Retour dans le désert. Cela faisait depuis un long moment que je n'étais pas venue par ici! Le sable, je me rappelais combien je pouvais aimer son contact sous mes pieds, sa chaleur. Les Yamada, et les Habashi; quelques unes des rares personnes à apprécier ça... Enfin, peu importait ce que les uns et les autres pouvaient aimer à cet instant, la suite était écrite et la nostalgie ne ferait changer aucun avis, à quiconque. Le sable continuait de crisser sous un vent léger et rafraichissant - malgré que le Yamada comme moi n'étions pas vraiment gênés par la chaleur - et soudainement, seuls mes pas remuèrent le sable. Je m'arrêtai alors. J'avais compris qu'après mes dernières paroles, notre discussion, quelque chose avait fait un petit bonhomme de chemin dans sa tête blonde. Mais lorsque j'entendis ce qu'il avait à dire; je pouvais en profiter pour faire d'une pierre deux coups.

"Si on veut découvrir ce que projette de faire le Kazekage, on ne peut pas faire demi tour, enfin; je ne peux pas faire demi tour."

Je me rapprochai de lui, sereinement; regardant un bref instant le soleil haut dans le ciel, et reportait immédiatement mon attention sur le Sunajin. Malgré le probable destin funeste qui m'attendait, je ne pouvais m'empêcher de sourire. C'était stupide de penser à ça, en pareil moment; bien que... L'instant semble ne jamais être vraiment mal choisi. Oui, ce qui me fit sourire; Kioshi, quoi d'autre ? Il s'inquiétait vraiment de mon sort, pour en venir à de tels propos; il tenait donc à moi. Alors je repris ma phrase tout en caressant sa joue chaude d'un revers de main. Il irait jusqu'à déserter le village qui l'a accueilli ? Rogner ses origines ? Hum, ce n'était pourtant pas ce que je demandais, très loin de là même. Jamais je n'aurais demande à qui que ce soit de trahir ses amis, son village et le reste. Je ne savais que trop bien à quoi cela menait.

"Et puis, c'est vrai quoi... C'est lassant de devoir fuir et faire attention à tout. Tu sais, un moment de relâchement, une inattention passagère et tu retrouves avec un shuriken géant t'entaillant le bras et une horde de mercenaires à tes trousses..."

En fait, il y avait vraiment plusieurs raisons à mon retour, dire que je voulais uniquement expier mes fautes était bien trop réducteur, même si cela restait l'objectif principal. Néanmoins, je trouvais sa proposition assez touchante et mignonne, il voulait jouer un rôle de protecteur envers moi; ce n'était pas une vaine tentative de me sauvegarder. J'appréciais vraiment l'effort, mais il me connaissait; il savait que rares étaient les fois où je revenais sur une parole ou un acte. Le shinobi de Suna en avait déjà fait énormément pour moi, même s'il ne s'en rendait pas compte. Rendre sa lumière à un cœur et une âme obscurcie; ce n'était pas rien! Une semaine... Qu'est ce que cela pourrait bien changer ? Mon cœur battait fort, et j'étais... bien, ici. C'est sûr, cela aurait été bien plus simple d'aller se cacher quelque part...

"Mais, tu voudrais vraiment t'enfuir avec moi ? Je m'éloignai, reprenant la direction de Suna. C'est tellement... romantique. Souriais-je encore."

Oui, je comprenais parfaitement leur point de vue, leur réaction, leur comportement. Je me souvenais parfaitement de ce que j'avais fait subir à certain. D'ailleurs la muraille avait été rebâtie. J'aurais voulu m'excuser auprès de chacun d'entre eux, mais comment des mots pourraient effacer un passé criminel ? Les actions du présent, et même celles du futur aussi bonne soient elles n'effaceraient jamais mon passé et auraient bien du mal à restaurer un semblant de confiance. Ils n'étaient pas tous que Kioshi, et fort heureusement quelque part. Le Yamada tenta de me défendre, il m'évita l'Ergastule, bien qu'y aller ne m'aurait pas fait grand chose; un juste retour de bâton en fait. Cependant je n'échappai pas aux fers. Des rétentions bien particulières, je les connaissais, elles bloquaient l'utilisation du chakra, par interférences. Oh oui, je me souvenais bien de ces menottes. Enfin, je présentai mes mains, et on me les lia. Je posai mon regard dessus, et poussai un soupir.

"Ok."

Kioshi avança alors, et on nous laissa passer, je sentais le poids des regards sur mes épaules, des regards et de mes actes passés. Et oui, on oublie pas le passé comme on en a envie, on ne peut pas dire simplement : "penses au présent, et au futur", ce serait trop simple, et Suna, ses habitants, ses ninjas, seraient eux aussi toujours là pour me le rappeler, et même sans le vouloir. Nous longeâmes la longue voie illusionnée, toutes traces de mon passage avaient été effacées, même plus une odeur de brûlée, on aurait put dire qu'il ne s'était rien passé. Maintenant que je m'en souvenais, j'avais bien fait les choses. Détruisant ce corridor, j'empêchai quiconque autre d'intervenir, limitant ainsi, en quelques sortes, les victimes. Bien sûr, je n'étais pas fière de moi, loin de là, ce que j'avais était simplement horrible. Je levai mes deux mains jointes, les posant sur l'épaule droite du Yamada qui marchait devant moi.

"Alors, je vais aller chez toi ? Au moins, tu ne risqueras rien, je n'ai ni armes, et j'ai ça. Lui dis-je en montrant les chaînes. Kirido ne m'a rien rendu... d'ailleurs, je me demande où il peut être... Enfin. Chez toi hein... pour une semaine alors ? ça va pas être évident avec ça aux poignets... surtout pour prendre une douche..."

J'évitais de sourire, ou de rire, mais le ton de ma voix laissait supposer que j'étais assez amusée par cette situation. Autant voulais être jugée pour mes actes, et payer en conséquence; que, quelque part, passer du temps avec ce jeune homme me donner envie d'obtenir la disculpation. Mais ça, seule l'avenir pour me le dire, en attendant, je connais très bien le fonctionnement, et je supposais que cela n'avait pas trop changé depuis l'investiture du Kazekage Kyoshi. Le conseil mettait du temps à se prononcer, ils souhaiteraient certainement me voir en huis clos, et par la suite ouvrir un tribunal public pour la forme, mais dès la première rencontre je saurais de quoi il retournerait exactement. D'ailleurs, je n'attendais que ça, voir le conseil, et le Kazekage, car comme d'habitude, je n'aurais pas mal langue dans ma poche... Enfin.

Nous sortîmes de la longue voie illusionnée, sous un soleil toujours aussi lumineux et un ciel toujours aussi bleu. Comme on dit : retour au bercail! Je regardai les bâtiments, d'ici je voyais les bureaux du Kakumeigun, enfin, je pouvais deviner leur emplacement, ce fut comme si je les voyais. Et puis mon appartement, où je retrouvais... Tsuna... avant.. Ah.. Le passé. Mais maintenant, autre chose.

"Et toi... où habites-tu Kioshi ? Lui demandais-je en observant les multiples rues du village.."

Le chemin, bien que court métriquement parlant, me sembla durer une éternité. Même si tout le monde ne me regardait pas, j'avais l'impression du contraire. Je me sentais, sous leurs yeux, coupables sur toute la ligne. Mais, une impression restait une impression et je supposais, ou espérais au choix; que tous ne souhaitaient pas ma mort. Maintenant que j'y étais, à Suna; je me sentais bien moins rassurée, bien moins confiante qu'auparavant. Enfin, confiante ou pas cela ne changeait rien à ma volonté. Celle d'assumer jusqu'au bout. Nous arrivâmes finalement chez le jeune homme. Une maison qui n'avait rien à envier au temple de Kusa, modeste, simple et nue.

"La taille ne compte pas vraiment tant que... je peux me reposer."

L'air ici était légèrement plus frais qu'au dehors et l'atmosphère beaucoup moins pesant. J'étais en sécurité, tout au moins tant que le Yamada serait là, car même si sans chakra je pouvais me défendre plus qu'honorablement, et bien; je restais relativement sans défense face aux ninjas... Enfin, j'étais aussi confiante sur ce point. Nous étions donc à l'intérieur. Je fis quelques pas. L'endroit était sommaire, masculin et presque fascinant. Oui, j'aurais pus être très surprise si j'avais été complètement ignare au sujet des Yamada, mais comme ce n'était pas le cas... J'allais parler, lorsque Kioshi ouvrit la bouche, me devançant d'une seconde. Il s'était remémoré les mots que j'avais prononcé plus tôt. Je devais vraiment faire attention à ce que je pouvais dire, pas par manque de confiance mutuelle, mais; je préférais éviter ce genre de double sens, précisément.

"Je n'aurais pas dû plaisanter à ce sujet... J'ai été stupide, pour le coup. Que je dispose d'armes, ou seulement de mes mains, libres ou contraintes; je ne pourrais certainement pas te faire de mal, et à quiconque d'ailleurs; dans la mesure de Suna. Je te l'ai dit, cette femme que tu as connu, que j'ai été; n'a existé qu'au travers de... D'Akuraï. Je sais ce que j'ai fait, j'en ai toujours été consciente, mais ça; dis-je en pointant ses jambes, et ça; en me rapprochant de lui, posant mes mains liées sur son torse, ce n'était pas moi, mais un homme rongé par la haine et le désir de vengeance. Bien sûr, maintenant il est mort; je ne peux pas prouver ce que je dis, au final. Et... Crois-tu toujours en mes paroles, ou as-tu changé d'avis ? Je ne t'en voudrai pas, je doute qu'on me croit aussi facilement que toi, ici. Dis-je en souriant à contre cœur. Enfin... au moins, je vois que tu veilleras à ce que je ne m'enfuies pas, jour et nuit. En fixant le "bac à sable".

Je lui laissai la lame pour le moment, Sei'Ruseï était bien entre ses mains, rien à craindre. Je le contournai, le laissant à son silence, lequel je rompis une dernière fois tout en m'asseyant sur le bord du lit aux allures aseptisées et, confortables.

"Est-ce que cela te dérange si je m'allonge un instant, pour me reposer, à moins qu'il soit destiné à quelqu'un d'autre..."

En effet, j'avais besoin de me reposer un peu, de méditer en fait, et de penser, encore, au passé.