Une nuit insondable et froide, camouflée par un léger écran de sable … Il y avait du vent à Suna en cette « froide » saison qu’était l’Hiver, et il emportait sur son sillage plus d’un grain. Certains se perdaient dans les plis des vêtements des promeneurs de nuit mais d’autres étaient protégés par divers artifices. L’un d’eux était une sorte de carrosse de sable, fait et conduit par un Kawaguchi évidemment. Ce dernier devait se sentir honoré car il transportait là Aburame Miko, alias Nanadaime Hokage. A peine était-il arrivé devant la demeure de la Kawaguchi – la plus grande résidence du clan qui s’étalait sur deux étages – qu’il descendit pour ouvrir à la Reine Cafard, soit en abaissant la portière de sable avec sa maîtrise du sable, et la guider jusqu’à la porte qui était déjà grande ouverte.

A l’intérieur, Tsukiko patientait, sourire cordial aux lèvres. En temps ordinaire, elle aurait accueilli toute personnalité à coup de fanfare et d’orchestre et de banquet, mais ce soir, elle désirait l’intimité d’une conversation entre deux femmes qui s’étaient déjà rencontrées … et qui avaient sûrement des choses à se dire. Enfin, en particulier pour la blonde : elle n’avait pas oublié cet insecte qui était « sorti » de son cou lors de sa dernière visite « express » à Konoha. Elle voulait savoir « Pourquoi » sans qu’une ou deux oreilles indiscrètes s’y promènent. Certes, c’était peut-être un affront voire un acte ennemi, mais Tsukiko ne voulait toujours pas briser cette fragile alliance entre Suna et Konoha. Elle y tenait, comme si sa vie en dépendait, d’une certaine manière.

- Hokage-sama, je suis bien heureuse que vous avez accepté mon invitation pour un dîner, introduisit-elle. Le temps est bien affreux ce soir, mais c’est fréquent en cette période.

Ajoutons à cela qu’il était question du clan Kawaguchi, soit un lieu où plusieurs habitations ont été construites du sable que plus d’un Kawaguchi avait créé avec son propre chakra. A bien réfléchir, c’était le plus grand piège mais aussi la plus grande protection de ces manieurs de sable à l’égard de tout intrus indésirable.

Avant même que Tsukiko n’élève la voix, une domestique débarrassa la Brune de son manteau, et brossa légèrement la tenue au cas où du sable se serait égaré. Pendant ce temps, Miko pouvait admirer la grande pièce où pilier, cours intérieur, canapés et coussins se côtoyaient. Cependant, la Hokage allait avoir droit à un cadre plus privé, et plus propre à la Kawaguchi. Déjà cette dernière indiqua affablement l’étage, en vantant les mérites du quartier Kawaguchi et indiquant par sous-entendu dans quel terrain elle mettait pied.

- Comment s’est passé votre voyage jusqu’à Suna ? J’espère que le climat n’a pas été trop rude pour vous et vos hommes. J’ai eu la joie de rencontrer, à nouveau, votre assistante ainsi que d’autres Shinobis du Feu. Ils ont été bien aimables de répondre à mon invitation pour mon banquet suite à nomination comme chef de clan. Malheureusement, la chaleur de Suna a dû être intenable pour certains, ils se sont bien vites absentés. termina-t-elle en réponse à l'une de ses interrogations sur l'attitude de ses Konohajins.

Elle clôtura là, attendant que ce jeu commence. Elles finirent par atteindre l'étage où une table était déjà dressée avec de somptueux plats accompagnés des meilleurs

Elle grogna doucement soudainement, se massant le crâne aussi discrètement que possible. Depuis sa prise de médicamentation pour sa jambe handicapée, les hallucinations et les rêves éveillées ne se faisaient que plus fortes, que plus intenses et que plus "vraies". Maintenant, pas une journée ne passait sans l'interruption d'une vision, ou encore d'échos lointaines de voix. Elle avait hâte de trouver un fameux médecin pour se débarrasser de tout cela.

- Au risque de paraître rude, vous avez perdu votre main et, avez-vous connu un lourd traitement ou au contraire, avez-vous eu droit aux talents d'un Eisei-nin.. Suite à un malheureux événement à Ki no Kuni, j'ai .. des difficultés à l'usage de ma jambe et les médicaments n'arrangent rien. J'ai plus que besoin d'un médecin de talent, si vous en connaissez, je serais heureuse de prendre contact avec.

L’Aburame s’était avouée surprise quand elle avait reçu une invitation officielle de la chef Kawaguchi pour un repas privé chez elle. Certes la blonde en avait parlé aux portes, mais Miko avait d’avantage cru qu’elles se seraient rencontré ailleurs, dans un espace plus … public, plus accessible, si vraiment la chose s’était faite. À l’image du bar où elle était allée avec son élève le soir-même de son arrivée.

Le jour J, elle avait été de nouveau surprise de découvrir un carrosse devant chez son appartement. Les sunajins avaient le sens de l’esbroufe malgré les conditions de vie difficiles dans lesquelles ils devaient vivre. Toilettée, habillée de propre, l’Aburame si peu attachée à son image avait fait un effort pour la blondinette pleurnicharde qui avait eu l’amabilité de l’inviter. Bien évidemment les ANBU étaient de sortie avec elle, elle ne faisait pas spécialement confiance aux Kawaguchi ni aux Sunajins en général pour ne pas tenter quelque chose. C’était d’ailleurs pour cette raison que malgré son acceptation de rentrer à l’intérieur de l’espace clôt roulant, elle avait dispatché tout autour ses nano-insectes, histoire de sonder les alentours. Une vengeance, un assassinat, tout cela pouvait si vite arriver. Surtout à Suna … Tombait-elle là dans un piège grotesque ?

C’est bien normal voyons, d’aucun nous qualifierait de proches. Il faut dire que j’ai dû aller jusqu’à vous border cette fameuse soirée à Ame. Quant au vent ne vous en faites pas, à chacun son hiver. Je pense que nous avons tous connu pire que ce soir.

Souriant quelque peu principalement ironiquement, Miko salua la jeune femme d’un signe de la tête alors que ses quatre ANBU la suivaient deux par deux plusieurs pas derrière.

Le trajet s’est bien passé, comme un trajet dans le désert à vrai dire. Nous avons même eu la chance d’observer au loin quelques-uns de vos célèbres vers des sables géants.

Une espèce fascinante, de laquelle elle avait d’ailleurs collectionné plusieurs larves qu’elle continuait d’entretenir il y avait de cela des années.

Heureuse d’apprendre qu’il n’y a pas eu d’écart de conduite de leur part. Je suis même surprise que Natsuki Nara se soit introduit à votre petite fête si en effet vous avez rencontré les trois représentants de la délégation envoyée en amont. La pression sociale sûrement. Il reste en général d’un naturel timide … et surtout flegmatique.

S’étant débarrassée de sa cape auprès d’une domestique, elle s’était contentée de suivre son hôtesse en s’avouant quelque peu agréablement étonnée de l’architecture Kawaguchi. Avançant lentement, elle ne put s’empêcher d’hausser un sourcil interrogateur à l’adresse de la jambe boitante de la gamine, qui ne tarda pas à s’épancher elle-même sur ses difficultés.

C’était en effet assez rude. Mais si vous voulez tout savoir, j’ai pu me rafistoler par moi-même et ai eu la chance de tomber sur une connaissance à l’époque qui a terminé le travail. Cependant, si vous cherchez un médecin compétent, j’en ai justement ramené un avec moi. Ou plutôt une. N’hésitez pas à contacter Nozomi Myouga, elle acceptera peut-être de vous recevoir entre deux épreuves de l’examen. Elle m’a plus d’une fois démontré ses prouesses médicales et en la matière je ne vois pas qui d’autre je pourrais recommander aussi chaudement.

La suivant jusqu’à une annexe, l’Aburame remarqua que l’atmosphère avait radicalement changé. L’endroit était plus … douillé. Moins spacieux, certes, mais plus convivial, comme un condensé de toute la culture orientale représentative de Kaze no Kuni. Comprenant que c’était dans cette pièce que la boiteuse la recevrait, l’Aburame fit un petit signe de la main à ses gardes du corps qui après s’être légèrement inclinés se retirèrent en fermant la double porte battante derrière eux. Au moindre problème elle savait qu’ils débarqueraient dans la seconde. Non pas qu’elle s’attendait à des complications, mais avec les sunajins on ne semblait jamais être au bout de sa surprise.

Vous excuserez les gardes, j’ai cru comprendre que la sécurité à Suna laissait à désirer plus que ce que je ne pensais. Mais même sans ça, en tant que kunoichi vous comprendrez que nous ne pouvons-nous faire aveuglément confiance.

Prenant place sur le sofa, l’Aburame fit face à la table basse abondamment surchargée de différents plateaux et carafes.

J’avoue que j’aurais attendu une telle opulence chez le Kazekage lui-même. Mais j’ai pu avoir confirmation depuis mon arrivée que vous aviez raison et que ce dernier habite en effet sous une pauvre tente. En tout cas, je dois le reconnaître, il semblerait que vous ayez fait un bon bout de chemin depuis notre dernière rencontre Tsukiko … Ou préfériez-vous que je vous appelle autrement maintenant que vous êtes la représentante de ce qui est probablement le clan le plus noble de Kaze no Kuni ?

Ne connaissant pas l’étiquette Sunajine, elle laissa à la Kawaguchi le soin d’attaquer la première les mets, ne voulant pas commettre d’impaire embarrassant en ignorant totalement ce qui était considéré comme une entrée, comme un plat et comme un dessert.

Cette fameuse soirée à Ame n’était pas vraiment un bon souvenir pour la Kawaguchi car c’était là où elle avait perdu tragiquement son tout premier frère d’arme, compagnon du crime, ami de toujours, Akuzu Shinji. C’était également cette fameuse soirée où la demoiselle aux insectes, Nukenin à l’époque, avait osé profiter de l’état d’ébriété de Tsukiko pour y infiltrer sous sa peau, pas loin du cerveau – ou du cou, ou de la nuque, elle ne saurait dire – un micro-inceste. Son usage ? Elle ne savait pas, mais peut-être était-ce temps de le savoir. Parlant insecte – et toujours insecte, ce qui n’était guère étonnant avec un Aburame -, la Hokage s’extasiait devant des vers des sables géants … Tsukiko aurait tendance à en être dégouté, mais plus à s’extasier face à des constructions de sable, d’argile ou de roche. Chacun ses trucs.

Son visage s’assombrit encore un tantinet au nom de Nara Natsuki. En soit, il n’avait commis aucun impair durant l’événement. Non, ce nom lui rappelait davantage une mission faite en commun qui avait fini de manière tragique. Cependant, en soit, la mission avait été un succès. Un amer succès, il faut l’avouer, mais nécessaire pour retrouver l’honneur au sein du clan. Elle avait sacrifié une amie, ce jour-là, et toute sa naïveté … et tout ceci pour son clan. Certains jours, elle se demandait pourquoi tant d’efforts, pourquoi ne pas juste lâcher prise.

« Pour retrouver une famille … » se répéta-t-elle automatiquement.

Drôle de famille, à vrai dire. Son père n’était plus dans les parages – ermite isolé – et son demi-frère était devenu un alcoolique endetté jusqu’au cou …

- La sécurité de Suna ne s’applique qu’aux Sunajins, voyons, répondit-elle sarcastiquement. Cependant, vous êtes nos invités. Si vous aviez été soumis à nos rudes codes, vous risqueriez d’être offensée. En soit, ce n’est presque pas plus mal. Vos gardes ne me gênent nullement, dit-elle calmement. C’était sa demeure, et son domaine, ce n’était pas vraiment elle qui courrait un danger ici et surement pas la Hokage. Mais la paranoïa était le trait courant de tout Shinobi.

Elle ne put s’empêcher d’être un tantinet gênée lorsque la brune parla de la table plutôt pauvre du Kazekage. Ce dernier n’aurait-il pas dû chercher un soutien militaire auprès du village dont les talents Shinobis, dont le régime politique et dont le soutien économique était le plus prospère ? Certes, les Yamada accueillaient sous des tentes mais sûrement pas à coup de sable chaud ou de sable mouillé ? Que faisait-il donc ?

- Il est attaché à … ses traditions, se contenta-t-elle de dire. Les Kawaguchi sont reconnus et réputés dans Kaze no Kuni pour ses valeurs, et pour sa passion du … sable et de ses dérivés. Clan ancien et noble, dont je suis l’heureuse chef.

Elle aurait pu être Conseillère, mais ça, c’était une autre histoire.

- Je ne sais pas si je peux vraiment faire confiance au talent de « Nozomi ». Ne risquerait-elle pas de m’injecter un petit insecte ou deux, par hasard ? demanda-t-elle en commençant tranquillement le repas. Je n’ai parlé de « ça » à personne, et je ne le dirais toujours pas à personne. Ainsi donc Hokage-san, pourriez-vous me dire quel était le but de cette « chose » ?

Amusant comme vous semblez dire que la sécurité est plus dure envers les Sunajins qu’envers les étrangers alors que les problèmes internes devraient être réglés depuis le temps et visiblement la rigueur de votre police.

Mais bon, vu la demande de fournir un Yamanaka pour aider à l’enquête … Celle-ci était toujours d’actualité. La laissant continuer, l’Aburame esquissa un sourire quant à ses doutes finaux. Ainsi donc le coup de l’insecte continuait à la déranger.

Inutile de vous inquiéter d’avantage à propos d’injection d’insectes. Ceux que mon parasite a pondu dans tout votre corps avant que je ne l’enlève ont largement suffit à servir mes desseins : à savoir parasiter non seulement vos proches mais les proches de ceux-ci et ainsi de suite. À ce rythme je suppose que Suna entier a déjà été infecté. Un ordre de ma part, un claquement de doigts et paf. Tout sunajin contaminé explosera … Mais nous n’avons pas besoin d’en arriver jusque-là n’est-ce pas ?

Le visage fermé, neutre, sérieux, regardait la blondinette, attendant sa réaction. L’Hokage relâcha néanmoins la pression en avançant la main pour se servir et servir son hôte d’un liquide ambré.

Rassurez-vous, ce n’était qu’une mauvaise blague. En matière de parasitage, vous pourriez tout au plus avoir des vers mais dans ce cas vous ne pourriez blâmer que la mauvaise conservation des aliments soumis au rude climat du désert.

Levant son verre à son attention en guise de salut, Miko en but une rasade, trouvant le liquide plus sucré qu’alcoolisé .

Quant au but de mon parasite, il me servait tout simplement à vous pister en cas de besoin … Et à vous faire sauter la cervelle dans l’hypothèse où j’aurais souhaité vous faire chanter et que vous ne m’auriez obéi. Ma carrière de nukenin se serait-elle prolongée ou nos nations auraient été ennemies, j’aurais pu trouver une certaine utilité à menacer votre vie en échange d’informations. Un procédé assez détestable, mais dans ce monde de brutes, il faut bien avoir une longueur d’avance sur autrui n’est-ce pas ? Mais bon … vous menacer de la sorte n’aurait absolument pas concordé avec une quelconque idée d’alliance en ma position alors nouvelle d’Hokage. C’est pour cela que j’ai profité de notre entretien pour vous libérer de ce moyen de pression. En guise de bonne foi.

Sortant une cigarette, l’Aburame haussa un sourcil interrogateur.

Je peux ?

Attendant l’accord, elle mit la cigarette au bec et mit sa main en acier à hauteur du visage, un dispositif au bout du pouce servant de briquet.

Vous n’étiez pas obligée de garder le silence à propos de l’insecte. Mais cela vous aurait probablement discrédité encore plus à l’époque auprès des vôtres. Étant donné qu’ils vous avaient visiblement désavoué peu après la signature des accords au vu de la lettre de Kioshi précisant que vous n’étiez plus que Chûnin. Être ou avoir été parasitée par l’Hokage … de quoi se poser des questions sur votre réelle allégeance.

Pause cigarette.

Enfin … Encore plus de questions… Vu que vous n’étiez apparemment qu’une orpheline habitant à Konoha durant les premières années de votre vie. C’est réellement un exploit d’ascension sociale que vous avez réalisé ces dernières années. Mais … J’avoue trouver cela étrange … Pourquoi avoir rejoint Suna et ne pas être restée à Konoha ? Pardonnez-moi mais j’ai fait quelques devoirs de mon côté et ai demandé à mon assistante de se renseigner sur votre position à Suna … Vous n’avez jamais été quelqu’un de très aimée ici, et même auprès des autres pendant de longues années. Et pourtant, vous persistez.

La question était sous-entendue ... Pourquoi.

Tsukiko avait pali dangereusement suite aux propos de l’Aburame au sujet de son « parasite ». Evidemment, vous pouvez tous dire que Tsukiko ne devrait nullement croire l’Hokage car une telle chose était folie, et qu’elle aurait été remarquée depuis bien longtemps par les autorités Sunajins. Surtout que ces dits autorités l’avaient longuement interrogé. Officieusement, au travers de son clan, cela allait de soi.

- Rassurez-vous, ce n’était qu’une mauvaise blague.
- Ha .. ha … ha, se contenta-t-elle de pseudo rire, retrouvant tant bien que mal ce sourire diplomatique de circonstance.

Plus d’un homme et plus d’une femme faisait des courbettes en face d’elle. Cependant, à ce jour, personne ne l’avait vraiment traité de la façon dont la traiter la quadragénaire. Comment pouvait-elle décrire cet étrange lien ? Davantage l’adulte qui donne des conseils à l’enfant ? Ou alors une ancienne connaissance qui l’avait, malgré tout, aidé lorsque son frère d’arme avait péri dans de très mystérieuse circonstance ? Elle ne saurait jamais, mais la blonde gardait malgré tout une certaine reconnaissance vis-à-vis de la brunette qui avait pris la peine de l’accompagner jusqu’au lieu du crime, ainsi qu’à une table où Tsukiko avait englouti une bouteille entière d’alcool fort.

- Vous pouvez, disait-elle sans aucune hypocrisie. En effet, il serait vraiment stupide de refuser à un autre de fumer une simple cigarette alors qu’elle-même s’adonner à quelques fumettes plus ou moins illicites lorsque certaines journées devenaient tout simplement insoutenable, tant moralement que physiquement à cause de ses blessures de Ki. J’espère qu’un Saibogu n’a pas eu une idée similaire à la vôtre en mettant un quelconque système de senseurs. Suna peut manquer de la subtilité dont vous avez fait preuve.

L’idée était possible, à vrai dire. Les Saibogu étaient des fous de la mécanique mais avant tout des êtres ingénieux qui étaient davantage maîtres dans l’art de piéger que de détruire massivement aux yeux de la Kawaguchi. Et au vu de ses origines mitigées, si elle pouvait préserver de plusieurs manières la relation Suna et Konoha, elle serait apte à donner tout ce qu’il fallait. Tout, sans compter. Cette obsession, par contre, elle ne pouvait l’expliquer. Comme elle ne pouvait expliquer toutes les problématiques soulevées par l’Hokage. Pourquoi avoir quitté Konoha pour Suna, malgré le passé houleux entre les deux villages ? Pourquoi être restée malgré toute l’hostilité que l’ont témoigné à son égard ? Pourquoi faire preuve d’un tel acharnement ?

- Pour retrouver une famille.

C’était l’explication qu’elle offrait sans cesse à chacun, ou à toute personne qui cherchait à tout prix à savoir pourquoi Suna, et non Konoha. Quant aux détails, elle n’avait nulle réponse à donner car, pour une raison inconnue, sa langue se refusait à se délier. Elle se souvenait de chaque brimade, et de chaque injure et elle aurait voulu se plaindre, ne serait-ce qu’une fois et bonnement à quelqu’un mais, non. Elle n’y arrivait pas.

- Je souhaiterais dire que je garde d’excellents souvenirs du Pays du Feu mais, hormis la grande guerre et une grande solitude à la création du village, je n’en garde plus rien. Je ne sais plus qui étaient mes amis, s’ils vivent encore ou non , soupira-t-elle. A vrai dire, je ne sais même plus ce qui m’a réellement poussé à tout quitter, à tout abandonner. J’ai … Je ne sais plus. Je voulais une famille, je suppose. Cependant, encore aujourd’hui, j’ai l’impression de ne pas l’avoir vraiment trouvé. Que je dois encore chercher, encore persister… Devenir un membre à part entier, vous savez.

Elle se tut, perdue dans ses propres pensées.

- Cela fait plus de sept ans maintenant, Hokage-sama. Les souvenirs ne sont plus vraiment très clairs. Cependant, comme dit, je n’ai qu’un seul souvenir de la raison de ce départ : avoir une famille. Peut-être qu’il faut que j’en crée une, en fait. Déjà le clan m’indique deux ou trois profils de jeunes hommes … ils disent que je dois me marier pour asseoir davantage ma légitimité, et toutes ces choses. Car, comme vous le dites, je n’en reste pas moins une bâtarde malgré tout.

L’ironie pouvait se sentir dans sa voix, ou même son regard. Elle n’était pas vraiment heureuse, et elle semblait attendre quelque chose qu’elle-même ignorée.

- Vous disiez qu’elle se nommait Nozomi ? Est-elle aussi douée que vous le dites ?