Le petit groupe s’était donc séparé en deux unités distinctes, sous les ordres de la petite Yuki. Asuka, Len et la Samui en trio et Arekushi et Aokiji en binôme. Chacun des groupes avaient une destination ainsi qu’une mission bien claire. Le duo était chargé de se rendre sur une île volcanique se trouvant au sud-ouest de l’archipel, tandis que Yuki et les autres avait comme destination nulle autre que le village caché de la Brume. Ou plutôt ce qu’il en restait. Le Samui fut assez déçu de ne pas s’y rendre. En effet, il aurait tout particulièrement aimé visiter les ruines de son ancienne Nation. Apparemment ce ne serait pas pour tout de suite. Pour l’instant, ils étaient juste chargés d’explorer cette île occupée par des pirates. Ils devaient prendre le maximum d’informations sur ces occupants, toujours en gardant une certaine discrétion.

Les deux jeunes hommes se mirent donc immédiatement en route, traversant tout d’abord l’île de Kalyou, puis l’île principale suivit de deux petits ilets pour enfin atteindre leur destination. Leur voyage dura tout de même une bonne journée. Ils arrivèrent au beau milieu de la nuit, évitant pour l’instant les lieux habités. Ils parvinrent à trouver un endroit assez reculé pour dans un premier temps se reposer du voyage et y passer la nuit. Bien loin du confort de leur précédent campement, les deux ninjas se contentèrent de sacs de couchage. Ils étaient des hommes après tout, ils n’avaient pas besoin de toutes ces fantaisies.

Au lever du soleil, les deux compagnons s’étaient déjà mis à la recherche d’un quelconque signe de vie. Leur voyage était rythmé par les grondements du volcan qui dominait l’île. Yuki les avait prévenus que ce dernier rentrait souvent en éruption, ils devaient donc se montrer prudents. De plus, la Samui leur avait donné une semaine pour récolter le maximum d’informations. Raison de plus pour se presser. Le binôme se dirigea donc vers un petit village situé dans les montagnes. Arekushi connaissait bien les lieux, ils n’eurent donc aucun mal à s’y rendre.

Ce village était donc devenu un repère de pirates en tout genre. Situé au bord d’un lac dont la source coulait directement du cœur du volcan, les bandits bénéficiaient de suffisamment de ressources pour s’établir dans un lieu aussi reculé. Le binôme, dissimulé entre les fissures sinueuses des falaises environnantes, ils observaient donc les installations de ces Nukenins. Aokiji sortit alors de son sac un calepin et un crayon, et commença à faire plan représentatif de ce village. Mais bien entendu, cela n’allait pas suffire. Il leur fallait plus d’informations. Le Samui se tourna donc vers son partenaire.

« Nous devrions nous rapprocher. Tu connais du monde dans ce village aussi ? Quoiqu’il en soit, n’oublie pas que nous devrons nous montrer discret et récolter subtilement le maximum d’informations. Je propose donc que nous prenions l’apparence de pirates et que nous nous rendions sur place. Nous ne pouvons pas prendre le risque que des gens te reconnaissent pour l’instant. »

Entre le Samui et le Jisetsu ce n’était pas le grand amour, mais Aokiji espérait tout de même que leur coopération puisse se passer au mieux. Il s’agissait d’une mission délicate et décisive pour l’avenir du Shûkai.

Apparence d'Aokiji:

Ce fut donc sous l’apparence de pirates qu’Arekushi et le Samui se rapprochèrent du petit village de mineurs.  Selon Arekushi, ils seraient pacifiques. Un bon point donc, cela leur faciliterait grandement la tâche dans un premier temps. Moins l’atmosphère était hostile, moins de chance de dérapage il y aurait. De plus, ils étaient juste censés évaluer la population ainsi que les installations de ces pirates. Une tâche qu’ils devraient accomplir le plus rapidement possible afin de ne pas éveiller les soupçons.

Le binôme descendit donc la paroi rocheuse afin d’atteindre le niveau du fleuve. Ils longèrent ensuite les rives de l’étendue d’eau et finirent par arriver à l’entrée de l’agglomération. Sur le rivage, un attroupement d’une petite dizaine d’hommes autour d’une embarcation. Ils semblaient décharger de la marchandise ou plutôt des outils, surement destinés à la mine. Se rapprochant lentement, le duo observait la scène sans réel intérêt. Soudain, un bruit métallique vient attirer l’attention d’Aokiji. Quelqu’un venait de faire tomber l’une des caisses. Une multitude de pièces en métal, boulons, vices et autres se déversèrent sur le sol. Une partie finit même sa course dans l’eau du lac. Le Samui y vu là une opportunité d’infiltrer ce petit groupe et réduire les soupçons qui pourraient éventuellement se porter sur eux.

Le Samui se précipita pour porter main forte à ces hommes luttant pour remettre dans un premier temps la large caisse de marchandises sur pied. Quelque peu surpris aux premiers abords, ils finirent par accepter l’aide de l’officier du Shûkai. Lui et Arekushi les aidèrent donc à tout remettre en place et finirent le déchargement. Une fois tout en ordre, l’un des hommes s’avancèrent donc vers eux. Il semblait assez âgé, les cheveux grisonnant, moustache bien fourni, forte corpulence mais plus de graisse que de muscles. Il souhaitait les remercier ? Peut-être. Mais Aokiji se doutait également qu’il aurait plusieurs questions.

« Hey, vous êtes qui vous là les jeunes ?! Et qu’est-ce que vous foutez ici ?! »
« Je suis Fubuki. Et voici mon ami Keisuke. Nous ne sommes que deux compagnons d’arme et… »
« Ouais, mais qu’est-ce que vous foutez ici ?! »
« Nous sommes des voyageurs. Nous avons entendu parler de votre mine et surtout que de nombreux utilisateurs du Yoton vivrait en ces lieux. Mon ami Keisuke voudrait en savoir plus sur ce dernier point. »
« Vous perdez votre temps les jeunes. Y’a rien d’intéressant ici. Vous feriez mieux de retourner d’où vous venez. »
« Je vois. Mais nous avons fait une longue route. Serait-il possible d’au moins passer la nuit ici. Je vous assure que nous serons partis à l’aube. »
« Hum… Ouais bon ok. Vous nous avez donné un bon coup de main durant le déchargement. Venez avec moi, je suis Danzo et je vous offre un verre. »

Aokiji lança donc un regard à Arekushi alors que le vieil homme les invita à entrer dans le village. Le Samui observait donc attentivement les environs. Il s’agissait d’un village très rustique. Les habitations étaient en bois, pittoresque et certaines semblaient même inhabitées. Peu de femmes. Il n’y avait que des hommes assez âgés, et donc peu de la génération d’Arekushi et Aokiji. Ils longeaient donc la seule et unique allée du lieu. En face d’eux, le volcan surplombait toute la zone, comme s’il était le véritable maitre des lieux. En contrebas, le Samui remarqua une entrée dans la paroi rocheuse. Des hommes allaient et venaient dans cet antre qui était de toute évidence l’entrée de la mine.

Danzo les conduit alors dans un bar, surement le seul du village. A l’intérieur, pas grand monde à part les hommes qu’ils avaient croisés sur le rivage. Ils prirent donc place alors qu’on leur servit une bonne chope de breuvage.

« Comme vous voyez, il n’y a pas grand-chose à voir ici. »
« Pourtant vous semblez avoir une mine plutôt active. »
« Mouais, mais c’est une bénédiction à double tranchant. Beaucoup de nos hommes y ont perdu la vie. Mais c’est elle qui fait vivre notre communauté. Ça fait peur aux jeunes. Du coup ils préfèrent prendre le large et piller les autres villages aux alentours. Ils ont formé un petit groupe de pirate d’une bonne dizaine de membre. Ça nous aide à arrondir nos fins de mois, nous dirons hahaha.»
« Vous êtes mineurs vous aussi ? »
« Non, moi je suis plutôt dans le commerce. Ici il y a les marchands, les mineurs et les pirates. »
« Et vos femmes ? »
« Ah… Certaines travaillent à la mine également. Mais elles meurent encore plus vite. La population vieillit et depuis la mort de notre chef, les choses ne font qu’empirer. C’est pour cela que nous envisageons de nos associer à d’autres bande de pirates dans les environs. »

Aokiji écoutait attentivement ces révélations, certes anodines, mais intéressantes pour eux. Il jeta un œil sur Arekushi. Ce dernier devait surement avoir lui aussi des interrogations, peut-être plus personnelles ?

C’est le cœur rempli d’amertume que je me réveillai ce matin là. Mon sommeil troublé par le sentiment horrible qu’aujourd’hui j’allai mettre ma vie en danger. Ne vous méprenez pas, je mettais tous les jours ma vie en danger, mais rares étaient les fois où je confrontais mes ennemis de la manière que je m’apprêtais à le faire. Je me suis donc levé de mon lit dans notre repaire de Mizu, j’ai pris une douche et me suis habillé. Plus de tunique noire, juste la tenue que le couturier m’a concocté avec son fameux emblème de tigre sur l’épaulette gauche. Je sortis de ma chambre, l’âme assez triste mais à la fois excitée de faire enfin quelque chose qui pourrait changer le cours de ma vie. En passant par les couloirs du repaire, je croise Konjo. Le grand Berseker faisait partie de l’organisation désormais et sa première mission serait de m’accompagner pour cette fameuse mission que nous avais concocté. Assis sur une chaise, l’homme était prêt et habillé. Il regardait je ne sais quoi près de lui. Je ne fis pas plus attention que ça à son attitude et haussa la voix.

« On y va, il faut se lancer si on veut être à l’heure. »

Plusieurs jours que cela durait. Plusieurs jours que j’avais prévu de régler cette affaire. J’en avais parlé à Konjo. Le Shukaï était sur l’île et ils faisaient de la reconnaissance. Toutes nos troupes mobilisées sur l’archipel étaient au courant. Nos espions un peu partout nous ont informé de leurs mouvements et nous en étions au point où il fallait faire preuve de plus de calme que d’excitation. Dans la prévision que leurs troupes se diviseraient suite à une information reçu, j’ai fait placer mes acolytes dans certains des villages de l’île et l’un deux, alors que je m’apprêtais à sortir du repaire, me contacta soudain par télépathie.

« Maitre, c’est Near, vous m’avez demandé de vous faire part de tous ce qui serait nouveau dans mon secteur. Eh bien deux nouveaux arrivants ont fait irruption au village et se sont fais remarqué en aidant dans un accident. Je ne sais pas s’il s’agit de soldat du Shukaï mais ils ont une apparence assez extérieure bien qu’ils ressemblent à des pirates. »

J’enregistrais les informations à mesure que mon sous-fifre me les donnait. Je faisais bien attention à ne rien omettre. Par chance, l’endroit où il se trouvait s’avérait être très proche de notre propre position. Plus par commodité qu’autre chose, j’avais établi mes quartiers personnels près du volcan de l’archipel. Certes nous étions assez loin de Mizu mais si combat il devait y avoir, j’aurais peut-être l’avantage du terrain.

Nous quittons le repaire et nous dirigeons vers le dit village. Il ne nous faut pas beaucoup de temps. Environ vingt minutes tout au plus. Sur le chemin, moi et Konjo discutons de la situation actuelle du Shukai. Je lui signifie que je traque ses membres pour le manque d’honnêteté dont l’alliance fait preuve et pour les empêcher d’augmenter leur influence. Car, et je le savais, ils étaient sur Mizu dans le même but que moi et mes hommes : conquérir la contrée. Cela, je ne pouvais pas le laisser faire. Certes le Shukaï était une grande puissance mais les nukenins aussi savaient faire preuve de bravoure. Nous allions leur montrer comment les soldats de la liberté se battent lorsque leurs droits sont bafoués.

Nous sommes arrivés aux portes du village. Là Near nous attendait, déguisé en pirate. Il s’était infiltré depuis un certain moment et sa petite taille avait fait de lui une sorte de mascotte pour les habitants de ce village. Lorsque je le vis, je pris tout de suite le chemin vers sa direction, Konjo m’emboitant le pas. Je l’observai pendant quelques secondes sans rien dire et il n’eut même pas besoin d’instructions pour m’indiquer le bar dans lequel se trouvaient à présent les deux pseudo pirates. Faisant signe à mon compagnon bretteur, je m’engageai dans les rues de la cité. Nous bifurquâmes quelques fois et pûmes nous rendre compte de l’état dans lequel la guerre avait laissé cet endroit. Nous entrâmes finalement dans le fameux bar et nous n’eûmes pas de problème pour reconnaître nos cibles. Et pour cause, Arekushi avait simplement pris soin de s’habiller différemment à la mode des gens de coin. Son visage restait globalement le même et partout j’aurais pu le reconnaître tant le désir de punir ce traitre m’animais.

Accompagné de Konjo je marchai dans leur direction, ils durent surement me reconnaître puisqu’ils se levèrent d’un coup. Il faut dire que je n’avais pas pris la peine de me camoufler. Pour moi, il faut savoir affronter ses ennemis avec courage et sans subterfuges. Je posai ma main sur le pommeau de l’un de mes sabres tandis que mon regard le plus hautain se posa sur Arekushi.

« Soldats de l’alliance, vous allez sortir de ce bar pour que nous puissions parler, cet établissement n’a pas besoin de plus dégâts. Tant que vous ne faites rien de stupide, je n’engagerais pas les hostilités. »

Deux choses me firent prendre cette décision. La première étant que devant tant de misère, je ne pouvais me résoudre à détruire le bar de la ville. La seconde était que je n’avais pas forcément envie de combattre. Si les choses pouvaient être réglées à l’amiable, je préférais autant. Certes, l’envie de décapiter le Jisetsu était oppressante mais gérable tout de même. Je leur cédai donc le passage pour qu’il marche les premiers vers la porte, connaissant trop bien ces soldats, il m’était impossible de leur tourner le dos. Ce jour là, ils allaient comprendre pourquoi j’avais attendu si longtemps pour commencer mes activités !

Spoiler:

La conversation semblait prendre un cours tout à fait normal. L’homme ne semblait se douter de rien et c’était pour le mieux. Arekushi le questionna donc sur les utilisateurs de Yôton. Une pratique à l’opposé du pouvoir des Samui. Aokiji écoutait tout de même avec attention la conversation à la recherche d’une quelconque information qui pourrait leur être utile dans un futur relativement proche. Apparemment il devrait bientôt il y avoir des élections afin de désigner un nouveau chef. Intéressant. Ces pirates craignaient visiblement les autres bandes qui, étant la situation de ce village, pourrait profiter de cette désorganisation pour s’en prendre à eux. Il n’avait pas tort. De plus, l’activité de la mine s’avérait être un point très avantageux pour quiconque la possèderait. Le Samui y vit donc une opportunité. Ces gens avaient visiblement besoin d’un allié et un de poids. Le Shûkai pourrait totalement jouer ce rôle, surtout en prenant en compte que les habitants du Pays de la Terre possèdent eux aussi des connaissances accrues dans le domaine du forage ou de la forge. Aokiji garda donc cette idée en tête qu’il faudrait surement développer dans un autre contexte. Pour l’instant il fallait se montrer subtil.

« Je ne veux pas vous paraitre désagréable, mais pensez-vous réellement pouvoir résister aux villages voisins ? Là par exemple, avec tous vos jeunes guerriers en patrouille à l’extérieur vous vous retrouvez sans défense. Vous êtes visiblement en infériorité numérique. Seul, je ne pense pas que vous tiendrez bien longtemps. »
« Nous le savons. C’est pour cela que dès que notre nouveau chef sera élu, nous chercherons de nouveaux partenaires. »
« Des pirates ? »
« Il y a de grandes chances. »
« De ce que j’ai pu voir, les pirates sont imprévisibles et ne pensent qu’à leur intérêt. Pensez-vous réellement qu’ils tiendront leurs paroles et ne se retourneront pas contre vous pour vous prendre votre mine ? »
« Avons-nous le choix ? »
« Il faudrait peut-être être plus ambitieux. Voir au de-là des frontières… »

La remarque déguisée d’Aokiji passa inaperçu. Mais il avait planté la graine, il lui fallait patienter maintenant. La discussion se poursuivit donc. Les trois hommes échangèrent plus ou moins des banalités tout en enchainant les verres. A vrai dire, c’était plutôt le marchand qui les enchainait. Son état se détériora très vite et en quelques minutes il se retrouva complètement ivre. La conversation n’avait plus aucun intérêt. Soudain, deux hommes firent irruption dans l’établissement. Arekushi se leva aussitôt, suivi du Samui surpris par la réaction de son compagnon. Le regard attentif d’Aokiji se posa ensuite sur les deux individus. L’un lui était totalement inconnu, mais l’autre quant à lui était connu de tous au sein des forces de l’Alliance. Il s’agissait de Katano Yusuke un sabreur et ancien Kirijin. Il semblait avoir percé à jour la couverture des deux officiers Shûkai. Comment ? Le Samui n’en avait aucune idée, mais il ne pouvait laisser la situation s’envenimer davantage. Malgré l’état d’ivresse général dans lequel se trouvaient les hommes présents dans le bar, autant ne pas foutre en l’air.

« Katano Yusuke. Nous sommes d’accord, nous ne voulons pas impliquer ces gens. Nous ne montrerons aucune forme d’hostilité, si cela reste réciproque bien entendu… »

Aokiji se tourna alors vers Arekushi. Il espérait que ce dernier puisse garder son sang-froid dans une telle situation. Les deux Shûkaijins se dirigèrent à l’extérieur, suivi des deux individus. Une fois dehors, face à face, le Samui s’adressa donc au Nukenin.

« Donc, qu’est-ce qui vous amène dans ce trou perdu ? »

Aokiji connaissait déjà la réponse. Malgré leur discrétion, quelqu’un devait avoir rapporté la présence des deux officiers du Shûkai à Yusuke. Mais quels étaient ses intentions ? Il semblait vouloir un échange pacifique. Le Samui garda donc sans calme mais resta bien entendu sur ses gardes.

Spoiler:

Un sentiment de mal être m’envahissait tandis que je suivais les deux Shukaïjins hors de la taverne. L’un d’entre eux, celui que je ne connaissais pas, m’avait l’air particulièrement sage. Il avait tout de suite compris qu’il ne fallait pas se montrer trop exigeant ou trop intrépide. Il avait ce que j’appelle couramment la fibre de la sagesse. Ni trop zélé ni trop écrasé, il avait su me faire une certaine impression en ne me lançant qu’une phrase. Mais curieusement dans sa phrase il n’y avait ni menace ni inquiétude. Peut-être connaissait-il mon rang ou le danger que je pouvais représenter. Mais le fait qu’il s’adresse à moi comme à un adversaire digne de ce nom me fit un effet perturbant. Du Shukaï je ne connaissais que les menteurs, les fourbes et les princesses des neiges. Jamais je n’avais encore rencontré un homme digne des louanges qu’apportent les vertus. Cette analyse peut vous paraître un peu précipitée mais il y a des hommes qui se sonde en quelques secondes et d’autres en toute une vie. Mon inconnu faisait partie de la première catégorie.

Nous sortîmes et mon inconnu me demanda ce qui m’amenait moi et Konjo dans ce trou perdu. Je lui jetai un regard presque neutre tandis qu’Arekushi prit à son tour la parole. Comme je l’avais prévu, Arekushi était bel et bien un traitre. D’un coup je pus entrevoir toute la splendeur de l’imbécile caché derrière le jeune homme. Incapable de faire preuve du même flegme que son compagnon, il se lança d’instinct dans la provocation. L’espace d’un instant, l’envie de lui écarter les yeux d’un bon coup de sabre me passa par l’esprit. D’ailleurs je ne sais pas comment j’ai bien pu refreiner une telle envie. Toujours est-il qu’il continua d’ouvrir son clapet. Il parla longtemps, un peu trop longtemps. Il me montra aussi la marque à son bras. Le pauvre ne devait pas savoir que je possédais aussi la marque maudite sur le bras. Bien sûr celle-ci était cachée d’une petite bandoulière soigneusement placée. Je continuai donc de lui faire face avec mon air totalement neutre, m’affranchissant de toute émotion au niveau du visage. Mais lorsque le jeune homme chercha à s’échapper, ou plutôt à s’en aller, je sortis mon sabre de son fourreau dans un bruit métallique très expressif. Personne n’irait nulle part sans que je l’aie décidé au préalable.

« Je ne me suis pas déplacé pour le plaisir de revoir ton abjecte visage. L’envie de t’étriper est bien plus forte que mon sens de la conservation et ce ne sont pas tes pitoyables sceaux qui m’en empêcheraient si je le voulais. J’ai fais une promesse à quelqu’un que je ne te tuerais pas aujourd’hui. Je suis donc là uniquement pour communiquer un message. »

Je fis bien comprendre mes intentions en intensifiant mon regard. En effet, j’avais tout d’abord fais route vers le lieu de rencontre des Shukaïjins dans le but de les étriper. Néanmoins sur le chemin, j’ai reçu une missive par oiseau spécial. Le pauvre animal me transmettait le message de ne pas faire de mal au Shukaïjins, que leur heure viendrait bien assez tôt. J’étais donc parti avec un début de frustration. Mais le besoin s’étant fait sentir de revoir mon ancien traitre d’élève, je continuai ma route. Et me voilà donc en face d’eux, pensais-je. Ils étaient niais, presque trop embourbés dans leurs accoutrements ridicules. Je me tournai cependant, faisant abstraction de la colère et de la haine, vers mon inconnu.

« Sache que l’homme qui tente de fuir a été un traitre pour moi, il le sera surement pour vous aussi. Il n’a pas d’esprit de cor, il n’en aura jamais. Il n’est à la recherche que de sa propre puissance, d’ailleurs cette marque risque bien de le retourner contre vous. Je serais toi, je le livrerais à mes soins. »

J’avais en effet le sentiment qu’Arekushi préparait encore un sal coup. Le connaissant d’expérience, il était capable des pires pirouettes. Trahir son maitre est une chose mais trahir un idéal est autrement plus complexe. Je n’avais désormais pour le shinobi que le plus profond dégoût. Je me tournai néanmoins vers lui (tout en gardant à l’œil le second) pour exprimer la suite de mon message. Car oui, j’avais un message.

« Je veux que vous préveniez le Shukaï que Katano Yusuke n’est plus le même. Que la dernière fois que je me suis adressé à vous, j’avais encore le sens de la morale. Mais prévenez bien vos chefs que si je parviens à percer vos défenses et à vous défaire, vous y passerez tous. Femmes, enfants, animaux. Je veux que vous transmettiez mots pour mots cette déclaration. »

Je savais qu’en annonçant cela, je me préparai à de nouvelles traques, à plus de pression sur ma personne. Mais je recherchais la mort. Car en la recherchant, en la côtoyant chaque jour, je m’en écartais.

Spoiler:

Arekushi justifia la présence du binôme en prétextant une recherche sur l’assassinat des parents de ce dernier. Ceci était bien évidemment faux, mais il n’y avait aucune raison pour que les deux Nukenins soient mis au courant des véritables intentions du duo. Aokiji resta donc silencieux, fixant son partenaire en priant que celui-ci ne fasse aucune bavure et que la situation ne dégénère pas. Car il était évident que le Jisetsu avait un passif avec ces gens, et pas très joyeux apparemment. Il décida donc d’annoncer leur départ aux deux criminels. Le Samui resta cependant immobile. Il était tout à fait conscient que ce ne sera pas aussi simple. Yusuke n’allait certainement pas les laisser quitter ce village sans avoir rentabiliser son déplacement. Arekushi poursuivit donc, arborant sans aucune retenue sa marque maudite. Ce « F » démoniaque, symbole du mal en lui-même. Il se décrit encore comme un être problématique. Pour le coup, le Samui ne pouvait lui donner tort. Yanosa et Kakeshuou l’avaient déjà prévenu et c’est pour cela qu’il ne pourrait jamais accorder ne serait qu’une once de confiance au Jisetsu. Mais provoquer un criminel de cette trempe était-il réellement judicieux ? De plus, le compagnon de celui-ci était des plus curieux. Il restait anormalement silencieux. Il émanait une aura étrange. Ce genre de calme qui ne renfermait en fait qu’imprévisibilité et violence. Aokiji gardait donc un œil sur ce véritable colosse. S’il trainait avec le sabreur, c’est qu’il devait surement présenter indirectement une certaine menace, contrairement à ce qu’Arekushi semblait insinuer.

Ce fut donc au tour de Yusuke de répondre. Ses mots étaient crus et amers. Qu’avait-il bien se passer entre eux ? Il n’y avait que le Jisetsu pour se mettre à dos de tels shinobis. Forte heureusement, malgré le ton menaçant, le sabreur réaffirma ses intentions pacifiques, justifiant cela par une promesse et un certain message qu’il souhaiterait délivrer. Mais avant cela, il se tourna vers Aokiji afin de le mettre en garde. Décidemment, cela tournait presqu’à l’obsession. Cela devenait d’ailleurs assez angoissant. Arekushi, mais il était quoi bon sang ce type ? Selon le Nukenin, il l’aurait trahi et le Shûkai serait le prochain sur la liste. Le Samui devait répondre judicieusement. Même si ça ne le déplairait pas de voir son compagnon perdre la vie, ce dernier restait son frère d’arme, du moins pour l’instant. Il était donc hors de question de le livrer au sabreur.

Le Nukenin poursuivit alors avec son fameux message. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’une menace éhontée frôlant la déclaration de guerre. Aokiji prit donc ces mots très au sérieux tant l’atmosphère s’était davantage refroidie.

« Crois-tu vraiment que nous soyons naïfs à ce point ? Nous sommes tout à fait conscients du danger que représente Arekushi. »

Aokiji posa alors ses yeux sur le Jisetsu puis reporta son attention sur Yusuke.

« D’ailleurs je suis surpris que tu te soucis autant de nous. Mais te livrer Arekushi est hors de question et à en juger par sa réaction, il ne semble pas très d’accord non plus. »

Il marqua un temps d’arrêt, gardant juste un œil sur l’acolyte du sabreur puis poursuivit.

« De plus, les mots que tu viens de prononcer représentent une menace extrêmement sérieuse Katano Yusuke. Tu dois être considérablement confiant en tes forces et celles de tes alliés pour proférer de tels propos. Ton message sera délivré aux principaux concernés, je t’en donne ma parole. Mais sache que tu seras le seul à blâmer lorsque tu tomberas, Sabreur… Le Shûkai ne laissera pas passer une telle déclaration à son encontre, donc attends-toi à de lourdes représailles. »

Aokiji se tourna maintenant vers son partenaire et lui fit un signe de la tête.

« Je pense qu’il est temps pour nous de poursuivre notre périple, qu’en penses-tu ? »

Le Samui s’exprimait avec assurance, pourtant il espérait au fond de lui que Yusuke tienne parole et ne fasse preuve d’aucune violence à leur encontre. Il n’y avait aucune raison. Ils étaient désormais les deux seuls à pouvoir délivrer ce message. Cependant, une seule personne pouvait aisément accomplir cette tâche… Se pourrait-il qu’il laisse libre cours à son amertume et s’empenne à Arekushi ?...

Je commençais lentement à me lasser de la présence des deux moustiques Shukaïjins en face de moi. Il était clair que ces derniers se servaient de leur village comme d’une protection, une manière de se protéger de la menace que je constituai. J’avais déjà remarqué pareille manière de négocier. Tous les ninjas appartenant aux grands villages avaient ce caractère en commun et tous sans exception ne pouvaient s’empêcher de ramener tout à leur village. Les nukenins, nous étions différents. Qu’importait si nous faisions parti d’une organisation puissante ou d’un groupe lié par le sang. Nous étions tous des individualistes. Si nous nous lancions dans un combat, on se prenait seuls en compte. Nous n’étions pas dépendant de la force d’autrui ou du bon vouloir d’un seigneur de région. C’est ainsi que je voyais les choses et il y avait fort à parier que c’était ainsi qu’elles étaient. Rarement je me trompais sur l’analyse de mon environnement et à mesure que le jeune Shukaïjin rappelait ses menaces guerrières, je me ressassais mon analyse en boucle. Une fois qu’il eut terminé donc, je lui lançai un regard presque désabusé. La suite allait grandement me plaire.
"Comme je l’ai dit j’ai promis de ne pas vous faire de mal, je ne peux donc pas vous empêcher de partir… "

J’avais commencé cette phrase comme un homme qui s’avoue vaincu. Or je ne l’étais pas, pas le moins du monde. Pour moi, respecter sa parole était une victoire en soit et les deux cloportes en face de moi ne m’auraient de toutes façon servis qu’à attiser le feu de colère du Shukaï sur ma personne. Néanmoins je gardai un atout dans mon sac, mon esprit pervers avait vu germer en son sein une idée diabolique qu’il allait bientôt mettre en action. Alors, lorsque nous regardâmes les deux Shukaïjins prendre la route de la porte principale du village, je penchais la tête vers Konjo et commençais à parler d’une voix presque trop sombre pour être la mienne.

« Une fois qu’ils sont partis, nous nous métamorphosons en eux, toi en le blond et moi en Arekushi. Nous mettons ce village à feu et à sang comme on sait si bien le faire. Mais laisse des hommes s’échapper… »

Tel était mon plan à présent. Discréditer ces deux hommes qui venaient de faire irruption dans le village. Je m’assurais néanmoins de tendre à Konjo un bandeau du Shukaï que j’avais pris le soin d’emporter. Il fallait que le village sache qui allait le détruire, qu’il sache qui était l’ennemi. Une manœuvre politique qui se faisait sur le terrain, le genre d’intervention qui vous fait froid dans le dos et qui provoque tellement la confusion que cela en est jouissif. Je m’attelai donc moi-même à sortir mon propre bandeau à l’effigie du Shukaï.

Les deux ennemis du Kurai Hikari passèrent la porte principale du village, je lançais un regard à Konjo et en une seconde, tout en nous assurant que personne ne voyait ce qui se tramait, nous prîmes leur apparence. Commença alors le carnage, l’horrible carnage. Je fis signe à Konjo de commencer par la droite tendis que je fis à nouveau irruption dans le bar. Là, je sortis un Kunai et m’occupai tant bien que mal de tous les hommes présents et de la barman. Je ne mis que quelques minutes et je pris plaisir à me rendre compte, en sortant de l’établissement, que mon Berseker préféré se trouvait sur la place principal du village, entouré de quelques dizaines de pirates. Un sourire aux lèvres, je profitais de leur inattention à mon égard pour lancer une bonne demi douzaines de shuriken qui firent trois victimes et trois blessés. Je m’approchai alors, acclamé par la surprise générale, pour user d’une porte céleste et réduire à néant la petite troupe en compagnie de Konjo.

Bien entendu, je n’usai ni de mes sabres ni de techniques de cendres. Je voulais que ces faits restent aussi crédibles que possible, que je puisse rester aussi loin des projecteurs que je le pouvais. Je fis donc en sorte de rester dans le style de combat taijutsu et je tuais mes victimes en leur écrasant le crâne sous deux mains enveloppées de Raiton ou par une simple rupture de la nuque.

Nous mîmes un certains temps avant de pouvoir nous occuper de tous le village mais au final, ce dernier fut complètement jonché de cadavres. Les jeunes étant partis faire leurs crimes ailleurs, la populace n’était composée majoritairement que d’enfants et de vieillards. Nous avions laissé quelques survivants qui se terraient dans certains coins du campement. J’en attrapai un et le pris par le col.

« Tu préviendra les autres à leur retour que le Shukaï est désormais présent !… Sinon je reviens et je vous tue ! »

Je déposai dans sa main le bandeau caractéristique à la nation de l’alliance et ce dernier se mit à pleurer. Je le rejetai contre un mur et me remis à marcher dans les ruelles désertes. Nous avions pris soin de ne déclencher ni incendie ni alarmes de peur d’ameuter des visiteurs incongrus qui auraient pu mettre le plan à l’eau.

« Nous avons fais du beau travail Konjo, je suis satisfait et te remercie pour ce que tu fais. »