Un autre entrainement à l'aube, une autre longue séance d'exercices divers et plus ou moins dangereux avec Shiwoon. Enfin tout cela est une autre histoire, bien qu'il soit nécessaire de le savoir pour comprendre la suite. Suite à un repos bien mérité et un repas pris sur le pouce chez moi alors que ma mère insiste pour que je me soigne un minimum ce que je laisse faire avec un sourire gêné en repensant au fait que je l'inquiète davantage chaque jour. Petit à petit comme un autre entrainement physique, je m'assure de porter un maximum d'équipement sur moi, bien que je laisse la plupart au sol pendant les séances, c'est un peu comme si je portée des poids d'une certaine manière. Mais quelque chose clochait et je m'en suis rendu compte toute seule étant donné qu'une bonne partie de mes entrainements il y a longtemps était en autodidacte... Le temps où les planqués Tsukiyo ne nécessitaient pas le précieux temps des professeurs à l'école et qui n'est pas autant révolu que cela. Enfin soit, au fur et à mesure que je m'entraînai, je ne semble pas forcément m'améliorer, mais même au contraire faiblir sur certains points. Évidemment, je ne demanderai pas leurs avis aux membres de ma famille, je ne souhaite pas les ennuyer avec des problèmes bien éphémères par rapport aux leurs.

Puis le temps passa, au fur et à mesure des jours, cela ne semblait toujours pas passer, c'est alors qu'en revenant d'une balade en ville pour aller acheter du matériel que j'ai reçu un coup derrière la tête... Mugetsu, mon grand-frère et chef de clan.

"Tu n'as rien de mieux à faire ?"

Évidemment, le fait de dire cela avec un mélange de gênes et de joie puisqu'il est rare de le voir en dehors des repas faisait perdre à cette intervention toute crédibilité. Sans le regarder dans les yeux, je me tourne vers lui, observant le sol comme à mon habitude.

"Alors ?"

Ce n'est pas son habitude d'être aussi bref, on dirait presque qu'il essaye de... Me faire dire quelque chose de particulier ?

"Alors quoi ?"

Il me fait un grand sourire et saute directement du coq à l'âne, passant de la personne qui tourne autour du pot à une franchise qui le caractérise bien plus.

"Tu n'as pas l'impression de foncer droit dans le mur."
"Que veux-tu dire ?"
"Qu'à force de vouloir faire trop de choses à la fois, tu n'en réussiras aucune."

Je ne comprenais pas trop ce qu'il foulait dire et cette incompréhension devait facilement se lire sur mon visage. Un ninja se doit d'être polyvalent, en tout cas c'est ce que j'en ai compris, alors pourquoi ce commentaire.

"Non seulement tu te pousses dans tes retranchements, mais en plus la plupart du temps sans personne pour t'apprendre ce que tu dois savoir. C'est quand la dernière fois que tu as eu un véritable professeur ?"

Avant même de me laisser placer un mot, il me coupe net en roulant des yeux.

"Tu as certes un ami qui t'entraine au Taïjutsu, mais pour le reste ?"

S'en suivit un silence éloquent de ma part, je ne préfère pas lui dire que comme d'habitude et sans qu'il ne s'en rende compte, je me débrouille au maximum toute seule pour ne pas les gêner eux, ou n'importe qui d'autre d'ailleurs. Ce n'est pas que j'aime être isolé, c'est que généralement je n'ai pas le choix et de toute manière je ne cherche pas à m'imposer. Il souffle et me met une pichenette sur le front.

"À cette allure tu vas imprégner ton corps de mauvais réflexe et des gestes erronés... Concentre-toi sur le Taïjutsu puisque ton petit copain te l'enseigne et sur le Fûinjutsu, tu es meilleur là-dedans que je ne l'ai jamais été."
"En même temps tu ne ti est jamais mit séri... Je n'ai pas de petit copain !"

Il éclate de rire alors que je le regarde complètement en pétard, les poings serrés le long du corps dans une moue incroyablement mâture. Il m'invite à le suivre d'une légère tape dans le dos et en marchant, nous discutons plus ou moins calmement alors qu'ils infiltrent subtilement quelques sous-entendus et beaucoup moins discrètement des allusions éhontées dans le seul but de me faire réagir, ce qu'il arrive parfaitement à faire d'ailleurs. Nous finissons par arriver devant la chambre de notre Tante la plus proche. Tsukiyo Yūna est assez particulier... Elle n'a pas sa langue dans sa poche et j'avoue qu'elle manque de tact

"Bonjour Yūna"
"Hé bien, que me vaut la venue inopportune du jeune loup et de sa bécasse de soeur ?"
"Vous allez entraîner Koémi, qui a un nom."
"Et pourquoi je devrais perdre mon temps avec elle ?"
"Oh ! Suis-je bête, ai-je par mégarde formulé ceci comme une demande ?"
"Un ordre ? Et qu'est-ce qui te prouve que je ne vais pas me venger sur elle jeune freluquet ?"
"Votre éthique et votre sens des responsabilités ?"

Tante Yūna pouffe de rire, roule des yeux et fait signe à mon frère de partir d'un geste las avant de me regarder quand la porte fut refermée après que je sois rentrée. Une longue pipe finement ouvragée aux lèvres elle me toise un instant, recrache la fumée odorante d'une bouffée sur le côté et finalement après un long moment de silence.

"J'imagine que c'est n'est pas la médecine qui t'intéresse ? Dommage, avec une empathie pareille, tu pourrais être d'un grand secours à tes alliés."

Abasourdie par cette phrase, elle ne me laisse pas le temps de lui répondre et de toute manière je ne sais pas trop quoi dire.

"Le Fuînjtsu alors, mais pour atteindre un niveau correct pour que tu puisses un jour espérer sortir de cette médiocrité qui de paralyse, il va falloir t'entraîner dur."
"Je peux le faire."
"Essaye en parlant plus fort et en articulant gamine."
"Je vais le faire, vous allez voir !"
"Hé bien qu'est-ce qu'on a là ? Un chaton qui essaye de rugir comme un tigre."
"Je vous le prouverai par les actes."
"Reviens demain, juste après ton entrainement matinal, je soignerai tes blessures habituelles et ont s'y mettra vraiment, j'ai besoin de préparation et de retrouver quelques vieux rouleaux."

Le soir même, j'ai pris une décision, mon frère m'a fait comprendre que j'essaye de faire trop de choses, pour le moment je vais mes concentrer sur ces deux voix, la Taïjutsu pour le corps, le Fuînejtsu pour l'esprit, peut-être que cela me permettra d'être en harmonie ? Ainsi plus ou moins maladroitement, suivant un rouleau que j'avais emprunté à un oncle, j'ai essayée de sceller mon affinité pour le métal, le Kinton. C'est ma volonté de ne plus m'égarer autant, de me spécialiser dans ces deux uniques domaines jusqu'à les maîtriser assez pour essayer autre chose. Le lendemain suite à mon entrainement, je suis venue la voir directement. Je pensais qu'elle allait rire en voyant ce sceau sur mon dos, surtout qu'il doit être de travers entre le miroir et mon œil unique. Finalement c'est avec un sourire qu'elle l'a détruit et a refait le même... Enfin une version sans fautes et droite entre mes deux omoplates alors que je sens pour la toute dernière fois cette sensation provenant du Kinton.

"Sacrifier un talent pour en obtenir un autre hein ? Niais, mais respectable... Tu es vraiment sûre de ne pas vouloir apprendre la médecine ?"

Et c'est ainsi que débutaient mes séances d'entraînement avec ma tante, prolongeant par l'étude mes longues séances d'entraînement physiques avec le genin aux poings ardents.