Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis la mort de Shinji et je n’avais toujours pas changé ma routine quotidienne qui n’était qu’un mélange d’alcool, prostituées et autres substances illicites. Je n’étais pas du genre à chialer, du coup je faisais mon deuil à ma manière. Ce n’était pas la forme mais plutôt le fond qui importait non ? Enfin une connerie dans le genre. Une chose était sûre cependant, l’Akuzu était le seul ami que je n’avais jamais eu. Ami humain bien entendu. Car oui, mon cœur n’appartenait qu’à une seule « chose », Nagini, mon anaconda domestique. Elle était la seule qui me comprenait vraiment. Mais bon, je ne vais pas le cacher, la disparition de mon ami-frère m’avait sacrément cassé les couilles. J’essayais donc de penser à autre chose, en m’abandonnant à la luxure et autres soirées orgiaques. Inutile de vous dire que j’avais considérablement négligé mon entrainement ces derniers mois, ainsi que mon devoir de ninja. Je me souvenais même plus de la dernière mission que j’avais effectuée. Etais-je encore un shinobi ? Si ça se trouve on m’avait viré,  je ne le savais même pas. C’était franchement la merde. J’essayais de sauver les apparences afin que mon daron ne me coupe pas les vivres. Je m’étais même inscrit à l’Examen Chûnin pour brouiller les pistes. Mais il faudrait tout de même que je m’entraine un peu, non ? Je n’avais pas envie de me ridiculiser devant tous le village en plus. D’après ce que j’avais entendu, d’autres villages devraient y participer aussi. Non, c’était sûr, fallait que je me défonce comme le Prince que j’étais.

Mais ça n’allait pas être ce soir. Du moins, j’allais me défoncer d’une toute autre manière. Comme presque tous les soirs, j’étais dans cette boite, le Heaven’s Night, à regarder des femmes très peu vêtues danser pour moi. La soirée venait de commencer, mais bizarrement je n’étais pas vraiment d’humeur. Etais-je en train de me lasser ? Wow… Si je ne prenais plus plaisir dans la débauche, que me restait-il ? Ma vie de shinobi ? Oh non… Je me donnai alors quelques claques et je tentai d’apprécier le show qui, il faut le dire, commençait à être assez redondant. Je me levai ensuite et me dirigeai vers le bar. Je m’assis alors à côté d’un gars encapuché et très chelou. Je le regardai de haut en bas puis me concentrai sur le serveur.

« Comme d’hab. Et magnes-toi. »

J’étirai ensuite les muscles de mon corps, frôlant au passage le type assis à côté de moi. Puis je m’affalai  sur le comptoir attendant mon verre et que cette soirée donne enfin un sens à ma vie…

♫:

L'entraînement, c'est chouette! La détente, c'est mieux! J'ai passé une rude journée dans le désert à approfondir ma maîtrise du Sunaton. Je n'ai pas économisé mes efforts et la dépense de chakra a été soutenue et conséquente. Mon corps proteste à chacun de mes mouvements et je sais déjà que je vais dormir comme un bébé ce soir. Mais avant ça j'avais envie de venir boire un verre au Heaven's Night pour fêter avec moi-même cette journée prolifique. L'alcool a le don d'alléger l'esprit et puis j'ai bien mérité de me relaxer un peu...

C'est donc dans le bar de Tsukiko que je suis entré en début de soirée. Et les verres se sont finalement enchaînés. Profitant de mon nom - qui voudrait se mettre à dos un cousin de la propriétaire? - pour obtenir faveurs et boissons gratuites, je me retrouve adossé au bar avec un verre d'alcool fort à la main. Attitude pacha, une femme de chaque côté... Il y a pire! Je gratifie l'une d'elle d'une fessée sonore tout en l'envoyant chercher encore l'une de ses copines. Je ne veux pas dormir seul ce soir! Mais pas forcément avec une seule femme...

C'est plus ou moins à ce moment qu'un type vient passer commande à côté de moi. Le regard qu'il me décoche et la façon qu'il a de m'observer de la tête au pied comme si j'étais un moins que rien fait directement exploser mon quota de patience. Je soupire et écrase ma clope au fond du cendrier. Je sens qu'il va y avoir du sang sur le comptoir dans les trois prochaine secondes. La prostituée à mes côtés perçoit sans doute ce qui va arriver puisqu'elle me retient et me décoche un sourire accompagné d'un geste négatif de la tête. Ok, va pour cette fois...

Je m'apprête à explorer les courbes de ma partenaire quand l'autre décide de s'étirer comme s'il était seul au comptoir. Je ferme les yeux et me fend d'un léger sourire absent alors que je me dis que cette fois il y aura droit. Mais peut-être qu'il faudrait faire preuve d'un peu de subtilité tout compte fait. Je me vois plutôt mal expliquer à Tsukiko que j'ai déclenché une bagarre dans son bar, finalement... Je termine mon verre cul sec et congédie mon... heu... accompagnatrice!

- "Allez hop, j'ai du travail! Va rejoindre tes copines!"

Je le rattrape alors qu'elle s'exécute pour l'embrasser sans grand romantisme avant de laisser s'en aller. Juste à temps pour voir le barman servir un verre à mon irritant voisin. Je fais un mudras de la main et un fin filet de sable s'élève du sol pour venir élégamment s'écraser dans sa boisson. Oups...

- "On dirait qu'il y a du sable dans ton verre, l'ami!" c'te classe! "La prochaine fois que tu me touches il ira s'infiltrer ailleurs! Je laisse ton imagination faire le reste..."

Je ait tourner mon index au niveau de ma tempe pour l'inviter à réfléchir puis reporte mon attention sur mes copines d'une nuit. Ha tiens, je l'avais jamais vu la rousse! Je les siffle sans grande finesse et en désigne trois du doigt, dont la nouvelle! Quelques instants plus tard je ne suis plus trop quoi faire de ma bouche quand elles se joignent à moi. Si Suna devait être détruite je crois que je regretterais quand même le Heaven's Night et ses soirées de débauche...

Le mec juste à côté de moi se la pétait avec ses p… Ahem… Ses partenaires de soirée. S’il croyait m’impressionner, il se mettait le doigt de l’œil. Je continuai à le regarder de haut en bas alors que mon verre venait ENFIN d’arriver. C’est drôle, nous nous connaissions ni d’Adam, ni d’Eve, pourtant une véritable guerre froide semblait s’être installé entre nous. Et pour être franc, cela n’était pas à mon avantage. Pourquoi devrais-je me mesurer à un gamin aussi pédant. Peut-être parce que je me revoyais d’une certaine manière à travers lui. Oula ! Je n’allais décidemment pas bien. Je devais surement m’ennuyer à mort pour penser à des conneries pareilles. J’avais vraiment besoin d’un verre. J’agrippai donc le shot et le bu cul sec. Alors que ma gorge s’enflammait sous la douceur de l’alcool, je ne pus m’empêcher de ressentir cette désagréable sensation m’écorchant de l’intérieur. Il avait mis quoi dans ce foutu verre ? J’avais toujours eu une bonne descente. J’étais encore jeune. Mon foi était-il déjà foutu ? Et merde ! Ce n’est pas comme-ci je ne savais pas que ce jour allait venir un jour ou l’autre. Mais c’était un peu trop tôt non ?

Je fus pris d’une vilaine toux alors que des grains étranges me sortaient de la bouche. Mais c’était quoi ça ? Et c’est à ce moment que le mec d’à côté s’adressa à moi. Du sable ? C’était quoi ces conneries encore ? Mon regard se porta sur ce type, puis sur le barman qui d’un mouvement de mains se déchargea de toute responsabilité. Je reportai donc à nouveau mon attention sur l’inconnu. Ce mec se moquait de moi ! A quel moment il avait glissé ce sable dans ma boisson ? Ah mais non… Ne me dite pas que c’était un de ses types qui maniait le sable là. C’était quoi déjà leur nom ? Ah oui ! Les Kawamachintrucs ! Fallait qu’il vienne m’emmerder ce soir lui. La rage commença à monter. Mon manque d’entrainement réduisait ma résistance au sceau maudit. Mon corps se mit à trembler de colère, brisant le verre que je tenais en main au passage.

« P’tit con… As-tu la moindre idée de qui je suis ?… »

Mon bras prit une apparence monstrueuse. Des stigmates se formèrent sur ma peau et de longues griffes me poussèrent du bout des doigts en quelques secondes, fracassant une partie du comptoir au passage. Vous l’aurez compris, j’étais énervé. Mais je n’allais pas laisser un blanc bec se moquer éperdument de moi.

« Crois-moi. Cette fois je ferais plus que te toucher… »

Ma voix avait complètement changé. Elle était beaucoup plus grave et froide. Le sceau prenait peu à peu l’emprise sur moi. Par chance, je n’étais pas totalement transformé, mais un bras allait me suffire à donner une bonne leçon à ce farceur. Dans la rage, je lui balançai donc un coup de griffe au visage. On allait voir s’il allait s’amuser à foutre du sable dans le verre des autres après ça.

♫:

Il y a deux types de personnes qui viennent au Heaven's Night: ceux qui savent quand il est dans leur intérêt de laisser tomber et ceux qui n'ont pas la chance d'avoir cette capacité qui se révèle bien souvent vitale. Je lève les yeux au ciel lorsque l'autre commence à s'agiter, n'ayant plus le moindre doute quant à la catégorie auquel il appartient. Vous êtes témoins, j'ai pourtant tenté d'être conciliant. J'ai mis calmement les choses au clair. Après il est vrai qu'on peut me reprocher le petit tour avec son verre. Mais il n'en est pas mort que je sache? Et il reste encore bien assez d'alcool derrière le bar pour qu'il puisse rouler à terre avant la fin de la soirée...

Je tourne un regard indifférent vers lui lorsqu'il brise ce même verre. Qu'est-ce que je pourrai dire à Tsuki pour justifier le fait que je me sois à nouveau battu dans son bar? Que ce type se montrait violent avec les filles? Qu'il s'est attaqué à moi en premier et que je n'ai fait que se défendre? J'improviserai sur le moment! Pour l'instant il semblerait que je doive plutôt me concentrer sur un affrontement que je juge de plus en plus imminent.

- "Non, je ne sais pas qui tu es..." désolé mon pote, t'es inconnu au bataillon. "Mais tu es visiblement à la recherche de sensations fortes!"

Tant mieux! Je n'irai pas jusqu'à dire que je suis un philanthrope mais dans ce genre de cas je reconnais que j'aime bien rendre service. Lorsqu'il s'agit de faire ravaler sa fierté à un être inférieur je ne suis jamais le dernier. Ceci dit l'ivrogne ne semble pas vraiment conventionnel. C'est la première fois que je vois le bras d'un type se transformer comme il le fait. Mouais, je suis tombé sur un shinobi ou une aberration Saibogu. Au choix!

- "Ha... C'est nouveau ça!"

Je regroupe du sable à mes pieds en sachant que je ne me sortirai sûrement pas à l'aide d'un tour de passe-passe cette fois-ci. Ce faisant je renvoie à coups de claques sur les fesses les prostitués reprendre place au centre de la salle. Il ne faudrait pas abîmer la marchandise tout de même. Un soucis de moins. Je recule d'un pas lorsque l'autre fracasse une partie du bar et adopte un air ennuyé:

- "Je croyais que c'était après moi que tu en avais?"

Je fais le malin et je me drape dans un semblant d'assurance. Mais le changement dans le ton de la voix de mon adversaire ne me dit rien qui vaille. Serait-ce l'un de ces Henka Akuma? Je n'ai jamais eu le déplaisir d'en voir un mais quelque chose me dit que je ne vais pas aimer. Impression qui se confirme quelques secondes plus tard quand l'autre tente de ma déchiqueter le visage.

Fort heureusement j'ai eu le temps de m'y préparer même si l'attaque est plus rapide et soudaine que ce à quoi je m'étais attendu. Le silicium que j'ai rassemblé se soulève du sol pour venir former un semblant de bouclier qui s'oppose aux griffes de ce type. Insuffisant pour les empêcher de transpercer ma défense. Mais bien assez pour me permettre d'esquiver l'attaque d'un mouvement sur le côté.

- "Je te laisse quelques secondes pour te rappeler à quel point c'est agréable de pouvoir sentir son corps. Et ensuite je t'envoie directement au pays de la tétraplégie!"

Le sable que j'ai utilisé pour me protéger retombe en une fine pluie dorée avant de se stabiliser au niveau de ma taille. Il se regroupe alors à nouveau pour former un poing fermé que je propulse ensuite directement en direction de mon adversaire. Voyons voir s'il est aussi rapide lorsqu'il s'agit de se défendre. Si c'est le cas le bar de Tsuki risque de se retrouver dans un sale état. Les videurs n'ont pas encore réagis mais je les vois se regrouper. Ça va encore dégénérer en bagarre générale...

Mes griffes entrelacèrent un rideau de sable à peine formé et sensé servir de bouclier à ce foutu gamin. Je pouvais le sentir glisser en mes mains alors que sa défense de sable volait en éclat. Les grains virevoltèrent dans les autours, dévoilant le visage ravi du Kawaguchi qui avait esquivé mon assaut de peu. Mon œil gauche quant à lui avait complètement changé de couleur. Il avait pris une couleur jaune fluorescente et le blanc avait tourné au noir obscur. La rage était toujours aussi perceptible sur mon visage et mon esprit s’assombrissait de seconde en seconde. Instinctivement, mon subconscient tentait de résister à cet afflux de pouvoir qui fleurissait en moi. Mais paradoxalement, mon corps semblait vouloir se mouvoir tout seul et les provocations du jeune homme n’arrangeaient en rien.

« Ne me fais pas rire. Qu’est-ce qu’un gringalet comme toi pourrait me faire ? Me jeter du sable dans les yeux ? »

A ce moment, j’étais loin de me douter que j’allais regretter ces paroles dans la seconde. Ce gamin avait créé un poing d’une taille non négligeable et ce à l’aide de son maudit sable. Le temps que je me rendre compte de ce qui me pendait au nez, le Kawaguchi m’avait balancé son gros de bloc de minéraux en pleine face. J’eus juste le temps de me protéger le visage à l’aide de mes bras, puis je fus propulsé quelques mètres plus loin, détruisant au passage ce qu’il restait du comptoir. Ma course s’arrêta alors que mon dos se fracassa contre ces grandes étagères où étaient stockées les bouteilles d’alcool. Décidément, on avait créé un beau bazar. Sous les décombres, je pouvais entendre les danseuses hurlées de peur. Je me dégageais lentement des débris, dévoilant ma peau couverte d’écailles. Ouais, surement un instinct animal. Avant de me faire frapper par le poing de sable, j’avais modifié la texture de ma peau afin de rendre celle-ci plus résistante.

« J’espère que tu ne pensais pas m’avoir avec ta petite pichenette… Faudra faire mieux que ça ! »

Cette fois ce fut au tour de mes jambes de prendre l’apparence démoniaque. Elles avaient presque doublé en volume et je comptais bien m’en servir. Je bondis vivement  hors des décombres, je pris appui sur le plafond, puis me propulsa à toute vitesse vers le gamin, la plante de mon pied visant la tronche de ce frimeur. J’étais bien décidé à lui retirer cet air condescendant.

♫:

Tsukiko va me tuer! C'est la première chose qui me vienne à l'esprit lorsque mon adversaire volontaire s'écrase contre ce qu'il reste du comptoir puis termine sa course contre les étagères remplies d'alcool. J'observe avec un vague intérêt les bouteilles s'écraser sur le sol et grimace. Ma cousine ne va pas apprécier, c'est certain! Pas apprécier du tout...

D'autant plus que ce n'est pas la première fois que je cause quelques troubles dans son bar. Est-ce ma faute si cet établissement est rempli de types qui cherchent la bagarre? Qu'est-ce que je suis sensé faire? Les laisser me défoncer sous prétexte que je dois préserver le mobilier? Cette pensée me fait vaguement sourire alors que je reporte mon attention sur le type dont la transformation s'est accentuée. Je ne connais pas grand chose sur les sceaux maudits mais il ne faut pas être un génie pour comprendre un fait qui relève de la pure logique: plus la transformation est avancée, plus le possesseur est puissant.

Je regarde les écailles sur ce corps qui n'a pratiquement plus rien d'humain et fait une moue dégoûtée. C'est typiquement le genre de personnes qu'on devrait exécuter sans la moindre sommation. Et une preuve de plus que ceux qui peuplent Suna ne sont pas dignes de fouler ce désert. Je lève les yeux au ciel lorsque l'inconnu se relève et me fait remarquer qu'il faudra bien plus qu'une simple pichenette pour l'avoir.

- "Si je passe à la vitesse supérieure il ne restera plus rien de toi! Et, surtout, plus rien du bar..." je désigne de la main les prostituées. "Je préfère tirer mon coup dans des draps de satin à l'étage plutôt que dans des ruines fumantes. C'est sûrement mon côté raffiné qui s'exprime!"

L'autre revient à la charge mais ce n'est pas le seul danger dont je dois me préoccuper: les videurs ont enfin décidé d'agir et nous chargent en groupe. Ce qui dans le fond est plutôt une bonne chose puisqu'ils arrivent au contact plus ou moins en même temps que mon adversaire transformé. Ce dernier me décoche un coup de pied à une vitesse fulgurante et je n'ai pas le temps d'effectuer des mudras pour ériger une protection de silicium. Mais pour le coup je en ai heureusement pas besoin.

Il me suffit de profiter de l'élan d'un videur pour qu'il se prenne le coup à ma place. Et quel coup! J'entends les os de la mâchoire de mon bouclier improvisé se briser et un flot de sang s'écraser violemment sur mon visage. Et pour ne rien arranger il est propulsé sur moi. Sa masse imposante me repousse en arrière et je tombe au sol, sonné et étonné en même temps. J'ai sous-estimé la puissance de l'attaque de mon adversaire...

Ce qu'il se passe ensuite? Je me ramasse quelques coups de pieds au sol avant de réussir à faire rouler sur le côté le type assommé grâce à mon sable. Puis je me relève et envoie le même silicium se loger dans la gorge d'un autre videur. Ces derniers nous ont encerclés et formé deux groupes pour nous séparer. Et malgré mes efforts il devient effectivement compliqué de me battre avec l'homme transformé.

- "Je suis le cousin de Tsukiko!" visiblement ça ne suffit pas à calmer leurs ardeurs puisque je dois me baisser pour éviter un coup de bâton. "Hey l'affreux, qu'est-ce que tu dirais d'un petit temps-mort? On s'occupe de ces gêneurs et je continue de te faire bouffer le mobilier, ok?"

Cette... alliance est un brin étrange mais je suppose qu'elle est plutôt naturelle vu les circonstance. Je bloque le bras de celui qui vient de tenter de me frapper et le brise d'un mouvement sec sur mon épaule. Un de moins! Je fais ensuite un bon en arrière et essuie le sang - mélange de ceux des videurs et du mien - qui macule mon visage d'un revers du bras. J'espère que Tsukiko sait ou engager du personnel parce qu'elle n'aura plus beaucoup de gorilles pour assurer la protection de son établissement à ce rythme...

Quel lâche ! Il s’était servi d’un de ces misérables gêneurs comme bouclier. Je ressentis un bonheur intense à sentir cette mâchoire se briser sous la plante de mon pied. Malheureusement, ce bonheur fut de courte durée alors que je remarquai qu’il ne s’agissait pas de ma cible. A en juger par son style de combat, le corps à corps n’était pas son point fort. Il devait surement l’être l’un de ses ninjas qui se battent à des kilomètres de leur adversaire sans recevoir la moindre égratignure. Je pourrais mettre ma main à couper, il ne devait surement avoir ne serait-ce qu’une petite cicatrice sur sa peau de porcelaine. Enfin, je pouvais parlais, mais je n’en avais pas non plus… Mais j’avais une bonne raison à cela ! Mon sceau me conférait une régénération cellulaire hors du commun. En bref, je cicatrisais relativement plus vite que la moyenne. Je me souviens à quel point j’avais galéré pour trouver un moyen de me faire tatouer, sans que le dessin ne disparaissent au bout de quelques heures. Finalement, j’avais trouvé un pro du Fuinjutsu pour le faire, ça m’avait couté la peau du cul et… Hé non mais je divague là !

Pour en revenir à nos moutons, ma rage ne diminuait pas alors que ma proie m’avait à nouveau glissé entre les doigts. Le sceau maudit avait déjà envahi une bonne partie de ma volonté. Au point où j’en étais, pourquoi résister ? Je laissai donc le pouvoir m’envahir, finalisant ainsi ma transformation. J’avais rarement dévoilé ma forme complète, mais mon manque d’entrainement ne me permettait pas de contenir le Henka Akuma plus longtemps. Ma chevelure brune se dressa et s’hérissa sous l’effet du chakra qui se dégageait à vue d’œil de mes cellules. Une paire d’ailes apparut ensuite dans mon dos, achevant ainsi, telle la cerise sur le gâteau, mon apparence démoniaque. A ce moment, je n’étais plus humain, ni maître de moi-même. Je ne faisais que grogner et baver telle une bête sauvage. Comme je détestais être dans cet état. Ce n’était visiblement pas digne de mon rang. J’avais l’air d’un piètre sauvage échappé de sa jungle. Mais tant qu’il me restait des forces, je ne pouvais pas faire grand-chose, si ce n’est que de subir cette situation.

A un moment, j’entendis le blanc-bec s’adresser à moi. Oui, je l’entendis, mais le compris qu’à moitié. Ma conscience était voilée par le sceau. J’avais l’impression d’entendre un langage qui m’était tout à fait étranger. Et puis tous ces cris autour de moi ne faisaient que m’irriter davantage. Ils  faisaient écho en moi, créant ainsi une véritable cacophonie qui m’était tout bonnement insupportable. Et cela valait également pour le démon en moi. Ne pouvaient-ils pas la fermer ?! Alors que je m’apprêtais à littéralement sauter à la gorge de l’une de ces prostituées qui s’égosillait d’effroi, un groupe de types se mit à me charger. Qu’est-ce qu’ils me voulaient ceux-là ? Ce n’est pas en me provoquant de la sorte que j’allais sortir de cet état second. D’un mouvement d’aile, je balançai l’un d’entre contre un mur plus loin. J’enchainai ensuite avec un vigoureux coup de la corde à linge sur deux autres. Et je terminai en écrasant le dernier à coup de pied marteau. Un véritable carnage, dont le maitre du sable avait également contribué. C’est alors que ces connes de danseuses tentèrent de s’enfuir, en se précipitant vers l’extérieur. Je ne pouvais plus supporter leurs cris de femelles apeurées. J’en fauchai une au passage, lui brisant surement quelques côtes, « sans faire exprès »… Quelles petites choses fragiles. Je leur barrais le passage. J’en saisis une au niveau du cou et la soulevai tel le poids plume qu’elle était.

« Tu vas la fermer maintenant… »

Putain, mais qu’est-ce que je fais ?! Je resserrais progressivement mon étreinte. Merde, si je continue je vais la tuer ! Mais pourquoi ? Pourquoi je n’arrive pas à m’arrêter ? Non, non, je ne veux pas la tuer ! Aide-moi gamin ! Bouge ! Malheureusement, personne ne pouvait entendre ses paroles. J’étais devenu esclave du sceau…

Mon regard s'attarde un instant sur les hommes de la sécurité avant de se poser sur mon premier adversaire. Ce dernier change entièrement de forme pour adopter celle d'une créature qu'on rencontre plutôt dans les livres que dans la réalité. C'est pas bon! D'autant plus qu'il n'a pas l'air très réceptif à ce que je lui dis, comme porté par un instinct plus proche de l'animal que de l'être humain. Il est la plus grande menace à l'heure actuelle et les agents du bar l'ont bien compris puisque leur attention se porte presque exclusivement sur lui.

- "Écœurant..."

C'est bien du dégoût qui se lit sur mon visage. Cette chose ne m'inspire rien d'autre qu'un violent rejet. Comment peut-on laisser vivre des humains porteurs d'une telle malédiction. On extermine bien les Gogyou à la naissance. Pourquoi ne pas étendre cette règle? À la destruction de Suna ou lorsque j'en aurai pris le contrôle, l'une de mes premières décisions sera sans doute de procéder à une épuration de la population. Simple mesure de bon sens...

La chose ne s'en prend pourtant pas à moi mais plutôt à l'une des prostitués. Tsukiko n'appréciera guère qu'on s'en prenne à la marchandise. Un agent de la sécurité ne génère pas de richesse mais une vendeuse de charmes, en revanche... L'inconnu s'en prend au personnel qui tente de l'arrêter puis blesse sérieusement l'une des demoiselles avant d'en saisir une autre à la gorge. Je soupire: je vois mal comment je pourrais justifier ma passivité alors que ça se passe juste sous mes yeux. Qui va devoir s'y coller?

- "Je m'en charge les amateurs!" je m'adresse bien aux garde encore debout. "Barrez-vous!"

J'effectue alors une série de mudras et le sable présent autours de nous se regroupe à la base des jambes du monstre avant de remonter progressivement le long de son corps pour l'emprisonner presque entièrement. Je lui ai laissé la tête libre. Tout comme la main tenant la prostituée. Je m'approche alors du duo et forme une épée de silicium dans ma main.

- "Puisque tu parles je vais partir du principe que tu peux aussi entendre!" je pose la lame sur son poignet. "Dans le doute je vais faire aussi simple que possible: tu la relâches ou tu te trouves une nouvelle main!"

Dur de faire plus direct je crois? Je tapote légèrement l'endroit ou je prévois d'enfoncer ma lame histoire de souligner ma résolution. S'il ne comprends pas ce que je dis il aura au moins compris ce petit avertissement. Quoique... Je ne sais pas grand chose des Henka Akuma. C'est même la première fois que j'en vois un de mes yeux. Toujours est-il que si ce monstre ne relâche pas la fille je vais lui faire sa fête!

- "Allez, lâche la baballe!"

Peut-être que c'est comme des chiens en fin de compte! Faut juste leur prouver qui est le maître et après on a plus aucun soucis...