L'expression '' le temps file vite '' est relativement stupide en elle-même, car elle ne découle que d'une impression dépendante de la situation. Pour Yusei par exemple, lequel vit des journées bien remplie et débordant même sur la nuit, le temps s'égraine à vive allure, au point qu'il ne le voit même plus passer. A l'inverse, pour Kihran qui vit dans l'angoisse constante de l'accouchement prochain de sa femme, les secondes s'écoulaient comme si elles étaient des heures, et rien ne s'arrangera lorsque Yell commencera à perdre les eaux, sous quelque forme que ce soit. Entre les deux, l'on pouvait y placer Miko, une kunoïchi probablement née avant l'invention de la roue, et actuellement en retraite paisible. Une retraite si paisible qu'elle n'avait rien à faire, sinon attendre que s'écoulent les journées rythmées par son réveil et son coucher, avec trois repas répartis entre. Des journées qui mettaient un temps fou à s'écouler, forcément, mais qui curieusement avaient défilé à toute allure sitôt qu'elle se retournait vers le passé pour les observer en bloc. Des journées interminables qui filaient à la vitesse de l'éclair, cela n'avait pas de sens. Et pour cause : une seconde filait et filera toujours à la vitesse d'une seconde. Ni plus, ni moins.

Natsuki avait pleinement conscience de ce concept, et c'est pourquoi, après près d'un an IRL à la tête de Matsudaï 3.1, il ne se disait pas '' Mince, cela fait déjà un an que j'ai recommencé à enseigner à une équipe à peu près fixe '' mais plutôt '' Cela va faire un an bientôt, ce serait bien que je réunisse mes étudiants pour faire le point avec eux. ''. Surtout que l'année n'avait été aussi riche en promesses que celles annoncées au début, le Nara tatoué en étant le premier fautif, comme il l'avait déjà expliqué dans une précédente narration. La mise au point permettra donc, il l'espérait, de prendre un meilleur départ pour la nouvelle année, en répondant au mieux aux attentes de chacun. Toutefois, il n'était pas certain d'y parvenir, car motiver les troupes n'a jamais été son fort.

Mais cela ne coûtait rien d'essayer. Il rédigea donc deux invitations, une pour Leika et une pour Shinzabûro, lesquelles leur proposaient de venir prendre le repas de midi chez lui – il choisissait toujours le midi, pour éviter à Ryokai de manger seul le soir. Il n'entra pas dans les détails, en précisant simplement l'objectif global du repas – faire le bilan de l'année, et définir ceux de l'année à venir -, et qui y sera présents – des fois que ses deux étudiants, qui ne s'appréciaient mutuellement pas plus que cela, n'auraient pas fait le lien. Montesquieu, en fidèle messager à plumes personnel de Natsuki, se chargea d'apporter les invitations aux concernés, pour un rendez-vous fixé dans deux jours.

Midi était très loin de sonner lorsque des coups résonnèrent sur la porte d'entrée de Natsuki. Par déduction, et malgré qu'il y avait de l'amélioration côté ponctualité pour Shinzabûro, il supposa que cela ne pouvait pas être l'Aburame tant en avance. Le facteur ou une visite impromptu du coup ? La réponse se trouva sur le pas de la porte en la présence de Leika, vétéran de l'équipe Matsudaï 3.0

« Bonjour à toi Leika. » répondit-il avec le même enthousiasme qu'elle.

Un élan de bonne humeur qu'il n'avait pas croisé depuis longtemps.

« Bien sûr que je suis rentré, comment voulais-tu que j'organise un repas autrement ? Je serai un bien piètre hôte le cas échéant. »

Le temps de courte étreinte affective, puis Leika entra en prenant ses aises dans la maison où elle avait vécu quelques mois.

« Tu n'exagères pas un peu jeune fille ? Je ne me suis absenté que deux semaines, ce n'est pas la mort : j'ai déjà dû partir pour des missions plus longues que cela depuis que tu es dans l'équipe. Qu'est-ce que cela va être en hiver, quand je ne serai pas là du tout ? »

Mais peut-être que cela, elle ne le savait pas encore, vu qu'elle était arrivée un peu plus tardivement dans l'équipe, et que l'hiver était passé une fois alors qu'il était à Suna, et l'autre pendant l'Ellipse de un an. Il fut tiré de sa réflexion par le petit paquet à l’emballage coloré que lui tendit son étudiante.

« Oh Leika, c'est vraiment gentil de ta part d'y avoir pensé. Mais je n'ai rien organisé pour cela, il ne fallait pas. »

Comme quoi, l'on pouvait être assistant du Hokage, mentor d'une équipe shinobi, formateur par intérim à l'Académie, gestionnaire d'un complexe, faire des missions pour le compte du Village et avoir encore le temps de se faire des sorties à l'autre bout du monde. Il suffisait de faire quelques sacrifices, et de rogner ici et là, comme sur son anniversaire par exemple – ce n'était pas comme s'il y avait du monde disponible pour ce genre de Rp accessoire de toute façon.

« Je peux l'ouvrir maintenant ? » demanda-t-il.

Il n'eu qu'à tirer sur le ruban, et le couvercle fut libre. Il pu alors voir que la boite contenait une montre à gousset en argent, avec un couvercle aux fines gravures, et une chaine faite du même métal précieux fixée dessus.

« Qui t'a dit que j'adorais ce genre d'accessoire élégant ? » demanda Natsuki avec un sourire. « Elle est magnifique. Merci beaucoup Leika. »

Il la remit dans la boite après l'avoir observé en main, puis ce fut lui qui prit Leika dans ses bras un court instant cette fois-ci, un geste qu'il initiait assez rarement.

« Je vais me sentir obligé de faire un gâteau pour le dessert maintenant. » glissa-t-il avec un clin d’œil. « Je ne t'indique pas le chemin, tu connais déjà. »

Il prépara de quoi lui offrir à boire une fois arrivée dans la cuisine, puis s'en retourna à ce que son tablier bleu suggérait qu'il faisait : la cuisine.

« C'est aimable de ta part de te proposer de m'aider pour la cuisine, mais j'ai quasiment terminé le plat principal. Je vais le faire cuir à feu très doux, donc nous serons tranquille jusqu'à midi de ce côté là, pourvu que je le garde à l'oeil. »

Il enfila les lunettes à fine monture qu'il avait posé à côté de sa planche à découper, puis acheva de trancher des poires en lamelles, qu'il déposa avec des grains de raisin.

« Voilà. Quand la viande arrivera à mi-cuisson dans le four, j'y ajouterai les fruits. Du coup, nous pouvons nous atteler tous les deux au dessert si tu veux. J'ai jamais été très inspiré pour les faire, c'était glace et fruits de prévu initialement. Mais si déjà tu m'as apporté un superbe cadeau, autant donner dans le ton un peu plus festif avec un gâteau. Laisse-moi juste un instant pour te faire un peu de place. »

Natsuki débarrassa une partie du matériel de son plan de travail. Il vida respectivement les pommes de terre et les haricots blancs dans une casserole à deux étages et une poêle pour les mettre sur sa gazinière éteinte. Il retira les couteaux et la planche à découper pour les mettre dans l'évier, nettoya à l'éponge le plan, et jeta les restes à la poubelle.

« Alors dit-moi, qu'est-ce qui te tenterait ? J'ai à peu de choses près tout le nécessaire pour faire dans le basique ici. Une recette secrète Hayashi peut-être ? »

De ses placards, il commença à sortir un saladier, un verre à mesure, et tout le reste du matériel incontournable à la pâtisserie.

« En parlant des Hayashi, j'ai cru comprendre que tu avais reprit contact avec ta famille. Cela s'est bien passé ? »

Il s'arrêta de fouiller, et jeta un regard par-dessus son épaule pour voir Leika.

« Si c'est un sujet encore sensible, ne te force pas à entrer dans les détails. Nous pouvons parler d'autre chose si tu veux. Comme ta nouvelle vie au quartier Hyûga. Il me semble que tu as déménagé là-bas avec Ryokaï non ? Ce n'est pas trop dépaysant ? Je sais qu'ils ont une architecture très ancienne là-bas. C'est un régal pour les yeux chaque fois que mon clan s'y rend pour la célébration que nous avons en commun. Notamment leurs jardins : je les trouve magnifiques au printemps. »

Il donna l'impression de se perdre dans des souvenirs pendant un instant, avant de jeter un regard chargé de reproches à Leika.

« Et d'ailleurs, vous ne m'avez même pas demandé de l'aide pour le déménagement. C'est parce que je suis l'assistant du Hokage que vous n'osez pas me demander un service quand vous en avez besoin ? Ou vous aviez déjà assez de monde sur le coup ? »

Surtout quand il suffisait au final d'un seul pour déplacer une maison entière, pourvu qu'il maîtrise l'art du stockage dans les sceaux.

« Normalement, cela ne se fait pas de demander à l'hôte ce qu'il prépare. » lui sourit Natsuki. « Mais bon, vu que tu es à côté, tu risques forcément de voir ce que c'est. »

Il souleva le couvercle de la marmite, d'où s'échappèrent les arômes de la viande en cours de cuisson.

« C'est une recette que j'ai apprise au Pays du Fer. Il s'agit d'un lapin cuit avec des poires et du raisins. C'est assez singulier, mais cela change de ce que l'on peut manger d'habitude. Je me suis donc dis que je vous ferai découvrir cela aujourd'hui. »

Il profita d'avoir le couvercle en main pour remuer la viande avec une cuillère en bois et la recouvrir de son propre jus de cuisson. Puis, poussé par Leika, il se retrouva installé à table, bien qu'il ne quitta pas vraiment sa gazinière et l'heure des yeux. Le jeune femme lui raconta comment s'était passée la reprise de contact avec ses parents. Dans la mesure où il lui semblait avoir comprit que son père était pour ainsi dire la source des quelques ennuies vis-à-vis du clan qu'elle avait rencontré, qu'elle lui annonce que le concerné avait plus ou moins saisit – et accepté - les tenants et les enjeux était une bonne nouvelle en soi. Même si d'un autre côté, il pouvait tout à fait entendre les inquiétudes de la famille de Leika. Qu'importe les histoires de famille, pour des parents, leur fille restait et restera toujours leur fille : la voir partir avec quelqu'un d'autre pour faire sa vie était une étape difficile à franchir pour eux, à quand bien même ils la savaient essentielle. Natsuki savait que cela faisait parti du rôle d'un père et d'une mère que de s'inquiéter pour leur enfant. Cela prouvait qu'envers et contre tout, ils tenaient à elle.

Mais là encore, Leika avait bien joué son coup : les sujets d'inquiétudes étaient minimes. Déjà avec le plus tendancieux de tous, à savoir le ou la partenaire de relation. Leika s'était choisit un jeune homme issu d'une famille respectable – même si consanguine jusqu'à l'os -, et au parcours militaire encourageant. L'on pouvait dire ce que l'on voulait, mais être l'étudiant d'un Hokage, cela claquait sur un CV – sauf sur celui de Natsuki, mais il ne reviendra pas là-dessus. Il était sympathique, poli et attentionné, le genre de qualités qui plait en général, une fois le premier mur de méfiance des parents franchit. Pour ce qui était de vivre, le jeune couple encore une fois avait tout de son côté. Ils étaient tous deux des militaires prometteurs, et avaient réellement pour seul risque de carrière dans la vie celui de la voir être grandement écourtée brutalement. Ils avaient déjà une maison où vivre leur idylle, soit toutes autant de garanties pour leurs parents.

« Tout se passera pour le mieux, je ne m'en inquiète pas trop. » lui assura Natsuki, bien qu'il n'avait aucun pouvoir sur l'avenir.

Le couple était bien préparé, c'était ce qu'ils pouvaient faire de mieux pour affronter ledit avenir.

« En retard ? » questionna-t-il lorsque que Leika évoqua l'heure. « Il n'est même pas encore onze heures et demie. C'est toi qui est arrivée en avance. »

A moins que...

« Il était inscrit onze heures sur ton invitation ? Oh... Montesquieu a dû se tromper dans l'ordre des messages. J'avais inscrit midi pour toi, et onze heures pour Shinzabûro, en prévision de son retard potentiel. Bon bah, c'est raté le coup de bluff... »

Natsuki se leva, et s'occupa des plats laissés sur le feu. La viande se dorait comme il le désirait, aussi il ajouta dans la marmite les poires et le raisin, avant de lancer sur le feu les accompagnements préparés un peu plus tôt.

« De quoi je voulais parler... » réfléchit-il en observant cuir ses haricots blancs. « Essentiellement de Matsudaï. Nous sommes en fin d'automne, et c'est une période sur laquelle j'aime bien faire le point avec mes étudiants. Voir où nous en sommes tous, ce qui leur a convenu, ce qui leur déplu, ce qu'ils aimeraient voir changer, améliorer, ce genre de conversations. L'automne s'y prête particulièrement, car cela me permet de donner mes dernières recommandations avant d'être indisponible pendant l'hiver pour mon équipe. Au printemps venu, je fais en général faire des tests physiques et techniques pour mesurer l'évolution depuis l'année passée. »

Il remuer à l'aide de sa cuillère les haricots blancs dans la poêle, puis pivota pour s'appuyer du bassin contre l'évier.

« Il y avait des remarques ou des envies dont tu tenais plus personnellement à parler à ce sujet ? M'est avis que Shinzabûro n'arrivera pas tout de suite, donc c'est le moment pour t'exprimer en toute tranquillité. »

Une équipe se construisait à plusieurs après tout – ou au moins, à deux -, pas seulement selon les directives de l'un et l'obéissance des autres. Natsuki s'était toujours efforcé d'être à l'écoute de ses étudiants, et prendre en compte ce qu'ils avaient à faire savoir. Mais curieusement, son équipe faisait partie de celles qui marchaient le moins à Konoha. Depuis l'incident de Natsumi Yamanaka, dont il entendait encore parfois les murmures quand l'on croyait qu'il n'écoutait pas.

Ce n'était pas pour rien qu'il avait prit des pauses d'un ou deux ans entre chaque génération de Matsudai...

Natsuki resta silencieux tout du long, afin que Leika puisse s'exprimer sans se sentir freiner dans son élan. Il fallait avouer que cela servait aussi son propos, en rendant sa narration à venir plus facile à construire de la sorte.

« Tu sais Leika, si vraiment tu n'arrives pas à te sentir à l'aise à me tutoyer, et que spontanément, chaque fois que tu es en contact avec moi, c'est l'utilisation du '' vous '' qui se saute à l'esprit, cela ne me dérange pas que nous en restions à cela. Je t'avouerai que cela m'embête un peu de savoir que tu crois toujours, après tout ce temps, qu'il y a un certain mur social entre nous deux, mais je comprends aussi que l'on ne peut pas se sentir à l'aise avec quelqu'un sur simple demande. »

Même après deux ans passés au sein de Matsudaï. C'était d'ailleurs peut-être même ce rapport mentor / étudiant qui la bloquait.

« Je m'efforcerai donc maintenant de faire de mon mieux pour que tu ne sentes pas à danser sur deux pieds, et te considérerai avec le mérite de ta position. De mentor à étudiante. »

Cela lui évitera de lui signaler sur Skypejutsu à chaque nouveau message qu'elle s'était trompée – ou qu'elle n'a édité que la moitié après signalement, donnant un étrange mélange entre le tutoiement et le vouvoiement au sein des mêmes phrases.

« Donc, vous aimeriez partir en mission, et voir du pays. Très bien. Mais dans ce cas, que se passera-t-il si la mission ne vous convient pas ? Si vous êtes dans une mauvaise phase de votre vie, et que la moindre contrariété dans l'avancement de celle-ci, si elle est en décalage avec ce que vous espériez, vous démotive totalement, cela donnera quoi ? J'entends bien que vous allez vous forcer à la finir contre la pression du temps, mais est-ce que cela aura été une expérience agréable pour vous, de laquelle vous ressortirez grandit ? »

Natsuki se fendit d'un sourire amusé, et pourtant, ce dernier ne semblait pas avoir le moindre lien de parenté avec l'humour.

« Difficile de savoir sans le vivre, n'est-ce pas ? Et l'on ne peut pas se contenter de '' si '' pour mener sa vie. Alors soit, essayons. Je sais que bientôt, une mission va avoir lieu au Pays de la Pluie, et qu'elle concerne essentiellement des gradés Genin et Chûnin. Les inscriptions volontaires s'ouvriront bientôt, alors je compte sur vous pour être la première à vous y présenter. Cela vous permettra de découvrir un de nos voisins, et de confronter vos capacités au monde, toute seule, sans filet de sécurité. »

Leika avait largement les capacités. Elle avait beau n'être que Genin, ce n'était pas le grade qui indiquait la puissance véritable d'un ninja.

« Concernant le Seigneur de Guerre Hoheinheim maintenant. Oui, naturellement, je suis au courant de ce qu'il s'est passé. J'ai été d'ailleurs peiné d'apprendre ce nouveau point noir dans votre dossier. Je sais bien que par moment, vous vous sentez étouffer ici, et que vous n'êtes pas pleinement satisfaite de ce que je fais pour vous vis-à-vis de vos désirs – et il y a probablement une raison à cela -, mais est-ce pour autant une raison d'aller à l'encontre de ce que nous faisons pour la sécurité de chacun ? »

Heureusement ce jour là qu'elle avait eu au moins la décence d'esprit de ne pas suivre le scorpion de Van, ou que le Van en question ne l'ai pas enlevé la première fois – ou enlevé les morceaux qui l'intéressait...

« Mais j'avais dit que je ne rajouterai pas une couche de plus que ce dont s'était déjà chargé Yusei pendant votre interrogatoire, raison pour laquelle nous n'avons jamais eu cette discussion jusqu'à présent. Mais si vous y tenez, pourquoi pas ? Je vous propose de faire cela sous la forme d'un petit jeu. Vous voulez comprendre pourquoi vous spécifiquement, ce que vous avez de particulier à ses yeux. Je vais émettre des hypothèses en tant que militaire, et vous allez vous creuser les méninges pour en formuler d'autres, de votre point de vue. Nous allons les comparer ensuite. »

Natsuki se leva à nouveau, remua ses plats dans les marmites, et mit le tout ensemble pour achever la cuisson à feu doux.

« Je vais commencer, si vous voulez bien. Pourquoi vous spécifiquement ? Je dirai parce que vous êtes une jeune femme bas gradée qui s'était aventurée sans autorisation légale hors du Village jusqu'à proximité de la frontière – ce qui fait plusieurs centaines de kilomètres -, ce qu'aucun autre individu sans grande défense n'avait fait jusqu'à présent. »

Seconde question.

« Ce que vous avez de particulier à ses yeux ensuite. Je dirai la maîtrise héréditaire des arts Hayashi, que son Empire n'a pas. Vous feriez donc une excellente poule pondeuse pour doter son armée de cette maîtrise. A moins qu'il se contente simplement de vous prélever différents échantillons d'ADN et d'ovaires sur vous pour ne pas avoir besoin de vous garder trop longtemps. Et pourquoi cette invitation à venir dans son Pays ? Parce que ce sera probablement plus simple pour lui de réaliser et de cacher tout ce que je viens de mentionner chez lui plutôt qu'à la frontière, où il risquerait d'abimer les échantillons, ou de se faire voir. Car de vous à moi, ce serait un sacré Casus Belli si nous en venions à apprendre cela, et je ne pense pas qu'il ai très envie de se voir impliquer dans ce genre d'hostilités. »

Il y avait des contre-arguments qu'il connaissait tout à fait, mais il préférait les entendre de la bouche de son étudiante plutôt que de la mettre sur la piste en les citant ici. En lieu et place, il referma simplement sa marmite, et commença à énumérer sur ses doigts.

« Ce qui en résumé nous donne les options suivantes. Un : vous enlever. Deux : un gangbang perpétuel sur votre carcasse jusqu'à ce que vous ne soyez plus en état d'enfanter ses futures soldats. Trois : un sujet pour des expériences diverses et variées. Quatre : pourquoi pas les trois hypothèses en même temps ? »

Jusqu'à présent, Natsuki avait continuer de s'exprimer avec naturel, même si quelque chose dans son sourire en coin était dérangeant.

« Mais, puisque je ne suis pas un mauvais mentor – ou au contraire, parce que je suis le pire de tous – je ne vais pas rester sourd à votre requête. Voyez-vous, si vous avez daigné participer activement au rapport qui mentionnait le Démon à Queues sur nos terres, vous auriez apprit que prochainement aura lieu un Sommet des Kage. Vous sauriez également que cent ninja de chacune des nations seront présents en escorte, et auront possibilités d’interagir – pacifiquement - les uns envers les autres pendant les trois jours que durera ce sommet. Et à ne point en douter, le Seigneur de Guerre Hoheinheim sera assurément présent. Comme vous aller venir, vous aurez donc tout le loisir de le rencontrer, et de discuter avec lui. »

Pour qu'il montre patte blanche, vous embobine de belles paroles et vous embarque chez lui avec l'appât de votre curiosité et votre soif de vivre des expériences, par exemple.

« N'est-ce pas merveilleux ? » demanda-t-il avec un sourire qui révélait plus de crocs que de dents. « Je crois que le repas est prêt. Nous allons commencer sans Shinzabûro, tant que c'est encore chaud. Voulez-vous bien me passer votre assiette ? »

« Je ne dis pas que tu n'as pas changé. Tu ne ressembles plus à la jeune femme que tu étais quand je t'ai rencontré. Mais être devenu plus forte et plus indépendante ne signifie pas que tu as suffisamment mûrit pour autant. Et pas besoin de me faire cette tête. Cela m'embête autant qu'à toi de devoir parler de cela ainsi. Mais justement, c'est mon devoir en tant que mentor. Parfois, ce que j'ai à dire, c'est en douceur, et d'autres fois, cela prend la forme d'un coup de pied au fesse. » expliqua-t-il sans colère.

Bien évidemment, dire cela ne rendait pas ses paroles plus agréable aux oreilles de la Hayashi.

« Alors que tu me dises que tu as comprit ne me suffit pas. Je veux des actes, et des preuves. »

'' Fait d'abord, tu me raconteras ensuite. '' disait son père. Une phrase on ne peut plus vraie.

« Ce que j'attends de toi pour cette année... » répéta-t-il.

Il observa son étudiante un moment, comme s'il émettait un second jugement sur elle.

« Je veux que tu fasses tes preuves Leika. Il y a beaucoup de choses que tu aimerais que l'on te confie, mais toi tu ne nous donnes pas de raison de t'en offrir. La confiance doit s'établir dans les deux sens, tu ne peux pas juste nous demander de t'en accorder comme ça sans fondement. Alors en attendant de pouvoir faire ce que tu veux, fais ce que tu dois faire. Donnes nous les preuves de ce que tu vaux avec ce que l'on te confie, montre-moi que cela vaut la peine de miser sur toi. Je te l'ai dit, tu vas avoir deux opportunités prochainement. Ne les gâches pas, ne les refuses pas. Et par pitié Leika, cesse de te mettre des freins. »

Le regard de Natsuki était presque implorant.

« Tu es pleinement capable, tu as un énorme potentiel en toi, assez pour devenir quelqu'un du niveau de la Seigneur de Guerre Yuki, avec qui j'avais passé un très agréable moment. Simplement, tu dois arrêter de te mettre des bâtons dans les roues. Tu dois cesser de te montrer irréfléchie, ou de prendre des décisions sur un coup de tête, et de te supprimer des occasions parce que tu t'es prises la tête avec quelqu'un. Tu me reproches de mélanger deux univers, alors s'il te plait, ne fait pas pareil. »

S'ils n'étaient pas à table, il se serait rapproché d'elle pour la tenir par les épaules.

« Donne-moi raison de croire en toi comme je le fais. Fais-moi une promesse Leika. Promets moi de ne plus te prendre la tête pour des bêtises, et de ne plus laisser cela te lester vers le bas. Promets le moi, et je fais table rase de tous tes écarts avant le premier février 2017 pour ce qui est de faire mon jugement et mon avis sur toi. Une nouvelle année pour une nouvelle base. Une nouvelle année pour une meilleure toi, plus épanouie, plus mature, plus responsable, plus sûre d'elle. Peux-tu me promettre cela ? Et pas le promettre pour moi Leika. Mais pour toi. »

Au final, Leika lui donna l'impression d'avoir encore des doutes sur ses propres capacités, et de chercher à justifier ce qui n'est pas allé, tout comme ce qui pourrait ne pas aller. Natsuki ne cherchait ni l'un ni l'autre.

« Ce n'est pas ce que je veux entendre Leika. Essayer, c'est bon pour ceux qui conçoivent d'échouer. C'est comme la chance : un concept qui sert aux gens pour justifier leurs échecs. Je veux que tu y crois, je veux que tu aies l'envie, la motivation, le désir de réussir. Je veux que tu te fixes des objectifs pour avancer dans ta carrière. En tant que mentor, j'ai moi aussi le droit d'avoir des exigences vis-à-vis de toi, tant que je te donne les outils pour le faire. Mais des outils ne seront jamais que des objets sans vie sans la main pour les manier, sans l'énergie pour les animer. D'ici l'hiver 17, je veux que tu décroches le grade de Chûnin à la sueur de ton front. Et tu peux le faire, je le sais. »

Il appuya de la main sur son épaule dans un geste réconfortant, mais son regard disait très explicitement que c'était là la dernière chance de son étudiante. Si elle ne se donnait pas à fond, et sans faire d'histoire pour des broutilles qui deviendront ensuite du leste dans la complétude de ses objectifs, alors Natsuki cessera lui aussi de faire de mieux qu'il peut avec ce qu'elle lui donne.

Il commença à fouiller dans son placard à la recherche de la boite d'allumettes qu'il avait déjà rangé, mais quand il se retourna, ce fut pour voir que Leika avait déjà planté sa fourchette dans sa part.

« Tu aurais pu au moins attendre les bougies, petite gourmande. » soupira-t-il sur un faux ton de reproche.

Il haussa les épaules, puis laissa tomber maintenant que le gâteau était déjà entamé. Il reprit alors sa place, et goûta à son tour la recette expression qu'avait improvisé son étudiante pour lui.

« Je ferai mon vœux égoïste l'année prochaine. » glissa-t-il en dernière pique. « Pour un gâteau préparé sur le pouce, il est vraiment succulent. Je ne savais pas que tu t'y connaissais en pâtisserie. Ryokai doit être ravie. Surtout qu'il paraît que le meilleur moyen pour garder un homme est de le tenir par l'estomac. Comme j'aimerai qu'il existe aussi une recette magique pour en faire de même avec des étudiants... »

Natsuki s'appuya la tête sur ses avant-bras, presque avachit sur la table.

« Je ne sais pas si tu es au courant, mais je suis l'un des chefs d'équipe qui a plus eu le plus d'étudiants sous sa tutelle au sein de Konoha. Beaucoup n'ont pas fait long feu. La plupart sortaient tout juste de l'académie, et ignoraient tout de la réalité du métier. Ils ont tous vite décrochés lorsqu'ils y ont été confrontés. Non pas que c'est dommage pour eux, mais cela me lasse : j'en ai plus qu'assez d'investir du temps dans des gosses fraîchement promus qui se sont lancés dans une carrière militaire seulement parce qu'ils fantasment le métier de ninja. Je sais que c'est quelque chose que chaque chef d'équipe connait, mais j'ai vraiment l'impression de ramasser tous les spécimens de l'espèce... et j'ai comme le sentiment que quelque part, Shinzabûro ne fera pas exception à la règle... »

Natsuki lâcha un soupir las.

« Je n'ai pas eu beaucoup d'étudiants dont j'ai eu de quoi être fier jusqu'à présent. Les trois premiers, avec qui j'avais beaucoup partagé et vécu autant en tant que soldat que comme humain, je m'étais beaucoup attaché à eux mais... ils ont très mal fini, chacun à leur façon... » avoua-t-il avec une certaine amertume. « Puis il n'y a eu personne de marquant ensuite. Seulement des visages interchangeables, des abandons, des décès prématurés. Je ne sais pas si tu imagines à quel point c'est difficile à porter tout cela, à assumer en tant que formateur, à essayer de se convaincre que dans le fond, ce n'est pas forcément de notre faute ces échecs. Mais malgré tout ils sont là, ils se multiplient, ils restent. Je me suis souvent remit en question, j'ai eu de nombreux passages à vide, à me demander si ce que je faisais était vraiment bien, ou si c'était moi qui les précipitait dans l'impasse. Jusqu'à Satochi. »

Autrement connu comme le meilleur étudiant de Natsuki encore en vie.

« Satochi s'est démarqué de la majorité, mais surtout, il m'a redonné confiance en moi-même alors que je songeais à arrêter de me consacrer à l'apprentissage, vu ce que cela donnait. J'ai pu voir à travers lui que ce qui avait fait défaut à tous les étudiants que j'ai pu avoir, ce n'était peut-être pas mes méthodes, mais leur motivation. J'avais senti son potentiel, et nous avons lui et moi su l'exploiter. C'est pour cela que je m'inquiète autant pour toi Leika, et que par moment, je me dois de me montrer strict ou désagréable. Parce que je sais que toi aussi, tu as beaucoup de capacités latentes. Seulement, tu te freines trop toi-même, et j'ai peur qu'à terme, tu finisses par abandonné, comme tous les autres. Et ce serait du gâchis pour toi, car tu as largement de quoi de hisser au-dessus de la masse. Tu n'es pas une étudiante facile, c'est vrai, et je sais comment tu es, mais c'est aussi pour cela que je t'apprécie : parce que tu n'es pas une bête feuille de papier vierge sur laquelle je dois me contenter d'écrire pour la farie évoluer. Tu as tes idées, ta façon d'être, et c'est de cette confrontation avec moi que nous devons tous les deux ressortir grandit à chaque fois. »

Car tout expérimenté qu'il était, Natsuki apprenait lui aussi beaucoup de ses propres étudiants.

« Tu comprends ce que je veux dire ? Je ne te demande pas d'être ce que tu n'es pas. Simplement, d'évoluer un peu pour faire face à ce qui te fait défaut, et te permettre de t'accomplir en tant que kunoïchi et en tant que femme. »

Car shinobi ne se résumait pas à juste un métier, c'était aussi un moyen de s'épanouir : une tâche impossible pour qui ne ressent que la peur et l’appréhension.