N'oubliez pas que vous pouvez voter toutes les deux heures sur les cinq Topsites pour le forum !
Rappel : Chaque RP doit au minimum faire 15 lignes, soit 1400 caractères espaces non compris minimum.
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Partagez
 

 Le Mariage du Diable [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Nukenin
Asshu Kaderik
Asshu Kaderik
Informations
Grade : Nukenin de rang S
Messages : 1607
Rang : S

Le Mariage du Diable [Solo] Empty
Message(#) Sujet: Le Mariage du Diable [Solo] Le Mariage du Diable [Solo] EmptyLun 10 Oct 2016 - 14:50

Background de Snow partie 6 - Le Mariage du Diable

  • L'Histoire d'un civil qui sera dressé à la guerre par une des plus dangereuses organisations Nukenin de son époque. Snow est un simple adolescent qui sera conduit a quitté son domaine pour participer aux plus terribles moments qu'eut connus le monde Shinobi jusqu'à devenir un Samouraï en quête de sa propre existence. Entre ces deux simples moments, l'homme qui avait le regard d'un civil, tendre et innocent va se métamorphoser et radicalement changer sa façon de voir le monde. Les épreuves qui l'attendent, certaines très pénibles en feront,... Snow, celui qui cherche à ne jamais haïr, malgré que le destin l'y pousse fortement...


Ce solo fait suite directe à celui-ci Cliquez ici

Attention, certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes.

Note : Le "SNH." est un carnet que tient Snow depuis qu'il est en contact avec les Shinobis. Il y note tout ce qu'il souhaite. Les Shinobis on parfois rit de Snow en disant que c'était un carnet de commandement et le citant comme tel. Il est prononcé Snhèch par Snow et les Shinobis qui connaissent ce carnet.

Chapitre - Les noces blanches - Partie 1

Mariage de jadis... L'amour venait sur l'oreiller.
Hervé Bazin

Le mariage est un duo ou un duel.
Emile Augier

Un bon mariage serait celui d'une femme aveugle avec un mari sourd.
Montaigne

SNH. Shinobi no Hattan

Langoureux automne.

Au frontispice de l'hiver.

J'y entends Perséphone.

Sa neige perce le mystère.

Montant au pas du loup.

dissimulé dans les arbres montagnards.

Un endroit où je m'appellerai vous

Passant sous ciel tour de garde

La bâtisse abandonnée.

Celle que j'aurai réhabilitée

Un royaume qui surpasserait hasgard

Car des guerriers saints, il déverserait sur le monde.


(Comme pour les solos précédents, j'ai fini par arrêter de remplacer les noms pour mettre les vrais entre parenthèses, parce que l'on peut bien coller ce que l'on souhaite pour que cela corresponde à l'univers Naruto cela ne change rien à la valeur du texte, sachant, si problème il y a, que les textes rôles play qui suivent ne font jamais moins de 8 k de caractères, les carnets de Snow ne sont qu'un plus pour comprendre les messages sous-jacent de ces rps, considérez donc cela comme un bonus)

Le Blocage d'une ambition légitime
Croyez-moi les amis, les remords poussent à mordre.
Friedrich Nietzsche


Autant le principe de Peter nous signale que nous avons atteint la limite de nos compétences et que nos qualités ne peuvent désormais que plafonner (dans un déséquilibre croissant avec nos responsabilités, si d'aventure celles-ci croissent, ce qui est souvent le cas des bureaucrates et arrivistes, une fois leur promotion lancée), autant le blocage d'une ambition légitime signifie plutôt une inadéquation entre la personne qui en est porteuse et l'environnement dans lequel elle agit.
Ainsi Gérards est-il DRH humaniste, proche des idéaux des créatifs culturels, qui cherche à promouvoir toutes les formes de coopération horizontales et verticales dans son entreprise. Il est intelligent et organisé jusqu'ici, sa promotion a été plutôt rapide. Mais voilà qu'on lui propose de passer au cran supérieur, en devenant DRH du groupe. Ses patrons lui font comprendre qu'à ce niveau, plus question de jouer la même musique : s'il veut devenir un vrai boss, il lui faut larguer ses principes de "gentil dauphin" et reconnaître qu'au sommet, seule la loi des requins se révèle réaliste. Gerard accepte, mais sans jouer ce jeu, persuadé que les valeurs de coopération sont les seuls viables à long terme. Il s'en sort plutôt bien, mais c'est une révolution culturelle. Sa direction le prend mal et le fait licencier sous prétexte qu'il a atteint son seuil "d'incompétence". En pareil cas, le YI Jing ou livre des transformations parle de "lumière qui se retire", de "retraite nécessaire", mais il s'agit d'une retraire provisoire et purement stratégique.

Être bon ?

Que pensez-vous de l'idée d'être bon ? C'est une question qui occupait beaucoup les artistes hongrois des "dialogues avec l'ange", durant la seconde guerre mondiale. Ils voulaient tellement bien faire, tout entier tendus vers un possible accomplissement, au milieu de la furie nazie. Et puis un jour, la voix de l'inspiration poétique leur à sèchement dit :

Ne soyez pas bon !
N'imitez pas ceux qui détruisent
Le monde à coup de bombe
Pour ensuite se précipiter avec
leurs "bons" hopitaux.
Ne soyez pas bons...
Et la bonté passera par vous.


Citée hors de son contexte, cette phrase paraît très étrange. De l'avis recueillis de la personne qui me la rapporte, elle visait surtout les bigots et les bigotes qui sont toujours immensément préoccupés par leur réputation de "sainteté" et de bonté, qui multiplient les bonnes actions pour le salut de leur âme, mais qui, au fond, ne sont ni heureux ni aimants. Ce qui importe ? D'abord aimer vivre. Vivre à fond. Ensuite de s'estimer. De s'aimer soi-même (et de remercier la vie de nous faire exister). Enfin (ce qui est l'aboutissement normale j'ose espérer), d'aimer les autres...
Mais on ne peut pas se forcer à aimer les autres... Il est déjà si difficile de communiquer. Le plus souvent, ce que nous appelons communication est une juxtaposition de monologues. Au mieux, chacun attend que l'autre ait finit de parler pour placer son propre argument. Au pire, ce n'est qu'une joute verbale de reproches lancés au visage (à moins qu'on ne s'envoie plutôt des objets...). Pourtant et heureusement, nous pouvons mieux faire, comme l'a prouvé Marshall Rosenberg, inventeur de la CNV (communication non violente), qui a reussi à faire dialoguer des ennemis farouches (taulards, adversaires israelo-palestiniens ou couple en guerre). Avant de devenir son élève, Thomas d'Ansembourg fut longtemps, comme beaucoup, gentil, poli et parfaitement égoïste. Pour lui, la première cause du conflit est souvent que nous ne savons pas :

1 prendre conscience de notre propre ressenti ;
2 L'exprimer sous forme d'un sentiment précis ;
3 Le traduire en un besoin personnel ;
4 Formuler la demande, forcément négociable, de ce que cela applique.


Si vous essayez d'être bon en ignorant vos besoins, vous vous ferez violence, une violence que vous finirez par reporter sur les autres. Pour commencer à écouter l'autre, il faut vous écouter vous-même.

Atteindre son but

Cela nourrirait quoi en vous ? Quels bénéfices attendez-vous ? Des biens ou des qualités ? De l'avoir ou de l'être ? Loin d'opposer nourritures matérielles et spirituelles, cette question vise à faire l'union en vous, des forces disponibles. Si l'oracle chinois par exemple vous invite à "observer ce qui nourrit et ce qui est nourrit", si Montaigne après Juvénal prône "un esprit sain dans un corps sain", c'est que les sages connaissent l'importance, pour le bonheur d'un être, de son développement dans toutes ses dimensions.
C'est souvent l'enjeu fondamental de la notion de développement personnel : une réhabilitation de "l'honnête homme", de l'être complet, imparfait certes, mais cherchant à épanouir toutes ses qualités, physiques autant que morales, pratiques comme intellectuelles, rationnelles autant qu'introspectives.
Il s'agit donc de savoir, de la plus matérielle à la spirituelle, la plus égoïste à la plus altruiste, quelles potentialités cherchent à s'exprimer dans vos buts, afin de bâtir votre motivation sur plusieurs plans de satisfaction à la fois.
Apprendre à bricoler vous permettrait d'être mieux logé, et quoi d'autre encore : devenir plus adroit ? ouvert ? respectueux ? intelligent ? Comment les talents que vous possédez déjà dans chacun de ces domaines peuvent-ils servir ? Réussir vous rendrait comment : Fort ? serein ? généreux ? joyeux ? riche ? aimé ? utile ? calme ? juste ? courageux ? visionnaire ? altruiste ? humble ? génial ? perspicace ? compatissant ? Quoi d'autre... Votre but une fois atteint vous auriez du plaisir ? la paix ? La richesse ? l'amour ? la gloire ? la reconnaissance ? la joie du service rendu ? Autre chose ?....

l'Image du but

C'est pour comprendre la mémoire (dont les mécanismes continuent d'échapper aux spécialistes) que certains scientifiques, dont Karl Pribram de l'Institut Stanford près de San Francisco, ont été amené à élaborer la notion "d'image du but". De quoi s'agit-il ?

1 Plutôt qu'étudier la mémoire en général, Pribram a étudié la mémoire motricielle. Etant donné que toute réalité est mouvante (même une statue de pierre immobile au milieu d'un désert bouge au niveau atomique), si l'on vient à comprendre comment on mémorise un geste, on comprendra finalement comment on mémorise quoi que ce soit.
2 La mémoire semble fonctionner comme un hologramme. Fermez les yeux. Pensez au visage de votre maman. Vous la voyez ? C'est un hologramme. Voilà ce que les chercheurs de Stanford ont découvert : en gros, tout se passe comme si un geste (par exemple celui de l’adepte du roller ou celui du conducteur automobile ou encore le coup de main de l'artisan) était globalement emmagasiné, rond et entier, à la manière d'une formule qui contiendrait tout un monde enroulé à l'intérieur d'elle-même : la formule d'une interférence ondulatoire.
Or, savez-vous autour de quoi serait enroulée, en nous, la formule de chacun de nos gestes ? Autour de leur but... On le voit encore mieux sur les films au ralenti des neuropsychologues qui adorent travailler avec des sportifs au gestes précis et pensés. La gestuelle d'un basketteur, par exemple, est entièrement centré sur son but : le panier dans lequel il doit placer son ballon.
Un geste qui n'aurait pas de but, un geste absurde, ne pourrait pas être mémorisé. À l'inverse, se concentrer sur le but d'une gestuelle, d'un mouvement, d'un processus, aide litteralement ce processus, cette gestuelle, ce mouvement, à se réaliser. Ce n'est pas de la magie, mais parce que notre système nerveux fonctionne ainsi.
Les sportifs l'ont bien compris : Les élèves de Karl Pribram ont été les premiers à faire visualiser leur victoire aux sportifs (mentalement et par video aussi), même chose pour les business-men, ou pour quiconque (vous-même entre autre...) qui vise un objectif.

Le cadeau, il est beau le cadeau !

Nombreux sont les jeunes gens fiers et quelque peu arrogants qui disaient détester les cadeaux parce que, selon eux, la liberté exigeait que l'on ne doive rien à personne. Pardonnable de la part de personne très jeune encore en quête d'un idéal identitaire, dont la prétention est proportionnelle au besoin de s'affirmer, une telle attitude devient pathologique de la part de personne sensés être plus mûres. Pourquoi ? Tout simplement parce que la vie elle-même n'est autre qu'un énorme cadeau (boborisme croyez-vous ?, certes un cadeau paradoxal, empaqueté par un farceur cosmique qui pratique volontiers l'humour noir à grande échelle, mais un cadeau incontestable). C'est en fait la grande question du oui ou du non qui vous est posée là.
Pour recommencer à exister, le petit enfant apprend généralement à dire non avant de dire oui. Telle la petite hélice arrière de l'hélicoptère, le non évite à l'individu de fusionner avec sa mère, avec le monde ou avec le tout, avant même que d'exister. Il n'empêche : c'est la grande hélice qui fait avancer la machine. Certains sages conseillent à leur disciples d'apprendre à dire oui au grand jeu de la vie le plus tôt possible (du moins avant de mourir...). Pourquoi ? Parce que, disent-ils, au moment où tu mourras, tu te trouveras brusquement face au plus beau cadeau imaginable. Dans une telle situation, un sujet non entraîné à accepter les cadeaux ne pourrait que se cabrer en s'écriant "c'est trop !, c'est beaucoup trop !" On dit bien d'une très belle femme qu'elle too much, imaginez ce concept à l'infini... Conclusion ? Apprendre à dire non c'est essentiel pour trouver sa place dans le monde, mais il ne faut pas oublier de dire oui à l'essentiel...

Œdipe

Le roi de Thèbes, Laïos, et son épouse Jocaste étaient désespérés de ne pas avoir d'héritier. Ils allèrent donc consulter la pythie de Delphes ( c'est fou ce qu'elle revient souvent cette pythie ! ). Celle-ci leur prédit qu'ils auraient un fils mais que celui-ci tuerait son père et épouserait sa mère.
Quelques mois plus tard en effet un garçon naquit. Plutôt que de l'éliminer, le roi Laïos préféra abandonner son fils dans la montagne, après lui avoir percer les chevilles avec une aiguille et lié les pieds avec une lanière. Un Berger trouva l'enfant, le détacha et le confia au roi de Corinthe, Polybos. Ce dernier le baptisa " œdipe " ce qui signifie " qui a les pieds enflés " ( avouons que le roi avait de l'humour ! Bref.... ). N'ayant pas d'enfant, il se prit d'affection pour ce fils adoptif sans lui révéler son origine.
Mais un jour ( comme toujours ) alors qu'il la consultait, la pythie de Delphes rappela à œdipe l'ancienne prédiction ( quand je vous disais qu'elle était toujours là ! ) : tu tueras ton père et tu épouseras ta mère.
Croyant que son père était le roi Polybos, il préféra quitter Corinthe, de peur que la prédiction se réalise.
Durant don voyage d'exil il tomba par hasard sur des gens qu'il prit pour un groupe de brigands. C'était en fait le roi Laïos et ses serviteurs ( parce que un roi ça ressemble à un brigand c'est connu ). Après une querelle, œdipe tua ce qui lui semblait être le chef des brigands et qui était en fait son vrai père, puis il poursuivit sa route.
Lorsqu'il arriva à Thèbes, un monstre terrorisait la ville : le sphinx ( Grec ou égyptien, moi je sais plus...). Ce dernier tuait et dévorait toutes les personnes qu'il rencontrait et qui s'avérait incapable de répondre à son énigme. Qu'est ce qui est à quatre pattes le matin, à deux le midi, et à trois pattes le soir. Œdipe trouva la solution ( commode pour le mec aux pieds enflés ! ) l'homme, le nourrisson marche à quatre pattes, l'adulte sur deux jambes et s'aide d'une troisième jambe, la canne quand il est âgé ( heureusement qu'il avait pas pensé aux béquilles, sinon l'énigme était caduc... ). Le sphinx dépité se jeta du haut d'un rocher et œdipe devint un héros pour la ville. Il faut dès lors proclamé le roi de Thèbes et on lui donna pour femme la veuve de l'ancien roi, Laïos dont on n'avait plus de nouvelles. Et pour cause, c'est ainsi qu œdipe épousa sa mère sans le savoir ( elle devait être sacrément bien conservée la maman... ) œdipe et Jocaste vécurent heureux, ignorant leur lien de parenté. Ils eurent quatre enfants. Cependant la peste s'abattit sur Thèbes et l'oracle de Delphes ( à bah décidément ) annonça que cette épidémie était due à un crime non résolu, celui de Laïos, et que la maladie se reprendrait tant qu'on aurait pas châtié le criminel. Le roi œdipe lança ses meilleurs limiers pour trouver le coupable. Ceux-ci finirent par découvrir et révéler à leur maître la dure vérité ( tu m'étonnes ). C'était lui-même le meurtrier.
Jocaste à l'annonce de la nouvelle préféra se pendre. Œdipe fou de douleur, renonça au trône royal et se creva les yeux ( me demandez pas pourquoi c'est pas expliqué... ). Chassé de Thèbes, œdipe erra, guidé par sa fille Antigone, la seule à lui rester fidèle. Ils vécurent tout deux de mendicité ( un aveugle récolterait mieux c'est peut être pour ça en fait... ).
Bien plus tard Sigmund Freud utilisera cette légende pour expliquer la pulsion primitive des garçons à tomber amoureux de leur mère et vouloir détruire le père.
'Ouais enfin, ça dépend de la mère et du père j'espère....

SNH. Shinobi no Hattan


Année 7 - Hiver - Premier temps du règne des ombres

Snow / Batz / Laya



Épouser le rythme des saisons, de leur journée, c’est accepter parfois un profond ennui. Ce sont les moments seuls, perdu en soi. Le temps à l’air doux, tout est calme et paisible. Pourtant, une tension aux épaules ne tombe jamais. Les yeux sont à demi-fermés. Par un cœur frappé de plaies qui ne trouvent pas de baume pour se refermer. C’est l’acceptation de tout. La dernière étape du deuil. En ces moments, tout charisme que l’on croit posséder fond au soleil. Mais, qui ne connaît pas l’âme ne saurait percevoir les maux d’un homme refermé.
En passant sous l’ombre des bâtisses marchandes du village, je n’aspirais qu’à un peu de solitude. Besoin d’être seul pour ne pas avoir à expliquer pourquoi j’avais envie d’être seul. Ainsi, tout le paradoxe se formait. Pas un sourire, et une démarche lente. Je ne regardais même pas les passants et les habitants que je croisais. Eux, ne me regardaient pas non plus. Qu’étais-je sans l’attirail ? Sans ma suite pour me servir. Un homme comme tout autre, qui perdait même de sa splendeur. Il n’y a que dans les romans que celui qui souffre est attirant. Le visage de marbre, les yeux sans cesse en état de douleur, l’indolence du corps dans une aura perdue on ne savait où. Tout cela en réalité ne faisait que repousser tout être qui voudrait ne serait-ce qu’un instant s’approcher. Pourquoi vouloir percer la muraille d’un homme qui n’en éprouvait pas le besoin ? De mémoire, loin remontait le temps où je jouissais de tendre et d’amour.
Ainsi, un homme sans amour devient une coquille vide. Sa puissance naissant paradoxalement de ce vide. Insaisissable, impénétrable. Intouchable.

La fatigue déteignait chaque geste et chaque regard que je portais autour de moi, tandis que je m’enfonçais dans les allées marchandes. À l’heure du soleil rayonnant dans un hiver qui vivait ses derniers frissons. Le froid commençait à s’estomper en cette fin de saison et les neiges avaient quasiment achevé de fondre. Le printemps apparaissait donc pour bientôt. Mais pas nécessairement aux meilleurs auspices… Il me manquait quelque chose. Quelque chose que je cherchais depuis toujours sans avoir conscience de quoi. Aujourd’hui ne faisait pas défaut à cette idiotie. Sur une passerelle de maison, à quelques mètres en avant, je découvrais une scène qui captiva mon attention. Une petite fille pleurait ou presque devant les cadavres de petits oiseaux tombés trop tôt de leur nid. Des petits malins s’étaient sans doute amusé à les rendre encore plus laids en les « découpant ». Jeu d’enfant qui tire la queue du lézard… Cette petite, cependant, ne trouvait pas le même amusement à jouir de la mort d’un être.

-Ils ne souffrent plus, tu sais.

Elle se retournait vivement sur moi. Mais sans avoir l’air surprise. Le brouhaha du village ne permettait pas de se plonger en soi si facilement. Nous nous fixâmes quelques secondes. Et voilà qu’elle me sourit. J’ignorais complètement pourquoi… Je ne lui rendis pas ce sourire. Le mensonge n’était pas mon adage et me forcer à sourire, jamais je ne le faisais. Même si, dans le fond, ce regard innocent et compatissant m’attendrit. Elle me répondit alors, sagement et d’une voix polie.

-C’est mon père qui les a tués. Leur cuis cuis l’énervaient.
-Tu étais là à ce moment ?
-Oui.
-Cela t’a choqué ?
-Non.
-Non ?
-Leur mère les avait abandonnés. Après que je les avais caressés. Je crois qu'ils allaient mourir de toute façon...
-Elle a senti ton odeur dans le nid. Dès lors, les oisillons n’étaient plus les siens à ses yeux.
-Je ne savais pas.
-Chaque chose a une place. Cela vaut pour les hommes comme les oiseaux.
-Les hommes ont des places ?
-Comme les oiseaux.
-Vous n’êtes pas d’ici vous.
-Je ne suis de nulle part.
-Vous êtes venu pourquoi ?
-J’ai besoin d’un marchand bien fourni. Pour nourrir mes gens.
-Au bout de l’allée sur votre gauche, il y en a un.
-Merci.


J’allais me retourner, mais elle m’interpella de nouveau. En levant la main légèrement avec un « monsieur, attendez ». Je me tournais à nouveau vers elle, mais pas complètement. Portant un regard d’angle et patient à cet instant. Elle me saisit alors vivement la main, ce qui me fit me redresser sur moi-même, parcouru d’un étrange frisson. Elle me sourit de nouveau. Sincèrement et innocemment. Abaissant le visage, je me demandais ce qu’elle faisait. Heureusement, elle rompue le silence avant moi.

-Ça va aller, monsieur, vous savez.
-Qui a dit que j’allais mal ?
-Vos yeux.


Je ne pleurais pas. Je ne souriais pas. Je ne fus pas plus triste que j’en avais déjà l’air, mais mes yeux scintillèrent. Une luminescence due à quelques flots contenus et sans doute aussi d’instinct conservateur. Elle n’avait rien et me donnait... Elle. Pourquoi des gens si purs étaient-ils tout ce qu’il y avait de capable de sonder l’âme ? Alors que tant d’autres, à qui l’on donnait tout, étaient incapables d’en décrypter les nuances…
Je ne savais que répondre. Mais je pressais sa main dans la mienne. C’est elle, qui, sans doute, voyant que je ne savais pas comment réagir face à cela continua.

-Mon père dit que le temps fait tout.
-C’est un homme sage sans doute.
-Oui.
-Je dois partir. Avant que le marchand ne ferme.
-Ou que vous ne sachiez plus quoi me répondre ?


Silence à nouveau. Un ange ou un démon ? Difficile à dire. Frappant mon être de part en part, j’aurais saigné de tout mon corps si l’âme savait s’exprimer par le sang. Être fort exigeait les sacrifices qui incombaient. Le premier était d’accepter la solitude. Que ce que vous aimiez ne soit à vos côtés. Que vous ne possédiez rien d’autre que votre foi. Si personne ne pouvait pénétrer mon cœur, c’est que je savais que ce choix incombait aussi de souffrir plus encore que maintenant. Et cela, je m'étais résigné à le permettre. Je me défaisais de la main de la petite fille. Passablement. Puis me retournant, je reprenais ma marche en lui répondant de dos.

-Merci.

Ce que j’allais faire chez le marchand n’était plus seulement de commander des vivres pour le camp. Mais d’acheter quelques oiseaux. Curieux, je l’admets de ma part. Mais quelque chose me disait que je lui devais cette dette. Je comptais bien la rembourser. Après tout, combler un peu le vide, ce n'était pas si déplaisant que cela. Lorsque je revenais avec ce petit oiseau en cage, je ne trouvais pourtant plus personne. La petite fille avait disparu, et je me retrouvais bêtement avec cet oiseau dans la main, je pouvais toquer à la porte en face de moi, mais la maison avait l'air vide, cela me paraissait très étrange, mais il m'arrivait tellement souvent ce genre de chose... Je posais alors la cage au sol et ouvris la porte, pour libérer l'oiseau qui s'envolait vers sans aucun doute un endroit plus chaud. Tout le monde m'ignorait toujours, je n'étais pas dans le village de Kariska après tout, ici, j'étais un parfait inconnu. Demain, je me mariais, et je ne me sentais pas très bien, pour plusieurs raisons, mon esprit perdait un peu de sa teneur et de son équilibre. Bien trop de choses découlaient de ce mariage que je ne m'en sente pas troublé... J'avais l'impression d'être vide, que rien ne m'atteignait plus. Et quand je regardais cet oiseau s'envoler, j'avais l'impression d'être celui qu'on mettrait en cage. Derrière moi, une voix retentissait, une voix que je connaissais. Je soupirais un sourire dès que je l'entendis, je crois que cette fois, cela me faisait bien de l'entendre. L'homme au masque.
-Tu ne devais pas être en train de préparer ta cérémonie ? Me dit-il avec amusement.
-Luka, Gondo, et tous les autres en fait, le font très bien pour moi, disais-je me relevant.
-Je te croyais amoureux d'elle, n'es-tu pas heureux ?
-Si, mais...
-C'est à cause du complot autour de la cérémonie ?
-Oui...
-Tu crois que tous les mariages se font comme dans les contes de fées ? C'est rarement le cas en fait.
-Tu es pour ce mariage toi ?
-C'est ton destin, alors je n'ai pas à intervenir. Marchons un peu, tu veux.
-J'ai le choix ?
-Non.


Nous marchions dans les rues, tranquillement, comme deux amis, ce qui paraissait être étonnant étant donné notre passif, les gens s'écartaient en le voyant, lui et son masque avec une goutte de sang sous l'œil. Cela m'amusait un peu, car au-delà de cette apparence, il avait l'air très calme, aimable, aussi doux que je l'étais. Nous aurions presque pu paraître pour deux amis à ce moment en réalité.
-Tu ne m'as jamais dit.
-Quoi dont ?
-Pourquoi les cadavres, à Ame no Kuni.
-Penses-tu que la mort est le bout du chemin ?
-Je ne me suis jamais vraiment posé la question.
-Dans ce monde, ce n'est pas le cas. Mamoru qui invoque des esprits, Edo Tenseï, ressurection, et j'en passe. Il y a autre chose au-delà de la mort. Les âmes tourmentées prient pour un retour et une vengeance. Ces cadavres servaient un dessin particulier. Leurs cris appelaient quelque chose. Ce quelque chose dont j'ai besoin.
-Quel dessin ?
-Aucun don, je ne dois te parler pour le moment.
-Tu distilles toujours tes informations. Comme si je n'étais pas apte à les entendre.
-C'est parce que c'est le cas. La main, ne l'a pas décidé.
-La main ?
-La main de Dieu.
-Je te prenais déjà pour un fou, mais là, tu bats tous les records.
-De quoi se compose notre monde d'après toi ?
-De matière.
-Mh... Si seulement tout était aussi simple.
-Tu viens t'assurer que je vais bien me marier en réalité n'est-ce pas ?
-Tu as toujours eu une profonde empathie. Tu l'avais perdue, mais je vois qu'elle est revenue.
-Sauf que je ne me ressens plus moi-même aujourd'hui.
-Ce n'est pas plus mal, c'est ce qui te permet de prendre ce qui t'entoure avec recul.
-Tu connais mon avenir ?
-Non, je ne peux y faire que des suppositions, et espérer, la main n'est pas la seule main aujourd'hui. Il y a des règles.
-C'est un jeu d'Eleusis en somme.
-C'est un peu ça oui.
-Et suis-je sur le bon chemin ?
-Tu l'es.
-Pourquoi j'ai l'impression que tu me caches des choses qui pourraient m'être utile ?
-Parce que c'est le cas...
-Pourquoi ?
-Tu as trouvé ton but ?
-Pas encore tout à fait...
-Alors voilà la raison.
-Demain, des hommes mourront le jour de mon mariage. Comment puis-je assumer une pareille horreur.
-Le père de Laya ne m'est pas spécialement sympathique. Son destin est scellé, tu n'y peux rien.
-Tu veux dire que Batz n'échouera pas ?
-Tu croyais sincèrement qu'il pourrait échouer ?
-Non.
-Pourquoi tu n'as jamais reparlé de ton rêve à qui que ce soit ?

Le Mariage du Diable [Solo] 861066berserkfilmbylalykiascad5cgatm

-Je trouve étrange qu'il revienne chaque nuit depuis si longtemps... C'est comme s'il m'était imposé. J'ai peur qu'un jour, je comprenne quelque chose qui me déplaise.
-Tu sais ce que c'est la différence entre celui qui aime sa vie et celui qui ne l'aime pas ?
-Tu vas me la dire...
-Il y en a un qui accepte et l'autre qui refuse, tout bêtement. Toi pour le moment, tu es entre les deux, tu ne sais pas vraiment où tu es, ni où tu vas, tu es comme cet homme que tu aimes tellement sans le savoir, Batz.
-Je ne sais même pas pourquoi il m'attire tellement.
-Tu le sauras un jour.


J'allais rétorquer qu'il pourrait simplement le dire, maintenant en tournant le regard vers lui, mais il avait alors simplement disparu... Encore. Je ne m'en offusquais pas, c'était son habitude, même, j'y trouvais une certaine ironie qui m'amusait. Cet homme était si étrange, à chaque fois qu'il me parlait, j'avais cette impression que je devais l'écouter, alors que n'importe qui d'autre me prendrait probablement pour un fou. Après cette conversation, je décidais de rentrer chez moi, à fin d'être prêt pour le jour de mon mariage. Il était temps.

Chez moi... Le domaine de Snow disait-on... Que de chemin accomplit, et j'allais être un homme marié à nouveau. Mon second mariage. Luka et Laya étaient comme des petites folles avec leurs préparatifs, les frères Kögan jubilaient à l'idée qu'enfin leur père crèverait juste après la cérémonie, et le père Kögan jubilait à l'idée que ses fils crèveraient eux aussi juste après la cérémonie. J'avais beau tenté d'être heureux, je n'y arrivais pas, alors que sur mon visage on lisait pourtant la joie d'un homme comblé... Je jouais si souvent la comédie que je me demandais maintenant parfois qui j'étais moi-même. Le mariage devait avoir lieu chez Kingo, et ma nuit de noces également, exigence de Alderic premier du nom, qui souhaitait là que je la passe dans sa chambre plutôt qu'avec mon épouse. Je me demandais comment il ferait passer cela à sa fille d'ailleurs. Peu importait, les dés étaient jetés... Le doute me prenait pourtant comme rarement, Teichirô... que ferais-tu à ma place. Je crois qu'à ma place, tu ne te serais simplement pas mis dans cette situation. J'en venais à regretter de l'avoir quitté, la vie était si simple quand je n'étais qu'un soldat. Alors que tous me considéraient comme un être exceptionnel, j'avais moi l'impression d'avoir plus de poids que je ne pouvais porter sur les épaules... Je m'en allais donc trouver refuge chez quelqu'un de simple, Batz, mon témoin qui serait curieusement absent la nuit de noces pour des raisons ignobles. Il était alors avec Gondo, dans sa forge pour l'entretien de sa lame, Laya et Luka se trouvaient chez Kingo pour préparer la cérémonie. Batz se trouvait assis à discuter avec mon vieil ami quand j'entrais dans la forge du campement. Lui, il savait, lui, je ne pouvais que très difficilement lui mentir. Il dit à Gondo qu'il repasserait plus tard et nous nous dirigions vers les champs de lin, là où nous avions l'habitude de passer du temps ensemble. Assis à même l'herbe, il me regardait toujours avec ces yeux admiratifs, sans perdre ce goût du dépassement de moi qui m'excitait à chaque fois que je le regardais. La bête avait été domptée ? Pas entièrement...

-Demain c'est le grand jour. Vous allez être enfin mariée, depuis le temps qu'elle attend ça la petite.
-Je n'ai pas de nom de famille à lui donner.
-Tu prendras le sien ce n'est pas grave.
-Elle est devenue bien plus forte et confiante depuis que tu l'entraînes.
-J'ai fait de mon mieux. Et c'est une bonne élève.
-Est-ce que tu ne me trouves pas cruel ?
-Hein ?
-Je t'envoie faire la sale besogne pendant que je paraderais avec mon épouse. N'est-ce pas cruel ?
-Ça ne te ressemble pas de faire des simagrées comme ça... Tu ordonnes et j'obéis, ça a toujours été comme ça. Et non, je ne te pense pas cruel. Je sais pourquoi tu fais tout ça.
-Peut-être...


Je baissais le visage vers le sol, j'étais hésitant en réalité, moi, je me trouvais pitoyable et cruel, j'avais l'impression d'être le méchant de l'histoire, qui récolterait tous les lauriers alors que je n'avais finalement rien fait pour.
-Et les frères Kögan ? Le père ne t'en a pas parlé ? Reprit Batz.
-Il compte les empoisonner juste après les cérémonie.
-Cela va être un véritable massacre ce mariage en fait...
-C'est bien pour ça que je ne me sens pas à l'aise. Tu crois que je le payerais un jour ?
-Tu es superstitieux ? Ça non plus ça ne te ressemble pas.
-Parfois, je regarde le ciel, et je me demande, pourquoi je suis là, et pourquoi je fais tout ça.
-Tu ne devrais pas te poser autant de question crois-moi. Tu as toujours agi selon le moment, avec justesse. Pour le reste, je m'en occupe.
-Laya prendra mal la mort de ses frères...
-Elle m'a dit qu'elle n'aimait pas particulièrement son père. Quant à ses frères... Elle est tellement amoureuse que cela passera tout seul. Ce n'est pas toi qui les auras tués, elle le saura très bien. Elle sait ce qu'il se passe entre eux et son père, elle n'est pas bête.
-Tu as un costume ?
-Luka m'en a fait un sur-mesure... Je te jure, quand tu verras de quoi j'ai l'air là-dedans... Les délires de nobles, ça ne me branche vraiment pas décidément.
-Ha ha, tu seras beaux pourtant.
-Attends de voir ta belle dans sa robe. Tu vas avoir un choc.
-J'en ai eu un le jour où je l'ai vu déjà.
-Et moi donc...


Le Mariage du Diable [Solo] 867163tumblrmnrvfve4TS1r8oyaho1500

Je me relevais, je me sentais avec plus d'entrain et d'énergie juste avec cette simple conversation, Batz restait assis, il comprenait que quelque chose me traversait, mon regard se fit plus brillant, plus assuré, il retrouvait sa sérénité et moi-même, je me sentais traversé par une idée, une idée qui me paraissait splendide, tandis que je regardais ce soleil.
-Je crois que je sais ce que je veux. Quel est mon rêve.
-Ha ouai, rien que ça ?


Je me retournais sur lui, plein de convictions, et heureux, heureux comme je ne l'avais pas été depuis longtemps.
-Je veux éclairer ce monde. Je veux fonder un cocon, un havre de paix pour les hommes. Un royaume de lumière dont je serais le gardien.
-Tu crois ça possible toi ?
-Tu verras. On y arrivera, toi et moi.


Dernière édition par Snow le Lun 17 Oct 2016 - 13:48, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Nukenin
Asshu Kaderik
Asshu Kaderik
Informations
Grade : Nukenin de rang S
Messages : 1607
Rang : S

Le Mariage du Diable [Solo] Empty
Message(#) Sujet: Re: Le Mariage du Diable [Solo] Le Mariage du Diable [Solo] EmptySam 15 Oct 2016 - 16:25

Chapitre - Les noces blanches - Partie 2

Une journée et une nuit de fête annonçaient-ils, les seigneurs de la région, les courbés et les soldats, un jour d'union, d'allégresse, un jour de joie. La cérémonie du mariage sacralisé par la religion et l'état, contractuelle, car il y a aujourd'hui besoin de signifier sur papier l'union de deux personnes pour la rendre justifiée, officielle. Comme si le sentiment et la conviction n'avait de valeur que pour celui qui la ressentait. C'était ici l'alliance entre deux personnes, moi et Laya, mais aussi entre la famille Kögan et la région sous la coupe de la ville de Kariska. On nous avait préparés, au-delà la cérémonie, une magnifique fête au château de Kingo, aux décorations soignées, à la nourriture raffinée ou encore avec la promesse d'une boisson qui coulerait à flot. Tour fut orchestré au millimètre, à midi la cérémonie, à treize heures l'acte de mariage, à quatorze le vin d'honneur, et à dix-huit heures la réception en notre honneur. Les doigts liés dans un fil rouge, symbole de l'amour qui devait nous lier, mon costume magnifique, digne d'un prince, et Laya, plus belle qu'on ne l'eut jamais vu dans cette robe qu'on avait confectionnée exprès pour l'occasion. Elle était heureuse, son visage irradiait de bonheur, tant elle était soulagée d'arriver enfin à ce moment. Porter mon nom, être mienne et je suis sien, je lui donnais ainsi, car elle en avait le droit et cela me faisait plaisir, tout ce que l'on pouvait attendre du mari parfait. J'étais beau, aussi beau qu'un preux chevalier pouvait l'être, j'avais l'air aussi heureux qu'elle, j'étais souriant et le regard brillant quand je la voyais dans sa robe. J'étais digne et je ne fis pas le moindre faux pas, répétant à la lettre le discours nuptial que l'on m'avait dicté en y mettant toute l'ardeur et le romantisme qu'un homme aimant devait avoir.

Il y avait cependant sur ce tableau la saleté que je devais assumer et cacher, celle des frères Kögan qui me souriaient, mais pas pour me féliciter de mon mariage, celle du père Kögan qui me souriait, pas pour me féliciter de mon mariage non plus. La seule personne innocente lors de ce mariage, c'était Laya, moi, Batz, ces seigneurs, nous tous, nous allions en quelque sorte faire de ce qui devait être le symbolisme de la pureté un acte diabolique. C'est pour cela qu'alors que je paraissais brillant, j'étais en réalité à l'intérieur tout à fait creux et honteux, je savais en mon for intérieur que de cet acte dont j'étais en quelque sorte l'initiateur, il ne pouvait rien ressortir de beau, mais je ne savais pas quand encore la punition tomberait. Laya me considérait comme le mari idéal alors qu'elle fut sans doute bien plus meilleur partie que je ne l'aurais jamais été. Étais-je donc si accoutumé à la laideur, que je ne savais plus m'en défaire ? Pourquoi le bonheur ne me prenait au cœur, alors que l'on m'offrait une femme que tous les hommes rêveraient d'avoir. Curieusement, alors que je n'aurais dû avoir d'yeux que pour elle, c'était les regards de Batz que je cherchais sans cesse. Mais n'aimant pas les réceptions, je ne le trouvais nul part durant la cérémonie.

Le Mariage du Diable [Solo] 795931berserkmangabylalykiascad4xq6m9

Qui suis-je, où vais-je ? Quand nous arrivions dans la fameuse salle de réception, nous avions le droit aux traditionnels discours. Celui du père Kögan, barbant et solennel, celui de Kingo aux noms des seigneurs, qui n'était pas bien supérieur au précédent et puis venait le mien, ... Je me tenais à la hauteur du croisement entre les deux escaliers qui menaient vers un escalier principal, une sorte de minie tribune intérieure pour les discours de nobles. Kingo aimait faire les choses en grand. En bas de moi et face à moi, une assemblée, et surtout mon épouse, pendue à mes lèvres, qui se tenait comme une princesse rayonnante dans sa magnifique robe. J'avais préparé mon discours, et lorsque je parlais d'une voix aussi forte que posée et suave, j'en perdis la mémoire, je préférais, sans vraiment comprendre pourquoi, y aller uniquement à l'inspiration. Certains étaient agréablement surpris, d'autres beaucoup moins, mais je m'en fichais, je continuais simplement.

-Le mariage, lorsque l'on m'apprit que je devais épouser une jeune fille que je n'avais jamais rencontrée, j'en étais mécontent, je me sentais ordonné par le devoir de faire une malheureuse qui n'avait sans doute pas plus que moi réclamée cette condition. Cela devait sceller l'union entre une famille et une région en plus de deux êtres, ce mariage avait donc, à sa base, une unique raison politique. Pourtant, lorsque je l'ai rencontré cette jeune fille que l'on m'imposait, j'ai pensé être l'homme le plus chanceux du monde, j'ai pensé même que quelque chose ne devait pas être normal pour que j'en aie tant, de chance. Car Laya, m'a paru être ce que j'attendais depuis trop longtemps. Plus le temps a passé, plus nous attendions désespérément que ce mariage arrive, tous les deux. Je ne sais pas si la définition que les êtres humains ont de l'amour est réelle, je ne sais pas si ce mariage unira véritablement notre région à la famille Kögan, mais je sais que je ne regrette pas d'avoir Laya à mes côtés dès aujourd'hui, et que jamais de ma vie, je ne le regretterais, et somme toute, c'est déjà beaucoup et bien suffisant pour elle et moi...

Laya était satisfaite, et cela me contentait, je savais que les autres applaudissements n'étaient là que par politesse, que les gens attendaient quelque chose de bien plus prosaïque et profond de ma part. Cependant, cela ne sortait pas, je n'étais pas de cette humeur-là, je ne sentais pas mon humeur, alors que je me mariais, j'avais cette curieuse et malsaine sensation de mourir de l'intérieur. Lorsque je redescendais pour retrouver Laya, j'arrivais à elle en étant accueillant d'un splendide sourire, mais elle était en même temps surprise et je répondais à cette surprise d'un sourire qui se voulait rassurant. Nous étions au milieu de la foule, et pourtant, nous nous sentions seuls dans notre bulle, dans le brouhaha, nous nous parlions étrangement comme si rien d'autre n'existait. Comme s'il n'y avait plus qu'elle et moi dans le monde entier, durant ces quelques secondes. C'était un sentiment étrange que je n'avais pas vécu depuis bien longtemps, et je l'appréciais.

-Ce n'est pas exactement ce qu'ils attendaient de toi, je crois.
-Cette soirée n'est pas pour eux, alors ce qu'ils pensent ne compte pas.
-C'est la première fois que je te vois comme ça.
-Comment ça ?
-Négliger les autres, ne penser qu'à toi.
-Pourtant, je suis le plus égoïste des hommes, tu ne savais toujours pas ?
-Menteur... Tu n'as aucune preuve de ça.
-J'ai gardé la meilleure des femmes pour moi pourtant.
-T'es bête...
-Tu ne sais toujours pas danser ?
-Non... Je n'ai pas eut le temps d'apprendre avec l'entrainement.
-Alors ce sera comme au premier jour.
-Oui... Répondit-elle en ayant des étoiles dans les yeux. Comme au premier jour.


Le Mariage du Diable [Solo] 648471griffith1bylalykiascad5nimnb

Et nous dansions au milieu de tous, comme s'ils n'existaient pas, nous dansions n'importe comment, comme deux enfants qui jouaient, une étrange attractivité nous prenait tous les deux, nous avions en réalité envie l'un de l'autre, était-ce seulement la danse qui conduisait à cela ? Sous les regards de son père, que je sentais monstrueux, je me rappelais sans le montrer à Laya que cette soirée serait sanglante, et je voulais malgré tout lui donner ce à quoi elle aspirait. Lui donner l'impression que cette journée ne serait que du bonheur. Je ne cherchais qu'un seul autre regard, quand nous terminions, et enfin, je le trouvais, dans un petit coin de la pièce, en retrait des invités. Batz, dans son beau costume, il était là, enfin... J'étais terriblement inquiet, et quand je vis son visage rassurant et souriant, le mien était soudainement sincèrement emporté dans la quiétude. Si Batz était là, alors la soirée était bouclée, et je serais libre, enfin, d'aimer ma femme et de faire comme bon me semblait. Je n'étais cette fois plus poussé ou écraser par le destin, j'en étais le maître, et c'est cela, qui me soulageait. S'il était là, c'est que tout allait se passer comme je l'entendais. Nous en venions au traditionnel tour des invités, une coutume pour se faire des politesses entre personne qu'on ne voit qu'une fois par an, Laya faisait son tour et je faisais le miens jusqu'à ce que j'arrive vers le père Kögan...
Revenir en haut Aller en bas
Nukenin
Asshu Kaderik
Asshu Kaderik
Informations
Grade : Nukenin de rang S
Messages : 1607
Rang : S

Le Mariage du Diable [Solo] Empty
Message(#) Sujet: Re: Le Mariage du Diable [Solo] Le Mariage du Diable [Solo] EmptyJeu 27 Oct 2016 - 15:17

Chapitre - Les noces blanches - Partie 3

SNH. Shinobi no Hattan

Seuls ensemble
Ecoutez le poète :
"Aimez-vous l'un l'autre, mais ne faites pas de l'amour une entrave :
Qu'il soit plutôt une mer mouvante entre les rivages de votre âme.
Emplissez chacun la coupe de l'autre mais ne buvez pas à une seule coupe.
Partagez votre pain mais ne mangez pas de la même miche.
Chantez et dansez ensemble et soyez joyeux, mais demeurez chacun seul,
De même que les cordes d'un luth sont seules
Cependant qu'elles vibrent de la même harmonie.
Donnez vos coeurs, mais pas à la garde l'un de l'autre.
Car seule la main de la Vie peut contenir vos coeurs.
Et tenez-vous ensemble, mais pas trop proches non plus :
Car les piliers du temps s'érigent à distance,
Et le chêne et le cyprès ne croissent pas l'un à l'ombre de l'autre.


Extrait de "Le prophète" Khalil Gibran, édition J'ai Lu.

SNH. Shinobi no Hattan


Il avait l'air guilleret, il n'avait pas apprécié mon discours néanmoins et n'était plus dupe depuis longtemps quant à mes sentiments pour sa fille. Cependant, il pensait être encore et toujours l'unique maître des événements en cours. Selon lui, ce jour était le jour où je lui appartiendrais définitivement, et tandis qu'un des enfants qui étaient embauchés pour le service nous apportait des petits biscuits cuisinés pour l'occasion, je savais qu'il s'imaginait déjà profiter de sa propre nuit de noces. Il repoussait le petit garçon alors que je lui faisais moi-même face et nous pouvions ainsi nous parler en faisant chacun montre de la plus saine hypocrisie. Chacun se pensant maître de l'autre, sachant des choses que l'autre ignorait. Mais pour cette partie, j'étais certain d'avoir la main.
-Te voilà membre de ma famille. J'espère que tu es fier.
-Rien ne saurait plus me satisfaire aujourd'hui mon seigneur.
-Ma fille t'attendra dans sa chambre cette nuit. Mais je suppose que tu sais que tu n'y seras pas n'est-ce pas ?
-Je m'attendais à devoir plutôt me diriger vers la vôtre.
-Je dois aller au dîner de famille, avec mes fils et quelques propriétaires terriens, mais je t'y rejoindrais rapidement.
-Je n'en doute pas. Mais il me semblait que vos fils partiraient dès que la soirée se terminerait.
-J'ai insisté pour que nous ayons ce petit repas de famille. Ils n'ont pas eut le choix.
-Je pense comprendre.
-Vraiment ?
-Vraiment.


Le père comptait empoisonner ses fils à ce repas, je le savais, mais je n'allais pas les prévenir. Ses fils savaient que leur père serait lui aussi assassiner cette nuit, mais ils ne lui en avaient rien dit, peut-être que finalement, ce soir serait une totale réussite, peut-être que finalement, il n'y aurait pas d'accro et que je n'avais pas à me sentir coupable de ce qui allait se produire.

La soirée se poursuivait par des conversations inutiles entre convives et invités, Laya étant la princesse, la lumière de cette soirée, je l'observais s'en donner à cœur joie, comme quoi, être une femme n'était pas si désagréable pour elle de temps en temps. Moi je devais en faire autant, veiller à ce que chacun s'amuse, sous les regards parfois insistants des frères Kögan qui ne cessaient de s'impatienter d'arriver à cette nuit, si aucun ne le savait, moi je le voyais bien dans leurs regards, leur nervosité,... Laya s'éclipsait un petit moment vers l'une des terrasses extérieures, elle y retrouvait Batz, qui restait assez éloigné de tout le monde, dans son coin sans s'amuser. Elle entamait alors la conversation, pensant qu'il était simplement asocial comme à son habitude, alors qu'il n'en était rien, il gardait ses distances pour une toute autre raison.
Tous les deux, ils contemplaient la lune, si haute, si pleine... Alors que la soirée passait, ils conversaient sans vraiment savoir pourquoi l'ambiance était si étrange. Un parfum de vide, où la passion se meurt avant qu'elle eût obtenu tout ce qu'elle avait à obtenir. Et la rosée ne tombait pas encore dans la nuit, au son de leur voix paisible.
-Pourquoi tu n'es pas venu à la cérémonie ?
-J'avais autre chose à faire.
-Snow aurait été heureux de t'y voir.
-Il comprendra ne t'en fait pas.
-Il est content que tu sois là ce soir. J'ai vu son regard, j'aurai été presque jalouse. Il avait l'air tellement soulagé de te voir.
-Il est encore plus heureux que tu sois son épouse, tu peux me croire.
-Beaucoup de choses vont changer maintenant...
-Pour le meilleur, il y a veillé. Je ne suis venu que pour voir ça. Ce qui va changer, en bien ou pas. Ce qu'il va obtenir, ce qu'il va perdre.
-Tu es bizarre ce soir. Je veux dire... plus que d'habitude.
-Hé hé, c'est que c'est une soirée spéciale, je ne sais pas comment réagir, ce n'est pas mon univers...


Combien de temps avait passé depuis que j'avais rencontré Sendaï dans la forêt... Qu'est-ce que j'avais déjà accomplit, quel homme étais-je devenu aujourd'hui ? Ma femme parlementait avec Batz, sans savoir qu'il allait devoir durant la nuit assassiner son propre père, et lui devait éprouver de grandes difficultés à la regarder, car c'était un secret bien lourd à porter. Nous étions tous des instruments et des manipulateurs à la fois. Le père, les frères Kögan, Batz et moi... La configuration des événements nous avait conduit ici, un destin bien étrange... Après l'apprentissage de la guerre, j'avais dû apprendre la politique, les sphères des dirigeants me paraissaient pourtant encore plus sales que les champs de bataille. Je perdais ma poésie, je perdais mes envolées lyrique à mesure que le temps passait et je craignais qu'après cette soirée, il ne me resterait plus rien de beau et de grand en moi.

Le père après que nous ayons, avec les frères Kögan et Kingo souhaitez la bonne nuit aux invités qui partaient, se dirigeait vers le grand salon pour participer au dîner de famille qu'il avait ordonné à ses fils. Pendant ce temps, Batz était partis dans la chambre du père à ma place, pour l'y attendre dans la pénombre, l'épée à la main. Moi je me rendais vers la chambre de mon épouse, pour lui donner la première nuit où l'on considérerait qu'une femme deviendrait une femme...

Le père allait commettre l'irréparable durant le dîner de famille. Il avait en effet décidé d'empoisonner ses fils. Cela aurait pu être une parfaite réussite pour lui, cependant, il y eut un problème, et un problème de taille... Il n 'y eut qu'Iveric de présent, Alderic avait décidé d'outrepasser les ordres de son père et de ne pas venir à ce dîner... Il n'aurait donc qu'un seul fils d'emporter durant cette soirée et il savait par avance que cela s’avérerait dramatique. L'enfant qu'il avait payé pour servir le plat empoisonné devait par exemple rapidement disparaître. Cette nuit serait donc bien une nuit sanglante. Iveric était resté mort empoisonné sur la table du salon, Kingo avait été emporté avec lui... Le père courrait donc à sa chambre, paniqué que son autre fils ne soit pas présent... Il souhaitait m'en parler, mais il fut accueilli par Batz, qui lui tranchait la gorge d'un coup d'épée aussi sec... Tout cela pendant que moi je donnais la meilleure des nuits à Laya. Ce que j'ignorais alors, c'est que la suite des événements serait fâcheuse... Très, très fâcheuse, car si Alderic second du nom avait survécu... J'aurai à répondre d'un drame innommable. Son père mort dans sa chambre, son frère empoisonné, Kingo empoisonné... Il était certain que tout n'était pas dans le meilleur des mondes et que dès le lendemain le drame adviendrait...


Générique : Une des musiques ayant servi à l'inspiration

Le Mariage du Diable [Solo] 6175137da11770f630dc5f9d07a69fcb03a6dc
"Tous les deux, ils contemplaient la lune, si haute, si pleine... Alors que la soirée passait, ils conversaient sans vraiment savoir pourquoi l'ambiance était si étrange. Un parfum de vide, où la passion se meurt avant qu'elle eût obtenu tout ce qu'elle avait à obtenir. Et la rosée ne tombait pas encore dans la nuit, au son de leur voix paisible."
Revenir en haut Aller en bas
Nukenin
Asshu Kaderik
Asshu Kaderik
Informations
Grade : Nukenin de rang S
Messages : 1607
Rang : S

Le Mariage du Diable [Solo] Empty
Message(#) Sujet: Re: Le Mariage du Diable [Solo] Le Mariage du Diable [Solo] EmptyDim 30 Oct 2016 - 16:39

Chapitre - Au début de la fin


"En toute chose, c'est la fin qui est essentiel."
Aristote



SNH. Shinobi no Hattan

La fausse modestie

L'arrogance, la prétention, l'orgeuil, sont certes des défauts détestables. Mais il n'est pas moins odieux de prétendre les fuir pour... ne rien faire, se prétendant humble et modeste. " C'est si confortable, d'être modeste !" disait, d'une voix volontairement bêlante, la grande championne hongroise de natation (devenue graphiste d'art) Gitta Mallazs, quand ses élèves faisaient les timides, pour mieux renâcler devant l'épreuve. Toute la question est de savoir à la fois :
-Déceler en soi-même toutes les potentialités de réalisation et d'éveil ;
-Les mettre en oeuvre avec le plus d'intensité possible ;
-N'en tirer aucune vanité en se plaçant psychologiquement par exemple, sur un plan transpersonnel ;
-Savoir reconnaître ses limites et s'incliner avec une vraie modestie quand l'obstacle à l'évidence nous dépasse.


Les mœurs

Oui, il serait bon de rejeter vos habitudes, le temps de surprendre vos sens et de choisir ou de forger celles que vous jugerez favorables pour votre but, le développement de votre être et la sauvegarde des générations à venir. Mais il faut prendre le temps de réfléchir avant de prétendre révolutionner vos moeurs (et celles des autres plus encores !). Car comme l'indique l'étymologie (mores en latin, ethos en grec), les mœurs sont des coutumes directement reliées à la morale : des comportements pas lesquels une société exerce ses valeurs sans être contrainte toujours de l'imposer par la loi (mais plutôt, par exemple, par la force du ridicule). d'où, évidemment, un traditionnel affrontement entre "bonnes mœurs" conservatrices et aspirations à se libérer du carcan de ces normes.
Peut-on guérir de la "normose" ? Autrement dit, comment nous libérer des normes qui, dès notre enfance, coulent nos croyances et nos comportements dans ces moules culturels si prégnants que nous en venons à les confondre avec "la nature humaine" ?

Prendre du recul

Vivant la moitié du temps en Inde, le psychiatre français Jacques Vigne jette sur nos vies modernes un regard très intéressant. Ainsi, selon lui, nous enfermons trop souvent la question le la "psychologie spirituelle" dans le cadre exlcusif du judéo-christianisme et du freudisme. Si l'on réussit à sortir de ce cadre, pour entrer par exemple, dans les visions de l'hindouisme et du yoga, de nombreuses questions psychologiques ou psychiatriques, telles que la régression, l'angoisse, le délire, ou tout simplement la dépression, prennent une tournures très différente. Et du coup, de nombreux comportements déviants deviennent acceptables, comme en témoigne la diversité de l'Inde. C'est que, pour les enseignants indiens, le vide existentiel ne mène pas au désespoir mais, très naturellement, au vide créateur. Vous frotter à d'autres cultures , faire la part de tous les apports culturels que vous avez reçus (comme Jacques Vigne dresse le tableau des différences et des complémentarités entre Orient et Occident) vous éclairera de manière magistrale sur votre vie intérieure.
L'opposition que vous ressentez peut-être entre vos désirs et les moeurs en vigueur serait-elle avant tout dans votre tête ? Avez-vous testé votre entourage ? Votre but entraînerait-il un changement ? "Plusieurs choses gouvernent les hommes, écrivait Montesquieu dans "L'Esprit des lois : le climat, la religion, les maximes du gouvernement, les exemples des choses passées, les moeurs, les manières ; d'où il se résulte." L'inconscient collectif ? À quel "esprit général" avez-vous envie de participer ?

Apprendre à dire non

Non est l'un des premiers mots que prononce un enfant. Autant les voyelles du oui le relient au ciel aux éthers, autant la consonne et la diphtongue du non l'ancrent dans la terre et dans l'incarnation. Il faut savoir dire non à ce qui nous semble mauvais, pour nous-même et pour autrui, et cela demande souvent du courage. Les grands fondateurs de l'humanité sont généralement des rebelles qui ont commencé par dire non : non à l'injustice, non à l'infamie, non à l'égoïsme... ou même non à la nature, lorsque celle-ci impose sa loi aveugle : être un humain, cela peut justement consister à se rebeller contre l'aveuglement "normal" des règnes qui nous ont précédés dans l'évolution.
Cela dit, il faut savoir que le "non" de la rébellion et du refus ne prend son sens plein que parce qu'il est fondamentalement le serviteur du "oui", c'est à dire grand comme l'infini.

Nos pensées créent le monde

La phrase sonne bien, elle commence même à résonner avec l'air du temps. Mais que diriez-vous de la prendre au pied de la lettre ? Et s'il ne s'agissait plus de méthode Coué dont on plaisante, mais du titre d'un livre résumant une nouvelle métaphysique appuyée sur des faits ? Impossible de vous en exposer les détails, mais nous en retiendrons l'importance accordée à la conscience comme une trame constitutive de l'univers en compagnie de matière, ou encore celle des deux principes de leur évolution :

1. Un principe directeur (être tout en changeant, comme vous restez le même en vieillissant alors que toutes vos cellules ont changé) ;
2. Un principe moteur d'enchaînement d'union/séparation.
Dans ce modèle philosophique, la conscience est formée des données psychiques et informationnelles de tout ce qui existe (de l'étoile à l'homme), regroupées en bulles de sens et génératrices de notre perception et de notre compréhension du monde. Nous sommes donc, dans notre activité mentale, inséparable les uns des autres et du monde, l'âme étant ce que nous construisons comme apport personnel.

Conséquence pratique ?

Une intention claire et puissante peut vous aider à réaliser votre but, car l'intention est le moteur de la création. Parmi d'autres éléments de preuve, les auteurs rappellent que la physique quantique démontre l'impossibilité d'observer l'infiniment petit de la matière sans lui donner la forme d'un choix préalable à l'expérience : une intention. On veut voir une onde ? On voit une onde. Un grain de matière ? Un grain de matière ! Ils défendent qu'il est possible de le vérifier aussi dans la vie quotidienne, même si le choix de l'intention est plus complexe qu'entre onde et particule, ou entre guerre et paix pour des pensées collectives emportées par l'émotion. Nous savons bien qu'une fois énoncé un désir que nous jugeons légitime, il ne nous reste plus qu'à nous lancer dans l'action tout en gardant l'intention claire. C'est souvent à ce moment qu'un miracle se produit. La chance nous sourit, comme si "quelque chose" nous aidait dans notre but. Nous nous sentons porté par l'énergie de la vie. Le résultat nous paraît spectaculaire parce que nous avions désiré très fort et que l'évènement s'est produit. En fait le mécanisme de création est toujours le même. Mais à la différence des autres règnes (minéral, végétal et animal) guidés dans leur intention par des lois physiques ou l'instinct, les humains connaissent le libre arbitre et son corollaire, le doute. Et la plupart du temps, nous doutons. Nos intentions et désirs sont faibles, contradictoires, et la réalité qui se manifeste en est le reflet. Bien oui, que nous en soyons conscient ou non, nos pensées créent le monde ! À quelle réalité vos intentions vont-elles donner naissance, maintenant que vous le savez ?

L'oubli de soi

Il y a du mystère dans cette qualité : souvent absente alors même que nous croyons être altruistes, souvent présente dans nos actes inconscients, elle semble pourtant loin de nous être naturelle ! Des millions de bénévoles en font la preuve chaque jour, sans compter ceux qui prient ou militent, mais il est de bon ton d'en dénoncer la perte dans nos sociétés individualistes. Accusé : l'affaiblissement général du sentiment collectif, certains diront de la tradition chrétienne (au profit d'autres traditions et surtout d'un athéisme latent). Le psychanalyste et chrétien Jacques Arènes ajoute le net recul de la psychanalyse (au profit de psychotérapies plus rapides et moins impliquantes). Selon lui, bien que différents et parfois même opposés, christianisme et freudisme avaient en commun d'amener l'individu à s'affirmer... mais dans l'humilité, un certain renoncement à tout expliquer.
Faut-il réhabiliter cette recette chrétienne de base : "si tu as des soucis, oublie-les, et préoccupe-toi du bien-être des autres, tu verras, ça ira tout de suite mieux " ? C'est aussi une recette socratique, ou taoïste : tout altruisme passe forcément par une certaine dose d'oubli de soi. C'est enfin également une recette zen : la question n'est plus de penser aux autres, mais de ne plus penser du tout et de faire se dissoudre, dans notre esprit, toute idée de personnalité.
"Se connaître, c'est s'oublier", dit Albert Löw, qui dirige un centre de zazen à Montréal. Paradoxalement, le premier pas de cet oubli passe, non pas par un mouvement d'exaltation "hors de soi", mais par un recentrage : le sujet se calme, ferme les yeux, respire lentement et laisse les nuées de pensées obsessionnelles lentement passer dans son esprit, sans chercher à les chasser. Peu à peu, les scories (déchets de la pensée) mentales (que nous prenons bien à tort, pour notre moi) vont se déposer et une conscience plus claire va pouvoir traverser l'être, qui saura nous guider vers l'essentiel.

L'immensité du oui

Oui est un nom masculin (on dit "un oui franc et massif"), mais qui sonne féminin et ne porte aucune figure. Pour certains mystiques comme Mélik Nguédar ou Rupert Barnes, c'est le vrai nom de Dieu. À quoi faut-il dire oui ? Au maximum. Au maximum des maximums, car contrairement à ce que nous dicte l'une des peurs les plus universelles, la mariée n'est jamais trop belle ! Et il faut savoir que ce que nous imaginons comme "la plus belle des mariées", depuis notre propre périscope, n'est encore rien, comparée à ce que le réel nous propose en mariage effectif. Cela dit, le chemin du "oui" passe par un "non" en constante résistance (y compris à l'appel du divin), c'est tout le mystère mystique : la création est par essence, éloignement du principe créateur. Sans "non", le monde n'existerait pas.
Ceux qui ont tourné avec des derviches le disent : leur ravissement les anéantirait si leur bassin ne les retenait parmi nous, modérant leur consentement par une légère mais constante rébellion.

SNH. Shinobi no Hattan

Année 8 - Printemps - Premier temps du règne des ombres

Snow / Batz / Laya


Dans un château, bien loin de Kariska, les efforts démesurés d'un homme aux cheveux blonds résonnaient dans les profondeurs de ses cachots comme une macabre symphonie mortuaire sans ambivalence. J'étais les mains attachées à des chaînes, encore... Au-dessus du sol, et mon corps dansait au rythme des claquements de fouets que Alderic me donnait sans ménagement...
-Nous t'avions payé la milice ! Nous t'avions donné ton domaine ! Tu avais l'amour de mon frère ! De mon père ! Tu avais la main de ma sœur ! Mais tout cela n'a pas encore suffit à ton arrogance ! Ton ambition démesurée ! Tu es un monstre ! HAAAAA !!!!

Et le fouet qu'il agitait me déchirait la peau nue, laissant des traces profondes à chaque coups, tandis que les yeux fermés et les dents serrés je me contentais de recevoir sans pouvoir dire ou protester, car il n'y avait rien d'autre à faire... Mon sang ruisselait sur moi jusqu'au sol, et même le tortionnaire était effrayé par la fureur du frère Kögan qui magnait le fouet avec une dextérité peu commune. Je ne criais pas, je ne pleurais pas, je ne suppliais pas... Tombé à nouveau dans un trou sombre, un cachot humide où je me retrouvais comme un animal enchaîné, soumis à un nouveau fou. Il criait vengeance, il s'acharnait à penser que j'étais responsable de la mort de son frère, du désastre de la noce blanche... La noce blanche...

Après ce qu'on aura appelé ironiquement la Noce Blanche dans ma région, pour caricaturer le massacre qui s'était produit cette terrible nuit, tout s'était rapidement enchaîné. Laya, choquée par l’événement aura eu beaucoup de mal à avaler la pilule et c'est avec Batz que nous serons parvenu à la calmer et lui faire croire qu'aucun de nous n'avait quoi que ce soit à voir avec cette histoire. Très vite, Alderic second du nom était retourné dans sa région et avait révoqué l'accord qui liait notre région avec sa famille. Craignant la guerre, le conseil des propriétaires aura alors décidé de dissoudre les patrouilleurs après m'en avoir retiré la charge. Le château de Kingo fut confisqué et mis aux enchères sans trouver de repreneur. Quant à moi, je me terrais dans mon domaine avec mes derniers fidèles, Batz, Gondo, Laya et Luka ainsi que quelques hommes irréductibles qui n'avaient pas admit que l'on mit fin si brutalement aux patrouilleurs de Kariska. À peine une dizaine d'hommes sur le pied de guerre qui m'imaginait capable de redresser une telle situation malgré tout. Je n'avais pas cœur à les décevoir alors je ne leur disais rien de mon inquiétude et m'efforçais de paraître toujours aussi confiant. Nous n'avions cependant, hélas, plus le moindre financement de la part du conseil ou de la famille Kögan et c'était les revenus de mes propres terres qui nous permettaient de vivre tous décemment. Cela ne résolvait pas notre problème malgré tout. Je n'étais pas stupide, Alderic second du nom ne m'avait jamais porté dans son cœur et il ne tarderait pas à se retourner contre moi. Il ne viserait même pas la région en réalité je le savais bien. Seulement moi... Je devais rassurer Laya sans cesse avec Batz et Luka heureusement savait mettre de sa gaieté pour cela. Les jours passaient, il passaient surtout à la mise en oeuvre d'un plan qui ne venait pas. La situation était si complexe... Je me sentais complètement dépassé par les événements. Enfermé très souvent dans mon bureau, à chercher des solutions qui ne venaient pas, tandis que Laya s'occupait avec Batz à des entraînements pour se changer les idées... C'est un jour de chasse, que des samouraïs me seront tombés dessus pour me capturer et m'emmener au domaine de cet homme. Rapidement je fus enfermé dans ce cachot, sans savoir ce qu'il advenait de mon domaine ou de ma famille. Ma punition ne tardait pas, je subissais en ce moment même, les affres de la vengeance et de la rancœur s'abattant sur ma chaire sans que je ne puisse en répondre. Les coups de fouets cessèrent quand Alderic devint trop fatigué pour pouvoir en remettre. Alors je laissais sortir un petit rire qui lui fit redresser un regard étonné sur moi. Comment avais-je pu me laisser prendre si facilement... Peut-être que finalement, inconsciemment, je l'avais voulu...

-Ha ha ha... Je comprends maintenant. Lui disais-je en laissant passer un sourire. Je me demandais pourquoi les frères Kögan n'avaient jamais été mariés. Iveric détestait les femmes, il me l'avait dit... Mais toi, tu voulais garder ton cher père,... Pour toi ?

Le Mariage du Diable [Solo] 185124BERSERK21930x375

La rage prit de nouveau Alderic, et ce sursaut d'adrénaline lui procurait une vigueur que je ressentais tout aussi vivement aux claquements de fouets parfois sur des plaies déjà ouvertes. J'avais eut tellement de douleur que je ne la ressentais même plus, comme si on avait tellement gifflé une joue que la chaleur de celle-ci immuniserait à la douleur d'une autre giffle. Les nerfs lâchent au bout d'un moment, il y a tellement d'endorphine dans le corps que la douleur paraît apaisante, on y prendrait alors presque plaisir et en redemandait... Je crois que le fait que je ne gemisse pas à ses coups, et que j'avais osé le provoquer en sous-entendant qu'il était un homosexuel refoulé l'avait emporté. À dire vrai, j'ignorais totalement si ce fut la vérité à ce moment, c'est sa réaction qui me l'avait confirmé. Je comprenais soudainement bien des choses... Cette fois j'étais vidé de moi-même, je ne ressentais plus de passion, plus de douleur, plus de question, ce n'était pas tant que j'étais dans le vide, c'était que j'étais le vide... Il pouvait bien frapper de toute sa hargne, cela ne m'atteignait pas, rien ne me touchait plus, la mort de l'âme, quelque chose en moi c'était brisé... Peut-être qu'intérieurement, après tout ce qui c'était passé, je n'avais plus grand chose d'humain, et quand il lâchait son fouet en disant à on tortionnaire que j'étais maintenant son jouet, avec pour seul ordre de me garder en vie, je n'éprouvais même plus de peur ou de haine... J'étais seulement fatigué, comme un homme qui aurait vécu mille vie, j'étais déjà soumis en fait, je me foutais de ce qu'il pouvait arriver... J'allais être le jouet d'un malade mental, et après ? N'était-ce pas mérité... Quel grand destin m'attendait là, après l'homme masqué, le An'teï, Kariska, après tout ça, j'étais trop fatigué pour me battre encore...

Pendant ce temps, loin de là, Laya et Batz cherchaient le moyen de me libérer, mais le château dans lequel je me trouvais était trop bien gardé, une prise d'assaut aurait été pure folie. L'histoire s'accélérait, tout cela allait trop vite, et plus ils tardaient, plus je finirais en piteux états, malgré eux, pendant que je souffrais mille plaies, ils se rapprochèrent jusqu'à sombrer dans l’adultère. Au bord d'une cascade idyllique, comme si le destin les avait poussés dans cette direction, pour me faire une farce qui ne faisait rire personne. La mort de la passion était ainsi, quand moi, je devais tenir tête à la douleur, eux découvraient le goût de la luxure. Quoi de plus pitoyable en vérité, quoi de plus banale, que la trahison de son meilleur ami avec sa propre femme... Nous pourrions donner le détail de tout ceci, allant jusqu'à raconter la terrible journée de Kiri, la rencontre de Batz avec feux Samidare Teichirô, ou encore les prophéties de l'homme au masque, comment je fus libéré de ce château et comment Laya aura dû abattre son propre frère. Mais tout cela était en vérité inutile, il ne fallait plus regarder vers le passé à partir de là, car dès que les noces blanches furent entamées, c'était déjà le début de la fin... Il fallait préserver une partie d'ombre dans cette histoire, qui ne serait à découvrir qu'au reste de l'histoire vécue actuelle, car cher lecteur, si tu as pu lire cette histoire jusque-là, sache que les révélations à venir seront plus folles que tout ce que tu auras pu imaginer, et qu'elles ne viendront que lorsque le moment sera le mieux choisit.



Fin du Background de Snow... la suite est à découvrir au fil des rps
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Informations

Le Mariage du Diable [Solo] Empty
Message(#) Sujet: Re: Le Mariage du Diable [Solo] Le Mariage du Diable [Solo] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Le Mariage du Diable [Solo]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Le Cul du Diable
» Mariage |Midorhato|
» « Le Diable n’apparaît qu’à celui qui le craint. » [Pv Yoru]
» Un mariage sous les fleurs
» Pacte avec le Diable.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Shinobi no Hattan :: Archives :: SnH Legacy :: Passé & Lettres :: Flashbacks-