Spoiler:

Natsuki quitta le local qui était réservé au groupuscule auquel il appartenait, celui de la Racine. Il y passait assez rarement ces derniers temps, prit qu'il était entre son problème personnel et la guerre qui continuait de faire rage partout dans le monde. Lorsque l'organisation avait besoin de ses compétences, c'était surtout par messages codés qu'elle le contactait. Et là encore, c'était rare. Peut-être parce qu'il était le dernier arrivé, ou parce que l'on ne lui faisait pas encore tout à fait confiance. Le second cas pouvait aisément se comprendre d'ailleurs : il avait '' déserté '' le Village de la Feuille peu de temps après son entrée dans la Racine. Son absence sans nouvelle avait été contrainte et forcée, certes, mais quand il était revenu un mois plus tard, ce n'était pas avec de très bonnes nouvelles. Il avait parlé à Onpu de sa malédiction, sans réellement savoir ce qu'il allait advenir de lui pour la suite, autant vis-à-vis du maléfice que de sa carrière de ninja. L'Hokage, même si ce n'était pas sous ce titre que Natsuki avait demandé de s'entretenir avec le Luthier, avait été assez discret sur là-dessus. Mais le fait que l'héritier Nara vivait encore, et en liberté qui plus est, était un signe qui pouvait être perçut comme positif. Une preuve de la confiance que Onpu lui accordait ? Difficile à dire. Néanmoins, il s'en remettait au jugement de ce dernier, car il avait su lui prouver sa valeur en tant qu'humain, que shinobi et que leader.

Il soupira. Marchant d'un pas lent dans les couloirs du palais du Hokage, il n'était pas pressé de rentrer chez lui, tout simplement parce qu'il n'avait rien à y faire. Ses blessures étaient presque guérit, mais le problème ne tenait pas là : c'était l'hiver. Appuyé contre un mur, Natsuki regardait d'un air fatigué la neige dehors, au travers de la vitre. Il détestait cette saison. Aussi loin que remonte ses souvenirs, il n'en avait aucun bon avec l'hiver, et ce sans qu'il l'explique pourquoi. Il ne craignait ni le froid ni la neige, mais pour une raison obscure, la saison gelée lui sapait son moral comme sa force pour le laisser dans le privé dans un état proche de la larve. En tant que shinobi, il restait efficace, et taisait sa mauvaise humeur comme il tuait ses émotions au combat pour agir de façon optimale. Mais dès qu'il rentrait chez lui, que l'homme était mit en avant du ninja, il se décomposait à nouveau. Pour ainsi dire, c'était donc sa carrière au service de Konoha qui le maintenait plus ou moins actif pendant l'hiver. Et maintenant qu'il avait comprit l'origine de sa perte de tonus, il se demandait s'il n'aurait pas préféré vivre dans l'ignorance toute sa vie, car non seulement il ne pouvait toujours rien y faire, mais en plus il avait dû payer malgré lui un lourd prix à tout cela...

Une porte s'ouvrit dans son dos, et mécaniquement, il se retourna – mollement – pour voir qui arrivait. C'était un homme dont la tenue révélait tout de suite son métier : un messager. Ce dernier sembla d'ailleurs surprit de trouver l'héritier Nara ici, car il le dévisagea de longues secondes. Peut-être était-ce simplement parce que le Jônin tatoué faisait pâle figure avec ses yeux cernés et sa mine qui n'avait rien de sympathique ? Natsuki se força à sourire et adressa un bref bonjour, suite à quoi l'homme y répondit en s'avançant dans sa direction, un parchemin enroulé à la main. Grimaçant, l'héritier Nara le prit et le déroula, tout en sachant déjà ce qu'il allait y trouver. C'était une convocation dans le bureau numéro trois, celui où l'on attribuait les missions aux shinobis. Le sceau de cire était encore tiède sur le papier, ce qui n'avait rien de surprenant puisque le messager sortait justement dudit bureau. Comprenant qu'il s'agissait d'une mission à remplir en duo, il se garda d'entrer tout de suite, et attendit près de la fenêtre que son partenaire arrive.

Il remercia simplement l'homme enturbanné, et le laissa partir livrer son deuxième parchemin.

Je marche tranquillement dans la rue, sous la neige tombante... Ce genre de temps me donne l'envie de jouer un air calme et apaisant, tout comme l'effet que possède la neige sur moi. Plus qu'un émerveillement, c'est comme une présence familière qui m'accompagne continuellement... Où que j'aille.


Mais en voyant l'homme arriver devant moi, je sais que cela ne sera que de courte durée. C'est un messager, autrement dit, une mission que l'on me confis. Encore une fois... Le métier de Shinobi n'est pas de tout repos, surtout en temps de guerre, surtout quand on est l'une des rare personnes à avoir eu la chance d'être indemne... Il arrive, lançant un très bref bonjour, avant de continuer sur la confirmation de mon identité... Effectivement, j'avais vu juste. Il me cherche, pour me donner un ordre de mission suivis d'une convocation, de toute urgence... Qu'est-ce qui pourrait bien être aussi urgent ? Je ne suis qu'un Genin...


Enfin, quoi qu'il en soit, je remercie le message, et j'ouvre le parchemin, tout en me dirigeant vers le bureau de l'Hokage. C'est une mission... De sauvetage. Où plutôt de reconnaissance. Des Genin surveillant la frontière ne donnent plus de nouvelle... Nous sommes en duo pour cette mission, accompagné d'un Jônin...


Tout en remballant le parchemin, une question me taraude l'esprit. Pourquoi m'avoir choisis ? Je suis un Genin, et je doute être plus un avantage pour mon Capitaine qu'un fardeaux. Enfin, les ordres sont les ordres. Heureusement que j'ai sur moi mon équipement ninja. En vrai, je n'ai pas beaucoup le temps de porter autre chose, et pour principale cause : La Guerre. Décidément, cette tragédie guerrière nous ronge jusqu'à nos vies quotidiennes. Nous ne vivons que pour ça désormais. Pour rien d'autre... Est-ce là, le destin d'un Ninja ? Combattre indéfiniment pour les puissants, parsemant sur son chemin une traînée de souffrance, tristesse, mort et cadavre ? Même ma musique est devenue un instrument de guerre.


Je grimpe les marches rapidement, et arrive dans le couloir. Une personne attends là, tatouée. Un Homme qui dégage une aura de tristesse... Bien qu'il se reprend assez vite, le fait de le sentir me prouve une chose. A force, j'affine réellement ma perception de l'état émotionnel des personnes, déjà que je me trouvais assez sensible, là, on touche une chose qui pourrai devenir contradictoire avec mon travail de Shinobi.


Je m'avance vers lui d'un air amical, bien qu'ayant terriblement l'envie de lui jouer quelque chose pour lui remonter le moral, et me présente comme si de rien n'étais...


« Bonjour... J'imagine que vous êtes là pour la mission... » Dis-je, ayant remarqué le parchemin qu'il tient en main. « Je suis Ao Rin... Le Genin qui vous accompagnera... Enchanté... »

Natsuki attendit un quart d'heure peut-être, immobile et appuyé d'une épaule contre le mur. Par la fenêtre, il pouvait voir les flocons continuer de tomber, tout comme son humeur. Il n'avait pas envie de sortir par ce temps, encore moins de voyager jusqu'à la frontière. Mais comme à chacune de ses missions, il allait la remplir avec assiduité et efficacité. Au moins il était à nouveau contraint à l'effort, cela ne pouvait être que bénéfique pour son corps, à défaut de son mental. Restait à ne pas ternir celui de son partenaire avec son visage fatigué. En parlant du loup...

« C'est cela. Je suis Natsuki, du clan des Nara. » répondit-il d'une voix moins agréable que ce qu'il aurait voulu au jeune qui se présenta à lui.

Il tendit sa main vers lui, de sorte à le saluer convenablement, mais même avec l'esquisse de sourire qui ne semblait pas à sa place sur son visage, l'illusion ne pouvait pas prendre : il était d'une sale humeur, comme tous les hivers. Les mois allaient encore être très long...

« Entrons. Je vous attendais. » lâcha-t-il simplement en marchant en direction de la porte du bureau où ils devaient tous deux être briefés plus en détails sur leur mission.

Parler maintenant était inutile. Les deux shinobis allaient bientôt avoir bien assez de temps pour discuter sur la route qui les attendait – pour peu que Rin ait vraiment envie de tenir une conversation avec son coéquipier du jour à l'air pas vraiment sympathique... Les informations fournies au duo par l'un des fonctionnaires installé à son bureau furent assez concises. Natsuki enregistra mentalement tout ce qui était dit sur les genins, que ce soit leurs noms, leur histoire respective, leur capacité ou leur comportement. Tout pouvait être utile, et surtout les photos d'identités qui leur furent fournies. Sans cesser de prêter une oreille attentive à ce que l'on leur expliquait, l'héritier Nara étudia les trois visages les uns après les autres.

La première était Sanae Kotoko, une demoiselle d'une quinzaine d'années à l'aura rayonnante. Le sourire joyeux qu'elle affichait était encore emprunt de l'innocence de la jeunesse, quelque chose de rares chez ceux en âge d'avoir connu la première Grande Guerre des Shinobis. Depuis l'époque d'où la photo datait, le nouveau conflit du moment devait s'être chargé d'anéantir tout cela maintenant. A quoi ressemblait-elle désormais ? Il imagina ses cheveux auburns en bataille couverts de boue et de sang, du sien comme celui de ses victimes.

Si Sanae était le jour, Ryu Mizachi incarnait la nuit. Même âge, son regard froid était déjà celui du tueur. Aucun sourire ne barrait son visage, et ses yeux étaient dépourvu de vie, tout comme ceux de Natsuki lorsqu'il se battait. Orphelin de guerre, il donnait l'impression d'avoir déjà essuyé toute la souffrance du monde, et d'avoir blindé son cœur. Il ignorait sans doute encore à quel point il était loin de la réalité. Ses cheveux blonds coupés courts laissaient clairement voir les cicatrices sur son front et sa joue gauche, signe d'une vie marquée d'intenses combat déjà.

Le dernier avait le sang des Akimichi dans les veines, et répondait au nom de Miyuki. Tout comme le membre féminin du trio dont il était le plus jeune, il arborait un sourire sur sa photo, lequel révélait une dentition impeccable – outils indispensable pour son clan. Les joues roses et le regard droit, il ne faisait aucun doute qu'il portait avec fierté les rondeurs propre à son clan. Les enfants étaient des créatures cruels, et plus d'un Akimichi avaient souffert des brimades à cause de son poids dans son enfance. Pour autant, Miyuki ne semblait en porter de séquelle : quelque chose dans son portrait montrait que bien au contraire, il avait tiré du regard des autres sa force.

Trois jeunes potentiellement plein d'avenir, et déjà soupçonnés de désertion. Quand Natsuki ramena ses yeux sur le fonctionnaire, celui-ci leur expliquait brièvement la mission sur laquelle travaillaient les trois genins, et surtout où exactement. Ils avaient donc un point de départ pour commencer leurs recherches. L'héritier Nara acquiesça silencieusement quand ce fut terminé, attendit une éventuelle question de la part de Rin, l'écouta s'il y avait lieu, puis quitta le bureau avec lui. En adressant un coup d'œil plus détaillé à son coéquipier, il releva l'équipement qu'il portait sur lui : ce dernier semblait déjà à partir. Natsuki, lui, n'avait pas grand chose. En dehors du nécessaire en déplacement extérieur - était considéré comme extérieur tout ce qui dépassait de la porte de sa maison -, il ne portait que son gilet tactique de combat à poches multiples et un étui à projectiles. Le minimum nécessaire, moins ses armes de prédilections, mais ce n'était pas important : il ne comptait pas s'encombrer de plus que ce qu'il avait déjà. L'on pouvait s'imaginer que voyager léger en période de guerre, même au sein de son propre pays, tenait de l'inconscience, mais le shinobi tatoué était très loin de l'être. Il n'agissait jamais par excès de confiance en ses capacités : il savait ce qu'il faisait.

« Si vous êtes prêt à partir, nous pouvons y aller tout de suite. Si vous avez besoin d'un peu de temps pour vous préparer, j'aimerai que vous soyez aux Grandes Portes dans vingt minutes  » indiqua Natsuki alors qu'ils se dirigeaient vers la sortie du Palais du Hokage.

L'agression du froid fut immédiate dès qu'ils eurent franchit les portes automatiques. L'héritier Nara s'emmitoufla dans sa cape de voyage, et lâcha un grognement contrarié. Qu'elles qu'étaient les disponibilités de Rin, l'équipe fini par être sur la route, en direction de leur point d'enquête. Durant les premières minutes de voyage, Natsuki s'était muré dans un silence de plomb. Les flocons de neiges ruisselaient sur son visage sévère et fatigué après avoir fondu. L'Autre avait en répugnance l'hiver, bien que son hôte ignorait encore pourquoi, et le lui faisait bien sentir, plus encore qu'avant qu'il ne prenne conscience de son existence. Mais même si son état l'agaçait, il le savait incompatible avec un travail d'équipe efficace. Il ouvrit alors la bouche pour autre chose que respirer.

« Qu'est-ce que vous en pensez de tout cela, Rin ? » demanda-t-il d'une voix froide, mais sans animosité. « Je veux dire, votre avis sur la mission et sur ces trois genins. »

D'habitude – comprendre par là '' durant les trois autres saisons '' - Natsuki s'intéressait toujours à ses coéquipiers, et cherchait à se faire une idée précise d'eux. Cela passait par les questionner sur leur motivation, leurs capacités et leur point de vue sur le monde dans lequel il vivait. Mais aujourd'hui, dans son état actuel, il n'en avait que très peu envie, tout comme il se fichait de l'image en tant qu'humain qu'il renvoyait à son coéquipier. Il se montrera irréprochable en tant que ninja, et fera de son mieux pour assurer une bonne image de marque de Konoha quand il sera amené à fréquenter des civil, mais cela risquait de se limiter à cela. Il ne se sentait pas la capacité de mieux, pas alors que son humeur exécrable ne semblait pas connaître de fin.

Il détestait l'hiver, et n'en était que plus convaincu à chaque fois qu'il essuyait la neige fondu de son visage du revers de son gant.

Je lui serre la main avec sénérité, un sourire sur mon visage. Peut-être que cela lui donnera un peu de baume au cœur, qui sait... Malheureusement, c'est avec une non-chalence extraordinaire qu'il me dit d'entrer dans le bureau pour le breefing. Dommage, j'ai l'impression qu'il n'est pas d'humeur bavarde... La guerre doit certainement lui plomber le moral, comme pour une majorité de personne...

Nous entrons donc dans la pièce, et j'écoute attentivement ce que les fonctionnaires ont à nous dire. Toute les informations orales sont naturellements retenues par mon ouïe, donc ce n'est pas un soucis sur ce point là, mais sur les photos, c'est autre chose. Je marque donc de longue pose à observer tout les trois Genin, gravant leurs images dans ma tête. De toute manière, Natsuki-san était avec moi et, au vu de son grade, je pense qu'il est entièrement capable de retenir toutes les informations tout seul, enfin, sait-on jamais...
Commençons par mademoiselle... : Sanae Kotoko. Une jeune genin souriante, je n'ai vraiment rien à dire de plus... Mais elle a l'air sympathique... Le deuxième, beaucoup moins. Ryu Mizashi, j'avais rarement vu un regard aussi froid, et un visage sans le moindre sourire... Comme si sa promotion en tant que Shinobi ne signifiait rien... Quand au troisième, que dire... Un peu rondouillard, souriant et semblant presque inoffensif...

J'avais du mal à croire que la fille et le ninja avec quelques rondeurs avait eu l'idée de déserter... Celui du milieu me laisse perplexe. Mais les apparances sont parfois trompeuses, souvent même, alors prudence.

Je n'avais pas plus de question. En vérité, l'affaire me semble de plus en plus sombre... Je vois mal ces trois genin déserter... Alors cela veut dire que... Non, ne tire pas de conclusion trop vite Rin... Il y a encore de l'espoir...

« Si tu es prêt à partir, nous pouvons y aller tout de suite. Si tu as besoin d'un peu de temps pour te préparer, j'aimerai que tu sois aux Grandes Portes dans vingt minutes  »

« Non, c'est bon, j'ai tout ce qu'il me faut, juste un passage chez moi pour prendre ma cape de voyage, mais c'est sur le chemin, alors cela ne prendra que peu de temps...»

Nous arrivons très rapidement dans les logements d'urgences, proche de l'hôpital... J'ouvre ma porte, et j'invite le Nara à entrer, tout en passant rapidement entre mes multiples instruments, et prenant ma cape de voyage, et le stricte nécessaire... Petite dernière vérification, et je sors tout aussi rapidement, verrouillant la porte derrière moi...

Quand nous traversons les portes principales, le froid se fait sentir... Je remet en place correctement mon écharpe, et positionne correctement ma veste de voyage... Nous voilà partis vers la frontière du pays des rivièvres : Kawa no Kuni... Mon coéquipier, toujours d'humeur maussade, pris la parole...

« Qu'est-ce que tu en penses de tout cela, Rin ? » demanda-t-il d'une voix froide, mais sans animosité. « Je veux dire, ton avis sur la mission et sur ces trois genins. » 

Je pris la parole, tout en continuant notre chemin... « Cela me semble étrange... » Dis-je d'une voix perplexe. « Ces Genin n'avaient aucune raison de déserter... Je crois que les hauts-fonctionnaires ont fait des conclusions trop hâtives... D'autant plus qu'ils n'ont nul part où aller. Et puis l'Akimichi possède la totalité de son clan au village, et je doute qu'il soit un traître, ou alors c'est un très bon acteur...» Et je le pense vraiment « Néanmoins... Il y a beaucoup de choses étranges... Je trouve que les fonctionnaires font une conclusion trop rapide, trop... précipitée...» Je pris une longue respiration...« Je ne sais pas trop quoi penser à vrai dire, mais peut-être que la menace vient d'ailleurs ? »


Oui je sous-entends la possibilité de la mort des Genin... Mais aussi d'une trahison d'un des haut-fonctionnaires de Konoha. Et en temps de guerre, tout es possible. « Vous en pensez quoi, Natsuki-san ? »

J'écoute la réponse, tout en arrivant sur le lieu dit... J'inspecte rapidement avec mon capitaine d'équipe. L'évidence est-là... Trace de techniques, matériels ninja... L'environnement est dévasté, ce qui m'amène à prendre le temps d'observer celui-ci. C'est une plaine rocailleuse, avec une végétation du même style. Le chemin rocailleux est recouvert d'une rivière... Rien de bien surprenant... J'observe plus attentivement le sol, et passe un doigt sur une roche suspecte...

« Du sable ?... Natsumi-san, je viens de trouver du sable... Et si je me souviens bien la plage de Kawa no Kuni est bien loin... » J'en suis même sûr... Je continue mes recherches, trouvant quelques indices. Beaucoup de métal, des traces de feu, des pierres humides, pas mal de trace de membre gigantesque -surment faite par le petit Akimichi- et autre... « Vous avez trouvé quelque chose de votre côté ? » Je m'avance vers le cours d'eau, et j'observe plus attentivement cette tâche suspecte... C'est bien ce que je pensais...

« Natsuki-san... Je crois que le terrain fut nettoyé avec de l'eau... »

Désolé:

Natsuki ne hocha même pas la tête pour signaler qu'il avait entendu ce que Rin avait exprimé, bien que c'était le cas. L'avis de ses coéquipier l'intéressait toujours – même si dans le cas présent il ne le montrait guère – aussi il prenait systématiquement soin de les consulter régulièrement, et surtout dans des configurations comme celle-ci, à savoir avec un écart important de grade. Les moins élevés hiérarchiquement craignaient souvent d'exprimer leur point de vue spontanément, restreint par l'appréhension de se tromper sous le regard de leur supérieur, alors que celui-ci était probablement capable de gérer l'affaire tout seul sans que l'on l'encombre d'un genin. La réalité n'était pas si vraie, car même si l'un devait obéissance à l'autre de par son grade, ces agencements d'équipe permettaient justement aux moins expérimentés de profiter des savoirs et techniques des autres. L'essaie-erreur comptant comme l'un des moyens les plus courants pour progresser, mieux valait pour les genins que l'erreur survienne quand il y avait encore un allié pour rattraper leur coup. Car le cas échéant, le monde des shinobis sanctionnait souvent l'erreur par la fin de l'existence du fautif sans filet.

Dans le cas de Natsuki, il arrivait régulièrement que ses équipiers moins gradés comme de même niveau s'ajoutaient encore un frein psychologique supplémentaire, sur lequel était gravé quatre lettres : Nara. En effet, tout comme les moins expérimentés craignent de ne pas répondre aux attentes de leur supérieur, les shinobis faisant équipe avec un Manipulateur des Ombres ont la fâcheuse tendance à croire que leurs idées ne valent certainement celles issues du génie des Nara. L'intelligence de ce clan n'étant plus à démontrer, il était presque tacitement admis que l'on pouvait exclusivement se reposer elle. Or rien n'était plus faux. L'intérêt des équipes étaient justement que chacun puisse y exprimer son point de vue, ses remarques, afin que la situation soit perçue de façon plus globale par tous. Personne ne pensait pareil, et c'est ce qui contribuaient autant à la richesse du groupe qu'à la réussite de la mission. C'est à force d'avoir constaté c'est délégation malvenue de charge sur ses épaules que Natsuki avait commencé à prendre cette habitude de pousser les autres à s'exprimer aussi, tout comme lui-même n'avait jamais hésité plus jeune à prendre la parole pour faire entendre son propre avis ou son désaccord. Même en sachant que la décision final revenait au chef de l'équipe, il était toujours de tenter d'orienter celle-ci vers ce que l'on estimait le mieux pour le groupe.

Autant dire que vu le visage aussi aimable et ouvert qu'une porte de prison avec lequel Rin faisait équipe, ce dernier aurait difficilement pu tomber plus mal...

« … Je pense que des shinobis à peine gradés n'auraient jamais dû être envoyés près de la frontière en ce moment... » lâcha-t-il finalement d'une voix égale à l'attention de son équipier.

Natsuki se gardait toujours d'émettre des suppositions sans avoir rien de tangible au préalable pour les y coucher. Les théories pouvaient aller de bon train quand les premiers indices étaient collectés, mais laisser libre court à son imagination et en relever une dans le tas avec comme seule base son ressenti sans avoir aucune autre carte en main était le meilleur moyen pour se planter quelque part. Aussi il ne pouvait trouver que stupide d'avoir envoyé en période de guerre, même aux abords d'une région neutre, une équipe composée uniquement de débutants. Certes, le grade était très peu représentatif de la puissance réelle de la personne – il avait lui-même affronté un homme sans grade qui rivalisait pourtant avec bon nombre de shinobis puissants – mais il doutait que des ninjas sorties à peine de l'Académie en juillet dernier puissent faire le poids longtemps s'ils tombaient sur des éclaireurs ennemis, ou quoi que ce soit d'autre. Sans rien d'autre entre les mains que leur briefing, Natsuki ne pouvait donc que se tenir préparer à tout, et surtout ne pas croire qu'il l'était...

Néanmoins, les propos de Rin avaient du sens. En effet, même si tout devait être envisagé sans être considéré faute d'indice, il était curieux que trois jeunes genins soient supposés si rapidement déserteurs. D'après la carte, il fallait déjà une journée à bon rythme pour atteindre la frontière. Comptez en plus le temps nécessaire pour mener à bien une mission basique et revenir en voyageant de nuit sans inclure une période de sommeil - qu'ils ont très certainement prise sur place – et l'on se retrouve avec un trio de Konoha plus très frais qui aurait dû arriver aux Grandes Portes à peine à l'heure où l'équipe chargée d'enquêter sur eux quittait le Village. Ils devaient y avoir un couac quelque part, car l'ensemble ne tenait que de façon très bancale. Si Rin et lui avaient été envoyés pour prêter main-forte aux jeunes pousses de Konoha, alors l'on aurait pas taxé ces derniers de déserteurs potentiels, surtout au vu de leur passif. Et s'ils étaient effectivement soupçonnés de trahison, la propre mission du Musicien et du Nara aurait été de les filer immédiatement, pas de leur laisser une journée et demi d'avance. Une troisième hypothèse était envisageable aussi, celle du monde perçu par des grattes-papiers qui ne quittent jamais leur bureau, et qui ignorent tout de la réalité du terrain. La guerre les rendaient peut-être nerveux et suspicieux, mais c'était assez malvenu de leur part sachant qu'ils seront les derniers concernés dans le pire des scénarios possibles – à moins que le Village ne soit bombardé, évidemment.

« Une chose encore Rin. Cela ne devrait pas arriver, mais si jamais je vous ordonne de prendre la fuite – et ce sera la seule commande qui sera à considérer comme un ordre -, j'insiste pour que vous le fassiez immédiatement, sans poser ne question ni vous retourner. » lâcha au bout d'un moment le ninja tatoué d'une voix qui laissait très clairement entendre que seule une réponse affirmative sera acceptée.

La période hivernale obligeant, les journées étaient très courtes, aussi lorsque le duo de Konoha arriva à proximité du lieu-dit où avaient été envoyés les genins, ils ne profitaient déjà plus que des derniers rayons du soleil. Il convenait de faire vite s'ils voulaient inspecter les environs qu'ils remarquèrent dévastés. Au moins il ne neigeait pas ici. Composant alors une succession rapide de signes avec ses doigts, Natsuki drapa son visage d'un voile de fumée sombre complètement opaque, lequel lui permettait entre autre de dissimuler ses traits fatigués et de mieux apprécier son environnement malgré l'absence progressive de la lumière solaire. Usant d'une autre technique, laquelle ne nécessitait aucune préparation cette fois-ci, il prit de l'altitude sans bouger, un peu comme s'il venait d'entrer dans une cabine d'ascenseur invisible. Il s'arrêta après quelques mètres d'ascension, et observa la zone de conflit dans sa globalité. Pivotant au besoin, il pu délimiter plus ou moins jusqu'où s'était passé l'affrontement, à défaut de pouvoir déterminer quand. La zone n'en menait pas large, ce qui signifiait que les hostilités furent plutôt statiques, contrairement au degré de dévastation du décors, lequel indiquait lui que le combat, s'il ne dura pas, fut intense. Il releva ça et là quelques traces de combats, dont certaines ne pouvaient venir que d'un Akimichi, puis retrouva la terre ferme où Rin lui fit part de ses propres découvertes. Natsuki acquiesça juste après que son masque volatile se soit dissipé.

« Grâce à Miyuki, nous pouvons quasiment être sûrs que c'est bien les genins que nous recherchons qui se sont battus ici, ou au moins lui. Un affrontement qui visiblement a été violent. Et quoi que c'était, shinobis ennemis ou simples coupes-gorges, ils venaient de l'autre côté de la frontière. Le sable que vous avez trouvé ici ne peux venir que de Kawa no Kuni, il n'y a pas de plage dans le Pays du Feu. Ou alors, l'un des attaquants a utilisé un pouvoir à base de sable. Dans un cas comme dans l'autre, s'ils ont prit la peine de faire le ménage ici, c'est qu'ils avaient quelque chose à cacher. »

Si Natsuki n'ajouta rien, son ton neutre évoquait tout de même la possibilité que c'était des restes de cadavres que l'on avait tenté de dissimuler. Et pas seulement tenté, si l'on s'arrêtait au premier coup d'œil... En tout cas une chose était sûre : le trio de genin n'était pas rentré à Konoha : ils les auraient forcément croisé sinon, vu le chemin qu'eux-même avait prit.

« Il fait nuit maintenant, cela ne sert à rien de continuer. Il y a un village à moins d'un kilomètre d'ici, nommé Inabe. Nous allons y passer la nuit, et nous reviendrons demain pour inspecter plus en détails les environs. »

Le fait que Natsuki guida son partenaire jusqu'à Inabe sans encombre et du premier coup trahissait sa connaissance du terrain. Par le passé, il avait déjà été amené à traverser ce village, alors qu'il partait combattre au-delà de la frontière. Et s'il ne s'y était pas arrêté plus longtemps que pour se restaurer, il se souvenait tout de même qu'il y avait quelques chambres à louer là-bas. Inabe avait beau n'être peuplé que par une centaine d'âmes, il était situé non loin de la frontière, et possédait donc le nécessaire communément appelé '' attrape touriste ''. Le pack comprenait bien évidemment une auberge de passage de taille modeste et un magasin de breloques '' typiques de la région ''. Dans le cas présent, c'était surtout la première option qui intéressaient les deux shinobis. Arrivé à ce qui servait d'entrée au village, Natsuki proposa une séparation.

« Il est encore tôt, malgré la nuit. Autant en profiter pour interroger les habitants. Ils ont très certainement vu ceux que nous cherchons, même si je doute qu'ils aient attiré vraiment l'attention. Peut-être que quelqu'un saura aussi quelque chose sur les hostilités qu'il y a eu non loin. Je m'occupe des badauds et de l'auberge, et vous des boutiques encore ouvertes, cela vous convient ? Retrouvez-moi à '' La Barbe de Cuivre '' quand vous aurez fini. »

Le tour sera vite fait, sans doute ne fallait-il pas compter plus d'une demi-heure, mais c'était justement parce que c'était un petit village que quelqu'un avait forcément aperçut Sanae, Ryu et Miyuki. Quant à savoir si ce quelqu'un s'en souvenait...

« Grâce à Miyuki, nous pouvons quasiment être sûrs que c'est bien les genins que nous recherchons qui se sont battus ici, ou au moins lui. Un affrontement qui visiblement a été violent. Et quoi que c'était, shinobis ennemis ou simples coupes-gorges, ils venaient de l'autre côté de la frontière. Le sable que tu as trouvé ici ne peux venir que de Kawa no Kuni, il n'y a pas de plage dans le Pays du Feu. Ou alors, l'un des attaquants a utilisé un pouvoir à base de sable. Dans un cas comme dans l'autre, s'ils ont prit la peine de faire le ménage ici, c'est qu'ils avaient quelque chose à cacher. Il fait nuit maintenant, cela ne sert à rien de continuer. Il y a un village à moins d'un kilomètre d'ici, nommé Inabe. Nous allons y passer la nuit, et nous reviendrons demain pour inspecter plus en détails les environs. » 


« Bien.»


Et nous voilà en direction du fameux village... Natsuki-San est un Jônin expérimenté. Toutes ces explications tiennent la route... Mais en raison des temps actuels, il me semble que ce sont des Shinobi. Enfin cela serait logique. C'est ce pays qui sépare les villages qui ce font la guerre... Mais il y a trop d'aléatoire pour avancer réellement quelque chose. Nous arrivons au village assez rapidement, en effet, il est à moins d'un Kilomètre... Et la nuit tombe assez rapidement en hivers, même si c'est toujours assez tôt. 18H, tout au plus.


« Il est encore tôt, malgré la nuit. Autant en profiter pour interroger les habitants. Ils ont très certainement vu ceux que nous cherchons, même si je doute qu'ils aient attiré vraiment l'attention. Peut-être que quelqu'un saura aussi quelque chose sur les hostilités qu'il y a eu non loin. Je m'occupe des badauds et de l'auberge, et vous des boutiques encore ouvertes, cela vous convient ? Retrouvez-moi à '' La Barbe de Cuivre '' quand vous aurez fini. » 


« J'y vais... Bonne chance ! »


La Barbe de Cuivre... Je repère rapidement l'endroit, et me met en route, cherchant les magasins encore ouvert, et me remémorant tout les indices possibles... J'arrive et fait donc le tour de toutes les boutiques...
La première qui me tombe sous la main... Une marchande de bibelot, assez ronde, très coquette...Enfin... A première vu, c'est quelqu'un qui aime répandre les rumeurs, ça fera l'affaire... Enfin j'espère, comme ont dit souvent, l'Habit ne fais pas le moine.


« Bonsoir... »


« Bonsoir mon Bôoooooo-Monsieuuuuuurrrrrr » Horreur... Même derrière mon casque, je ne peux m'empêcher de grincer des dents... « Vous cherchez un cadôoooooo pour Mademôooooooooiiiselle? J'ai ce qu'il vous fôoooooooooo ». « Non... Je viens pour... » « Ne dites rien ! Une belle blooooooonnnde, ôoooooooo yeux vert et ôooooo teint léger » « Non, ce n'est pas ça, je... » « ÔOOOOOOOO j'ai compris ! Ne faite pas vôoooooootre timide ! »


Elle m’amène vers la boutique. J'avais entendu parler que certains marchants aiment tellement leur métier qu'il agresse les gens pour qu'il s'offre quelque chose, mais jamais à ce point...


« Madame, je ne viens pas pour vous achetez quelque chose, j'ai besoin d'information. Je suis à la recherche de trois Genin du village de Konoha. Les auriez-vous vu ?» tout en montrant une photo « Non, cela ne me dit rien... » « Tant pis, merci beaucoup. »


Apparemment pas... Boutique suivante !.... Je rentre ensuite dans un restaurant...


« Bonsoir... Je recherche 3 genin du village de Konoha, les auriez-vous vu ? » Le restaurateur, un homme un peu enrobé, se retourne et me regarde... « Bonsoir... Mhh... J'ai vu celui-ci avec cette fille, mais pas l'autre. »


Je regarde les photo. Alors il aurait vu Miyuki et Sanae, mais pas le troisième, Ryu. C'est étrange tout de même, habituellement, les trois sortent en même temps...Une erreure de débutant.


« Cela fais à peu près combiens de temps ? » « Mhh... Deux jours il me semble... » Deux jours de retard pour nous, donc... « Avez-vous entendu les bruits d'un combat proche, dans la région ? » « Vous savez mon bon monsieur, en temps de Guerre, les combats proches sont nombreux... » « Alors réellement très proche, à moins d'un Kilomètre... » Je regarde le restaurateur avec insistance... « Mhh... Oui, pas plus tard qu'hier soir... Vers... 20h... » « Vous savez où ces Genin aurait pu aller ? » « A l'armurerie... Il n'y en a qu'une seule dans le village, un peu plus en bas... » « Merci beaucoup pour votre aide, ces informations sont précieuses. »


Je sors rapidement, et me déplace vers le bas de la rue... Au loin j'aperçois l'Armurerie, et avec de la chance, elle est encore ouverte ! Génial ! Je dévale la rue, et entre dans le magasin...


« Bonsoir, j'aimerai savoir si vous avez reçu la visite d'un de ces trois Genin... » L'Armurier semble être un grand gaillard... Très fort, comme la pluspart des forgeron... « Ah oui, j'ai justement terminé. Tenez... » Il se dirige vers la réserve, et en sort un long Katana, extrêmement bien forgé, qu'il me présente « C'est une superbe lame ! Avec ça, vos ennemis n'auront qu'a bien se tenir ! Il m'avait dit qu'un ami à lui viendrai la réclamer... » « C'est exacte...Merci beaucoup... » Et je sors de l'Armurerie...




Il est temps de faire mon rapport à Natsuki-san... Toute cette affaire est réellement étrange.

La logique voulait qu'il fasse d'abord le tour du village pour interroger les passants, mais les pas de Natsuki le guidèrent à son insu directement vers l'auberge à l'enseigne poilue et brillante. Et avant qu'il n'en prenne conscience, il était déjà à l'intérieur de l'établissement. A peine assez chauffé pour suffire à un confort minimum du client, mais ce n'était de toute façon pas une question de température qui entamait de la sorte l'humeur de l'héritier Nara : aurait-il pu se trouver sous des chaleurs tropicales que cela n'aurait rien changé. Le problème, c'était l'hiver, rien d'autre.

Parcourant des yeux l'intérieur du bâtiment, il en enregistra mécaniquement l'organisation. Une salle plutôt longue, un plafond bas, un escalier qui menait à l'étage, beaucoup de tables disposées en colonnes avec assez d'espace entre pour que deux personnes puissent circuler de front sans se gêner, le comptoir astucieusement disposé près de la cheminée aux bûches ronflantes, et bien sûr, les on ne peut plus classiques étagères arborant des bouteilles d'alcools de toutes les formes et toutes les couleurs. L'ambiance tamisée se devait à quelques rares lustres disposés au plafond, dont la cire des bougies précédentes n'avaient probablement jamais été retirées, par soucis d'économie. Il n'y avait pas grand monde d'attablé à cette heure-ci, même si les termes '' en cette période-ci '' seraient plus approprié. Le village vivait surtout du tourisme, et avec la guerre, il fallait dire que ce type de commerce avait prit du plomb dans l'aile. Non pas que les voyageurs se faisaient plus rares, ils étaient simplement différents : à savoir armés jusqu'aux dents, par centaines, et aux humeurs belliqueuses, quand elles n'étaient pas à tendance d'invasion et pyromanie. C'était connu, un soldat en campagne était toujours un mauvais client, contrairement à un militaire en permission.

N'importe comment, Natsuki commença par gagner le comptoir, évitant ainsi à la serveuse qui le lorgnait depuis son entrée la peine de se lever. La pauvre s'ennuyait tellement au travail qu'elle se serait probablement jetée sur lui sitôt qu'il qu'aurait eu les fesses posées sur une chaise. Ayant préféré le tabouret faisant face à la tenancière du comptoir, une femme d'un âge mûr à la tenue sobre- hormis ses bijoux -, la tâche de le servir fut donc déléguée à cette dernière. En commençant tout de suite par louer une chambre deux lits, l'héritier Nara s'assura d'être classé dans la catégorie '' client '' et non '' squatteur venu leur faire perdre leur temps '', avantage non négligeable lorsque l'on cherchait à obtenir des renseignements. Cela dit, la maîtresse des lieux et la serveuse – si l'on s'en tenait aux stéréotypes – avaient pas mal de temps à consacrer. A moins bien sûr que la tache inexistante sur le verre que s'acharnait à vouloir essuyer avec un chiffon la plus âgée des deux femmes ne requiert toute son attention. Peu désireux d'y aller par quatre chemins, Natsuki posa les trois photographies qu'il avait sur le comptoir.

« Je recherche ces trois jeunes gens. Les auriez-vous... »

Natsuki s'arrêta dans sa phrase, ce n'était pas nécessaire d'aller plus loin : la réponse était forcément '' oui. '' Il n'y avait d'éclat que dans les larges boucles d'oreilles de la tenancière désormais. Quelque chose dans son regard indiquait que oui, elle avait vu les adolescents, mais que ce n'était pas dans de bonnes circonstances. L'héritier Nara était certain de ne pas apprécier ce qu'il allait entendre. Les yeux sombres, elle fit cliqueter ses nombreux colliers en hochant la tête.

« Il nous avait dit que des ninjas viendraient les chercher. J'imagine que c'est vous du coup ? » dit-elle d'une voix qui n'augurait rien de bon. « Shizuka, montre lui la chambre où ils sont. »

Les questions se succédèrent dans l'esprit de Natsuki, à commencer par : '' qui était ce IL ? '' Mais il sentait que les poser maintenant ne l'amènera nulle part. Il devait d'abord voir ce que l'on voulait lui montrer avant de pouvoir déterminer avec plus de précision ce qu'il voulait savoir. Rangeant les trois portraits dans la poche d'où il les avait tiré quelques secondes plus tôt, il emboita le pas de Shizuka, l'unique serveuse de la Barbe de Cuivre. Elle avait probablement connu une dizaine de printemps de plus que Natsuki. Vêtu d'une tenue dont le tissus ne révélait pas beaucoup de chair, l'ensemble n'en laissait pas moins suggérer ses formes féminines. Le genre de détails qui laissait parfaitement indifférent le shinobi tatoué alors qu'il montait les escaliers à la suite de la femme. Elle l'orienta dans les couloirs en jetant un regard par dessus son épaule pour s'assurer qu'il suivait – Natsuki comprit que l'étage était disposé en rectangle avec une série de chambres au centre – et le conduisit devant la première chambre qui faisait l'angle du fond. Elle tira d'une attache à sa ceinture un trousseau de clefs façon '' à l'ancienne '', et en dégagea une de l'ensemble des tintements métalliques qu'elle enfonça dans la serrure. Si les trois genins que Konoha cherchait étaient enfermés dans une chambre, c'était déjà mauvaise signe. Mais lorsque l'héritier Nara les vit à l'intérieur, il comprit que le loquet verrouillé servait surtout à les protéger.

« Merci. » marmonna-t-il d'une voix neutre en entrant dans la chambre.

La seule source de lumière dans la pièce venait du couloir. La chambre était plutôt simple, à savoir petite, sans salle d'eau, et pourvu d'une table de chevet séparant deux lits, chacun d'un côté du mur. Et dans chacune des deux couches gisaient quelqu'un. Sanae Kotoko à droite, et Miyuki Akimichi dans l'autre. La respiration régulière, l'un avait la tête bandée sur plusieurs tours, et l'autre seulement quelques pansements sur les joues et le front. Une lueur vacillante s'alluma dans le dos de Natsuki, qui se tenait entre les deux. C'était Shizuka, laquelle tenait désormais une bougie sur une socle métallique.

« Il n'y a pas de médecin ici, alors nous avons fait ce que nous avons pu. » expliqua-t-elle en entrant.

Ses propos avaient probablement du sens pour elle, mais Natsuki n'était pas encore tout à fait au point avec la situation actuelle. Il était temps qu'il oriente un peu l'histoire.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » commença-t-il.

Tandis qu'elle lui répondait, la serveuse écarta les draps de Sanae qui n'eut aucune réaction, et inspecta les nombreux bandages imbibés de sang qu'elle avait sur le corps. Sauf sur le bras droit, qu'elle n'avait plus...

« Ils sont arrivés ici hier dans la soirée, et ont loué deux chambres. Je les ai entendu au comptoir, il parlait d'une mission qu'il avait a accomplir ici. Ils avaient l'air assez enthousiaste d'ailleurs. »

Déjà là, les événements se tenaient pas : les trois genins étaient effectivement venu ici pour leur assignation afin de récupérer un sabre auprès d'un armurier que leur client avait demandé à se faire livrer. Chose qui se comprenait en temps de guerre : mieux valait éviter de voyager, car si ce n'étaient les soldats, c'étaient les pillards qui menaient la vie dur à l'honnête homme. La serveuse n'en avait cependant vu que deux membres du trio. Cela n'expliquait d'ailleurs pas non plus pourquoi deux des trois shinobis de la Feuille étaient dans cet état, mais Natsuki sentait que la réponse ne saurait tarder

« Je ne les ai pas vu partir après, mais un couple les a ramené tôt ce matin, plus un autre. Les trois étaient déjà comme vous les voyez maintenant, inconscients. L'homme qui en portait deux nous a donné de l'argent pour que nous nous occupions d'eux, en nous précisant que comme les trois blessés étaient des ninjas, quelqu'un viendra les chercher dans une poignée de jours. C'est bien que vous soyez venu si vite, je ne sais pas combien de temps ils survivront encore sans les soins d'un médecin. »

Les événements perdaient encore de leur logique au fur et à mesure des explications. Sanae était amputée d'un bras, et pourtant elle était toujours en vie – ou dans un état qui s'y rapprochait. Même si elle avait été ramenée directement après son affrontement, il y avait près d'un kilomètre à parcourir entre les lieux du combat et le village. Sans soins appropriées, l'hémorragie aurait déjà dû avoir raison d'elle. Une réponse que détenait sûrement ce mystérieux couple. Mais avant, il y avait une autre question qui méritait la priorité.

« Où se trouve le troisième ? » demanda Natsuki, en se doutant déjà de la réponse.
« … Il est décédé dans l'après-midi. » répondit Shizuka d'une voix qui se voulait douce en lui posant une main sur l'épaule pour aider la nouvelle à passer. « Nous ne savions pas trop quoi faire de son corps, alors nous l'avons enveloppé dans des draps et laissé derrière l'auberge comme il nous a dit que vous viendriez d'ici une poignée de jours pour les chercher et...»
« A quoi ressemblait le couple qui vous les a amené ? » coupa l'héritier Nara pour ne pas perdre de temps.
« Je... hum... » bégaya-t-elle, surprise par le ton sans patience de Jonin tatoué. « Je ne... je voyais assez mal son visage. Il portait une robe de pèlerinage, et sa capuche rabattue, tout comme la femme qui l'accompagnait. Elle avait l'air gentil dans la voix... »
« Est-ce qu'ils sont encore en ville ? » demanda-t-il en composant un signe des mains, puis en touchant le front des deux genins sans effet notable.
« Je ne sais pas... Je ne crois pas, ils ont parlé de reprendre leur route après leur repas ici. Mais ils n'ont pas mangé grand chose, ils avaient l'air peiné pour les trois qu'ils avaient trouvé. »
« Hum... Merci de vous être occupez d'eux. »

Sur ces mots, il tourna les talons et regagna le rez-de-chaussée : il n'avait plus rien à faire ici pour le moment, maintenant qu'il s'était assuré qu'il ne s'agissait pas d'une métamorphose avec un sceau de rupture. Et alors qu'il descendait les escaliers, il aperçu Rin entrer, un katana à la main. Il ne fallu pas longtemps aux deux équipiers pour mettre en commun ce qu'ils avaient trouvé chacun de leur côté... ce qui ne fit que poser davantage de questions encore plutôt que d'en résoudre.

Une dizaine de minutes plus tard, ils étaient tous deux attablés avec un repas chaud. Partir de nuit s'avérant dangereux, le rapatriement devra attendre les premières lueurs du lendemain. Un calepin devant lui, Natsuki s'efforçait de retracer chronologiquement ce que Rin et lui avaient apprit.

Spoiler:

« Nous sommes sûrs que Miyuki et Sanae étaient ici vers 19 heures, après leur arrivée au village. Ryu n'a pas été vu ici de la soirée, mais serait allé chez l'armurier sur cette période pour récupérer le katana qu'on les avait envoyé chercher – lequel n'était pas encore prêt. L'homme du restaurant n'a pas pu les voir il y a deux jours, puisqu'ils sont à peine partie la veille. Il a dû se tromper dans les dates, mais au moins l'on sait que Sanae et Miyuki ont mangé là-bas avant ou après avoir réservé leur chambre à l'auberge. Pour une raison qui nous échappent encore, ils se sont retrouvés vraisemblablement sur les lieux du combat que nous avons vu en venant dans les environs de 20 heures. Et environs 11 heures plus tard, Miyuki, Ryu et Sanae sont ramenés par des pèlerins ici, à la Barbe de Cuivre, qui ont payé la tenancière pour qu'elle prenne soin des trois en attendant l'arrivée des renforts. Jusque là, nous sommes d'accord ? Le problème est donc ici. »

De la pointe de son crayon, Natsuki désigna l'espace entre les deux traits '' ~20 H '' et '' ~7 H ''.

« Il y a un flottement d'environs 11 heures durant lequel nous ne savons pas où ils étaient ni ce qu'il leur est arrivé. Simplement, ils ont été soignés peu de temps après leur combat, ce que nous prouve Sanae : elle n'aurait pas survécu le cas échéant. »

Que des civils sachent que si des ninjas manquent à l'appel, l'on envoie une deuxième équipe pour tirer l'affaire au clair ne le surprenait pas. Ce qui le dérangeait par contre, c'était d'ignorer pourquoi les trois genins s'étaient aventurés hors du village durant la nuit, et de ne pas savoir ce qui avait bien pu leur arriver durant ce temps de flottement. La mission de Natsuki et Rin consistait seulement à les retrouver, certes, mais l'instinct de l'héritier Nara lui soufflait qu'il y avait quelque chose de pas très clair dans cette sombre histoire. Le tout était maintenant de trouver ce qui se cachait dans l'envers du décors.

« Vous avez un avis sur la question Rin ? » lui demanda-t-il en grattant son œil, les cernes rouges à force d'être frottées.

Les explications de Nastuki-San sont claires, précises, et fabuleusement compréhensible. Je m'excerce à faire un résumé dans ma tête... Si l'on récapitule bien :

Les genins de Konoha sont partis du village à 8h du matin... Ryu à donc décidé d'aller chez l'Armurier à 19h, seul, tandis que les deux autres Genin sont allé à la Barbe de Cuivre... A 20h, il eu le combat un kilomètre plus loin. Ensuite, il eu un flottement de 11h. Autrement dit...

Et tout devint clair.

Les heures, le restaurant, les lieux, les précautions, la vitesse d'action des Notables de Konoha, le combat, les Genin, le Katana... Tout était limpide désormais. Mon regard s'assombris de plus en plus... Le Jônin de Konoha me regarde, comprenant rapidement que j'ai mis la main sur l'envers du décors. Ce n'est pas le raisonnement logique qui me permet de savoir cela... Mais simplement : l'instinct. Je comprenais l'action des Genin, et chacun de leurs mouvements... C'était la conséquence de mon incroyable sensibilité : le pouvoir de comprendre les autres, et d'agir comme un autre.

« Vous avez un avis sur la question Rin ? »

« Natsuki-san... Je crois avoir compris. » Je fixe mon regard sur lui, et lui montre le katana. « J'ai l'impression d'avoir compris. » je ferme les yeux, et les ouvrent peu après, d'un regard déterminé et lucide. « Non, j'ai compris. »

La suite logique dévalle désormais ma tête, tandis que le Jônin me regarde d'un air fatigué.

« Voici comment je vois les choses. En arrivant au village, Ryû est partis directement remplir sa mission, tandis que les deux autres sont allés à la Barbe de Cuivre. Le Katana n'étant pas prêt, Ryû à du sentir quelque chose sur le chemin, et a dit que quelqu'un d'autre irai le chercher, en montrant ou décrivant le profils de ces compagnons a l'armurier, prenant précaution que ces ennemis, potentiellement ninja, ne puis-ce utilisé un Henge sous la forme des trois Genin. Ainsi, il devait savoir qu'il arriverai malheurs, peu importe le moyen. Une fois cela fait, il prévient ces compagnons, et il quitte le village pour assuré qu'il n'y est pas de dégât collatéraux... Ainsi, le combat à lieu à 20H. Le restaurateur a mentis, c'est sûrment un des ennemis qui à fein connaître Ryû, il ne peut s'être trompé sur l'heure etr la date d'une rencontre si proche. Surtout que le temps de battement entre les deux évènements sont trop proches. »

Cela n'explique pas tout, mais je continus juste après.

« Ce Katana est la clé de tout ça... Il explique aussi la précipitation des notables de Konoha. Quelqu'un veut cette chose, en gros, je ne pense pas que ce soit un Katana ordinaire. Cela explique aussi pourquoi l'on envois que trois Genin, pour éviter que l'on ne remarque trop le convois. »

Oui, cela était d'une logique implaquable. A moins que Natsuki-san avait une objection, je crois avoir trouvé une solution partielle à cette énigme.

« Cela n'explique pas le battement de 11h, mais peut-être que l'on nous as utilisé pour récupéré ce fameux Katana, Natsuki-san... »

Et alors que je réfléchis, tout en attendant les remarques de mon chef d'équipe, j'entends un bruit au fond... Un bruit familier pour un ninja... Un léger sifflement, un crépitement... Puis deux... Puis trois. Je concentre mon ouïe...

ShhhhHHH....

Oui, c'est le bruit particulier des parchemins explosifs.

« Natsuki-san ! A couvert ! »

Je récupère le Katana, et me précipite vers lui. Et l'explosion retentis. Une série d'explosion macabre, réduisant l'auberge en un tas de cendre. Je sens que le Jônin me porte, et m'emène hors du batîment en proie aux flammes et à la destruction. Ouvrant les yeux, je suis sur son dos, serrant le Katana, nous nous éloignons du village... Tournant la tête vers l'auberge, la vérité me saute aux yeux. Mis à part nous, il n'y a aucune autre personne vivante dans la Barbe de Cuivre. Et alors que je m'aggripe au Jônin -qui est bien plus rapide que moi- je sens que l'on nous suis...

« Natsuki-San... Ils arrivent. »

Les bras croisés, Natsuki écouta Rin sans quitter des yeux son calepin, tournant et retournant tout ce qu'il lui disait. Pour quelqu'un qui débutait à peine sa vie de véritable ninja, le musicien avait un certain instinct. A moins qu'il ne s'agissait là de la fougue de la jeunesse, laquelle pouvait être traitresse lorsqu'elle incitait à vouloir prouver à tout prix la véracité de sa théorie, quitte à adapter les indices pour qu'ils collent à elle plutôt que l'inverse.

« C'est une théorie comme une autre qui se tient. » admit Natsuki en hochant la tête. « Mais à part des suppositions, nous n'avons rien pour consolider ses fondations bancales. Qui plus est, nous ne pouvons accuser sans preuve des gratte-papiers de Konoha. C'est cependant une piste comme une autre que nous pourrons creuser demain avant de partir. Je reste cependant dubitatif : si quelqu'un avait voulu récupérer ce katana pour une autre raison que sa valeur d'arme, il l'aurait sans doute déjà fait la nuit passée, ou aujourd'hui même. Surtout si ce quelqu'un est aussi un ninja. Je n'ai pas le souvenir que le '' non '' d'une personne m'est un jour arrêté dans ma mission en ce qui me concerne. Peut-être serons-nous en mesure d'en apprendre un peu plus quand Miyuki ou Sanae se réveilleront – s'ils se réveillent un jour... »

Un quart de seconde avant son équipier, Natsuki rejeta soudainement sa chaise en arrière, et attrapa Rin par le col en se levant. Le genin n'eut le temps que d'attraper le katana avant de se faire soulever au-dessus de la table, qui fut repoussée d'un violent coup de pied. Le temps de trois battements de cils, et les deux hommes étaient allongés à terre, le plus gradé serrant dans ses bras l'autre. Des explosions retentirent autour d'eux, heureusement encaissées par le sarcophage de pierre qui les recouvraient entièrement. Une chance pour eux que l'héritier Nara gardait un corps dynamique dans le feu de l'action, même en hiver : il s'en était joué à peu que les premières déflagrations ne leur calcinent la chair. La disparition de son clone laissé à l'étage lui apprit que ledit étage venait d'être soufflé comme le reste. Le double avait eu le temps de faire quelque chose pour Sanae et Miyuki, mais l'original doutait que cela suffise. Il s'en assurera plus tard, car pour le moment, il avait une autre affaire à régler.

« Rin ! » secoua Natsuki en brisant la roche qui les entourait.

Il dû se contenter d'un grommellement en guise de réponse. Son équipier était encore sous le choc des explosions, le sépulcre n'ayant pas pu tout encaisser. Il n'était pas en meilleur état cela dit, mais il récupéra plus vite. Autour de lui, ce n'était que fumée asphyxiante, flammes et désolation. De la Barbe de Cuivre, il ne restait plus que des débris, et un fragment d'étage qui ne tardera à s'effondrer.

« Venez par là. » tonna-t-il en le tirant de force du cercueil pour le charger sur son épaule.

Composant une série de signe, il créa un unique clone directement dans les restes du sarcophage, puis quitta les lieux : sa création savait déjà ce qu'elle avait à faire. De son côté, lui devait se charger d'éloigner d'Inabe ceux qui cherchaient à les tuer – car il était presque certains que c'était eux les cibles, et non les genins. - à moins que les quatre étaient visés ? N'importe comment, il y avait déjà eu assez de victimes innocentes comme cela, mieux valait déplacer les hostilités un peu ailleurs, et laisser le champ libre à son double.

« Je sais. Et j'y compte bien. »

Sa voix avait résonné comme un glas dans l'atmosphère. Elle ne croulait plus sous la fatigue et ne portait plus sa mauvaise humeur. Elle était juste vide de tout, comme son visage. Un masque inexpressif où il n'y avait rien à voir, si ce n'était le néant.

« Vous pouvez vous battre ? » demanda-t-il en déposant Rin sur le sol.

Un voile impalpable s'éleva à nouveau devant le visage du Nara, cachant ses traits derrière la fumée opaque. Pour un affrontement de nuit, il n'y avait pas mieux, surtout pour quelqu'un comme lui. Le combat n'allait pas durer longtemps. Le terrain était dégagé, Natsuki les avait attiré ici plutôt que du côté de la forêt spécifiquement pour cette raison. Ses assaillants n'avaient nulle part où se cacher, pas même dans l'obscurité.

D'un geste fluide, il composa ses mudras, et créa un mur de pierre devant lui, sur lequel ne tardèrent pas à se faire entendre le cliquetis de projectiles métallique ricochant dessus. D'une série supplémentaire, il créa de nouveaux clones. Deux partirent en arrière pour prévenir un contournement, un seul s'élança vers l'avant d'une course rapide pour slalomer entre les attaques à distance. Les deux derniers s'enfoncèrent dans le sol, et ne donnèrent plus de signe de vie. Les préparatifs étaient terminés, les vrais hostilités pouvaient commencer.

« Ne retenez pas vos coups, il en restera de toute façon quelques uns en vie. »

Il était évident que ceux qui les attaquaient n'allaient pas rester éternellement à distance. Tôt où tard, ils allaient devoir se rapprocher. Natsuki en aperçu trois faire le tour de leur position à bonne distance.

« Trois vont arriver dans notre dos. Mes clones sont déjà en place, allez les rejoindre pour les accueillir. Si vous avez un quelconque problème, foncez sur ma position. Et faites attention, eux aussi sont peut-être capable d'envoyer des leurres »

Sur ses mots, le shinobi tatoué s'élança par-dessus son mur, et traça droit en direction de l'endroit où l'unique clone qui l'avait envoyé s'était fait détruire par une rayon électrique. Entouré d'autres doubles purement illusoires pour tromper l'ennemi, il en perdit une bonne partie sur le trajet, mais là était leur intérêt : être prit pour cible à sa place. Un quart d'heure plus tard, le combat était terminé de son côté, après avoir duré bien plus longtemps qu'espéré. Un de ses clones d'ombre l'avait rejoint au moment opportun en s'extirpant de terre pour donner le change, mais globalement, il avait dû faire face à ce qu'il craignait : une armée de clone. Il n'y avait que cinq ninjas réels dans le camp adverse, mais c'était au quadruple qu'il avait dû faire face. Ses pouvoirs de Nara étant inutiles dans ce genre de situations, il s'en était remit à sa qualité première de combattant : ses poings. Il avait cependant beau être fort, il n'était pas invincible. Face au nombre, il avait écopé de plusieurs blessures de degrés variables, allant de léger à modéré, mais rien dont il ne se remettra pas. Laissant les deux adversaires inconscients mais encore en vie du tas sous la surveillance d'un énième clone, il fit machine arrière, et se pressa de rejoindre la dernière position connue de Rin. Les trois doubles consistants qui étaient initialement avec son équipier n'étant plus, il n'avait plus de nouvelles récentes depuis cinq bonnes minutes.

« Tu peux te battre ? »

Ma vision revient à la normale tandis que je hoche positivement la tête en réponse à mon coéquipier...

« Ouai... Sa ira... »

Oui, je suis sonné, certe, mais pas hors d 'état de me battre. J'accorche fermement le Katana, tandis que mon coéquipier semble préparer le terrain à son avantage. Combiens sont-ils ? Je me concentre, et écoute... Trois... Cinq... Non 6. Il y a 6 ennemis contre nous.

« Ne retient pas tes coups, il en restera de toute façon quelques uns en vie. » 

« Ouai... »

En vérité, je n'en avais aucune envie. Après le coup de l'explosion de l'auberge, je dois dire que je pense qu'ils n'ont aucune envie de parlementer... C'est dans ce genre de situation que l'affrontement devient inévitable...

« Trois vont arriver dans notre dos. Mes clones sont déjà en place, va les rejoindre pour les accueillir. Si tu as un quelconque problème, fonce sur ma position. Et fais attention, eux aussi sont peut-être capable d'envoyer des leurres » 

« Bien ! Bonne chance ! »

Et je m'éloigne, vers l'arrière, tout en prenant ma flûte. Trois adversaires, ce n'est pas rien. Enfin, tout dépends leurs niveaux... En tout les cas, je dispose des clones de Natsuki-san, et puis je ne suis pas sans ressources non plus ! En tout les cas, c'est en arrivant que je vois les trois ninja... En quelques secondes, ils se débarassent des clones de Natsuki, en utilisant notement des techniques Katon et des armes ninja... J'invoque 5 clones, et lance un genjutsu...

Voila le terrain emplis de 25 copies de moi-même, et moi. Ce qui fais 26 Rin sur le terrain... Où suis-je ? Tu ne le sauras jamais. Car désormais, les copies vont attaqué juste une cible, et vous allez tous avoir la même douleur... J'arme les copies avec une autre mélodie, et elle foncent, lacérant allègrement un des ninja adverse. En a peine un coup de lame, ils ressentent tous celle-ci comme réelle, alors que ce n'est qu'une illusion...

Et c'est ainsi que dans une symphonie mortelles, je vois mes adversaires se tordre de douleurs. Aucun des trois n'en réchappent... Oui, cela ne me fais pas vraiment plaisir d'infliger une si grande souffrance à quelqu'un mais je n'ai pas vraiment le choix il faut dire... C'est aussi un des désavantages du monde Shinobi...

En tout les cas, le combat est franchement rapide... En quelques minutes, je neutralise les adversaires avec une combinaison complexe de genjutsu. Par chance, les Hommes n'ont rien vu venir... Et c'est après quoi que Natsuki-san me rejoins, un peu surpris d'ailleurs...

« Je n'ai rien, Natsuki-san... Mais qu'est-ce qu'on en fait? »

Lorsqu'il arriva sur place, il n'y avait plus que Rin qui était debout, et sans aucune blessure. Méfiant, il l'observa un unique instant au travers du masque brumeux qui lui couvrait tout le visage avant de se réceptionner devant lui, et de le frapper d'un signe de rupture dans la poitrine. Sans douleur, la technique fut aussi sans effet. Ce n'était donc pas l'un des ninjas ennemis ayant prit l'apparence de son équipier pour le piéger. Natsuki se désintéressa alors complètement de lui pour reporter son attention sur les trois shinobis qui gisaient à même le sol. Il accorda tout de même un dernier regard à Rin, considérant sa question comme s'il n'en comprenait pas le sens ou l'intérêt de ses dernières paroles.

« Nous allons leur demander pourquoi tout ceci. »

Sa voix cingla comme un coup de fouet. Elle était dénuée de toute trace d'empathie, de colère, ou même de vie, tout comme son visage. Un état qui lui avait fait son nom sur le champ de bataille, mais dans lequel il avait eu du mal à se plonger ces derniers temps à cause des perturbations inhérentes à son maléfice. Des sensations qu'il retrouvait désormais, ou plus exactement, qu'il arrivait à perdre à nouveau. Une absence totale d'émotion, de doute, ou de retenu que l'on avait appelé le Céruléen.

Natsuki avisa le plus proche des adversaires écroulés de Rin, et le retourna sur le dos sans ménagement. Son voile de brume se dissipant, il permit au premier des ninjas de voir très clairement son visage alors qu'il se penchait au-dessus de lui. Sa victime croulait encore sous les douleurs physiques ou imaginaires que lui avait infligé son coéquipier, mais il s'en fichait : elle allait parler.

« Pourquoi en aviez-vous après nous ? » demanda-t-il d'une voix qui évoquait les pierres glacées des cryptes.

Son ton n'avait rien de menaçant. Il n'avait pas crié, pas menacé, mais quelque chose dans l'air sous-entendait fortement que refuser de répondre était loin, très loin d'être une idée intelligente. Le shinobi vaincu, entre deux gémissements, essaya tout de même cette voie : il lâcha une phrase grossière entre ses dents. Natsuki frappa alors du poing le sol, sauf qu'avant de toucher terre il s'enfonça dans le ventre du prisonnier d'abord. Le coup fut rapide et violent, le blessé se recroquevilla immédiatement sur lui-même après que l'air ai été expulsé avec force de ses poumons, le laissant pataud. Il n'y aura plus rien à tirer de lui avant un bon moment, aussi le Nara passa au suivant. Sitôt qu'il s'en approcha, il y un geste rapide. Son ennemi au sol avait tenté de lui jeter quelque chose, mais Natsuki se montra plus vif. Il écrasa du pied le bras brandit sur le torse auquel il été rattaché, enfonçant au passage dedans le kunai que la victime tenait entre ses doigts, puis le repoussa le corps plusieurs mètres en arrière d'un coup de pied en partance des côtes. Un horrible craquement résonna aussi clairement qu'une cloche dans la nuit. Le shinobi eu à peine le temps d'atterrir sans douceur qu'une explosion l'avala et le laissa pour mort. Le Céruléen cependant ne lui accordait déjà plus d'attention. Il s'était débarrassé de lui comme l'on écrase une mouche agaçante, sans hésitation ni considération. Il avait riposté à une deuxième tentative de meurtre, sa mission continuait. Il se figea néanmoins dans sa marche en direction du troisième et dernier shinobi ennemi de la zone, et pivota brusquement la tête comme s'il venait de percevoir quelque chose au loin.

« Occupez-vous du dernier. » lâcha-t-il à l'attention de Rin avant de disparaître d'un shunshui.

L'un des deux adversaires encore en vie qu'il avait laissé inconscient un peu plus loin ne l'était pas tant que cela en réalité, et venait de trouver assez de ressource pour se suicider à grand renfort d'explosifs. Il n'avait emporté avec lui qu'un clone, mais il ne fallait pas que l'autre ne trouve un moyen de s'enfuir. Surtout que le seconde double de Natsuki, celui laissé au village, risquait de venir les rejoindre avec Miyuki et Sanae sur les bras. Quant à savoir si les deux genins était encore en vie, cela le Nara original l'ignorait...

Une autre question demeurait encore : qui étaient ces shinobis assez dévoués pour se faire exploser de la sorte pour leur cause ?

Effectivement, il est assez surpris de ma réussite. Il faut dire que je ne suis que Genin... Mais je dispose un puissant avantage : Mes Genjutsu. C'est généralement parce que je m'efforce de me tenir à distance et que je bloque mon adversaire que je peux me permettre de ne pas recevoir de blessure. Pour l'instant, cette technique marche, et tant qu'elle marche, je n'ai pas grand chose à redire... En tout les cas, il doute, et dans un nuage de fumée, me fonce dessus avant de m'envoyer une technique de rupture d'Henge. Sans douleurs, mais cela prouve que c'est un ninja prudent et expérimenté. Décidément, j'apprends beaucoup de chose dans cette mission... Son expérience me profite grandement... J'espère simplement pouvoir l'appliquer à l'avenir... Et c'est juste après quoi qu'il me répond :

« L'on va leur demander pourquoi tout ceci. »

La voix de Natsuki-san est glacé quand il prononce ces mots. Comme si il n'y avait plus aucune parcelle d'humanité en lui. Je sens mon sang qui se glace, et un sentiment d'effroi me traverse... Oui, je n'aimerai pas du tout être celui que le Nara va interroger... Il s'approche justement d'un type que j'ai mis K.O et il lui dit d'un ton neutre... Presque trop neutre, pour ne pas dire flippant dans ce genre de situation...

« Pourquoi en aviez-vous après nous ? »

Ok, je commence vraiment avoir peur de notre chef d'équipe. A force, il est vraiment effrayant de prendre un ton si... Si neutre et macabre. En tout les cas, la suite est très rapide... Trop rapide pour que je ne puis-ce réellement comprendre. Je remets les images dans ma tête...

L'Homme gémis une phrase grossière entre deux gémissement plaintif, et en signe de punition -Ou une chose qui y ressemble- le Jônin lui mit un puissant coup de poing dans l'abdomen... J'entends d'ici le souffle de douleurs du prisonnier. Après quoi, il passa au suivant, tout aussi rapidement. Sauf que là... Il écrase le bras de son adversaire -mais au vu de sa dominance excessive, je doute que l'on puis-ce appeler ça un véritable adversaire-, lui enfonçant au passage son propre Kunaï dans le ventre et l'envoyant plus loin...

Juste après quoi, une violente déflagration, surchargeant largement mon ouïe. Mes mains, par réflexes, se posent sur mes oreilles, et je serre les dents... Me voilà désorienté, sans vraiment comprendre ce qu'il se passe.... Tout ce que je remarque, une fois repris possession de mon corps, c'est le Konohajin figé en pleins milieux de sa route...

« Qu... Quoi ? » dis-je d'un air un peu inquiet, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passe...

« Occupe-toi du dernier. »

Et il disparaît... Décidément, je déteste ce Justu... La dernière fois que j'ai ressentis ce dégoût, c'était à l'entraînement de mon Kage Bushin no Jutsu, quand Ryosei l'utilisa pour partir à une vitesse folle. En tout les cas... M'occuper du dernier ? Je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas le mental pour faire ce genre d'acte de barbarie pure. Me battre quand cela est nécessaire, je n'ai rien contre. Je suis un Shinobi après tout, cela fait aussi partis de mon métier... Mais torturer quelqu'un, ce n'est pas vraiment quelque chose que... Je m'imagine faire. En vérité, je n'aime pas faire du mal aux gens gratuitement, sans aucune raison... Mais je dois le faire. Est-ce vraiment gratuit alors qu'il m'a attaqué ?

Je ne sais pas trop comment réagir dans cette situation... C'est un dilemme. Un vrai dilemme. Est-ce donc là, le choix que doivent faire tout Shinobi ? Faire son devoir même si c'est au prix de la violence ? C'est un choix cruel que l'on nous impose... Mais je dois le faire...
Et alors que je m'avance vers le dernier, tout en réfléchissant à mon choix, j'entends soudainement une chose sortir du sol... Me retournant avec vivacité, je me reçois un violent coup de poing au visage, suivis d'une raffale sur le ventre. Je ne peux pas faire grand chose, tellement que la cadence de coups est rapide. A la fin, un violent coup de pied m'envois plus loin. Le sabre accroché à mon dos tombe lors de mon envol...

Je me remet sur pied, regardant mon agresseur... Un Homme, les cheveux noirs, la peau légèrement matte, en tenue noire, les yeux foncé... En vérité, en regardant plus attentivement, ces poings sont marron, et sont recouvert d'une fine couche de... De terre ? De sable ? Je l'ignore, en tout les cas, cela renforce grandement la puissance de ces coups. Pour preuve, je crache un léger filet de sang...

Il s'avance et récupère le sabre, tandis que je me relève, et que je récupère ma flûte, tout en faisant un rapide Check-up de mon état... A première vu, je n'ai rien de cassé, bien que cela fait mal, c'est largement supportable...

« Je récupère ça... »
« Je ne crois pas ! »

Et c'est ainsi que je pose ma flûte sur mes lèvres tandis qu'il compose avec une vitesse hallucinante des mundras. Alors que mes clones recouvrent pour la deuxième fois le terrain, il envois un violent souffle de vent, ce qui à pour effet de me couper dans ma suite de note... Merde ! Si je ne lance pas ce Genjutsu maintenant, mes clones ne serviront à rien !

« Sayonara... Konohajin ! »

Et c'est ainsi qu'il s'enfuit ! Et merde... Natsuki n'est pas là en plus ! Comment faire ? Si je vais le prévenir, nous perdrons la trace du voleur... Et si je ne le préviens pas, il perdra ma trace... A moins que...

Oui, c'est ça. Prenant une grande respiration et protégeant mon audition, j'ouvre la bouche et...

« NATSUKI-SAAAAAAAAAAAN »

C'est ce qui résonne si fort que cela en réveillerai un mort ! Une technique bien pratique pour prévenir quelqu'un. En tout les cas, on l'entends à des kilomètres... Après quoi, je poste un clone, et je m'aventure à la poursuite de l’inconnu... J'espère qu'il arrivera assez vite... Sinon...

Sinon j'espère être à la hauteur pour affronter cet ennemis... Seul.

Natsuki se réceptionna non loin de la zone qu'il avait quitté il n'avait pas cinq minutes. Déjà plutôt plane avant, elle profitait désormais d'un petit cratère encore fumant, et de beaucoup de morceaux de corps éparpillés ici et là. Il balaya des yeux les environs, à la recherche du dernier adversaire supposé être encore en vie. Mais il n'y en avait plus. Prit dans l'explosion comme certains des cadavres, il ne restait personne à interroger, juste le clone du Nara tatoué qui arriva, en portant sur son dos Miyuki. Sanae n'avait donc pas survécu au remue-ménage qui souffla la Barbe de Cuivre... La mission allait de mal en pis. D'abord, ils avaient retrouvé les genins que l'on les avait envoyé chercher. Ensuite ils avaient découvert que l'un d'entre eux était déjà mort, et les deux autres plus très loin, après quoi l'auberge dans laquelle ils s'étaient établit avait été rasée par une explosion préméditée. Prit en chasse après avoir survécu par des shinobis inconnus, voilà maintenant que Sanae rejoignait la liste des passés à trépas.

Natsuki sentait qu'il avait mit le pied dans un sacré nid de vipère. Aucun ninja ennemi n'aurait dû s'intéresser de si près à ce sabre. Soit la mission avait été mal évaluée, soit le commanditaire avait caché quelque chose au moment de soumettre sa requête. Où qu'elle se trouve, cette défaillance dans le système avait déjà coûté la vie à deux genins, et bientôt trois...

Un cri déchira la nuit, une voix puissante portée au-delà de ce qu'un humain normalement constitué peut produire. Celle d'Ao Rin, et sur un ton qui ne présageait rien qu'il appréciera d'entendre. Laissant alors son clone, il fit une fois de plus demi-tour, et fila droit dans la nuit, dans la direction d'où provenait le cri. Poussé en trajectoire rectiligne par ses jambes renforcées en énergie, il ne lui fallu pas longtemps pour rejoindre son équipier. Ce dernier lui emboita le pas de course, indiquant au Nara tatoué qu'ils n'avaient pas le temps de s'arrêter. Il se révéla être un clone, et lui résuma ce qu'il venait de se passer.

Si Natsuki était en état de pester, alors probablement l'aurait-il fait. Il s'était fait avoir comme un bleu en ne laissant aucune couverture à Rin. Il s'était contenté des adversaires qu'il avait vu, sans envisager que d'autres attendaient plus loin, dissimulés... Mais au lieu de jurer, il garda le silence, et enregistra simplement l'information. Formant encore une fois ses mudras, il fit apparaître à nouveau son masque de brume, dont la fumée noirâtre opaque lui couvrit tout le visage, puis dépassa largement le double de son équipier en s'envolant, littéralement. Vu depuis le ciel, et aussi clairement qu'en plein jour, il ne tarda pas à repérer le vrai Rin sur le terrain découvert, puis le dernier shinobi que l'on lui avait décrit. Impossible de le voir en détail à cette altitude, mais il n'y en avait pas quinze autres qui cavalaient avec un sabre en main. Le Nara fondit alors sur lui, aussi silencieux qu'une chauve-souris. Il n'était pas nécessaire qu'il le touche, simplement qu'il s'en approche assez. C'est alors que son adversaire plongea dans le sol, et pénétra au travers aussi simplement que s'il s'était agit d'eau. Un erreur cruciale.

Natsuki chuta plus qu'il ne se posa à l'entrée du trou quelques secondes plus tard, amortissant lourdement sa réception dans les genoux, et marqua la fin de cette poursuite. Son ombre s'allongea, et dans l'obscurité totale du tunnel, fila jusqu'à sa victime. Il ne lui fallu pas longtemps pour sentir qu'il avait ferré quelque chose.

« Préparez-vous Rin. Je vais le sortir. » expliqua-t-il simplement lorsque son équipier arriva.

Réalisant le nécessaire pour créer un clone supplémentaire, il l'envoya ensuite creuser à son tour dans le tunnel à l'aide d'une technique similaire à celle de sa proie. Il s'écoula plusieurs secondes, suite à quoi le double émergea du sol une dizaine de mètres plus loin pour composer à son tour une succession de mudra avec ses doigts. Le sol trembla légèrement, la terre se fendit, et un bloc de pierre grossier s'arracha de la fissure. Avoisinant les deux mètres de hauts pour la moitié en large, il était possible d'y voir à hauteur d'œil un visage, seule partie qui n'était pas prise dans le sépulcre de Natsuki.

« C'est bien lui ? » demanda-t-il à Rin de sa voix dépourvue de vie.

Son voile d'ombre se dissipa à nouveau, révélant son visage vide aux yeux sans éclat. Il marcha en direction de son prisonnier, puis l'observa quelques secondes. Il le savait incapable d'utiliser à nouveau sa technique de déplacement souterrain, pour la bonne et simple raison que la roche qui composait sa prison était parcourue par le chakra de son clone.

« Vous allez me dire qui vous a envoyé, et pourquoi vous recherchez ce sabre. »

Ce n'était pas une question mais une affirmation, dont le ton évoquait que la mort serait trop douce s'il se refusait à répondre. Bien entendu – Natsuki s'y attendait – il n'avait pas affaire à un débutant. C'était un shinobi entrainé, qui ne trahirait pas ni son Village, ni son employeur. Pas sans une très grosse aide, que le Nara lui offrit sans hésiter. La prison de roche commença à s'animer à l'image d'une poitrine. Elle enfla très légèrement comme à l'inspiration, puis commença à se compacter comme si des mains invisibles la tassait sur elle-même. Le ninja serra les dents, réprima un grognement de douleur, mais garda le silence.

« Comme nous tous vous n'êtes qu'un homme en mission, lié uniquement à votre contrat. Alors répondez, et je vous laisserai partir. »

En l'absence de réponse, le sépulcre continua de se resserrer, compressant au passage le fragile corps qu'il contenait. Le tortionnaire tatoué ne le quitta pas des yeux, observant sans sourcilier le visage décomposé par la douleur de sa victime. Un craquement osseux largement étouffé par la roche arracha finalement un cri au prisonnier qui hurla, pour avouer finalement qu'il n'en savait rien, que l'on les avait juste payé pour récupérer ce sabre sans poser de question. Le compactage s'arrêta. Les bras croisés sur la poitrine, Natsuki étudia ses paroles. Il avait vu un peu trop de zèle de la part des anciens équipiers du ninja captif pour croire à quelque chose d'aussi simple.

« Nous mentons tous les deux je crois. » lâcha finalement le Nara d'une voix parfaitement calme.

Sa victime leva alors un regard incompréhension sur lui.

« Vous, vous ne dites pas la vérité en prétendant que vous ne savez rien, et moi, je mens en disant que je vous laisserai repartir en vie. »

Même dans l'obscurité, la peur se lisait très distinctement sur le visage du captif. Il déplaça son regard implorant vers Rin, comme à la recherche d'une quelconque aide, d'un soutien sous quelque forme qu'il soit. L'être humain était ainsi. Il avait beau jouer les durs, se croire invincible et capable d'accepter la mort quand elle arrivera, lorsqu'il se retrouvait face à Elle, démunit et impuissant, et que son âme se retrouvait sur le point d'être emportée, il implorait pour sa vie. L'instinct de survie était comme ça, il prenait toujours le dessus dans les derniers instants, même si la suite promettait d'être pire que la mort. Et c'était précisément le spectacle macabre auquel assistait un Nara au visage insondable, et son équipier peut-être moins habitué à ce genre d'horreur.

La prison se referma encore, étreignant sa victime de sa poigne glaciale. Un hurlement de douleur résonna, emprunt de souffrance plus que de colère. Puis enfin, cette voix brisée commença à leur raconter une histoire : celle que Natsuki voulait entendre.

*******************************************

Le lendemain, Natsuki était assit à l'intérieur d'une petite calèche louée, face à Rin.

« Vous y croyez-vous, à cette histoire ? » demanda-t-il en levant par le milieu du fourreau le katana intact.

Sa voix avait retrouvé ses teintes fatiguée, stigmate d'un retour à un semblant d'humanité chez lui. Dans ses yeux se lisaient à nouveau un éclat de vie, une lueur semblable à celle d'une bougie vacillante derrière une fenêtre prise par le givre d'une nuit d'hiver. Son teint fébrile et ses traits creusés révélaient toujours un manque de sommeil certain, mais dans le cas présent, cela se justifiait un peu plus : la nuit avait été longue pour tous.

Après que le shinobi qu'ils avaient capturé la veille ai décidé de se mettre à table, et d'en révéler un peu plus sur cette sombre histoire, Natsuki avait tenté de reprendre les choses en main. Ils ne pouvaient plus passer la nuit dans le village d'Inabe, pas après l'incident qui y était survenu. Même si ce n'était pas leur faute directement, c'était eux les cibles de l'attentat : sans leur présence dans la Barbe de Cuivre, celle-ci serait encore debout, tout comme les victimes qui avaient périt dedans. L'Homme fonctionnait ainsi, Il avait besoin d'avoir quelque chose ou quelqu'un vers qui tourner sa colère afin d'avoir le sentiment de trouver un sens à l'épreuve qu'Il subissait. Le Nara n'y avait donc fait qu'une escale, afin de récupérer le corps de Sanae et déposer cette raison que cherchaient les survivants. Une raison qui avait prit la forme d'un shinobi aux membres fracturés, incapable de se déplacer ou se défendre.

« Voici le coupable. » avait-il simplement dit avant de repartir sous les jets de pierre de chacun.

Il avait renoncé à trouver le seconde cadavre, celui de Ryu Mizachi perdu par l'explosion brutale et éparpillé sous les décombres. Avec Rin et quelques clones, ils avaient voyagé de nuit jusqu'à un village voisin, où ils ne profitèrent pas vraiment de ce qu'il restait du règne de la lune pour se reposer. D'autant plus qu'il avait fallu ruser pour faire passer en douce le corps éteint de Sanae, et celui agonisant de Miyuki. En même temps, cela se comprenait : quel gérant tiré de son lit très tard dans la nuit – ou très tôt dans la matinée – aurait aimé voir en plus passer dans une chambre un mort et un mourant ? La première moitié de la phrase faisait partie de son travail, mais rien ne réglementait la seconde. Et c'était dans une matinée bien avancée que le duo de Konoha avait loué une petite calèche avec chauffeur pour retourner dans leur Village, avec un Akimichi toujours inconscient à leur côté, et le cadavre d'une jeune femme bien emballé et très irrespectueusement rangé sur le toit avec les autres bagages.

La jeune Kotoko Sanae avait le droit d'être enterrée à Konoha, Natsuki y veillera.

Je poursuis à toute vitesse cet homme, ou plutôt, cet ennemis. Si il s'échappe... Cette mission se finira en échec cuisant... Non, je le refuse tout simplement ! Je refuse qu'une vie soit sacrifié pour rien... Et que deux autres soit grièvement blessé juste pour du vent ! Non, je le rattraperai et l'arrêterai, quoi qu'il m'en coûte.

La poursuite dans la forêt est plutôt courte. Soudainement, l'homme tombe dans... le sol ? M'a-t-il échappé ? Je m'arrête, et me remémore la scène... Je ne l'ai vu composé aucune mundra... Aurai-t-il préparé sa fuite ?! C'est fort probable... Et je dois dire que cette idée ne me réjouis guerre... Mais en voyant Natsuki-san atterrir devant moi, je suis rassuré... L'idée principale ce transforme en quelque chose de beaucoup plus réjouissant... Une mission réussie et un piège des plus transparent, je dois dire...

« Préparez-vous Rin. Je vais le sortir. »
« Bien ! »

Je sors de ma sacoche un rouleau, et invoque une dizaine de Kunai, un peu spéciaux. En effet, ils ont chacun un sceau bien précis... Une fois cela fait, j’envoie les Kunai, les dispersant à des points stratégiques... Désormais, la zone m'appartient entièrement, il n'a plus aucune chance de fuir, et ce, avec n'importe qu'elle technique.

Après quoi, un bloc de terre sortis du sol... Avec la prise dedans. Et ceux, sous mes yeux fortement impressionné. Et il y avait de quoi... Le Jônin avait réussi la capture haut les mains...

« C'est bien lui ? »

Observant les traits de son visage, j’acquiesce...

« Oui, c'est lui... Il n'y a pas de doute. »

Et Natsuki-san s'avança... Commençant un art qui me répugne : La torture. Je frissonne en voyant la prison elle-même prendre dans un étaux notre ennemis... Même si j'essaye de ne pas le montrer, cette vision m'est insupportable. Néanmoins, d'un autre côté, c'est aussi mon métier, et je m'efforce de regarder cela jusqu'au bout...

« Vous allez me dire qui vous a envoyé, et pourquoi vous recherchez ce sabre. Comme nous tous vous n'êtes qu'un homme en mission, lié uniquement à votre contrat. Alors répondez, et je vous laisserai partir. »

Sauf que la médiocre réponse de l’ennemi ne satisfait pas vraiment Natsuki-san... Qui reprends...

« Nous mentons tous les deux je crois. Vous, vous ne dites pas la vérité en prétendant que vous ne savez rien, et moi, je mens en disant que je vous laisserai repartir en vie. »

Après quoi, l'homme me regarde avec un regards de pitié... Je détourne les yeux. Ce regard, je pense m'en souvenir toute ma vie. C'est celui d'un homme sur le point de mourir, cherchant la moindre aide. C'est celui du désespoir total... Sans aucune chance de survie... Mais même si je ne vois pas la scène, j'entends parfaitement tout ce qu'il se passe... La prison se referme lentement sur lui... Et c'est alors qu'il avoue tout...

****

Natsuki-san avait loué une calèche pour notre retour. Nous n'avions pas beaucoup dormis alors je suis à moitié endormis...
 « Vous y croyez-vous, à cette histoire ? »

Je le regarde, perplexe... je ne savais pas trop quoi penser. Et cela m'occupe l'esprit depuis la révélation... Nous avions fait un tour au village, laissant le shinobi, au jugement des villageois... Chose que je désapprouve personnellement, mais que je n'ai pas signalé au Nara... Après tout, il était dirigeant de la mission, et dans le fond, je pouvais comprendre le sentiment qu'il éprouve, et le pourquoi de son action...

« Le fait est qu'il y a eu deux morts et un blessé grave pour une simple... Relique de la guerre ne me plaît pas beaucoup... Je ne trouve pas vraiment de sens à ça... D'accords, cette lame est très conductrice de chakra, et est unique mais... Mais cela en valait-il vraiment la peine ? »

La vérité était la suivante...

La mission basique du Trio de Genin était de récupéré un ancien sabre de la guerre clanique, restauré par un forgeron du pays du feu. Dans quel but ? Et bien les notables de Konoha souhaitaient renforcer l'alliance avec le pays de la Foudre et celui du fer dans ces temps de guerres, en offrant le célèbre Katana au Chef des Samouraï... Sauf que l’ennemi, identifié en tant que Sunajin devait mettre en échec la mission... Comment ils ont appris l’existence du sabre ? On l'ignore... Peut-être qu'ils ne savaient pas où était le sabre ? En tout les cas, cela n'explique pas vraiment tout...

La tête basculée en arrière, et l'avant bras en travers des yeux, Natsuki écoutait son équipier. Oui, cela valait-il vraiment la peine que deux jeune pouces de l'Arbre de Konoha perdent la vie pour ce sabre, le symbole possible d'une amitié renforcée entre le Pays du Feu, du Fer et de la Foudre ? Peut-être... Peut-être que leur geste permettra de sauver beaucoup d'autres vies grâce à cette alliance, ou peut-être que cela déclenchera une nouvelle guerre mondiale, tout comme quand Kumo avait dû faire appel à Konoha pour ne pas rester seul dans le combat imminent qui l'opposait aux forces militaires de Kiri et Suna. Là n'était pas la question de toute façon, et seules les Hautes Sphères du Village de la Feuille avaient probablement la réponse à tout cela – pour peu qu'Elles daignent la leur donner malgré que cela ne regardait pas les simples exécutants.

« Parlez-moi Rin. » dit Natsuki de sa voix éreintée au bout d'un moment sans changer sa positon. « Parlez-moi sans retenue, et dites-moi ce que vous pensez de tout ce à quoi vous avez assistez au cours de cette mission. »

Il se redressa sur son siège, et poursuivit en regardant par la fenêtre :

« J'ai bien vu votre visage, et à plus d'une reprise je pouvais lire dessus que vous aviez quelque chose sur le cœur. Quelque chose qui vous dérangeait, mais que vous n'osiez pas dire parce que je suis votre supérieur.

Le Nara tatoué tourna ses yeux rouges vers Rin. Il n'affichait aucun sourire, mais l'on n'y trouvait non plus aucune animosité. Simplement de la fatigue au travers de ses traits maladifs.

« Vous devez penser que je suis un beau salaud non ? Pour avoir eu recours à la violence afin de faire cracher des informations à des adversaires qui refusaient de répondre. Pour avoir laissé à la justice populaire un homme physiquement brisé en sachant pertinemment ce qui l'attendait là-bas, et ce sans la moindre trace de regret ou de dégoût sur le visage. »

Il soupira de fatigue, et ferma les yeux. Pendant un instant, il donna l'impression de s'être assoupi, puis il émergea.

« Il m'arrive très souvent de regretter la nécessité de mon devoir, Rin, mais je n'ai jamais eu de regret pour celle de mes actes. Le cas de hier soir peut laisser perplexe quant à la véracité de ce que je dis. Et ce ne serait pas un tort d'en douter. Qui suis-je pour condamner et juger nécessaire la mort d'un homme en le livrant aux victimes rescapées qu'il a massacré ? Je ne suis personne. Je ne suis personne pour affirmer qu'il le méritait. Il a préféré une méthode qui a tué des dizaines de personnes innocentes pour nous avoir, mais cela ne me confère aucun droit de le juger. Aurait-il mieux vécu avec ses péchés dans une de nos geôles, à moisir des années ou une vie ? »

Un maigre sourire sans joie s'étala sur ses lèvres.

« Je ne cherche pas à justifier mes actions à vos yeux Rin, tout comme vous n'êtes non plus personne pour me juger. Et c'est pourquoi je vous demande, si vous le voulez bien, d'exprimer votre ressentit face à cette mission, et à tout ce dont vous avez été le témoin, sans considération pour moi en tant que supérieur. Car nous sommes des êtres pensants, Rin, pas seulement des bras armés aux services de notre Village. Nous devons suivre les ordres, mais aussi nous interroger sur le sens de nos actes et de nos méthodes. Et pour cela, il est nécessaire de nous remettre en question tout au long de notre vie. Une tâche qui n'est pas toujours évidente lorsque l'on a le nez en plein dedans. Le regard d'un autre aide parfois. »

Natsuki ne regrettait rien, il l'avait dit. Mais ainsi, il espérait aider son équipier à délier sa langue, et lui faire exprimer à haute voix ce qu'il n'avait pas osé dire avant. Il voulait connaître son point de vue sur le monde, savoir ce qu'il se passait dans son cœur lorsqu'il assistait à de macabres spectacles comme ceux dont le Céruléen l'avait allègrement régalé. Il ne voulait pas qu'il croit que la froideur de l'âme était le prix à payer pour la force.

Natsuki n'était comme ça. Pas toujours...

Natsuki-san est soudainement insistant. Comme si il cherche à savoir réellement ce que je pense sur cette mission et sur son déroulement... A vrai dire, je n'en sais trop rien... Néanmoins la suite des choses me laisse encore plus déconcerté. Est-ce donc là le vrai pouvoir qu'offre l'expérience ? En tout les cas, je suis loin d'avoir le niveau en y pensant... Ce qui me montre encore plus le chemin à faire pour devenir un ninja accomplis... Vraiment, Natsuki-san est impressionnant, en y pensant, il aurait pu réussir cette mission tout seul...

« Je me dis simplement qu'il y a eu beaucoup de violence et de mort pour un simple sabre... »

Malheureusement, je vois très bien que cette réponse ne satisfait pas le Jônin devant moi... Réfléchissant rapidement aux évènements, je commence la longue liste de chose que je regrette...

« Faire souffrir les gens n'est pas vraiment quelque chose que j'arrive à me résoudre... Je sais me battre, mais je me refuse de me battre pour simplement me battre... Je n'arrive pas à comprendre pourquoi l'on utilise toujours la violence pour résoudre un conflit, cela ne fait qu'en créer un autre, c'est illogique... » dis-je pour citer mon désarroi face au combat. « On m'a enlevé ma mémoire pour une raison que j'ignore, et cela est vraiment quelque chose de difficile à surmonter... Je n'ai de mon passé que ma musique, donc je pense pouvoir comprendre qu'est-ce que cela signifie souffrir... Alors si cela est difficile pour moi, qui suis-je pour l'infliger à autrui ? »

C'était là une question que j'aimerai vraiment répondre... Pour moi, pour trouver un sens aux combats que j'ai mené, que je mène, et que je mènerai... Mais je poursuis...

« Je ne vous juge pas, après tout, je comprends qu'il est parfois nécessaire de se battre. Comme quand j'étais contre ces trois shinobi... Mais après, soutenir la vision d'une torture et d'un regards de désespoir sans faire quoi que ce soit, c'est quelque chose qui m'est assez difficile d'accepter... » Je pose mon regards sur le Jônin. « Non, c'est même quelque chose qui m'est totalement impossible de concevoir. Ma musique ne sert pas à cela, je m'y refuse catégoriquement. Je me suis fixé le but de guérir le cœur des personnes grâce à elle... Pas de les anéantir... »

Cela trahissais le doute dans mon cœur... Suis-je une bonne personne ? Mes actes sont-ils juste ? Des tas de questions existentielles, que je décide de partager avec Natsuki-san.

« Suis-je quelqu'un de bien ? Une bonne personne, même si j'inflige des douleurs et des souffrances ? Mes actes sont-ils vraiment juste ? Qui suis-je pour faire du mal à quelqu'un dans le but de remplir une tâche ? Puis-je vraiment me cacher derrière les simples termes nécessaire et juste ?... »

Je soupir, prenant un air triste, avec un soupçon de désespoir...

« Je n'en suis pas sûr... »

Natsuki hocha la tête, et ferma les yeux quand il la bascula à nouveau en arrière. Il ne les ouvrit plus.

« L'amnésie a du bon parfois, car la vérité peut se montrer bien plus cruelle et bien difficile à encaisser. »

Un sujet qu'il connaissait plus ou moins bien, pour avoir eu lui-même une partie de son histoire perdue. A la différence que lui ne le savait simplement pas jusqu'à ce qu'il l'apprenne. D'une certaine façon, l'ignorance peut être synonyme de bonheur.

« Je n'ai pas les réponses à vos questions Rin, car vous seul pouvez les trouver. Certains disent qu'une lame tirée au clair permet d'en garder mille autres dans leur fourreaux, d'autres s'accordent sur le principe : prendre une vie pour en sauver une autre. Mais ce ne sont que des phrases toutes faites. Nous vivons dans une société et un système qui rangent chaque chose dans une case. Tuer pour voler son prochain est mal, arracher la vie de son adversaire pour réussir sa mission est par contre tout à fait acceptable. L'acte est pourtant le même, seule l'intention diffère. Cela la rend-elle plus louable pour autant ? »

La neige recommençait à tomber à gros flocon dehors, mais elle n'altéra en rien l'humeur de Natsuki. Elle pouvait difficilement être plus basse de toute façon.

« Le monde autour de vous vous jugera pour vos actions, c'est dans sa nature même. Mais la seule chose qui doit vous importer, c'est le jugement que vous avez sur vos propres actes. Si ce que vous faites est en accord avec votre cœur et ce en quoi vous croyez, alors il n'y a pas de raison que vous ne puissiez pas devenir ce que vous espérer être. »

Natsuki frotta encore l'une de ses cernes déjà rouge, au point que la couleur se mêla à celle de son tatouage en croc de lune. Pour la dernière fois du voyage, il leva la tête, et posa son regard exténué sur Rin.

« Vous vous posez beaucoup de questions sur le sens et la nécessité de vos actes. C'est une bonne chose. Ne perdez jamais cette qualité, mais retenez aussi qu'il y a temps pour les remises en question, et un temps pour agir. Ne vous y perdez pas. »

La Nara tatoué porta son regard à l'extérieur à nouveau, comme s'il cherchait une idée. Il remarqua qu'il était déjà tard, et qu'il n'était question que de quelques heures avant qu'ils arrivent à Konoha. Après un temps de réflexion, il se lança.

« Si je survis à cette guerre, et que je suis toujours en état de le faire, je compte créer une équipe de shinobi. Vous avez des qualités que j'apprécie Rin. Quand le moment sera venu, si ma proposition de me rejoindre vous intéresse, sachez que vous serez le bienvenu. »

La proposition tombait de façon un peu étrange. Natsuki ne s'était clairement pas montré sous son meilleur jour, et en sera de toute façon incapable tant que l'hiver perdurera. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que son offre ne prenait pas effet immédiatement : peu d'étudiants accepteraient comme formateur un homme dont ils avaient surtout vu les démonstrations de violences indifférentes et une froideur totale face à la mort des autres. N'importe comment, l'avenir restait incertain. Peut-être que dans un futur plus ou moins proche, le Nara tatoué pourra lui montrer que le Céruléen n'était pas sa seule facette, et qu'il pourrait être un bon formateur.

S'il parvient à guérir tout du moins...

« Vous vous posez beaucoup de questions sur le sens et la nécessité de vos actes. C'est une bonne chose. Ne perdez jamais cette qualité, mais retenez aussi qu'il y a temps pour les remises en question, et un temps pour agir. Ne vous y perdez pas. Si je survis à cette guerre, et que je suis toujours en état de le faire, je compte créer une équipe de shinobi. Vous avez des qualités que j'apprécie Rin. Quand le moment sera venu, si ma proposition de me rejoindre vous intéresse, sachez que vous serez le bienvenu. »

La longue explication du Nara est très intéressante... La réponse se trouvait-elle en moi ? Ma faculté de remettre en question mes actes était une force, mais il ne fallait pas hésité à agir aussi. Trop réfléchir avait parfois du mauvais. Et c'est probablement vrais...

« Il me ferai plaisir de venir dans votre équipe... J'ai beaucoup appris durant cette mission malgrès tout. »  dis-je dans un sourire fatigué

Nous sommes tout les deux épuisés de la mission... Je cale ensuite ma tête contre la fenêtre, regardant les flocons tomber du ciel... Cette mission est triste. La mort de deux Genin et le retour d'un seul, grièvement blessé pour un Sabre scellant une alliance entre le Pays du fer, de la Foudre et du Feu. Cela ne me semble pas juste... On ne paye pas la vie pour une simple alliance. Mais en poussant la réflexion plus loin, peut-être que ce sacrifice était nécessaire si cela évité une autre guerre. Non, j'affirme. Ce sacrifice est nécessaire pour évité une autre guerre... J'y veillerai, en mémoire de ceux qui ont péris...

Je repense à mes actions. Était-elle juste ? Je crois... En tout les cas, il n'y a rien que je regrette... Hormis le fait de la mort, et du fait que l'on va devoir l'annoncer aux parents. Des parents qui souhaiterons justice, où plutôt vengeance. Oui, cette expérience m'aide à comprendre de plus en plus le cercle de vide, provoqué par la souffrance et de désespoir. Ce vide que je cherche tant à combler...

Et alors que je réfléchis, ma tête posé contre la fenêtre et les yeux fermé, le sommeil me pris...

Il est difficile de dire si une action est juste où pas. En soit, les motivations sont les plus importantes. Car c'est ce qui motive un Homme qui est importants, mais cela ne pardonne pas tout. Ce fragile équilibre entre subjectivité, et objectivité font que tout acte humain ne peux être dit bon, où mauvais...

Fin: