Saigobu Kanpeki ne le savait peut-être pas, mais elle était accompagnée du véritable Alpha. Ce n’était d’ailleurs pas un hasard, car il avait besoin d’être le « vrai » pour pouvoir montrer à la kunoïchi les informations qu’il possédait à propos de Saibogu Satoshi.

Séparés des autres, le duo avait marché jusqu’à tomber sur une petite boutique. Cette dernière avait tout d’un petit vide grenier, même si en réalité c’était quelque-chose d’un peu plus professionnel. On y trouvait un peu de tout : des objets anciens, des matériaux métalliques, des lampes, des roues en bois. A la vue d’un objet de ce dernier type, l’homme qui avait retiré sa capuche en entrant dans l’échoppe s’exclama.

» Vous avez vu cette roue ? J’ai connu une femme qui faisait un numéro de funambule dans un cirque, une femme charmante !

Mais la jeune Kanpeki n’avait probablement pas grand-chose à faire des histoires de son interlocuteur du moment, qui continua de parcourir les étagères des yeux. Il s’adressa finalement au vieil homme, probable gérant de l’enseigne, avec un air bienveillant.

» Bonjour, mettez-moi une ampoule et cette petite statue de la Grande Guerre, celle qui a son socle en bois.
» Bien monsieur. Cela fera…
» Justement, ce n’est pas moi qui vais vous payer. Si vous voulez bien attendre que j’utilise ce que vous m’avez donné, la personne qui arrivera bientôt vous paiera le double. D’ici-là, j’attendrai ici.

Ce n’était sûrement pas quelque-chose que la Sunajin avait pu voir de là où elle était, mais sous son habit à capuche, Alpha avait prononcé ces quelques mots en pointant son arme vers le vieil homme.

» Aucun problème, tenez.
» Merci bien, cela vous dérangerait-il d’attendre un peu plus loin ? Ma collaboratrice et moi devons parler affaire.

L’homme hocha fébrilement la tête, et se retira dans l’arrière-boutique. Alpha se retourna vers la Saibogu.

Il sortit l’ampoule, en retira les fils. Puis il prit la statue représentant un kunaï de la Grande Guerre et la fit tomber par terre. Il ne ramassa que le socle en bois – qui était la seule chose qui l’intéressait – puis frotta les fils tout en les maintenant proches du socle. Ainsi, il avait créé une impulsion électrique assez forte pour être fonctionnelle, mais qui ne risquait pas de le blesser.

L’Autocrata plaça les fils au niveau de son crâne, plissa les yeux, puis jeta le tout dans une poubelle qu’il y avait sur le côté. Il fallait désormais attendre.

» Bien, rappelez-moi ce que vous vouliez savoir, mademoiselle Saibogu.

Voilà qu'elle était libre désormais. Enfin. Quelques heures qu'elle attendait cet instant. Le moment où elle obtiendrait ce qu'elle voulait approchait à grand pas : Les données -s'il y en avait- sur Satoshi. Elle était prête à se battre pour récupérer toutes les informations qui concernaient les Saibogu. Depuis Ki no Kuni, elle avait plus eu plus que l'habitude de voir de la Technologie Clanique... Et la Rebelle n'aimait pas ça. Du genre conservatrice, Kan' n'était pas vraiment "enjouée" à l'idée de voir que leurs connaissances avaient traversées les frontières de Kaze no Kuni. D'abord cette gamine à lunettes, ce monstre... C'était déjà beaucoup trop. Les Créateurs étaient des guides, des sauveurs et aideraient les habitants du Yuukan à traverser les épreuves du Temps lorsque le moment serait venu.

Malheureusement, à l'heure actuelle, les membres de ce Clan n'étaient pas bien vu. La mort d'un Kazekage causée par une arme à feu sophistiquée, les événements au Pays du Bois où une Succube utilisant divers explosifs et autres flingues a voulu régler des comptes surplace... Bref, les connaissances des Ingénieurs se sont montrés sous leurs plus mauvais jours. La Brune devait veiller à ce que ça ne se reproduise plus. La dignité d'une communauté était en jeu : Son peuple. C'est pour cela qu'elle avait besoin d'obtenir ce que détenait son détracteur.

C'est d'ailleurs ce qu'elle espérait qu'il lui donnerait, après que ce dernier lui ait donné un rendez-vous à un endroit non loin de la position pendant que plusieurs réplique de sa propre personne étaient partis avec les autres.

D'ailleurs, lorsqu'elle se joignit à son propre interlocuteur, elle ne savait pas s'il était le vrai ou le faux. En même temps, difficile de discerner la copie de l'original après que l'utilisateur du Clonage se soit baigné brièvement dans un nuage de fumée, symptômes classique du Ninjutsu basique. M'enfin, en vrai, en avait-elle sérieusement quelque chose à faire ? A part qu'il ne mourrait pas si c'était un clone, elle s'en fichait éperdument. Elle savait pourquoi, elle était là. Elle espérait que l'autre aussi et qu'il irait droit au but. Malheureusement, ce dernier ne le voyait pas de cette oreille, puisque l'une de ses première phrase fut de loin, la plus hors sujet que la jeune femme ait pu entendre depuis belle lurette. Levant les yeux en signe d'exaspération, la Rebelle ne put s'empêcher de soupirer. Elle se foutait complètement de ce genre d'anecdote ! Qu'on en vienne au fait !

Serrant les poings, elle se retint de frapper ce type, Chef d'une Organisation ultra-secrète ou pas, pour le manque de considération flagrante qu'il accordait à cette rencontre qui était très importante au yeux de l'Ingénieuse. D'un regard ambré qui en disait long, elle observa l'Encapuchonné taper la discute avec un vendeur derrière son stand. Finalement, quand elle vit qu'il avait terminé -et qu'il ne semblait pas vouloir bouger de ce maudit comptoir-, elle le rejoignit, un bras accoudé sur le rebord en bois, l'autre main dans sa poche. S'apprêtant à aller droit au but, la Bête haussa un sourcil blasé alors qu'elle voyait l'Autocrate s'essayait à des gamineries. A ce niveau, on ne pouvait même pas parler d'expérience. Finalement après le son familier d'objet qu'on balançait à la poubelle, son interlocuteur se décida enfin à parler. Le poing de Kan se serra à en trembler lorsqu'elle compris qu'elle devait tout répéter. Inspirant un grand coup pour se calmer.

— J'ai dit... Le ton de sa voix était fort. Contenant la colère qui menaçait de déborder à tout instant en fermant les yeux, elle tenta de reprendre une voix calme. J'ai dit que je voulais les info' sur Satoshi. Saibogu Satoshi. Posant ses pupilles dorées sur les environs, elle les reposa sur le Chef de la Corporation après quelques brèves secondes. J'dois dire "s'il vous plaît Boss ?" ou un truc du genre pour que ça rentre dans vot' crâne ? D'ailleurs, j'aurai dû vous l'ouvrir pour de bon la dernière fois. Heureusement que l'autre type était là pour vous tirer d'affaire.

Alerte, la jeune femme resta sur ses gardes pour anticiper un saut d'humeur. Peut-être qu'il n'était pas fan qu'on le provoque...

Elle parvenait tant bien que mal à garder le contrôle de ses émotions. Et c’était plutôt une bonne chose, car du peu qu’il avait pu en voir, l’Autocrate savait que son interlocutrice avait le sang chaud. Oh ça avait son charme, mais la situation était plutôt critique en ce moment, et si les deux shinobis devaient agir de concert, il faudrait alors une confiance non pas commune, mais sur le fait qu’ils sauraient tous garder la tête froide. Etait-ce le cas de Saibogu Kanpeki ? Avant même de penser à ça, la problématique était probablement de voir si elle avait l’intention d’aider l’Autocrate ?

Pleinement remis des légers picotements qu’il avait eu à la tête, l’homme s’adossa au comptoir et regarda de ses pupilles dorées celle qui ne voulait finalement qu’une chose : les données de Saibogu Satoshi. Une Sunajin – Saibogu ou pas – ne pouvait pas tant insister sur ce point et être ne serait-ce qu’un peu désintéressée. Mais dans ce cas, de quel camp faisait-elle partie ? Etait-celle de ceux qui appréciaient Satoshi ou le détestaient ? Elle pouvait également penser que si des secrets existaient sur son chef, bons ou pas, elle devait les connaître pour agir.

Alpha soupira. Son regard se détacha de celui de la jeune femme pour frôler le sol.

» Voyons mademoiselle, ne soyez pas aussi désinvolte. Si vous m’aviez ouvert le crâne, vous auriez été tuée sur le champ par l’Électricien.

Dans tous les cas, la cruauté des Huit était établie. Certes, Alpha avait toujours été un criminel et un tueur, mais il ne le faisait jamais sans raison. Mettre fin à la vie de personnes prises presque aléatoirement, après que ces dernières aient rendu service… Non, ce n’était pas être professionnel, c’était être cruel.

L’ancien leader de la Corporation se demanda ce que donnaient les autres confrontations dirigés par ses clones. Il faudrait sûrement attendre encore un peu.

» Saibogu Satoshi a beaucoup agi récemment, n’est-ce pas ? Malheureusement, j’ai été assez indisposé pour en savoir davantage. Tout ce que je sais, c’est que ce n’est pas par hasard. Tout shinobi possède des secrets, et je vous le donne dans le mile : Satoshi est un homme.

Alors que quelqu’un entrait dans la boutique, Alpha se mit à parler légèrement moins fort à son interlocutrice.

» La seule donnée que je peux vous montrer concerne l’un de ses travaux. Enfin, il s’agit probablement de son travail le plus secret. Mais avant de vous le montrer, dites-moi pourquoi je devrais vous révéler cette information ? Qu’auriez-vous à me proposer, chère Saibogu ?

Kanpeki pesta avec dédain devant les dires de son interlocuteur. Elle ? Tuée par ce vieillard qui l'avait attaché à une chaise électrique ? Que dalle ! Enfin c'est ce qu'elle aurait aimé croire. Malheureusement, elle savait que les choses n'auraient pas pu se résoudre par une pichenette. C'est d'ailleurs avec cette donnée en tête qu'elle n'ajouta rien de plus que ce grognement.

La situation n'avait pas bougé d'un pouce, et la Bête commençait à s'impatienter. Gesticulant dans tous les sens, posant son regard ambré sur tout ce qui bougeait : Elle était nerveuse. L'adrénaline lui montait au cerveau, elle avait envie de frapper l'encapuchonné. Il fallait qu'elle calme ses nerfs sur quelque chose. On aurait cru à une droguée en manque de sa dose quotidienne. Finalement, son interlocuteur reprit. Et il entama finalement la partie principale de ce que la Saibogu voulait entendre. Les paroles allaient crescendo, niveau intensité, aux oreilles de la Guerrière. La chute fut cependant une surprise de très mauvais goût. Une veine se dessina au niveau de la tempe de la Sunajin, qui serra ses poings, prête à lui arracher des infos par la force. Ce mec se foutait littéralement d'elle !

Un nouvel arrivant fit son apparition dans les environs, ce qui expliqua que les derniers mots prononcés par le chef de la Corporation furent d'un débit plus faible. Et quand ces derniers furent entendu par la concernée, sa fureur se calma passablement. Satoshi planchait sur quelque chose ? Ce type n'avait jamais été blanc comme neige, sans compter qu'un Saibogu travaillait toujours sur un projet... Mais la question qui subsistait était toute simple : Que fabriquait-il ? Et évidemment, le type en face de Kan' le savait. Mais comme tout salaud qui se respectait, il demandait compensation en échange de ces informations. Face à ce dilemme, Kan' se retint de lui proposer de ne pas le martyriser. Cependant son instinct lui disait que cet homme n'était pas à prendre à la légère. Sans doute parce qu ses yeux étaient les même que les siens ? Ou peut-être son air décontracté face à elle ?

Mettant ses mains dans ses poches, elle toisa quelques instants son Informateur, puis cracha sur le côté, la salive s'écrasant sur un des meubles environnant.

— J'en sais rien. J'peux t'aider à porter tes courses si ça te chante. Ou sinon t'aider à casser deux ou trois bouches. Soupirant, elle balade son regard sur son interlocuteur. Au pire, te bricoler un autre pistolet. D'un doigt, elle pointe l'antiquité qui planquait sous ses vêtements. Non parce que ce truc, c'est une vieillerie. Tu te ramènes avec ça à Suna, mon gars, mais tu passes pour la dernière des merdes.