Anami:

« … avec ça nous pourrons communiquer et nous retrouver facilement. A bientôt, Michiki. »

Il le vit partir, mais lui préféra rester immobile. Les Daimyôs et leurs conseillers étaient partis depuis plus d’une heure maintenant. Il ne restait plus que lui, en sud de Ta no Kuni. Qu’allait-faire maintenant ? Devait-il prendre des nouvelles de Kawaguchi Tsukiko, ou commencer à agir concernant ceux qui lui avaient pris la Corporation ?

Il n’eut pas le temps de réellement y réfléchir, car quelqu’un se présenta aussitôt face à lui. Une agilité bien digne d’un shinobi ou plutôt… d’une kunoïchi. Encapuchonnée elle aussi, sa silhouette était bien trop fine pour appartenir à un homme. Mais il y avait quelque-chose de familier. Il en eut la confirmation lorsqu’il écouta la voix de sa nouvelle interlocutrice.

« Je travaille pour la Corporation, désormais, Alpha. »

Aussitôt, l’homme relâcha son bras droit. La petite arme de poing se laissa glisser au travers de sa manche pour tomber dans le creux de sa main. Le pouce caressa l’arme et puis en deux secondes tout au plus, l’Autocrate pointa l’outil en direction de celle qu’il avait aussitôt reconnue.

« Cela ne m’étonne guère, Anami. Maintenant que Kyoshi Rei et Howaito sont morts, tu n’avais plus d’employeur… Tu t’es donc tournée vers Jiseyama et les siens ? »

La jeune femme ôta sa capuche, et révéla des cheveux toujours aussi longs. Dans une autre vie – où elle n’aurait pas travaillé pour un sociopathe et lui n’aurait pas été un criminel international – les deux shinobis auraient été bien plus proches, bien plus intimes. Mais là, la tension n’était ni sentimentale ou sexuelle : elle était meurtrière.

Elle hésita à faire un pas en avant, mais la vue de la petite arme rapidement dégainée par Alpha intima à Anami de ne rien tenter.

« Non, je ne travaille pas pour eux. Et tu sais bien que j’ai toujours suivi mes proches par conviction. »

Le regard acéré, le Nukenin n’ôta néanmoins pas sa capuche. Il était loin de disposer de toutes ses capacités au combat, mais Anami n’était pas réputée pour être une tueuse incroyable. Le combat était-il ce qu’elle cherchait ? Pourtant…

« Tu travailles pour la Corporation, mais tu ne travailles pas pour Jiseyama et les Six autres ? Dis-moi, au juste, pourquoi devrais-je te laisser la vie sauve alors que tu commences cette discussion par un mensonge…
─ Parce que ce n’en est pas un. Les Sept ont déserté l’organisation. Elle te revient totalement, maintenant. »

Incroyable, et totalement… imprévisible. Si Alpha n’avait pas du tout les mêmes pouvoirs mentaux que son ennemi juré Jiseyama, il n’avait rien à lui envier question intelligence. Et c’est ainsi que petit à petit, il se mit à résoudre le puzzle que l’annonce d’Anami avait posé.

Sa réflexion était telle qu’il ne semblait presque plus faire attention à la jeune femme, qui fit un pas. Elle pensa qu’elle devait insister.

« Je suis venu parce que j’ai été mis au courant de leur implication dans tout ce qui s’est passé. Je viens te seconder, Alpha. »

Il pointa à nouveau son arme sur la jeune femme, puis la prit par le bras.

« Suis-moi. »

En quinze minutes, ils retournèrent dans l’étage inférieur où il avait rencontré les Daimyôs et leurs conseillers un peu plus tôt. A présent, il ne faisait plus face qu’à une seule personne : Anami. Et forcément, l’idée qu’il l’ait amenée ici pour la tuer lui traversa l’esprit.

« Tu ne me crois pas, visi…
─ Si, je te crois. »

Cela surprit logiquement la brune. Après tout, elle avait pensé à plusieurs façons de lui démontrer la vérité. Mais il semblait être persuadé qu’elle avait dit vrai, tout seul. Y avait-il des choses dont elle n’avait pas connaissance ? Cela semblait évident, mais lesquelles ? Elle n’eut pas besoin de le demander. Alpha s’était déjà assis sur l’estrade.

« Ils m’ont eu. Jiseyama et les six autres traîtres savent que je veux me venger. Mais je suis le fondateur de la Corporation, ils s’en sont servis pour l’attaque de Suna et pour d’autres choses, mais l’organisation reste le seul lien qu’ils ont avec moi. En la désertant, je n’ai quasiment aucun moyen de retrouver leurs traces. »

Anami était une femme intelligente et douée, mais elle hésita tout de même à apporter sa conclusion. Mais Alpha était l’Autocrate, il pouvait sûrement l’entendre.

« Mais cela veut dire qu’en reprenant le contrôle de l’organisation, ce sont eux qui vont avoir l’avantage sur toi.
─ Oui, ils m’ont piégé. Si je veux éviter les taupes et les pièges, je vais devoir m’entourer de nouvelles personnes. Je vais devoir changer la Corporation. »

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