An 12, Fin Août.

Ce qui commençait pourtant comme une simple mission tourna donc en catastrophe... Voilà l'histoire de ma déchéance, de ma peine, de mon désespoir. Une histoire qui n'a pas de happy ending, et qui ne se contente de raconter mon plus grand échec en tant que Shinobi, mais aussi en tant que camarade. C'est l'histoire durant laquelle, j'ai perdu pour la première fois quelqu'un qui comptait pour moi.

L'équipe Ryutama était composée de trois de mes plus chers amis, des personnes pour qui j'avais une confiance absolue, et pour qui je me serais battu contre n'importe quel ennemi. Ils m'avaient toujours demandé maintes et maintes fois de rejoindre leur équipe, et à chaque fois, j'avais choisi de refuser d'intégrer leur team, pensant que je me devais de construire ma légende tout seul. J'étais bien impudent ma foi. C'est au moment où nous fument choisis pour une mission de haute importance que je m'étais enfin réveillé. J'avais donc déclaré qu'à la fin de cette mission, je deviendrais membre officiel de l'équipe. Quelle ne fut pas leur réaction en apprenant cela, entre joie et énervement pour avoir mis si longtemps à répondre.

Notre ordre étant donné, nous étions partis en chasse. En effet, nous avions été lancés sur une mission de rang A où nous devions traquer des prisonniers qui s'étaient échappés des geôles de Konoha. Des traitres ayant essayé de rejoindre une quelconque organisation, et ceux, en voulant s'enfuir avec des documents et informations confidentielles du village. Notre mission était simple : retrouver les criminels, morts ou vifs, et récupérer les documents afin de les ramener au village. Nous étions, pour la plupart, tous gonflés à blocs pour cette mission, nous disant qu'elle serait aussi passionnante que dangereuse. Mais notre chef, Megumi, malgré sa jovialité usuelle, nous rappela l'importance capitale de la mission. Il nous fallait être prudent, car avec ceux que nous allions affronter, les demi-mesures n'étaient pas permises.

Après plusieurs jours de traques, nous les avions enfin trouvés, en groupe, dans une forêt du feu. Ces imbéciles n'avaient pas pris la peine de s'enfuir du pays afin que l'on ne puisse pas retracer leurs traces. Analysant d'abord la situation, nous remarquâmes que nous avions le désavantage du nombre. Cependant, j'avais confiance en mes camarades. Niveau force brute au combat rapproché, Genji et Megumi étaient plus que suffisants pour se battre. Et puis, nous avions Satsuki, notre Eisei-nin, qui était là pour nous aider quoiqu'il arrive. Quant à moi, j'étais encore coincé dans mon illusion de grandeur, je me croyais invincible, imbattable... Je n'étais qu'un simple crétin orgueilleux...

Nous décidâmes donc de lancer notre assaut. Profitant de l'effet de surprise, nous entamâmes l'affrontement avec une force virulente et violente. Nous étions certains qu'avec ça, nous aurions pu aisément les avoir, et c'était bien parti pour. Ils n'étaient qu'une petite dizaine, comme ce à quoi nous avions été prévenus, mais il ne s'agissait que de shinobis de bas étage, sans valeur. Ce à quoi nous nous n'attendions pas, cependant, c'était le fait qu'ils n'étaient que des subordonnés. En effet, les véritables criminels que nous devions chercher étaient restés tapis dans l'ombre afin de nous prendre à notre jeu. Sans crier gare, ils nous attaquèrent alors... Et eurent Genji. L'Akimichi avait perdu son bras gauche à cause de l'attaque d'un épéiste surprise.

Pris au dépourvu, nous vîmes alors le nombre d'opposants augmenter de deux trois personnes, les véritables traîtres que nous devions traquer. Ils nous avaient encerclés, et commençaient, à leur tour, leur assaut violent. Il ne nous restait plus qu'un choix si nous voulions nous en sortir : fuir. Comme un imbécile, je me refusais de faire ceci, préférant la mort à cette action, mais je fus ramené vite à l'ordre via l'action de celui auquel je m'attendais le moins : Genji. Me frappant de son bras décuplé afin de me pousser vers Megumi, il termina son action en nous saluant avant de se décupler entièrement afin de servir de bouclier. Il comptait se sacrifier afin de nous laisser fuir, sans que l'on ne puisse risquer de se faire poursuivre. Ce fut la dernière fois que je vis le sourire de Genji...

Nous étant enfin mis à l'abri, la tension avait atteint un certain seuil dans notre groupe désormais réduit. Je pouvais sentir Satsuki trembler en essayant de soigner nos blessures du mieux que l'on pouvait, les sanglots qu'elle réfrénait de se transformer en larmes, alors que notre capitaine d'équipe restait étrangement silencieuse. Quant à moi, je me retenais difficilement de lâcher un mot, la colère commençant doucement à s'accumuler en moi avant de la laisser débordé. J'étais exaspéré par la situation, un mélange entre tristesse, peur et rage tourbillonnant dans mon esprit. Soudain, tout lâcha.

« - Qu’est-ce qu’on fait à attendre là ?! On devrait retourner là-bas et les tuer sur le champ !
- Yusei-kun…
- Yusei, calme-toi…
- Que je me calme ?! Ils ont tué Genji, comment veux-tu que je reste assis là à rien faire !
- Ce… Ce n’est pas ce qu’elle a voulu dire…
- Alors quoi ?! Tu penses qu’on a plus qu’à rester là et attendre qu’ils arrivent pour nous tuer aussi ?
- Yusei ! »

La discussion se termina avec une gifle venant de Megumi. Pas un coup de poing comme à son habitude, une gifle. Retrouvant mes esprits pour me tourner vers la responsable de cette douleur, je pus voir une Megumi au bord des larmes, chose que je n'avais jamais vue auparavant, pas même lors de la désertion de plusieurs de son clan pour rejoindre le Shoraizen. Satsuki, quant à elle, n'avait pas la force de retenir les siennes, et commençait déjà à partir en sanglot. Notre capitaine d'équipe commença alors à me réprimander sur le fait que je perdais trop facilement mon calme, que je n'avais pas le droit de vouloir ainsi jeter l'occasion que Genji nous avait offerte en se sacrifiant pour nous en sortir.

Après un moment de silence, dont seul le son des sanglots de Satsuki brisait cet instant, je me remis en question sur ma façon de penser. Je voyais bien que j'agissais comme un abruti, mais je me refusais de croire que Genji était parti pour si peu, que sa vie s'était envolée en un instant, alors qu'il y avait moins d'une semaine, on était encore en train de manger à son restaurant. Après un long moment de silence, je lâchais un mot d'excuse envers les deux femmes avec moi, en espérant qu'elles puissent me pardonner mon écart de conduite. Je n'eus le droit qu'un classique coup de poing sur l'épaule de Megumi, ce qui me rassurait en soit malgré la douleur. Je pouvais voir aussi que mon amie blonde s'était calmée.

Une fois que nous avions réussi à panser tant nos blessures physiques que psychologiques, nous décidâmes qu'il était temps de rester cacher dans notre grotte, le temps de pouvoir récupérer. Comme ce à quoi je m'attendais, personne n'arrivait à dormir. Nous étions tous là en train d'observer le plafond de la caverne en nous posant plusieurs questions, en nous racontant des anecdotes avec Genji... Nous ne nous attendions en effet pas à ce que la mission parte comme ça. Nous avions tous eu l'occasion d'affronter la mort, ce n'était pas là le problème. Était-ce parce que nous étions trop impétueux de nous-même, avions nous trop confiance en nous ? Peut-être... J'espérais juste que demain n'allait pas être une journée comme celle-ci.

J’ignorais à quel point j’avais tort….

Notre repos ne fut hélas que de courte durée, et par ailleurs, de plutôt mauvaise qualité. Plusieurs facteurs étaient à prendre en compte pour expliquer cela : le stress accumulé suite au combat, les sanglots accompagnés l'éclatement des nerfs, les blessures pas encore bien guéries... Je me retrouvais par exemple maintenant avec plusieurs cicatrices au visage, qui me rappelaient à chaque fois le visage de Genji quand je passais ma main le long de ces dernières. L'autre raison qui fit que nous fûmes obligés de fuir fut l'alerte de Megumi. Elle s'était volontaire pour faire le guet le plus longtemps possible, grâce à ses Byakugan, et avait repéré des ennemis qui se dirigeaient dans notre direction.

Il n'y avait plus de temps à perdre, l'hypothèse qu'ils avaient trouvé un moyen de nous repérer n'était certainement pas à ignorer. Nous préparant pour nous enfuir, contre toute attente, il y eut une objection de la personne à laquelle nous nous attendions le moins. En effet, il s'agissait de Satsuki qui nous interrompit en disant qu'elle voulait en finir une bonne fois pour toutes. Elle voulait qu'on leur tende une embuscade, qu'il était hors de question qu'on les laisse faire ce qu'ils veulent après ce qui s'était passé. Après une courte réflexion, nous avions rejoint son avis, et étions en train de préparer une embuscade à base de sceaux explosifs. Une fois installés, il ne nous restait plus qu'à attendre...

« - Une centaine de mètres… Moins d’une dizaine… Et… Maintenant ! »

Les explosions retentirent, alors qu'un éboulement se provoqua pour frapper le groupe d'ennemi. S'enchaîna alors l'affrontement direct. Ayant nous-même l'effet de surprise cette fois-ci, nous avions réussi à nous débarrasser du plus gros du groupe, soit la marmaille et autres sous-fifres, nous laissant donc seulement les trois chefs de la bande. La dernière fois, ils nous avaient eus parce que nous ne connaissions pas leur capacité, mais pas l'inverse. Maintenant, nous savions tous les capacités de chacun, rendant la chose plus difficile à la tâche. Cependant, au moment où je commençais à leur foncer dessus, je vis un sceau à mes pieds s'activer, soulevant plusieurs murs en pierres pour nous boucher la vue, et surtout, nous séparer.

Je me retrouvai donc face à la bande au complet, et pensai que j'allais devoir mettre les bouchées doubles, toujours avec ma pensée de gamin stupide. Cependant, je vis alors deux du trio se diriger vers le mur, devinant qu'ils voulaient s'en prendre à Satsuki et Megumi. Voyant le danger potentiel, je tournai le dos au troisième afin de les poursuivre. Grossière erreur... Profitant du moment, l'homme s'équipa de sa lame pour m'asséner un violent coup dans le dos, qui allait laisser une bonne cicatrice. D'une pirouette, je me remis face à lui, abandonnant donc l'idée de poursuivre les autres.

Nous observant en chien de faïence, nous attendions que l'autre daigne donner le premier coup. Ce fut donc moi qui engageai l'affrontement en invoquant des clones. Leur rôle était d'essayer d'occuper l'ennemi pendant que je composais mes Müdras. Les voyants se détruire, j'eus néanmoins le temps d'envoyer un Goryuka sur mon adversaire, qui se termina en une explosion. La fumée disparaissant, je voyais bien que ses vêtements avaient brûlé, mais ses blessures ne restaient que superficielles. Grognant, je décidai de répondre à son jeu, et de venir au corps-à-corps armé d'un Kunai. Deuxième erreur... Bien que mes capacités physiques fussent bonnes, lui était vraiment un spécialiste du corps-à-corps, et donc, arrivait à me surpasser aisément.

Je choisis donc de rompre le contact, vu l'état dans lequel j'avais fini. Plusieurs nouvelles cicatrices s'additionnant sur mon corps, j'allais plus être le même au niveau du physique après ça. Pour l'heure, ce n'était pas la question la plus importante. Dans mon répertoire, je possédais un jutsu qui m'aurait permis de l'avoir, mais il me fallait être certain de pouvoir le toucher, sinon, j'allais devoir peiner au niveau de ma réserve de chakra. Je décidai donc de tenter le tout pour le tout. Fonçant sur mon adversaire, ce dernier répondit à mon action en préparant son sabre pour me transpercer. L'instant fut bref, et violent. Un bruit, celui du métal transperçant la chair, ma chair. Je voyais et sentais ainsi le sang couler de mon flanc gauche, me forçant à cracher du sang. Mais je ne devais pas me laisser faire, car je voulais faire ça justement.

« - Gyagyagya ! T’es con ou quoi ? Tu t’es fait avoir comme un bleu !
- Tss, c’est *kuff *kuff* c’est drôle… Je pensais *kuff kuff*… La même chose… Fis-je, en lui attrapant le bras qui tenait le sabre de ma main gauche.
- Que- Lâche-moi bordel ! Répondit-il en me frappant plusieurs fois le crâne de sa main libre.
- Gee hee… Compte là-dessus… Je tendis alors ma main libre pour charger mon chakra afin de créer une sphère de flammes.
- Espèce de…
- Ça… C’est pour… Genji ! ENTEI ! »

J'abattis donc la sphère de flammes sur l'abdomen de mon adversaire, créant ainsi un puissant tourbillon de flammes qui propulsa l'adversaire loin de moi. Une fois l'action passait, je tombais à genou, risquant de m'écrouler sur le ventre, mais me retenant avec les bras pour éviter de m'enfoncer encore plus le sabre dans le corps. Après un court instant, le temps de reprendre mon souffle, j'attrapai le manche du sabre, et après une grande inspiration, je le retirais d'un coup sec, hurlant de douleur au passage. Après avoir craché pas mal de sang, tout en me tenant les côtes, je sortis un kunai de mon équipement, inspirait longuement afin de lancer une flammèche sur ce dernier, et après une petite prière, le passai le long de ma plaie pour la cautériser, bien évidemment, le tout non sans douleur.

Respirant fortement après ça, je me relevai rapidement sous le coup de l'adrénaline. Dans ma panique, j'avais oublié que je n'étais pas seul dans cet affrontement. Laissant donc mes cicatrices les moins graves ouvertes, je me dirigeai en direction du mur Dôton, en préparant mes müdras pour les détruire avec un nouveau Goryûka. La chance me souriait cette fois-ci, ma boule de feu était assez puissante pour créer un trou. Une fois la fumée estompée, je pénétrais à l'intérieur afin de prévenir mes coéquipières de mon retour... Mais je ne m'attendais pas à ça. Une vision d'horreur... Leurs ennemis, bien que mal en point, étaient encore debout. Quant à elles, leur corps était au sol... Et décapités, leurs têtes se trouvant dans les mains de deux ennemis qui les tenaient par les cheveux.

Après cela, ce fut le noir complet.

Un cauchemar. Je souhaitais qu'il ne s'agisse que d'un cauchemar et rien d'autre. Une simple plaisanterie de mon cerveau qui voulait me faire une blague macabre. Un Genjutsu d'un ennemi qui voulait me distraire ou me faire perdre l'envie de me battre. Tous, j'envisageai toutes les possibilités... Mais mon réveil me ramena rapidement à la réalité. Me redressant brusquement, à bout de souffle, je voyais que je me retrouvai sur un lit, dans une pièce blanche. La vue à la fenêtre me donna l'indication exacte du lieu : j'étais à l'hôpital de Konoha. J'essayais de regarder un peu autour pour comprendre la situation, mais très vite, la douleur me ramena à l'ordre. Observant mon corps, je pus donc voir plusieurs bandages qui m'entouraient. Et à en juger de la position de la douleur, il s'agissait bel et bien de l'endroit où je fus transpercé. Les flashbacks revinrent rapidement dans ma tête, me causant rapidement une migraine qui commençait à s'intensifier.

Soudain, brisant le silence, j'entendis la porte s'ouvrir. Regardant par-là, je vis alors une infirmière rentrer, ainsi que deux silhouettes qui l'accompagnaient : mes parents. Poussant l'infirmière et me fonçant dessus, ma mère, manquant de m'étouffer, me prit dans ses bras et me bloqua dans sa poitrine. Mis à part le comique de la situation, je la repoussai rapidement en criant que j'allais bien, avant de ressentir ma plaie se rouvrir lentement. L'infirmière, ayant enfin repris position, décala ma mère avant de m'ausculter et d'appliquer ses techniques médicales pour essayer de refermer la plaie.

Après un certain silence, mon père prit la parole avec les questions habituelles : si j'allais bien, si mes blessures ne s'aggravaient pas trop, etc. Je n'eus qu'une seule question en réponse, n'osant pas le regarder dans les yeux, ou plutôt l'œil à cause de son bandeau, choisissant plutôt de porter mon regard vers la fenêtre : « Qu'est-ce qui s'est passé ? ». Comprenant où je voulais en venir, il me raconta le récit. Il était en route pour retourner à Konoha d'une mission quand il entendit un cri venir loin de lui. Il reconnut ma voix et choisi donc de se diriger vers la source. Il vit alors les deux cadavres décapités de Megumi, les deux hommes en train de maltraiter le troisième corps... Qui était le mien, inconscient. Sans hésitation, il fondit sur ces derniers et les tua directement. Il contacta alors le reste de son unité pour prodiguer les soins et ramener tout ce qu'il y avait à Konoha.

Il me confirma que les évènements s'étaient passés il y a presque quatre jours avant mon réveil, et surtout, que tout ce qui s'était passé était bien réel. À la fin de son récit, je ne faisais que rester immobile, en silence, le regard vide. Pour essayer de me sortir de cet état, mon père m'annonçant qu'ils allaient faire les funérailles de l'équipe Ryutama en fin de semaine, et qu'ils avaient fait les arrangements pour que je puisse y assister. Mais je n'avais pas la force, je n'en pouvais plus.

« - Je… Je crois que je vais… rester ici…
- … Répète-moi ça ? Fît il en serrant le poing, la voix devenue plus sévère.
- Je pense que… Je devrais plutôt soigner mes blessures… Je ne peux pas y aller…
- Comment oses-tu ?! Enchaîna –t-il en attrapant le col de ma blouse.
- Kurokami-san ! Arrétez ! Le patient doit-
- Laissez-le, interrompit ma mère, le regard sérieux.
- Tes compagnons, tes frères d’armes, tes amis sont morts en mission comme de vrais Shinobi, et toi, tu oses me dire que tu ne veux pas assister à leurs funérailles ?!
- Je… crois pas que… je puisse y assister, répondis-je en en faisant en sorte de ne pas regarder mon père dans les yeux.
- Tss… Tu n’es qu’un lâche, enchaîna-t-il avant de lâcher mon col en me repoussant sur le lit. Tant que tu auras ces yeux, tu n’as pas intérêt à te montrer devant eux. Tu déshonorerais leurs mémoires. »

Il quitta alors la chambre dans laquelle je me trouvai, avec ma mère qui se contenta de me regarder avec des yeux qui exprimaient à la fois de la peine et de la pitié à mon égard. Je ne la voyais pas, mais je la connaissais suffisamment bien pour savoir ce qu'elle faisait. J'étais du coup maintenant seul avec l'infirmière de service qui se contenta de panser mes blessures en silence. Elle voyait bien que dans l'état dans lequel j'étais, il était inutile d'essayer de me parler. Lorsqu'elle parti à son tour, il ne restait plus rien. Le vide, le silence, seulement le vent pour donner une mélodie à la pièce. Même mes pensées s'étaient arrêtées de défiler dans ma tête, juste une sensation de vide qui perdurait en moins. Pas un son, pas un geste, pas même une larme pour exprimer ma peine. Je n'étais devenu qu'une coquille vide.

Un mois s'était écoulé depuis que je m'étais réveillé dans ma chambre, et presque autant depuis que les funérailles de l'équipe Ryutama s'étaient écoulées. J'étais resté à l'hôpital pendant un peu plus de deux semaines, essayant de faire ma rééducation et de soigner mes blessures. Mon père ne m'avait pas rendu visite depuis notre dernière discussion, et ma mère ne passait seulement pour essayer de me motiver de donner un dernier hommage à mes amis, mais abandonna sur les mêmes termes que mon père. Je n'avais pas la force d'affronter ce qui s'était passé, préférant me dire qu'il ne s'agissait que d'un rêve malgré la douleur qui tentait de me ramener à la réalité.

Une fois sorti de l'hôpital, rien ne changeait presque. J'avais eu le droit de prendre congé le temps de ma convalescence, et de ne pas trop m'exercer. Pour cela, il n'y avait aucun risque ni inquiétude à avoir. En effet, mes journées durant, je ne faisais que trois choses : me nourrir, marcher dans la rue quand j'en avais la force, et rester allongé sur le lit, soit pour ne rien faire, soit pour dormir. Dire que j'étais détruit était sans doute un mot un peu fort, mais je n'étais pas loin de cette sensation, quand tout par en éclat, sans possibilité de rassembler le moindre morceau.

Depuis que j'étais chez moi, il s'était écoulé plusieurs nuits blanches, durant lesquels des songes détruisant mon esprit peu à peu ne cessaient de m'attaquer. La vision de leurs morts dans les meilleurs des cas, la vision de mes amis me rendant responsable de ces dernières dans d'autres. Plusieurs cernes sous les yeux, quelques migraines et autres malaises. Je me détruisais à petit feu. Cette nuit-là, j'avais décidé de finalement sortir en plein milieu de la nuit, espérant profiter de la fraîcheur du soir pour m'aider à rejoindre Morphée. J'errais sans trop voir vers où je me dirigeais, me contentant de regarder le sol sans penser à rien.

Soudain, je m'arrêtais, instinctivement, et relevai donc la tête pour voir où j'étais arrivé. Ma surprise fut ainsi de me voir devant le mémorial des héros de Konoha. Cet édifice était dressé pour rendre hommage à tous ceux qui avaient accomplir leur devoir de Konohajin jusqu'au bout, et ayant trépassé en mission. Sur les nombreux noms affichés, j'ai pu voir que ceux de l'équipe Ryutama étaient inscrits en dernier. Ça y est. C'était la dernière preuve dont j'avais besoin pour bien m'affirmer qu'ils étaient partis. Je reste en silence devant cette stèle, à l'observer sans la regarder, me demandant encore ce que je faisais là. Et alors que je pensais vouloir m'en aller, une partie de moi avait réussi à délier mes lèvres pour me laisser m'exprimer.

« -Hey, les gars… Ça fait un bail n’est-ce pas… ? Désolé de pas être venu vous voir avant, disons que j’étais un peu blessé, hey hey… »

Le silence en réponse, une simple brise de fin d’été.

« -J’aimerais vous dire qu’il s’est passé un tas de choses depuis que… Vous savez… Mais non, rien, je me suis contenté de rester allongé à rien faire… J’en connais qui m’en auraient collé une… »

Toujours le silence, mais cette fois-ci, un mouvement l’accompagnant. Des bras, cherchant le réconfort, ne trouvant que le vide pour les accompagner, et ne se contentant donc que de se replier sur eux-mêmes.

« -Je ne sais pas ce qui va se passer à l’avenir… J’aurais aimé que l’on puisse voir ensemble ma grande histoire… Tss, je sais que je fais l’égoïste de ramener cette vieille histoire, mais j’aimerais vous faire rire une dernière fois… »

Plusieurs tremblements commencèrent alors, ne voulant se cesser que par quelques sanglots.

« -Satsuki nous aurait tous commandé de l’ombre, voulant faire de ça un chef-d’œuvre. Genji, lui, aurait fait en sorte d’attirer l’attention du public féminin dans la salle. Et Megumi, elle, se serait fait un plaisir de faire en sorte de me voler le rôle vedette juste pour le fun. Mais tout ça… »

De l’eau, des perles liquides coulèrent sur mes joues, alors que j’essayais de sourire pour eux.

« -Je me souviens qu’on avait dit qu’on protégerait notre rêve, en protégeant Konoha, tous ensemble… Nous voulions donner l’occasion de faire rire les enfants du village avec ces aventures… »

Les forces dans mes jambes s’envolèrent, me laissant tomber à genou. Mais un nouveau feu s’enflammait en moi, me donnant la force de pouvoir exprimer mes véritables sentiments.

« -Je les protégerais. Je protégerais Konoha. Je protégerais le futur. Je serais fort, suffisamment fort pour pouvoir protéger tout ce en quoi on croyait ! Je vous promets de faire en sorte de pouvoir vivre pour vous ! Merci pour tout ! »

Un cri de désespoir ? Non. Un simple aveu raisonnait dans la nuit. Celui d'un homme qui avait enfin accepté que ses amis étaient partis, mais qu'en fin de compte, ils seraient toujours auprès de lui tant qu'il n'aurait pas perdu la foi. J'étais devenu cet homme.

Le lendemain, plusieurs changements se passèrent. J'avais décidé de changer mon apparence, symbole de ma renaissance. Plusieurs vêtements de ma garde-robe avaient disparu. J'avais choisi de racheter différents vêtements qui allaient composer mes nouveaux habits. Seul un artifice trônait encore dans ma chambre, comme un souvenir que je ne voulais pas abandonner : ma vieille casquette rouge que je portais tant que j'étais encore jeune et innocent, mais aussi pour me rappeler les meilleurs moments que j'avais passés avec eux. J'avais réussi à revoir mon père sur de meilleurs termes. Même s'il voyait encore de la tristesse dans mon regard, qui l'énervait un peu, il s'était rendit compte que j'avais tout de même fait en sorte d'accepter les faits. Il m'offrit à nouveau son habituelle soirée à boire un verre pour raconter les histoires de nos aventures.

Désormais, j'allais devoir marcher de nouveau, reprendre mon activité. J'avais encore du mal à accepter leurs morts, la mélancolie restant encore dans mon cœur. Mais si je voulais honorer leur mémoire, et surtout, ne pas les décevoir, je devais continuer à aller de l'avant. C'était d'ailleurs devenu mon Nindô, ma nouvelle voie ce qui faisait que je serais un Shinobi digne de ce nom.

Keep Moving Forward.