Seito s'arrêta. Face à lui se trouvait l'objectif précis de son voyage. Au bout d'un long pont de pierre bordé de statues, creusée dans la surface même de la falaise, une porte noire, semblable à une bouche, semblait inviter Seito à pénétrer son antre sacrée. C'était le temple Ao'. Un lieu réputé dans le Shûkai, en raison de ceux qui l'habitaient et du passif du lieu. Anciennement ruine, le monastère avait été remis à neuf entièrement, afin d'être réhabilité dans sa fonction première. Il était désormais le lieu d'activité d'un personnage d'une importance plus que considérable au sein de l'Empire. Et c'était cette personne que Seito était venu consulté. Plus qu'une mission, c'était une quête personnelle qu'il souhaitait mener à bien. Il sentait que sa vie pouvait en dépendre, à long terme. Alors qu'il s'engageait sur le pont, ultime étape de son voyage, il se remémora celui-ci.

Ca n'avait pas été un périple de tout repos. Le temple Ao' se trouvait en effet sur le territoire de Taki no Kuni. Seito ne s'était jamais aventuré aussi loin, Shozaichi étant sa principale résidence depuis son départ de Ki no Kuni. Il avait certes exploré les environs de la citadelle, mais ne s'était jamais aventuré à s'éloigner de plus de quelques kilomètres de la cité. Aussi, entreprendre un si long voyage était pour lui quelque chose d'assez exceptionnel, même si la distance séparant Shozaichi de Taki no Kuni était comparable à celle qu'il avait parcouru quand il était arrivé à la capitale depuis la jungle de Ki no Kuni. Pendant sa longue marche, il avait traversé des plaines interminables, des montagnes abruptes, aux sommets enneigés, ou des forêts luxuriantes de vie et dépouillées d'activité humaine. Il avait vu des choses qui étaient toutes nouvelles pour lui, rencontré des travailleurs de la terre et examiné leur tâche attentivement. Et chaque découverte lui semblait être le point de départ d'autres découvertes plus intéressantes encore. Il aurait aimé s'attarder plus longuement sur ce qu'il voyait, mais il ne le pouvait en aucun cas. Son objectif n'était que trop important.

Récemment mis au fait de la situation de l'Empire, Seito s'était posé des questions quant à sa propre capacité à combattre sur un front. La première chose qui lui vint à l'esprit fut qu'il n'en n'avait pas du tout l'envie. Il n'aimait pas les combats vains, et par-dessus tout il détestait les combats impersonnels. Pour lui, l'acte de se confronter à un autre être humain devait être parfaitement justifié, car c'était un processus durant lequel un des deux belligérants pouvait perdre la vie. Il ne devait donc pas être pris à la légère. Or, Seito se refusait catégoriquement à tuer quelqu'un dont il ne savait rien, et contre lequel il n'avait aucun reproche. Mais ça, bien sûr, c'était quelque chose qui ne dépendait absolument pas de lui si il devait être envoyé au front. La deuxième chose qui le frappa eut cependant plus d'ampleur encore dans son esprit. Seito se rendit compte qu'il n'avait sans doute pas les capacités requises pour combattre, tout simplement. Il ne pourrait même pas se défendre sur un champ de bataille, sans doute. Il avait vaguement eu l'occasion d'observer quelques un de ses condisciples soldats à l'oeuvre, et en avait tout de suite ressenti une certaine infériorité. Il ne remettait absolument pas en question l'entraînement qui lui avait été prodigué au sein de son clan, mais il sentait qu'il n'était pas à la hauteur des réalités du monde extérieur. Sans doute l'isolement avait-il fait du clan une tribu à l'écart du monde, se berçant de l'illusion d'être d'une force suffisante pour repousser des assauts. En un sens, ce devait être vrai. Les anciens devaient avoir la puissance nécessaire pour se défendre. Mais les nouvelles générations, comme Seito, seraient complètement démunies face à la masse du monde extérieur.

Aussi, une solution rapide devait être envisagée pour le jeune soldat. Il devait trouver un moyen d'augmenter sa puissance, afin de pouvoir ne serait-ce que se protéger lui-même, sans attaquer l'autre, en cas de bataille. Fait dont il était, à son sens, tout à fait incapable pour l'instant. Il avait donc commencé des recherches. Il s'était renseigné auprès de ses aînés, avait épluché des annonces, mis en oeuvre tous les moyens possibles pour collecter des informations sur un quelconque entraînement lui permettant de grandir en puissance. Et il en était finalement arrivé à une piste tout à fait convaincante, quoi que nimbée de mystères. Il avait, à vrai dire, peu de sources concordant vers ce même lieu de séminaire. Et il en avait encore moins présentant l'homme qui devait faire office de maître. Il connaissait son identité, et il savait qui il était. Son statut, plutôt que de l'emplir de respect, suggérait plutôt une certaine appréhension au jeune homme. Mais il était déterminé, et rien désormais ne pouvait le faire reculer dans sa tâche.

Il arriva au bout du pont. Devant lui se dressaient les portes du temple Ao'. Et derrière ces portes, il devait y avoir cet homme ... Un gouverneur. Un personnage d'une grande envergure, dans le monde des shinobis. Et Seito allait le rencontrer. Du moins, il l'espérait. Il prit une longue inspiration, et focalisa son esprit. D'un pas décidé, il pénétra dans l'enceinte du sanctuaire. Il avait décidé d'être l'élève de Van Hohenheim.

Il se tenait là, véritable souverain à la stature imposante, juste devant lui. Son regard rendu froid par ses lunettes cachant complètement ses yeux, cet homme semblant imperturbable parla d'une voix d'un calme impérial. Seito tomba instinctivement, un genou au sol, tête basse. Ce n'était ici pas une question d'étiquette. Cette position était celle de la soumission, que le jeune homme sentait peser sur ses épaules. Il n'avait vu cet homme que quelques instants, et pourtant il savait déjà qu'il était inférieur à lui en tous points. Il dégageait une telle aura de pouvoir et de puissance, qu'il était impossible de faire autrement que de s'incliner. Ce n'était, après tout, qu'une façon parmi tant d'autres pour Seito de montrer sa faiblesse, et sa pleine reconnaissance de son statut d'apprenant. Tout ça, c'était cet homme. Hoheinheim Van.

Lorsqu'il sentit que c'était à lui de parler, Seito prit soin de mesurer ses paroles, et de choisir ses mots avec le plus grand soin. La première impression était décisive, il fallait qu'elle soit bonne.

"Monsieur, permettez-moi de me présenter. Je suis Yôgan Seito, de Shozaichi."

La question que lui avait posé le gouverneur était en fait tout à fait celle à laquelle Seito avait réfléchi pendant son voyage. Sa réponse était toute prête. Restait à y mettre les formes ... La tête toujours baissée, le jeune homme poursuivit:

"Monsieur, le motif de mon voyage est en fait très simple. Je suis soldat à la solde du Shûkai depuis très peu de temps, et mon arrivée-même à la capitale et très récente. Je viens d'un clan installé dans la jungle de Ki no Kuni, dans lequel j'ai appris dès mon enfance à maîtriser l'art du Yôton, c'est à dire la maîtrise de la lave. Cependant, à mon arrivée à Shozaichi, il m'a semblé évident que ce seul entraînement ne serait pas suffisant ne serait-ce que pour ma propre défense personnelle. J'ai alors mis en oeuvre tous les moyens qu'il m'était possible de déployer afin de trouver un professeur apte à faire de moi un soldat digne de son poste. Mes recherches m'ont mené jusqu'à cet endroit. Et, pour dire vrai, j'avais entendu des rumeurs à son propos, mais je dois admettre que les images dépassent les mots."

Il se tut, et le silence retomba dans la salle de pierre. Seito leva de nouveau les yeux vers le gouverneur. Il était toujours là, évidemment, son regard braqué sur lui. Il attendit.

"Monsieur, l'objet de ma venue est le suivant. Je souhaite devenir votre élève, et apprendre de quoi devenir un véritable soldat. Je suis venu vous demander votre aide, monsieur."

Seito se releva, sans pour autant regarder son nouveau maître. Sa tête restait baissée, signe de sa soumission extrême et de la reconnaissance de la supériorité de son interlocuteur. Les paroles du gouverneur avaient empli le jeune homme d'un mélange de fierté et d'une ambition soudaine. Il voyait soudain toutes les possibilités qui s'offraient à lui, avec un mentor tel que Hoheinheim Van. C'était un personnage plus qu'important sur la scène du Shûkai, et il devait bénéficier d'un savoir suffisant pour faire de Seito plus qu'un simple soldat, comme il le dit lui-même. Etait-ce l'aspiration au pouvoir ...? le jeune homme se sentit pousser des ailes. Il avait l'impression qu'en ce lieu sanctifié, plus par l'expérience combattante que par quelque rite religieux, sans doute, tout n'était que profit sur le plan de la connaissance. Cet endroit serait le théâtre de son évolution, il en avait la quasi-certitude. C'était ici qu'il allait devenir ce qu'il souhaitait, et chaque mur, chaque statue lui communiquait une assurance nouvelle.

Il suivit le gouverneur, qui emprunta un couloir. L'édifice était réellement très beau, bien que Seito ne fît aucune remarque à ce propos. Il ne voulait pas paraître flatteur. Ce n'était pas sa nature, et il faisait toujours sa première impression. A la question qui lui fut posée, il ne put répondre que très sommairement:

"J'ai entendu parler, évidemment, des événements de Ki no Kuni. Cependant, j'était déjà parti de mon pays lorsqu'ils se produisirent. J'était alors en route pour le Shûkai, et venait de passer la frontière. J'appris de la bouche de soldats ou de voyageurs qui revenaient de la jungle ce qui s'y produit. Les tremblements de terre ne sont pas très fréquents, contrairement aux éruptions, qui sont, disons plus communes. On m'a annoncé un certain nombre de pertes humaines dans les villes. Je ne les ai jamais fréquentées, mon clan vivant très à l'écart de toute autre forme de civilisation. Je n'ai eu aucune nouvelle d'eux, ce qui est parfaitement normal. Même si l'inquiétude qu'il leur soit arrivé malheur demeure, je suis confiant en leur survie."

Oui, Seito s'était fait du soucis pour les siens. Après avoir appris la nouvelle de la catastrophe naturelle qui s'était produite à Ki no Kuni, il avait d'abord pensé à y retourner au plus vite pour porter assistance aux victimes. Cependant, il s'était ravisé. Il connaissait son clan et ses moeurs. Ils n'étaient pas du genre à accueillir un ancien parti découvrir le monde alors qu'il étaient au sortir d'un drame. Accepter l'aide de l'un des leurs ayant sacrifié ses propres ambitions pour venir les aider, ce n'était pas leur genre. L'individu avait une place importante au sein du clan Yôgan. Seito savait qu'il les aurait plus insultés qu'autre chose, en y retournant. Aussi avait-il décidé de poursuivre son voyage, en les aidant de ses pensées.

Les deux hommes arrivèrent finalement dans une parcelle de terrain à l'air libre, parsemée de mannequins et partiellement ravagée par les différents combats qui avaient pu s'y produire. Seito reconnaissait les terrains d'entraînement quand il en voyait un. Et il était tout aussi aisé de deviner la tâche qu'allait lui confier son maître.

Seito se plaça face à sa cible. Il ne s'agissait même pas d'un ennemi mouvant. Une simple projection de lave en viendrait à bout. Il effectua un mouvement rapide des mains, avec une habileté experte, tout en concentrant les fluides de son corps. Ses joues se gonflèrent. Ses yeux ne quittaient pas sa cible du regard, et semblaient l'observer attentivement, bien qu'il ne s'agît que d'un mannequin. Brusquement, il cracha une boule de magma bouillonnante en direction du pantin, qui se trouva recouvert de la substance fumante. Seito respira un grand coup. Il était plutôt satisfait de son résultat, même si il trouvait qu'il avait un peu perdu la main. Il se retourna vers son maître, parfaitement neutre:

"Voici notre art, le Yôton."

Sous quel précepte Seito avait-il reçut les enseignements du clan Yôgan ? C'était une bonne questions, qu'il ne s'était à vrai dire jamais posée lui-même. Après avoir incinéré en surface son mannequin d'entraînement, Seito se focalisa sur cette interrogation. Elle était primordiale, et il n'en connaissait pourtant pas la réponse. Pas immédiatement, en tous cas. Il se doutait bien qu'il devait y avoir un but, une doctrine derrière l'apprentissage auquel il avait été soumis. Les Yôgan respectaient l'autre, et pratiquaient leur art dans un contexte bien particulier. Définir tout ceci en un Nindô était assez compliqué. Quand il parvint à un résultat satisfaisant, Seito en fit part à son maître:

"Les Yôgan ont une discipline de vie très stricte, et des enseignements visant à l'épanouissement de l'esprit et du corps. Comme on nous l'apprend, la perfection au combat de peut résulter que d'une excellente harmonie entre ces deux éléments. Mais il nous est aussi appris de ne pas utiliser le Yôton lorsque l'ennemi n'est pas un ennemi mortel. C'est un élément dangereux que celui de la lave. Ses dommages sont souvent imprévisibles, même pour un manipulateur expérimenté. En faire usage sur un adversaire doit donc avoir lieu dans un très stricte contexte. Aussi, je pense qu'on pourrait résumer la pensée de mon clan à une phrase: "Ne te bats pas si tu ne dois pas protéger ta vie ou celle des tiens"."

C'était, aux oreilles du jeune soldat, ce qui sonnait le mieux parmi toutes les hypothèses silencieuses qu'il avait pu imaginer. La réflexion suivante de Van Hoheinheim le blessa cependant légèrement. Il semblait s'imaginer que Seito vivait uniquement selon les codes de son clan, et que ceux-ci n'étaient pas les siens.

"Permettez-moi d'intervenir, maître. Les codes de mon clan sont autant les siens que les miens. Les enfants Yôgan en sont imprégnés dès leur plus jeune âge, et ils ne sauraient s'en défaire pour le reste de leur vie. Je ne fais pas exception à la règle. Si je continue encore aujourd'hui à appliquer ces préceptes, c'est que j'y adhère totalement. Aussi, je crains que mes actions ne soient souvent dirigées par la doctrine de mon clan."

Il n'y avait pas besoin de s'étendre sur le sujet. Continuer aurait été malpoli. Or, Seito tenait absolument à faire bonne impression. Il resta cependant en lui, pour la suite de l'entrevue, une petite dose de malaise quant à la réflexion de son nouveau maître. Il avait, mine de rien, un certain orgueil. Le fait de savoir qu'on pouvait penser qu'il agissait selon des principes qu'on lui aurait forcé à appliquer le mettait en colère, bien que l'euphorie de l'entraînement chassât ici bien vite ce sentiment. Il ne voulait pas donner l'impression d'être quelqu'un de facilement manipulable et influençable. Il se considérait plutôt comme quelqu'un de lucide, à vrai dire. Aussi, une remarque comme celle-ci le vexait-elle légèrement. 

Lorsque le gouverneur sortit de sa poche une carte, Seito s'approcha pour écouter plus attentivement ce qu'il avait à lui dire. L'énoncé de la mission que lui donna Van Hoheinheim sembla parfaitement limpide. Il suffisait de se rendre dans une caverne afin d'en rapporter une description. Cependant, bien qu'il ne soit pas un matérialiste, Seito douta quelque peu de l'utilité d'une telle tâche. Aussi se permit-il d'en faire la remarque à son maître:

"Pardonnez-moi, mais dois-je savoir quoi que ce soit d'autre sur le lieu ? Contient-il un élément particulier qui serait potentiellement dangereux, ou un artefact que je devrais rapporter ?"

Les paroles du gouverneur frappèrent Seito. Il se sentit comme soudainement décontenancé. Le premier point que souleva Van Hoheinheim n'était pas celui qui le marqua le plus. Le fait qu'il ait peur de son propre pouvoir n'avait pas même effleuré l'esprit du jeune soldat. Il ne voyait pas la maîtrise de la lave comme un danger en soi. Il avait grandi au milieu de gens qui en avaient la pleine conscience et qui l'utilisaient à bon escient. Il n'y avait aucune raison qu'il craigne ses propres capacités. Bien au contraire, il y voyait plutôt un moyen -un des seuls dont il disposait, à ses yeux- de se défendre contre un ennemi. Cependant, et c'est ce qui avait dû induire son maître en erreur, Seito se refusait à utiliser le Yôton contre quelqu'un qu'il ne considérait pas comme d'un niveau de danger particulièrement élevé. L'art qu'il pratiquait en combat, cette maîtrise du magma à l'état pur, c'était avant tout une manière de tuer. Or, le jeune homme se refusait à ôter la vie sans une bonne raison. Il savait que c'était le principe même de la tâche de soldat, comment aurait-il pu l'ignorer. Et pourtant, si il devait un jour combattre sur un champ de bataille, il se demandait si il ferait usage, dans un premier temps, de son pouvoir.

Mais ce n'était pas le fait que le gouverneur souleva une prétendue crainte de son pouvoir qui interloqua Seito. Il fut touché lorsqu'il entendit qu'il devait être un autre homme afin de devenir plus fort. C'était une idée qui ne lui avait pas effleuré l'esprit, et elle semblait pourtant prendre tout son sens dans la bouche de Van Hoheinheim. C'était peut être les principes de son clan qui avaient rendu le jeune homme vulnérable et ... faible. Ou alors, c'était plutôt ces principes qui l'avaient forgé comme un soldat superficiel, dont les dommages ne dépassaient jamais le stade de la blessure. Cette révélation sonnait complètement faux à côté de la réflexion que venait d'avoir Seito quant au comportement qu'il aborderait sur un champ de bataille. Si il se cantonnait à un maigre rôle de faible fantassin, il ne serait jamais d'une grande utilité. Son devoir de soldat lui imposait de tuer, que cela lui plaise ou non.

Se posa alors la question du respect des enseignements dans l'esprit du jeune homme. Il se sentait soudainement très vulnérable, comme un enfant venant de découvrir une dure réalité. A ce sentiment s'ajouta une certaine forme de répugnance lorsqu'il s'imagina qu'il devrait laisser derrière lui ces principes avec lesquels il avait été élevé. Il était tiraillé par une sorte de dilemne: d'un côté il aspirait à être un soldat aussi puissant et efficace que possible. C'était la raison de sa venue au Shûkai, servir l'Empire du mieux qu'il le pouvait. D'un autre côté s'opposait sa volonté farouche à vouloir respecter les codes et valeurs des Yôgan. Ces deux concepts étaient cependant radicalement opposés, et ne pouvaient trouver de compromis, ou en tous cas pas dans l'absolu. Le jeune homme se retrouvait donc plongé dans un profond doute, dans lequel son esprit se noyait dans des réflexions impossibles.

Il fut ramené à la réalité par l'apparition de l'invocation du gouverneur. Il prit dans ses mains la créature. Il n'en avait jamais vu de semblable. Les scorpions n'existaient pas à Ki no Kuni, et il n'en n'avait eu vent que par quelques livres ou illustrations. Il se sentit rassuré par le contact avec un animal. Il avait toujours apprécié la présence des animaux, qu'ils soient gros ou petits. Ils étaient un camarade aux pensées insondables, qui se révélait toujours d'une loyauté proportionnelle à la bonté de son traitement. Seito aimait les animaux car le lien qui se tissait entre eux était d'une pureté et d'une logique parfaites. Ils étaient bons si on les traitait bien, et étaient mauvais et dangereux si ils étaient délaissés. Or, Seito comptait bien prendre soin de son nouveau camarade. 

Il ne formula que des hypothèses intérieures quant à la nature de son épreuve. Les paroles de son maître lui laissaient penser qu'il serait peut être confronté à un danger, dans la mesure où il lui avait dit d'agir par lui-même. Ce serait un test de sa pensée ? Une mise à l'épreuve par rapport à ce qui venait d'être discuté, peut être. Seito était dans le flou. Il se dit qu'il verrait bien ce qu'il en était sur place. 

Il salua aussi respectueusement son nouveau mentor qu'il ne l'avait fait auparavant, et reprit lui aussi le chemin des couloirs. Une caverne ... Un lieu de peur. Il pouvait y avoir n'importe quoi dans une caverne. Même nos peurs les plus sombres ... Mais pourrait-il y faire face ? C'était la question à laquelle il devait trouver une réponse.

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