« Les Genin doivent respect aux Chûnin, qui doivent respect aux Jônin, qui doivent respect aux Ministres, qui doivent respect aux Bras droit et Bras gauche. »
Art. II-III

Voilà plus de trois heures qu’ils avaient marché, à une telle vitesse qu’ils étaient désormais à la frontière du Pays de la Foudre et de Shimo no Kuni. Assis dans un recoin d’une montagne, le Nukenin s’autorisa à fermer les yeux, reposant son dos sur le rebord dur et rocailleux. Le jeune Kadoria qu’il avait pris en otage ne risquait pas de s’enfuir, le combat avait bel et bien prouvé que Tsuhiro avait largement le dessus sur ce probable Genin. Se contenter de lui nouer les mains avec une corde était donc suffisant.

C’était une courte pause que le duo s’accordait. L’un avait besoin de réfléchir, tandis que l’autre espérait probablement entendre les renforts arriver. Mais malheureusement – et il devait lui-même s’en douter – Seki Zennosuke n’avait probablement pas mis toutes ses forces sur le coup pour sauver un simple soldat qui avait désobéi. Et ce n’était pas la seule raison : la plupart des troupes du village caché des Nuages étaient à Mizu no Kuni.

Dans le calme des montagnes, il repensa au combat qu’il venait de livrer. Il avait été intense, et Hôritsu avait pu obtenir de lui-même la confirmation qu’il maîtrisait de mieux en mieux ses pouvoirs de Kadoria. Mais maintenant que Seki Zennosuke savait plus ou moins la vérité et l’avait refusée, les possibilités de l’ancien gradé du Shûkai étaient limitées. A vrai dire, il n’avait plus que deux façons d’agir.

Monjara Shinji était le premier facteur à prendre en compte. Il l’avait déjà rencontré et il savait que sa position à Kumo était compliquée. Où était-il en ce moment ? Il suffirait de savoir si oui ou non il avait été à Mizu no Kuni et le retrouver ne serait qu’une question de temps, car Hôritsu savait comment l’extradition des prisonniers et des blessés de guerre s’organisait. Et même si le Shûkai était devenu un Empire, toutes les lois et ses applications n’avaient pas pu changer drastiquement et surtout en si peu de temps.

Seki Hasaki en était un autre. Il était connu pour être le bras-droit du Raïkage et le fait qu’il ne se soit pas fait connaître ni à la conquête ni lors de l’assaut d’aujourd’hui le rendait sensible et important. Où était-il et surtout, que faisait-il ? Si une alliance semblait possible avec le Monjara, Hasaki représentait l’inverse. De tous les gradés Kumojins, il était le plus dangereux. Même Seki Zennosuke, qu’il avait pu voir à l’œuvre, était moins important.

Ce dernier, le Godaime, avait néanmoins soulevé un point intéressant. L’accord du Daimyô était primordial. Mais il savait aussi qu’il avait moyen de prendre le pouvoir par la force… Pourtant, qui devrait-il viser ? Le Daimyô ou directement le village et son chef ? Ayant presque fait jeu égal avec le Raïkage, Tsuhiro savait qu’avec l’aide de quelques autres personnes – à condition qu’ils passent vite à l’offensive – la boucle serait bouclée.

Les autres shinobis, qu'ils soient gradés ou non, comme Kadoria Koüga, n'étaient pas à oublier mais le fait qu'ils ne tutoyaient pas les hautes sphères décisionnelles intéressait forcément moins le Nukenin qui préférait bâtir sa décision en prenant compte des choses les plus importantes. Et il en était de même pour les personnes qu'il inclurait dans son plan.

Deux options : une prise de pouvoir par la force… ou par l’esprit. L’une semblait plus simple bien qu’il devrait choisir qui attaquer entre le Raïkage et le Daimyô mais cette solution risquerait de compromettre sa position une fois au pouvoir. L’autre était tout simplement plus risquée car même si Hôritsu était un homme intelligent, il se devrait d’échafauder les détails manquant d’un plan rapidement.

« Nous nous remettons en route, j’ai des courses à faire. Et j’ai une proposition à te faire : mon nom contre le tien, Kadoria. »

Que faire ? Hôritsu venait de trouver la réponse.

Spoiler:

Le combat a été fatiguant et surtout complétement fou. C’est vrai, combattre un homme fort était déjà dur, mais combattre un autre Kadoria de haut niveau était encore plus difficile. Malgré ça, j’avais eu un avantage certains dans ce combat, même si je ne rêvais pas trop sur comment il allait se finir si c’était un 1 contre 1. J’avais réfléchis très vite et dès que j’avais compris d’où lui venait son pouvoir, j’avais adopté une tactique assez … Bizarre mais qui marchait. En effet, j’avais utilisé son attraction contre lui-même et avait même faillit le toucher avec mon épée. Chose qui était vraiment impresionnante pour un ninja de bas niveau comme moi lorsqu’il affrontait un ninja de haut niveau comme lui.

Enfin bref, j’avais perdu. Non, nous avions tous les trois perdues face à lui. Le Raikage compris d’ailleurs. Il avait tenté à la fin d’affronter l’assaillant seul, mais ce n’était pas trop ça. Beaucoup plus rapide que lui, il l’avait complètement laissé sur place avant de me capturer. J’étais sur mes gardes, mais il était bien trop rapide et la surprise m’avait empêché de réagir comme il fallait. J’étais trop faible, il fallait que je me renforce et vite ! Que je devienne plus fort ! Beaucoup plus fort et comme ça la prochaine fois, je pourrais défendre le village contre une attaque comme celle-ci et non pas être seulement spectateur.

Enfin bref, ca faisait plusieurs heures qu’on avait quitté les environs du village de Kumo. Et on approchait même de la frontière. Après mes missions dans les environs du village, je connaissais un peu comme ma poche les terres de Kaminari. J’étais pas du tout épuisé par le combat, je n’avais dépensé qu’une infime partie de mon chakra. Mais se déplacé a une telle vitesse était assez difficile pour un ninja de mon niveau. Mais bon, je prenais sur moi et me forçait. J’avais dans l’optique de devenir plus fort et sans sacrifice, la force ne s’acquiert pas du tout. On arrivait presque aux frontières du pays de la foudre quand mon kidnappeur s’arrêta. J’avais les mains liés entre elle et quand bien même je serais complètement libre, il était plus fort et plus rapide que moi. C’est ainsi qu’il se mit assis le dos contre une grosse pierre. Malgré les apparences, je ne montrais pas que j’étais fatigué. Plutôt mourir que de montrer à ce gars que j’avais mal au pied et la vitesse de nos déplacements m’épuisait petit à petit. Et puis il fallait le dire, je n’étais pas con. Je savais très bien que même si j’étais un soldat de la foudre, vu les nombreuses troupes qui était à Mizu, personne mise à part peut-être Kouga-sensei, n’allait venir me chercher.

J’étais donc seul contre ce fou. Car oui, pour attaquer tout un village il fallait être complètement fou ou stupide. Il était loin d’être stupide d’ailleurs vu qu’il s’était sortie presque sans blessure d’un combat contre trois adversaires. Après tout, même si je ne l’aimais pas, c’était un Kadoria et il était donc fort. Enfin bref, il prit la parole pour dire … De la merde. Il parlait encore en code alors qu’on était seulement deux.

« Et t’as besoin que je te tienne la main pour faire des courses ? Bah putain, elle est belle la vie des déserteurs … Bref qu’est-ce que tu veux dire par ton nom contre le mien ? On porte le même nom, donc ça ne changera rien au final espèce de con. »

J’en avais déjà marre de voir sa tête. Mon nom contre le tiens … Il s’était cru dans un film d’action pourri ou quoi ? Il pensait qu’on était dans un western ? Olala j’avais envie de lui en mettre une mais mes mains étaient complètement prise. Il m’avait attaché ce con et il fallait dire qu’il avait bien fait. Enfin bref, j’étais dans la merde jusqu’au cou … Seul contre un homme. Putain, c’était pas ma journée.

« Une fois bien installé au pouvoir, un chef se doit de se retirer s'il n'a pas la majorité de l'opinion publique avec lui. »
Art. III-III

Encore et toujours de la provocation. Selon l’idée qu’il se faisait des lois sur la hiérarchie d’un groupe, le comportement du jeune shinobi lui aurait valu un emprisonnement des plus fermes et longs. Mais même si Hôritsu aspirait à devenir le prochain Raïkage, il savait que tout ce qui se passerait avant ne compterait pas lors de son entrée au pouvoir. Ce Genin pouvait donc faire tout ce qu’il voulait, toute l’ardoise serait effacée une fois que celui qui l’avait capturé serait au pouvoir.

Mais c’était à double tranchant. Car si pour l’instant, Tsuhiro n’était qu’un « déserteur », il savait qu’il pouvait faire certaines choses qui lui auraient été impossibles ni au Shûkai ni ailleurs. Seul, il pouvait plus facilement passer entre certaines lois que son code lui intimait. Et c’était tant mieux, parce que son plan avait plus de chances de fonctionner ainsi. Le Nukenin jeta un regard au ciel.

« Je voulais parler de ton prénom. Désolé de l’incompréhension que j’ai suscitée. Je veux juste savoir comment t’appeler. »

Il n’y accorda pas plus d’importance et ensemble, ils continuèrent de marcher jusqu’à trouver une échoppe assez fournie et dont les produits étaient assez nombreux et variés pour qu’Hôritsu se décide à y pénétrer. Il avait renoué les liens de son otage à un des piliers du magasin. Ils étaient à la frontière, et il y avait peu de chances que des Kumojins débarquent. Et que ce soient des hommes capables de rivaliser avec « la Loi » était une hypothèse encore moins probable.

L’homme aux longs cheveux blonds ressortit du magasin avec un grand sac opaque. A moins que le Genin eu des dons de sensorialité ou une sorte de Byakûgan, il lui fut impossible d’en connaître le contenu. Il fut détaché, et le duo reprit sa route, en longeant de loin la frontière.

A un moment, ils s’arrêtèrent dans une clairière. Le frère cadet du Shodaime sortit de son sac deux pains ainsi que deux gourdes. Il scella ensuite le sac dans un parchemin, qu’il rangea soigneusement dans sa pochette ninja, sous son large vêtement blanc. Il s’approcha de son otage.

« Tu ne feras rien d’idiot, pas vrai ? »

Puis il retira ses liens, avant de lui donner le pain et l’eau. Un signe de la tête de sa part l’invita à manger. Hôritsu s’assit en face du jeune homme, sans le lâcher du regard.

« Ce Kadoria Koüga, c’est ton sensei, n’est-ce pas ? »

Une déduction simple et peu risquée. Le jeune Kadoria en avait parlé en plein milieu du combat, le plaçant alors en haute estime. Pourtant, ce n’était pas lui mais Kadoria Sho qui était actuellement le chef du clan. Alors cette haute estime devait probablement venir de son appartenance à l’équipe de ce fameux Koüga.

Fallait-il qu’il le considère d’avantage au sein de son plan ? Non, Kadoria Koüga était bien en tant qu’électron libre. De toute façon, pour accéder au pouvoir, Hôritsu savait ce qu’il lui fallait. Discréditer Seki Zennosuke serait une chose facile, mais il lui fallait encore d’autres choses importantes et surtout… l’aval du Daimyô. Comment l’obtenir…

« Tu dois me prendre pour un vulgaire criminel, un simple Nukenin, mais je vois bien que ton expérience est encore faible, comparée à celle des gradés de ton village ou de la mienne. Tu fais partie de la partie basse de la pyramide qu’est Kumo, tu es aveuglé par l’aura que dégage ton Raïkage. Pourtant, l’Histoire démontre que bien des Kages se sont révélés être des monstres. »

Il arracha un morceau de pain qu’il avala presque sans mâcher. Son bras flottait, reposé sur son genou.

« Tu es né pendant le Grande Guerre, comme la majorité des shinobis de ce monde. Peut-être es-tu, comme beaucoup ou comme moi, un orphelin de cette guerre. Pourtant, tu as placé ta confiance chez des gens qui n’avaient pas ton sang. Pourtant, tu as remplacé le sang et l’aura de la famille par celle de ton village, de ta patrie. »

Tsuhiro avala quelques gorgées d’eau, mais resta quelques instants les yeux rivés vers le ciel, parsemé des feuilles des hauts arbres qu’il y avait autour de la clairière.

« Le sang, la patrie… ne sont en aucun cas des critères premiers qui doivent déterminer ta vie. Chacun doit suivre la voie qui lui paraît juste. J’ai ton sang, Kadoria. Contrairement aux autres Nukenins ou même à ton Raïkage, je n’ai pas tenté de vous tuer, ni de toucher à Kumo, signe que je tiens à ta patrie. Pourtant, je ne te demande pas de m’accorder ton allégeance… »

Ses yeux redescendirent côtoyer ceux de l’otage.

« … car ce sont mes actes qui feront de moi le Rokudaime Raïkage, et qui me permettront d’avoir ton respect. »

Amical ? Voila le mot qui me venait à l’esprit depuis notre départ de Kumo. C’était vrai, il était beaucoup plus sympathique et beaucoup moins froid qu’auparavant. Il baissait peut-être sa garde ? Jamais de la vie. Et quand bien même il la baissait, mon niveau actuel ne me permettrait jamais de venir à bout de lui et d’amener sa carcasse à Kumo. Enfin bref, la situation ne changerai sûrement pas dans les heures voir les jours à venir. Rien ne changera car le village n’allait sûrement pas envoyer des troupes à ma recherche en tant de guerre a Mizu. C’était logique … Mais quelques fois, il fallait le dire, la logique je l’emmerdais. Je la détestais carrément cette logique. Enfin c’était pas grave, maintenant que j’étais prisonnier de cet homme et jusqu'à nouvelle ordre, j’allais devoir le suivre où il voulait aller. Enfin, j’allais lui casser la tête plus qu’autre chose !

Il fallait dire que cet homme était bizarre et ce qu’il avait fait l’était encore plus. Il avait pris la peine de me détacher. Normal, il avait rien du tout a craindre de moi. Même les mains libres, je n’allais pas tenter de m’enfuir. Je n’étais pas suicidaire non plus hein, je savais très bien que cet homme était beaucoup plus rapide que moi et que s’il voulait, il pouvait me tuer en une fraction de seconde. Ce que je ne savais pas, c’était pourquoi il ne l’avait pas déjà fait et pourquoi il avait pris un prisonnier ? Surtout un vulgaire Genin qui ne faisait que le ralentir comme moi. De toute manière, comprendre cet homme était une chose plutôt compliquée. Il était peut-être fou … Ou il était seulement convaincu d’avoir raison et de faire ce qu’il fallait pour lui … Enfin bref j’allais devoir lui répondre.

« Je ne connais pas de Kadoria Kouga … Je ne sais pas de qui tu parles. Moi, je m’appel Saitô. Kadoria Saitô. »

Ce n’était pas moi qui avait parlé de Kouga-sensei durant le combat, c’était Akogare. Mais j’étais un ninja de Kumo et donné des informations sur l’effectif du village a un gars qui venait d’attaquer le village et qui venait de me kidnappé sans le moindre scrupule, c’était pas du tout mon truc. J’étais peut-être con, mais je n’étais pas du tout un imbécile né de la dernière pluie. Enfin bref, la suite était de plus en plus bizarre. Il se montrait gentil avec moi et m’avait proposé à manger. Il rêvait clairement s’il croyait que j’allais manger quelque chose qui venait de lui. Je n’étais pas son ami et je ne comptais pas le devenir. Et puis j’étais un ninja de Kumo bordel ! J’étais fier et manger quelque chose de la part d’un homme qui avait attaqué et combattu mon Raikage, ce n’était pas genre.

« Franchement, l’histoire, j’en ai rien à foutre. Je suis un ninja de Kumo. Je ne combats pas pour mon Kage, je combats pour mon village. C’est ça être ninja. »

Il fallait que je lui fasse comprendre à ce gars. Ce n’est pas parce que lui ou ses potes s’il en a, vont prendre le contrôle du village qu’il aura gagné mon respect. Ce n’est pas parce qu’il deviendra Raikage, s’il le devient bien-sûr, qu’il aura droit à mon respect.

« Quand bien même tu deviendras Raikage un jour, ce que je doute clairement, tu n’auras jamais ma confiance. Comme tu l’as dis, ce sont les actes qui font que tu auras ou non la confiance de ta patrie. Or tu viens d’attaquer le village et de kidnapper un ninja de Kumo … Tu peux te toucher pour avoir ma confiance après ça. »

C’était vrai. Il venait de perdre à tout jamais l’occasion d’avoir un peu de respect de la part des Kumojin. Enfin bref, durant le combat, il avait sembler en savoir beaucoup sur les anciens Raikage et surtout sur les membres du clan Kadoria. Et ça, ca m’intéressait.

« Dis moi, c’était quoi les lettres que tu as donné au Raikage tout à l’heure ? Et surtout, comment tu connais si bien le premier Raikage, Kadoria Urio et l’histoire de Kumo tout en étant déserteur ? Et puis j’ai d’autre question. Comment tu peux attirer les gens vers toi sans poser de sceau ? C’est quoi ton utilisation bizarre de notre pouvoir la ? »

« Rien n'est pire qu'un homme qui entraîne autrui dans l'accomplissement de ses méfaits. »
Art. IX-I

Il ne connaissait pas de Kadoria Koüga ? En y réfléchissant à nouveau, c’était peut-être l’autre Kadoria qui en avait parlé durant le combat… Mais ce dernier avait été tellement intense que, sur cette question du moins, Hôritsu n’était pas sûr de ce qu’il pensait savoir. Quand bien même, la réponse du dénommé Saitô était d’un autre degré d’exagération. Ne pas le connaître… c’était tout bonnement impossible. Kadoria Koüga était un gradé du village de Kumo, sûrement parmi les plus réputés chez les Kadoria, alors qu’un membre de ce même clan ne le connaisse pas… Un rictus s’invita sur le visage du Nukenin.

« Un ninja de bas-étage, mais un ninja de Kumo tout de même... »

Tout était à changer dans ce gosse, mais il y avait quand même ce trait de caractère, fier et campant sur ses valeurs, qui plaisait à son kidnappeur. Mais lui par contre, ne semblait toujours pas être complaisant. Il ne mangeait même pas le morceau de pain qui lui avait été offert. Doutait-il de ses bienfaits ? Peut-être pensait-il à un piège.

Hôritsu lui, continua de manger. Puis entre deux bouchées, il ne put s’empêcher de jeter une réplique au Genin.

« Tu sais, si je voulais t’empoisonner ou faire autre chose de toi, je n’aurais pas besoin de faire si compliqué. Mange, à moins que tu n’aies prévu de mourir de faim d’ici quelques jours… »

Les shinobis pouvaient tenir de longues journées sans avoir de nourriture, mais comme tout Homme, cela était proportionnel aux efforts qu’ils fournissaient. Et rien qu’avec le long voyage que Saitô avait fait et vu tout le stress qui l’avait accompagné, ne pas manger pendant… deux ou trois jours pourrait le faire décéder.

Il écouta ce que le jeune Kadoria avait à dire. Il parlait beaucoup, et avait au passage donné sa vision du shinobi, qui n’était pas si différente de celle d’Hôritsu, bien que largement plus grossière. Après une gorgée d’eau, le déserteur du Shûkai s’amusa de voir tant de paroles un minimum « censées et organisées » sortir de cette bouche de ninja inexpérimenté.

« Tu poses tellement de questions qu’on pourrait douter que tu es mon otage, mais soit… Je suis le frère de Kadoria Uriô, le Shodaime Raïkage, et Karasu Tsumei ainsi que lui-même m’ont adressée des lettres qui, en quelques sortes, appuient ma capacité à aider Kumo. »

Assis sur son rocher, Tsuhiro leva sa main droite et la pointa en direction du morceau de pain du Genin. Sans sourciller, il attira le met jusqu’à l’attraper.

« Ce qui nous fait arriver à ta deuxième interrogation. J’ai en effet des pouvoirs héréditaires qui me permettent de surpasser les contraintes des techniques Kadoria. C’est quelque-chose que les Raïkages savaient, bien que je ne sache comment. »

L’homme se releva puis sauta de son rocher, le pain entier à la main. Il s’approchait du jeune homme.

« Je n’ai pas attaqué le village, j’ai fait en sorte d’attirer Seki Zennosuke à son entrée pour lui parler, et également pour vérifier ce que je craignais… La situation catastrophique de Kumo. Toi qui place la sécurité de ton village avant toute autre chose, laisse-moi te poser une question. »

Il continuait de s’approcher, sans relâcher son regard azur et insistant.

« En refusant de s’occuper de problèmes importants comme ce qui s’est passé à Ta no Kuni, savoir ce qui est réellement arrivé à son prédécesseur, régler des questions diplomatiques, restructurer le village… et en préférant s’inviter dans une bataille à Mizu no Kuni, sur des terres qui ne lui ont jamais appartenues et qui ne lui appartiendront jamais par pur impérialisme face à un Empire en plein essor, en disséminant ses troupes partout sauf à Kaminari no Kuni à tel point que lorsque je suis arrivé sur le Sentier Perdu en prétextant m’apprêter à attaquer Kumo seuls lui et deux Genins furent les uniques remparts pour défendre le village ; penses-tu que Seki Zennosuke agit pour le bien de Kumo ? »

Kadoria Tsuhiro se courba devant le jeune homme assis au pied d’un arbre. Il lui tendit le pain complet à nouveau.

« J’irais même plus loin. Tu sais que j’ai déserté le Shûkai le jour où c’est devenu un Empire et lorsque j’ai reçu les lettres des premier et quatrième Raïkage ? Laisse-moi donc t’informer de quelque-chose qu’on ton Godaime n’oserait jamais avouer… »

Ses yeux étaient toujours collés à ceux du Genin.

« L’Empire de Samui Kakeshuou ne fera qu’une seule bouchée de Kumo si jamais il décide de l’attaquer. Imagine seulement un escadron de shinobis ayant presque mon niveau vous attaquer quand je l’ai fait : Kumo serait tombé. Alors imagine toute une armée… Mais tu as sans doute raison, peut-être devrais-je laisser le village de mon frère et potentiellement une force d’opposition réelle à l’Empire que nous haïssons tant se faire détruire suite à la bêtise d’un seul et unique homme. »

« Hm … Moi aussi je deviendrais Raikage et j’aurais ces techniques, t’inquiètes même pas pour ça mon vieux. »

La puissance ? C’était ça que je voulais avant toute chose et cet homme était incroyablement puissant. Il pouvait, simplement en pointant son bras en direction d’une chose, se passer de sceau et faire attirer ou repousser cette même chose. Un bordel son pouvoir ! J’en bavais d’avance car je voulais le même ! Je savais quoi faire maintenant. J’allais, si je m’en sortais vivant de cette situation, m’entrainer à maitriser les mêmes pouvoirs que lui et me débarrasser de la contrainte du pouvoir des Kadoria. Malgré tout, il ne fallait pas oublier que c’était un homme dangereux que j’avais en face de moi. C’était un homme bizarre qui avait attaqué le village. Mais franchement, si c’était vrai tout ce qu’il disait, c’était l’un des Kadorias les plus puissants que j’avais eu l’occasion de rencontrer. C’était quand même, d’après lui, le frère de Kadoria Urio, le premier Raikage de Kumo.

« Tss, laisse-moi te dire une chose à mon tour. T’as affronté le Raikage et deux genins du village, t’as même kidnappé l’un d’entre eux. Franchement, tu crois vraiment que tu peux, après ça, devenir Raikage ? »

C’est vrai hein, il avait mal fait les choses. Il se serait présenté aux portes en demandant de parler gentiment au Raikage et aux ninjas de Kumo, personne n’aurait été blessé ni kidnappé et je serais encore au village. La, il avait affronté trois ninja de Kumo. Comment il voulait me faire croire qu’il voulait seulement le bien du village après ça ? Je veux dire, je ne suis pas née de la dernière pluie. Puis même s’il semblait vraiment sérieux et qu’il semblait avoir un bon fond.

« On s’en tape de l’empire de l’autre con, ni de la gestion du village par Zennosuke. Dis moi sérieusement si toi, en tant que ninja et même si nous avons le même sang qui coule dans nos veines, tu me ferais confiance si tu aurais été à ma place ? »

C’est vrai ça aussi. Il avait beau avoir un fond aussi bon que je ne savais quoi, c’était vrai. Même s’il n’avait jamais attenter à ma vie depuis mon kidnapping et qu’il s’occupait bien de moi en me proposant à manger et même s’il avait toujours le même sang que moi, il y avait toujours ce combat qu’on avait eut auparavant et ces techniques qu’il m’avait lancé. Je doutais aussi clairement que les autres Kumojins l’accueil les bras ouverts et le sourire au lèvre juste parce qu’il était le frère du premier Raikage ? Bordel, il était vraiment fou ce gars là. Il avait des couilles, mais il était fou.

« Qu’on se le dise. C’est les actes d’une personne qui font qu’on puisse lui accorder notre confiance ou non. Et pour l’instant, t’as fait que de la merde. Alors pourquoi devrais-je te faire confiance et t’accorder mon allégeance pour que tu deviennes Raikage ? »

« Un shinobi doit rester maître de ses émotions. »
Art. I-V

Il n’allait pas changer comme ça, du jour au lendemain. Alors des fois, quand le jeune Genin parlait, Hôritsu ne se surprenait pas à penser à autre chose. Il pensait à l’élaboration de son plan. Avait-il bien soupesé chaque étape qui le composait ? Il avait fait son choix, mais les devants qu’il avait pris allaient bientôt arriver. Dans tous les cas, il avait besoin de son ancien collègue. C’était essentiel. Et si tout se passait bien, il ne tarderait pas à arriver.

« Malgré ta façon de parler, tes remarques sont parfois pertinentes. Mais laisse-moi te répondre et te clouer le bec une bonne fois pour toutes. Je n’exige pas que tu me fasses confiance, jusque tu fasses ce que je te dis de faire. Et oui, je l’aurais fait à ta place, pour deux raisons. La première c’est parce que je juge les actes, et tu ne peux pas nier que mes actes n’ont pas blessé Kumo. Mais la seconde, et la plus importante… »

Tsuhiro marcha à nouveau vers Saitô. Il s’agenouilla pour être à sa hauteur, et lui esquissa un rictus peu commun pour un homme de son sérieux.

« C’est que l’otage ferait mieux d’obéir à son ravisseur, sinon il risque de mourir.
─ Vous parlez toujours aussi bien, monsieur. »

La voix venait de derrière. Un jeune homme, un peu près du même âge que Kadoria Saitô, mais aux cheveux roux et un peu plus petit, était arrivé. Celui que l’on surnommait « la Loi » se releva, et fut soulagé de voir l’arrivée de son collègue et ancien disciple. Sur son bras gauche, le jeune Kidomoru portait le symbole du Shûkai.

« Merci d’être venu. Tu as pu venir sans encombre ?
─ Oui, avec la guerre à Mizu no Kuni, il est plutôt facile de passer entre les mailles du filet. Tenez. »

Le garçon sortit de son habit un dossier très mince qu’il donna à son ancien superviseur. Ce dernier le regarda rapidement, puis le relut lentement.

« Mikami… Kuroba… Koémi… Ah. Monjara Shinji. Bien, ça sera suffisant, merci. »

Le rouquin lui sourit, jeta rapidement un regard à Saitô, puis commença à repartir. Il fut aussitôt interpellé par Hôritsu, qui l’attrapa par le bras.

« Il est hors de question que tu retournes au Shozaichi après m’avoir donné ces noms. Tu vas aller à l’endroit dont nous avions parlé et quand les choses se seront arrangées, tu n’auras plus rien à craindre.
─ Mais maître…
─ J’ai déserté l’Empire, je ne suis plus ton maître. C’est en tant qu’ami que je te demande de faire passer ta vie avant tout. »

Sans aucun doute ému, le jeune homme partit dans une autre direction. Hôritsu se rapprocha de son rocher, mais ne s’y assit pas. Non, il préféra se reposer le dos dessus, tandis qu’il se laisser tomber sur l’herbe. Sa tête s’était relevée vers le ciel.

« Tu m’as demandé comment je pourrais devenir Raïkage ? J’ai ma petite idée sur la question. Mais j’ai besoin de réfléchir, alors désolé d’avance si je parle tout seul. »

Il faisait mine de s’excuser, mais que ça plaise ou non à Saitô, cela lui était totalement indifférent. Son regard était à mi-chemin entre le Genin et le ciel. Il soupira.

« Monjara Shinji ? C’est une évidence… Mais pour Kuroba et Koémi ? Faut-il que j’utilise Mikami ? Le plus simple serait que le Daimyô me nomme Raïkage… Mais pourquoi ferait-il ça ? »

Il eut soudain un déclic. Son plan était ficelé. Il en repensa chaque étape pendant une minute, puis chercha un parchemin vierge dans sa sacoche, qu’il lança vers Saitô.

« Tu vas demander à ce que Kadoria Koüga nous rejoigne ici dans trois jours au coucher du soleil. Précise-lui que ce n’est qu’en venant seul qu’il pourra avoir une chance de te voir libéré. Il est temps de sauver Kumo. »