Légèrement furax par l’impression que venait tout juste de lui laisser Kadoria Kouga, Zennosuke se dirigea droit sur le gamin qu’il avait devant lui. Un petit jeune de moins de 15 ans visiblement. Le gamin était plutôt court comparé à lui, il mesurait dans le mètre cinquante, mince, des cheveux gris. La particularité du gamin était tout de même est la grosse arme qu’il possède sur son dos. Un long marteau qui cadrait pas trop avec la frêle carrure du gamin. Étrange assemblage dans ce monde qui semblait totalement surréaliste.

Zennosuke s’approcha du gamin. Un sourire non feint s’affichait sur son visage car réellement, le Jônin était attiré par le petit bonhomme. Attirance d’un grand frère pour son petit frère rien de plus hein. Les deux personnes étaient proches l’une de l’autre. Un geste amical, un salut comme on en ferait à un homme mur, main tendue vers l’avant, paume ouverte, Zennosuke allait s’adresser à lui comme on ferait à un adulte. Du moins, en apparence.

« Salut toi. J’ai du mal à reconnaître Mizu. C’est totalement bouleversé. Il faut certainement être très fort particulièrement intelligent ou chanceux pour survivre à tout ce chaos ambiant. Comment as-tu fait ? Tu sais manier ton gros truc là ? » Dit Zennosuke en regardant tout autour de lui d’un air anxieux dans un premier temps. Son regard se rabattit à nouveau sur le gamin puis il s’intéressa au marteau. « Qu’est ce qui s’est passé ici ? Où sont passés les shinobis de Kiri ? » Des questions toutes simples, dans un contexte de détresse et de chaos. En règle générale, ces moments poussaient les gens à se livrer à échanger à parler de leurs malheurs, car l’échange, chose humaine, était tout ce qui bien souvent, la dernière chose qui restait aux survivants dans ces moments là. Voilà ce que proposait Zennosuke au gamin. Un échange, un moment où le petit homme pourrait partager ses craintes, son expérience, ses malheurs sans soucis.

Dans un geste humain, l’homme pensa au ventre de son interlocuteur. Celui-ci devait être creux. Il sorti une orange qu’il gardait dans poche Une orange qu’ail avait souhaité manger alors qu’il était encore sur le bateau. Le gamin devait en avoir plus besoin que lui. Le Jônin le lui présenta. Cadeau, du moins, s’il en voulait...

Zennosuke esquissa un sourire franc lorsqu’il vit comment le gamin refusait sa proposition. Il n’y avait pourtant rien dans l’orange que le Jônin tendait au gamin. Et son geste, au-delà d’un quelconque motif de recherche d’information, était véritablement désintéressé. Enfin, c’est compliqué à expliquer car le Seki savait bien que si le gamin prenait le fruit, quelque part, il se sentirait plus confiant envers lui et serait donc plus disposé à discuter. Sans se départir du sourire qui peut être le rendait suspect, le Seki rangea donc l’orange dans sa poche, à l’endroit où elle se trouvait initialement. Soit. Si ce gamin refusait, c’était qu’il avait mangé récemment et qu’il pouvait se payer le luxe de dire non à une offre de ce type. Ce n’était donc pas la nourriture qu’il lui faudrait. Le gamin d’ailleurs, très vite confirma cette hypothèse. dinfimes informations filtrèrent de sa bouche. D’une, il n’était pas seul et était accompagné d’au moins deux personnes. De deux, il savait se battre et de trois… Il avait de réels besoins… pécuniaires semble-t-il.

Zennosuke s’était redressé. Lui qui avait pris la peine de se pencher pour échanger avec le gosse, venait de changer d’attitude. Voilà qui était curieux. Cet enfant était certes un enfant, mais il semblait savoir exactement et précisément ce qu’il voulait. Rester pour lui à formuler sa demande. Cependant, dans sa manière de réagir, il semblerait que le gosse ait la quasi-certitude que Zennosuke était là pour enquêter. Et il avait la ferme intention d’utiliser cela pour son propre bénéfice, à la manière qu’il l’entendrait. Sourcil légèrement froncé en arc au- dessus de l’œil du Seki celui-ci mima l’étonnement. Il n’eut pas à feindre plus que cela, car un fond d’étonnement était déjà en lui, suite à la réaction on ne peut plus calme et cartésienne de ce gamin. À cet âge-là, dans un chaos pareil, les choses auraient dû être plus aisées…

« T’as de drôles de manières de demander la charité tu sais ? » Le Seki agrippa la joue du garnement du côté droit, les yeux plissés par un nouveau sourire qui s’affichait sur son visage. « Je t’ai donné tout à l’heure une orange, et tu l’as refusée. » poursuivit le Seki sur un ton où pointait le reproche. « Écoute, j’ai à rencontrer un ami à moi, un kirijin au village de la brume sanglante. Et ce que je vois ici m’inquiète un peu… Je n’ai pas de temps à perdre ici et je n’ai pas de richesses à dilapider non plus. Ne sois pas crédule, ai-je l’air d’un marchand ? Je veux bien t’aider un peu, mais si tu montres autant de mauvaise volonté petite, je pourrais très bien trouver quelqu’un qui me renseignera sans que je n’ai à donner quoi que ce soit. Je parie que t’es un Samui ! Il n’y a qu’eux pour être aussi… froids. »

Le Seki observait à présent le gamin. Dans son esprit, plusieurs options se proposaient à lui et il adopterait la plus logique, la moins contraignante pour lui. Si ce gamin devait être aidé, ce ne serait que dans un véritable élan de bonté. Zennosuke était réellement intéressé par la détresse du gosse, seulement, ce dernier devait se replacer dans le contexte ambiant. Lui était sans solutions et dos au mur, tandis que Zennosuke pouvait le laisser là et aller trouver quelqu’un d’autre qui l’aiderait. Le kumojin n’était nullement obligé de coopérer et vice versa.

Zennosuke regarda fixement l’enfant. Tout le temps que ce dernier avait parlé, le Jônin s’était demandé est-ce qu’il avait réellement affaire à un simple adolescent ou à un pur caïd. Tout semblait pencher pour la seconde option. La capacité du gosse à rester zen, malgré les petites piques du Seki, son aptitude à négocier sans sourciller… Tout ça prouvait que Zennosuke avait un peu sous-estimé l’âge mental de son interlocuteur. En le voyant pour la première fois, le Jônin avait facilement estimé que le petit était encore à l'âge où l'on s'émerveillait de tout, on l'on croquait la vie à pleine dents sans peurs, sans aucuns souci du lendemain quelque soit la situation présente... Le Sekia vait eut tort. Probablement que les difficultés qu’il avait traversé lui avait valu cette capacité à savoir fermer son cœur et à raisonner aussi froidement qu’un iceberg. Décidément, la jeunesse kirijin était hors du commun. Froid de réalisme et peut être un tantinet en avance sur son âge l’interlocuteur du Seki attendait à présent la réaction du Jônin. Ce dernier, quant à lui, continuer de regarder le gamin de ses yeux bleus dans lesquels perçaient une lueur amusée. Il fallut un moment pendant lequel le petit sembla soutenir son regard, sans sourciller, un court moment qui permit au Seki de comprendre que ce n’était pas par la terreur ou la violence qu’il parviendrait à ses fins. La seule issue à cette négociation était de satisfaire aux besoins du gosse. Soit. Le Jônin fit alors un clin d’œil au gamin avant d’éclater de rire convaincu qu'il était vaincu sur le terrain de la négociation.

Le petit avait du culot et du sang froid, bien trop pour son âge. C’était à la fois chiant et amusant. Plus amusant d’ailleurs qu’autre chose cependant. Passant à nouveau sa main dans les cheveux du petits, Zennosuke continuait de rire franchement tout répondant à son interlocuteur :

« Tu diras à tes frères qu’un inconnu t’aura surnommé le petit caïd, car tu en es réellement un ! L’art de la négoce, ça te connaît ! Ok ok… Trêve de plaisanteries j’ai besoin d’être guidé et il me faut savoir où sont les kirijins et ce qui s’est passé ici, comment, tout dans les moindres détails. Sais-tu ce qu'est un Furyou ? » Le Seki marqua une pause à cette dernière question, sondant le petit pour déceler le moindre signe, la moindre réaction qui lui permettrait de répondre lui-même à cette question. Puis il poursuivit : « Je crois que payer le prix de trois billets pour le continent en échange de ces informations c’est assez cher payé. N’est-ce pas ? Alors soit exhaustif mon ami et mérite à ton tour cet argent que tu me demandes. » Le Seki compta quelques ryos, la moitié de la somme proposée et il le mit entre les mains du gamin, laissant l’autre moitié bien en évidence dans sa paume droite. Paume qu’il referma sur elle-même. Tant que le gosse ne dirait pas tout, Zennosuke ne lui remettrait pas le reste de l’argent. Par sécurité.

Déjà que discuter avec ce gosse allait le conduire à s’appauvrir, autant faire gaffe que le type ne s’enfuit pas avec le fric. Ce serait une belle cagnotte. En repensant à cette idée, le Seki eut des envies de meurtres. Non, il fallait espérer que le petit ne soit pas sadique à ce point. Autrement, il serait regrettable que sa première victime sur ce territoire ensanglanté, soit un gamin qu’il commençait à apprécier réellement en plus.

Zennosuke jubilait déjà de la petite saloperie qu’il venait de faire au gosse. Depuis qu’il avait penché la tête sur le côté gauche, le Seki s’était employé à piéger dans une illusion ce gamin un peu trop dur en affaire. Tous deux s’étaient alors téléportés dans un monde parallèle, en tous points de vue similaire à celui où ils se trouvaient auparavant. Rien n’avait changé. Absolument rien. Aucune rupture ni dans la logique, ni dans le son, les sensations, les senteurs, le visuel. Une illusion presque parfaite qui faisait partie des techniques favorites du Seki. Cependant, comme toute technique, elle avait son point faible, et même plusieurs. Ce jutsu était coûteux en chakra, et il obligeait le Seki a rester comme limité dans ses possibilités. En effet, malgré son niveau qui s’était sans cesse accru depuis ce temps où alors Genin, il avait développé la technique de suppression de la volonté, Zenno n’était toujours pas parvenu à user d’un autre jutsu en même temps. Du coup, il emprisonnait sa cible, tout en s’emprisonnant lui-même, en quelques sortes…

Le prix n’était pas cher payé. Car dans les plans du Seki, le gamin berné, ne mettrait pas plus de quinze secondes à livrer tout ce qu’il savait. Qu’étaient quinze seconds en temps réel ? Absolument rien… Les choses commençaient à se dérouler comme sur des roulettes lorsque subitement le Seki vit débouler un jeune homme qui ressemblait étrangement au gamin. Le Jônin n’eut nul besoin de se poser la moindre question. De visu, il était facile de constater que le type qui s’approchait, accourait même, l’air décidé, ce n’était autre que le frère du gamin. Gardant son calme, et croisant les doigts pour que le petit livre les infos au plus vite, le Seki ne bougea pas d’un pouce. Pas même lorsque le grand frère toucha le gamin. Avec un peu de chance, il ne saurait pas que le petit était sous illusion. Un simple toucher ne le sortirait pas de ses doux rêves.

Le regard intrigué que fit alors le gamin une seconde après permit au Seki de se rendre compte que c’était terminé, tout comme le retour négatif en flux chakratique qu’il ressentait en lui. L’illusion venait d’être brisée. Un sabre légèrement courbé se dressait à présent entre le Seki et le gamin. Un peu en avant, se trouvait celui qui ne pouvait être que le grand frère du gamin. Il était menaçant, il semblait réellement furax. La chose pouvait se comprendre. Qui apprécierait qu’un inconnu s’en prenne à son frangin ? Les mains portés à hauteur de sa tête, paumes ouvertes vers le duo, le Seki railla :

« Je ne faisais que discuter avec ton petit frère vois-tu… Il était un peu trop… compliqué pour son âge et cela m’amusait un peu d'échanger sur un autre terrain... » Le Seki afficha un sourire. Il devait paraître un parfait salaud. Surtout pour le gosse qui venait d’être abusé. Quoi qu’il en soit, le petit en tirerait une leçon. Dans ce monde de brute, marchander une information, au prix fort en plus, est un risque qui peut coûter la vie.Car à la place de l’illusion, au lieu de gaspiller son chakra, Zennosuke aurait pu tout simplement lui mettre un kunai sous la gorge et l’obliger, aux prix de sa vie, à dire tout ce qu’il savait. Une méthode non pédagogique, mais qui marcherait certainement sur une âme faible en expérience de la mort comme devait l'être le gamin.

« On va se calmer maintenant. Je n’ai aucun motif de haine contre ton petit frère et je ne projetais pas de lui faire du mal. Tout ce qui m’importe, c’est de savoir ce qui s’est passé ici. Toi, le saurais-tu ? Ton frère a voulu me faire payer cher pour cette information vois où ça l’a mené… Es-tu plus ou moins sage que ce petit ? » Zennosuke affichait à présent un réel sourire sadique. Ses bras étaient redescendus le long de son corps. Les signes d’ouverture à la discussion venaient de disparaître. Peut-être le temps de faire couler le sang était venu ?

« Je ne suis pas exigeant. Je veux juste savoir quelle armée a mis Kiri dans cet état. Combien étaient-ils ? Et où se trouvent les soldats de Kiri. » La tête de Zennosuke se pencha sur le côté une nouvelle fois.

Zennosuke continuait d’observer chacun des deux frères qui étaient venus à la rescousse du premier. L’un d’eux était borgne visiblement. Probablement un trophée de guerre; signe qu'il avait une quelconque expérience de l'affrontement. Même à trois, il ne sembla pas, au Seki, qu’il fut dans une position défavorable. Assez facilement, il pouvait remédier au problème qui pourrait résulter d’un affrontement à trois contre un. Seulement, le Jônin était loin de se douter qu’un quatrième larron allait s’inviter à la fête. Et quel larron ! Un ancien kumojin, le seul ayant pour le moment réussit à s’exfiltrer de la prison du village. Il s’agissait du guerrier rouge, l’homme à la crinière de feu, le nukenin Oterashi Yanosa. Passé le court délai de surprises pendant le quel Zennosuke se demanda ce que pouvait bien fiche ici le rouge, le Jônin répliqua aux premiers sarcasmes de son fidèle ennemi.

« Fidèle à toi-même tu nargues et tu divagues langue de vipère ! Tu as donc fini par te trouver des sbires ? Ces jeunes ont donc été initiés au culte de Jashin ? J'espère que tu leur as, au moins, a laissé un quelconque choix. » Le second sarcasme du nukenin avait alors fusé, tout aussi provocateur que la première. Un orateur hors pair. Voilà ce qu’était Yanosa. Dès lors, qui n’avait pas assez de vécu pour distinguer les belles paroles de la réalité, pouvait facilement se faire enquiquiner. Il y avait d’ailleurs fort à parier que ce trio en avait fait les frais. Sans le savoir, ils allaient certainement s’embarquer dans une aventure qu’ils auraient vite fait de regretter, tant le fidèle de Jashin était inconstant dans ses voies, difficile à cerner.

« Mizu est un territoire allié à l’heure où je te parle. C’était plutôt toi, fervent disciple du chaos, qui n’a rien à faire dans le coin. Dis ce que tu veux à Tsumei, contrairement à ce que tu peux croire, les kumojins sont libres, surtout ceux de ma trempe Yanosa. » Le Seki venait de répondre sur un ton des plus fiers. Cependant, son esprit émis une hypothèse quelque peu saugrenue. Et si Yanosa n'avait pas évoqué le nom de Tsumei pour rien ? Et s'il était en contact avec lui ? Cela expliquerait bien des choses... A ce moment précis, son envie d’en découdre avec le nukenin venait de monter en flèche. Le ressentiment des premiers jours de l’évasion du nukenin revint en lui. C'était trop facile. Cette évasion avait jeté, en partie, le discrédit sur les forces kirijin. Ca, combiné à l'attaque kirijins lors du déplacement des prisonniers de Kiri, de Kumo à Konoha. A ce moment précis, alors qu'il repensait à tout ça, Zennosuke ressenti une féroce envie de tuer Yanosa. Le moyen était déjà tout trouver pour se lancer : un bon genjutsu qui leur permettrait de poursuivre leur premier combat, combat auquel le disciple de Jashin avait lâchement mis fin. La faille du guerrier rouge était les illusions...

Seulement, avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit, Yanosa, comme s’il avait lu dans ses pensées, lui demanda de ne même pas penser à l’éventualité qu’il venait de formuler dans son esprit. Était-ce donc si visible que ça ? Ou était-ce parce que Yanosa avait fini par cerner la mentalité et le caractère de Zennosuke à force de le rencontrer ? Toujours est-il que la chose était troublante.

« Ce n’est pas le moment pour moi de te défier. Tu te défilerais à nouveau comme la première fois. Entraînes-toi bien, deviens plus fort, car aujourd’hui, mon caprice est d’éviter tout combat. Peut-être à cause de la présence de ce gosse. » Le Seki pointa du doigt le benjamin du trio de frères. Puis il poursuivit « La prochaine fois, tu n’aurais aucune issue pour fuir. Aucun moyen de t’échapper, si d’aventure tu devais retourner dans les geôles de Kumo… J’accepte de te laisser la vie sauve. Notre combat à mort se déroulera plus tard. Puis-je espérer de l’ancien kumojin que tu as été des informations sur ce qui s’est passé ici ? Ou voudra-tu toi aussi que je te paie le transport d’ici au continent ? »

Les derniers mots étaient une pique évidente à l’endroit du trio, mais également, à l'endroit du guerrier rouge. Les premiers cités étaient définitivement hors de course dans cette discussion. S’ils ne souhaitaient pas dire ce qu’ils savaient, Zennosuke trouverait une autre source d’information, que ce soit Yanosa ou une tout autre personne. Il avait au final assez perdu de temps comme ça.