Il continuait sa route dans une course folle. Il avait usé de cette clé d'urgence que Seitô lui avait donné, afin de maintenir le système de défense primaire en place, afin de maintenir les sceaux sur chacun des membres. Pour la première fois depuis longtemps, le Yamanaka sentait la panique le prendre. Et bien que les sceaux fussent, par cet intermédiaire, apparemment effacé, il subsistait encore. C'était un moyen efficace pour que tout le monde rejoigne, ensemble, la base secrète du Shôraizen.

Passant les portes sans grande difficulté, le Yamanaka vint retrouver Azumi qui était en train de calmer la foule, en promettant que tout ceci n'était qu'une erreur. Oui, une erreur : Seitô était mort. Pourtant, le visage d'Hiriko s'efforçait de garder un faciès neutre, impassible, afin que personne ne succombe à la panique dont lui-même était épris. S'il avait pu entendre et apprendre un précepte de son ami mort au combat, c'était de toujours garder un semblant de sang-froid dans la panique, afin d'être un poing de repère et d'équilibre pour tous.

Azumi le fixa de ses yeux blancs, et compris rapidement la situation, mais se risqua à demander.

« Et Seitô ? »

Il détourna son regard, avant d'annoncer d'une voix claire.

« Il est mort. »

Azumi resta stoïque à cette annonce. Le Yamanaka réfléchissait déjà. Comment allait-il faire ? Actuellement, personne n'avait la force et le courage de mettre cette guerre sur ses épaules. D'en prendre la responsabilité. Sauf lui. Lui qui avait disparu. Dans ces ténèbres, restait-il un espoir ? Oui, il y en avait un. Même si en cas d'absence du Tsugurike, les Sceaux et les bagues furent inactive, et se cachait sous la peau de ses porteurs, il restait un espoir.

« Rassemble tout le monde, fais que ce soir, ils soient tous là. »

Hiriko se déplaça, il avait besoin de réfléchir. Jamais il n'avait pris la parole en public. Ce n'était pas lui, ce n'était pas son rôle. Il n'arriverait probablement pas a fasciner la foule, comme le faisait si bien son vieil ami. Rare dans ce monde était les personnes avec cette habilité particulière à tenir un discours aussi réaliste et prenant avec un ton si neutre et froid. Tout simplement car, au fond, dans notre subconscient, ils avaient tous plus où moins conscience qu'il dépeignait la réalité sans ajout, ni retrait. Il voulait la paix, il savait qu'elle aurait un prix, et il préférait le payer au lieu de se défiler.

Il toucha sa poitrine. Il sentit les bruissements du papier contre sa peau. C'était les dernières paroles de Seitô, un rituel qu'il faisait toujours avant de prendre des risques. Personne ne le savait, sauf lui, qu'il mettait toujours sa vie en jeu quand il partait en mission. « S'il est nécessaire pour moi de mourir pour l'avenir, alors je le ferai. » Disait-il, d'un ton neutre semblant presque prémonitoire... Et à chaque fois, il offrait au Yamanaka les lettres qu'il aimerait qu'il distribue à certains de ses proches.

Et depuis la création du Shôraizen, ce nombre avait soudainement gonflé. Il y en avait beaucoup, beaucoup plus que Seitô n'aurait voulu... Le Yamanaka souriait, mais de ce sourire triste, mélancolique. Seulement voilà, il était temps de faire ce discours. Il serra cette fois les lettres contre sa poitrine, semblant peut-être tirer un peu de la force de son ancien leader, mais aussi d'un ancien ami. Un ami plus proche qu'il ne l'avait jamais était, avec personne.