Cela faisait au moins deux semaines que j’avais rencontré Dentô Raito et l’enquête à laquelle nous nous étions attelé se révélait être aussi difficile que prévu. Je ne savais toujours pas si les pistes que nous avions trouvées à Senun existaient uniquement parce que notre proie les avait laissées volontairement comme un jeu de piste ou si nous avancions véritablement, mais cela n’était pas vraiment important, le principal était de suivre ces pistes. Comme la fois d’avant, Raito m’avait demandé d’attendre une semaine avant de reprendre les recherches, il avait insisté sur le fait que je ne devais pas m’occuper que de cela si je ne voulais pas risquer que le village se rende compte que je travaillais sur une affaire qui ne les concernait pas. Évidemment, je savais parfaitement que j’aurais pu passer toutes mes journées là-dessus sans que personne ne puisse le savoir, mais d’une certaine manière, il n’avait pas tout à fait tord, je ne pouvais pas me consacrer exclusivement à cela, surtout si c’était censé durer plusieurs mois. Paradoxalement, c’était cet élément qui me gênait dans le fait d’attendre, pour moi, si une tâche était particulièrement longue, alors elle méritait d’avoir mon entière attention jusqu’à sa fin pour la terminer plus rapidement. Comme il s’agissait d’une mission qui venait de Raito, je le laissais un peu décider. Après tout, je savais très bien qu’il en savait toujours plus qu’il ne voulait bien l’avouer.

Enfin bref, tout ça pour dire que nous avions donc attendu une semaine avant de partir pour Daitoshi, la ville qui abritait le Seigneur de ce Pays. Je le connaissais désormais d’ailleurs, puisque j’avais l’occasion, à deux reprises, de lui venir en aide. Mais comme il s’agit d’une autre histoire qui n’est pas terminée, je ne m’étendrai pas dessus. Nous n’étions cependant pas là pour le rencontrer, l’homme que nous recherchions était censé être ici ou être y venu récemment tout du moins.

Je m’étais donc rendu déjà deux fois au palais, mais je n’avais jamais eu l’occasion de me rendre dans la ville en elle-même. Nous n’espérions pas réellement tomber sur lui comme ça dans la rue, surtout que l’homme devait sûrement savoir qu’il était traqué, le plan était de se faire la tournée des bars et des tavernes pour essayer de trouver une personne qui l’aurait vu.

Après plusieurs tavernes relativement vides ou accueillant des nobles trop hautains pour daigner nous répondre, nous entrâmes dans une taverne un peu différente. Malgré la noblesse relativement générale de la population de cette ville, ce lieu semblait beaucoup plus populaire. La plupart des clients devaient être des soldats. Alors que l’on se rendait au comptoir, un homme assez vieux, mais surtout ivre s’approcha de moi.

- Dis donc toi, avec tes cheveux blancs et ton masque bizarre, qu’est-ce que tu fais ici ? Et pourquoi tu ramènes un enfant dans un endroit pareil ? Qu’est-ce que tu as l’intention de lui faire ?

Je ne supportais pas être interrogé de la sorte par un inconnu, sans réfléchir, je portai ma main à la poignée de mon Katana, accroché dans mon dos. Avant que j’eus le temps de faire quoi que ce soit, Raito posa sa main sur mon bras pour m’empêcher de commettre une erreur. Puis il regarda droit dans les yeux l’homme ivre. Quelques secondes plus tard, celui-ci se mit à sourire avant de retourner s’assoir sans prononcer le moindre mot. Je ne savais pas vraiment ce qui s’était passé, mais je me doutais que c’était du Genjutsu, c’était la première fois que je le voyais à l’oeuvre. La scène n’avait pas échapper aux autres clients qui, heureusement, ne semblaient pas avoir compris ce qu’il s’était passé.

Continuant donc mon chemin, je m’approchai d’un homme qui me semblait vraiment différent des autres, il était un shinobi sans aucun doute, même si étrangement j’avais du mal à estimer sa véritable puissance. Soit il était très particulier, soit il était très puissant, ou bien les deux. Il était également possible que je me trompais, mais je décidai de rester prudent.

- Excusez-moi de vous déranger, je suis à la recherche de l’individu sur cette photo, l’auriez-vous vu par hasard ?

Je posais alors la photo en question devant lui, attendant sa réponse.

Spoiler:

Un bar, bruyant comme de coutume. Pour ne rien changer, le Jonin se trouvait en compagnie du duo Renzo et Dieer. Et comme d’habitude, tous deux s’esclaffaient et riaient de bon cœur. Ils n’avaient pour l’instant bu qu’une dizaine de verres de liqueur et étaient donc tous parfaitement sobres. Cela ne les empêchait pas pour autant d’être amusés. Là Renzo racontait sa dernière mésaventure lors d’une mission rang A lui ayant été confiée. Cette mission l’avait mené au cœur de l’archipel du pays de l’Eau. Il semblerait qu’il y ait été fait prisonnier. Capturé par des Kaguyas. L’une d’elle s’était éprise de sa forte corpulence. Et c’est elle qui l’avait fait libérer après avoir abusé de lui pendant trois nuits. Dieer n’en pouvait plus. Mort de rire, il martelait la table de sa main, laissant éclater sa joie dans tout le bar.

_ Ça se comprend pourquoi tu sembles avoir perdu 10kg.

Dieers lâcha un nouveau rire dont on pouvait aisément déceler des airs moqueurs. À coup sûr, il souhaitait énerver Renzo, mais ce dernier ne sembla pas le remarquer. Il affichait un air satisfait, probablement content que sa blague ait eu l’effet escompté. Kamikaze aussi riait de bon cœur, à la différence que lui, ne criait pas. Les deux hommes, au bout d’un moment après avoir partagé quelques verres en plus, s’en allèrent et laissèrent sur place le Kamikaze. Yoite, lui bougea vers le bar. De là il se mit à siroter des verres de liqueur tranquillement tout en écoutant les histoires ci et là. Rien d’intéressant ici jusqu’à l’entrée d’un mec aux cheveux blancs qu’il avait déjà vu du temps où il était encore affecté à l’unité de surveillance du village. Il s’agit du Dobutsu, le Chuunin qui avait pour habitude de sortir régulièrement du village durant les heures de crime. Il était accompagné d’un autre homme, enfin, un enfant plutôt dont le visage ne rappelait pas grand-chose au Kamikaze.

Calme, dans son coin, le Kamikaze profitait du spectacle que la venue du duo aux cheveux blancs venait de susciter. Mais ce n’était pas vraiment leur faute s’ils s’étaient fait aborder à peine arrivés par une brute sorti d’on ne sait où. Celui-ci, un véritable colosse s’en prit à celui que le Kamikaze avait identifié comme un Dobutsu. Il lui reprochait visiblement de s’être fait accompagner dans un bar par un enfant… Yoite regarda à nouveau le fameux gosse et alors qu’il le sondait, il sentit le niveau de chakra de celui-ci baisser un peu. Le colosse s’était aussitôt calmé dès que leurs regards s’étaient croisés. Un genjutsu. Décidément… Quelle curieuse époque vivons nous. Intéressé, Yoite fit mine de ne rien voir tandis que le Dobutsu venait à lui. Ce dernier l’interpella. Il semblait être à la recherche de quelqu’un.

Yoite prit la photo et la regarda un temps. Se souvenir de cette tête et enquêter dans son coin.

_ Non je ne l’ai jamais vu. Finit-il par répondre. C’était sincère.

_ Est-ce quelqu’un de dangereux ?

Une simple question qui laissait entendre que l’identité ninja de son interlocuteur ne faisait guère de doutes pour le Kamikaze. Mais là n’était pas le plus important. Le plus important est d’obtenir une réponse satisfaisante à cette question posée.

Lorsque je vis le visage de l’homme, je commençai à me demander si je ne l’avais pas déjà vu. Comme il s’agissait sans aucun doute d’un shinobi, il était également probable qu’il appartenait au village de Kumo même s’il n’avait pas de bandeau. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je n’arrivais pas à savoir son niveau, mais même si son chakra était celui d’un shinobi de bas étage, je ressentais de la puissance provenant de lui. Mon instinct me disait qu’il n’était vraiment pas commun, mais ce n’était pas ma priorité actuelle, j’imprimai seulement son visage ainsi que son chakra dans ma mémoire pour être sûr de me souvenir de lui.

Il m’annonça alors qu’il n’avait jamais vu l’homme sur la photo, ce qui ne me surprit guère. Je savais très bien que notre recherche allait être bien difficile étant donné de la faible quantité d’information que nous possédions. Il me demanda alors si l’individu était dangereux. Je compris de sa question que si c’était le cas, il risquait de s’y intéresser. Je ne savais pas vraiment quoi répondre, il faisait partie du groupe qui contrôlait Raito. Le problème était que j’ignorais tout de ce groupe, je n’avais aucun moyen de savoir s’ils étaient dangereux ou pas. Dans les deux cas, je ne pouvais pas en parler aux côtés de mon équipier qui n’avait pas l’air de leur reprocher quelque chose.

Me sortant alors de ma réflexion, Raito, qui s’était approché, prit la parole.

- Absolument pas, cet homme n’a rien fait de répréhensible, mais il se trouve être un élément capital dans une enquête que nous menons.

Il prit une légère pause avant d’afficher un grand sourire et de tendre la main à l’inconnu.

- Je suis désolé, je ne me suis pas présenté, je suis Raito Dentô, chuunin de Kumo. Heureux de vous rencontrer !

Je fus surpris de cette réaction, il s’excusait alors que personne ne s’était présenté jusque-là. De plus, il n’avait aucune raison de se présenter à un inconnu comme cela, c’était assez particulier. J’étais également intrigué, connaître son identité m’intéressait. Je me mis d’ailleurs à penser qu’il n’avait fait cela que pour la connaître également. Je ne connaissais pas assez bien Raito, mais je savais qu’il en était capable.

Ce ne fut pas le Dobutsu qui répondit au Kamikze, mais bien son accompagnant. Celui-ci, un homme aux cheveux blancs, un jeune jovial le plus clair du temps d’après le peu que le Jonin eut à l’observer. Cet homme se présenta comme étant un Dentô. Dentô Raito, nom classique d’appartenance à la caste des manipulateurs de la lumière. Mis à part cela, le bonhomme ne semblait posséder aucun lien direct avec eux. Raito donc, expliqua que l’homme recherché l’était pour des questions d’enquête et qu’il n’avait donc rien de dangereux. Le fond de la question du Kamikaze était réellement de savoir s’il devait se charger personnellement de la traque du quidam. Bien entendu, la chose se serait faite dans la plus grande discrétion et sans que les deux bonhommes aux cheveux blancs n’en sachent quelque chose.

_ Kamikaze, mes amis m’ont donné le surnom de Yoite.

En réalité, Kamikaze était son nom famille véritable et Yoite son surnom réel. Mais la chose n’est pas vraiment importante.

_ Enchanté Raito. Et toi ? fit-il en indexant le Dobutsu. Quel est ton nom ? Hummmmmmm laisse-moi deviner ! Vous êtes parents tu es donc un Dentô toi aussi !

Se baser juste sur la couleur de cheveux pour partir sur une pareille comparaison, largement de quoi le faire passer pour un niais. S’il y arrive tant mieux. Aptitude Faux-air je vous dis ! Endormir l’assistance est primordial. Et probablement que le Kamikaze baisserait d’un ton dans l’estime de ce duo.

_ Asseyez-vous un moment si le temps vous le permet, nous pourrions échanger un peu.

Et sans attendre leur réaction, le Kamikaze héla le serveur pour qu’il vienne prendre la commande. Il se fit servir la même liqueur que tantôt et commença à la siroter tout en posant le regard sur ses deux nouveaux convives. Il semblait excité, comme un enfant à qui l’on venait de ramener deux amis pour qu’ils jouent ensemble.

_ Alors vous occupez quelles positions à Kumo ? Jonins ? Chuunins ? Membre d’un département ? Personnellement j’aimerai bien être du département de renseignement, ça a l’air tellement classe.

Pour sûr il risquait de se faire étiqueter comme étant un rêveur, un des shinobis qui n’a pas la tête sur les épaules. On verra bien, l’essentiel de toute façons est de discuter, autant commencer par un angle quelconque.

Il s’appelait donc Kamikaze, c’était assez original. Je fus surpris par le ton de cet homme, il réagissait pas vraiment de la manière à laquelle je m’y attendais. Il était amical et semblait être une personne des plus normales contrairement à se que j’avais ressenti. Soit je m’étais trompé, soit il était très doué pour cacher sa véritable nature. Ma confiance en mes capacités m’encourageaient à privilégier la deuxième possibilité, mais je n’avais détecter aucun changement d’attitude ou de chakra de sa part depuis notre arrivée et il n’avait pas vraiment de raison de se cacher. Il me demanda alors si je faisais également partie du clan Dentô, estimant peut-être que je devais être le grand frère de Raito. Il était vrai que trouver deux jeunes avec les cheveux blancs travaillant ensemble était assez rare. J’allais lui répondre quand Raito prit la parole avec une voix beaucoup plus enfantine que d’habitude.

- Lui ? Un Dentô ?? Mais non, c’est mon ami, il s’appelle Otoke. Son nom de famille est Dôbutsu, mais comme il est le seul du village, on ne peut pas vraiment appeler cela un clan !

Je ne savais pas pourquoi il avait fait cela, mais le connaissant, il devait sûrement avoir une bonne raison.

- Effectivement, je suis Otoke, je ne suis pas de sa famille, on travaille ensemble avec Raito. Ravie de faire votre connaissance Kamikaze.

Je n’étais pas vraiment dans une situation que j’appréciais, je ne contrôlais pas ce qu’il se passait et je ne pouvais pas laisser mon instinct prendre le dessus sur ma raison, pas dans un lieu comme celui-ci. Je devais faire confiance à Raito. Ce dernier profita d’ailleurs pour la proposition de l’individu pour s’assoir et demander à boire au serveur. J’avais du mal à comprendre, même si j’avais remarqué quelque chose chez cet homme, il avait affirmé ne rien savoir à propos de notre proie, nous attarder ici ne servait à rien. Jouant le jeu, je m’assis également, s’ils voulaient discuter, alors on allait discuter.

Il nous demanda alors quelle position on avait au village. Il nous indiqua qu’il souhaitait intégrer le département renseignement et espionnage, auquel Raito et moi appartenions. Autant j’avais l’habitude d’avoir des problèmes pour comprendre les émotions humaines ainsi que les paroles des autres, autant il m’était totalement impossible de discerner l’homme en face de moi. Il se comportait comme un enfant, mais c’était forcément plus subtile que cela. Je décidai donc une nouvelle fois de faire confiance à Raito qui, malgré son jeune âge, était beaucoup plus apte à communiquer correctement.

- Nous sommes Chuunin et du département de renseignement ! C’est classe hein ?! Otoke fait souvent le modeste en disant que ce n’était qu’un grade comme un autre, mais entre nous, ça tue ! Et toi, tu es vieux, tu dois au moins être un jonin !

Je n’en revenais pas, ce n’était pas le Raito que je connaissais, il avait changé son comportement, sa voix et même sa gestuelle. C’était impressionnant, je savais qu’il était capable de masquer ses véritables émotions, mais je n’imaginais pas qu’il était capable de se mettre dans la peau d’un personnage comme cela.

Le Kamikaze constata avec un certain intérêt que le duo avait mis plein pieds dans le petit traquenard qu’il avait concocté en leur faveur. Boire quelques verres tout en discutant, rien de méchant ! Ce serait juste l’occasion pour eux de se familiariser. Dans cette perspective voir le gamin s’enthousiasmer n’était pas réellement étonnant. Après tout, c’est un enfant n’est-ce pas ? Par contre, il était tout de même curieux de voir à quel point le Chuunin qui avait calmé le gros dur, à leur entrée dans le bar, pouvait subitement passer d’une humeur normale à enjouée. Yoite notait cette information dans son esprit en attendant d’y voir plus clair.

_ Ah oui un Dobutsu ? Je ne sais pas s’il est le seul au sein du village, mais effectivement c’est quelque chose d’assez rare pour être évoqué. Originaire de … Kawa c’est ça ?

Un Jonin digne de ce nom détient cette information, prétendre le contraire serait tout bonnement contre productif.

_ Je serai curieux de voir l’étendue de vos pouvoirs. J’ai eu quelques échos de ce qu’un Dobutsu peut faire, mais rien de très rationnel… Yoite afficha une moue sceptique. Il enchaîna comme pour s’expliquer : On dit que vous pouvez discuter avec les arbres. C’est vrai ça ?

Un sourcil arqué, visage exprimant le scepticisme, Kamikaze laissait voir qu’il ne croyait lui-même pas à cette information, mais qu’il n’attendait qu’à être impressionné par le potentiel Dobutsu.

_ En tous cas, je comprends que vous soyez dans le département Renseignement. C’est naturel qu’ils aient besoin d’un Dobutsu et de Dentô.

Il but un verre, et mit une petite pause entre ce moment et celui où il s’apprêtait à répondre à Raito. Lui et son ami Dobutsu auraient l’occasion de boire un coup, le tout dans la bonne humeur.

_ Oh tu sais, je connais des vieux qui sortent fraîchement de l’académie (@Hachi). Mais oui, pour ma part, j’ai eu la chance d’être nommé Jonin. Mais on m’a affecté à aucun ministère encore. Vous croyez que je pourrais avoir ma chance dans le votre ?

Il afficha une mine amusée quoique sa voix fut teinté d’un sonorité apte à la faire prendre en pitié. Rien d’exagéré, rien de surjoué cependant. Toujours dans son rôle, le Jonin continuait sa sympathique discussion avec ce duo improbable.

Me laissant emporter par le comportement de Raito, je compris assez vite que nous allions rester discuter avec ce Kamikaze pendant un bon moment. Je ne voyais toujours pas pourquoi il faisait cela, il pensait peut-être que l’individu possédait plus d’information qu’il ne voulait bien le dire. Il était également possible que Raito voulait tout simplement discuter tranquillement avec un Kumojin pour faire une pause après un long voyage. Dans les deux cas, je n’avais pas l’intention de lui refuser cela et j’allais donc jouer le jeu en discutant tranquillement comme si nous n’avions rien de mieux à faire.

L’individu avait l’air de s’interroger sur mon passé et mes origines ainsi que sur les capacités des membres de mon clan. Cela n’était pas la première fois que cela arrivait et j’avais toujours la même méthode pour me sortir de cette situation sans avoir à mentir.

- Alors, il est vrai que les Dôbutsu sont originaires de Kawa no Kuni, je suis moi-même originaire de ce pays, mais on peut en trouver un peu partout dans le monde. Malgré cela, même si certains se considèrent comme membres d’un clan, ce n’est pas mon cas. Nous ne sommes pas reliés par un lien de sang, il faut plus voir cela comme une façon de vivre. Nous avons effectivement un lien étroit avec la nature et les animaux, mais nous ne parlons pas aux arbres malheureusement.

Je bus alors une gorgée du verre que le serveur m’avait apporté, même si je n’avais rien commandé. Celui-ci contenait de l’alcool, j’allais devoir faire attention.

- À vrai dire, je n’exclus pas qu’un Dôbutsu ait déjà réussi à communiquer avec les arbres, cela fait des années que je n’ai pas eu l’occasion d’en rencontrer un.

Raito semblait écouter attentivement mes paroles, je savais qu’il connaissait déjà mon clan, il devait sûrement comparer ma réponse par rapport à ce qu’il savait pour m’analyser un peu. Cela ne me dérangeait pas, je savais désormais à peu près à qui j’avais affaire avec lui, il était temps que ce fut réciproque.

Ce fut alors lui qui prit la parole pour répondre à la nouvelle question de Kamikaze.

- Si on a été prit dans le département en étant que chuunin, tu devais pouvoir ! Tu es jonin, tu dois être super fort ! Mais après, il faut que tes capacités soient adaptées. Il faut savoir être discret et efficace pour être un bon espion ! Et tu as raison, c’est trop cool comme travail ! Si tu nous parlais un peu de toi, on pourrait peut-être mieux juger tes chances de nous rejoindre !

Je commençais à comprendre un peu où Raito voulait en venir, je savais qu’il jouait un rôle. La question était de savoir si Kamikaze allait s’en rendre compte ou pas. Ce n’était pas vraiment important d’ailleurs, mais c’était amusant d’assister à cela.

Kamikaze partit d’un franc rire. L’histoire des Dobutsu communiquant avec les arbres est en réalité une grossière rumeur qu’il ne se gêna pas de colporter. C’était quelque peu gros pour un Jonin de sortir un truc pareil, je vous le concède, mais au moins l’information est clairement démentie par une voix autorisée. D’un autre côté, si cette information s’était avérée vraie, le Dobutsu aurait fait un informateur hors normes pour le village. Imaginez un peu tous les avantages dont Kumo aurait pu hériter si Otoke savait échanger avec la végétation. Kamikaze porta le verre à sa bouche et bu une gorgée. Regard mi vexé-mi amusé, il lança au duo !

_ Bah alors ? Vous ne buvez pas ? Vous n’allez tout de même pas me laisser me saouler seul !

Le Kamikaze termina le contenu de son verre et en commanda trois nouveaux. L’alcool réchauffait sa poitrine, il se sentait bien, mais rien de plus. Il était encore loin d’être saoul. Très loin d’ailleurs. En attendant que le serveur arrive, le bonhomme s’intéressa au Dentô. Ce dernier évoquait le département Renseignements. Il affirmait qu’être affecté à ce département offrait des perspectives d’emploi très prenantes. Ça, Kamikaze n’en doutait pas un seul instant. Une seule chose le titilla dans le discours du Dentô cependant, il comprenait que ce dernier était un peu pareil que lui. Il savait lui aussi masquer sa nature véritable et cacher tant bien que mal ses intentions. D’ailleurs le fait qu’il demande au Jonin de plus se livrer venait confirmer ces impressions. Toujours sourire aux lèvres, visage rayonnant, Yoite répondit :

_ Bof ! Vous savez Chuunin, Jonin, la différence peut être minime. Il m’est arrivé bien souvent de croiser des Chuunin bien meilleurs que leurs supérieurs ! Puis pour ce qui me concerne, je ne pense pas être quelqu'un d'exceptionnel. Peut être ai-je été promu à l'expérience ou à cause de mon âge. Je ne vois pas d'autres raisons.

Un rire. Kamikaze visiblement était du genre à s'auto critiquer. Ue courte pause. Le bonhomme enchaîna, à voix basse, comme s’il confiait un secret au Dentô :

_ Sinon, entre nous, le coup de pression que t’as mis au gus là… Impressionnant. Je ne crois pas que j’aurais pu y résister si j’étais à sa place.

Une tape amicale. Le serveur était venu. Kamikaze prit deux verres qu’il posa devant le duo. Il prit le sien et remercia le serveur.

_ Allez ! Terminez vos premiers verres ! Cul sec. La nouvelle tournée, on la commence en même temps.

Un clin d’œil. Kamikaze attendit que le duo s’exécute. Bah ouais. Pourquoi diable serait-il le seul à boire ? Dans un endroit comme celui-ci, les gens se désaltèrent à un certain rythme que ces deux-là étaient loin de respecter. Sourire amical au visage, Kamikaze les regardait. Tout simplement.

Entendre le Jonin nous proposer et nous commander des verres d'alcool me surprit un peu. D'une part parce que je n'avais pas l'habitude d'en boire et qu'il ne m'avait demandé mon avis, mais surtout parce que Raito n'avait que 13 ans et qu'il n'était vraiment pas conseillé de boire de l'alcool à cet âge. Cependant, j'étais apparemment le seul à être dérangé par cela, alors je ne dis rien. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, mais je savais que la situation n'était pas normale, Raito était encore moins naturel que d'habitude et le Jonin me semblait vraiment plus fort qu'il ne semblait vouloir le faire croire. Tout cela était assez dérangeant pour moi et ma curiosité était la seule chose qui me faisait rester dans cet endroit.

- Moi aussi j'ai été promu grâce à mon âge, mais ça reste entre nous !

Voilà que Raito se mettait à faire des blagues aussi, à croire que nous n'étions pas en plein milieu d'une enquête. Il semblait cependant avoir trouvé quelque chose de plus intéressant. Si mon instinct me disait que Kamikaze n'était ce qu'il prétendait être et que Raito s'intéressait également à lui, cela ne pouvait pas être qu'une coïncidence.

Une fois les verres arrivés, Kamikaze insista à nouveau pour nous faire boire. Connaissant mes limites, je savais que je pouvais boire quelques verres sans trop diminuer mes capacités sensorielles. J'ouvris alors la fermeture de mon masque située au niveau de ma bouche, pour boire le contenu de mon verre. Raito en fit de même, sans la moindre réaction au moment d'avaler le liquide, comme s'il avait déjà l'habitude de boire de l'alcool. Cela ne faisait que soulever encore plus de question à son sujet, mais ce n'était pas le moment d'y répondre.

Si le Jonin m'intriguait, il était clairement au moins aussi doué que moi pour garder des secrets et bien plus pour cacher sa vraie nature. Raito semblait déterminé à obtenir des informations sur lui, il continua donc de le questionner, néanmoins, il changea de ton pour devenir un peu plus sérieux.

- Sinon, je me demande ce qu'un Jonin peut bien faire dans un bar comme celui-ci, aussi loin du village. Vous êtes en mission ou c'est uniquement la soif qui vous a conduit ici ?