Refermant la porte de la chambre du petit Yamanaka, je ne pus m’empêcher de ressentir un peu de fierté pour ce qu’il avait réussi à accomplir. Plus d’une fois je m’étais comportée comme une figure maternelle avec lui alors qu’il n’en avait en rien besoin. Ce blondinet avait le chic pour paraître frêle et vulnérable là où il était un shinobi accompli. La preuve : la journée d’aujourd’hui où il s’était surpassé. Ses capacités étaient un avantage certain pour la Racine, il n’y avait pas à en douter, cependant chacun d’entre nous avions à notre actif un talent, une compétence particulière qui faisait de l’organisation secrète celle qu’elle était à présent. Et bien qu’elle n’était pas très développée, je ne doutais pas sur les compétences d’Onpu pour faire pérenniser l’influence de notre groupe, de son groupe, et ce même s’il ne s’était pas illustré lors de sa dernière action. Peut-être avait-il espéré être suivi, être retrouvé, en se dévouant comme cobaye, cependant la traque d’un tel homme allait s’avérer délicate. De la téléportation pure et dure d’après ce que ceux témoins de l’échange avaient raconté, à commencer par Maïka, dont la version s’était vue vérifiée par les dires d’Iji qui m’avait raconté en détails ce qu’il s’était passé avant qu’il ne retrouve son corps brutalement, haletant comme pas possible.

Entendant des éclats de voix depuis le couloir, je me dirigeais vers la chambre du luthier, posant ma main sur la poignée alors que derrière la porte, j’entendais les vociférations de la jeune femme aux cheveux roses. Son caractère vif et sa force de conviction avaient toujours plu à l’Aburame même si des fois elle pouvait paraître un peu brut. Au fond elle exprimait tout haut ce que d’autres comme elle pensaient tout bas. Avec ses prises mots bien sûr. Tournant la poignée, j’entrai, interrompant la petite scène de ménage que faisait à notre cher chef sa complice. A chaque fois que ces deux-là discutaient entre eux, j’avais l’impression de me revoir quelques années auparavant. Moi et lui. Ils étaient toujours comme là comme deux tourtereaux, à se tourner autour, à se chercher. Ce n’était pas dans mes habitudes de me mêler de la vie d’autrui mais peut-être avaient-ils besoin d’un petit coup de pouce du destin. J’aborderai le sujet avec l’un des deux un de ces jours. Voir les deux. En les forçant à creuser un peu, peut-être s’apercevraient-ils qu’ils formaient un couple adorable et parfaitement appareillé. Mais voilà que je me laissais aller inconsciemment.

« Bonjour Onpu, je ne vous dérange pas j’espère. »

Ma capuche rabattue et mes lunettes dans ma poche, je savais que devant eux, je n’avais pas besoin de me cacher, de me replier derrière des artifices.

« Oui, il dort à côté. Il vaut mieux le laisser se reposer pour le moment. Il en a besoin. »

Fis-je plus à la jeune femme qu’à Onpu, ce dernier pouvant sûrement entendre la respiration apaisée du blondinet dans la chambre à côté. M’appuyant sur la porte que j’avais pris soin de refermer, j’écoutais ce qu’avait à dire ce dernier à ses troupes. Un bilan sur la situation devait être fait, c’était normal.

« Contrairement à Iji je ne peux pas me vanter d’avoir été particulièrement utile, c’est lui qu’il faut remercier. Lui et les villageois de Konoha. »

Regardant Onpu, le visage légèrement plus dur bien que ce n’était pas mon intention, c’était à mon tour de lui faire la morale. Deux voix valaient toujours mieux qu’une après tout.

« Tu as risqué beaucoup Onpu. Beaucoup trop même. Une chance que la voix des Konohajins l’a emporté sur celle des membres de clan. Je connais nombre d’entre eux qui auraient sûrement préféré te voir sacrifier ta vie pour le village, sacrifice que tu étais normalement prêt à accepter en tant que Jonin, plutôt que de laisser un prisonnier dangereux aux mains d’un homme dont nous ne savons rien, ni l’identité, ni les sombres desseins. Tu ne peux pas risquer ta vie à tout va. Tu as des responsabilités envers ce village, et le plus tôt tu en prendras pleinement conscience, le mieux cela vaudra pour toi, pour nous, pour le village. Tu m’as dit un jour que notre unité représentait les racines qui servaient à l’arbre qu’était le village de prospérer, de grandir, de pousser. Misory est morte en défendant cette unité et la Racine en a souffert jusqu’à en être démantelée complétement en apparence. Que crois-tu qu’il adviendra de celle-ci si toi aussi tu disparaissais ? Qui serait là pour reprendre les rênes ? Iji ? Il est trop jeune. Maïka ? Trop vive. Moi ? Pas assez. Tu es celui qui nous permet à tous de combler nos défauts respectifs et de maintenir la barque à flot. Maïka a raison. Tu as agis inconsciemment. »

Ayant parlé tout le long d’une voix posée, et sereine, j’en voulais tout de même au Myakudou d’avoir été inconscient. Et malgré le fait que je ne m’étais pas emportée, le fait d’avoir parlé si longuement alors qu’étant habituellement silencieuse en disait long. Cependant je n’avais pas encore tout dit, il fallait être honnête et avouer ce qui me pesait tout de même encore sur le cœur malgré ma remontrance.

« Cependant je dois avouer que je suis contente que tu te sois sorti de ce mauvais pas. »

Un petit sourire s’affichant sur mon visage, mes paroles bien que non aussi exclamatives que celles de Maïka ou bien celles d’Iji, étaient le reflet exact des sentiments que je ressentais à l’encontre du musicien. Du soulagement qu’il nous ait été rendu.

«Quels sont tes ordres maintenant? Je suppose que tu lui as raconté ce qu’avait appris Iji non ? Là et à Ame. D'ailleurs que s'est-il passé là-bas? J'ai lu le rapport du Sarutobi mais je n'ai pas eu la suite de l'histoire encore. »

Me tournant vers Onpu puis vers Maïka, mes yeux revinrent au ninja encore alité en attente qu’il continue ce qu’il avait à dire. Et à présent ?

Pas très glorieux tout ça me dis-je alors que Maïka mettait en avant le manque de compétences dont avait fait preuve Onpu lors de sa dernière mission. Ce n’était pas très sympa de sa part, cependant il fallait avouer que niveau tact elle en était au même point que moi, cependant elle ne se gênait pas pour clairement expliquer son point de vue à son entourage. Sans gêne. Voilà c’était ça. Mais bon entre ça et muette, quelle était la meilleure façon d’agir ? Laissant Onpu se défendre, je l’écoutais avec attention, ce dernier parlant de Makka et de la question qu’il avait posé à l’homme au masque blanc. Il avait sa voix d’enregistrée, son chakra de reconnaissable. C’était tout de même un début. Pas sûr que nous irions très loin mais au moins nous n’avions pas les mains vides après tout ce capharnaüm. Nous formions véritablement une bien piètre unité spéciale pour l’heure, mais il était temps à la Racine de se racheter.

Ecoutant les suppositions d’Onpu sur le nombre de membre que comportait la mystérieuse ligue de masques blancs, je ne pus m’empêcher malgré moi d’hausser un sourcil alors que le chef de notre unité suggérait l’idée qu’ils ne soient pas que trois. Ainsi cet homme avait précisé que d’autres pays avaient tenté de conquérir leurs voisins moins puissants afin d’étendre leur influence ? L’organisation inconnue avait dû se confronter à eux en effet pour être au fait de telles informations. Cela confirmait les propos de la mystérieuse femme qu’Iji avait affrontée à Ame qui l’avait attaqué sans poser de question, simplement en déclarant qu’ils n’avaient pas à apporter violence et sang dans leur sillage. Une argumentation qui ne semblait pas uniquement dirigée contre Konoha en particulier.

« Les deux. »

Fis-je à la réponse d’Onpu avant de continuer après avoir marqué une légère pause.

« Il est possible qu’il y en ait d’autres. Mais il est également possible qu’il n’y en ait pas. Si les autres villages ont été confrontés aux mêmes dérangements, peut-être serait-il bon de se renseigner sur les hommes auxquels ils ont fait face pour savoir s’ils correspondent à la description des trois individus que nous avons. Mais comment savoir que Suna n’a pas été confronté au même problème également ? … Je pense qu’il serait bon pour nous d’enfin nous tourner vers les autres villages. Après une question demeure, devrions-nous partager nos informations avec les autres villages ? S’ils ont été également victimes de demande de rançons dans le même genre, peut-être serait-il bon de faire un effort de coopération, ou tout du moins aller en ce sens. »

Soufflant légèrement et reprenant mon souffle avant de continuer sur une partie beaucoup plus délicate qui ne plairait probablement pas au Myakudou selon la façon dont il le voyait, je me lançais sans hésitation.

« Avec ton accord, bien sûr, j’aimerais me charger d’essayer de rentrer en contact avec Kiri. Des quatre grandes puissances, c’est ce village qui est le plus renfermé sur lui-même et qui posera le plus de problème à approcher. Je sais que tes talents en matière d’infiltration et de doigté dépassent largement les miens, cependant si cette fois c’est de Kiri que tu te retrouves captif, je ne pense pas qu’ils se contenteront d’un simple échange de prisonnier. Je ne me permettrai pas d’aller à l’encontre de ton ordre, mais quand tu as fait appel à moi pour la Racine tu m’as clairement laissé entendre que chacune de mes décisions reposait entre mes mains et que, en tant que membre de ton unité, j’étais seule juge de ce que je jugeais être le mieux pour le village. Et ceci est ce que je pense s’avérer être le mieux pour le village. »

Moi le materner non ? Je savais qu’il était un excellent shinobi, même sûrement meilleur que moi, cependant du fait de sa position je ne pouvais le laisser prendre des risques inconscients alors que je pouvais les éviter, et pénétrer dans le village de Kiri même avec cette appellation de la ‘‘Brume Sanglante’’ était risqué. Faisable mais risqué. Cela dépendait des informations et des intérêts que nous saurions susciter avec le village caché de la brume.

J’avais appris qu’Onpu était à l’Hôpital. J’avais demandé à faire vider l’étage, du moins, une partie de celle-ci, sauf les spécialistes qui s’occupaient de vérifier son état. La raison était que je voulais surtout éviter un coup vicieux de la part de ses tortionnaires d’il y a quelques heures. J’avais tout fait dans ce sens, en allant jusqu’à donner son nom pour m’assurer que les gens pourraient se méfier et le surveiller s’il agissait bizarrement. On’ m’en voudrait certainement, mais il savait en acceptant ce job les responsabilités qui allaient avec. Je n’allais pas jouer dans la dentelle juste parce que nous nous connaissions bien, il y avait un expérience à faire et il fallait découvrir la vérité. Je me doutais bien, en approchant de sa chambre, qu’il m’entendrait.

Je restais sur le pas de la porte, plusieurs personnes échangeaient des propos. Une femme semblait particulièrement énervé, la Aburame qui avait préparé le Hayashi semblait là aussi vu les derniers mots. Tant mieux, si elle avait un lien avec On’, le travail qu’elle avait dû faire contre ses geôliers avait dû être minutieux. À sa dernière phrase, j’ouvris la porte de le chambre et poussait lentement la porte. Je regardais les gens rassemblés, conscient que je venais probablement de découvrir quelques membres de la RACINE, mais surtout qu’On’ me laissait accès à cette information en ne les ayant pas averti.

- « Vous avez fait des erreurs sur ce coup. »

Je restais debout, dans l’embrasure, avant de me retourner et fermer la porte. Je m’approchais du lit de On’, contournant la femme que je connaissais à peine, mais que je savais proche de lui. Ils semblaient affligés par cette histoire avec les Masques Blancs, moi je me contentais de sourire largement en suivant des yeux le tube de soluté de On’ jusqu’à la poche. J’ouvris la bouche, puis pinça les lèvres et resta silencieux quelques secondes de plus. Pour briser le silence ridicule, je claquais des mains en ayant un léger mouvement de recul du haut du corps.

- « Tu as assumé. Tu n’as pas eu de traitement de faveur, c’était très bien. Je pense qu’on a pu créer une brèche et ramasser des informations. Vous avez sus atterrir sur vos pattes, c’est excellent. Quand on est actif, on commet des erreurs, le plus important, c’est de s’adapter. Tu permets ? »

En disant cela, je regardais Maïka, mais surtout Miko. Si les Masques Blancs avançaient dans leurs objectifs, nous venions d’en apprendre beaucoup pour cette rencontre. J’hésitais surtout à prendre le risque de parler devant eux, surtout devant On’. J’avais les paumes vers le ciel, le bras ouvert. Dès que j’eus sa permission, je fis quelques mûdras. Le Kowasu Fuu n’était pas une technique impressionnante, mais efficace. Notre adversaire devait certainement utiliser les Sceaux, alors… Je fis une rapide détection de la situation, aucun symbole ou chakra ne me sembla étrange, mais un Sceau peut se camoufler. Quand je déposai mon index sur lui, des symboles apparurent sur son corps et semblèrent avancer sur sa peau. En quelques secondes, ils firent le tour et revinrent à mon index, laissant le « malade » intact.

- « S’il y avait un Sceau, il est aurait été brisé ou, du moins, détecté… Alors,je ne t’empêcherai pas de te diriger vers les Vagues, Miko. Mais sache que c’est aussi dans mes plans de vérifier auprès de Suna ce genre de rencontre, de Kumo et de Kiri. À vous de voir si vous voulez attendre que mes questions et réponses devront être vérifier avant ou après. »

Je fixais maintenant On’. Il avait été honnête, j’avais un autre processus sur le Masque Blanc. Mais j’hésitais encore à en parler, surtout devant les autres. J’attendrais que la discussion avance un peu et les réactions. Peut-être avait-il envie de me poser des questions sur Kiri avant de partir. Je savais qu’ils répondraient aux miennes, du moins en partie, je ferais la même chose avec eux.

[Désolé de l’attente:/]

Surprise par l’arrivée du Hokage je l’étais. Me tournant furtivement vers Onpu, je me doutais qu’il avait laissé approcher et surprendre leur réunion de leur plein gré, mais peut-être ce dernier aurait pu les prévenir. Me serais-je enfuie, cachée, pour préserver mon identité ? Je ne le savais pas exactement. Fallait-il déjà savoir si je pouvais faire confiance à l’Hokage actuel. Le chef de leur unité semblait lui faire confiance, moi ?... Je me contentais de m’incliner légèrement comme l’avait fait Maïka en signe de respect. Du respect. C’était ça que j’éprouvais à son égard. Ses manières différaient trop des miennes, contrastaient même avec la situation qui s’était récemment déroulée au vu et au su de tous. Un homme étrange, mais loin d’être naïf, insouciant, crédule comme il semblait parfois vouloir l’afficher avec ses sourire maladroits. Non je l’avais toujours trouvé plus vicieux, insaisissable. Une vraie anguille en quelque sorte. Ce bonhomme en avait dans le crâne et même si ses manières laissaient parfois à désirer et qu’il pouvait être vu comme un extravagant, il réussissait souvent à obtenir ce qu’il voulait en véritable diplomate. Peu sûr que s’il avait été Hokage avant il y aurait quand même eu une guerre avec Suna.

De nouveau droite, et me retenant de pincer les lèvres, je ne pus qu’acquiescer silencieusement à la réprimande indirecte de l’Hokage. Celui-ci avait raison d’affirmer que nous avions cafouillé. Le laissant vérifier si Onpu ne s’était pas vu apposé un sceau quelconque, j’acceptais sans broncher ses paroles. Il était normal de faire des erreurs, cependant nous ne pouvions nous permettre des erreurs allant jusqu’à l’emprisonnement et un échange de ce genre. Onpu avait été chanceux de s’en sortir, mais le phénomène ne devait pas se reproduire. Cependant l’épisode était clos, je savais Onpu excellent ninja et suffisamment futé pour éviter de se retrouver à nouveau dans une telle situation.Vint le moment où l’Hokage qui avait visiblement entendu ma résolution et Onpu répondirent à celle-ci. Les laissant parler j’écoutais, alors que Maïka se désignait pour aller enquêter sur ce qu’il s’était passé du côté de Kaminari no Kuni. Ainsi donc chacun aurait sa tâche. Me raidissant alors qu’On’ évoquait le fait qu’Iji m’accompagnerait, je dus admettre lui en avoir voulu d’avoir ainsi grillé la double identité du blondinet devant Suguato. Que d’autres que les membres de la Racine sachent pour moi ne me dérangeait pas, j’avais déjà eu le temps de profiter de la vie loin de tous les risques qu’imposaient l’appartenance à une telle unité secrète, mais Iji lui avait vu son secret révélé. Peut-être que cela ne le dérangeait pas, mais je le maternais peut-être un peu trop c’était vrai.

« Ne vous en faites pas, je ne pensais pas non plus me précipiter. Onpu, je resterai donc ici à Konoha le temps de l’examen tout du moins. Inutile de vider le village d’effectifs encore plus qu’il ne le sera déjà. Nous attendrons donc d’avoir de vos nouvelles, ou que vous soyez revenus, pour nous mettre en mouvement. Messire Hokage je suis heureuse que nos plans coïncident, je vous propose que nous nous revoyions à un autre moment, j’avais également dans l’idée de vous demander une entrevue il y a de cela quelques temps, mais cela peut attendre, je vais vous laisser discuter entre vous, et laisser Onpu vous apprendre le peu d’informations qu’il a pu recueillir. Maïka ? »

Comprenant où je voulais en venir la jeune femme aux cheveux roses sembla accepter et me suivit dans le couloir, après que nous ayons toutes deux salués les deux hommes qui restaient dans la chambre. Refermant derrière moi, j’entrouvris la porte de la chambre d’Iji pour être sûre qu’il s’y reposait toujours, puis je remontai le couloir, Maïka a mes côtés. Arrivée au bout de celui-ci bien que sûrement encore à portée de l’ouïe surnaturelle du luthier, je me tournai vers Maïka, mes yeux et mon sourire rieurs trahissant le fait que mes paroles n’étaient pas qu’un simple constat.

« Malgré ta colère, je suppose que tu es soulagée de retrouver Onpu vivant n’est-ce pas ? »

Faisant un clin d’œil discret, je me doutais qu’elle voyait où je voulais en venir. Elle était loin d’être bête, elle comprendrait, et ce notamment s’il y avait bel et bien quelque chose entre eux deux. Il était normal qu’elle se soit énervée plus que de raison contre son Onpu qui avait pris de gros risques comparé à d’habitude.

Quand On’ parla de l’Examen, je me contentais de hocher la tête. Cet Examen allait êre l’occasion pour Suna de nous rassembler dans leur Village, ce pouvait être un problème de taille. Cependant, je ne désirais pas forcer les Konohajins à y venir. Mais, chez les nôtres, l’occasion de prouver notre valeur dans le Désert avait fait mouche. C’était une occasion de prouver à Suna que nous n’étions pas sous contrôle, mais aussi de leur prouver que notre « reddition » était un acte de bonne foi et non uniquement le résultat des pressions. La femme terne parla ensuite, alors que l’excitait n’hésitait pas à parler, sans gêne. Je ne savais pas si c’était tout simplement un manque de contrôle de sa part ou tout simplement une volonté d’ignorer les grades. Je la regardais du coin de l’œil, en la laissant parler. Je venais d’être au courant de beaucoup des activités de la RACINE, je n’allais pas les forcer et me contenter de la mettre au courant, ils réagiraient comme il le souhaiterait.

Dès que la porte se referma, j’attendis plusieurs secondes. Le temps de les laisser s’éloigner et m’assurer, en regardant d’On’, que je pouvais parler sans risque d’être attendu. Sa situation devenait problématique, j’aurais dû le mettre sur la touche quelques temps, mais, je préférais prendre des risques. La RACINE ne m’appartenait pas, c’était à eux de faire leurs propres choix. Je posais la main sur le rebord de son lit.

- « Il faut que tu comprennes la situation… Tu as été sauvé par les Konohajins. Ils ont décidé que ta vie avait plus de valeur que celle de ce Hayashi. Malheureusement, je ne pourrais pas toujours leur faciliter la chose, parfois, ils devront agir sans permission s’ils veulent imposer leur volonté. Alors comprends-moi… Ce ne sera pas toujours aussi facile et tu ne pourras pas toujours avoir autant de chances. »

En lui parlant, je le regardais, très sérieusement. J’appréciais On’, dès le moment où Kaya lui avait fracassé la tête contre le comptoir. Je pense que ce fut la fin de sa naïveté ce jour-là. J’étais fier d’y avoir assisté et de voir l’homme qu’il était devenu. Par contre, il ne fallait pas se voiler la face, en tant qu’Hokage et lui de RACINE, ce ne serait pas possible de laisser interférer notre affection. Je laissais échapper un rire.

- « Comprend aussi que nous ne pouvons traiter pour des enlèvements d’hommes en donnant à chaque fois. Nous ne pouvons pas nous permettre de jouer le même jeu que les Masques Blancs sans qu’ils réagissent de la même manière maintenant. »

Je laissais glisser ma main en bas du lit, souriant en coin, puis je me retournais vers la porte une seconde, quelques secondes. Je m’approchais de la table de chevet, puis posa ma main sur le pôle de son soluté. Je regardais de nouveau Onpu, silencieux pendant quelques secondes, avant de rire en pinçant les lèvres.

Je l’écoutais parler, d’abord, « sérieusement », puis je ne pus m’empêcher d’avoir un sourire moqueur. Il se trompait lourdement sur le Village, du moins, je le pensais. Il n’était pas complètement en tords, mais son sauvetage n’était pas de cette nature, pas motivé majoritairement par ce que je pensais être une espèce d’amour. Je me contentais de l’observer. Ses traits étaient tirés malgré son entrain, mais sa voix trahissait une fatigue étonnante. Peu étonnant, les jutsus auxquels il avait été soumis étaient puissants. Ils avaient certainement, à défaut de l’épuiser physiquement, rongés une bonne partie de son énergie mentale.

- « Tu vas pouvoir rencontrer le Kazekage, mais ne t’attends pas à des merveilles. C’est devenu un personnage public à bien des égards, qui n’expriment rien de plus que l’image de ce qu’il croit être un Village. C’est dommage, on a perdu un fauve dans une cage. »

Je laissais échapper un long soupir. Kenji… Franchement, un homme intéressant. En tant que Kazekage, il était tout simplement méprisable. Il se préoccupait sans cesse de ce qui se passait autour, non pas pour agir, mais du regard qu’ils portaient sur lui. Ce ne devait pas juste être ça, mais ça semblait occuper une partie importante de sa pensée. Un léger frisson me parcouru en me demandant si c’est ce que j’allais devenir. J’arrêtais ce léger vagabondage dans mes pensées pour en revenir au sujet.

- « Fait ce que tu veux, On’. Pour le moment, tu le fais bien. Je sais que le contrôle est bien plus illusoire qu’on ne voudrait le croire, je ne le perds pas de vue. Ce que vous faites… C’est ce qu’il fallait. »

Sa voix diminuait. Je me tournais vers le soluté d’Onpu, ayant examiné rapidement l’appareil, avant de sortir une clef de ma poche. Je fis quelques pas vers le meuble contenant des médicaments pour les urgences. J’avais la clef, j’étais un ancien employé. Je sortis un pot de morphine et une aiguille, commence à sortir un peu du précieux opiacé. Je souriais en coin en approchant.

- « Si ça t’inquiète que je t’empoisonne, le personnel de l’Hôpital répondra bien assez vite. »

Je pris le tube d’une main et planta l’aiguille dans l’orifice prévu à cette effet. Je le laissa là, sans injecter le produit immédiatement.

- « Tu peux dormir, On’, ça te fera du bien. Konoha n’a pas eu un élan d’affection pour toi, détrompe toi. C’est simplement qu’elle a choisi ce qui avait le plus d’importance à ses yeux : les actes et les hommes, pas les titres et les reliques. »

En parlant, j’injectais le produit. Par voie sanguine, l’effet se ferait sentir dans les secondes suivantes. S’il faisait un mouvement, je me serais contenté de retirer l’aiguille. J’aurais fait la même chose, me retourner et la déposer sur la table de chever, dénué de toutes traces personnels.