L'avantage d'être une balle rebondissante, c'est qu'il suffit de sauter par la fenêtre pour sortir de chez soi. Ça ne fait même qu'accélérer le trajet.

Guère besoin de s'y prendre 20 minutes à l'avance quand on sait qu'il ne faudra qu'une poignée de secondes pour se rendre de chez soi à la voie illusionnée. En quelques bonds, Tawako pouvait déjà apercevoir le sillon ouvert en travers de la muraille. Il ne lui fallut qu'une minute pour enjamber les toits qui l'en séparaient.

Chûnin ? Pas encore. Sa performance magistrale contre Samui Kakeshuou n'avait semblait-il pas séduit les examinateurs. Mais dans le fond, à quoi bon s'encombrer d'un rang, d'une veste et d'un paquet de responsabilités quand on est la petite chouchou du Kazekage ? Hein ?
Pas besoin d'une lucidité légendaire pour le percevoir : il voyait en elle des montagnes. Sinon pourquoi l'aurait-il convoqué personnellement à la voie illusionnée ? Certainement pas pour la sermonner. En général, les rendez-vous qui prenaient place à cet endroit étaient annonciateurs d'une aventure conséquente. L'adolescente avait prévu sa tenue de voyage.

Rei-sensei était là, stoïque. Évidemment, il n'y avait personne d'autre, elle était la première. L'élève modèle. D'ailleurs, peut-être qu'il n'y avait personne d'autre dans le coup. Taku et Hana s'étaient fait oublier, elle était la dernière survivante de la glorieuse team Ishi. Et cette convocation serait pour elle l'occasion rêvée d'en redorer le blason.

Arrivée devant son sensei, son chef, son roi, elle se tint d'abord droit comme un fil de fer, essoufflée. Puis, subitement, elle s'inclina à 90, puis 180, puis plus encore – sa tête passa au travers de ses deux jambes. Elle semblait s'étirer, mais c'était bel et bien sa façon d'exprimer son respect. Comme si son don lui permettait de l'exprimer mieux que quiconque.

- Mes respects, ô Kazekage-sensei.

Elle releva la tête, mains sur les hanches, tous sourires.

- C'est bon, ch'uis là, on peut y aller !

Hélas – hélas ? – d'autres silhouettes se glissèrent sur la zone. Des shinobis de toutes les formes, de toutes les couleurs, et de tous les sexes : femmes, très femmes, hommes, et très très hommes. Tawie invoqua un petit chiffon en claquant des doigts, et essuya ses lunettes pour en éponger la buée provoquée par son propre souffle tantôt. Elle distingua des têtes qu'elle ne connaissait que trop bien dans l'assemblée, en particulier la chevelure flamboyante de sa boss au Taisen. Elle repensa avec amusement au nombre de progrès qu'elle avait fait depuis que cette mégère lui avait brouté la face aux terrains d'entraînement, se dit qu'il faudrait penser à réitérer l'expérience.

Mais les autres... oh misère, les autres. Lui, il vaudrait mieux l'éviter. Lui... connaît pas. Mais Elle. ELLE, bon sang.
Était-il nécessaire de nettoyer ses lunettes une seconde fois ?

hrp:

- Tu me déranges au mauvais moment Makka, j’espère que c’est important.

Ce ton autoritaire émanait d’un siège duquel un jeune homme, dos à son interlocutrice, caressait machinalement un chat. La démone cendrée habillée en soubrette s’inclina respectueusement et lui expliqua que ses hommes de mains avaient fini par retrouver l’homme qu’il cherchait. D’un revers de la main, le jeune homme congédia sa servante, qui laissa alors place à un homme mal en point, maîtrisé par deux gros bras. Son visage maculé de rouge était orienté vers le sol, comme pour détourner le regard. Très théâtralement, le jeune homme vissé dans son siège pivota et se leva, avant de faire un pas vers la lumière, dévoilant sa chevelure azurée ainsi que sa longue cape noire.

- Raiu no Kenji, héros de Suna, tu dois te poser pas mal de questions j’imagine. Sache que tu as en face de toi le pire fléau que ce monde n’ait jamais connu, je suis… le Faucon des Ténèbres ! Et même toi, tu ne pourras pas m’arrêter !

Il claqua des doigts, illuminant l’ensemble de la pièce. Les murs étaient couverts de membres, de troncs, de têtes appartenant à d’ancien shinobi connus. Le Faucon des Ténèbres avait gagné, il poussa un rire sadique, levant ses mains au ciel pour laisser sa cape sombre flotter au vent. A présent, plus personne ne pourrait l’empêcher de contrôler le

- Mais bordel, j’entends la musique dramatique, il y a quelqu’un ? Hayato ?

L’ensemble des poupées tombèrent au sol, inanimées. Hayato monta les marches quatre à quatre pour se retrouver nez à nez avec un Chunin. L’atelier était assez bien isolé du bruit, histoire de pouvoir s’y concentrer au maximum. Son visiteur lui tendit un message en lui fournissant tout un tas d’explications qui rentrèrent dans une oreille avant de ressortir vous savez où. La porte refermée, il s’empressa de déchirer le message et prit trois pilules qu’il avala à l’aide d’un verre d’eau.

- Quoi ? Ne me regardez pas comme ça, ils n’ont pas besoin de moi.

Deux mains froides vinrent entourer la sienne. Le visage féminin familier qu’il vit en redressant la tête lui décrocha un petit sourire. Comme à chaque fois qu’il doutait de lui-même, sa sœur était venue le rassurer. D’un hochement de tête significatif, elle lui demanda pourquoi il n’allait pas en mission.

- Suna est rempli de bons shinobis, je suis certain qu’ils pourront se passer de mon aide.

Mais elle ne fut pas de cet avis et le lui fit savoir. Décidée, elle força le jeune homme à se lever et le traîna jusqu’à la porte de l’atelier. Il protestait comme un enfant et tentait tant bien que mal de s’agripper aux marches en bois, sans grand succès. Quelques instants plus tard, elle lui lançait son grand parchemin de stockage avant de claquer la porte et il se mit en route, prêt à subir cette nouvelle journée, en serrant les dents et les fesses s’il le fallait.

[…]

- Je suis le dernier… ça commence mal.

Pire, aucune tête réellement connue. Non, pire que ça, il y avait Sonoshee ! Non encore pire, le Kazekage était là. Hayato regretta soudain de ne pas avoir lu le message… la présence du Boss indiquait qu’il y aurait du lourd. Il se baffa simultanément les deux joues, pour se motiver et rejoignit silencieusement le reste du groupe. Sociabiliser maintenant lui demanderait un trop grand effort, c’était bien plus facile avec les marionnettes.

La ponctualité ? Oh mais jamais la ponctualité eut été une qualité de la Nomade et ce, depuis aussi loin qu'elle pouvait se souvenir. Elle s'est toujours rendu là où ses jambes la portaient même à l'époque du village de la brume qui était censé être stricte sur le réglement. Après les priviléges de "grande inquisitrice" ne devaient pas être pour rien au laxisme des Kirijins non plus.

Elle avait bien eut la lettre, même si elle ne possèdait pas vraiment ses propres appartements dans le village sur sa demande, un Chuunin spécialement appellé à cette effet avait pour mission de la retrouver pour lui donner l'enveloppe. Sur le chemin du rendez-vous elle se demandait bien combiens de ryos le Shinobi avait empoché. Si la mission de la retrouver était considéré comme une rang D ou une rang C ?
Ouais, les questions à la con étaient foule dans son esprit vif et toujours vagabond, et le paysage de Suna avait cessé d'être interessant depuis quelque jours maintenant. Il était question d'étudier les gens maintenant, la culture d'ici étant sensiblement differente que celle de son pays natal.

Bon, elle serait légérement en retard cette fois-ci. Le Chuunin était semblerait-il doué vu qu'il avait trouvé la Kunoichi à temps pour ne pas avoir à se justifier plus que ça de ces minutes de perdues au rendez-vous qui, vu le nombre de Shinobi rassemblés, devait être important.

Enfin quelque chose d'important ! Parce que pour le moment, il n'y avait pas grand chose de captivant à Suna. Les missions ? Pourquoi diable fairait-elle des missions ? L'argent ? Elle avait tendance à prendre ce qu'elle avait envie de possèder sans payer et sans jamais se faire prendre. La renommé ? Elle en avait déjà bien trop à son gout. Un rang ? La hierarchie militaire ne l'interessait pas et ses ambitions n'étaient pas là.
Bon, en gros elle avait toutes les raisons de ne rien faire et il était interessant de voir que le Kazekage ne l'avait pas oublié dans le desert. Il ne la considérait pas comme un trophé à conserver dans son village comme un livre dans un bibliothéque, c'était déjà ça.

'Jour. Dit-elle en accompagnant son salut d'un mouvement nonchalant de la main.

Elle ne montrait pas de signe particulier de respect au Kage, pas plus qu'aux autres Sunajin en fait. Son titre ne suffisait toujours pas à la Nomade, s'il voulait le respect de la Jisetsu il fallait toujours qu'il le mérite d'une manière ou d'une autre, le mégalo.

Donnez-moi un GA !
Donnez-moi un BU !
Donnez-moi un SHI !
Quoi c'est pas des lettres ? ET TA SOEUR, C'EN EST UNE ?

Sainte-mère du Tanuki des sables, la Nomade était vraiment dans la place ! Depuis son arrivée à Suna, Tawako n 'avait jamais osé lui adresser davantage qu'un regard lointain, rempli d'admiration et de fannitude. Jamais, au grand jamais, elle n'avait eu l'occasion de la voir d'aussi près.
La Sennin et le Kazekage au même endroit... Pincez-la, qu'elle se réveille !

Ou alors non, attendez un peu. Pas la peine, tout compte fait.
Le retour à la réalité se fit un peu brusque, lorsqu'elle apprit la constitution des équipes. Ses deux idoles seraient ensemble, à Kiri, bien loin d'elle. La bonne nouvelle, c'est qu'elle n'aurait à subir ni l'arrogance de Sono', ni l'absence d'élégance du gros beauf.

Ce type-là avait-il seulement le souvenir d'avoir joué au bras de fer avec Tawako, et qu'elle lui avait éclaté une bouteille de verre sur le crâne ?

Dispersion !

- Bon ben salut... toi ! Ahaha.

Pas de Goren pour ce coup-ci ! Pas d'équipier au skill légendaire non plus, certes, mais au moins elle n'aurait pas à supporter le machisme de ce zieuteurs de boobs. C'est cependant avec des étoiles de détresse dans les yeux qu'elle adressa silencieusement ses adieux à la nomade, ravagée par cette proximité qui s'était révélée furtive, comme un rêve. A la place, elle avait... Hayato.

Le dernier arrivé. Tiens donc... En voilà un qui ne s'était pas vraiment fait remarquer jusqu'ici. Il avait l'air plutôt correct! Un peu trop bleu pour un Sunajin, peut-être.
Alors qu'ils s'élançaient déjà tous deux à travers les dunes, elle lui annonça simplement :

- Bon, je te laisserai parler, blue-sempai. Je suis plutôt du genre xénof', donc si tu veux que le papier arrive à destination, un conseil : ne me laisse pas y toucher, ni me mettre en travers de ton chemin !

Raaah, pourquoi crachait-elle le morceau ? C'eût été si amusant de le lui faire comprendre en temps voulu... Tant pis pour cette fois. Cette concession lui vaudrait peut-être moult récompenses par Rei-sama, à terme. Il faudrait juste fermer les fesses pendant le (court?) laps de temps où elle serait encerclée par ces bouseux de la feuille.

Hayato, Hayato... non, rien à faire, ça ne lui disait rien du tout. Il n'avait pas le style d'un ingé Saibogu, ni la classe rustique des manieurs de sables. Peut-être n'était-il qu'un type normal, après tout, sans particularité. Après-tout, Rei-sensei était bien comme ça, et pourtant il dirigeait le village.

- T'as déjà une chtite expérience en diplomatie, ou c'est une première pour toi aussi, blue-sempai ?

Ce n'était pas vraiment important pour elle, mais elle voulait au moins sonder le personnage. Si c'était un antipathique fini, non seulement elle lui laisserait la diplomatie, mais elle s'en irait sûrement se faire cuire un œuf dans la forêt konhajin pendant qu'il s'en occuperait.

- Enorme le Cosplay ! On dirait trop la Nomade ! Quand j’ai essayé de la faire, je n’arrivais pas à avoir le même rendu au niveau du tissu…

C’était ce qu’il avait récité à haute voix en voyant le dernier Sunajin arriver. Et il aurait continué si le Kazekage ne l’avait pas coupé dans son élan en présentant implicitement chacun des protagonistes. Enjoué à l’idée de tomber sur quelqu’un qui semblait partager sa passion pour le jeu de rôle, il tomba des nues en apprenant qu’il s’agissait de la véritable Jisetsu Gabushi. Son cerveau mit un certain temps à digérer l’information. Hayato avait été tellement recroquevillé sur lui-même – pléonasme ? – qu’il avait manqué ce genre d’informations.

Heureusement, le tirage ne fut pas trop mauvais. Konoha et une inconnue. Depuis qu’il connaissait leur existence, les Akuzu l’avaient toujours frustré. Lui qui se plaisait à vanter la souplesse de son corps ainsi que son passé de contorsionniste faisait pâle figure face à ces humains littéralement désarticulés. En fait… ils étaient un peu comme des pantins et cette comparaison lui rappela soudain qu’au lieu d’être sur le point de se perdre la forêt, il aurait pu se trouver au calme sur sa table de travail, occupé à terminer la peinture de Rei, ou à améliorer la barbe d’Aare.

Mais trop tard, le boss venait de prononcer le mot magique, dispersion ! Il se retrouvait donc seul, avec elle – donc pas seul au final, ou si, mais seuls à deux… paradoxe ? – et avala machinalement trois pilules, histoire de tenir le choc. Mais à peine eut-il pris ses anti-dépresseurs qu’elle tentait déjà de sympathiser.

- Tu te dis « xénoph » mais tu me parles sans problème. Et puis… si je m’adresse aux gens et que je porte le message, les tâches ne sont pas très bien réparties, non ?

L’égalité homme femme – parce que ouais, ça existe – elle la piétinait avec sa proposition. Mais pas question de l’offusquer, il fallait lui parler avec tact. Après tout, elle lui avait donné un petit surnom affectif ! Personne ne lui avait plus fait ça depuis… Le marionnettiste fouilla dans sa mémoire et tomba sur de vieilles archives : « Bon, comme il y a déjà un Hayato et qu’il est connu, lui on va l’appeler… "Le Petit Hayato ". Ca le fait non ? Comme ça on pourra les différencier ! »

Il redescendit sur terre lorsqu’elle lui demanda s’il avait de l’expérience dans le genre. A nouveau, il leva les yeux et fouilla dans ses souvenirs. L’exemple le plus parlant fut celui de la réunification des clans du Désert…

- Euh… une chef de clan m’a pris dans ses seins bras et… aujourd’hui les Yamada font partie du village. En terme d’expérience – diplomatique hein – je crois que c’était mon meilleur coup.

Sorti de nulle part, son côté vantard, qui transparaissait pourtant de moins en moins, venait de faire une petite apparition surprise. C’était bon signe, la thérapie fonctionnait. Finalement, peut-être que ces gens n’étaient pas des charlatans.

Partir pour Kumo ne me dérangeait. Goren ne me posait aucun problème. Mais j'aurais préféré me rendre à Kiri, et seule si possible. Pourquoi ? J'avais entendu parler du clan Samui, et depuis plusieurs années maintenant un nom, un seul, restait gravé dans ma mémoire, hors mis celui des Ketsueki bien évidemment ; celui-là même. Kakeshuou, Crin blanc comme je le nommais, l'homme qui fut à la fois et la pire et la meilleure chose qu'il soit arrivée ; celui qui m'eut permis de comprendre pour quoi j'étais faite, ou du moins qui m'incita à me révéler, car du reste, je devais tous aux Ketsueki. Bref. Nulle déception donc dans cet ordre direct de l'intriguant. J'observais les quelques hommes et femmes présents, parlant. Je fis signe de la main au balourd et avant de rejoindre le pays des nuages tins quelques mots, et oui, je ne m’éclipserai pas sans un mot, oui ; un mot à l'attention du kage, et uniquement ce dernier. En passant à côté de lui, je lui glissai à voix basse une simple phrase.  

Tu envoies les éléments les moins stables du village en diplomatie, et tu leur demandes de ne pas faire de vagues ? Achevais-je en crachant mon chewing-gum dans le sable.

Et je repris ma marche avec non loin de moi le genin. Le dirigeant de Suna faisait il pleinement confiance au self-contrôle de ces divers éléments ? Moi j'étais impulsive, cependant j'obéissais presque aveuglement aux ordres que l'on me donnait, il m'a dit pas de bêtise, je n'en ferai pas ; je savais me restreindre et contenir ma personnalité. C'était aussi ça la voie du ninja, un certain abandon de soi pour la cause plus grande. Bien sûr la question que je lui avais posé ne nécessitait pas réponse, je supposai qu'un kage ou toute personne détenant le pouvoir n'avait pas à justifier ses choix, ses décisions ; et puis ce n'était pas ce que je demandais. Pour le moment, à lui, je prêtais ma confiance et pour l'unique raison qu'il me permit récemment de rejoindre Suna avec les Ketsueki, ni plus, ni moins. Sans prêter attention aux autres, qui d'une oreille indiscrète auraient put entendre mon pseudo aparté, je m'éloignai. Seul l'objectif importait maintenant, comme d'habitude, il s'accaparait la quasi totalité de mon esprit.

Une fois à la frontière de Kawa, nous accélérons le pas. Je ne veux pas m'éterniser dans ce pays des nuages, c'est compris ?

Une bonne centaine de mètres nous séparait désormais de Suna, et plusieurs centaines de milliers d'autres de Kumo. Nous nous rapprochions inexorablement.