Comme beaucoup d'autres, Natsuki s'était figé dans la rue, les yeux soudain immobiles sur un point dans le vague. C'était la deuxième fois qu'il entendait cette voix dans sa tête, la deuxième fois que la planète entière entendait cette voix.

« Monwa... » lâcha-t-il dans un souffle, avant de se concentrer sur la teneur du message télépathique.

Il était court, mais sans ambiguïté. Aussitôt, le regard du Nara tatoué balaya les environs. Il croisa celui de civils, d'enfants, et d'autres shinobis. Et dans celui de tous ses frères et sœurs d'arme, il lu la même chose : la peur. Non pas celle dû un ennemi surpuissant, ni celle éprouvée face à la mort imminente. C'était la peur du lendemain. Avec ce nouvel appel, le monde était maintenant au bord du gouffre. Les shinobis avaient beaucoup perdu en crédibilité depuis l'incident du Village de Kiri. Ils s'étaient montrés impuissants, inefficaces face à une poignée de monstres seulement. Les populations avaient cessé de croire en eux, et commencé à vivre comme si demain était leur dernier jour. Autant dire que cela n'avait pas mit les Hommes en valeur... L'équilibre avait été difficile à maintenir jusqu'à présent, mais désormais ? Avec la fin du monde tel qu'il est connu actuellement, comment allait réagir la population ? Comment l'humanité libre allait-elle passer ses derniers jours ? Des émeutes et des scènes de carnages entre civils allaient-elles éclatées un peu partout ? Plus que jamais, la situation était critique. Probablement déjà perdue même... Mais à toute situation désespérée, l'on appliquait les mesures qui l'étaient tout autant. Des mesures pour accomplir ce que l'espoir seul ne suffisait plus à réaliser. C'est ainsi que se mit en route la dernière marche des shinobis.

Tout ce qui avait été entreprit au cours des derniers mois fut mit en place : l'alliance entre les Villages, les partenariats, les équipes, les entrainements, si bien qu'une véritable armée commune fut levée et déployée en moins d'une journée sur l'Île Inconnue, le lieu de ce qui s'annonçait comme être la bataille ultime. A moins qu'il ne s'agissait d'un piège ? Que l'Île s'effondrera quand les ninjas la fouleront ? Probablement que non. Monwa s'était toujours clairement affiché dans le peu qu'il révélait : il tenait à humilier et écraser une fois encore les nations shinobis. Probablement la dernière d'ailleurs, peu importe l'issu des affrontements.

Néanmoins, toutes les forces militaires des différentes nations n'avaient pas pour destination finale cette Île sinistre en milieu des océans. Une petite partie avait été laissée en station dans chaque Village. Pour prévenir des attaques de Furyou dans les centres névralgiques ? Bien évidement que non, chacun savait qu'il fallait bien plus qu'une poignée d'hommes pour empêcher ces simili-dieux d'éradiquer ce que bon leur semblaient. Mais ils n'étaient pas les seuls ennemis du moment. Il fallait compter aussi les Serviteurs, ceux qui avaient choisit de tourner le dos à leur nation, et de souiller leur chair de la marque de la servitude en échange de la vie sauve quand viendra le temps de la Grande Purge. Ils n'avaient pas été très actifs jusqu'à présent, mais nul ne doutait que s'ils allaient agir, c'était maintenant.

Une infime minorité des shinobis enfin avait eu des objectifs encore différents. Ce fut le cas de Natsuki : son Village lui avait demandé de se rendre dans une cabane bleue, accrochée à Taki no Kuni. Il devait s'y rendre à pied, et ne pas frapper, car ce qui l'attendait là-bas avait jeté la clef. Personne n'avait jugé nécessaire de lui révéler l'identité de ce mystérieux inconnu qui avait exigé ce rendez-vous, mais le Nara tatoué se doutait un peu de la raison. Et de toute façon, il s'agissait d'un ordre direct qu'il avait reçu.

Quoi qui l'attendait, il savait qu'il aura à se battre, aussi il opta pour un équipement presque exclusivement guerrier. Quant à sa tenue, il reprit les ensembles qu'il avait utilisé durant la nouvelle Grande Guerre des Shinobis. Sa combinaison noir une pièce associait des plaques d'armures légères judicieusement disposées et du tissu résistant mais souple afin de gêner le moins possible sa mobilité tout en lui offrant une protection minimum. Pourvu de manches longues, elle recouvrait entièrement ses bras et dissimulait ses tatouages jusqu'aux doigts, tout comme la cagoule de son casque masquait son visage en ne laissant de visible que ses yeux. Le tout était complété par son gilet tactique de combat à poches multiples assortie. Où que l'on pose les yeux sur lui, il y avait des kunais et des shurikens prêts à être lancés. Quelques poches contenaient des sceaux pour le réapprovisionner en armement, et dans les sangles dorsales de son gilet se voyaient être rangés ses habituels tonfas, des armes qu'il utilisait rarement, mais non pas sans efficacité.

Il ne lui avait pas fallu longtemps pour se préparer, et presque aussitôt qu'il fut paré à partir, il se retrouva téléporté sur le territoire de Taki no Kuni. A l'aide de la carte très précise qui lui avait été fournis pour trouver le point de rendez-vous situé à trois kilomètres de sa position, il n'eut aucun mal à atteindre la cabane où il était attendu en courant quelques minutes. Elle était là, sur la côte, isolée de tout à seulement une centaine de mètres de lui. Mais pas question de s'y rendre immédiatement : il pouvait tout aussi bien s'agir d'un piège. Il traça alors un large cercle autour, inspectant rapidement les environs. Mais il n'y avait personne, les lieux étaient pour le moment déserts. Celui qui avait commandité la rencontre l'attendait déjà ici, dans cette cabane, à l'observer par les fenêtres, ou bien Natsuki était-t-il arrivé le premier sur les lieux ? Il n'y avait visiblement qu'une seule façon de le savoir.

Il s'avança vers la porte d'entrée, vérifia que le mécanisme de la serrure n'était pas piégé, et poussa la poignée.

Qui sait pour quelle raison Eden l’avait suivi après leur rencontre ? Elle-même l’ignorait. Ou plutôt, elle ignorait sa propre curiosité, une curiosité qui ébranlait ses principes tant de fois bafoués. Mais quelque fut ses raisons, elle se trouvait bel et bien là, sur la route, auprès du rônin. Bien qu’introvertie et solitaire, la Kaguya ne pouvait nier que le Blondinet était agréable, ou tout du moins sa compagnie. Il n’avait pas l’air curieux, ne l’interrogeait pas sur elle, sa vie, son passé, ses projets à venir. En somme, ce silence était quasi-parfait ! La brunette connaissait leur destination, mais aussi le but de Takusanken : Lui faire rencontrer son clan pour, éventuellement, lui faire changer d’avis. Depuis leur mission commune, le Blondinet avait su faire preuve d’une persuasion effrayante, peut-être saurait-il en mesure de lui faire changer, de nouveau, d’avis ? Qui sait. Mais cette tâche s’avérait bien plus compliquée que la précédente. Adhérer a une cause, à un clan ? C’était compliqué. D’autant plus que la loyauté de la jeune femme était très dure à ‘acheter’. Et puis … Pour être honnête, Eden ne pensait pas avoir le ‘profil de l’emploi’. Elle n’était pas aussi généreuse que son accompagnateur. Elle n’avait pas non plus le cœur sur la main, aider les autres et rendre la justice n’était pas son lot quotidien. Enfin … Disons plutôt qu’elle voulait bien plus. Rendre à son clan ce qu’il leur revenait de droit …. Et Takusanken ne saurait lui apporter cela.

Quoiqu’il en soit, le voyage fut plutôt long, fastidieux et pis ! Ils étaient perdus ! La jeune femme en était sur quand bien même le jeune homme le niait. Fierté masculine sans doute … Heureusement, ils disposaient suffisamment de nourriture pour ‘vivre’ pendant plusieurs jours. Au pire, la chasse était une option. Toujours est-il qu’ils en étaient là, sur une cote, à faire halte. L’Errante n’était pas contre. Encore plus têtue qu’une mule, elle avait refusé de monter sur le canasson du rônin. C’était juste gênant …. Ainsi, elle avait été à pied durant le trajet. La pause décidée, ils partirent en quête d’un coin pour se poser. Pendant la recherche, Eden était dans les nuages –comme souvent. Elle songeait à la suite du voyage, ou irait-elle une fois que leur chemin se serait séparé ? Non pas qu’il était désagréable mais elle ne comptait aucunement passer sa vie à le suivre comme un familier. De plus, il lui restait encore beaucoup à faire, à apprendre. Encore maintes et maintes lieux lui étaient inconnus. Suna, Kumo. Et Konoha notamment … Et pendant sa réflexion, le monde était en proie au malheur, au drame, aux combats. Durant son passage au Pays du Feu, elle avait rencontré un déserteur, Yusuke était son nom, qui lui avait parlé de Furyou … D’un seul en particulier. Elle ne connaissait pas son nom, mais elle savait que cet hom …. Non, chose empruntait le visage de Tenzo. C’était troublant. Et quand cette menace ‘frapperait’, elle ne voulait pas être dans les parages. Par peur ? Evidemment … Elle n’était pas aussi forte que son coéquipier temporaire. Elle n’était qu’un insecte encore plus insignifiant que les autres. Quelle image peu élogieuse elle avait d’elle. Juste un moment de doute, d’égarement. Petite claque mentale et on se reprend !

Une cabane donc ? A moitié cachée par le tertre, Eden observait la maisonnette. Elle lui apparaissait comme forte inhospitalière. Presque sinistre. Les vitres semblaient opaques, les planches pourris par le sel et l’humidité de l’océan. Qui sait combien d’araignées devaient vivre dedans … Brrr. Et Taku’ avait l’air plutôt emballé par sa découverte. Il ne comptait quand même pas aller manger là-dedans ? Aussitôt, la jeune femme lui adressa un regard de défi, qui se dissipa quand il parlait de mouvement dans la cabane. Eden fronça les sourcils. « Vous voulez vraiment aller la bas ? C’est sinistre, lugubre … Et apparemment pas totalement désert. Il se peut que des bandits si terrent, si ce n’est pas pire ? Ce n’est surement pas un modeste pécheur venu pour ramasser des coquillages. Et en plus y’a surement pleins d’araignées … » Les coupe-jarrets elle s’en foutait pas mal, les insectes un peu moins … Oui bon, elle avait la frousse quand elle songeait à ces monstres à huit pattes, poilues, avec d’énormes mandibules … La froussarde se mit à frémir et par reflexe, se rapprocha de son camarade provisoire. « Bon d’accord … On va voir, mais vous passez en premier ! » La jeune femme montra la cabane du doigt, les joues gonflées alors qu’elle réprimait sa petite frayeur …

Spoiler:

« La curiosité est un vilain défaut... C'est mon préféré.»

Le blond était de dos à l'extérieur et la fille dehors ? Elle venait de perdre le contrôle de tous mouvements, consciente, mais piégée dans son propre corps, une si magnifique marionnette, c'était trop tentant. Les deux à l'intérieur n'étaient pas n'importe qui et le stratagème pour les rassembler avait été difficile. De base, le lieu n'était pas piégé, mais cette vérité changeait très vite, quand à l'intérieur ils entendaient la serrure se verrouillait... Les parois s'enflammaient.

Résumé:

La porte s'ouvrit sans trop de difficulté, le manque d'entretien ayant simplement ankylosé les gonds de rouille. Elle grinça, puis révéla le contenue de sa pièce, c'est à dire, pas grande chose : quelques très rares meubles dont une table, une poignée de tabourets, et un homme en tenue de vacances. La table poussiéreuse étant de mauvaise facture, et les tabourets usés par le temps, Natsuki en déduisit que l'homme relativement neuf qui s'y trouvait était la dernière chose à avoir pénétrer dans cette cabane avant lui, et s'y intéressa donc en premier. D'un coup d'œil, il l'identifia comme appartenant au Village de Suna grâce au symbole qu'il portait sur le front, mais il savait aussi qu'un bandeau pouvait facilement changer de tête. Ou abriter un Serviteur... Était-ce donc lui qui l'avait fait venir ici ? Il l'étudia encore un instant à travers la fente de sa cagoule, la main encore sur la poignée de la porte. Avant qu'il n'ouvre la bouche pour poser sa question cependant, le jeune homme en chemise blanche utilisa en premier mot pour mot ce qu'il s'apprêtait à demander. La réponse s'imposa donc d'elle même à son esprit.

« Non, ce n'est pas moi, et vous n'êtes pas le seul attendu ici visiblement. Mon Village m'a demandé de venir représenter les forces militaires de Konoha. »

Il porta la main à son front, et retourna une doublure au niveau de son masque pour révéler l'insigne de Konoha, bien qu'il ne représentait pas grand chose compte tenue des circonstances.

« J'imagine qu'il est en de même pour vous, Sunajin ? Tout comme je peux en déduire de votre question que vous n'avez aucune idée de qui est notre commanditaire commun. Nos Villages respectifs aussi apparemment, puisqu'Ils n'ont pas jugé nécessaire de nous en dire plus. »

Sans quitter du coin de l'oeil le jeune homme, il commença à réfléchir les bras croisés sur la poitrine. Cette tournure ne lui plaisait pas beaucoup. Il n'avait jamais été question que quelqu'un d'autre que celui qui l'avait fait convoquer soit ici. Il n'avait pas été question de grand chose en réalité : à part qu'il était attendu dans cette cabane, il n'avait reçu aucune information. Ni par qui, ni pourquoi. Plus il y pensait, et plus cela sentait le traquenard, quoi qu'en dise son Village.

Faisant un pas en avant pour prendre place à table à l'opposé de l'autre homme présent, il quitta l'encadrement de la porte, qui se referma aussitôt, suivit du cliquetis particulier d'une serrure se verrouillant à double tour. Le regard de Natsuki se posa alors rapidement du loquet au Sunajin, passant de l'éclair de surprise à la méfiance. Mais le ninja avait posé sur lui les mêmes yeux suspicieux. Soit il jouait très bien la comédie, soit ils venaient tous les deux de se faire enfermer. Bien sûr, il fallait davantage qu'une serrure sur vieille porte de bois pour empêcher un shinobi de sortir : même les plus jeunes genin avaient assez de puissance de feu pour souffler une petite maison. Cela était donc un petit manège de leur commanditaire pour apparaître dans l'ambiance ? Il en doutait, car les murs de la cabane s'embrasèrent presque instantanément. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, il régna une chaleur accablante, les flammes léchant avidement tout le combustible à leur disposition en émettant tout autant de fumée. S'il ne sortait pas, il était évident pour Natsuki qu'il suffoquera en quelques minutes sous les décombres. C'était donc bien un piège, prouvant encore une fois qu'il détestait avoir raison.

L'hypothèse d'avoir été trahit par Onpu lui traversa l'esprit. Ce dernier était-il devenu un Serviteur après avoir perdu la mémoire, et l'avait envoyé sciemment ici ? Si c'était le cas, alors la situation allait prendre une sale tournure – pire que sa simple condition en tout cas. Mais sans plus de preuve, il ne laissa pas son esprit divaguer : il avait mieux à penser dans l'instant. Surtout que, si c'était un piège, il était certain que le traquenard ne se limitera pas à si peu. Un météore sur la cabane peut-être ?

Toujours est-il que dès que l'incendie se déclara, Natsuki se retrouva d'un bond sur ses pieds, son tabouret repoussé sans ménagement en arrière. La réaction du Sunajin, encore une fois, tendait à le rendre innocent de la tournure des événements.

« Nous avons été trompé. » lâcha-t-il d'une voix forte pour couvrir le crépitement des flammes, une voix soudainement dénuée de vie.

Une remarque tout aussi inutile que '' c'est un piège '', ou '' il faut sortir d'ici '' : l'évidence s'imposait d'elle-même, sans ambiguïté. Craignant que l'incendie ne lui réservait d'autres surprises, il commença par composer une poignée de mudras qui s'achevèrent sans aucun effet notable. Mais après une dizaine de secondes, au cours desquelles Natsuki avait soulevé la table pour la tenir par un pied à la verticale, et empoigné un tabouret dans l'autre main, le bruit d'une dense pluie commença à couvrir celui de l'incendie. Des trombes d'eau tombèrent du ciel, amenées par de gros nuages chargés des évaporations de la mer. Si le feu était on ne peut plus normal, alors il devrait rapidement s'éteindre.

Armé de son tabouret, Natsuki le jeta contre une vitre pour la briser, et attrapa sa table qu'il utilisa comme un bouclier. Tenue contre son épaule, Il lui offrit une bonne protection lorsqu'il chargea avec à travers ce qu'il restait de la fenêtre, défonçant la voie en arrachant au passage une partie du mur pour son équipier d'infortune du jour. Il ne doutait pas un instant d'être attendu dehors, ne serait-ce que par des témoins venu s'assurer que le piège avait fonctionné.

A moins que toute cette mise en scène avait pour réalisateur et producteur le Sunajin ?

Spoiler:

Résumé:

Dans un élan de courage – parce que les araignées c’est le mal et ça fait peur – Eden était décidée à le suivre dans cette cabane miteuse, ils n’allaient pas y rester longtemps de toute façon …. Juste le temps d’avaler un truc et de repartir. Les monstres à huit pattes n’auraient même pas le temps de se rendre compte de leur présence qu’ils seraient déjà partit ! Oui bon, elle rêvait mais cela était nécessaire. Elle devait se rassurer pour mettre un pied devant l’autre. Néanmoins, sa bravoure fut balayée par les flammes. Celles-là même qui grimpaient sur les parois de la cabane. Si soudainement ?! Comment était-ce possible ? Qui avait pu ? Il n’y avait personne dans les environs. Du moins personne de visible. C’était étrange … Tout aussi étrange que cette présence. Une présence sombre et oppressante. Une présence qu’elle semblait être la seule à ressentir. Car le Rônin était accaparé par les flammes. Il semblait paniqué et hésitant. Surement envisageait-il de s’y rendre. Il disait avoir vu quelqu’un un peu plus tôt … Eden le connaissait suffisamment pour savoir qu’il ne laisserait jamais personne dans le besoin. Cependant, il ne voulait pas l’impliquer dans ce danger. Pensait-il qu’elle était en sucre pour la tenir à l’écart de toute menace ? Il se comportait comme une sorte de … Grand frère, c’était à la fois gênant mais touchant.

En bon chevalier servant, le jeune homme se rendit à la cabane, faisant signe à la brunette de ne rien faire, de rester en retrait. Certes, elle ne s’approcherait pas, mais ce n’était pas à son ordre qu’elle répondait. Les flammes n’étaient pas la source de son inquiétude, de ses doutes. C’était …. Autre chose. Quoi ? Elle ne savait pas. D’ailleurs, elle ne voulait pas savoir. C’était effrayant. Mais sa curiosité la poussait à regarder aux alentours, tournant le dos au torrent enflammé. Elle balayait l’horizon du regard, sans rien voir, même pas un chat. Pourtant cette ‘ombre’ était toujours là, planant presque au-dessus de sa tête. Elle se sentait mal, presque écrasée par une force qui la surpassait, la dominait. Vraiment ? C’était juste une impression. Ou quelque chose comme cela.

C’est d’une oreille distraite qu’elle entendait le fracas du bois et le crépitement des flammes, elle sentait même la chaleur de sa place. Pendant un vague instant, elle regardait l’épais nuage sombre dans le ciel, l’unique preuve de cet incendie étrange. Un drôle de sentiment prit possession d’elle. Il était si préoccupant qu’elle venait à ignorer totalement son nouvel allié. Eden eut juste le temps de le voir former un ‘deux’ de sa main avant de se faire de nouveau ‘parasiter’ par ses craintes. Toujours cachée par le talus, la jeune femme entendait juste la voix de son ami, mais pourtant elle ne distinguait pas le sens de sa phrase. Seuls des fragments, des mots lui parvenaient uniquement. Mais elle n’y faisait guère attention. Cherchant à se rassurer, la jeune femme observait de nouveau autour d’elle, comme pour être vraiment sur de ne voir personne, sait-on jamais … Au final, elle se sentait bête. Ces craintes n’étaient pas fondées. De plus, si Taku’ n’avait pas sentie cette ‘menace’, c’est qu’il ne devait pas y avoir grand-chose. Aussi, Eden haussa les épaules pour conclure cela, une sorte de : J’dois manquer de sommeil. Ou encore : Tant pis, j’me fais des films. Enfin, elle s’avançait sur le talus, dévoilant sa présence. Elle-même pouvait voir deux hommes. La distance ne lui permettait pas de les décrire, ou du moins de voir leurs bandeaux. La Kaguya vit uniquement un blondinet aux cheveux hirsutes, l’autre état à l’abri sous sa cagoule. Menace ou non ? Elle préférait rester à l’écart, le temps que cette situation ne se clarifie.

Spoiler:

Il aurait du s’en douter. La cabane avait été piégée… Mais par qui ? Il n’y avait aucun moyen de le savoir pour l’instant, ni même un jour vu qu’il ne restait plus de trace. Tout avait brûlé et derrière les cendres, sa silhouette apparaissait aux yeux qui avaient échappé in-extremis à ce qui aurait pu être un des plus grands faits-divers de l’histoire, surtout pour Konoha et Suna.

Tôhatsu Kyu se dévoila aux quatre personnes face à lui. A vrai dire, il y en avait réellement trois, et la quatrième était restée cachée. Un comportement qu’il jugea compréhensible vu le spectacle qu’il venait d’y avoir ici. Les cheveux cours du représentant des Tôhatsu s’hérissèrent pour la plupart, signe d’une technique sensorielle de haute volée.

Il est inutile de te cacher, je sais que tu n’y es pour rien, tout comme vous trois. Je me présente, je suis Tôhatsu Kyu et ça fait de longues années qu’on m’a placé à la tête de mon clan.

Ce n’était pas la première fois qu’il rencontrait des shinobis des villages cachés. De par son grade au sein de sa lignée, il avait même eu des conversations avec des hauts dignitaires, comme la fois où les siens avaient été courtisés par Konoha. Mais l’heure n’était pas pour le passé. Au contraire, il fallait regarder vers l’avenir.

C’est moi qui vous ai convoqué, messieurs Yamada et Nara. Quant aux deux shinobis qui se sont immiscés ici, je ne sais pas qui vous êtes, mais j’aimerais que vous vous présentiez plus en détail car vu que vous avez tout vu, il serait inutile et irresponsable de vous refuser de participer à cette conversation maintenant.

Ces deux shinobis pouvaient être sans-attache, déserteurs, curieux, là au mauvais moment et au mauvais endroit, accompagnateurs : qu’importe. Le message que le Tôhatsu avait à délivrer était plus important que les querelles qu’il pouvait y avoir entre les nations, entre les villages. Il n’y avait que cinq shinobis ici, rien de plus. Et ils devaient converser.

D’abord, sachez que ce n’est pas moi qui ai piégé la cabane. C’était notre lieu de rendez-vous, mais ça ne m’étonne pas qu’on ait tenté de me faire taire. Malheureusement pour ceux qui ont fait ça, je ne suis pas très ponctuel.

Il ricana un instant avant de marquer une pause, soupirant et repoussant les quelques traces de fumée qui s’étaient rapprochées de lui.

Shinobis, à qui prêtez-vous serment en premier ?

Spoiler:

« Nous sommes en guerre contre les Furyou et leur armée de traitres. Je doute qu'il y ai quoi que ce soit de personnel dans cette tentative d'assassinat, si s'en est une. »

La pluie battante continuait de tomber du ciel dans les environs, ricochant sur les pièces armurées de son équipement. Une bonne chose que sa tenue était relativement imperméable, sans quoi il serait déjà trempé jusqu'aux os. Il avait un peu imposé cette triste condition au Sunajin, mais il préférait cela à apprendre que les restes de la cabane abritaient des explosifs ne demandant qu'à se déclencher sous l'effet des flammes. Ce qu'il apprit par contre, ce fut le nom du jeune homme avec lui. Les présentations étaient en effet une étape par laquelle ils n'avaient pas eu le temps de passer.

« Natsuki, du clan Nara. » répondit-il simplement de sa même voix égale, juste assez fort pour se faire entendre malgré le déluge.

Mais déjà, son regard était tourné dans la direction que lui indiquait Kioshi. Difficile d'y voir quelque chose de précis à travers le dense rideau de pluie, mais effectivement, en plissant les yeux, il pouvait apercevoir une silhouette sombre se découper sur le fond. Plutôt grande d'ailleurs.

« Allons voir. »

Ce pouvait très bien être aussi un piège, et Natsuki n'avait pas très envie de continuer ce train fantôme pour voir jusqu'où il pouvait survivre/encaisser, aussi il évita l'approche de front, proposant à Kioshi de s'y rendre chacun de leur côté suivant une trajectoire ovale. Au pas de course, il eu vite fait de rejoindre l'individu au loin, lequel n'était finalement pas aussi grand que ce qu'il avait cru : ce qu'il avait prit pour sa taille n'était que sa main. Visiblement, il s'adressait à eux, mais à cause de la pluie, Natsuki n'en entendit qu'une partie une fois arrivée à porté d'oreille. Toujours méfiant, il s'immobilisa à quelques pas de l'individu, qu'il reconnu vaguement pour l'avoir déjà rencontré moins de six moins auparavant.

« Takusanken ? » lâcha-t-il sans émotion.

Ce dernier ne pouvait évidemment pas le reconnaître sous son masque, mais faute de savoir s'il pouvait ou non lui faire confiance pour le moment, il ne jugea pas nécessaire de se dévoiler.

« Que faites-vous ici ? » questionna-t-il.

Kioshi lui avait annoncé qu'il avait repéré d'autres présences dans les environs, sans pouvoir en déterminer le nombre. Natsuki n'en apercevait pourtant aucune autre, ce qui ne fit que redoubler sa vigilance. Son expérience de la vie lui soufflait de rester sur ses gardes, car la situation ne promettait pas de s'arranger pour le moment. Surtout qu'une quatrième tête se présenta à eux.

Sans un mot, Natsuki le dévisagea. Était-ce lui qui l'avait fait venir ici ? Piéger la cabane ? Ou les deux ? Il prêcha la première option, suite à quoi il se présenta après avoir visiblement débusqué une cinquième personne. Ainsi donc il était un membre – le chef – du clan Tôhatsu. Konoha avait eu de vagues contacts avec eux s'il ne se trompait pas, et leur avait proposé d'intégrer le Village sous l'ère de Daiki.

« Où a été la fuite de l'information alors ? » demanda Natsuki d'un ton neutre lorsque Kyu révéla que l'attentat le visait probablement lui. « Vu qu'elle semblait si secrète que Konoha n'a pas daigné m'expliquer pourquoi je devais venir ici et ce qui m'y attendait. Et pour ce que j'en vois, Suna a logé son missionnaire à la même enseigne. »

Les vents marins étaient forts ici, si bien que les nuages qu'avait convoqué Natsuki pour éteindre l'incendie se virent chasser. Progressivement, la pluie cessa, au profit du retour de l'air salé. Kyu posa une question qui méritait la réflexion, source d'hésitation chaque fois qu'elle se présentait. Le Nara tatoué avait prêté serment à son Village, et avait jusqu'à présent toujours suivit ses ordres à la lettre. Néanmoins, il n'avait agit ainsi que parce que dans la politique de Konoha se reflétaient grossièrement ses propres principes et aspirations. Mais si un jour, ce en quoi il croyait et ce vers quoi le Village de la Feuille se dirigeait prenaient deux directions radicalement différentes, laquelle suivrait-il ? Ni l'un ni l'autre n'était éternel et immuable. Trahirai-t-il sa patrie, ou se trahirait-il lui-même ?

« Mon Village. » répondit-il finalement.

Du moins, actuellement.