Cela ne faisait que quelques semaines que j'étais à Suna. Une petite ville fort sympathique mais à mon goût trop chaude, en entendant par là qu'il y a faisait trop chaud et rien d'autre. Ces températures m'obligeaient à sur employer mes dons naturels d'Habashi. Par conséquent, je n'étais pas si affecté que ça par le climat. Jusque maintenant on ne m'avait pas trop embêté, que ce soit ma sœur ou quelqu'un d'autre. Tous les habitants de ce village, ninjas ou civils, étaient toujours occupés à quelque chose. Alors jusqu'à ce que la Kage, ainsi la nommait on, retrouve un emploi du temps plus léger; moi, je devais m'occuper.

Régulièrement je sortais des murs de ce fort pour divaguer aux alentours. Parfois Yuki no Kuni me manquait, ses paysages étaient plus variés, plus attrayants. Néanmoins j'avais entendu qu'il n'y avait pas que du sable dans ce désert mais aussi des ruines et même par endroit des oasis. Tout ce qui était différent du sable m'intéressait, les ruines parce que j'aimais comprendre l'histoire du pays dans lequel je me trouvais, et les oasis parce que profiter d'un endroit pouvant apporter de la fraicheur et en même temps une certaine forme de quiétude me réjouissait. J'avais donc un choix à faire. Pour ce faire et faciliter ma décision je demandai quelques renseignements à un homme se trouvant non loin de moi, un garde vraisemblablement. Il me dévisagea, sembla hésiter.

-D'entre les ruines et les oasis, lesquels de ces deux sites sont les plus proches ?
-Et bien... Il y a beaucoup de ruines dans l'ouest du pays, et une seule oasis vraiment proche un peu plus au sud.
-Combien de temps pour me rendre aux unes et aux autres ?
-L'oasis la plus proche, une demie heure de marche soutenue je dirai, mais les ruines... Comptez au moins une demie journée, facilement.
-D'accord, ça tombe bien je ne comptais pas passer la nuit dans le désert.
-Oui, et vous devrez être rentré avant la nuit d'ailleurs.
-C'est noté! merci pour votre aide.
-Oh attendez! Sans indiscrétion, vous êtes le frère de...
-Zanshi ? Oui, tout à fait.

Je lui adressai sourire bienveillant et m'éloignais la main en l'air en signe de salut, d'au revoir ou de respect. Je pris la direction du sud en espérant tomber sur cette fameuse oasis. Je me rendis compte après ce court échange avec un des shinobi du vent que d'être le frère de la dirigeante avait un avantage certain : éviter les questions ennuyantes. Une longue et chaude promenade à la surface de cette mer de sable ardente me conduit à bon port. Effectivement au loin je voyais se dessiner des formes semblant être quelques palmiers, un peu de verdure. Le soleil ne m'avait pas suffisamment atteint pour me faire croire à une mirage, j'étais donc bien sûr de moi et de ce que je voyais, d'autant plus que plus j'avançais plus les choses se précisaient. Je descendis la dune, marchai encore quelques minutes et arrivai enfin.

Je m'arrêtai à une centaine de mettre, il me semblait voir d'ici une silhouette humaine étonnamment pâle, un être de sable ? Le désert me réservait il ce genre de surprise ? Pour en avoir le cœur net j'approchais d'avantage encore jusqu'à me rendre compte que ce n'était qu'une sculpture inachevée mais tout de même bien réussie. Le vent ne l'avais pas encore disloquée et ses formes nettes m'indiquaient que cette statue friable n'était là que depuis peu. A sa hauteur je l'observais un instant. La finesse du trait égaya mon visage morne, il y avait donc quelqu'un ici capable de telles prouesses ? Peut-être l'avais-je manqué, quel dommage. Cependant, ce n'était pas pour ça que j'étais là mais bel et bien pour profiter de ce lieu, de son calme. Rien de tel qu'une source, que l'ombre de ses palmiers et sa fraîcheur pour libérer un esprit chargé. Encore quelques pas adroits sur un sol bouillant et j'y fus.

J'observais tout autour de moi et ne pus que deviner la présence d'une personne. Avais-je ressenti son chakra ? Non, bien sûr que non. Je l'avais simplement vu. Quelqu'un allongé là, peut-être assoupi, ou méditant. Toujours était il qu'on n'avait pas prêté attention à mon arrivée. Je n'aimais pas prendre les gens au dépourvu alors je m'annonçais comme mon bien aimé père m'avait apprit à le faire : tout en délicatesse, tout en finesse.

-J'espère ne pas vous réveiller.

Je fixai cet étranger qui s'avérait en fait être une étrangère, et repris dans l'espoir qu'elle ne dormait, au quel cas je vaquerai à mes occupations.

-C'est vous qui avez sculpté cette femme ? C'est plutôt réussi...

J'ajoutai ces quelques mots en portant mon regard sur l'étendue d'eau. Elle était limpide, paisible...

Une jeune âme tout à fait ravissante. Aucune hostilité ne suintait de sa personne, elle ne semblait pas dérangée par mon intrusion au contraire. Elle s'avérait donc la sculpteuse de cette statue de sable. Comme quoi le désert pouvait apporter autre chose que des coups de soleil et/ou une déshydratation mortelle. Ce que j'aimais dans ce pays, c'était la curiosité des personnes bien que cette fois-ci elle était toute justifiée. J'esquissai un sourire sympathique et pour ne pas le cacher, assez amusé. Pourquoi donc étais-je ici ? Egaré ou à la recherche de quelque chose ? Peut-être les deux à la fois bien que rares étaient les fois où je m'égarais.

-Je suis arrivé il y a peu dans ce pays, donc j'essaye de le découvrir comme je peux, et cette oasis me semblait être pour le moment l'endroit le plus accessible.

Une réponse assez formelle qui ne répondait finalement pas à sa question. On pouvait dire qu'il s'agissait d'une mise en bouche. En effet, je repris quelques secondes après.

-A vrai dire, j'aime bien les endroits comme celui-ci, paisible, et frais.

Ma propre réponse m'amusait, en fait un rien pouvait m'amuser. J'aimais bien les endroit frais et encore plus les endroits froids. Le climat de Yuki no Kuni me manquait énormément mais pas qu'une certaine autre chose. Le calme qui régnait dans de tels lieux n'étaient pas non plus pour me faire oublier ma nation chérie. En fait, le sable ressemblait un peu à la neige si on faisait abstraction de la chaleur, et de son caractère permanent. On pouvait aussi faire des sculptures de neige d'ailleurs..

Je regardais la sculpture du coin de l'oeil et ne pouvais m'empêcher de me dire que l'absence du visage n'était pas uniquement due à un "non-achèvement". Enfin, je n'allais pas non plus me montrer trop incisif, nous ne nous connaissions pas suffisamment.

-Vous... Tu me permets de te tutoyer ? Un compliment oui.. mais c'est vrai. J'aimerai avoir un tel talent.

Lors de mon arrivée à Suna, les semaines qui suivirent, je dû apprendre beaucoup de choses sur le village, sur le pays et sur le monde shinobi plus généralement. Et j'avais notamment entendu parler d'un clan du village pouvant manipuler le sable à la perfection, cette jeune femme faisait elle partie de cette famille ? Peut être l'apprendrais-je rapidement, ce qui signifierait que nous n'étions ni plus ni moins que des Sunajins, des équipiers en quelques sortes...

-Ah, tu peux m'appeler Anseï, si tu veux.

J'évitais de faire allusion à mon nom, je préférais qu'on ne fasse pas la relation entre moi et ma sœur trop rapidement. Les gens avaient tendance à se taire dès qu'ils savaient, et si parfois cela m'amuser de voir les réactions, d'autres fois cela m'exaspérait, notre ressemblance était déjà assez flagrante comme ça.

Le cœur de Tsukiko fit un bond lorsque l’inconnu avouait être un récent arrivant à Kaze no Kuni. Par cette simple révélation, le ninja venait de réveiller mille souvenir aigre-doux dans le cœur de Tsukiko : son départ de Konoha, son long voyage jusqu’à Kaze no Kuni, la découverte du clan Kawaguchi, la fascination naissante pour ce grand étendu de sable, la découverte d’une toute nouvelle culture et d’un tout nouvel environnement … En une seule phrase, cet homme avait remonté le temps de trois ans.

« Trois ans ont passé mais les choses n’ont guère changé » pensa-t-elle tristement.

Cependant, elle éloigna ses sombres pensées pour se concentrer davantage sur l’inconnu. En temps ordinaire, elle aurait une tendance à garder certaines distances ou se méfier un tantinet de tout étranger mais celui-là l’avait eu aux sentiments directement. Elle n’avait plus qu’une envie : lui ouvrir grand les bras et l’aider au mieux dans son intégration à Suna. Elle n’était peut-être pas la référence pour la question de s’intégrer mais elle connaissait chaque coin de Suna, chaque bonne adresse et chaque arnaque …

Suna était un merveilleux endroit et il serait dommage de se gâcher une telle expérience sous prétexte qu’il faisait trop chaud et trop aride. Certes le coût de la nourriture avait son poids dans le budget mais il y a temps à côté pour adoucir les journées.

- Appelle moi Tsukiko alors ! répondit-elle du tac-au-tac, avec un grand sourire.

La jeune dame était à mille lieues de faire un lien entre Anseï et la Kazekage sur une simple ressemblance physique. D’une, Tsukiko avait vu que très rarement cette dernière et de deux, elle avait clairement autre chose en tête que chercher une ressemblance entre la Kazekage et chaque personne qu’elle croisait. La couleur des cheveux aurait pu l’interpeller mais notons qu’elle-même avait des cheveux d’une couleur assez exceptionnelles – même si teinte-. Autant dire que cela ne la choquait absolument pas comme le commun des mortels.

- D’où viens-tu ? demanda-t-elle en adoptant immédiatement ce tutoiement si gentiment proposé. Si jamais tu as besoin d’aide ou de renseignement, n’hésite surtout pas à me le demander !

Elle se rendit vite compte de cette étrange spontanéité. En effet, en temps ordinaire, elle serait restée seulement polie et à l’écart, comme se devait une étrangère bâtarde. Cependant Anseï était lui-même un nouveau et donc un étranger d’une certaine façon n’est-ce pas ? Seule, elle l’était la petite Tsukiko.

- Je … Je suis venue habiter à Kaze no Kuni, ici à Suna, il y a trois ans. Je peux donc comprendre qu’on ait quelques difficultés pour s’habituer. Généralement, le climat et le paysage sont les premières sources de plaintes mais si on regarde de près, si l’on est curieux, il y a pas mal de coins sympathiques !

Elle voulait seulement justifier cette spontanéité et là, elle lui faisait une véritable morale. Elle s’en était rendue compte et s’était tue, se sentant complètement idiote. Peut-être ne pensait-il pas à mal de Suna, peut-être même était-elle trop collante ou ennuyante ?

Elle ne savait plus quoi dire ni sur quel pied danser soudainement. A savoir que Tsukiko était très maladroite dans les relations sociales. Il faut dire qu’elle vit presque un exil depuis trois ans au sein de son clan et se dévalorise continuellement.

Par exemple, elle ne croyait que rarement à cette histoire de talent. Tous les membres du clan Kawaguchi maniait le sable. Cependant, et voilà une chose qu’elle oubliait aisément, peu avait cette passion artistique pour le sable et peu démontrait patiente et créativité pour créer de telles sculptures.

Etrangement je n'arrivais pas à détacher mon attention de cette sculpture inachevée même si la jeune femme elle même en accaparait déjà une bonne partie. Sa façon de réagir me fit sourire, sa maladresse et son stress étaient palpables mais néanmoins amusants. Elle semblait très accueillante à première vue, sympathique au plus simple. Je me devais de la mettre en confiance, il n'y avait aucune raison pour que quelque chose se passe mal, j'étais moi même de nature amicale bien que certainement, parfois, un peu asociale. Un comportement qui s'expliquait pas mon passé à Yuki, et à Kusa. Devais-je parler de ceci si tôt ? Certainement pas, ce n'était pas le moment, pas l'endroit. Mais je pouvais quand même répondre sans exposer toute ma vie.

-Je n'hésiterai pas un instant à te demander à ce moment là. Oui, le contraste avec l'endroit d'où je viens est total. Connais-tu Yuki no Kuni ? Je viens de ce pays. Je suis habitué aux régions désertiques mais pas à encore bien acclimaté à cette aridité.

Dis-je en rigolant à moitié. Je pouvais tout à fait réguler ma température pour ne pas souffrir de cette chaleur accablante mais j'avais appris à faire sans mes dons, à vivre naturellement comme n'importe quel homme ou femme dépourvu de gênes particuliers. Une habitude qui m'était restée de Yuki, savoir apprécier la chaleur qu'offre un foyer alors qu'au dehors la température est glaciale, savoir profiter de la chaleur d'un corps... Tant de choses qui me permettaient de garder à l'esprit qu'au final je n'étais et je ne restais qu'un humain parmi tant d'autres, capable de ressentir ou tout au moins qui en était capable.

-J'ai vécu dans le pays le plus froid du monde pendant à peu prés une dizaine d'années et aujourd'hui me voilà dans le pays le plus chaud... J'ai toujours eu un don pour faire des choses diamétralement opposées. Tu ne trouves pas ça étrange ? Enfin...

J'entamais une nouvelle phase silencieuse, en fait j'étais pensif et peut-être un peu nostalgique. Mais aujourd'hui, pour rien au monde je ne retournerai à Yuki; j'avais mes raisons plus ou moins sombres, plus ou moins douloureuses. Pour moi, venir ici, y retrouver ma sœur, marquait une nouvelle page dans ma vie sur laquelle de nombreuses choses restaient à écrire. Un genre de recommencement que je souhaitais le plus positif possible et le moins relié à mon passé chaotique. Ainsi m'asseyais-je dans le sable chaud à quelques pas de Tsukiko qui elle s'était relevée.

-Enfin... Le passé c'est le passé, maintenant je suis ici. Alors, dis-moi, que représente cette sculpture ? J'ai remarqué le niveau de détail... à moins que ton imagination soit sans limite, ce dont je ne doute pas un instant. Souriais-je. C'est une personne que tu as déjà vu ? Un nouveau silence. Pardonnes moi si cette question te paraît indiscrète ou inappropriée.

Je n'avais jamais vraiment excellé dans ce domaine, la discrétion. Pourtant j'étais du genre subtil et attentif. Parfois ma langue allait tellement plus vite que mon esprit, que s'en était fatiguant.

-On entend des anecdotes sur tout et n’importe quoi. Il fait certes très froid à Yuki, mais ce n’est pas le cas toute l’année. Pendant quelques mois, deux ou trois tout dépend des caprices du temps, il y fait plutôt doux. Bien sûr, le reste du temps il fait froid en fait…

Rigolais-je. Ce qu’on disait sur Yuki était vrai dans l’ensemble. Les nuits y sont longues, il y fait très froid et là la neige y est quasiment permanente. Moi, j’avais entendu des histoires sur les autres pays, notamment sur celui-ci, Kaze no Kuni. Mais je ne m’étais pas imaginé, au début, devoir faire face à une telle chaleur. Cet environnement paraissait très hostile mais dans le fond pour quelqu’un comme un Habashi, comme moi, c’était un lieu idyllique qui nous procurait un avantage certain sur d’éventuels adversaires. Voilà, c’était plutôt ainsi que je devais penser maintenant que j’avais rejoins Suna, maintenant que j’officiais en tant que ninja.

-Mais Yuki ne se résume pas, comme le pays du vent, qu’à sa rudesse. C’est un endroit magnifique, tu peux y trouver par exemple, comme ici cette oasis, des sources thermales cerclées par la neige et la glace. Finalement je trouve que ces deux pays se ressemblent dans leurs différences.

Je souris légèrement lorsqu’elle me parla des sculptures. Pour moi, même sans visage, ses créations me fascinaient. Leur seul bémol, du moins ce que je pensais ; une sculpture sans visage ne transmet pas autant d’émotions, elle est vraiment comme incomplète. J’aurais pu discuter de ça pendant des heures avec cette jeune femme mais je doutais que cela soit très intéressant. Ses sculptures me rappelaient aussi celles que nous faisions dans la neige, bien plus grossières en revanche, se rapprochant davantage du simple bonhomme de neige que de la sculpture à proprement parler.

-Nous faisions des bonhommes de neige à Yuki, rien à voir avec ce que tu fais ; mais nous leur donnions toujours un visage, ça les rendait plus gaies, plus sympathiques. Alors même si le visage ne ressemble pas à celui de la personne que tu veux représenter, je crois que c’est toujours mieux d’en faire un, quand même. Enfin, cela dépend de toi, de ce que tu veux ; tu n’es obligée à rien. C'est aussi l'art, de faire ce qu'on l'on veut...

Lui souriais-je. Je ne voulais plus me remémorer ces moments qui m’étaient bien trop douloureux, je ne voulais plus me rappeler son sourire, sa peau pâle à peine rosée… En fait, plus il y avait de distance entre moi et mon ancienne patrie, mieux je me portais. Je me rendais compte qu’en arrivait à un tel extrême était assez triste, mais je n’avais pas trouvé d’autres moyens, puis cela m’évitait de trop ressasser, de haïr le monde et ses habitants. Je n’avais aucune envie d’être rongé par d’obscurs sentiments, c’était bien trop dangereux pour un Habashi. Nous autres étions assez sensibles à toutes formes de sentiments, notamment l’amour et la mort qui pouvaient respectivement soit nous rendre bon, soit nous rendre mauvais ; et le second étant bien plus extrême que le premier… Enfin.

-Pour ma part, je ne pourrais certainement jamais plus faire des bonhommes de neige, je n’en aurais plus l’envie. Toi, tu as encore la force d’essayer de te représenter cette personne. J’aurais voulu venir avec ma famille, mais elle ne pourra jamais plus quitter Yuki. En revanche, j’ai une sœur, ici à Suna. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que j’ai quitté le pays des neiges pour venir ici, pour être avec ma sœur.

Si il y avait une chose qu'un Habashi ne pouvait refuser, c'était bien de répondre aux questions. Les gens de ce clan n'avaient rien à cacher à personne, ils pouvaient parler de choses positives comme négatives. Anseï comme ses congénères de Kusa no Kuni demeurait entier, il estimait que c'était de cette façon qu'on tissait des liens, en se livrant sas limite, ou presque. Même s'il lui était difficile de parler de son passé et notamment de sa défunte femme, cela ne lui posait plus vraiment de problème.

L'Habashi avait eu sa vengeance depuis un moment et aujourd'hui tout ceci ne demeurait qu'une page du livre abîmé qu'était sa vie, il ne vivait plus aucun tourment mais peut être encore une certaine tristesse, ou bien de la nostalgie. Maintenant, il appréciait la compagnie des personnes et encore plus de celles capables d'écouter et n'ayant pas peur de poser des questions. Cependant, à Suna, toutes ses nouvelles rencontres semblaient assez avides d'en apprendre davantage à son sujet. Certains parce qu'ils avaient affaire à un étranger, d'autres parce qu'ils savaient qui il était, en partie.

-Oui, ma famille... Je l'ai perdue à Yuki. Nous vivions sur des terres reculées du pays et il y avait beaucoup de mercenaires, de brigands... Enfin, il y en avait.

Le natif de Kusa avait volontairement omis de répondre à la question sur les sculpteurs de glace. En fait, il n'en savait rien. Peut-être y en avait il, après tout, c'était l'endroit idéal pour ce genre de choses. Eux, lui et sa famille; ne faisaient que de simples bonhommes de neige, une carotte, un manteau, des pommes de pins en guise d'yeux. Enfin, si dans le désert il y avait des sculpteurs de sable alors elle devait se douter qu'à Yuki il devait y avoir l'équivalent. En revanche sa dernière question sur sa sœur à Suna ne lui échappa pas. Il avait suscité une nouvelle curiosité chez la jeune femme. Anseï fixa la jeune femme et sourit. Expliquer qui était sa sœur serait plus marrant que parler de son passé.

-Et donc je suis ici pour ma sœur qui est à Suna, oui. Nous sommes même jumeaux à vrai dire. Tu connais peut-être Zanshi, Habashi Zanshi ?

Anseï esquissa un frêle sourire en réponse à la remarque de sa jeune interlocutrice. Elle n'imaginait pas qu'on puisse le confondre avec sa sœur, et pour c'était ce qui lui était arrivé le midi même. Son aînée de quelques secondes n'avait véritablement parlé de l'existence de son frère à personne. Cela ne lui posait de problème, c'était étonnant pour certain mais pour lui cela relevait de la normalité. Sa sœur était du genre secrète à propos de certaines choses. Dans sa position, à la tête d'un village de ninja, il comprenait davantage la raison de son silence : inutile de donner à ses ennemis une occasion d'exploiter une quelconque faiblesse. Il lui répondit ensuite, presque aussitôt.

- Et pourtant, des personnes m'ont confondues pas plus tard que ce midi. Un dénommé Kibo.. Enfin, ce n'est pas très grave, je m'y attends tous les jours. Dit-il en rigolant.

Après quelques jours passés avec lui, à le côtoyer; il était évident que plus personne ne les confondrait; mais pour le moment ça l'amusait tellement qu'il en profitait un maximum. Cela faisait tout de même assez longtemps qu'il n'avait pas partagé une discussion comme celle-ci, sans intérêt majeur, avec un étranger. Cette étrangère, si elle en était, serait vouée à ne plus l'être par la suite. Evidemment, puisqu'ils venaient de se rencontrer. L'habashi resta pensif un instant, lorsque le silence qui venaient de s'installer fut une nouvelle fois briser par la jeune Kawaguchi. Il n'avait pas tout à fait compris le sens de sa phrase mais après quelques secondes...

- Pourquoi n'aurais-je pas besoin d'un guide ? Sourit-il. Zanshi est bien trop occupé, et à part Kibo je ne connais pas encore grand monde. Avoua-t-il en la regardant. Mais au moins, je sais par où est le village!

Il se leva, s'étira et observa le ciel. Il était toujours aussi bleu bien qu'un nuage sombre semblait se profiler au loin. Pouvait il pleuvoir ici ? L'aridité de l'endroit lui répondait que non, mais la présence d'une oasis était certainement plus criante de vérité. Il était pour lui l'heure de repartir, il devait voir sa sœur. Ils avaient rendez-vous pour tout dire. Il trouvait ça encore plus drôle devoir prendre rendez vous pour bavarder avec sa sœur, bien que la demande émanait de cette dernière; il était donc à supposer qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire, allez savoir.

- Oui, je vais rentrer, j'ai un rendez-vous. Mais tu peux m'accompagner si tu veux, on sait jamais; si je me trompais de direction, cela peut arriver! Et, n'hésites pas à me tutoyer, Tsukiko.

En fait, non, cela ne pouvait arriver. Il ne pouvait pas s'égarer, pas avec cette bague qui trônait à son annulaire. Il n'avait qu'à insuffler un peu de chakra dans la pierre bleutée et elle lui indiquerait la direction à suivre pour trouver sa sœur, et celle-ci était en théorie à Suna!

Elle haussa les épaules lorsqu'il parla de ce dénommé Kibo. La jeune fille ne savait pas encore qu'un soir, elle allait rencontrer ce rêveur et devenir une coéquipière. Non, pour le moment, Kibo était un inconnu, l'équipe Miira n'était qu'une équipe parmi tant d'autre et Yamada Kioshi n'était qu'une figure scintillante et dorée en plein milieu de la place publique.

- Je ne suis pas très douée pour faire des rapprochements. De plus, c'est rare les jumeaux, et... une fille et un garçon, c'est le jour et la nuit, conclut-elle en riant nerveusement.

Enfin, et surtout, Zanshi était une figure autoritaire et sévère dans l'imagination de la petite Tsukiko. En somme un être politique impersonnel. Anseï, elle l'avait "connu" personnellement, dans un contexte "hors" shinobi, donc elle voyait là un visage humain à son sens, un homme chaleureux et fort sympathique.

- Eh bien, vous devez avoir beaucoup de guide. Je veux dire, vous êtes le frère de la Kazekage, je doute qu'on vous laisse seul.

Une certitude qui s'effondra lorsqu'il disait ne connaître personne hormis ce "Kibo" et la Kazekage. Tsukiko fit des yeux ronds, hallucinants. Ainsi, il était comme elle, un être perdu dans ce grand désert. Cependant, ce n'était qu'une solitude temporaire. La population était solidaire et chaleureuse en raison de la difficulté de vivre dans le désert. Entre les problèmes d'eau ou les bêtes vénéneuses, il fallait être se serrer les coudes. Elle ne doutait donc pas une seule seconde qu'il trouvera sa place.

- Oui, je vais rentrer, j'ai un rendez-vous. Mais tu peux m'accompagner si tu veux, on sait jamais; si je me trompais de direction, cela peut arriver! Et, n'hésites pas à me tutoyer, Tsukiko.
- Je vous accompagne. Enfin... je t'accompagne.

Tsukiko n'était jamais contre une connaissance de plus, surtout si elle était fort sympathique, et se mit bien vite au niveau du rouquin. Elle lui demanda où il se rendait, et l'y conduisit sans tarder. En chemin, elle n'hésitait pas à indiquer les restaurants où se rendre, les boutiques utiles à la vie quotidienne ou encore celles qui procuraient du matériel ninja.

- Je... Si besoin d'aide, je suis principalement dans les résidences réservées au clan Kawaguchi. Sinon, je m'entraîne beaucoup dans le désert... en fait c'est surtout là où il y a de forte chance de me retrouver. N'hésite pas, si une question ou un besoin, conclut-elle en affichant un petit sourire.

Lorsqu'il s'engouffra dans le bâtiment pour ce "rendez-vous", elle fit demi-tour pour continuer ses sculptures de sable abandonnées temporairement.