Il avait vu trop grand. Avoir une première mission de ce genre après être resté cloître dans un espace de vingt mètres carré plusieurs mois durant, c’était passer d’un extrême à un autre. Le voyage ? On pouvait le résumer en quelques mots. « Ah, le Pays du Vent, sa chaleur, son désert, son sable, ses dunes. » Suivit de : « Ah, le Pays du Feu, sa boue, ses forêts, sa verdure, ses arbres. » Il les revoyait encore, assis à côté de lui, carnet de note à la main, occupés à lui retourner l’esprit : « Vous ne devriez pas flâner à longueur de journée, c’est le meilleur moyen de ne pas progresser. Redevenez actif, retournez en mission, c’est le meilleur moyen de quitter cette situation ». C’était drôle parce que s’il n’avait pas été shinobi, on lui aurait probablement sorti des phrases du genre : « Prenez congé, voyagez, aller voir vos proches… ». De manière générale, sans grand méchant, sans objectif à court terme, il n’avait plus de motivation. L’homme masqué… était encore trop flou sur ses agissements. Il n’avait pas encore l’étoffe d’un vrai méchant.

- Ouais, maintenant que j’y pense… où en est Suna par rapport à Konoha ? Je veux dire, on est alliés, ennemis ?

Il ne suivait plus trop les déboires politiques ces derniers temps. Une tare qu’il avait pris soin de ne pas révéler. On comptait sur lui et puis surtout, si tout se passait bien, cette mission lui permettrait de se lancer dans l’élaboration d’une nouvelle poupée de bois. Pour l’occasion, il avait même ramené un mètre ruban ; bleu évidemment.

- Sinon, je n’en ai peut-être pas l’air, mais… Je suis plutôt souple. J’arrive à mettre mon pied derrière ma tête quand je me suis bien étiré…

C’était décousu et extrêmement maladroit. Il se forçait à lui parler parce qu’on lui avait recommandé d’essayer de tisser d’avantages de liens humains. Ces gens en blouses blanches avaient qualifiés sa relation avec ses marionnettes de « malsaine », raison pour laquelle il avait fini par arrêter d’aller les voir. Tisser un lien avec un pantin, c’était très facile. Il suffisait de tendre de la main, de sculpter et propager son chakra, pour ensuite l’apposer sur le corps mécanique. Et voilà, vous aviez un partenaire poli à table, qui riait à toutes vos blagues, accédait à vos requêtes sans broncher et vous tenait compagnie en toute circonstances. Tawako pouvait-elle faire le tiers du quart de tout cela ?

- Oh, les remparts ! J’imagine qu’ils savent qu’on est dans le coin, mais on va tout de même frapper.

Des arbres. Partout.
Des oiseaux. Partout.
Des paysans. Partout.
De l'engrais. Quasiment partout.
Rien à voir avec la stérilité réconfortante du désert.

Première fois pour Tawako également dans les vertes forêts du Feu. Les seuls cèdres qu'elle avait croisés dans sa vie croissaient fébrilement dans des serres spécialisées, et maintenant voilà qu'ils infestaient le paysage. Plus possible de faire un bond sans s'en prendre un dans la bouille. La fraîcheur que les noyers répandaient autours d'eux l'enrhuma presque.

Son compagnon, pas très bavard et à peine rapide pour son rang, avait au moins eu le bon goût de la laisser avancer à son rythme, en réponse à quoi elle n'avait pas hésité à l'attendre au soleil, s'imprégnant des rayons d'un astre bien moins agressif et assomant qu'en plein désert. C'en était plus que frustrant.

Le commentaire du marionnettiste en début de voyage avait laissé croire à l'adolescente qu'il était un vieux de la vieille, puisqu'il était assez ancien au village pour avoir participé à l'unification des clans (Tawako faisait partie des dernières de sa large famille à avoir accepté de se sédentariser à Suna, ce qui, pour elle, faisait de ce Hayato un de ses supérieurs, au delà du grade). Pourtant, sa réflexion affligeante d'ignorance semblait témoigner du contraire.

- Ça devrait pas être moi qui pose ce genre de questions, Gepetto ? Sérieux...
Alliés, ennemis ? Ni l'un ni l'autre... ou alors un peu des deux, pas la moindre foutue idée. Tout c'que je peux dire, c'est que les relations commerciales sont correctes : c'est d'ici que viennent la plupart des cargaisons de primeurs et de viande, et on leur vend pas mal de cuir et de minerai de notre côté. Enfin, c'est à relativiser, paraît qu'on a surpris des Sunajins vider discrètement leurs ordures dans des sacs de charbon qu'on leur envoie.

Elle préféra ne pas développer, histoire de ne rien révéler par mégarde à propos de sa propre responsabilité dans cette affaire.

- Sinon, je n’en ai peut-être pas l’air, mais… Je suis plutôt souple. J’arrive à mettre mon pied derrière ma tête quand je me suis bien étiré…

Plutôt que de tourner la tête vers la gauche pour lui répondre, elle préféra la pencher de l'autre côté pour effectuer une rotation du cou de trois quarts dans le sens horaire sans bouger le buste, et le regarder avec de grands yeux et un sourire amusé.

- Cute.

Rotation inverse, et la voilà de nouveau avec la tête bien sur les épaules, la nuque droite, tout comme une humaine régulière.

De grandes barrières couleur bois se devinaient à travers les cèdres.

- Oh, les remparts ! J’imagine qu’ils savent qu’on est dans le coin, mais on va tout de même frapper.

- C'est comme si c'était fait, Blue-Sempai !!! Gooooooooooooo

Elle s'élança droit vers les remparts, allongea ses deux bras d'une demi-douzaine de mètres chacun, et se mit à tambouriner avec la grâce d'un hippopotame sur le bois protecteur.

SPOWK !
SPOWK !
SPOWK !

- AAAALLLOOOO LES BOUSEUX ! Rugit-elle en ouvrant la gueule grand comme celle d'un autre hippopotame, plus gracieux encore que le premier. C'est le facteur, y'a du courrier pour le grand manitou !!! Et grouillez-vous qu'on reparte vite, ça pue la mort chez vous.

Diantre, voilà qu'elle avait fait les trois quarts du travail. Ça n'aurait pas été si dur, finalement.

Je marchais le long des remparts muni de mon matériel ANBU et de mon fidèle masque au sourire menaçant… Je regardais avec attention les alentours, prenant soin de bien analyser les lieux. J’étais en charge des affaires extérieures : tout ce qui se passe derrière ces remparts me concernait et j’en avais la responsabilité. Je faisais les cent pas, une respiration lente et régulière m’empêchait une chaleur corporelle trop importante au vue du soleil qui tapait. Bref, une journée comme les autres, ennuyante… Le manque d’action me rendait quelque peu irritable, même nerveux et impulsif. Je ne devais en aucun cas laisser cette émotion prendre le dessus et me contrôler…

Perdant ma concentration, j’heurtai l’épaule d’un garde qui ne faisait pas parti de l’élite… Je tournai ma tête en sa direction et ce sourire mesquin eut l’effet escompté : il s’excusa… Je secouai la tête par tant de manque de sang froid tandis qu’un bruit aux portes du village résonna jusqu’à moi. Je me stoppai net et me dirigeai vers ces dernières tandis qu’une voix féminine faisait écho. Je n’arrivais pas à décrypter ce qu’elle avait dit, mais je me penchais au dessus de la petite murette et je vis deux long bras : une dizaine de mètre à première vue. Tout cela sentait l’action à plein nez : les emmerdes et tout ce qui incombait une situation de crise… Des frissons me parcouraient le corps… Je fermais les yeux tant la sensation était excitante.

La première personne qui me marqua était une jeune fillette avec des lunettes : les longs bras venaient d’elle… Je ne comprenais pas réellement d’où cela pouvait venir, mais je préférais ne pas en tenir rigueur. La seconde personne : un homme vêtu de bleu à l’allure d’adolescent. Je me demandais bien ce que ces deux protagonistes venaient faire en ces lieux mais ma tâche m’obligeait à ne pas les considérer comme des amis. Ils allaient subir ce que toute personne tentant d’entrer dans le village devait subir.

Le duo se trouvait maintenant devant moi. Mon masque dont le rictus protubérant ne rassurait aucun vivant les fixait avec attention. A quelques mètres d’eux, je pris la parole le premier.

« Inutile d’être Hokage pour savoir que vous n’êtes pas d’ici… »Je me mis de profil, et commençais à les regarder tout en faisant les cent pas… « Vous allez devoir subir un interrogatoire avant de pouvoir espérer entrer dans le village… » Je me stoppai et inclinai le visage vers le bas… « Pour le moment, la raison de votre présence, je m’en tape… En revanche, je veux savoir votre nom, votre prénom et d’où vous venez… » Ma tête se releva instantanément fixant à nouveau le duo. « Et je veux savoir ça, tout de suite ! »

Mes dernières paroles furent divulguées avec fermeté, disons même clairement qu’ils pouvaient le prendre avec méchanceté… Leur façon de venir ne me plaisait pas : et lorsque ça ne me plait pas, il m’est difficile voire impossible de me montrer courtois avec mes prochains… Pour conclure, je tendais mon bras vers eux, que je remis le long de mon corps d’un geste circulaire tout en m’adressant à eux…

« Je vous écoute… » Dis-je l’air de leur donner la parole…

Spoiler:

Oh putain... j'avais ruiné la game le soir d'avant, moi... Mais quel con... ce mec faisait genre trois fois ma taille, cinq fois mon gabarit et j'l'ai défié aux shots... Oh putain ce mal de tête. Bon allez, direction la rivière, histoire de m'allonger et passer la journée comme une larve à vouloir mourir. Putain d'lumière... j'avais les yeux complètement flingués; putain de sol qui s'barre en live... envie d'vomir. Je sentais que le chemin jusqu'à mon chez moi bien humide et frais s'annonçait long, et le pire dans tout ça, c'était que j'avais deux mètres seulement...

La première gueule de bois du Streamwalker, un événement. Fort de sa carrure d'enfant et de sa petite taille, le puissant défenseur de la Feuille contemplait avec amertume les effets du liquide limpide et clair que les bars servaient aux clients avec un peu trop de facilité. Outre le tambour qui cognait son crâne, la guerre civile qui faisait rage dans ses tripes, et le désert inconfortable qui s'était installé dans sa bouche, Suiatsu n'avait plus envie de faire partie de la vie, en d'autres termes: Il voulait mourir.

Ah tiens, les remparts. Ahahaha, y'avait des gars que j'avais croisé hier soir... dur...

-Messieurs, ovation pour le Streamwalker !!

Un fou rire général. Bande d'enfoirés ! Bah, au moins ils me faisaient pas trop chier et ouvrirent vite les portes que je puisse aller traîner ma carcasse dans un endroit plus safe et plus cosy. Et voilà que j'étais sorti... Ah l'air frais de la campagne, les petits oiseaux, les insectes, les facteurs... What ? Ah mais oui !! J'avais zappé !

Le Streamwalker se rua auprès du duo Sunajin, faisant fi de l'ANBU.

-Ouais c'moi que vous cherchez. Le Kazekage... Vous êtes de Suna, nan ? Bawais, j'reconnais la tête de l'autre, elle était à l'examen. Elle a perdu, mais beau combat. Enfin, bref, moi j'ai pas perdu, et ce courrier, bah j'viens le retirer.

Short à fleur, maillot de Foot US, tongues, haleine d'on ne sait quoi... mais j'm'en fichais pas mal, moi j'voulais juste qu'on me remette ce foutu prix d'honneur !!

Sa répartie l’avait littéralement foudroyé. Il voulut ne rien laisser transparaître mais son froncement de sourcil voulait tout dire. « Cute »… En gros, « petit joueur, regarde ce que je sais faire ». Humiliation, mais il était bon joueur. Elle avait gagné cette fois, il gagnerait la prochaine fois. Prêt pour le second round, Hayato arriva aux abords de la porte après sa partenaire et resta en retrait, afin de commencer ses étirements.

- Dans le genre original, je lui décerne la première place , se dit-il à haute voix.

Un Konohajin apparut presque immédiatement après ses premiers coups. Son ton se voulait ferme, voir autoritaire et il leur parlait... un peu comme un adulte qui donnerait des consignes à des enfants. Cette impression, renforcée par la différence de taille entre les deux hommes frustra notre Jonin qui, sur la défensive, fut alors pris d’une forte envie d’embêter son monde. Pas trop au courant concernant les us et coutumes des unités spéciales locales, il ne comprit pas non plus le délire du masque à moustache.

- Nous… Je suis Hayato, de Suna et… le Kazekage nous a envoyé ici pour qu’on remettre un message à votre nouveau leader. Voilà, voilà…

Il était déçu de sa performance. Dans sa tête, la scène était complètement différente. « Hey, tu sais que c’est pas poli de demander un nom avant de se présenter soi même ? Il faut que je t’apprenne les bonnes manières ? Allez, bouge de là, circule, pas de temps à perdre avec le menu fretin, on est venu voir le boss. »
Les rires d’autres gardes le firent basculer dans la réalité. Un nouveau protagoniste avait fait son apparition. Le genre de plaisantin charismatique qu’Hayato n’appréciait pas, probablement parce que quelque part, c’était le genre de personne qu’il avait toujours été.

- Bravo pour ta victoire alors. Tiens, la lettre est ici.

Il fouilla dans ses affaires et lui sortit le précieux message. Sauf qu’au moment de lui le donner, il recula brusquement sa main. Un sourire trollesque déforma progressivement son facies, jusqu’à ce qu’il rigole, seul – dans un premier temps (Tawako ! c’était drôle, non ? rigole avec lui !) – en lâchant un léger « Oopa ».

- Tu as cru que j’allais tomber dans ce piège ? On doit remettre ceci en mains propres ! En plus, je sais que tu n’es pas le Hokage puisque… tu as combattu à l’examen.

Contrairement à ce qu’il s’était passé avec le premier individu, ici, Hayato avait parlé sans trop de gène, parce que ce nouveau protagoniste semblait bien moins menaçant que le masqué moustachu. Et puis de toute façon, si un lien commercial liait Suna à Konoha alors il n’y avait pas trop de souci à se faire. Une simple blague ne pouvait pas faire de mal.

Gna gna gna. Comment ce gus pouvait-il espérer avoir un minimum de crédibilité avec un masque aussi bidon?
Dans ses pensée, Tawako ne suivit que d'une oreille l'échange diplomatique qui s'improvisait, laissant d'abord à son sempai le soin d'exprimer la requête sacrée qui motivait leur long périple. Elle en avait assez fait pour l'instant.
Son regard fut pourtant interpellé par l'espèce de crâneur qui s'était auto-proclamé chef de village. Les bouseux se suivaient, mais ne se ressemblaient pas...

Elle dut étouffer son rictus, sourcils levés, face à la balgounette du marionnettiste.

- Hélas, sempai, si l'on en croit les rumeurs, nous vivons dans un monde où un gonze qui a combattu à l'examen peut brusquement être propulsé au rang de Mizukage. Moi j'le trouve crédible, ce petit... fit-elle en tapotant fraternellement l'épaule du petit streamjoker.

Son cou fit à nouveau trois quarts de tour dans l'autre sens, dirigeant ses lunettes vers le douanier au masque de policier moustachu. Elle l'observa fixement dans cette position absurde pendant un peu plus de deux secondes, essayant de se souvenir ce qu'elle voulait lui dire une minute plus tôt.

- Ah oui, voilà. Moi c'est Tawako, fit-elle alors que son buste suivait sa tête pour revenir dans une posture humainement acceptable, du clan Akuzu du désert. Et on a l'autorisation de not' boss pour passer! De toute on peut pas se permettre de laisser le courrier entre les mains du premier naze venu. Sans vouloir vous vexer, pure-moustache-san.

Position de winner, déhanché, main dans les cheveux façon beauté fatale, une main sur la taille pendant que l'autre réajuste les lunettes.

- Alors au nom de mon sensei personnel Kyoshi Rei, laissez-nous entrer.
Enfin non, en fait laissez juste entrer mon sempai, et moi j'vais m'taper un jog. Perso j'entre pas là-dedans, y'a pas moyen.

Eh ouais! Le « Streamwalker » voulait jouer dans la cour des grands, elle y allait donc cartes sur table. La différence, c'était que si ce type masqué était doué pour détecter les mensonges, il saurait qu'elle n'en prononçait pas un seul, contrairement à ce fanfaron.
C'était un peu un coup bas pour Hayato, mais de toute façon il n'aurait pas besoin d'elle pour jouer au facteur. Certes, elle avait le « bras long », cela aurait pu accélérer la livraison, mais elle préférait se délester de ses maigres responsabilités que prendre le risque de pénétrer dans ce village et de se heurter à son peuple de guignols.

Un regard vers son camarade de promo Konohajin, dont l'aura maladroite et survoltée lui rappelait en quelques aspects celle de Ketsueki Buta.

- Bon, sans déc, t'as été promu toi alors ?

C'était un peu pour se faire du mal qu'elle posait cette question, car s'il avait gagné son combat il y avait peu de chances qu'il soit resté dans la classe bac à sable comme elle. Mais dans le cas contraire, elle pourrait largement rire de lui à gorge déployée.

Les deux protagonistes s’étaient présentés : ils étaient dociles, ce qui titillait ma tolérance. En revanche, ce qui n’était pas prévu, c’était la présence d’un jeune se prenant pour le célèbre Myakudou On’, Rokudaime Hokage. Je levai un sourcil sous mon masque tandis que je tournai légèrement mon visage m’offrant la possibilité de le regarder du coin de l’œil. Je lançai un kunai en sa direction, celui-ci se planta proche de ses pieds afin de couper sa marche. Je reculai de quelques pas me retrouvant à sa hauteur avant de lui parler.

« Tu te prends pour qui, minable ? Tu laisses l’Hokage où il est, tu restes à ta place et tu évites de foutre le bordel. »

J’avançai à nouveau me rapprochant du Sunajin répondant au nom d’Hayato. Laissant quelques mètres de distance entre nous pour me laisser un temps de manœuvre, je regardais ce qu’il tenait dans sa main : une lettre à donner à l’Hokage, soit disant en main propre. La gonzesse, quant à elle, prit un air plus strict en me disant qu’elle avait l'autorisation de son boss - Kyôshi Rei -pour entrer, puis elle précisa qu’elle ne pouvait laisser la lettre au premier naze venu. Cela me fit sourire derrière mon visage artificiel…

« Vous ne pouvez pas laisser la lettre au premier naze venu hein… » Un léger rire sadique retentit derrière mon masque d’ANBU avant de reprendre. « Mais voyez-vous… Je ne peux pas laisser entrer les premiers nazes venu non plus… » Je repris mon sérieux. « Nous avons tous des directives à respecter. Mais vous n’êtes pas en position d’exiger quoi que ce soit… Vous êtes sur nos terres, vous respectez nos exigences… »

J’espérais sincèrement que le message était clair. Je ne comptais pas perdre davantage de temps. Quoi de plus suspect que deux Sunajins qui viennent à l’improviste avec une lettre… Des cas de lettres piégées avaient déjà été recensés auparavant et je comptais protéger l’Hokage à tout prix ! Je tenais tout de même à montrer une once de courtoisie à mes convives…

« Je pense qu’aucun de nous ne souhaites en venir aux mains… » J’inspirais un grand coup avant de continuer. « Aussi, je vais être clément avec vous. » Je pointais la fillette du doigt. « Toi, fais ce que tu as à faire, mais tu restes à l’extérieur… » Je dirigeai ensuite mon doigt vers le pacificateur vêtu de bleu. « Quant à toi, tu peux entrer au village. Je t’escorte jusqu’au palais de l’Hokage… » Je me retournais vers le touriste Konohajin tout en continuant de parler à Hayato. « Du vrai Hokage ! » Je fis à nouveau face au Sunajin. « Par contre, gardes en mémoire que je serais ton ombre et que tu seras très limité au niveau de tes mouvements… Si tu veux bien me suivre, allons-y… »

Je reculais de quelques pas pour augmenter la distance entre le Sunajin et moi-même tandis que je me retournais et me dirigeai maintenant vers l’intérieur du village. En passant à côté de ce qui devrait être mon partenaire, je lui ordonnai une petite chose...

« Je ne connais pas ton nom, mais à la place de raconter de la merde, rends toi utile et gardes un œil sur la gamine !»

Puis je continuais mon chemin en direction du palais de l’Hokage…

Spoiler:

Un homme fatigué est vite énervé, et il en va de même pour un semi-dieu.

-Oh !! Très marrant, en plus d'être moche t'es conne. A Hayato. De deux, monsieur j'interprète, -il passa la main devant son visage- j'ai une gueule à m'appeler Onpu ? Nan, chui l'Streamwalker, et ce truc que tu veux donner au Rokudaime c'est le prix d'honneur de l'examen qui nous est décerné à Takeo et moi, parce que nous au moins -il regarda l'ANBU- on n'a pas peur de porter nos couilles, parce qu'on est des vraies machines de guerre m'voyez ? Bon, maintenant...

Il joignit ses mains au-dessus de sa tête et fit s'en échapper un flot continu d'eau qui vint rafraîchir son corps chauffé par l'alcool et humidifier quelque peu sa bouche asséchée pour le même alcool.

-Bawai, j'en ai discuté avec l'ami Raie, votre "boss". A vrai dire, j'ai voulu refusé, mais j'pouvais pas faire ça à Takeo, donc voilà pourquoi vous êtes là. Bon, je sais que ça peut faire croire qu'on est pistonné parce que j'ai été à quelques entraînements donnés par le Rokudaime et que mon nom apparaît dans son équipe d'élite, équipe, qui soit dit en passant, a stoppé l'Homme Masqué, hein, on lui a foutu une branlée monumentale. Mais non, vous voyez. Et pour répondre à le question d'la secrétaire, bah non, je suis pas gradé parce que je suis comme qui dirait pas dans c'trip, chui une entité protectrice, moi, c't'un truc à part. En gros un genin ça reste dans l'village. Moi chui toujours à l'extérieur. J'allais à la rivière, justement.

Enerver Suiatsu ? Impossible, il ne prenait jamais rien au sérieux... sauf un lendemain de cuite, apparemment.

-Et pour en revenir à ta petite intervention, là, le mec masqué. J'ai jamais dis que j'étais ce troufion d'Rokudaime, hein ! Alors on s'la joue ANBU, hein ! Il laissa les deux gradés s'en aller et glissa quelques mots à la Sunajin, les bras croisés. Eh j'te jure que j'me l'serais fait si j'étais pas K.O !

Citation :

Ras le bol des révisions, je craque.

Du pur délire. Le plus dur n'était pas de séparer le vrai du faux, mais de supposer qu'il y avait ne serait-ce qu'un peu de vrai dans les paroles de ce type. Avait-il vraiment repoussés l'homme masqué ? Si oui, où, quand, à combien, dans quelles circonstances, et surtout pourquoi diable prenait-il le risque d'en parler à toute une bande d'inconnus du désert ? Fallait-il mettre ça aussi sur son apparente gueule de bois ? Le « si j'étais pas K.O. » laissait deviner un lendemain de fête laborieux.

- Dommage, j'aurais payé cher pour voir ça. Tu peux toujours le rattraper, tu sais...

Les portes du rempart se fermèrent. Hayato-sempai et monsieur barbichette s'en étaient allés de l'autre côté du rempart. Voilà qui réglait la question.

- Bon. Une autre fois peut-être.
En attendant, fit-elle en l'attrapant par le col et en armant son bras comme pour le baffer, de un c'est moi qui donne les surnoms ici, pas toi. De deux, je suis ni moche...

SLAP !

- … ni conne...

SLAP !

- … et encore moins secrétaire.

SLAP !

Elle avait certes profité de sa faiblesse pour l'attraper, mais elle n'y avait volontairement pas été trop fort. En bougeant ainsi, elle transférait une partie de sa frustration et de son énergie à la joue du streambidule, répandant sur lui sa rage tout comme le parfum citronné de son corps. Elle le relâcha violemment en le repoussant avec un petit coup de paume dans le sternum. Il n'avait pas du souffrir, ni vraiment comprendre ce qui lui arrivait.

- Je me serais pas retenue si y'avait pas l'autre bande de blaireaux masqués en train de nous zyeuter là-haut, mais si tu veux on peut aller régler ça plus loin. Y'a des arbres partout ici, j'suppose que ta chtite rivière coule à travers. On sera seuls, personne ne nous verra. Avoue que même K.O t'en crèves d'envie..

Son sempai n'était plus là, elle pouvait se lâcher. Un sourire animé de désir se dessina lentement sur son visage de folle, furtivement ponctué par un bref coup de langue. Elle avait soif. De sueur.

Entre un jogging et s'exciter sur cet inconnu, il n'y avait pas photo. Ne disait-on pas que le plaisir était décuplé quand partagé ? Et puis, elle s'était bien garder de se foutre de lui quand il avait maladroitement excusé sa non-promotion, il fallait bien qu'elle le fasse d'une façon ou d'une autre. De toute façon, soit elle lui mettait sa misère, soit elle démolissait un cèdre. Mais elle ne repartirait pas de ce pays sans avoir laissé sa trace.

Hu ? Tsshh aïe, eh ! WHAT ? Ouille ! Fap zbadra ! Bim, à terre. Clairement... déçu. Cette chose en avait dans l'ventre, n'empêche, enfin, j'étais fatigué, hein ! Oh ! Par contre, elle parlait trop, un peu comme moi, sauf que moi j'disais des trucs intelligents, quoi. Elle me faisait bien marrer, cette truie. Elle était là à balancer des conneries, nan mais sérieux... stop être un shinobi, hein, clairement t'es pas diplômée.

-Lol.

Le Streamwalker se releva, et épousta ses mains pleines de terre, c'est qu'il n'aimait pas avoir les mains sales. Petits étirements, et il était fin prêt à gagner ce match cadeau.

-Ok. Bon, alors. D'une -il leva son pouce- tu sembles être assez câlée au CàC, moi je suis pas trop dans mon assiette, mais bon. De deux -il leva son majeur- allez double point -il leva son index-, je suis un peu malade, et les gars le savent, tu m'attaques, et ces blaireaux te mettent Bagdag. Quatre -il leva son annulaire- tu viens ici pour me combattre sauf que je sais à présent que t'es une meuf élastique pro en Taïjutsu, donc quelque part, je suis avantagé, mais surtout, dans ce contexte de pseudo guerre-froide entre nous deux, j'ai l'avantage des infos. Cinq -auriculaire- tous ces points réunis prouvent que tu es en effet très très conne.

Bam ! Pose de winner, tour sur moi-même, pouces qui montrent le "Streamwalker" marqué sur mon maillot.

-Bon, cinq-zéro, tu kiff un peu, nan ? T'es à cinq doigts de passer sous l'baby, ma p'tite Fanny. Sixième point, j't'ai peut-être vu combattre et perdre à Suna, nan ? Toi apparemment, non. Septièmement, t'as bien vu que j'manipulais l'Suiton, et tu veux m'affronter sur une rivière ? Huitièmement, tu commence à stresser, là. Neuvièmement, tu portes des lunettes, donc en un trick et tu passes aveugle. Dixièmement, je suis une légende. Vazy passe !!

P'tite danse de la victoire, petites mimiques indiquant qu'elle passait sous l'baby. Nan mais clairement elle était juste complètement nulle c'te fille, hein ! La meuf quoi !

-J'sais pas comment vous choppez vos grades à Suna, mais visiblement, c'pas joli, joli, hein ! Tu ferais mieux d'partir avant que j'prévienne ton boss que t'es juste une incapable, ma grosse, awy parce que t'es grosse, hein ! Nah c'était gratuit ça, mais par contre t'es vraiment bête ! Et puis franchement, pourquoi m'tester alors que je suis quand même ZE mec qui faut pas affronter ? Retourne dans ton désert faire des pompes, p'têtre qu'un jour tu t'feras un gay complètement bourré !! BOUHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !!

Pouah. Même pas drôle. C'en était infect.
Plutôt que de rentrer dans son jeu, ce type s'était montré aussi fermé d'esprit que son congénère de tantôt, pas réceptif pour un sou. Tout prendre au sérieux, parler autant... peut-être qu'il le faisait exprès pour la frustrer davantage, dans le fond.

Ça avait fichtrement bien marché.
Elle soupira avec dédain, blasée.

- Tu m'gonfles ! Z'êtes obligés de toujours être relou comme ça ? J'voulais juste faire mon sport, t'étais pas obligé d'me... oh puis laisse tomber.

Un œil vers les blaireaux masqués en question, dégaina son doigt d'honneur à son tour, mais fit l'effort de l'allonger d'un bon mètre pour l'occasion.

- SCREW YOU, village de pignoufs !!! Eh, j'espère que y'avait une note explosive dans l'enveloppe !!!

Volte-face, un bond de géant pour disparaître dans les bois. Un dernier regard rempli de rancoeur à Suiton-guy, de la part de qui elle aurait espéré un peu plus de coopération.

Elle ne pouvait pas vraiment prétendre avoir été déçue par les Konohajins, qu'elle ne plaçait pas beaucoup plus haut que les autres dans son estime. Après tout, comment pouvait-elle s'attendre à mieux de la part d'un peuple qui vivait dans les bois... Cette forêt était frustrante de monotonie.
BAM !
Évidemment, n'ayant pas l'habitude du terrain, il était difficile de bondir à cette vitesse sans se manger un tronc en pleine poire.
Elle resta collé au cèdre qui l'avait accueilli pendant quelques secondes. Puis, hors d'elle, donna un grand coup de boule dans son écorce, un autre, un troisième... Le headbang après le ragequit, rien de plus logique. Sa tête s'abattait avec une violence un peu plus prononcée sur l'arbre à chaque coup, faisant fuir les oiseaux, seuls spectateurs de cette sinistre débauche. L'absence de douleur lui permettait d'éponger un peu plus chaque pensée négative qui avait jailli de cet enchaînement de frustrations.

Au bout d'une trentaine de secondes, lorsqu'elle s'arrêta, elle finit par remarquer qu'elle avait complètement défoncé ses lunettes. Elle retira ce qu'il en restait de son nez, regarda autour d'elle.

-... chuis même pas aveugle d'abord. Tocard.

Vidée, elle repartit en marchant, à la recherche de la rivière la plus proche, bien décidée à s'en servir comme toilettes.