Je venais d'écrire à Yell et j'étais de retour dans les quartiers de mon clan. Ecrire m'avait en quelque sorte apaisé. Sur le chemin, accompagné de mon père, j'avais pu lui parler du courrier de Kioshi à mon nom et lui dire que dans celui-ci il était préconisé qu'il prenne les rennes du clan à sa place. La raison était qu'il avait les compétences et les épaules pour endosser ce rôle, en plus d'avoir toujours été présent pour les nôtres et pour Suna. Le nom de Yamada Arashi était reconnu pour être celui d'un shinobi des plus professionnels et sympathique à la fois, un homme qui n'oubliait pas les plus jeunes Yamada pour les former et les accompagner. Il était quelqu'un de présent et d'humain. Je n'avais pas de doute sur le fait que les autres l'accepteraient en tant que chef. Quant à lui et ce qu'il en pensait : il acceptait simplement pour le bien du clan. Nous en parlerions ce soir tous ensemble autour du feu de réunion. C'était un passage obligé.

Le soleil se couchait déjà lorsque je m'isolais dans une tente provisoire et moins confortable que mon ancienne. Moins grande aussi. Tous mes livres, mes coussins et mes tissus nomades avaient disparu quand le quartier avait été soufflé. Encore une chose qui me dépitait d'ailleurs. Je prenais donc du temps pour moi et pour feuilleter avec attention le dossier du Kakumeigun sur maman que Kioshi m'avait légué avant son départ.

On y trouvait diverses informations sur sa personne et ses qualités en tant que shinobi. Son identité : Yamada Nako. Spécialisée dans la maîtrise du taïjutsu et du ninjutsu elle se battait avec son fidèle éventail pour le fûton. Moi, papa et maman possédions la même affinité principale. En plus de cela elle possédait le pacte kuchiyose des Lionnes qui faisait qu'on la surnommait simplement « La Lionne », surnom qui allait de pair avec son caractère et ses capacités offensives. Bon... tout ça je le savais déjà. Même le fait qu'elle fut dans l'équipe spécialisée Kuchiyose aux côtés de Shorui avec ses scorpions et Nuzuro avec ses éléphants. Peu importe, je lisais quand même pour ne rien louper.

J'arrivais enfin à une partie du dossier qui parlait de la guerre entre Suna et Konoha qui avait débuté en l'an 4 et s'était poursuivie jusqu'en l'an 5. Cette guerre avait été la décision du Nidaime Kazekage, et le Sandaime l'avait poursuivie. Elle avait causé de nombreuses pertes au sein des shinobis de notre village, jusqu'à ce que Suna ne repousse enfin Konoha jusqu'aux portes de leur village.
Plusieurs opérations secrètes avaient eu lieu par le biais du Kakumeigun pour porter préjudice à Konoha. Et ma mère avait fait partie de l'une d'elle. C'est ce que je lisais maintenant : il s'agissait d'aller saboter un camp konohajin dans Kawa no Kuni. En supprimant cet avant-poste on faisait un pas vers la victoire, mais la personne qui s'en chargeait faisait quant à elle un aller simple et il n'y avait pas de retour possible. Envoyer une seule personne telle que ma mère était astucieux quand on savait que les pouvoirs des Yamada pouvaient être destructeurs. La chose était conclue de la manière suivante : « Mission réussie, l'avant poste a été rasé de la carte mais Yamada Nako est morte en accomplissant son objectif. ». J'imaginais qu'elle avait pris la vie de beaucoup de Konohajins en mourrant...

Lire de manière officielle que sa mère était morte pour une telle mission était pesant. Je lâchais un soupir de tristesse avant de tourner la page. Là, il y avait d'écrit que le commanditaire de la mission se nommait Habashi Zanshi, chef du Kakumeigun à cette époque. Encore plus en dessous, une note indiquait qu'un shinobi du nom de Shorui était parti en défiant les ordres pour aller chercher le corps de maman, ou ce qu'il en restait... Ce « Shorui » était le même que celui qui avait trahi Suna et fait des expériences immondes sur des humains plus récemment. L'ennemi juré de Nuzuro depuis. Un autre rapport sur les pages suivantes indiquait que Shorui avait dit ne rien avoir trouvé sur place. Encore un mystère... mais si c'était rapporté ici c'était vrai, non ? Quoique en nous quittant l'autre fois, en compagnie de Yami, Ogami et Nuzuro, Shorui avait dit quelque chose de troublant. Qu'il avait quelque chose qui appartenait à ma famille, caché quelque part : une « surprise » que j'apprécierais sans doute. Je confrontais ses dires et ce dossier pour essayer de comprendre mais ne trouvais rien dans l'instant... Pour se faire il faudrait sans doute que j'aille le retrouver pour lui tirer les vers du nez. Je voulais savoir coûte que coûte ce qu'il avait à cacher, et quand je me remémorais le personnage je me disais que ce ne devait être rien de bon.

Je terminais ma lecture avant de refermer le dossier pour méditer sur ce que j'y avais appris. Au moins, j'avais la version officielle. Ma mère avait été pourvue d'une mission kamikaze pour porter préjudice à Konoha pendant la guerre. Le contexte était différent aujourd'hui entre les deux villages. Et moi, j'entretenais une relation avec une Konohajin... Quand bien même cela pouvait faire honte à la mémoire de maman, je voulais vivre avec mon temps. Le passé n'était que le passé. Ma génération devait aller de l'avant. Je cachais le dossier dans un coin de ma tente avant de me préparer à sortir prendre l'air et souffler un peu pour digérer cette lecture peu agréable. J'avais même le ventre noué. Lorsque je sortis à l'aide de mes béquilles, je tombai nez à nez sur mon amie Ema. Elle tombait bien. Je restais figé devant elle en la regardant avec des yeux emplis de tristesse suite à ces derniers jours. J'aurais voulu la serrer dans mes bras pour y trouver du réconfort et du soutien. Alors je lui souriais légèrement, un peu gêné de mon état :

« Ema... je voudrais te prendre dans mes bras là maintenant, mais... »

Je montrais des yeux mes béquilles, témoignage de mon handicap provisoire.

« Tu tombes bien... »

Elle savait sûrement qu'elle m'avait manqué elle aussi, mon coma et un aller vers l'onirique où j'avais rencontré l'âme de ma mère, tout ça n'était maintenant qu'un amas d'images et de bribes de conversations, et puis vint un séjour à l'hôpital et le fait qu'Ema était occupée ailleurs : oui nous ne pouvions pas passer autant de temps ensemble qu'avant.
Je fis mine de ne pas faire attention quand elle avait failli prononcer le nom de Kioshi. Le sujet était sensible certes, mais ce nom n'était pas à bannir car il était une part de mon histoire et de ma famille. Pour les Yamada il resterait toujours. Après, le village en ferait ce qu'il voudrait...

« Non non ça ira mais merci. Ici je suis proche des miens et je peux aider, d'une certaine façon. »

Il y avait toujours de l'aide à apporter, quelque soit la manière dont on s'y prenait : occuper les plus jeunes par exemple. Ce n'était pas des gamins de 3 à 6 ans qui allaient aider les plus âgés au travail.
Je m'installais sur mes cousins posés eux même sur le matelat, Ema me laissa ce confort tandis qu'elle se positionna juste à même le sol. Heureusement pour elle, il y avait un léger tapis qui recouvrait le sol de l'intérieur de la tente car je n'aimais pas vraiment dormir dans le sable comme mon cousin.
Vint le moment où je lui dis ce que j'avais à dire à propos de ma mère et de ma vision des choses, des dirigeants et de ce que je voulais être possiblement. Elle prit ma main dans la sienne et m'annonça qu'elle allait me dire quelque chose de froid. Je l'écoutais, et même si cela me faisait mal au cœur, je savais qu'elle avait raison. Ma mère avait fait son devoir. Mais tout de même, envoyer quelqu'un qui avait une famille au suicide... Je restais silencieux en soufflant par acceptation des faits.

« T'as raison. »

Elle avait confiance en nous, elle le disait. Cela rejoignait mes dires : nous étions l'avenir en quelque sorte. Ceux d'une génération qui n'avait aucune envie de réitérer les même erreurs que ceux d'avant. Ou alors n'y avait-il que nous. J'appréciais la chaleur de sa main serrant la mienne, le tactile accentuait toujours les propos de quelqu'un et leur donnaient de la valeur. Ici c'était le cas.
Surtout quand elle me disait que j'étais l'homme le plus intègre qu'elle connaisse, que je ne faillirai jamais à Suna, mais qu'il ne fallait pas que je laisse notre Sensei endurcir mon cœur. Mon cœur serait ma force. Pourtant mon cœur était meurtri aujourd'hui. Comme j'avais toujours eu la particularité de faire fonctionner la tête un peu plus que ce dernier, au contraire de Kioshi, je me disais qu'il fallait que je continue dans cette direction. Mon cerveau était mon arme et mon outil. Le cœur devait être préservé. Ema avait besoin que je reste moi-même. Je vis des larmes couler de ses yeux.

« Hé ! (dis-je doucement) Je serai toujours moi, mais nous grandissons aussi. Tu sais quand nous étions à l'Académie, nous pensions être plus matures que les autres à cause de nos pertes. Les autres enfants semblaient si candides... Aujourd'hui je me rends compte que nous avons encore beaucoup à gagner en maturité pour faire la part des choses et nous protéger nous-même. Tu le sais aussi. »

Je pris un moment de pause.

« Tu vois... le départ de Yell, mon coma, la désertion de Kioshi et la disparition de Yami : tout ça m'a atteint ici (je montrais mon cœur). Si je veux protéger cette partie pour la laisser intacte à l'avenir et ne pas dépérir : je devrais en quelque sorte poser des barrières pour le préserver. Ces barrières seront mentales ou autres, je ne sais pas encore. Mais je ne veux plus qu'on puisse m'atteindre ou m'affecter aussi facilement par les sentiments. C'est un moyen trop simple pour ceux qui savent à qui l'on tient de nous faire tomber ensuite. Mon cousin en est un exemple... Et...pour ceux que j'aime déjà, cela ne change rien à l'amour que je leur porte rassure toi. »

Le secret était peut-être juste de cacher ces choses là et ne pas être démonstratif. Se préserver était la clé.

« Et de toute façon moi aussi j'ai besoin de toi plus que jamais haha. Je me retrouve presque seul là... »

Référence à Yell, Kioshi et Yami, trois êtres super proches qui n'étaient plus là pour des raisons différentes. Un vide à supporter. Ema disait alors être désolée pour ma mère mais elle n'avait pas à le faire. Combien de fois nous l'étions nous déjà dit ? Aujourd'hui était juste une confirmation sur les faits. Rien de plus grave que sa mort en soit. Mais un autre mystère à aller fouiller : les actes mystérieux de Shorui dans cette affaire. Pourquoi était-il parti à la recherche du corps de ma mère ? Curieuse histoire. Mon amie me prit dans ses bras et je l'acceptais chaleureusement en lui tapotant le dos doucement.

« Tu peux compter sur moi aussi. »

L'étreinte se termina quand j'y mis fin pour lui demander à mon tour des nouvelles :

« Comment vis-tu tout ça toi ? Là on a parlé de moi, mais j'espère que tu vas bien toi aussi. Si jamais tu as un quelconque soucis ou n'importe quoi, je suis là pour en parler. »

C'était la pure vérité. Cela ne servait à rien de ruminer en cachant des choses. Moi je me sentais mieux : j'avais pu partagé l'histoire de ma mère avec elle.

Ema semblait me comprendre dans l'ensemble même si c'était de manière résignée. Je la connaissais bien pour le voir. Aussi elle conclut mes dires sur une question générale à laquelle nous ne pouvions pas vraiment répondre pour le moment.

Je lui rappelais alors que j'étais là pour elle en lui demandant comment elle allait en ce moment. Elle tenta de plaisanter car tout était dur. Ce qui était arrivé au village et à nos proches... Ema continua, moi je ne faisais que l'écouter en silence sans l'interrompre pour ne pas influencer ses propos. L'écoute était parfois la meilleure preuve de confiance et d'amitié. Elle s'était sentie impuissante pendant l'attaque, elle croyait avoir tué le Raïkage, elle était tombée sur mon corps sans vie, et s'était trouvée en colère à cause de celui qui s'appelait Jiseyama. Elle le haïssait, et moi je ne le voyais pas non plus d'un bon œil pour tout dire. La merde dans laquelle on était c'était lui qui l'avait fait tomber en faisant son attentat. Mon état de handicap, c'était sa sbire portant le numéro V qui me l'avait causé. Ces gens là devaient être éliminés ou corrigés, bien que raisonner de tels cas soit quasi impossible.
La suite fut encore plus triste et je sentais la tristesse de ma meilleure amie m'envahir à grandes gouttes. Pourtant je devais me montrer fort. Et alors qu'elle se recroquevillait et sanglotait, je me passais mon bras par derrière son dos pour tenter de la réconforter chaleureusement. C'est là qu'elle lança une nouvelle qui eut l'effet d'une bombe : elle portait l'enfant de Kibo en elle.

« Que... »

Je ne voulais pas jouer la carte du type surpris pour ne pas accentuer la gravité de ce que ça signifiait.

« Et ben au moins tu finis sur une bonne nouvelle non ? Si c'est vrai, je vais devoir être là pour toi. Tu auras ma protection je te le garantis. »

Je me tournais vers elle pour un câlin dont le but était de lui faire tomber toutes les larmes de son corps. Elle devait le faire maintenant pour avancer plus tard.

« Si tu veux pleurer, vas-y fais le, mais fais le maintenant. Evacue tout ce que tu as sur le cœur et laisse toi aller. »

Mon ton était un peu dur et réaliste. Elle devait comprendre certaines choses. Mais mes gestes étaient en opposition car je lui shampouinais le dos doucement le temps qu'elle finisse de pleurer.

« Tu n'es pas inutile en plus, nous sommes les deux seuls à avoir été promus chûnin à l'examen, ça te fait rien ? Et en ce moment tu es bien plus utile que moi avec mes béquilles. Le plus dur est passé, mon quartier on y peut rien c'est arrivé c'est tout, si tu ressasses le passé on y arrivera pas, il faut aller de l'avant. »

Je continuais en lui rappelant un souvenir de nos premiers instants passés ensemble.

« Tu te souviens à l'académie quand tu as foncé sur Enko comme une furie parce qu'il s'en était pris à moi haha ? Tu es forte Ema, tu as toujours été quelqu'un sur qui on peut compter ! »

Je restais proche d'elle après ça jusqu'à ce qu'elle ait terminé de pleurer. C'était la moindre des choses que je puisse faire. Par contre je n'avais pas envie de parler de la mort du Raïkage, ce serait encore un sujet à craintes et elle était déjà assez mal comme cela. S'il fallait, elle en parlerait à Kibo ou à quelqu'un de compétent au village pour savoir quoi faire ou dire.
Maintenant qu'elle semblait avoir fait tomber toutes ses larmes, je m'écartais pour la regarder dans les yeux avec un sourire qui appelait la joie.

« Félicitation pour le bébé. C'est tout neuf ? Dis moi si je dois rien dire, mais bien sûr j'en parlerai pas ! Essaye de voir ça du bon côté aussi. Même si te connaissant je pense que c'était pas prévu ? Ah et... je prends de l'avance mais j'ai intérêt à être parrain sinon... »

Nous étions encore jeunes pour avoir des gosses mais bon....
Une fois que nous aurions terminé sur le sujet, je lui rappellerai que le conseil de clan nous attendait, il faudrait se bouger pour y assister.

PNJ présent : Yamada Arashi

Ema semblait sur la même longueur d'onde sur le fait que nous devions grandir. Nous avions déjà grandi même. Je n'étais plus le même qu'à l'académie et elle non plus. Pour le bébé, elle m'avait répondu et je voulais la rassurer.

« Je comprends parfaitement Ema. Mais tout se passera bien ! » tentais-je dans un clin d'oeil.

Il le fallait. Sinon elle ne le supporterait pas, son homme non plus, et moi non plus dans une certaine mesure et vis à vis d'elle. Ensuite elle me tendit sa main en me rappelant comme je le savais que le conseil clanique allait commencer. Je me relevais avec son aide et récupérais mes béquilles pour marcher tout seul. Une légère mais subite douleur survint à l'intérieur de mon crâne, me faisant froncer les sourcils et me crisper le visage le temps que ça passe. Cela semblait surprendre mon amie alors je lui expliquais :

« Désolé... petite douleur au crâne suite à ma fracture. J'en ai souvent, des plus ou moins grosses. Le médecin ne sait pas combien de temps ça durera. »

Pas jusqu'à la fin de mes jours j'espère ! Après ça nous rejoignons le conseil qui s'était formé autour d'un grand feu. La nuit était tombée, la majorité du clan était présente pour l'occasion. On savait tous que c'était de la plus grande importance. Qui plus est, c'était aussi l'occasion de rendre hommage à nos morts une ultime fois depuis les attentats perpétués à Suna.
Mon père était là, ceux de sa génération et les anciens aussi. Quelques rares Yamada en mission n'avaient pas pu se libérer. Tout le monde avait plus ou moins pris connaissance du vœux de Kioshi de placer Arashi à la tête du clan. C'était écrit noir sur blanc. Maintenant cette réunion était faite pour en parler et prendre une décision. Accepter, refuser, ou proposer quelqu'un d'autre.

Avec Ema je me m'asseyais non loin de mon père, l'ambiance était celle des Yamada. Certains la saluèrent même parce qu'ils la connaissaient plus ou moins de vue depuis son enfance. Mon père lui fit un simple clin d'oeil pour lui signifier que c'était sympa de sa part d'être ici avec moi. On ne devinait pas forcément le sous entendu mais la Zenzaburo le connaissait assez, elle, pour comprendre.

Ce fut, comme le voulait la tradition, le plus ancien d'entre nous qui lança officiellement le conseil de clan. Un dénommé Yamada Jijuro. Il n'avait plus de cheveux depuis le temps et arborait une barbe blanche foisonnante. Ses traits étaient détendus mais pas moins ridés à cause de son âge avancé. Sa voix était assurée. Pourquoi lui ? Parce que le plus ancien menait la danse en l'absence d'un chef nommé.

« Bien. Vous êtes là. Ce soir nous avons à discuter de l'avenir de notre clan. Notre chef, Yamada Kioshi qui était pourtant prometteur s'en est allé suivre son cœur. C'est un vilain défaut, mais que nous comprenons tous ici n'est-ce pas ? »

Le silence était de mise, mais beaucoup répondirent d'un hochement de tête ou d'une affirmation. Nous étions un clan chaleureux dans l'ensemble. Pourtant... Jijuro poursuivit son discours avec plus de gravité :

« Mais. Ses déclarations écrites restent impardonnables ! Tout comme ce qu'elles contiennent... Nous le considérerons de ce fait comme un traître même parmi les nôtres. C'est un fait. Et si la tradition Yamada veut d'ordinaire que nous accordions bien plus de véracité aux propos tenus par voie orale... Kioshi a fait son choix en choisissant la voie écrite pour fuir. Il a trahi notre confiance à tous, ainsi que celle de son oncle Arashi et de son cousin Tetsui. C'est impardonnable !! »

Jijuro s'était légèrement emporté, pris par la colère et la déception qu'il ressentait. Du coup il avait légèrement postillonné devant lui. Peu importe, le silence résonnait maintenant. Presque comme une acceptation de tout ce qui était dit, le mal était fait après tout. Nous ne pouvions que faire avec.

« Maintenant... je voudrais que nous rendions hommage à nos morts. Cette attaque perpétuée sur Suna a emporté avec elle de belles âmes. Nous ne les pleurerons jamais assez c'est certain. Profitons cependant du fait d'être rassemblés ici ce soir pour leur offrir une minute de silence. »

Il ferma les yeux et l'hommage commençait. Je pris la main d'Ema par automatisme pour y chercher une quelconque forme de soutien. Puis je fermais les yeux moi aussi pendant une minute.
Je les rouvrais ensuite et observais avec tristesse que d'autres pleuraient ou avaient la larme à l'oeil. Ce n'était pas mon cas ce soir... Ceci fait, la suite de la réunion allait porter sur la nomination de notre nouveau chef. Et pour cela il faudrait resituer à tous que Yamada Arashi, mon père, était pressenti pour ce rôle parce que depuis l'attaque de Suna il avait su mener le clan même dans la détresse et la galère. Il s'était montré digne et avait sans aucun doute les épaules et le moral pour endosser ce rôle.

HRP:

PNJ présent : Yamada Arashi

J'avais discrètement réchauffé Ema par le biais de ma main quand elle m'avait demandé de lui prêter ma chaleur. Les soirées étaient fraîches à Suna. Puis après ce fut moi qui attrapais la sienne pour le côté rituel de la minute de silence. Les yeux rouverts, ce moment terminé, l'hommage à nos morts était fait.

« Qu'ils reposent en paix. » clôtura l'ancien.

Yamada Jijuro regarda l'assemblée puis insista sur mon père.

« Arashi, tu peux t'avancer. Le moment est venu. »

Mon père se leva aussitôt et marcha d'un pas assuré aux côtés de celui qui menait le conseil jusqu'à présent. Il salua tout le monde par politesse parce qu'il serait amené à parler très prochainement.

« Vous n'êtes pas sans savoir que Yamada Kioshi, malgré son nouveau statut, a écris une lettre à Tetsui en indiquant dans celle-ci que Yamada Arashi serait le meilleur choix pour nous guider après lui. Ce dernier a fait ses preuves, il a l'expérience, la maturité nécessaire, et une droiture non négligeable. Sans lui... nous aurions eu bien du mal à nous relever de l'attaque de Suna, car il a su nous mener en nous redonnant du courage. Il a pris des responsabilités quand Kioshi était moins présent et quand celui est parti. Par conséquent : il ferait un bon chef pour le clan. Et je lui donne ma voix. »

Jijuro fut très solennel sur la fin. Il fallait savoir qu'avoir la voix de l'Ancien était bénéfique. Cela signifiait beaucoup.

« Maintenant, la question Arashi, est de savoir si toi tu t'en sens capable et si tu accepterais ? »

Mon père semblait sûr de lui. Il regarda Jijuro puis l'assemblée avant d'annoncer en guise de réponse.

« J'accepte. Le clan ne manquera de rien. Nous avancerons dans la bonne direction et nous nous relèverons. Le départ de Kioshi, mon neveu, a colporté des bruits à notre encontre. Il est clair que notre image en a pris un petit coup et qu'il nous faudra montrer que notre fidélité à Suna est toujours la même. Ils sauront que la présence du clan Yamada est vitale pour le village. »

J'en pensais la même chose pour ainsi dire. Les autres comprenaient eux aussi, sans doute qu'ils étaient du même avis. Peut-être avaient-ils subi de petites remarques sur leur nom depuis. Ou peut-être n'y avait-il que moi. Qui sait... Une petite boutade en ajout vint adoucir les propos de mon père.

« Et puis... avec la plupart des Kawaguchi partis à Odaïchi, qui reste-t-il ? Haha. Sans nous et nos dons sensoriels les escouades de surveillance du désert auraient du soucis à se faire ! »

Ce fut maintenant Jijuro qui reprit la parole.

« Voilà qui est dit. La tradition veut que ce soit l'ancien chef de clan qui nomme son successeur. Nous savons ce qu'en pensait Kioshi par sa lettre. Arashi est d'accord, il est le seul candidat. Personne d'autre ? »

Il regarda l'assemblée en cercle et personne ne broncha dans les premières secondes. Le silence dura et resta. Il n'y avait personne d'autre avec la prétention de prendre la place de chef du clan. L'un se permit même de dire qu'Arashi était un bon choix, ce que que les autres affirmèrent eux aussi. Le reste se passerait uniquement par voix orale. Les témoins étaient là.

« Si personne ne s'y oppose... »

Mon père se mit face l'ancien qui vint chauffer légèrement sa main pour la rendre chaleureuse et l'apposer sur le front du nouveau chef.

« Yamada Arashi, je te nomme à partir de ce jour et jusqu'à ta mort, chef du clan. Tu seras celui qui guidera les nôtres. Nous te suivrons. »

Papa ferma les yeux pendant le geste et quand il les rouvrit il était chef du clan. Une nouvelle ère commençait ce soir pour les Yamada.

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