pourquoi. Mon seul réflexe fut d'écraser la tête du fennec entre mes doigts afin de le faire taire.

-Aïe, aïe, aïe !!

Je sentis qu'il se débattait comme un petit diable, mais je resserrai davantage ma prise afin de le faire taire. Inutile d'avoir à nouveau ses parents sur le dos. Suite à quoi les heures continuèrent de défiler. La notion de temps était difficile à aborder dans les profondeurs, mais le jour s'était certainement levé. Dans le fond cela importait peu, seulement il nous fallait écouter nos corps et prendre un peu de repos contrairement aux fennecs qui auraient certainement put continuer d'avancer. Notre semblant de repas s'apparenta à quelque araignées et scorpions grillés au raiton. Je proposai alors de monter le premier tour de garde notamment parce que je savais que je parviendrais jamais vraiment à trouver le sommeil. J'ignorai par ailleurs s'il en était à présent autrement pour le Nara. Assise adossée contre la paroi, je tenais toujours le fennec à bout de bras. Celui-ci fut certainement le premier à s'endormir et ronflait assez bruyamment en comparaison de sa petite taille. De mon côté je restai attentive à l'environnement qui m'entourait.

L'utilisation de mes capacités n'étaient plus aussi instinctive en raison de l'épuisement. Il me fallait rester concentrée. Pourtant cela ne m'empêcha d'inévitablement repenser à ce malaise éprouver quelques heures plus tôt. Le fil de ces pensées fut rapidement coupé lorsque je sentis un léger mouvement sur la droite. Sitôt je tournais la tête dans cette direction tout en concentrant le raiton sur l'extrémité de mon index. La cavité s'éclaira à nouveau, révélant l'expression meurtrière du fennec qui avait tenté de s'approcher discrètement. Je lui adressai un regard noir et, sans dire mot, plaçai mon doigt parcouru par la foudre à la hauteur de son congénère miniature. Le parent retourna se coucher en grognant visiblement insatisfait suite à l'échec de sa tentative pour nous dévorer.

Suite à cela je me laissai crouler le long de ma paroi. Je remarquai avec une certaine exaspération que cela n'avait pas été suffisant pour réveiller le petit qui, dormait avec les pattes et la tête suspendues dans le vide alors que je tenais toujours par la peau de l'encolure. Au point où j'en étais rendue, je décidai de prendre la garde pour le restant de la nuit. Dans le fond cela ne changeait rien si ce ne fut devoir garder une attention de tous les instants. J'ignorai si Natsuki était parvenu à trouver un semblant de sommeil et l'espérait car, nous ne pouvions nous permettre d'être tous les deux au plus bas de notre forme. Il nous fut encore une fois difficile de déterminer combien de temps passa avant que nous reprenions notre route. Les fennecs n'étaient guère bavard et nous non plus. Même si le climat général s'était légèrement abaissé, l'ambiance équivalait toujours à celle de règlement de compte entre Yakuza plutôt qu'à un goûté d'anniversaire. J'avais hâte que nous sortions d'ici.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyLun 6 Juin 2016 - 14:57

La situation allant de Charybde en Scylla avec la venue de la meute de fennecs géants, Oniri décida qu'ils n'avaient plus grand chose de plus à perdre au vu de leur position, alors qu'il y avait beaucoup plus à gagner. Elle prit donc la parole pour jouer davantage encore sur le fil du rasoir. Natsuki craignit que cette intervention ne lui coûte sa propre crédibilité, les règles du monde animal étant bien plus simples et strictes que celles des Hommes, et renverse défavorablement leur situation, mais l'intelligence '' humaine '' des créatures shinobi joua positivement dans la situation : grâce à l'otage, Oniri s'imposa comme nouvelle dominante de l'échange, et aucun ne chercha à redire. La tension resta pourtant de mise, chacun guettant la moindre opportunité pour rompre la fragile alliance contrainte. Et la suite n'aida pas à relâcher la pression...

La Saibogu commença par arracher à Natsuki la raison de leur survie dans cette rencontre. Et par ce que le Nara tatoué en vit, ce n'était guère l'instinct maternelle qui la guidait. Elle passa un moment à se disputer avec le petit fennec, le tenant à bout de bras comme s'il était répugnant. Pour ce qui était d'assurer une prise sûre et de mettre à exécution les menaces précédemment citées, l'on pouvait repasser. Même si Oniri était sûre de ses capacités, cela valait-il vraiment le coup de faire un pas de plus en direction du brasier qui les menaçait ? Il commençait à en avoir la certitude, la transformation de la jeune femme n'était actuellement pas que physique, pour jouer ainsi avec le danger. Y'avait-il un rapport avec ces ruines, qui agissaient sur sa nature profonde tout comme c'était le cas pour lui ? Peut-être qu'il ne la connaissait tout simplement pas tant que cela, en fait... Mais à part un regard courroucé qui ne devait même pas être différent de l'expression qu'il arborait depuis qu'il était entré dans le tunnel, il s'abstint de tout commentaire, préférant focaliser son attention sur ce qu'il y avait devant – et derrière – lui.

A l'image d'une représentation de son énergie, l'intensité de la lampe allant en décrue révéla la fatigue qui prenait Oniri. Natsuki, davantage épuisé par la tension perpétuelle qui l'assaillait que ses efforts physiques, ne pouvait hélas rien pour elle, si ce n'était redoubler de vigilance en prévision d'un éventuel combat perdu d'avance.


« Cela va, occupez-vous plutôt de vous. »
avait-il lâché sur un ton qui dénotait beaucoup plus de reproches qu'il ne souhaitait réellement en exprimer, à un moment où son partenaire d'infortune l'avait dévisagé.

Ils n'avaient pas le luxe de s'occuper les uns des autres. Ils devaient se concentrer sur eux-même, et croire en les capacités de l'autre. Les heures défilèrent ainsi, Natsuki s'efforçant de retenir leur chemin et de compter en pas la distance parcouru. Tous les couloirs qu'ils avaient emprunté étaient dénués de pièges, et ils ne rencontrèrent aucun autre gardien : cela dénota qu'Oniri avait eu du flaire en demandant à leurs guides de les amener sur la sortie qui les intéressaient. Les fennecs liés aux Kawaguchi connaissaient bien plus que leur simple territoire dans ce dédale, et leur assurait une sécurité relative. Une sécurité qui rappelait sans mal une épée de Damoclès à la corde cruellement élimée... Au moins, ils allaient dans la bonne direction, estima Natsuki.

Impossible toutefois de faire le trajet en une seule fois. Oniri arrivait à bout de force, et personne ne pouvait la blâmer pour cela. Elle s'était épuisée autant physique que mentalement avec le Nara tatoué, et bien qu'elle ai pu profiter d'un repos continue de deux jours, les conditions de récupérations n'étaient pas optimales. Ajoutez à cela ses perceptions qu'elle poussait à leur paroxysme, et vous obteniez l'état déplorable du groupe.

Une halte s'imposait, bien qu’extrêmement risquée car elle révélait leur faiblesse dont l'unique bouclier restait le petit bout de viande poilu que la jeune femme n'avait toujours pas lâché. Cet arrêt nécessaire ne sera pas reposant, Natsuki le savait d'avance. Leur repas, à peine plus nutritif que le serpent de la veille, se composa de ce qu'ils avaient ramasser sur la route. Et au grand déplaisir du Nara tatoué, ce fut là qu'il réalisa à quel point c'était mauvais : le sens du goût lui était revenu. Huit ans passés à manger n'importe quoi sans en profiter de la saveur, et il fallait que ce handicap se lève maintenant, sur la carcasse d'une araignée aussi grosse que velu et à la chair acide.

Oniri voulu prendre le premier tour de garde, mais Natsuki était incapable de dormir véritablement dans ces conditions. Un corps et un passé de soldat ne lui offraient qu'un demi-repos dans ces conditions, son esprit restant vigilent même les yeux clos. Assit contre la parois, il avait adopté la respiration lente de celui qui s'offre un répit plus que bienvenu. Pour autant, lorsque le plus gros des fennecs s'était approché à un moment, il ne lui manquait qu'un signe à composer pour commander les ombres et perforer l'animal de toute part. Les deux paires d'yeux assassines qui s'étaient posés sur le parent avaient toutefois suffit à le convaincre de rebrousser chemin.

De son propre aveux, Oniri était incapable de dormir, et apparemment, la situation n'avait pas changé maintenant qu'elle avait émergé de deux longs jours de sommeil. Natsuki ne chercha donc pas à la relayer en sachant l'effort inutile, et s'efforça de tirer le plus de repos possible de son demi-sommeil. Les fennecs ne firent pas d'autres tentatives durant ce cycle, et après quelques heures nécessaire, le groupe se remit en route.

La connaissance des lieux étaient impressionnantes pour la meute, car à aucun moment, elle ne donnait l'impression d'hésiter sur la direction à prendre. Natsuki continuait de baliser leur chemin et de mémoriser les couloirs au cas où, mais s'il ne se trompait pas, ils avançaient dans la bonne direction. Les heures défilèrent encore, et lui étouffait dans ce labyrinthe. La tentation de briser la roche au-dessus de sa tête et de creuser jusqu'à atteindre l'air libre le démangeait furieusement. Son mal n'était prit en patience que difficilement, mais ce fut un autre événement qui l'empêcha de partir dans une entreprise insensé : la meute avait cesser d'avancer, et se tenait devant eux en les toisant d'un œil torve.


« Qu'y a-t-il ? »
demanda-t-il d'une voix qui ne trahissait aucune crainte.
« La sortie est au bout de ce couloir. »
désigna leur interlocuteur privilégié d'un mouvement de la tête.

Un faible courant d'air laisser deviner un point d'accès vers la surface.


« Cela, je le vois bien. Ma question est pourquoi vous tenez-vous entre elle et nous. »


Le peu de tension qui était retombée entre les deux groupes au fil des jours à voyager ensemble remonta en flèche, et creva le plafond : le moment redouté était arrivé.


« Nous avons obéi. Rendez-moi Luchini maintenant. »
« Pour finir taillé en pièces ? Hors de question. Laissez-nous passer, et nous le relâcherons. »
« Ne pousse pas ta chance trop loin, misérable ! »
rugit-il. « Nous en avons assez fait, à toi d’honorer ta part du marché ! »
« Je ne sais jusqu'à quel point vous me croyez stupide, mais aussi forts et rapides que vous êtes, ce sera toujours moins que le temps nécessaire pour briser une nuque. »


Une fois de plus, les menaces pleuvaient avec au centre de l'averse, le petit fennec qui avait l'imprudence de s'éloigner de son groupe.


« Je vais me répéter une dernière fois. Je n'ai rien à gagner à le tuer, ni à mourir ici. Je veux simplement retourner à Suna. Alors vous allez vous écarter, nous laisser passer, et je vais vous le rendre. L'affaire restera entre nous, et nous n'en reparlerons plus jamais. Vous qui sentez ce que je suis, dégagez avant que je ne m'agace sérieusement et ne répond plus de rien : il n'y aura aucun gagnant. »


Récupérant l'animal des bras d'une Oniri épuisée, il le cala contre lui, la main sur son cou, puis invita la jeune femme à passer en premier. Lui à distance des fennecs, ils n'oseront rien faire à la Saibogu tant qu'il retenait leur progéniture. Chacun se tenait sur ses gardes, guettant le premier mouvement ennemi. Natsuki restait en face de eux, le teint blafard mais le regard dépourvu de vie. Il ne cilla même pas, un instant de trop qui pouvait lui coûter beaucoup. Puis se fut son tour d'avancer, lorsqu'Oniri confirma leur position une fois l'extérieur atteint. Les gardiens se tenaient d'un côté du couloir, Natsuki passant à moins de cinquante centimètres de leurs crocs pour traverser. Les babines de tous étaient retroussées, révélant des crocs dans un concert de grognements qui précédait la bataille. Puis il se retourna une fois qu'il les eu dépassé. Avançant à reculons, il s'était baissé pour poser l'animal à terre bien qu'il le retenait encore d'une prise de fer. Les fennecs firent un demi-pas, Natsuki en recula encore de quatre. Tous les yeux étaient rivés sur la scène, à la recherche de la première opportunité, ou du premier coup fourré pour agir.

Ses doigts relâchèrent soudainement leur prise, et le petit fennec qui patinait sur le sol depuis quelques secondes fila en trombe. Natsuki ne demanda pas son reste : son poing s’abattit avec force sur le mur le plus proche. Un violent impact propagea des fissurent qui n'attendirent pas pour provoquer un éboulement. Le Nara tatoué avait déjà tourné les talons avant que le premier bloc ne s'éclate au sol, poussé par une seconde jeunesse que seul le danger savait rendre. Quelques insultes durent filer, mais il n'accorda pas d'intérêt aux jappements derrière lui, pourvu que les gardiens étaient partis dans l'autre sens.

Lui-même fila jusqu'à la sortie qui remontait vers le sable du désert avant de se retrouver enseveli par les décombres. Et immédiatement, il retrouva la morsure du soleil d'après midi sur sa peau. Les rayons ardents lui donnèrent l'impression de calciner ce poids qu'il avait trainé dans les ruines des Kawaguchi, lequel quitta ses épaules dans un grognement rauque. Les vagues de sables derrière lui se calmèrent rapidement à mesure que l'éboulement cessa, laissant une entrée complètement obstruée par les débris et le sable.

Suna ne se trouvait plus très loin, mais lui n'était pas encore au bout de ses peines. Il avait beau avoir tenté sa chance et bouché l'entrée secrète près de Suna dont Oniri lui avait fait part, cela restait malgré tout une information qu'elle lui avait transmit. Et maintenant qu'ils étaient tous deux arrivés au bout de ce périple, le secret militaire pouvait très bien reprendre le pas sur la survie... Repoussant une mèche trempée de sueur collée à son front, il jeta un regard impénétrable à la jeune femme, comme s'il la découvrait sous une nouvelle lumière dans sa forme hybride, avant de se fendre d'un sourire de circonstance.


« Je ne sais pas ce qui me tentera le plus une fois que nous aurons atteint Suna. Manger, dormir, ou me laver. Vous n'avez pas de machine capable de me proposer les trois simultanément, j'imagine ? »


Il espérait sincèrement que le calvaire s'achève bientôt, mais une petite voix au fond de lui lui soufflait que ce serait faire preuve d'un optimisme incongru.
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyLun 13 Juin 2016 - 22:26

Notre périple touchait à sa fin. Nous étions parvenus à retrouver Suna, mais restait-il encore à savoir si c'était en un seul morceau. Je faisais mon possible pour conserver une part de fierté en cachant ma fatigue, mais mes traits parlaient sans doute à ma place. J'éprouvai comme la sensation d'être plongée dans une demi-conscience. De n'être plus qu'un corps vide dont la machine fonctionnait de façon purement automatique. Bien que salutaire, rejoindre la surface ne fut pas des plus agréable, sitôt que la morsure du soleil vint s'attaquer à nos chairs meurtris. Couplé à un intense soulagement de voir enfin apparaître le village, c'était avec hâte que nous espérions le rejoindre afin de profiter d'un repos bien mérité. Le Nara m'adressa un sourire en coin de dépit que je luis rendis de façon tout aussi mécanique.

-Je pourrais tout aussi bien vous conseiller de vous reposer dans un bon bain avec un plateau repas.

Sur l'instant je me maudissais de ne pas avoir fait installé de baignoire dans mon loft. Je me serais volontiers laissée échouée à l'intérieur pour les six prochaines semaines. J'allais donc devoir me contenter d'une douche revigorante. Une bonne douche. Rien que cette pensée me donnait la volonté de puiser dans mes dernières forces pour rentrer jusqu'à Suna. Par ailleurs j'avais eu la bonne surprise de constater que les fennecs nous avaient guidé jusqu'à une sortie se trouvant à l'extérieur du village et non à l'intérieur. Ce faisant Natsuki ignorait encore l'existence de cette dernière. Je n'aurais plus qu'à aller toucher deux mots à Tsu pour qu'elle demande à ses hommes de reboucher se premier mettant ainsi un terme à toute éventuelle complication. Dans tous les cas, cela importait peu étant donné que je doutai que Konoha ait un jour recours à ces tunnels à la vue des dangers qu'ils renfermaient.

Nous pouvions d'une part nous estimer chanceux d'en être sorti vivant, bien que nous devions l’essentiel de notre survies à nos capacités. Les quelques centaines de mètres nous séparant de la voie illusionnée me parurent interminable. Je parvins à trouver l'emplacement de l'entrée grâce à mes facultés sensorielles et ce malgré les brouilleurs. A partir de là des gardes vinrent nous prendre en charge. Les trois hommes nous dévisagèrent avec étonnement, sans doute en raison de l'état lamentable dans lequel nous nous trouvions. A savoir sale au possible. Vêtement et cheveux imbibées de sable et de sueur nous collaient à la peau. Nos mines cadavérique n'aidaient en rien. Ils n'étaient pas difficile de deviner ce qui nous était arrivé.

-Halte-là. Déclarez-votre identité 
En ces circonstances il n'était guère étonnant que l'on ne nous reconnaisse pas.
-Saibogu Oniri, Conseillère à la Défense.
Je laissai à Natsuki le soin de s'introduire par lui-même. Suite à cela les trois hommes s'échangèrent des regards intrigués.
-Que vous est-il arrivé ?
-Une tempête de sable à mit ma moto hors services. Nous nous sommes alors retrouvé dans des ruines Kawaguchi et avons-eux beaucoup de difficulté pour revenir jusqu'ici.
Je savais qu'un senseur était présent parmi eux aussi n'aurait-il aucun mal à séparer le mensonge de la vérité. Hors je n'annonçais que la stricte vérité. Il me suffisait d'employer les bons termes aux bons moments. Je me demandai encore quel pouvait être l'intérêt à rendre le système de sécurité du village crédible quand on savait que ce dernier avait toujours été, depuis sa création, aussi facilement accessible qu'un moulin pour les nukenin et que d'ici environs deux semaines plus d'une centaine de révolutionnaire parviendrait à l'infiltrer sans qu'aucune réelle justification ne soit donnée.
-Pourrions-nous entrer ? Fis-je après quelques secondes de silence.
-Bien sûr Madame, mais vous devrez tous deux êtres interrogés avant cela.
-Dans ce cas apportez-nous de quoi nous désaltérer...

Chacun de nous eux-droit à une bouteille d'eau plate tiède qui saurait faire son office dans un premier temps. Nous venions d'être conduit jusque dans le bâtiment réservé aux interrogatoires à l'entrée du village. Simple inspection routinière. Détecteur de mensonge. Nous devions nous contenter de répondre par oui ou par non à un questionnaire bien précis. Le but avoué étant de s'assurer que nous n'avions rien fait allant à l'encontre du village durant notre absence. Par chance, aider un ami à contrôler le démon qui tourmentait son âme depuis des années n'entrait pas dans ces critères. Ce faisant, les questions passèrent totalement outre ces faits et nous pûmes rejoindre l'intérieur du village sans devoir attendre plus d'une vingtaine de minute. Un rapport serait sûrement fait au vu des circonstance étrange de notre retour. J'en toucherai quelques mots à Kioshi qui connaissait ma nature d'Akuma. A partir de là il ne nous restait plus qu'à nous séparer.

-Passez me voir au plus tôt demain en milieu de soirée.

Il n'était pas nécessaire que nous nous attardions ensemble. Chacun ne pensait plus qu'à se reposer et toute discussion ne pourrait se révéler constructive sans repos. Je restai un instant à le fixer dans les yeux. Un silence gênant s'installa entre nous. Je me grattai le haut du crâne, écoutai sa réponse puis finis par m'en aller de mon côté. Je pris soin d'emprunter les petites ruelles quitte à me rallonger légèrement afin de me faire voir le moins possible. Je passai le seuil de ma porte avec une certaine précipitation en prenant d'instinct la direction de la cuisine. De-là j'arrachai du réfrigérateur une bouteille de jus de fruits que je descendis d'une traite. La fraîcheur du nectar sucré fut des plus salutaires. Je poussai un léger soupir de satisfaction avant de me servir une deuxième bouteille que je bus cette fois-ci beaucoup plus lentement et seulement de moitié. Je la laissai cependant sur le bar, me doutant qu'elle me reservirait sous peu. Mon deuxième réflexe aurait été de me nourrir, seulement je ne me sentais pas capable d'avaler quoique ce soit.

Au lieu de cela je traversai le salon en jetant mes vêtements sur le trajet de sorte à me retrouver entièrement nue avant d'arriver dans la salle de bain. J'entrai dans ma douche de plein pied et fit brutalement couler l'eau la plus froide possible sur mon corps fébrile. Le choc fut saisissant, mais en même temps particulièrement revigorant. Je restai ainsi de longues secondes, les yeux clos, la tête rejetée en arrière à profiter de cet instant de plénitude. Suite à quoi je remis l'eau à une température légèrement plus abordable puis me laisser choir contre la paroi de la cabine. Assise contre cette dernière je massai mes jambes et mes pieds qui n'étaient plus en mesure de me soutenir. Je ne ressorti qu'une heure plus tard après avoir vidé de moitié les récipients de gel douche et de champions. L'idée de devoir marcher jusqu'à ma chambre n'était pas des plus réjouissante, je me fis cependant violence pour gravir les marches de la mezzanines, après avoir mit un terme définitif à l'existence de la bouteille de jus d'orange.

J'enfilai un simple short et un débardeur en guise de pyjama avant de m'étaler de tout mon long sur mon lit. Le résultat fut instantané. A peine mon visage fut-il entré en contact avec l'oreiller que je sombrai dans un sommeil profond, certes, mais de courte durée. Durant ce laps de temps les derniers événements me revinrent en songe avant que je ne sois brutalement réveillée par un douloureux frissons. Ayant brièvement perdue le contrôle sur mes facultés sensorielles mon épiderme s'était retrouvé doté d'hyper sensibilité tant et si mal que le simple fait d'avoir mon corps posé sur le matelas me donnait l'impression que celui s'était soudainement recouvert de clous. L'effet se dissipa à l'instant où je repris conscience. Habituée que j'étais, je me contentai de me retourner, cherchant un semblant de confort dans mon propre lit. La température ambiante dans l'air me fit supposer que la nuit approchait à grand pas. Elle serait longue pour moi. Je décidai tout de même de restée allongée à ne rien faire. Demeurant plongée dans une semi-conscience. Pour moi le meilleur moyen de me reposer était de ne rien faire tout en évitant de m'endormir


Alors le fil de mes pensées me mena inéluctablement vers les récents événements. J'en étais également ressortie changée. Quelque chose avait prit forme en moi. Elle n'était encore qu'une étincelle noire et il m'était impossible de dire si elle évoluerait un jour. Elle se présentait de nature pernicieuse, ne demandant qu'à s'étendre, qu'à tout consumer, mais en l'état elle était si insignifiante qu'un simple geste de la main suffirait à l'étouffer. La logique aurait voulu que je m'y prête, seulement sa présence semblait apporter un certain réconfort. Le mot « équilibre » me venait en tête, comme si elle permettait de faire poids sur une balance qui depuis lors ne penchai que dans une unique direction. En dehors de tout ceci, j'estimai plutôt bien me porter. Où disons simplement que ce n'était pas pire que d'habitude. J'en revenais à mon quotidien...

Mes inquiétudes se tournaient davantage vers Natsuki dont j'ignorai encore tout de l'état de santé. Il fallait dire que les circonstances succédant à notre tentative pour faire taire son démon ne s'étaient guère révélées propices au dialogue. Toute cette histoire était de plus en plus confuse et je me demandai sincèrement si je lui avais été utile en quoi que ce soit. Mes réflexions finirent pas s'envoler vers des souvenirs plus lointains, des souvenirs que nous avions en commun. Je revoyais cette nuit lorsque nous fendions les sentiers bardés de rizière à Ta no Kuni, avant de nous envoler vers les étoiles au sens littéral. Je me remémorai mon émerveillement lorsque nous franchîmes la cimes des nuages, mais également de cet instant où je m'étais laissée chuter dans le vide, entamant une ballet vertigineux avec le Nara qui se termina à la dernière seconde. Puis sans en comprendre la raison. Nous nous étions révélés l'un à l'autre sous nos véritables natures. Deux démons exposants leurs cornes à la clameur de la lune. Quelque mois plus tard nous nous étions retrouvés comme convenu à Suna fruits de nombreux échanges épistolaires. Nos retrouvailles s'étaient plutôt mal déroulée pour finalement prendre un nouveau départ. Nous étions allés aux théâtres, avions tiré sur des bouteilles, passé notre temps à nous envoyer des piques tout en buvant du café et c'était sans compter sur cet horrible bobble head qui aurait parfaitement eux sa place dans un film d'épouvante. Puis j'étais allée sur cette lagune, je m'étais tenue face à ce démon, à ses côtés, prête à le soutenir. J'avais appris à le connaître. Et puis... Repenser à tout ceci donnait naissance à une forme de chaleur dans ma poitrine. C'était... étrange... et agréable en même temps.

Quand son visage m'apparut clairement, je secouai vigoureusement la tête, comme pour chercher à me ressaisir. Que se passait-il ? Je n'étais tout de même pas... ? Non ! Ridicule !

Je me relevais tout en jetant un coup d’œil à mon réveil. Quatre heure du matin déjà. Le soleil ne tarderait pas à se lever. Je me massai la nuque tout en descendant les escaliers, avisant du regard la bibliothèque ordonnée de façon totalement chaotique dans le salon. Avec une lampe de chevet pour seul éclairage, je me saisissais au hasard d'un ouvrage parmi les nombreuses piles, avant de m'installer confortablement dans un fauteuil. Les minutes filèrent, mais je ne parvins pas à trouver intérêt à la lecture. Je partie alors en quête d'un nouveau livre échouant également à trouver mon bonheur au milieu de ce désordre. Je commençai alors à les ranger sur les étagères en les classant par ordre alphabétique.

Cela me prit une bonne heure. Satisfaite du résultat je m'apprêtai à sélectionner une nouvelle œuvre. Seulement il n'était pas nécessaire d'être nyctalope pour situer le désordre incommensurable dans lequel baignait le loft. N'ayant rien d'autre à faire je commençai alors par tout ranger. Tout y passa. Mon atelier eu droit à une nouvelle vie et le carrelage devint si éclatant que l'on aurait jugé criminel d'oser marcher dessus. Je ne me souvenais pas avoir vu les lieux aussi propre depuis le jour où j'y avais emménagé. Par ailleurs je retrouvai même une valise en parfait état. Cette dernière contenait des vêtements dont j'en avais presque oublié l'existence. Portais-je vraiment des tenues aussi kitch à l'époque ? J'en vins à sourire de ma bêtise passée. Cela eut tout de même le mérite de me rendre nostalgique. J'attrapai quelques ensembles qui me paraissaient plus modeste avant de me les superposer devant le miroir. Certaine ne m'allaient absolument plus, même si tous avaient le mérite de me donner davantage d'allure que mon duo pyjama joggeuse du dimanche que je portais actuellement.

J'optai finalement pour une blouse immaculée fines dont les manchettes, pagodes, étaient reliées à l'ensemble par des lanières en tissu, laissant ainsi mes épaules nues. Le tout s'accompagnait d'une jupe toute aussi blanche m'arrivant jusqu'au genoux. Je retrouvais également quelques boucles d'oreilles, mais avant de pouvoir les porter il me fallut me repercer les lobes à l'aide d'une aiguille préalablement stérilisée au chalumeau. Seulement tous les apparats du monde n'auraient pas suffit à cacher ma mine fatiguée. Mon miroir me le rappelait en pointant du doigts ces cernes pochant sous mes yeux. Puisque j'étais dans ma lancée j'allais jusque dans la salle de bain en quête de ma trousse de maquillage cachée derrière un fusil à pompe. Un peu de fond de teint, de mascara et une pointe de gloss ne serait-ce que pour masquer mes lèvres abîmées par le désert vingt-quatre heure plus tôt. Un rapide brushing mit un terme à ce caprice, donnant un certain volume à ma chevelure que je laissai naturellement retomber dans mon dos. Je restai alors à me contempler dans la miroir. Je ne me souvenais plus non plus de la dernière fois où je m'étais trouvée jolie. J'y reprendrai presque goût. Que cela ne devienne pas une habitude...

-N'y compte pas trop ma vieille ! Ta coiffure n'aurai pas le temps de retomber que tu te retrouverais déjà à défourailler des brigands dans le désert tout chevauchant ta moto. Dis-je d'un ton ironiquement acerbe à l'encontre de mon reflet tout en retroussant le nez et les babines en une grimace des plus grotesques. Avant de la quitter, j'adressai un sourire espiègle à ma double, suivit d'un haussement de sourcil éloquent.

Ce fut plus plus ou moins à ce moment-là que mon estomac vint me rappeler que je n'avais pratiquement rien avalé depuis quatre jour. Après les araignées géantes grillées au raiton, même les barres de céréales chocolatés tirées du fond des placards me parurent savoureuse. Pour ainsi dire mon repas s'apparenta à énorme petit déjeuné. Plusieurs fruits et un grand bol de céréale, le tout dégusté en compagnie de Honda sur mes épaules. J'avais même relevé le volet de la bais vitrée de moitié de sorte à laisser la lumière entrer. Jetant un nouveau coup d’œil à l'horloge, elle m'indiqua quatorze heure. Je commençai à trouver le temps long, seulement Natsuki ne risquait pas d'arriver avant encore un moment. Tout du moins j'espérai qu'il viendrait. En attendant je ne savais trop comment m'occuper. Je décidai alors de me lancer dans une série d'expérience pour m'exercer au raiton. Plusieurs ampoules de rechange y passèrent. Seulement à la fin je parvins finalement à créer de fins arcs électriques entre mes doigts. Nul doute que si j'avais su maîtriser cela quelques années plus tôt, j'en aurais fais tout et n'importe quoi. Captivée par les décharges qui circulaient entre mes phalanges, mon attention fut soudainement tirée vers l'extérieur. Je reconnu aussitôt le chakra du Nara qui, depuis l'autre bout de la rue, se dirigeait vers ici. Je déglutie maladroitement, pensant que je n'avais aucune raison de montrer nerveuse. Je remis machinalement un peu d'ordre dans ma chevelure avant d'aller lui ouvrir et ce avant-même qu'il n'eut le temps de frapper à la porte.

-Bonsoir comment allez-vous ? Fis-je en tentant un sourire gêné. Sans bouger les yeux je l'examinai du regard, notamment son expression espérant pouvoir deviner son état. Entrez je vous pris, vous pouvez vous installer. Disant cela je me dirigeai vers la cuisine. Cette fois-ci il ne fut plus question de café mon marché. Un thé ? Il sembla en accord avec cette idée. Cela tombait plutôt bien car je disposai de très bons crus. Alors... Vous êtes remis de notre dernière excursion ? Si vous deviez évaluer vos vacances à Suna sur une note de un à dix combien lui donneriez-vous ?

Je lui adressai un sourire espiègle tandis que l'eau finissait de bouillir. Je préparai le service sur un plateau le tout accompagné de biscuits. J'allais poser le tout sur la table basse et nous servait une tasse à chacun en mesurant mes gestes comme on me l'avait toujours enseigné.

-Sucre ?

Comme quoi le proverbe n'était pas toujours juste. Parfois le costume faisait le shinobi. L'art et la manière me revenaient comme s'ils ne m'avaient jamais quitté. Je m'essayai alors en face de lui exactement dans la même configuration que quelques jours plutôt seulement bien des choses avaient changé depuis.

-Si nous commencions. Pouvez-vous me dire ce qui s'est exactement passé ? Et qu'est-ce que ce la à changé pour vous. Avons nous réussi ? Est-ce que cela vous à aidé ?

Je me savais intrusive, mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour lui. La simple idée d'avoir fait tout ceci pour rien ou pis encore : que j'ai pus d'une façon où d'une autre empirer les choses, m'était intolérable. J'attendais alors sa réponse en l'avisant avec des yeux ronds. Le thé était encore fumant et attendait qu'on le laisse refroidir avant de pouvoir le déguster.


Dernière édition par Aozora S. Oniri le Mar 25 Avr 2017 - 21:47, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyJeu 16 Juin 2016 - 17:19


Les contours de son oreiller se dessinèrent progressivement, la lumière du soleil entrant déjà avec intensité par sa fenêtre. Un pied puis l'autre posé à terre, Natsuki s'étira longuement, chassant ainsi les courbatures de la nuit. Son corps était encore à demi endormi, et ses yeux enivrés par le sommeil ne percevaient qu'un monde flou. Les frottants alors doucement pour chasser les restes de la nuit, il finit par se lever une fois ses pantoufles enfilées, nullement découragé par un bâillement qui manqua de lui décrocher la mâchoire. Une main trainante sur les murs, il trouva son chemin jusqu'à la salle de bain. Le miroir lui renvoya son visage encore ensommeillé, qu'il arrangea en se passant de l'eau sur la figure. Ses cheveux étaient toujours en bataille, mais il ne leur consacra pas plus d'attention que quelques coups de brosse désordonnés. La fraîcheur de l'eau l'avait fait complètement émergé, et c'était maintenant d'un geste beaucoup moins assoupi qu'il avait attrapé ses vêtements du jour. Un T-shirt sombre par dessus un haut en résilles, un pantacourt assortie pour un ensemble qui ne le changeait pas de son accoutrement du quotidien.

Installé à sa table dans la cuisine, le silence n'était troublé que par les céréales qu'il piochait dans son bol de lait, et mâchonnait en lisant distraitement le dos de la boite de ses '' Captain Ukulélé '' que Kibõ avait mit à sa disposition. Il en connaissait par cœur le contenu, et pourtant il résolvait chaque jour le labyrinthe permettant à la mascotte d'arriver à la banque pour arrêter les braqueurs, ou retrouvait les sept différences entre les deux dessins du Captain. Personne par contre, pas même Natsuki, ne s'intéressait à la composition chimique de ces céréales, lesquelles lui détruiront probablement le foie avant qu'il ne meurt d'autre chose.

L'eau s'égouttait lentement du bol qu'il venait de laver, et qui reposait maintenant sur le bord de l'évier. Natsuki terminait de s'essuyer les mains sur son torchon, puis après l'avoir lancé par-dessus son épaule, jeta un œil vers la montre murale. Cette dernière indiquait dix-huit heures passées, soit un peu tard pour concevoir un quelconque projet ce jour. Il se contenta donc d'adosser son bassin contre le bord de l'évier, et de regarder sa cuisine où flottait encore la douce odeur typique d'un matin usuel qu'aucun devoir professionnel ne venait gâcher. Il ferma alors les yeux, et savoura l'instant avec tous les sens qui le lui permettaient.

Puis il se figea, raidit, frappé par une réalité qu'il ne réalisait justement que maintenant. Le quotidien et l'habitude s'étaient réinstallés d'eux-même puisque la situation le leur permettait, mais quand était-ce justement la dernière fois qu'il avait pu profiter d'un matin semblable ? Une nuit sans cauchemar, un réveil sans sursaut, un matin sans stress, une vie sans rage. La dernière semblait remonter à une éternité, et pourtant c'était aujourd'hui comme si rien ne l'avait séparé de la précédente. Il se sentait bien, détendu, et reposé. Il se sentait l'envie de vivre, de profiter, et non plus seulement de simplement exister comme il l'avait fait ces huit années passées. Près d'une décennie de tourments balayée d'un revers de la main tel qu'il lui avait fallu plus d'une heure pour remarquer la page tournée. C'était à peine croyable... Qu'est-ce donc qu'Oniri avait réussit à faire ?

Il n'avait pas eu l'occasion de s'en rendre jusqu'à maintenant, malgré les cinq jours qui s'étaient écoulés depuis... l'incident. Tant d’événements s'étaient enchainés depuis en même temps, pas étonnement qu'il n'est guère eu l'opportunité de remarquer quoi que ce soit. Quand ce n'était pas survivre à la chaleur étouffante du désert ou aux Gardiens des Ruines Kawaguchi, c'était au Village de Suna lui-même qu'il devait faire face pour ne pas griller la couverture de son escapade avec Oniri, et les mettre tous deux dans des problèmes embarrassants – enfin, surtout pour lui, il ne s'inquiétait pas trop pour elle. Et quand il avait finalement pu regagner son appartement, ce fut simplement pour se doucher avant de s'écrouler sur son lit, la fatigue prenant le dessus sur tout le reste.

Il lui avait fallu attendre tout ce temps pour au final ne même pas se rendre compte immédiatement qu'il allait mieux. Une crise de rire s'empara de lui, incontrôlable, douloureuse et sincère, pendant une bonne minute, avant qu'il ne parvienne finalement à retrouver un semblant de sérieux. Le monde avait reprit des couleurs autour de lui, et bien qu'il avait continué de tourner, Natsuki se sentait aujourd'hui capable d'évoluer avec lui. Du moins, le pensait-il. Son regard tomba sur ses mains comme s'il les découvrait pour la première fois. Il avait changé oui, mais pour quoi ? Les capacités de son corps étaient toujours là, présentes, en témoigna la couche écailleuse qu'il manifesta volontairement sur une partie de son avant-bras avant de la résorber. Les pulsions qui jadis l'animèrent n'étaient plus omniprésentes, occultant tout autre forme de pensée, tout comme il n'avait plus à se focaliser sur cette rage interne qu'il s'efforçait de contenir pour ne pas perdre le contrôle sur lui-même. C'était encore là toutefois, présent non plus comme un ennemi à combattre, mais comme une partie intégrante de son être. Se comprendre et s'accepter semblait être la prochaine étape de son état. Probablement la dernière aussi.

Le monde s'ouvrait désormais à ses yeux, lui qui n'avait longtemps vécu plus que dans son jardin. Les barrières s'étaient levée, et ses envies à nouveau manifestées traçaient mille et une routes à explorer. Un frisson d'excitation le parcouru, alors qu'il se découvrait une toute nouvelle liberté. Et avec elle vint immédiatement la peur. Vivre dans les chaînes, exister avec la crainte de ne jamais les quitter était une chose, mais ce n'était rien en comparaison de ce que l'on éprouve lorsqu'elles se brisent : la peur qu'à peine acquise, la liberté tant convoitée nous soit arrachée à nouveau, pour se retrouver au cœur de l'enfer qui venait d'être fuit. Avec la naissance de l'espoir, la peur a toujours su trouver une place en son cœur.

Natsuki secoua la tête. Il ignorait ce qui l'attendait à l'avenir, mais il ne voulait pas gâcher ce jour en pensant à demain. Il se sentait bien, c'était tout ce qui comptait. Et même si plutôt que '' demain sera meilleur qu'aujourd'hui '', son existence devait se rapprocher davantage du dicton '' aujourd'hui est la plus belle des journées '' - un autre moyen de dire '' aujourd'hui est moins pire que demain '' - c'était une raison de plus pour vivre dans l'instant présent. Et vivre, c'était justement ce qu'il avait oublié de faire pendant près de dix ans. Beaucoup de temps était à rattraper.

Il prit le temps de se préparer, réalisant d'une part qu'il avait le look d'un pantouflard du dimanche, et de l'autre qu'il s'en souciait un minimum. Personne n'était venu le déranger de la journée – du moins la partie depuis laquelle il était réveillée -, ce qui le laissa supposer qu'il n'aura pas de problème avec Suna, autres que ceux amorcés avec mauvaise humeur lors de son entrée de la veille. Ne restait donc qu'à voir Oniri. Elle lui avait demandé de venir la voir en milieu de soirée, et bien qu'il ignorait pourquoi, il avait une vague idée de ce sur quoi la discussion allait porter. Probablement constater les résultats de son tour de force, en prendre connaissance de l'étendu, et définir en partance de cela ce qu'elle pouvait faire pour elle-même. Même si avec toute cette histoire, ils étaient fourrés ensemble presque tout le temps depuis près d'une semaine, Natsuki ne pouvait pas vraiment lui jeter la pierre devant cette précipitation. Le temps de présence du Nara tatoué à Suna était limité, et quelques années plus tôt, lui aussi aurait été prêt à tout et le plus vite possible pour explorer une voie susceptible de le guérir. Surtout qu'à priori, elle avait réussit : elle avait pleinement le droit de récolter les fruits de son labeur sur son cobaye. Avait-elle fait tout ceci uniquement par intérêt d'ailleurs ? Maintenant que les horizons du monde s'étaient éloignés, et que son raisonnement n'était plus tronqué par son état, il voyait l'affaire différemment, et s'interrogeait.

Oniri lui avait annoncé le milieu de soirée, mais cela restait une notion assez vague, aussi il jugea les vingt heures passées comme convenable. C'est donc dans son ensemble habituel qu'il quitta le studio prêté par Suna, et s'aventura dans les rues pleine de vie du Village qu'il redécouvrit sous une toute autre facette. Pour autant, et malgré la curiosité, il se contenta du chemin le plus direct pour rejoindre le hangar où vivait Oniri. Un hangar dont la porte d'entrée s'ouvrit avant même qu'il ne songe à lever le poing pour frapper.


« Vous me surveillez ? »
voulu-t-il demander en voyant la jeune femme apparaître.

Mais les mots ne parvinrent pas à trouver formule dans sa bouche. A la place, il eu un haussement de sourcils étonné tandis que les yeux situés en-dessous firent l'aller retour de la tête aux pieds de la demoiselle.


« Oniri ? »


Elle avait changé depuis leur séparation, et nulle ne doutait que la différence était d'autant plus marquée que la dernière image qu'il avait gardé d'elle était une femme couverte d'écorchures, la peau collante, les cheveux ensablés et le visage ravagé par l'épuisement. Là, il avait devant lui la Saibogu comme il ne l'avait jamais vu, vêtu et maquillée pour souligner ses charmes existants plutôt que d'en créer. Certains bijoux relevaient même le niveau de coquetterie, elle qui avait avoué avoir depuis longtemps renoncé à ce genre de parure d'apparat, au point que ses lobes s'étaient refermés à terme.


« Vous avez une mine radieuse aujourd'hui. »
glissa-t-il avec un sourire, clin d’œil en référence à l'une de leurs précédentes rencontres en circonstances similaires.

En comparaison, lui était quelconque, si ce n'était un sourire de bonne humeur sincère qui barrait son visage. Le sourire de celui qui a vu enfin son cauchemar prendre fin. Invité à entrer, il pénétra dans le hangar, et comprit d'un simple regard qu'Oniri n'était pas la seule à avoir vécu du changement ici. L'immense loft avait été rangé, remit en ordre, et lavé à fond. C'est en conséquence qu'il se retourna tout naturellement, et dévisagea la jeune femme comme s'il contemplait un monstre.


« Quand est-ce que vous avez trouvé le temps de faire tout cela ? »


Aux dernières nouvelles, ils s'étaient séparés l'un et l'autre la veille au bord de l'épuisement physique. Et à peine plus de deux tours de cadran plus tard, alors que Natsuki commençait tout juste à rattraper ses huit années de sommeil de retard, la jeune femme elle avait trouvé la force d'apporter l'ordre là où un chaos naissant mais généralisé régnait dans son appartement depuis longtemps, en plus de s’apprêter pour la rencontre. Assurément, elle était impressionnante.

Malgré sa nuit, matinée, après-midi et début de soirée reposants, Natsuki se laissa tomber dans le fauteuil qui lui était désigné, se sentant bien davantage à son aise assit que debout. Et c'est ainsi qu'Oniri et lui retrouvèrent une configuration similaire à celle de la semaine passée, chacun sur le même fauteuil, deux tasses fumantes entre eux. Une ambiance légère flottait dans l'atmosphère pour changer, agrémenté des traits d'humour fins qui faisaient le charme de la rencontre dont chacun profitait.


« Remit, il faut le dire vite... Je n'ai pas tardé à me coucher après que nous soyons arrivés à Suna, et pourtant, je n'ai jugé bon d'ouvrir les yeux qu'en début de soirée – à contre-coeur. Je constate que vous par contre, vous avez su tirer profit de ce temps pour entreprendre des activités bien plus productives. »


Insomniaque comme elle l'était, sa sieste de deux jours dans le désert avait été probablement plus que ce qu'elle pouvait espérer. Épuisée ou non, si elle lui disait qu'elle avait pu dormir plus d'une heure depuis qu'ils étaient rentrés, il trouverai cela pas mal. Et c'était justement parce qu'il avait conscience de cela qu'il préférait poursuivre le sujet sur des tons légers. Lui était – à priori – sorti d'affaire, mais ce n'était pas encore le cas d'Oniri.


« Et je dois admettre être un peu déçu. Il est vrai que l’excursion dans le désert et ses ruines était intéressante, la nourriture locale à base de serpents et d'araignées plutôt exotique, les animaux amusants et les températures au rendez-vous, mais où était donc la mer ? Je veux dire, avec une plage qui fait cette taille, forcément, cela laisse songeur quant à l'océan. Et pourtant, nous ne l'avons aperçu à aucun moment. Je mettrai donc un sept un dix, tout en précisant que deux points ne sont gagnés que parce que ma guide a su rendre les choses plus intéressantes que ce qu'elles ne l'étaient réellement. »


Il agita ensuite un formulaire de satisfaction invisible entre son index et son majeur, en demandant où pouvait-il déposé ses recommandations. Quelques autres plaisanteries s'échangèrent, puis fidèles à ce qu'ils étaient, Oniri cessa les mises en bouche pour aller droit au but. Questions curieuses et regard inquiet achevèrent de changer l'ambiance, changement auquel Natsuki resta parfaitement indifférent, comme s'il ne l'avait pas remarqué.


« Ce qu'il s'est passé, j'avoue ne pas pouvoir vous l'expliquer en détails, la plupart m'échappant encore, et l'occasion de vraiment se pencher sur la question s'est faite inexistante. Mais quelque chose a changé, c'est indéniable. Rien que ce soir par exemple : en me levant, j'ai voulu goûter l'un des muffins que vous m'aviez préparé. Ils avaient hélas durci depuis le temps, mais trempés dans un peu de lait, cela a sauvé le tout. »


Il se pencha légèrement vers Oniri après avoir regardé à gauche et à droite, et poursuivit sur le ton de la confidence.


« Enfin, sauvé le tout est un grand mot, car entre nous, ils étaient franchement infectes. »


Son sérieux vola en éclats sitôt qu'il se laissa retomber sur le dossier de son fauteuil, mais la nouvelle n'en restait pas moins fantastique à ses yeux. Sans doute est-ce pour cela qu'il continua de remuer ce couteau.


« Infectes. Vous réalisez seulement ce que cela veut dire, Oniri ? Cela faisait des années que, obnubilé par une rage qui me donnait toutes les peines du monde pour la contenir, la vie n'était rien d'autre qu'une existence fade de laquelle je ne parvenais plus à trouver le moindre plaisir, tout étant consumé par cette colère qui me dévorait. Les activités qui autrefois me faisaient envie ne parvenaient plus à m'intéresser, la nourriture dont je raffolais n'était plus que cendres dans ma bouche, les liens qui m'unissaient à ma famille et mes amis perdaient de leur sens. Et voilà qu'à mon réveil tout à l'heure, je réalise en goûtant vos muffins que je ne pourrai même pas les donner à quelqu'un que je déteste tant ils sont atroces. »


Oniri l'avait averti au théâtre qu'il ne devait plus mentionner ce qui était sorti de sa cuisine – encore moins pour en faire ce triste portrait - , mais pour le coup, les yeux du Nara tatoué brillaient d'une lueur qu'elle ne lui avait jamais connu.


« J'ai retrouvé le sens du goût Oniri. J'ai savouré mon petit déjeuner. »


Cela semblait tellement bête de s'extasier sur un fait si banal, mais pour Natsuki, cela représentait tellement. Non pas pour le geste en soi, mais pour tout ce que cela représentait encore. L'attrait pour la nourriture n'était qu'un maillon parmi tant d'autres dans la chaîne de ce que sa malédiction l'avait déposséder par son omniprésence. Sa maladie avait changé son corps en monstre incapable de penser à autre chose que massacrer et détruire, et sa volonté avait été le seul rempart lui évitant qu'il ne bascule irrémédiablement, forçant son attention à se focaliser sur là-dessus et rien d'autre. Mais aujourd'hui, il se sentait heureux. Libre, et heureux d'être libéré de ce fardeau qui l'avait tant accablé. Et il ne voyait pas d'autres mots pour l'exprimer:


« Je me sens bien, bien comme je ne l'ai plus été depuis longtemps. »


Puis sa main se posa sur son bras opposé, le regard soudain fuyant et la voix moins assurée.


« Mais je mentirai si je disais que je n'avais pas peur non plus. »


Une ligne d'écailles se forma sur son avant-bras, ondulant comme un serpent jusqu'au dos de sa main avant de se consolider, puis s'étendre jusqu'à la recouvrir entièrement.


« Je vais peut-être mieux, mais je l'ai toujours dans la peau. Et bien que je puisse le manifester à volonté bien plus aisément, qui sait quand cela ressurgira à nouveau sans que j'ai mon mot à dire dessus ? »


Il contempla sa main en bougeant les doigts avec raideur, tandis que la carapace se résorbait à nouveau. Son regard sembla retrouver un semblant de détermination.


« Mais cela fait trop longtemps que je vis dans la peur, et cela ne sert à rien que je me morfonde dedans davantage maintenant. J'ai su éviter l'irréparable jusqu'à présent, alors pourquoi serais-je incapable de continuer à le faire encore ? »


C'était agréable de pouvoir parler avec optimisme, une chose dont sa malédiction l'avait privé, et qui changeait drastiquement la teneur de son attitude désormais. Un sourire se dessina sur ses lèvres.


« Donc oui Oniri, je dirai que nous avons réussi. Quelque que soit ce que cela donne ensuite, Aujourd'hui, nous avons réussit. Ce qu'il reste à faire maintenant, c'est découvrir comment. Car à en juger par l'état de votre logement, j'en déduis que vous avez renoncé à m'implanter une puce pour que je fasse votre ménage en guise de payement pour service rendu, et que l'on en retourne au plan initial : tester sur moi les idées possible pour traiter ma condition peu enviable, et appliquer sur vous celle qui s'avère fonctionner. »


Natsuki se pencha brièvement en avant pour attraper sa tasse, puis en huma l'arôme qui s'en émanait avant de reporter son attention sur son hôte.


« Et il semblerait que justement, une méthode qui fonctionne, nous en avons une à porté de doigts. Voulez-vous que nous l'essayons de suite ? »


Il s'exprimait comme s'il parlait d'un nouveau tapis de course tout juste acheté. A croire que l'excès de bonne humeur et de confiance en soi qui avaient attendu des années pour se manifester à nouveau n'allaient pas lui faire que du bien ces prochains temps...
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Suna
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyVen 17 Juin 2016 - 14:28

J'écarquillai les yeux de surprises. Il venait de sourire ? Il venait vraiment de sourire ? Ce n'était pas comme son Bubble Head, une expression démoniaque, mais quelque chose de franc et honnête. Tout ce qu'il y avait de plus saint. Et je trouvais cela tout aussi effrayant. Ou tout du moins dérangeant, n'y étant pas habituée, j'avais l'impression de découvrir un nouvel homme. Que quelqu'un d'autres avait subtilisé sa place, copié son chakra et utilisé une technique de métamorphose pour imiter le Nara. Seulement le compliment qu'il m'adressa, faisant écho à une lointaine réplique, m'assura que j'étais bien en face de la même personne. Cela me fit à mon tour étirer un sourire. Peut-être pas aussi sincère et profond que le sien, mais tout de même... Suite à cela il n'hésita pas à rédiger le bilan de son séjour sur un document imaginaire qu'il agitaentre ses doigts. Je le rattrapai est le posai sur la table basse, faisant mine de le consulter après m'être équipée de mes lunettes invisibles.

-Navrée de vous décevoir, mais ici à Kaze la plage se mérite et se trouve à trois cent kilomètre au sud. Il fallait prendre un forfait spécial si vous espériez pouvoir faire trempette, mais pour vous, je pense que nous pourrions faire une exception.

Je reposai mes lunettes sur le coin de la table, replongeant dans mon fauteuil pour l'écouter mettre un terme à mes craintes quant aux récents événements. Comme je l'avais supposé il allait beaucoup mieux. Sans doute un peu trop joviale même. S'en était assez déroutant, mais dans un sens je le comprenais. Avoir enfin le droit d'être heureux après toutes ces années, il aurait été sot de ne pas en profiter. Le petite boule de nerf, tension qui s'était accumulée en raison de mes craintes à son égard, s'était soudainement envolée. J'avais peine à y croire, mais nous y étions finalement parvenu. Tout ceci en avait valu la peine et j'arrivais à être heureuse pour lui. Au moins s'agissait-il d'une chose de faite et je savais que je n'aurais plus à m'inquiéter à ce sujet. D'autant lorsqu'on pensait à... Une minute... Il revenait à la charge avec cette histoire de muffin ? Sérieusement ? Et je l'écoutai surenchérir un peu plus à chaque seconde. Chacune de ses répliques étant autant de coups de marteaux qui m'enfonçaient un peu plus dans mon siège.

Agacée, je pensai que, toute compte fait, j'aurais mieux fait de le laisser dans le désert et se débrouiller pour rentrer tout seul. Peut-être qu'après deux semaines de jeûnes il aurait finit par les à son goût. Mes ongles s'enfoncèrent un peu plus dans mon fauteuil tandis que je tirais une moue qui laissait clairement comprendre que je m’abstenais de toute remarque pour ne pas gâcher son bonheur alors qu'en réalité je ne trouvais tout simplement rien à dire pour contre attaquer. Outre le fait qu'il juge mes muffins... passablement raté, ce qui semblait le réjouir, le vérité étant qu'il s'émerveillait d'avoir enfin retrouvé le sens du goût. J'en étais heureuse pour lui, très sincèrement, mais j'aurai préférée qu'il l'exprime d'une façon qui ne remettait pas autant en question mes capacités culinaires.

Malgré ce déluge de bonne humeur, il m'avoua émettre quelques craintes. Ce fut alors que je vis apparaître ces fameuses écailles. J'avisais le tout se répandre sur son corps avec davantage de sérieux. Il craignait que ce bonheur ne soit que trop éphémère ce que je comprenais parfaitement. Seulement, nous savions qu'il avait déjà vu pire et que ces quelques instants, qu'importaient leur durée, restaient une bouffée d'air frais. Pour ainsi dire même si les choses allaient en s'arrangeant, je n'aurais su dire si nous étions plus proches du début que de la fin, même si dans le fond, j'osai penser qu'il s'agissait de l'histoire de toute une vie.

-Je suis heureuse pour vous. Et si d'avenir vous veniez à éprouver des difficultés, j'ose espérer que vous tournerez à nouveau vers-moi.

Je m'essayai à un nouveau sourire. Que je voulais encore et toujours sincère. Je le pensais . Il n'était aucunement question de simulacre, mais j'avais toujours cette impression d'insuffisance. Comme si quelque chose manquait pour le rendre parfaitement véridique. Seulement le simple fait que je m'y prête avec autant d'honnêteté témoignait d'un changement dans ma façon d'être. Mon mal était toujours là, mais j'apprenais à vive avec. Ma tragédie familial restait inchangée, mais je me disais que cette dernière appartenait au passé. Désormais, je souhaitai m’essayer à vivre pleinement ma vie malgré tous les obstacles qui se dressaient devant-moi. Je n'était pas certaine d'y parvenir. J'en doutai fortement. Mais ce serait toujours mieux que de rester claustrée en marge du monde à lire des livres jours et nuits dans un appartement en désordre. Je me demandai alors si le Nara y était pour quelque chose dans ce changement. Les idées me trottèrent dans l'esprit dont certaine prenant un peu trop de place. Je me grattai l'arrière de la tête, gênée.

-Enfin... Quitte à avoir commencé ensemble. Autant terminer ensemble non ? Il y eu quelque seconde de silence. Le temps que mon cerveau se remette en place et interprète, à ma façon, ce que je venais de dire. Ha... heuu non ! Ce que je voulais dire par-là c'est que... C'est que nous pourrions... Enfin non... Heu... Disons que cela à marché une première fois. Et pourquoi pas une deuxième ?

J'agitai lentement les mains devant moi comme pour mettre de la distance entre-moi et ces propos, réprimant un rire nerveux dont les prémices étaient sans doute lisible sur mes traits. Sur l'instant j'avais simplement l'impression que mes neurones s'exerçaient à une simulation de crash test dans mon crâne dont les résultats se révélaient plutôt probant, fait que je détestai au plus haut point. La suite de la conversation, bien que simple, me parut un peu confuse. Je ne compris pas exactement de quoi il me parlait. De test sur-lui ? Essayer tout de suite ?

-Plaît-il ?

Je papillonnai des yeux, la tête soudainement vide. Suivants ce flottement et cet atmosphère silencieux, à mon sens, particulièrement gênant, mon cerveau mit à profit ces quelques secondes pour se réinitialiser. J'en gagnai une poignée de plus en saisissant ma tasse avec une certaine lenteur, avant de m'enfoncer à nouveau dans mon fauteuil. Tout cette mise en scène, aussi ridicule soit-elle me permit de saisir à nouveau le fil de la conversation. Effectivement je me rappelai, qu'à l'origine de tout ceci, il n'était censé être qu'un cobaye pour mon bon soin. Chose qui m'était complètement sortie de la tête et ce depuis un moment déjà. J'avisai temporairement mon reflet dans le nectar ambré de ma tasse. Repensant à tout ceci avec davantage de calme. Je croisai les jambes et bus une première gorgée avant de prendre la parole, gardant mon attention rivée sur ma boisson.

-C'est très gentil à vous, mais je crois pas que cela sera nécessaire. Dis-je calmement. J'ai compris depuis un moment déjà que le mal qui me ronge ne peut-être guéri ainsi. Mais ce n'est pas bien grave. Je sais que je finirais par trouver une solution avec le temps.

J'avais du mal à le regarder face pour de nombreuses raisons, malgré que sur l'instant j'aurai été incapable de dire précisément pourquoi. En ce qui concernait ma personne, ou plutôt ma nature démoniaque, je savais que j'avais encore un long chemin à parcourir avec. Seulement je ne pouvais pas non plus nier avoir été affecté par notre dernière tentative. Si cela n'avait tenu à rien, j'aurai certainement gardé cette information pour moi, mais Natsuki, plus que n'importe qui, méritait de savoir. Ainsi, posant ma tasse, je retroussai lentement ma manche. Révèlent une peau mate qui commença à se consumer par endroit sous l'ardeur de petite flammèches bleutées. L'épiderme gris argenté relatif à ma nature démoniaque se paraît à présent de deux nouvelles couleurs. Deux traces sillonnaient mon bras de façon hasardeuse comme si elles avaient été appliqués aléatoirement aux pinceaux. Toutes deux luminescentes à leur façon, l'une était d'un blanc pâle et l'autre d'un noir profond.

-Cependant il semblerait que notre dernière essai ai laissé quelques marques sur-moi. Votre « démon » à tenté de me posséder et il y est parvenu d'une certaine façon. Je suis cependant parvenue à reprendre l'ascendant. Désormais il ne s'agit que d'une infime partie de moi. Je pense pouvoir être en mesure de m'en débarrasser comme bon me semble. Néanmoins j'aimerais, si vous le souhaitez le garder encore un peu. J'ai le sentiment qu'il peut s'agir d'une piste à explorer.

Cette lueur noir, je pouvais la sentir au fond de moi. Elle cherchait à s'échapper, mais en était encore incapable. La preuve étant que je n'eus aucun mal à résorber ma transformation partielle, laissant alors ma manche glisser pour recouvrir ma peau.

-Pour l'heure, laissons chaque choses en son temps. Je voulais avant-tout savoir ce qu'il advenait de vous.

Je me rendais compte que je venais de littéralement ruiner l'ambiance pourtant rendue si jovial par l'engouement de Natsuki et m'en sentais un peu coupable. Par chance une perche m'avait soigneusement été tendu quelques minutes plus tôt et je comptais bien m'en servir pour changer cet état. Un contexte morne était assurément la dernière chose que je voulais.

-Pour ce qui est de la puce implanté dans votre cerveau. Qu'est-ce qui vous fait dire que je n'y suis pas parvenue ? Tout comme vous semblez avoir l'assurance que c'est moi qui ait bel et bien rangé l'appartement, ou encore que vous vous êtes persuadé d'avoir passé la nuit à dormir chez-vous.

Je lui adressai un sourire malicieux.. L'éternel haussement de sourcil aurait du survenir. Mais pas cette fois. Non, car à défaut de tout ceci, le regarder dans les yeux suscita cet étrange déséquilibre en-moi, ruinant ainsi tout l'effet de ma plaisanterie.
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Konoha
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Message(#) Sujet: Re: Réapprendre à vivre Réapprendre à vivre - Page 2 EmptyMar 21 Juin 2016 - 12:17

Natsuki ne fut pas le seul à s'immobiliser en pleine action. La tasse au bord des lèvres et un œil au sourcil bien plus relevé que l'autre, les mots d'Oniri – ceux qui abordaient l'idée de finir ensemble – le figèrent dans le temps pendant que chacun cherchait dans quel contexte ils devaient être placés. La Saibogu fut d'ailleurs la plus prompte à réagir.

« Oui, c'est cela... »
répondit-il en se raclant la gorge. « Même si je vous avouerai que je préfèrerai autant qu'il n'y ai pas de deuxième fois. Et si d'aventure, je devais être amené à vous visiter à nouveau, j'aimerai autant que ce soit par courtoisie plutôt que par nécessité. Surtout celle-ci... »

La suite laissa tout autant de flottement dans l'air, à la différence qu'Oniri semblait la seule des deux à ne plus saisir le fil de la discussion. Mentalement, il se remémora alors ce qu'il venait de dire pour repérer à quel moment il s'était montré trouble dans ses explications, mais la Saibogu le tira de ses réflexions avant qu'il ne trouve une réponse satisfaisante. Réponse qui n'était plus nécessaire.

Les yeux légèrement plissés et le visage davantage sérieux, il devait avouer n'être pas particulièrement ravi d'apprendre ce qu'Oniri lui racontait. D'une part d'abord, en l'entendant baisser les bras à son sujet. Lui qui avait été dans la même situation, il se refusait de la laisser ainsi. Toutefois, la suite l'empêcha tout bonnement d'ouvrir la bouche. Non pas à cause de la démonstration de la jeune femme, qui se laissa en partie consumer par ses flammes bleues, ni pour les différences qu'il releva avec ce qu'il avait l'habitude de voir au niveau de sa transformation, mais ce qu'elle lui révéla ensuite. Le visage fermé et la mâchoire crispée, la plaisanterie lui passa complètement au-dessus.


« Oniri, j'ai vécu de la pire des manières avec cette Chose pendant près d'une décennie. Je pense donc m'exprimer en pleine connaissance de cause, et ne pas me tromper en vous affirmant que rien de bon n'en résultera. Vous avez vu par vous-même avec moi autant à l'extérieur qu' à '' l'Intérieur '' ce que cela donne que de l'héberger en soi. Et avec votre propre condition, dont vous ne parvenez qu'à grande peine à dompter les sens exacerbés ou les instincts qu'elle vous génère, vous voulez en plus '' explorer une piste '' avec quelque chose dont la seule raison d'existence, la seule pensée, le seul besoin est de détruire ? Pardonnez-moi si je donne l'impression de douter de vous, mais ayant été aux premières loges, je connais mon sujet. La peur et la colère sont deux émotions primaires, le propre de notre espèce, et l'on ne sait s'en débarrasser que lorsque l'une prend le pas sur l'autre. Aussi infime que ce soit, Il sait comment enfler, prendre du volume et s'étendre jusqu'à vous étouffer. Vous êtes majeure et vaccinée, mais je ne peux pas accepter Oniri. Vous méritez mieux. »


N'importe qui méritait mieux que mener une vie dévorée par sa propre haine. Même Demon. Oniri se croyait plus forte que lui, peut-être qu'elle l'était, mais cela ne voulait pas dire qu'elle avait à emprunter le même chemin que lui, à plus forte raison qu'il n'y avait aucune certitude sur ce qui attendait la jeune femme à la fin. Natsuki avait accepté tout et n'importe quoi car il était au fond du gouffre, et que les événements pouvaient difficilement tourner pire. Oniri en était réduit à cela elle aussi ?

Le moins que l'on pouvait dire était qu'effectivement la bonne humeur était ruinée. Le sourire de Natsuki s'était effacé, et les deux protagonistes se retrouvaient plongés dans un silence pesant. Le Nara tatoué savait d’ors et déjà que la Saibogu n'en fera qu'à sa tête, mais après tout ce qu'ils avaient traversé, il trouvait déplorable qu'elle prenne un tel risque. Surtout en sachant à quoi cela mènera, alors qu'elle avait apparemment encore la possibilité d'étouffer le problème dans l’œuf.

Sa tasse reposée sur sa coupelle sur la table, il soupira longuement en passant une main dans ses cheveux, révélant brièvement ses naissances de cornes.


« Et puisque mon aide n'est désormais plus désirée car inutile, me voilà votre débiteur d'une vie, en plus de votre moto. Moi qui voulait proposer de rallonger le prix pour avoir droit au forfait spécial Trempette en guise de compensation minimum à tout cela, je ne peux pas dire que l'ambiance s'y prête encore pour le faire aujourd'hui... »


Les yeux posés sur Oniri, ils exprimaient davantage l'inquiétude et la tristesse que l'agacement ou la colère.


« Quelle va être la suite pour vous du coup ? Tester par vous-même jusqu'à où vous pourrez utiliser cette colère latente pour vous soigner ? »


L'humour n'y était pas. Il n’essaya même pas non plus.
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