C’était sincèrement épuisant. Le jeune homme continuait de marcher dans le désert, presque inlassablement. Enfin, il était ennuyé, il ne pouvait pas le nier. En l’espace d’à peine trois jours, il avait dû traverser tout le pays du Vent, tout ça pour trouver des fleurs très particulières. Avec celles-ci, qu’il avait soigneusement ramassées, il allait pouvoir soigner des patients de l’hôpital. Ce n’était pas une mission, non : c’était simplement ce qu’il voulait faire. Il avait prévenu sa sœur qu’il allait être absent pendant plusieurs jours ; elle avait boudé, bien sûr, mais elle avait compris. Elle le connaissait, justement, son frère, et il savait qu’il était obligé de faire ça. Obligé par lui-même. Il s’en serait voulu, autrement. Et puis, il avait le cœur sur la main, et il ne souhaitait qu’aider les gens. Il était comme ça. Il avait toujours été ainsi ; et ça lui attirait beaucoup d’ennuis, en réalité… Jouer au brave pour aider les autres, cela lorsqu’on est faible et qu’on répugne à se battre est plutôt suicidaire. Mais il avait toujours su compter sur une chose : sa chance. Oui, l’enfant de la pluie, comme certains l’appelaient, pouvait aussi être surnommé « le créateur de chance ». C’était son alliée la plus fidèle : elle le suivait partout. Un Ninja bien supérieur l’attaquait ? Pas de souci, un supérieur se trouvait juste à côté. Presque comme s’il suivait Takeshi. Une bagarre générale ? Il arrivait miraculeusement à se faufiler entre les géants et à fuir. Oui, la fuite était une option adorée par Takeshi.

En même temps, ce n’est pas comme si un Shinobi de Suna, agissant dans un désert alors qu’il maîtrisait le Suiton était très utile. Enfin, si, il pouvait créer de l’eau, bien sûr. C’était ce qu’il faisait toujours, les oasis étant plutôt rare. Quoiqu’il en soit, il se mit à réfléchir. Le village n’était qu’à trois heures de marche d’ici. Il était exténué après sa collecte, et prendre une pause avant de revenir en pleine forme pour affronter sa sœur, ne serait pas du repos… Enfin, affronter. Supporter. Disons qu’après quelques jours d’absence, elle voulait passer au moins toute une journée avec lui. Oh, il avait une idée. Il lui cuisinerait des nouilles, lorsqu’il rentrera. Il lui montrera à quel point il s’est amélioré dans ce domaine… La cuisine, quoi. Enfin… Il était sûr de s’améliorer, peu importe ce qu’il faisait, vu son niveau de base pathétique. Ok, elle était meilleure que lui. Le monde ENTIER était meilleur que lui. Mais… Il essayait, oui, il s’entraînait encore plus à la cuisine qu’à la médecine. Mais ça ne rentrait pas… Peut-être allait-il trouver un maître, ou quelqu’un capable de le former ? Peut-être même allait-il trouver cette personne bien plus tôt que prévu…

Quoiqu’il en soit, il décida de se créer un campement provisoire. Sans tente ? Il jeta ses affaires sur le sable et s’allongea. Aucune élégance, oui. Mais la fatigue était trop forte. Il allait presque s’endormir sur le sable. Il savait que c’était stupide, et qu’il pouvait même en mourir s’il ne se relevait pas. Mais il ne pouvait plus bouger. La fatigue. La blessure à la jambe qu’il avait reçue là-bas, alors qu’il avait été chargé par un sanglier. Il n’avait pas voulu blesser l’animal. Au final, il en avait pâti. Et il n’avait plus d’argent pour prendre une caravane officielle ; elles étaient trop souvent détournées, de toute manière. Il allait faire une pause, là, oui, tout de suite. Il en avait besoin. C’était immature et insensé : il avait l’habitude. Dire qu’il faisait ça pour sauver des gens… Et qu’il allait peut-être mourir de fatigue, déshydraté, là, en plein dans le sable. Quelle mort stupide pour un ninja… En plus, il ne serait jamais retrouvé, et son corps allait être enfoui par le sable. Tant pis. Cela devait être le destin, en fait, cette chose en laquelle il n’avait jamais voulu croire.

Une fin pathétique pour un ninja pathétique.

A moins que… A moins que son esprit ne le trompât pas, et qu’il voyait bien une silhouette fluette et mignonnette se rapprocher de lui, pas à pas. Il tendit le bras, et dit alors, presque implorant… et en gémissant plus qu’en parlant, en réalité.

« De l’eau… s’il-vous-plaît… juste ça… »

Son bras s’abattait sur le sol. Las, fatigué.

Spoiler:

Elle s'était déjà perdue. Dans un univers qui lui était totalement inconnu, elle s'était égarée du droit chemin, de toutes ces pensées dîtes « bonnes ». Oui, perdue dans des nouvelles pensées qu'elle trouvait géniales. On lui avait dit pourtant de ne pas partir chercher son passé car elle pourrait finir déçue, trahie ou encore blessée. Pourtant elle s'était lancée dans cette quête «  folle » car elle n'avait rien à perdre après tout, si ce n'était que du temps. Mais ce temps, on en perdait à essayer d'en avoir, il suffisait simplement d'avancer, c'est ce qu'elle faisait, courageuse comme elle le pouvait. Ainsi elle avait franchit les portes de sortie du Shukaï pour partir à l'aventure ; l'aventure de sa propre vie.

Elle marchait toujours en direction du soleil levant, peut-être pendant des heures, non, des journées, oui. Elle n'était pas fatiguée, sa motivation prenait toujours le dessus sur ce qu'elle pouvait avoir. La tristesse, la colère, des choses si stupides mais qui pouvaient provoquer un bouleversement chez certaines personnes. Non, l'Éclair, elle, savait contrôler ses émotions. Elle savait à quel point ne pas garder son calme, révéler ces émotions à l'ennemi, pouvait être quelque chose de si fatal. Les gens en abusait, ils jouaient avec les autres tels de vrais hypocrites. « Je suis là pour toi. », « N'ai pas peur ». Foutaise ! Au final, Asuna évoluait dans un monde en peine, où elle ne pouvait que compter sur elle-même.

C'est d'ailleurs pour cela qu'elle avançait toute seule et qu'elle ne demandait d'aide à personne, même pas à Aokiji. Elle voulait montrer, vraiment, qu'elle n'était pas une simple « fillette », qu'elle n'était pas une enfant bercée dans les illusions. Elle voulait être « L'Éclair, générale des armées ». Elle voulait diriger les gens, avec un sérieux le plus total. La vie était bien trop importante pour Asuna pour s'amuser, non, chaque minute de perdue étaient des minutes perdues pour vivre. Ainsi elle faisait son maximum pour profiter de tout. Elle avait prit d'ailleurs le temps d'apporter toutes ses affaires de cuisine, vous me direz cela n'était pas si compliquée avec son pouvoir.

Mais bon, elle continuait de marcher, elle prenait parfois quelques pauses. Certains se demanderont ce qu'elle faisait en fait et pourquoi partir si loin du Shukaï ? Et bien... Elle cherchait des aliments, des ingrédients uniques et très rare, prisés sur le marché et donc extrêmement cher. Ce n'était pas le problème de l'argent pour Asuna elle qui était immensément riche. Elle voulait juste sentir la satisfaction d'avoir fait ses plats jusqu'au bout et donc, d'aller chercher elle-même tout ce dont elle avait besoin. Ce n'était pas non-plus quelque chose de fou, elle avait besoin de racine, que l'on trouvait dans le désert, de feuilles sucrées à trouver sur des Oasis, des lapins gris sauvages et aussi de l'eau de Désert.

En fait, l'eau du Désert avait la particularité d'avoir des sortes de... protéines qui s'assemblaient très bien avec les ingrédients. D'ailleurs elle avait besoin d'autres choses, tel que des carottes ou autre aliments basiques. Enfin bref, vous l'aurez compris, Asuna était à la recherche de LA perle rare. Cela n'allait pas être facile, mais vu qu'elle était une perfectionniste, elle en avait besoin, pour au moins se satisfaire elle-même. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle se retrouvait dans un désert, près du village de Suna. Elle marchait tout droit, la chaleur n'était pas assez présente pour Asuna grâce à son armure qui la protégeait grandement des dégâts de la chaleur, ou du moins du feu.

Puis, au bout d'un moment, une forme se dessinait au loin devant elle, un homme tombant par terre. Asuna courrait alors vers lui venir en aide. Il réclamait de l'eau, juste avant de pouvoir tomber dans les pommes. Pas d'autres choix, l'Éclair dut porter le jeune homme jusqu'à un endroit plus simple. Elle avait bien sûr une carte sur elle qui lui indiquait les Oasis possibles. Et c'est bien pour cela qu'elle se retrouvait rapidement à côté d'un point d'eau. Elle claquait alors dans ses deux mains pour faire apparaître une gourde qu'elle remplissait immédiatement. Une fois assez d'eau, elle déposait celle-ci délicatement sur les lèvres du jeune homme qu'elle faisait boire, même s'il était inconscient.

Enfin, quand il reprit conscience en ouvrant légèrement les yeux, la Kirigaya se rendait bien compte de la situation très gênante qu'était devenu cela : il avait la tête sur les genoux d'Asuna et elle le regardait dans les yeux. Alors, dans un mouvement de timidité ultime, elle le poussait violemment pour l'éloigner d'elle... Et il tombait alors face première dans le sable. Pourtant, l'Éclair se mit à rire, la main devant la bouche.

« Désolée... aha... »

Takeshi ne se souvenait pas de grand-chose. Enfin, si, il se souvenait avoir défailli sur le sable. Et après ? Il lui semblait avoir aperçu une silhouette, au loin. Une délicieuse silhouette, une qui lui avait fait tourné la tête. Ou alors, c’était le soleil. A vrai dire, il ne savait pas grand-chose de sa situation actuelle, si ce n’est qu’elle était mauvaise. Oui. Plus de vivres. Plus d’eau. Fatigué. Pas de lieu où se reposer. Et surtout, une blessure à la jambe gauche. Enfin, il pouvait se soigner lui-même… S’il récupérait ses forces et son chakra. Et il fallait s’assurer qu’il survive à la récupération : pour l’instant, il ne savait même pas s’il se réveillerait un jour. La présence angélique à ses côtés s’intensifiait. Il sentit celle-ci toucher son front. Le toucher était doux, bienveillant, et il se sentit mieux. Inexplicablement, sans pour autant que quelque chose n’ait amélioré son état, les sensations lui revenaient. Il sentait le vent chaud chatouiller ses mèches de cheveux, le sable s’infiltrer dans ses vêtements, les mains qui le… supportaient ? Il ne savait pas expliquer ce phénomène. La lumière ne lui revenait toujours pas : il n’avait même pas la force d’ouvrir les yeux, et était véritablement plongé dans les ténèbres. Il se déplaçait, porté par la même présence que toute à l’heure. Il voulait l’aider ; être plus qu’un fardeau pour elle, mais il était incapable d’effectuer le moindre mouvement. Deux jours sans dormir, une journée sans repas, ou même une simple collation. Il avait présumé de ses forces : c’était bien la première fois que cela lui arrivait, en réalité. Lui qui avait toujours planifié au maximum ses voyages et interventions, le voilà dans cet état pathétique, gênant sûrement une inconnue au beau milieu du désert.

Il sentit alors à nouveau le sable en contact avec son dos. Etaient-ils tombés ? Il espérait que non… Il ne manquerait plus qu’il eut fait tomber la personne qui l’aidait, ou qu’il l’eut épuisée. Il s’en serait voulu, si c’était le cas. Il sentit quelque chose de frais contre lui. Un liquide coula dans sa bouche, et un peu à côté. Il sentait les quelques gouttes couler et rouler sur sa joue, son menton, puis sa gorge. Oui, il sentait. Il ressentait à nouveau. Précisément. Il comprenait ce qu’il se passait. La présence devenait aussi plus saisissable, plus… reconnaissable ? Non, il ne la connaissait pas. C’était impossible. Pourtant… Ce toucher, cette odeur, cette atmosphère qui se dégageait d’elle… Il n’y avait pas de doute, il s’en souvenait. Il n’avait jamais imaginé ressentir cela à nouveau, ou sentir une présence si similaire à la sienne. Oh, il comprenait, désormais. Tout cela ne devait être qu’un mirage : la personne à l’aura similaire était décédée il y a des années, déjà. D’ailleurs, ces souvenirs étaient douloureux. Il aurait préféré ne plus jamais y penser. Il avait scellé cela au fond de lui. Il ne pouvait se permettre, en tant que Shinobi, en tant qu’homme, en tant que responsable de sa sœur, de penser de nouveau à sa mère. Oui, l’aura de cette inconnue était semblable à celle de sa mère. La femme qu’il aimait le plus au monde, celle pour qui il aurait tout donné. Même sa vie.

***

Les larmes coulaient, de même que le sang. Il était blessé ; l’arcade était ouverte. Il avait glissé en courant, et s’était fait très mal. Quelle ironie : s’il courait, c’était pour rejoindre sa mère, revenue de mission. Il lui avait même acheter ses fleurs préférées, des camélias, exportées de très loin du Pays du Vent. Sa peau était désormais colorée du même pigment que celui des fleurs : rouge. Mais il ne pleurait pas car il venait de se faire mal ; il avait l’habitude, lui qui était si maladroit. Non, ce qui lui brisait le cœur, plus que tout, était d’avoir gâché le retour de sa mère. Elle, qui rentrait de mission, devait sûrement être fatiguée, et avait besoin de repos, de quiétude. Mais il lui faisait uniquement ressentir de l’inquiétude : blessure, larmes, sang.

***

Là, il fit le parallèle.

Le toucher identique. Son sauvetage. La présence rassurante, aucune colère, aucun sentiment négatif, simplement quelque chose de positif. Les bras qui lui caressaient le visage, la main se baladant dans les cheveux noirs – dans la tignasse noire, plutôt, vu l’abondance de cheveux ébouriffés –, il se souvenait avoir ressenti tout cela. Elle ne s’était pas fâchée. Elle avait simplement souri, et n’était pas inquiète. Elle l’avait soignée, sans sourciller, comme si la blessure était superficielle : oui, sa mère était une Eiseinin, tout comme lui. Puis, il avait ouvert les yeux, avant de tomber face à ce sourire. C’est là que tout commença. Ou, plutôt, recommença à nouveau. Il ressentit exactement la même chose que ce jour là. Le printemps fleurissait sur les lèvres rosées de la demoiselle devant lui, la chaleur de ce sourire toucha Takeshi, qui ouvrit les yeux. Lentement. Paisiblement. Doucereusement. La glace de son cœur commençait à fondre, à nouveau, encore une fois. Il avait toujours voulu, depuis ce jour, être capable de sourire comme elle. De redonner l’espoir perdu à une personne. Oui, il avait voulu être comme elle. Il aurait voulu partir, loin, avec elle, loin du tumulte, loin de la guerre. Cette personne. Cette femme. Ce sourire. Cette chaleur. Cette couleur. L’hiver qui entourait son cœur disparaissait, peu à peu. Encore. Là. Maintenant. Il ne put s’empêcher de demander, de prononcer le mot interdit. Il ne voulait pas quitter ce rêve. Il ne voulait pas que tout ceci soit un simple instant fugace, et que, dès lors qu’il reprenne conscience, cette présence disparaisse. Il voulait la garder, toujours, auprès d’elle.

Ah, oui, le mot interdit.

« Maman… ? »

Rupture. Cassure.

Il avait vu l’apparence de sa sauveuse, de l’ange qui l’accompagnait désormais. Des prunelles magnifiques, un sourire féérique, des traits angéliques. Puis ? Rien. Oh, si. Le sable. Encore. Avait-il rêvé ? Il aurait du se taire, et rester, là, dans ses songes, dans l’entre deux-mondes. Il était si bien. Tout était si parfait. Tout bon. Il avait fait tout bon.

Eh ?

Un rire. Un rire si cristallin, une voix aigüe, rassurante et chaude à la fois. Une voix qui lui murmura quelque chose. Il entendit, enfin.

« Désolée... aha... »

Comment ?
Ah, oui, il parvenait à comprendre, finalement. Il ne rêvait pas. Il devait sûrement déjà être mort. Euh… ? Non, non. Il voyait. Il entendait. Il était au même endroit qu’auparavant, dans le sable. Dans le désert. Il retira sa tête du sable, tira la langue à cause des quelques grains dans sa bouche, et secoua la tête, laissant aller sa chevelure, retirant les grains de sable qui s’étaient infiltrés par là. Pas question que ses cheveux soyeux soient ainsi souillés. Il acceptait la main dedans, mais pas les grains de sable. Non, non, sûrement pas. Surtout pas.
Ah, oui, donc, il ne rêvait pas. Et la présence était toujours devant lui. Il releva alors son visage, qui fixait toujours le sable, et croisa le regard avec la demoiselle. Il avait, très clairement, pris son regard le plus attendri du monde. Bon sang. Il était difficile de ne pas voir quelque chose d’adorable en elle. Elle était… Mignonne. Tout simplement. Ses longs cheveux encadraient son visage. Ses yeux le fixaient, à demi-fermés, et elle riait encore. La main devant la bouche. C’était presque caricatural, ou trop – mais Takeshi se fichait bien de cela. En réalité… C’était exactement comme cela que sa mère agissait, au quotidien, avec son père, puis avec son fils, quand le paternel n’était plus revenu. C’était simplement identique. Là, il ne sut pas quoi dire. ‘’Merci’’ ? ‘’Qui es-tu’’ ? Devait-il la vouvoyer ? Difficile à dire. Il ne la connaissait pas. Mais elle paraissait avoir son âge. Moins, peut-être. Il prit sa décision assez rapidement, et redressa un peu son corps, pour être droit, et la surplomber – il était plus grand qu’elle. Là, il sourit, stupidement, naïvement, adorablement, comme il savait le faire, et ferma son œil gauche, comme pour faire un clin d’œil.

« Merci ! Je crois que sans toi, je n’aurais jamais atteint l’oasis… »

Alors même qu’il parlait de sa possible mort, il gardait le sourire. Et il l’avait tutoyé. Ils étaient jeunes, tous les deux. Il était docteur. Et elle… ressemblait à une princesse. Mauvais choix, peut-être. Quoiqu’une princesse aurait été encadrée, protégée. Des hommes sous ses ordres.

« Je ne sais pas trop quoi faire ou quoi te donner pour te remercier… »

Oui, c’était vrai. L’Eiseinin n’avait absolument rien de valeur sur lui. Il avait des plantes médicales, et des fruits. Pas sûr que cela l’intéresse, en réalité… Et puis, il avait terriblement besoin de ces plantes, pour Suna, pour le village.
Pour soigner sa petite sœur.

« Oh, au fait… Je m’appelle Takeshi. Yamamoto Takeshi. Et toi ? »

Il essaya alors de se lever, car la situation était tout de même gênante. Tout lui revint en flash, alors qu’il analysait la situation, tentant de comprendre pourquoi il avait la tête dans le sable. Lui. Sa tête. Sur ses genoux. Elle. Le regardant dans les yeux, le rassurant, une main dans les cheveux. Oui, très gênante. A un tel point que le rouge camélia réapparut, mais, cette fois-ci, sur ses joues. Et pas pour une blessure ; pour une raison bien plus délicieuse et attachante…
Oui, il ‘essaya’ de se lever. Son genou lâcha alors qu’il se relevait, et il retomba sec, mais se rattrapa, et décida alors de s’asseoir. Il fixait la demoiselle, qui devait sûrement se moquer – gentiment – de lui.

« Héhé… Il semblerait que je sois un peu plus blessé que je ne le croyais… Encore merci de m’avoir porté jusqu’ici et de m’avoir fait boire, en tout cas… »

Il baissa son regard en direction du sable.

C’était trop perturbant.

L’avait-il vraiment appelé maman ?

Douce tendresse. Cela avait peut-être duré quoi, deux-trois minutes, mais Asuna les avait savourées ces minutes à prendre soin de quelqu'un. Même si elle se terrait derrière une carapace de froid, elle avait encore l'envie d'aider les autres. Si personne n'avait été là pour elle autrefois, jamais elle ne serait là où elle se tenait maintenant. Elle profitait peut-être un peu de son inconscience, du fait qu'il était ailleurs, pour se rapprocher de quelqu'un. Voyant dans son attitude qu'il était torturé, elle le serait encore et encore plus. Lui caressait les cheveux en souriant doucement. Puis la fracture, la rupture entre rêve et réalité. « Maman ».

Non c'est vrai, Asuna n'était personne. Il n'était pas quelqu'un qui était disposé à rendre heureux les autres. Elle n'était pas capable de donner du bonheur car elle ne savait pas vraiment ce que c'était. Oui, son amnésie était toujours aussi poussée, et elle ne pouvait s'en défaire aussi facilement que la poussière. Elle l'avait pourtant souhaité chaque matins auparavant, pouvoir se réveiller en oubliant tout. Tout jusqu'à la dernière miette. Oublier les souffrances, les personnes qu'elle aimait qui se sont fait tuer. Elle voulait même oublier son existence, oublier qu'elle était vivante. Elle avait essayé et au final elle se retrouvait là, ici, à terre en train de caresser les cheveux d'un inconnu inconscient.

Elle n'était pas détruite, non. Elle était un puzzle, des milliers de fragments dispersés deçà, delà. Et maintenant, alors qu'elle avait tout oublier, elle cherchait à se souvenir. Elle avait juste voulu, autrefois, vouloir se lever et que l'amnésie fasse oublie toutes ces stupides petites choses. Mais non, elle avait emporté avec elle les mauvais et les bons souvenirs. Il ne restait qu'à Asuna un présent monotone et un futur si trouble. Mais elle pouvait changer ça. Elle pouvait décider de ne pas être une fille froide et sérieuse. Asuna était pourtant comme ça... Elle se forgeait sa carapace de froid pour se protéger sentimental, pour ne pas montrer à quel point elle était faible.

Enfin bon... La rupture oui, entre le rêve et la réalité, il l'avait réalisé. Il avait fait descendre de son petit nuage Asuna. Elle réalisait alors la situation gênante, les mal-entendus que cela pouvait provoquer... Et le pauvre homme lui se retrouvait la tête la première dans le sol... Elle voulait s'excuser, mais elle riait en même temps, donnant quelque chose de très peu sérieux. Elle n'avait pas rit depuis un bon moment, et la situation l'amusait. Même si elle était rouge comme une tomate car elle avait posée la tête d'un garçon -très séduisant d'ailleurs- sur ses genoux. Elle le fixait avec de gros yeux et un sourire presque parfait.

Le pauvre homme avait du mal à se relever et cela attira l'attention de l'Éclair. Il était blessé à la jambe, même très grièvement. Asuna se releva alors, pour allez vers le jeune homme. Et puis la situation dégénéra... On aurait pu mal interpréter ce qu'allait faire Asuna mais c'était pour le bien du garçon. Elle le visa, la main prenant la forme d'un fusil. En quelques millièmes de secondes, un éclair surgit de la main d'Asuna. Il s'élançait vers le garçon blessé, et au dernier moment il rasait totalement le côté droit de sa tête pour frapper de plein fouet le sol... En fait, Asuna visait un scorpion, vous savez ce genre de petite bête aussi puissante qu'un Ours.

La bête s'approchait trop dangereusement du garçon et Asuna avait eu peur que le scorpion le pique. Déjà qu'il était blessé, s'il se prenait du venin... L'Éclair n'était pas une médecin ninja, non loin delà même... Elle avait juste les premiers soins, rien de plus.. Enfin bref, elle avait eu peur d'avoir effrayé le garçon en croyant qu'elle l'attaquait. Alors elle s'approcha un peu, marchant lentement. Mais bien sûr, comme cela paraissait évident, quelque chose d'autre devait arriver. Cette fois-ci, Asuna trébucha, comme une gourde il faut le dire, sur une légère bosse de sable. L'impacte de cette chute eut un effet... dramatique.

Lèvres contre lèvres, elle se retrouvait à regarder le garçon. Tombée à la renverse sur lui, elle se retrouvait à l'embrasser malgré elle alors qu'ils ne se connaissaient pas du tout.. Asuna mit quelques secondes à réaliser la situation..Son visage vira au rouge tomate encore une fois et elle se décolla de façon brusque du garçon pour ne pas plus le déranger. Elle mettait alors ses deux mains sur sa bouche, comme pour la cachée. Elle était assise par terre, stupéfaite, mais surtout extrêmement gênée. Elle enchaînait les gaffes sur les gaffes et elle ne s'était toujours pas présentée... Puis d'une voix totalement timide, toujours les mains devant sa bouche elle lui reparlait...

« Je... je suis désolée... »

Elle avait l'impression de se répéter.. Mais elle ne pouvait rien faire de spécial non-plus.. Enfin bon, elle le connaissait déjà un peu mieux, Yamamoto Takeshi. Asuna se demandait pourquoi était-il blessé, qu'est-ce qui l'avait poussé à venir dans le désert et presque mourir de soif... Puis il la remerciait, et lui disait qu'il ne savait pas trop quoi faire en échange. On connaissait assez le caractère de Asuna pour comprendre la réponse qu'elle allait dire, et c'était normal. Elle était comme ça, c'est tout. D'autres auraient profiter de l'occasion, elle s'en fichait totalement.

« Moi c'est Asuna, Kirigaya Asuna. »

Un petit sourire, puis elle se rapprochait une nouvelle fois de Takeshi, de façon plus minutieuse pour ne pas refaire la même... stupide erreur. Enfin, était-ce une erreur ? Elle avait arrachée un baiser à un garçon qu'elle trouvait très séduisant, donc au fond d'elle, elle était très satisfaite... Enfin bon, cette fois-ci, elle se rapprochait de façon plus sérieuse. Elle se trouvait devant le genoux saignant du pauvre garçon. Elle claqua dans ses mains -comme pour la gourde- et un simple kit de soin apparut.

« Je vais essayer de faire quelque chose après.... ce que j'ai fait je te dois ça... aha... »

Elle prenait le désinfectant, des rubans et du coton.

« Attention ça va piquer »

Elle avait rêvé de dire cette phrase, si connue et mythique.... et si réelle. Eh oui car malheureusement le désinfectant faisant assez mal, surtout avec la blessure qu'il avait. Peut-être allait-il son Homme courageux pour Asuna et donc ne pas crier ou dire que cela faisait mal. Une fois qu'elle avait fini son petit travail d'infirmière débutante, Asune se relevait entièrement, frottant ses vêtements pour faire partir le sable. Au final elle repensait à sa phrase, comme quoi il lui devait quelque chose... Elle se tourna du doigt et lui sourit.

« Un repas ! »

Il ne devait pas comprendre, non du tout.. Mais pour Asuna cela semblait si clair.

« Je te fais un repas, et tu me dis ce que tu en penses ! Ça te va ? »

Elle l'aidait à se relever, pour qu'il puisse marcher un petit peu après tout ce temps passé à être allongé.

Il avait quelque chose de spécial, quelque chose qui attirait Asuna qui ne cessait de sourire.

Dangereuse. Un éclair lui frôla la joue, l’entaillant à peine. Il conserverait une fine coupure, quelques jours à peine, puis cette blessure disparaîtra. Il avait fait un mauvais mouvement, alors que celle-ci attaquait. Il ne devait pas être touché, elle avait bien visé. Ce n’était qu’une égratignure. Blessure superficielle. Il se retourna, entendant un bruit étrange à l’impact avec le sol. Pas le sable, non. Un scorpion. Il connaissait cette espèce. Venimeuse. Dangereuse. Son venin était utilisé pour les remèdes de Suna. Un spécimen incroyablement pratique. Et rare. Et intéressant. Elle l’avait sauvé, une deuxième fois, en l’espace de quelques minutes. Il n’avait même pas fait attention. La jeune demoiselle remarqua sa blessure, et elle s’approcha. Là, il remarqua quelque chose. Il était prêt à regretter de ressentir ce genre de choses pour elle. Elle était une Kunoichi. Elle maniait l’éclair. S’apprêtait à le soigner. Il ne l’avait jamais vu à Suna. Elle ne portait pas d’insigne. Etait-elle une Nukenin ? Pitié, non. Faites qu’elle ne soit pas dans le camp opposé à Takeshi… Qu’elle soit son alliée… Qu’il puisse demeurer avec elle, un peu plus, juste un peu plus. Qu’elle ne lui soit pas enlevée. Qu’il n’ait pas à la combattre. Qu’elle ne lui soit pas enlevée comme sa mère. Il ne pouvait plus connaître cela, pas encore. Elle s’approchait, prête à soigner son genou. Ah, oui, c’est vrai. Il devrait peut-être lui dire qu’il était Eiseinin, qu’il pouvait se soigner – maintenant qu’il n’était plus épuisé, qu’il avait retrouvé du Chakra, bien sûr. Maintenant, il était en pleine forme – quoiqu’il avait un peu faim, tout de même… Eh ? Qu’est-ce-qu’elle faisait ? Là, pourquoi lui sautait-elle dessus ? Pourquoi allait-elle… ? Ah, la bosse de sable. Ah, elle avait glissé. Quelle cruche. Enfin, il ne pouvait rien dire, lui aussi était maladroit. Il suffisait juste de la rattraper, tel un gentleman, et tout se passerait bien.

Eh. Son visage. A quelques centimètres du sien. Il était figé, encore. Il savait ce qui allait arriver. C’était tellement ridicule. Il ne devrait pas laisser ça arriver. Cela allait le détruire encore plus qu’il l’était. C’était une erreur, une simple erreur. Quelque chose qui ne devrait pas arriver. Quelque chose qui allait sceller cette relation. Qui allait confirmer ce qu’il ressentait. Il le savait. C’était ridicule. Insensé. Il la connaissait depuis dix minutes. Et pourtant… Et pourtant… Il avait l’impression de l’avoir déjà connu. Qu’elle avait toujours été à ses côtés. Si on lui demandait pourquoi il ressentait ça, à cet instant, à ce moment, il sentait qu’il ne pourrait l’exprimer qu’en répondant « parce que c’était elle, parce que c’était moi ».

C’était ridicule. Mais… En même temps, c’était…

Doux. C’était doucereux, comme sensation. Cela n’avait pourtant durer que trois à quatre secondes. Pas plus. Mais le contact s’était presque naturellement, comme s’ils étaient faits pour se toucher ainsi. Il n’avait jamais encore embrassé auparavant. Il n’était jamais tombé amoureux. Eh. Il était trop tôt pour se dire amoureux, encore une fois. Etait-ce l’amour ? Il s’était persuadé qu’il voulait mourir à ses côtés, et ce sentiment était manifestement excessif : il la voyait alors pour la première fois ! N’était-ce pas plutôt la réaction hystérique d’un homme qui, comprenant en son for intérieur son inaptitude à l’amour, commençait à se jouer à lui-même la comédie de l’amour ?
Ou peut-être était-ce les similitudes avec sa mère qui le trompait. Ou peut-être était-ce le contexte, les gaffes qu’elle enchaînait. C’était terriblement charmant, il devait l’avouer. Ou peut-être… Ou alors la réponse était des plus simples. Peut-être l’aimait-il car elle était elle. Elle s’écarta au bout de ces quelques secondes. Des secondes que Takeshi souhaitait être l’infinité. Le toujours. Ce « toujours » du « Je t’aimerai pour toujours ».
Asuna était Asuna, Takeshi était Takeshi. C’était si simple que cela.

« Je… je suis désolée… »

Il aurait bien eu envie de dire qu’elle n’avait pas à l’être. Qu’elle devait recommencer. Rester avec lui, toujours. Elle se répétait ? Peu importait… Elle était si unique. Une différence si singulière, si agréable, si rafraichissante. « Moi c’est Asuna, Kirigaya Asuna. » Il ne connaissait pas ce nom. Mais il tâcherait de ne pas l’oublier. Aujourd’hui, demain, ou dans mille ans. Il s’en souviendrait. Il avait attendu l’être aimé mille ans durant, il pouvait l’attendre un millénaire de plus. Il n’oublierait pas ses prunelles. Ce baiser. Ce sourire. Ce rire. Sa gentillesse. C’était si irréaliste, si beau, si paisible. On aurait dit un rêve. Mais il le savait, ce n’était pas un rêve. Juste la réalité. Oh. Et si c’était ça, le Bonheur ? Pas un rêve, ni une promesse. Juste l’instant présent. Elle se rapprochait encore. Allait-elle réitérer cette ingénieuse bourde ? Il aurait aimé… Le contact qu’il allait ressentir était beaucoup plus… Violent.

Aie. Ca pique. Mais il n’en dirait rien, pour sa belle ingénue. Quoique… ? Rah, il ne savait pas comment réagir. Il fit une petite grimace, en guise de seule réponse à son « Attention, ça va piquer ». Oui, ça, il le savait. Il était médecin. Enfin, ça, elle ne le savait pas. Il savait qu’il allait se haïr. Il savait qu’il n’aurait pas du faire ça. Mais… Il allait le faire. Car il était comme ça. Et qu’il voulait savoir. Savoir ce qu’elle ferait, après que Takeshi ait agi. Il espérait simplement qu’elle ne fuit pas. Qu’elle reste, oui. Il saisit la main d’Asuna, celle qui le soignait, et, alors qu’elle s’appliquait, il activa son Jutsu. Shosen, la paume mystique. Une aura mystique, oui, presque magique, féérique, se dégagea alors de la main de Takeshi. Pourquoi faisait-il cela, déjà ? Ah, oui, c’est vrai. Il se détestait d’agir ainsi. Sa paume de main était douce. Celle d’Asuna. La sienne dégageait maintenant une douce chaleur. Il releva la tête, éloignant son regard de sa blessure… Pour fixer ses deux prunelles. Ah, ce n’était pas la meilleure idée qu’il pouvait avoir. C’était même très clairement stupide. Il se torturait d’avantage. En plus, il lui révélait qu’il était Ninja. Et si elle était ennemie ? Allait-elle l’attaquer ? Lui, il était sûr que jamais il ne lui ferait de mal. Mais elle ? Ressentait-elle au moins la même chose ? Sa tendresse était-elle innocente ? Commune ? Etait-elle ainsi avec le monde entier ? Ou simplement avec lui ? Et même si elle l’aimait, désobéirait-elle à ses supérieurs ?

« Merci… Nul besoin de t’excuser… C’était juste… euh… une simple… erreur… Oui… une erreur, hein… »

Une erreur ? Non, vraiment pas. Enfin, si. Une erreur d’amour impossible. Mais c’était ce qu’il avait voulu. Il voulait qu’elle continue, encore. Qu’elle le prenne dans ses bras. Euh… Un repas ? Comment ça ? Ah, oui, c’est vrai. Il mourrait de faim. Elle voulait s’excuser du baiser. C’était plutôt lui qui devait s’excuser, s’excuser de ne pas avoir été plus adroit durant celui-ci. Il acceptait avec plaisir ce repas. Espérons qu’elle sache cuisiner, toutefois. Elle l’aida à se relever. Il marchait un peu, enfin. Il fit quelques étirements avec sa jambe. Il n’avait plus vraiment mal. Le reste de sa douleur s’estomperait au fur et à mesure que le temps avançait.

« Un repas ? J’accepte volontiers ! Je n’ai pas mangé depuis quelques temps… Et je commence à avoir plutôt faim, haha… »

Son sourire était complètement stupide. Ce n’était pas vraiment quelque chose dont il devait rire. C’était une petite moquerie à son propre égard.

« Haha… Encore merci de m’avoir sauvé… Déjà quatre fois, aujourd’hui. De la soif, de la faim, du scorpion, de ma blessure… »

Son ange gardien.

« Ça m’apprendra de jouer au héros dans le Pays du Vent… »

Elle ne devait pas comprendre.

« J’ai… Je cherchais une plante spéciale, capable de guérir une maladie, pour ma sœur. Je l’ai trouvée… Mais je me suis surestimé, haha… »

C’était vraiment stupide.

Mais il souhaitait lui parler.

« Et toi ? Hormis me sauver la vie quatre fois, me mijoter des bons petits plats et embrasser un blessé, que fais-tu dans le désert ? »

Dit-il, d’un ton comique. Il voulait la taquiner un peu, voir comment elle réagissait. Pourvu qu’elle devienne écarlate – cette couleur lui allait si bien… Alors, il conclut avec un sourire. Ce sourire. Son sourire.