Quelques jours plus tôt…
-Voilà c’est ce que j’ai de mieux à vous proposer, la ressemblance avec votre visage n’est pas de 100% mais je pense qu’elle n’est pas loin de l’être, peut être une ou deux cernes, et un menton peut être un peu trop pointu, mais ce ne sont là que des détails minimes, même un médecin légiste tomberait dans le panneau…
Je regarde longuement ce visage blême et vide de toute émotion, ce même visage qui ressemble comme deux gouttes d’eau au mien, qui aurait pu être le mien d’ailleurs, mais qui ne l’est pas, car ma tête est belle et bien sur mes épaules, et non pas dans cette boite en bois, dont le fond couvert d’un linceul, sent l’odeur asphyxiante et écœurante de l’encens mis par kilos pour masquer celui de putréfaction de la chair.
Je prends le couvercle posé à côté et referme l’urne contentieusement, la scellant d’un sceau de cire rouge. Puis je me tourne face à l’Eisen-in déchu, perverti dans la nécromancie, le dos courbé, et le sourire édenté il me fixe d’un regard fuyant :
-Bien et combien gagnerais-je pour cette œuvre d’art ?
Une œuvre d’art ça ? Décidemment cet homme me répugne, mais contrairement à beaucoup, il a le sens du travail et a compris quels pouvaient être ses intérêts en s’associant avec moi. Alors pour une fois je ne vais pas faire comme d’habitude, je ne vais pas l’évincer comme la plupart des témoins gênant, je vais le garder en vie, après tout il pourra toujours m’être utile. Je sors alors lentement de ma poche une bourse de ryos bien remplie, et je la jette au pied de l’homme qui ne prends même pas la peine de se pencher pour la ramasser, tandis qu’il me fixe toujours d’un air inquisiteur, comme s’il attendait toujours quelque chose de ma part :
-l’argent m’est égal comme vous le savez bien mademoiselle, je vous avais demandé quelque chose de bien différent…
Avec un air épuisé j’attrape un parchemin qui pend le long de ma sacoche, et le pose au sol, puis libérant son contenu d’une simple mudra, je regarde un livre à la couverture rouge apparaitre. Le scientifique le ramasse alors doucement, l’inspecte pendant quelques secondes, et le range dans sa poche en même temps que l’argent :
-C’est un plaisir que de travailler avec vous, même si je vous ait connu plus bavarde…
Et prenant une boule fumigène, il la fait exploser et à peine celle-ci dissipée, il avait disparu, me laissant seule au milieu des montagnes austères et grises du pays où j’avais autrefois vécu : Kumo…
De nos jours…
Kumo, me voilà aux portes du village, accueillie par une tripotée de shinobis en position défensives, prêts à se jeter sur moi au moindre faux pas. Je les regarde au travers des deux fentes de mon masque sans qu’ils ne puissent voir mon visage, ni même mon bandeau rayé que j’ai pris grand soin de ranger dans ma sacoche. Non tout ce qu’ils voient ce n’est qu’une femme aux cheveux noirs, le visage masqué, en tenue de shinobi complète, ne laissant rien transparaitre, bref rien à voir avec la Ozuka qui avait déserté le village il y a de cela presque un an.
Je sors alors la boite en bois de ma poche, la pose sur le sol, et fais trois pas en arrière, pour finalement dire :
-Voici la tête de celle qui a déserté ce même village sous le nom d’Hakushi Ozuka, je vous l’apporte ici pour le compte de mon employeur, il ne cherche à tirer aucune richesse de ce présent, il considère juste que sa mort lui apportait tout autant avantage qu’à vous.
Et voilà comment j’allais me faire passer pour morte, changer en quelque sorte de vie, comment j’avais abandonné mes cheveux roses pour ce noir si sombre et dérangeant, et pourquoi le monde allait bientôt comprendre que je n’étais pas un simple pion sur l’échiquier qu’il représentait…