Du sommeil, elle se retirait. S’animant petit à petit, elle vint perturber la nuit de la Kadoria. Si la dame était dans un monde onirique, nul doute que son univers de rêve se serait transformé en cauchemar. D’un soubresaut, elle revint à la réalité dans la douleur. Le mal était localisé, tout autant en surface qu’en profondeur. Fourmillement qui se transforma bientôt en piqûre de plus en plus violente, semblait déchirer la peau de la Kunoichi. Une intense chaleur fit transpirer et chanceler l’équilibre et l’esprit de Yoko. Sans répit elle souffrait, rien ne calmait l’enfer, au contraire, tout semblait l’augmenter. Les draps devinrent trempés. Dans un ultime effort, la veuve se levait, les genoux fléchis, les épaules adossées contre le mur. Elle avançait jusqu’à une petite commode, ou elle prit une boite avant d’avaler immédiatement le tiers de son contenu.

Ah.. Saleté de cicatrice !

La femme haletait encore. Malheureusement, il lui fallait encore prendre son mal en patiente, il faisait encore nuit. Tôt le matin, elle se rendrait aux sources thermales. Le seul remède qui revigorait sa peau abîmée. Elle espérait ainsi récupérer de l'énergie, son corps en avait grandement besoin, ayant été maltraité depuis sa dernière séance. Depuis toujours, on sait que l’eau a des vertus apaisantes. La cure thermale met à profit les bienfaits de l’eau pour garantir le bien-être du corps et de l’esprit. Riche en sels minéraux, chaque eau thermale possède des propriétés qui lui sont propres. La médecine thermale permet aux malades de retrouver une bonne qualité de vie. Les autres viennent pour une remise en forme.

***

Marchant tranquillement, limitant le moindre mouvement inutile, ou la moindre collision qui allait la paralyser de douleur, Yoko esquivait chaque personne et préférait longer les murs pour mieux endurer. Elle parvint enfin à l'entrée. Habituée, elle se faufila directement dans les bains. Elle avait prit soin de ne prendre qu’un kimono, sous lequel son corps était nu, a cause des frottements. Elle lâcha simplement sa tunique traditionnelle, et entra dans l’eau. Dans un bonheur salvateur, elle échappa un très bruyant souffle de soulagement. Ses semblables la regardèrent, mais la Kadoria les ignorait. Le feu de Makka s’éteignit par la température de l’eau magnifiquement bien chauffée, sans être brûlante. De nombreux petit grain doux, et massant la peau, relaxait la tension que ses muscles limitrophe a la cicatrice avait subi. Elle savait que dans deux semaines, le processus se répéterait. C’était le vestige de sa défaite contre la Furyou au brasier, et le mémoriel de son défunt fiancé. Une malédiction qui la suivait chaque matin devant le miroir.

La délivrance à la souffrance était un plaisir exquis. Le visage de notre balafrée retrouvait une douceur charmante. Chacun de ses nerfs trouvait enfin le repos qu’ils attendaient depuis la nuit. L’aura même de Yoko changea. Son corps se laissait immerger par l’eau de la rédemption. Le phénomène continua, jusqu’à atteindre la partie supérieure de ses joues. Les pupilles de la blonde pouvaient désormais voir la pellicule de l’eau. La moindre vague viendrait lui ronger l’œil, et flouter sa vue tellement elle ne faisait qu’un avec la source thermale. La Kadoria retenue son souffle un long moment pour que sa brûlure puisse s’apaiser durant les deux semaines à venir. Alors qu’elle ne voyait que le balancement envoutant de l’eau, comme une mer calme pour le mouvement, et les vagues pour l’enchantement, un obstacle volumineux venait la priver de cette scène reposante.

Une serviette s’était prit au vent, la gonflant suffisamment pour la laisser se poser a la surface de l’eau, a l’image d’un oiseau libre et majestueux se poser sur un étang. Pivotant la tête de droite a gauche, la femme recherchait qui avait bien pu perdre la barrière a son intimité. Mais elle ne trouva personne. C’est alors qu’elle eut l’idée de relever la tête. En d’autres circonstances, la manipulatrice de gravité aurait été aimable et restitué le dû à son interlocutrice. Seulement, le regard insistant de cette dernière éveilla son attention et sa vigilance.

Quoi ? Tu veux ma photo ?

Posa-t-elle comme question rhétorique. En effet, elle n’attendait vraisemblablement pas de réponse. Elle se demandait bien ce que les jeunes avaient dans la tête parfois. Et pire, quelles étaient les raisons de leurs comportements. Comme cette gamine qui finissait nue, en hauteur sur une branche de cerisier, en plein milieu d’un bain thermal, et surtout a la vue de tous. Qu’est-ce qui lui avait prit de grimper dans un arbre a un tel endroit ? Etait-elle exhibitionniste ? Souhaitait-elle attirer les regards masculins sur elle ? Ou était-ce un prétexte pour mieux jouer la voyeuse sur les membres gonflés du sexe opposé ? Avec de telles hormones, il ne fallait plus s’étonner de la jeunesse et de leurs attitudes aussi intelligents que la bêtise. Mais rien n’expliquait encore pourquoi la grande enfant la fixait elle et nul autre. Ses sens se mirent alors en alerte. Mais l’adulte prit d’abord la responsabilité de prendre soin de sa cadette.

Tu ferais mieux de descendre de là. Les garçons de ton âge n’attendent qu’une vue comme tu leur offre. Et je te rendrais ta serviette qu’à condition que tu me dises pourquoi tu me fixais ainsi. C’est à cause de ça ?

En terminant sa phrase, elle pointait avec son index sa cicatrice qui descendait de l’œil droit jusqu’au cou. Il est vrai que cela aurait été un motif valable, et le recours a cette hypothèse ne lui était venu que tardivement.

« C’est parce que ma serviette est tombée. » Une évidence pour la gamine, mais qui semblait dénuée d’assurance pour Yoko. C’était plus que sensé que de porter sa vue sur l’élément que l’on cherche à suivre et attraper. Elle crut donc l’adolescente. Celle-ci semblait enfin se tourner pour finalement descendre, comme si elle venait de réaliser son attitude inaccoutumée. Seulement la chevelure bleutée ne brisa pas sa manière atypique d’être, refusant de répondre en passant à l’as la question de Yoko, comme si elle ne souhaitait guère ébranler son savoir-vivre. L’impolitesse était une non-valeur qui indisposait la Kadoria. C’est donc agacée qu’elle remarqua que son interlocutrice était une kunoichi, elle aussi. Ses mouvements et sa qualité de saut ne mentaient pas. Plus que résolue, sa décision consistait à la contraindre à donner une réponse. Mais sa rivale paraissait lire en elle, et semblait au moins aussi atteinte de teigne hargneuse qu’elle. Un duel prit place. Dans l’eau, armée de la serviette ennemie, Yoko campait sur ses positions, tandis que son adversaire souhaitait la prendre d’assaut. Evidement, elle ne remarqua en aucun cas le regard affaissé et ravalé – même si la vérité était autre – de sa comparse d’arme.

Des deux côtés, chacun vivait son propre combat intérieur. Yoko doutait à montrer le bon exemple à la nouvelle génération, alors que la Shiwoon efféminée tenait bon pour sa terre promise. La gamine insistait. La veuve se sentie subjuguée par une certaine honte. La scène se déroulait certes aux bains, mais le rapport force-faiblesse en faveur de la manipulatrice de la gravité était flagrant, et ce qui était choquant, c’était d’appuyer son chantage sur la nudité de la jeune fille. C’est pourquoi elle renonça. Voila désormais le bras tendu de la conquérante qui réclamait la victoire. Yoko reconstitua la barrière de l’intimité. Seulement, c’était trop simple. En effet, « celle » qui se cachait sous un henge ne fut nul autre qu’un jeune homme. Un individu de sexe masculin dans un bain pour femme ! Sacrilège ! La dame lui jeta machinalement un regard d’assassin, aussitôt qu’elle se rendit compte du subterfuge. C’est-a-dire a l’instant même qui suivit, le plongeon puis la remontée de l’imposteur.

Kyaaaa ! Un homme !

La paume de la Kadoria colla jusqu’à s’incruster dans la joue du Dentô, et l’envoya surfer vers un groupe de femme pudique. Il avait osé. Il en assumerait les conséquences. Apparemment, le dernier qui avait eu à subir sa punition ne prenait plus effet sur ces enfants. Le petit escadron de guerrière ne tarda pas, par reflexe, a commettre le même geste. Un véritable match de ping-pong s’ensuivit, durant lequel Yoko profita pour revêtir son kimono et prendre ses jambes à son cou. Corrompue a l’idée qu’un autre homme que Tsuku avait pu la voir aussi dénudée, elle était motivée a errer et traquer les sorties des sources thermales. Postées aux angles morts – ayant utilisé quelques clones – elles scrutaient chaque détails et dévisageaient chaque passants. Puis l’effort trouva paiement. La cible était en vue, et quelle chance que cela tombe sur la Yoko originale, l’authentique, la vraie ! Dissipant ses répliques, elle se faufila dans les pas de sa victime, avant de poser la même main qui avait frappé le violateur de droit. Donnant une légère pression pour le faire pivoter, elle dévoilait son visage dur et fermé.

Toi.. Je vais te demander deux choses. Ton nom. Et me suivre. Si tu ne coopères pas…

En ce moment précis, elle mordit sa lèvre inférieure, en laissant le son de sa voix se tuer. Une menace non prononcée est un danger plus grand. L’insoupçonné est plus éprouvant que le connu.

L’insoupçonné est plus éprouvant que le connu. Encore faut-il un minimum être avisé...

En effet, les personnes à l’esprit suffisamment sensé et prudent chérissent de pouvoir méditer en connaissance de cause. L’existence même de la raison est cette capacité à pouvoir peser les avantages et les inconvénients. Nombre de sagesse ont tentées d’imposer des protocoles et parfois même des réponses préétablies. Méconnaître et se soustraire à ces sagesses est une chose. Se dispenser de vertu en est une autre. Effectivement, le jeune pervers des bains faisait preuve d’une candeur assez exceptionnelle à se déroger aux lois même de la raison. Son ignorance des informations aurait du au moins le faire hésiter, mais celui-ci avait répliqué aussitôt. L’absence de connaissance provoque toujours une inquiétude, voir une peur, tel est fait ainsi l’Homme. Le gamin avait non seulement passé sous silence sa tête, mais aussi son cœur. Lucidité, perspicacité, et prudence n’étaient pas pour justifier le Dentô. D’ailleurs, ses défauts ne s’arrêtaient pas là. Yoko se désolait de voir ce que devenait la nouvelle génération. Dépitée, elle répondait étrangement d’une voix suave, mais solennellement grave.

A un endroit... Où ta honte ne sera pas publique.

Cette fois-ci, elle laissait un temps de réflexion à son interlocuteur. Souhaitant qu’il se détende, qu’il ne réponse pas sous la tension de la panique, Yoko relâchait sa mainmise de son épaule. Son avant-dernière chance à être repêché. S’il n’usait pas de son intelligence, elle espérait au moins que son orgueil le sauve d’une humiliation en plein centre-ville. Assurément, la réputation du garçon ne s’en relèverait pas de sitôt si le plan de la blonde s’échafaudait dans les règles qui n’étaient pas les siennes. La résistance et sa rébellion ne ferait que décupler la réprimande qu’il allait, de toutes façons, et quelles que soient les situations et leurs conditions, recevoir. Le jeune homme ne le savait pas encore, mais l’emprise de la trentenaire était déjà totale.

Au fait, je t’ai déjà posé un sceau. Vas-tu me suivre ?

Ayant profité auparavant du contact avec lui, elle ne s’était pas gêner pour saisir cette occasion. Les obstacles auxquels faisait face le garçon, le bridait à petit feu, le renvoyant vers d'autres chemins sur lesquels il était réticent. Dans le couloir qui était autrefois emplit de grandes portes ouvertes, il n'y reste plus qu'une seule et unique petite porte. Puis celle-ci, se ferme à son tour. Dans une impasse. Il n'y a plus de choix, plus de possibilité. Et c'est privé de cela que le Dentô devait assumer ses actes.

***

Finalement, la Kadoria était parvenu à son but. Elle savait qu’elle finirait par y arriver. La balafrée s’était mit en tête de le traquer si elle avait eu la gentillesse et l’immense bonté de relâcher le voyeur. La sentence pouvait commencer. Autour du Dentô, trois marques avaient été déposées par une gestuelle gracieuse, et ô tant répétées de la kunoichi, sans aucune discrétion. Tout deux à l’intérieur de ce triangle, Yoko prit enfin la parole :

Tu as osé entrevoir mon intimité que nul homme, mise a part Tsuku, ne peut prétendre. Tu as tenté me mentir. Tu as dédaigné me donner ton nom. Je suis Kadoria Yoko.A cet instant, le jouvenceau pouvait sentir son corps s’alourdir, la gravité jouant contre lui. La fuite semblait impensable, et pourtant le seuil de sa puissance n’était pas au zénith. Et toi ? Quel est ton nom ?

Une ultime relance.

Impassible et attendant la réponse du jeune homme, Yoko se remémorait a quel point l’insubordination de son captif atteignait des sommets.

***

C’est d’ailleurs cette même chose qui lui avait permis de s’enfuir. La balafrée avait été tellement sidérée, qu’elle en était restée bouche bée et figée sur place. Elle n’en revenait pas qu’une telle idiotie et insolence pouvaient exister. Abasourdie, elle réalisa petit à petit qu’un gamin comme lui vivait bien dans ce monde, et venait de lui échapper en se faisant la malle. Le retrouver une fois avait était facile mais pénible, autant la deuxième fois... serait rapide et amusante. Activant le sceau que la blonde avait imposé sur sa cible, elle se jouait de la gravité pour emmener à l’écart sa proie. Les deux protagonistes se dirigeaient donc vers la même direction, il était donc inévitable, qu’ils se croisent. En dehors du village, dans les bois d’un flanc de montagne, leurs routent se joignirent enfin. Immédiatement, Yoko jeta un regard sur le Dentô avant de placer son index tendu devant elle. Puis, d’un mouvement du poignet, elle abaissa ce doigt, provoquant chez le marqué l’assujettissement de sa tête, qui s’inclina, telle une révérence.

La kunoichi lui imposerait le respect, de grès ou de force. S’approchant, elle se préparait à la suite, avant que la perversité envahisse a nouveau le gamin. Le mioche s’agrippa à sa poitrine, frictionnant sa tête entière avec les deux arguments, sous le regard outré de la blonde, stoppant sa technique. Cette fois-ci, Yoko ne resterait pas sans défense, elle ne s’y attendait certes pas, mais la surprendre deux fois relevait de l’impossible. D’un coup de coude, elle envoya au tapis son agresseur, qui de toutes évidences, n’avait pas fini sa besogne. Il reprit de plus belle, en lorgnant directement sous la jupe que la Kadoria portait. Ne finissant pas sa phrase, il fut instantanément accueillit par un coup de pied d’une violence inouïe, qui l’envoya voler quelques mètres plus loin. Elle avait décidé de passer à la vitesse supérieure, et lançait trois kunai qui signaient la fin du Dentô.

***

Yoko lâcha un « Ooh » d’étonnement et d’admiration quand elle vit le ninja se redresser debout avec difficulté, avec un rictus de défi. Elle était impressionnée que le petit puisse se relever. Dommage que ce soit pour dire des inepties. Il était vraiment infligeant… Cependant, depuis le début de leur rencontre, Yoko entrevit à ce qui ressemblait à une première qualité, lorsque « Black Star » fit face à ses problèmes avec courage et détermination. Mais même ainsi, il restait incroyablement pitoyable, pour un ninja dont l’humilité avoisinait les zéro. La trentenaire décida donc de lui en donner un peu. Sans répondre, elle intensifiait son kekkei, ce qui paralysa directement « le chevalier blanc de la foudre », désormais sans défense. La veuve s’avança donc vers lui, doucement. Ses pas se faisaient lents, sûrs, puissant et atermoyant, laissant le Dentô déglutir toute sa peur. Yoko le dépassa. Elle présenta le flanc de sa main, puis la leva en l’air avant de l’abaisser rapidement vers la nuque de sa proie, et s’arrêter a quelques millimètres de sa peau, en annonçant :

Ton jeu est terminé. Jouons au mien désormais. Je vais te poser une série de question. A chaque refus de coopération, a chaque mauvaise réponse, ou si celle-ci ne me convient pas… Je te laisserais dans cet état durant une journée, sans boire, manger ou dormir. La sanction peut s’empirer par ma seule volonté. On commence maintenant. Qui es-tu ? Quelles sont tes qualités ? Quels sont tes défauts ? Quel est ton but ? A quoi aspires-tu devenir ? Pour quoi serais-tu prêt à périr ? Quelle mort redoutes-tu ? Réfléchis bien gamin, car ce n’est certainement pas aussi facile que tu ne le penses, et que je serais intransigeante.

La véritable épreuve pouvait commencer.

S'il avait compris le principe de la comédie, « Black Star » avait donc pu déduire qu'il pourrait jeuner sept jours et nuits durant. Il devait avoir saisi la difficulté du jeu, car les rebuffades, les oppositions, et le manque de volonté lui incombait directement l'étiquette de perdant. Le risque d'erreur en cas de simple réponse était déjà présent, alors partir avec une longueur de retard était impensable. Et pourtant, l'insolent ne se priva pas d'une énième bavure, en choisissant la mauvaise stratégie. Il recommençait à se présenter comme étant quelque chose qui n'était pas. Un roi, un élu, un dieu.. Yoko se rappelait de tous les pseudos qu'il s'était donné, et de ce qu'ils signifiaient. Un être, divin, au-dessus des mortels, éclairant nos pas, destiné a changer le monde et a le punir, un chevalier terrassant les géants et surpassant l'ermite es six chemins.. Rien que ça. Le petit ne manquait pas d'audace. Pourtant, c'est ce qui semblait se cacher derrière la tête du môme quand il prononçait son fameux titre, qu'il s'était assurément lui-même octroyé. La blonde à la balafre ignorait jusqu'à présent l'existence du morveux, et franchement, elle aurait préférée ne jamais le rencontrer tant il était très en dessous de la dignité et de la décence d'un Kumojin. A lui seul, il tâchait une nation tout entière. Le Dentô lui sortait des trous de nez.

Néanmoins, une légère amélioration se fit sentir. Aussitôt compromit. « Black Star » jouait, mais il ne le faisait qu'a moitié. Ses paroles étaient imprégnées de rébellion et de raillerie, qui montait crescendo sur l'échelle des décibels. Agacée, la veuve se jura que ce fut la dernière fois qu'il adopterait un tel comportement à son égard. L'unique raison qui ne la fit pas agir directement, était que le genin était sous sa totale emprise. Sa revanche pouvait être prise comme bon lui semblait. Ce qui lui laissait le temps d'essayer de le sonder, en vain ; elle ne le comprenait tout simplement pas. A la place, un sentiment de lui envoyer un mur de terre avec son doton l'envahit, comme si bien proposé par l'impertinent. Toutefois, son interlocuteur renonça à son attitude et devint sérieux, pour la première fois. Pourtant, le sujet était bien la mort, et la trentenaire était actuellement une menace pour le Dentô. Quelle logique guidait ce spécimen ? Epatée, elle reconnut que sa réponse était bien plus mature que ce a quoi elle s'attendait. De plus, elle ne comportait aucune faute, étant louable et assimilable à un ninja des nuages. La Jônin décrocha un sourire. Elle commençait à cerner le personnage. Et ce, avant même que le visage de « Black Star » ne se métamorphose, ce qui laissa supposer que le jeune homme avait déjà côtoyé la mort, de près ou de loin.

Ce dernier baissa la tête avant de commencer à hurler en invoquant un berceau de lumière ou baignait son corps. La Kadoria en conclu qu'elle avait affaire à un membre du clan Dentô. Utilisant le ressentiment quant à ce qui concerne ce garçon, Yoko pouvait reprendre sa mine sérieuse et inflexible, sans pitié. Ce voyeur, lui avait gravement manqué de respect en la qualifiant à plusieurs reprises de « bonasse » et « vieille peau ». L'irrespectueux l'avait même accusé de violeuse, échangeant véritablement les rôles des deux protagonistes. L'air de défiance prônait sur ce perturbateur ambulant. Et la Kadoria n'aimait pas ce qui la sortait de sa quiétude, manifestant son intolérance totale en utilisant des méthodes peu orthodoxes, mais efficace. Elle avait déjà défait une fois avec triomphe le Dentô. Recommencer lui serait aussi aisé. Un violent coup de genoux vient se loger dans l'estomac de sa cible, ce qui perturba désagréablement sa respiration avec puissance, avec en prime un certain malaise qui restait clément.

Je suis une pratiquante du Taijutsu, alors n’espère rien avec ton handicap. Cette fois-ci, je vais te donner les réponses : entre-jambe, et œil. Allez, je te laisse y réfléchir en méditant à la question. T'en fais pas, personne ne s’inquiétera pour toi jusqu’à mon retour.

Yoko faisait demi-tour. Le chemin du réveil au cauchemar de « Black Star » pouvait être long si celui-ci n'en ferait encore qu'à sa tête. La kunoichi exécuta les mudras du kage bushin, faisant apparaitre cinq clones, dont quatre restèrent. Aussitôt, ils se mirent à maitriser le Dentô, et lui fourra un tissu dans la bouche, retenu par un bâillon improvisé afin qu'il ne s'exprime aucunement, l'empêchant d'appeler de l'aide et d'ennuyer les duplica de Yoko. Ces deux dernières - l'une étant la créatrice et l'autre la création - s'éclipsèrent de la zone.

***

Cinq journées plus tard, les quatre clones de l'ombre avait bien remplit leur tâche que de maintenir le captif. La veuve était seule, ayant envoyé son dernier clone exécuter une mission en fausse collaboration avec le Dentô. C'est cette mission qui servirait d'alibi face à l'absence du genin, et des possibles « accidents » qui lui arriveraient. Elle n'en restait ni plus ni moins qu'une mission leurre. A son arrivée, la bonde remarqua que le désinvolte avait dû pas mal souffrir ces cent-vingt dernières heures. Elle prit connaissance des derniers événements, puis annula sans prévenir sa technique de clonage. Les clones s'étaient relayés a tour de rôle le maintient du kekkei, de la maitrise de « Black Star » et du temps de repos. La femme s'approchait de sa proie avec un kunai à la main, qu'elle alimenta par un flux constant de chakra futon. Elle se saisit de son prisonnier tout en plantant le kunai dans le sol, frôlant l'appareil génital et laissant une taillade dans son pantalon. Yoko soufflait au Dentô :

Mêmes règles, mêmes questions qu'il y a cinq jours. Mais cette fois-ci, tu es dans l'obligation de répondre correctement aux cinq premières questions. Manque encore une fois de bonne foi, ou manque-moi encore de respect, et alors je serais bien curieuse de voir entre l'organe de la vue et celui du sexe partir en premier. Tu ne trouves pas que c'est une sanction particulièrement adaptée à la vue des conditions de ma rencontre avec un obsédé comme toi ?

Finissait-elle en jouant avec son kunai qui remontait dangereusement vers l'oeil du genin.

Ses varies couleurs, elle les montrait enfin. Une sadique fanatique de l’inégalité. Voilà qui était en réalité la Kadoria, qui avait besoin de recourir à une technique de confinement pour asseoir son hégémonie sur le jeune ninja. Dire que ce dernier n’en avait que faire de ce qu’elle ferait était bien petit, car il ne redoutait point du tout le courroux qu’elle voulait abattre sur lui, pour se venger de ce qu’il avait fait. Subtil moment d’incompréhension entre les deux, elle pensant pouvoir l’intimider de sa puissance, et lui ne réagissant même pas par un semblant de crainte devant cette puissance. Tout au contraire.

La puissance l’ayant toujours intéressé, le pouvoir dont faisait montre la Kadoria piquait la curiosité du Dentô qui voulut voir jusqu’où pouvait s’étendre la force de la femme et jusqu’où pouvait s’étendre la cruauté de l’une des Jônin les plus réputés du village. Un jeu dangereux vu comment elle semblait en colère contre lui. Serait-elle joueuse ou au contraire furax. Il semblait furax au vu du coup de pied qui faillit mettre K.O le jeune Dentô de par sa violence. Elle se vantait de son Taijutsu, confiante et sure de pouvoir arrêter le jeune garçon dans cette pratique… Vision qui fit doucement rire le Dentô qui lui rétorqua lentement d’un regard froid

Si t’avais si confiance en toi, tu n’userais pas de ce genre d’artifices pour m’atteindre ! Que du bluff ton Taijutsu… Tu t’enfuis déjà ??

Elle exécuta la technique de clonage à cet instant, laissant quatre clones qui tinrent compagnie au garçon après lui avoir obstrué la bouche pour ne pas qu’il se mette à crier. Elle s’en allait réellement, et comptait réellement laisser le jeune garçon mourir de faim dans cette prison. Shiwoon était naturellement bête, mais il avait aussi ce talent là, de savoir jouer le coup en étant bête. Se remettant uniquement à ce qu’il avait toujours su faire, en l’occurrence s’entrainer. Il se laissa aller à une longue méditation afin de renforcer son esprit. Méditant lorsqu’il ne dormait point, et dormant lorsque la famine prenait le dessus sur lui. Il se laissa aller à ce rythme-là, jusqu’au retour de la dame aux cheveux dorés. Un retour sans une once de politesse, qui commençait directement par le plat de résistance et des menaces plus précises cette fois.

Les yeux ou bien ce qui faisaient du jeune garçon un homme, un choix des plus difficile à faire dans le cas échéant car en effet, le Dentô n’avait nullement l’intention de coopérer. Sa politique était simple, tu parles, ensuite je parle. Elle le questionnait comme s’il était un criminel, chose en laquelle il ne se reconnaissait point. Aussi se laissa-t-il aller à un rire sarcastique

Tu penses me faire peur de cette manière ? Ne me fait pas rire… Réponds toi-même à tes questions avant de les poser à quelqu’un… " Tu ne me prendras rien, ni mon œil, ni rien… Un kumojin ne se soumet qu’à l’autorité de son supérieur… et toi je ne te reconnais pas comme ma supérieure pour l’instant, c’est même l’inverse, c’est pour cela que tu as besoin de ta barrière ninjutsu pour me tenir en respect… Tu veux des réponses ?? Bats-moi à la régulière et t’en auras… Du reste, va te gratter c’est mieux surtout

Il disait cela en prenant un air des plus sérieux, comme pour défier la Jônin en face de lui. Une confrontation pure et simple, subir ou écraser, voilà qui résumait parfaitement la situation qui s’installait entre les deux. Un quitte ou double que réclamait le jeune ninja. La blonde lui octroierait-elle cette chance ? On dit que quand quelqu'un est sur de lui, il est prêt à prendre des risques. On dit également qu'un fauve affamé est l'une des pires choses à côté de laquelle l'on doit se trouver... Qui sait comment finira cette journée? Une chose est sure par contre, les mises au point seront faites aujourd'hui.

Spoiler:

RP SOUS KADORIA YOKO

La pression contre la joue du Dentô commençait à lui agresser la peau. Plus le kunai remontait, plus le danger devenait menaçant, et réel. Pourtant, le Dentô avait toujours sa façon bien à lui de réagir. Le genin était un maitre dans l’art de la provocation et de de l’impertinence. Un art qui se voulait subtile et intelligent, alors qu’il ne paraissait pas être une lumière. Forme d’intelligence différente, ou génie complexé d’un sentiment de supériorité. Yoko ne savait plus, jusqu’à ce qu’elle se rappelle que l’insolent se prenait pour Dieu. Pire encore, le Dentô ne savait même plus ce qu’il disait. Etait-ce si difficile que cela de lire en lui ? Son visage et son comportement paraissait si naturel. Sans aucune peur, sans aucune hésitation, sans aucune faiblesse. Répondre a ses propres questions avant de les poser ? Soit. Mais la Kadoria s’était déjà présentée, et le Dentô refusait encore de le faire. La panique avait remplacé la raison de ses paroles. A moins que ce soit une défaillance de raison et de mémoire qui le faisait parler ainsi. Yoko avait donc affaire, au choix, avec un acteur surdoué, un fou, ou un étourdi. Voila à présent que le Dentô le défiait encore. Ne rien lui prendre. Et le battre. Alors elle ferait les deux. Elle fit le choix le moins cruel : l’œil. Il en aurait toujours un, contrairement a ses parties. Si le jeune garçon voulait être considérer d’égal à égal, alors c’est ce qu’elle ferait. En commençant par le traiter comme un adulte. Et il advient qu’a un âge, ou toutes médailles ont leurs revers, et où toutes nos actions… Ont leurs réactions. Aujourd’hui, c’est ce qu’il apprendrait.

Non seulement, je vais m’en assurer. Mais non seulement, je vais te prendre ton œil en échange d’une leçon. Et cette cicatrice te rappellera sans cesse ce que j’ai voulu t’apprendre, afin que jamais tu n’oublies. Et si tu ne vois toujours pas, alors tu chercheras... Jusqu’à trouver.

La balafrée savait de quoi elle parlait. Sa brûlure la hantait, et était une blessure d’esprit et de cœur qui s’exhibait devant tous, et dont parfois la douleur se réveillait, comme il y a cinq nuits. Raison pour laquelle elle était allée au bain, et avait rencontrée Shiwoon le voyeur. Mais la future balafre du Dentô n’allait pas être aussi violente, pas aussi... Inhumaine.

La pression contre la joue du Dentô commençait à lui taillader la peau. Mais le jeune homme était plein de surprise. Paralysée, il pouvait utiliser une armure d’électricité, pourtant moins fort que le vent. Mais sa protection tenait, elle rivalisait avec le kunai lacérant, qui s’immobilisa. La Kadoria usait de sa technique élémentaire la plus puissante, mais elle n’était pas très douée dans le domaine. Elle dû s’avouer vaincue. Lentement, elle laissait son adversaire reprendre le dessus, jusqu’à ce qu’elle lâche son arme.

Tu me fais revenir sur mes paroles Dentô. Je suis dans l’obligation de laisser en paix ta pupille. Mais toi aussi tu es revenu sur tes paroles. Je me suis déjà présentée à toi, qu’attends-tu pour faire de même ? Et pour revenir à un point d’égalité, je vais répondre aux questions auxquelles tu as déjà répondu. Je n’ai pas de motivations aussi nobles et altruistes que les tiennes, mais je serais prête à mourir pour rétablir l’honneur de certaines personnes… Et je redoute de mourir avant d’y parvenir. Si tu as quelque chose à dire désormais, alors parle.

Yoko laissa un temps de silence. Mine de rien, elle était a demi-satisfaite. Le Dentô n’avait répondu qu’a deux questions. Mais a deux questions qui en disaient long. Elle aussi en disait beaucoup. Cela suscitait beaucoup la curiosité de la trentenaire. Comment le décalage entre ce qu’il faisait et ce qu’il disait pouvait être aussi sincère... Il était vraiment un personnage énigmatique. Vulgaire, mais intéressant.

Tu as dis… que tu pouvais m’atomiser si on se battait a la régulière ? C’est pourtant ce que l’on fait déjà. Crois-tu qu’il n’y a que toi qui subisses l’effet de la gravité ? Je me suis si entrainée dans cette zone, que je peux désormais l’ignorer. Mieux encore. J’ai su développer un jutsu similaire qui ne s’applique qu’à moi. En permanence, la nuit comme de jour, dans l’activité comme dans le repos, je porte des poids invisible en augmentant la gravité qui s’applique a chacune de mes moindres cellules. Perpétuellement, j’entraine mon corps sans que cela ne se voit. Maintenant et ici, je m’entraine encore, renforçant mes muscles, ma vitesse et ma force, mais je vais également l’interrompre, et libérer ma véritable puissance. As-tu quelque chose à rajouter ?

Un méchant sourire s’était installé dès le début. Un nouveau temps mort s’accaparait les lieux. La scène semblait morte. Aucun bruit. Aucun mouvement. Attendant les réponses aux questions que le Dentô n’avait pas encore souhaité répondre. Attendant également ses réactions face à la réalisation du décalage genin/jônin. La tranquillité fut brisée lorsque la blonde leva son bras au dessus du Dentô. Doucement. Son poing se referma. Lentement. Puis s’abattit sur le genin, instantanément, le mettant KO immédiatement. Son corps gisait par terre. La Kadoria le saisit et annula toutes ses techniques avant de l’emmener à l’hôpital, ou elle ne restait guère. Néamoins, puisque le dialogue avec le Dentô était difficile, elle explora une dernière voie, dont elle espérait plus efficace. Sur le torse du genin, un papier lui avait été laissé :