N'oubliez pas que vous pouvez voter toutes les deux heures sur les cinq Topsites pour le forum !
Rappel : Chaque RP doit au minimum faire 15 lignes, soit 1400 caractères espaces non compris minimum.
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

Partagez
 

 Ceux qui venaient d'ailleurs.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMer 10 Juin 2015 - 12:20

Quelques jours s'intercalant dans : http://www.shinobinohattan.com/t14715-groupe-1-retrouvailles

Le temple des moines Kiezan. Natsuki ne pensait pas mettre un jour les pieds là-bas, encore moins pour le travail. Ces adeptes du culte de Maskine vivaient depuis toujours reclus chez eux, limitant les échanges sous toutes leurs formes avec l'extérieur au strict minimum. De fait, les avoir pour employeur lui avait parut bien curieux. Un sentiment qui ne s'était pas atténué au fur et à mesure de sa traversé des territoires. Il s'aperçu en effet bien vite que les moines avaient cherché à recruter de tous les horizons, comme en témoignaient des appels public ou de nombreux groupes de mercenaires sur les mêmes chemins que lui.

Pensant l'affaire urgente, puisqu'elle avait forcé les adeptes à sortir de leur torpeur, Natsuki s'était pressé de rejoindre le temple. Mais au final, une fois sur place, il n'avait trouvé qu'une succession de jours monotones. Rien de surprenant, en y réfléchissant. Les moines s'attendaient à une attaque imminente, mais l'envahisseur n'avait pas envoyé un courrier précisant la date et l'heure à laquelle il comptait se pointer. C'était donc ainsi que le Nara tatoué avait passé plusieurs jours à vivre parmi les moines. Une semaine très calme bien avant qu'Howaito et le Bakusho n'arrivent au temple. Une semaine durant laquelle il avait fait une rencontre, celle qu'il retrouvera dès le lendemain en tant qu'équipière de mission devant les portes du temple principal.

******************************

Dès son arrivée, Natsuki avait été mis au courant de ce qui était précisément attendu de lui en tant que shinobi, où il sera affecté à la surveillance, et quelles étaient les règles de bienséance à suivre pour vivre avec la communauté religieuse. Et au vu de la longueur de la troisième et dernière partie des explications, il s'était demandé si les adeptes de la Lumière de Maskine n'accordaient pas plus d'importance à la bonne tenue de leurs employés dans leur lieu saint qu'au travail qu'ils devaient y effectuer. La situation n'était probablement pas facile pour les moines, jusqu'à alors habitués à ne vivre qu'entre eux : c'était des garnissons entière de shinobis et autres hommes d'arme qui désormais occupaient les lieux. Certains savaient se tenir, d'autres un peu moins.

C'est sans doute ce qui expliquait que bien que les adeptes et les shinobis vivaient mélangés au quotidien, ils ne mangeaient ni ne dormaient ensemble. Chaque caste avait ses locaux, répartis selon deux catégories : les moines, et les autres. Mais cette ségrégation mise à part, les non-pratiquants de la Lumière bénéficiaient du même confort de vie que leurs homologues en soutane. Et quoi que l'on puisse en penser, ces derniers étaient loin de vivre comme des ascètes, à pratiquer le jeûne quotidien.

Dès le premier soir, chacun pu donc profiter de la cuisine locale. Les tables étaient peu nombreuses, et limitées à deux par salle, mais leur taille compensait largement : une vingtaine de personnes s'y tenaient à chacune. Natsuki mangeait à l'une d'entre elle, baignant dans une ambiance bruyante où se mêlaient rires, souvenirs échangés, histoires racontées, et plaintes dû à la prohibition d'alcool. Il y avait de tous les horizons en guise de convives, hommes comme femmes, soldats professionnels comme mercenaires aguerris. Mais la promiscuité des lieux rendait l'air vibrante aux oreilles, et lui était particulièrement désagréable. En conséquence, finir son assiette et partir se coucher dans le dortoir commun des hommes figuraient en tête de liste de ses priorités. A plus forte raison que sa maladie l'empêchait de profiter d'une quelconque manière les plats simples qui étaient servit.

Alors qu'il tendit la main pour attraper la cruche d'eau sans vraiment faire attention, c'est un contact plus chaud qu'attendu que ses doigts glacés agrippèrent.


« Hum ? »


Réaction naturelle pour comprendre l'étrangeté du phénomène, il leva les yeux vers sa main, et en trouva dessous une autre gantée qui avait eu visiblement la même idée que lui. Son regard remonta le long du bras du propriétaire légitime de ce dernier, fit un léger crochet au détour de l'épaule pour se rendre compte qu'il s'agissait en réalité d'
une propriétaire, et atteignit finalement le visage, encadré par les mèches d'une chevelure claire.

« Sympa les gants. »
lâcha-t-il en tout et pour tout à l'attention de sa voisine de table, qu'il n'avait même pas calculé jusqu'à présent.

Il ne jugea pas nécessaire d'en ajouter davantage à sa curieuse entrée en matière, que ce soit dans le registre des '' excusez-moi '', ou autre. A la place, il écarta sans force de la cruche la main de la demoiselle d'un revers de la sienne qui n'avait toujours pas bougé, et entreprit de lui remplir son verre en premier.

La politesse n'était pas encore tout à fait morte dans ce monde en perdition.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyJeu 11 Juin 2015 - 18:33

La vie monacale n'était pas vraiment mon adage, moi qui avait grandi autant dans le luxe qu'entourée de machines. J'étais incapable d'apprécier à sa juste valeur la sérénité qui imprégnait ces lieux édifiés par les dogmes. Les pratiquants marchaient trop lentement, bougeaient trop lentement, parlaient trop lentement. Il n'allait pas au même rythme que le reste du monde. Leur existence semblait comme figée entre ces murs. Je n'aimais pas cela tant et si bien, que je profitai du peu de temps libre que j'avais pour faire la révision de ma moto.

Cette dernière devait rester à l'extérieur du temple. Malgré mon équipement, mes gadgets et armes à feu, je ne sortais que brièvement du lot au milieu de ces hordes de mercenaires et de shinobi issus des quatre coin du continent. Je mangeai à la table entre plusieurs gaillards. L'un d'eux essayai de m'aborder. Ce n'était jamais que le quatrième aujourd'hui. Cependant je n’éprouvai aucune patience avec les énergumènes. Il me fallut le menacer de lui fracasser la mâchoire contre la table pour qu'il daigne enfin me laisser en paix. Parfois il n'était vraiment pas chose aisé que d'être une femme.

Je soupirais, las de tout ce tumulte ambiant. Venant de finir mon repas, je voulus me saisir du pichet d'eau pour me servir un verre avant de m'en aller. Ma main rencontra une autre et mon attention fut tout de suite attirée par l'homme juste en face de moi. Il était plutôt mignon pourtant son visage ne me disait rien. Je remarquai si tôt qu'il portait sur lui le bandeau de Konoha. Il appartenait donc à une faction et n'était pas un de ces gaillards sans fois, ni loi, ni respect que j'avais pus croiser jusqu'à présent. Sa voix était à peine audible à cause du bruit des conversations, mais je crus comprendre qu'il me complimentait sur mes gants.

-Heu... Merci ?!

Je m'entendis à peine parler puis roulai des yeux, consterner par l'état général de la situation. Le tout m'agaçait fortement. Je fus surprise lorsqu'il dégagea mes doigts de la cruche et d'autant plus lorsqu'il entreprit de me servir un verre. Quelque part cela me rassurait de voir que la galanterie n'était pas totalement morte et enterrée. Cette voici je ne pris pas la peine de le remercier, comprenant que toute communication verbale était impossible au vu de la situation. Aussi me contais-je simplement de lui sourire tout en portant le verre à mes lèvres. Quelques minutes plus tard je me levais de table pour enfin quitter la salle. Je me retrouvai dans le jardin intérieur là où l'ambiance était beaucoup plus paisible.

Mes moines circulaient dans les couloirs vêtu de leur robe. Il ne prêtai que peu attention à moi. Je m'adossai contre une colonne de pierre face à cette flore soigneusement travaillée et particulièrement verdoyante. Un fin ruisseau dégageait un son cristallin tout en glissant sur un sentier de galets polis. Je me perdais dans cette contemplation prenant la peine d'examiner chaque détail, pierre, mousse, fleure pour comprendre dans quel but on les avait mit là. C'était bête à dire, mais pour une personne issue du désert tel que moi, ce genre de spectacle méritait que l'on s'y attarde. Je fus tirée de ma rêverie par des bruits de pas dans mon dos. Sans grande surprise il s'agissait de ce Konohajin avenant.

-Je ne pense pas avoir le plaisir de vous connaître. Konoha a-t-il envoyé beaucoup d'autres hommes pour garder le temple?

Entre les moines particulièrement distant et les mercenaires beaucoup trop collant, cela ne faisait pas de mal de rencontrer une personne un tant soit peut normal. Aussi ne me fis-je pas priée pour m'avancer vers lui afin de tendre cette fameuse main ganté pour l'inviter à la serrer.

-Je me nomme Saibogu Oniri. Enchantée de faire contre connaissance monsieur...?

En dehors de ses tatouages qui auraient fait penser à un Suzurane, il semblait presque trop normal ; ne possédant aucun signe distinctif pouvant le lier un clan du village caché de la feuille.


Dernière édition par Saibogu Oniri le Dim 14 Juin 2015 - 17:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyVen 12 Juin 2015 - 23:13

La jeune femme lui offrit un sourire, lui en rendit un qui devait vaguement y ressembler. Et ce fut tout. Lui retrouva sa bulle loin du bruit, elle s'en alla. Il ne se passa qu'une dizaine de minutes avant que Natsuki ne décide de se lever à son tour : son repas était terminé, et il n'avait aucune connaissance avec qui échanger des souvenirs – ni l'envie d'ailleurs – soit aucune raison de rester davantage dans ce brouhaha qui ternissait son humeur à vitesse grand V. Il quitta donc la salle des repas, et s'aventura en direction du jardin intérieur à ciel ouvert, chemin de passage obligé pour rejoindre son dortoir e. En deux virages seulement, l'architecture particulière des bâtiments du temple révéla le génie de sa conception : le bruit ambiant des dialogues animés qu'il avait laissé derrière lui s'était déjà atténué. L’acoustique avait été étudiée afin de garantir un calme relatif dans le temple en général, si bien qu'une fois rendu sous la clarté de la lune, il n'y avait plus que la nature à entendre – et peut-être Maskine pour les plus réceptifs. Pour autant, le Nara tatoué ne se montra intéressé ni par l'un ni par l'autre : ce fut une voix d'un tout autre registre qui s'adressa à ses oreilles.

Tournant alors son regard par-dessus son épaule, il remarqua adossée à la colonne qu'il venait de dépasser la demoiselle d'un peu plus tôt.


« Le courrier des moines faisait demande d'une dizaine de Konohajins expérimentés demandés. »
répondit-il en haussant les épaules sans conviction. « Mais il semblerait que je sois le premier arrivé parmi eux. »

Les pas de la jeune femme répondant au nom d'Oniri dans sa direction l'incitèrent à ne pas reprendre sa marche et se tourner complètement vers elle, ne serait-ce que par politesse.


« Je me nomme Natsuki, du clan Nara. »
se présenta-t-il sobrement à son tour en empoignant la main qui lui était proposée.

Un instant dont il profita pour l'étudier plus en détails d'un rapide coup d’œil, essayant au possible de ne pas se montrer trop intrusif. Il repéra ici et là, en plus de la générosité dont avait fait preuve la Nature à son égard, quelques gadgets de conception typique Saibogu. Le bandeau qu'elle portait à l'épaule quant à lui affichait les couleurs de Suna. Ce fut d'ailleurs le détail qui retint le plus son attention, juste devant sa superbe paire de gants.


« Je vois que vous êtes rattachée à Suna de votre côté. J'avais entendu dire que votre... clan ? - faute d'un meilleur terme – avait prit son indépendance par rapport au Village Caché. Certains ont donc préféré ne pas suivre le mouvement ? »


Ce qui n'était pas très surprenant, en y repensant. Contrairement à d'autres Familles comme les Yamanaka ou Akimichi qui partageaient les mêmes gènes – voire carrément consanguin dans le cas des Hyûga... - , les Saibogu étaient un clan formé autour du même idée, un concept de développement, et non d'un lien de parenté. N'importe qui pouvait entrer dans le cercle, pourvu qu'il sache se débrouiller avec un tournevis pour donner vie à une imagination débordante et une ingéniosité sans limite. De fait, les décisions de celui à la tête du groupe étaient plus facilement contestables, puisque moins soumise à des pressions familiales. Si un des scientifique n'était pas content, aucun devoir moral ou filial ne le retenait vraiment de partir vivre sa vie de créateur ailleurs. Et en général, c'était surtout là où les gens avaient les moyens d'investir dans leur domaine de compétences. En repassant la discussion dans sa tête, Natsuki réalisa d'ailleurs que l'ancien Chef du clan n'avait pas précisé combien étaient partit avec lui. Probablement pas tous, Oniri en était la preuve.


« La séparation n'a-t-elle pas trop porté préjudice à votre travail pour ceux d'entre vous qui ont prit la décision de rester à Suna ? J'espère que non, je trouve intéressant ce que vous parvenez à créer de manière générale. »


Le four micro-onde domestique et le monitorage hospitalier mis à part, il trouvait en effet fascinant la capacité qu'avaient ces inventeurs à créer toujours des moyens plus performants pour semer la mort. Comme si les Hommes n'en avaient pas déjà suffisamment... Mais bon, s'il devait lancer une pierre, il pouvait difficilement viser les Saibogu en premier, car c'était ainsi que tournait le monde : le domaine de la Santé et de l'Armée étaient dans lesquels les investissements étaient les plus intéressants.

Et pas forcément dans l'ordre susmentionné.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyDim 14 Juin 2015 - 18:34

Ce n'était pas la première fois que je rencontrais un Nara. Tout du moins une personne en portant le nom. Mon père avait déjà travaillé avec eux par le passé. Ce n'était guère étonnant étant donné que ces manipulateurs des ombres avaient la réputation d'être plutôt intelligent. La connaissance et la logique était des atouts que nous avions en commun.

-De ce que je sais, les Nara son plutôt malin. Les vôtres n'ont-ils jamais envisagé de s'intéresser à la technologie de mon clan ? Vous seriez un atout indéniable dans l'avancé de nos recherches.

J'avouai être assez curieuse à ce sujet n'étant pas comme la plupart de mes semblables. En effet nombre de Saibogu conservaient jalousement leurs secrets. Moi j'étais là pour les exprimer au grand jour les faire partager au monde, car je savais que ce ne serais que comme cela que le monde pourrait évoluer et devenir meilleur. A ce sujet, le dénommé Natsuki fit référence à la prise d'indépendance de mon clan depuis peu. Je fronçais légèrement les sourcils, me demandant à quelle vitesse circulait l'information ainsi que jusqu'à quel point celle-ci pouvait être déformée.

-Vous faites erreurs, nous n'avons pas pris notre indépendance. Tout du moins pas au sens large du terme. Disons que le clan a été scindé en deux parties. L'une restant à Suna pour Suna, l'autre œuvrant à la capitale de Kaze dans l'optique de mener à bien des projets moins militaire et plus... humanitaire.

Ce n'était un secret pour personne, pas plus pour Suna que pour les autres grandes nations. Je tenais cependant à remettre les choses à leur place de sorte à ce que l'on ne considère pas les Saibogu comme des traîtres ce qui était particulièrement difficile au vu des derniers événements. Jusqu'alors adossée contre ma colonne je m'en écartai tout en lui adressant un sourire.

-Puisque la technologie vous intéresse pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil ? Dis-je tout en l'invitant à me suivre.

Cet homme avait le mérite d'être civilisé, cela changeait de tous ces gaillards écervelés et de ses moines distants qui peuplaient les lieux depuis mon arrivé. Quittant le jardins intérieur nous nous mîmes à arpenter les longs couloirs du temple prenant la direction de la sortie. En cette heure tardive nous ne croisâmes que peu d'âme sur notre route.

-Si ce n'est pas trop indiscret. Pourrais-je connaître la situation actuelle de Konoha ? Pour être honnête j'aimerai savoir ce que les Konohajin pensent de Suna. Une alliance commercial va être prochainement être conclue entre nos nations et il serait bon de s'assurer que les avis convergent dans la même direction.

Ce n'était pas tous les jours que j'avais la possibilité de discuter avec quelqu'un issu de la Feuille, alors autant en profiter pour quérir les informations nécessaires. Je poussai discrètement d'une main la grande porte du temple pour rejoindre l'extérieur. Ici, la nuit était pleine et silencieuse. La senteur boisé et verdoyante de Ta imprégnait cet atmosphère totalement différent à ce lui de Kaze. Le désert était loin... Nous marchâmes jusqu'à arriver sur un terrain escarpé par de nombreux rocher.

-Et voilà !

Fis-je en tendant les bras pour désigner un amas de terre sans intérêt. Il eut peut-être un regard intrigué, voir interrogateur, mais je ne tardais par à lui donner réponse en pianotant sur l'écran digital fixé à mon poignet. Dans la seconde qui suivit ma nouvelle moto Destiny désactiva son système de camouflage afin d'apparaître sous nos yeux. J'eus un petit sourire en coin, espiègle.

-Impressionnant n'est-ce pas ? J'imagine que vous n'avez pas cela à Konoha.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyLun 15 Juin 2015 - 13:29

Natsuki esquissa un sourire en coin : la demoiselle faisait très vite les amalgames une fois que le nom des Nara était tombé sur le tapis. Il n'allait pas lui donner tort.

« Qui pourrait prétendre ne pas s'être intéressé ne serait-ce qu'un minimum un jour à la technologie des Saibogu ? Mais de l'intérêt à l'entreprise, il y a un pas. Et si je devais parler au nom du clan, nous n'avons dans son ensemble pas décidé de le franchir. De réputation comme de faits, l'on nous accorde un génie stratégique et analytique bien plus que créatif. Cela n'empêche pas certains d'entre nous d'aimer la bricole. Après tout, nous sommes des humains, pas des unité que l'on range dans des cases avec des domaines de compétences prédéfinis. »


Du moins, quand l'Homme n'était pas réduit à un chiffre sur l’échiquier des généraux de guerre... La suite, bien toujours caché derrière un demi-sourire, amena le Nara tatoué à plus de réflexion : où en était le clan Saibogu par rapport à ce que Satoshi avait annoncé, et qu'est-ce que leur ancien chef leur avait dit. Concordance hasardeuse ou faits concrets, les deux moitiés de l'histoire collaient ensemble.


« Comme par exemple, une cité-état où se concentreraient toutes les technologies du monde et qui serait équitablement gérée par les différents Kage ? »
demanda-t-il sur un ton qui laissait moins entendre une question qu'une affirmation.

Un humanitaire très ciblé donc, puisque ce projet concernait les Villages Cachés avant les nations dans lesquelles ils se trouvaient. Du moins, c'est ainsi que l'ancien Chef Saibogu le leur avait présenté. Et en tant que membre de ce clan, Oniri ne devait pas être sans l'ignorer. Onpu avait fait filtré l'information jusqu'à présent, afin d'éviter qu'elle ne remonte aux oreilles d'un Daymio, mais était-ce le cas partout ? Le rapport de Maïka qui suivait l'affaire de près le lui apprendra bientôt.

L'invitation d'Oniri lui fit marquer un temps d'hésitation, temps durant lequel il regarda par-dessus son épaule, dans la direction lointaine de son dortoir. L'appel du lit s'était fait fort lorsqu'il était encore à table, mais c'était essentiellement à cause de l'ambiance que son état n'aidait pas beaucoup à supporter. Maintenant qu'il était enveloppé dans le silence de la nuit, tout comme sa fraîcheur, il se sentait plus à son aise et n'avait plus vraiment de raison de refuser. La technologie des Saibogu l'intéressait après tout : c'était l'occasion parfaite pour voir l'écart entre leurs capacités actuelles et ce que Satoshi visait dans son projet. Se tournant alors à nouveau complètement vers la demoiselle, il hocha la tête.

S'en suivit une marche nocturne dans les méandres d'un temple si calme que l'on ne le devinait pas sur le pied de guerre. La nuit était pourtant bien plus propice aux invasions de cette envergure que le jour. Nombreux devaient être les ninjas en faction qui savaient se cacher, une hypothèse qui se justifia bien vite, car il sentit des regards sur lui. Ou plus exactement, sur eux. Néanmoins, n'ayant rien à se reprocher, ils continuèrent leur route tranquillement en discutant.


« Si je devais prendre une température comme ça... »
commença-t-il après avoir prit un instant de réflexion pour formuler sa pensée. « … je dirais que Suna n'est pas le premier Village Caché contre lequel nous viendrions chercher querelle. Dans l'ensemble, Konoha est maintenant en paix avec vous, et c'est une situation qui nous convient. Il reste toujours des traces de rancœurs issu de la dernière guerre, mais j'imagine qu'elles ne disparaîtront jamais vraiment. Beaucoup ont perdu de la famille ou des amis dans les affrontements qui ont jadis opposé nos Villages. Quoi de plus normal que d'en vouloir à l'autre camp ? Mais je pense qu'il faut se montrer capable de passer à autre chose. J'ai tué des Sunajin au nom d'une idéologie tout comme vous l'avez probablement fait avec des Konohajin. Maintenant que l'histoire est terminée, à quoi bon rester dessus ? Mieux vaut aller de l'avant, et bâtir sur la leçon que nous en avons tiré. »

Et un jour, l'Homme en sera capable. Probablement...


« Pour ma part, je me réjouis sincèrement de cette paix et des accords commerciaux que nous allons à nouveau établir. Depuis la guerre, j'en ai pour une fortune de faire importer une marque de céréales qui n'est produite que chez vous, à base de fleur de cactus. Elle va enfin pouvoir revenir dans le rayon des épiceries. »


Et peut-être même qu'il les appréciera à nouveau, si un jour il retrouve son sens du goût.


« Plaisanterie mise à part, je pense que les avis convergent déjà dans la même direction : celle de maintenir la paix. A l'époque, l'on mariait les héritiers du trône de deux nations pour assurer la pérennité du royaume. Maintenant que la mode est passée, ce même rendu est possible grâce à des accords commerciaux. Nous trouvons mutuellement chez l'autre ce dont nous avons besoin pour prospérer, soit d'autant moins de raisons de prendre les armes. C'est ce que nous Konohajin souhaitons. Et j'imagine qu'il en est de même pour vous, non ? »


La grande porte passée, le duo quitta le calme du temple pour la quiétude de la nature, ce qui revenait à peu ou prou la même chose : juste moins de briques empilées, et plus de verdure.


« Puisque nous en sommes aux sujets décomplexés, puis-je vous retourner la question ? »
demanda-t-il avec un ton sérieux qui contrastait ladite question à suivre. « Konoha est-il toujours perçu par ses voisins comme le Village des Bisounours ? »

Trop bon, trop clément, trop laxiste, ouvert à tous etc... Ce n'était pas les exemples qui manquaient. Mais en même temps, à côté de Kiri de la Brume Sanglante, la comparaison était difficile à tenir. N'importe comment, l'Histoire retiendra surtout que ce Village n'existait plus, au contraire de ses Voisins Cachés...

Les directions prises par Oniri les amenèrent jusqu'à un escarpement rocheux, qu'elle désigna avec une grande fierté. Se doutant bien qu'il y avait plus à voir que ce qu'elle désignait, Natsuki décida d'entrer dans le jeu de la jeune femme, et répondit d'un air narquois.


« Vous avez réussit à créer un tas de rochers empilés ? Impressionnant. »


Amusée ou non par sa remarque, Oniri dissipa ce qui se rapprochait le plus d'une illusion à l'aide d'un dispositif à son poignet. L'amas de cailloux sans intérêt se changea alors en...


« Je vois des roues et de la ferraille. »
lâcha finalement d'un ton incertain le Nara tatoué après de longues secondes d'observation pensive. « J'en déduis qu'il s'agit d'un véhicule ? »

Si elle s'attendait à une réaction impressionnée, la déception devait être au rendez-vous. Il lui adressa alors un sourire amusé, et s'expliqua:


« Assurément, nous n'avons rien de tel à Konoha. Et c'est probablement pour cela que la superbe de votre création m'échappe complètement. »


Offrez une caméra à un individu moyen sans lui expliquer ce que c'est, et tout au mieux il s'en servira de presse-papier.

Natsuki leva les épaules, seul signe d'excuse qu'il pouvait présenter, puis se tourna à nouveau vers l'étrange appareil qu'il étudia du regard avec un intérêt polie. Il n'avait jamais eu l'occasion d'observer quelque chose de similaire, autant sur la conception en général de l'objet que sur son fond. Il y voyait des roues et un siège, devina où il était possible de poser ses mains, et sa conclusion rejoignit sa première déduction : il s'agissait à priori d'un véhicule, générant probablement sa propre force motrice. Une seule manière de le savoir cependant. Les mains sur les hanches, il pivota en direction d'Oniri.


« Plutôt que de me noyer dans un jargon de termes que je ne comprendrais très probablement pas, si vous montriez à quoi elle sert ? »
demanda-t-il avec un sourire en désignant d'une main l'invention derrière lui. « Vous avez mon attention, et peut-être bientôt mon intérêt. » acheva-t-il sur un ton qui se voulait complice.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMar 16 Juin 2015 - 9:49

Dans le ciel, une lune fantomatique déversait ses éclats argentés jusque dans les confins de la nuit. Elle éclairait parfois ces sombres nuages qui filaient vers le nord poussés par les vents frais du pays des rizière. C'était une soirée bien sombre. Au seul les murmures du monde venait briser le silence. On se serait cru à tout instant voir un esprit surgir des ombres pour nous bondir dessus. Je n'étais pas du tout habituée à ce genre de spectacle. Dans le désert les nuits étaient toujours pleine d'étoiles et les astres nocturnes parfaitement dégagés. J'avais du mal à croire qu'il m'était possible d'avoir le mal du pays à ce point. Peut-être du à cet isolement dans ce temple, à toutes ces personnes étranges. Le Nara réussi cependant à me sortir de ma rêverie en attirant mon attention.

-Une citée état ? De quoi voulez-vous parler ?

Je lui adressai un regard interloqué, me demandant ce dont il en retournait réellement. Je n'étais nullement au courant de cette histoire. Peut-être s'agissait-il d'une grossière rumeur de plus colportée par des détracteurs, mais tout de même...

Ses impressions quant-à Suna étaient plus que pertinente et réaliste. Cependant il y avait un point sur lequel je n'étais pas vraiment d'accord.

-Je crains que, malheureusement, certaine n'apprennent jamais de leur erreurs... La raison étant, sinon nous ne serions pas ici aujourd'hui.

Il n'y avait qu'à aviser de la tournure que prenait le contexte géopolitique sur notre continent. Des tensions étaient palpables. Nous en étions venu à un point où des moines recrutaient des mercenaires afin de se défendre. Les temps demeuraient sombres, mais nous étions toujours là pour nous battre. Je me confortai dans l'idée que cela symbolisait d'une certaine façon l'espoir, mais la réalité me laissait parfois à penser que nous étions simplement tous fous. Lorsqu'il fit référence à sa marque de céréale je ne pus néanmoins m'empêcher d'étirer un sourire discret.

-Décidément, il en faut parfois si peu. Je marquai un instant de pause, réfléchissant aux mots que je voulais employer à son égard. Dites-moi... Vous me semblez fort lucide et perspicace. Vous arrivez à prendre du recul sur ce qui est important chose qui n'est pas donné à tout le monde. S'il me fallait deviner, je dirais que vous n'êtes pas qu'un simple soldat n'est-ce pas ?

Je n'avais aucun moyen d'en être certaine, cela relevait davantage de l’intuition, mais il ne me semblait pas être le genre de Shinobi que l'on pouvait croiser à tous les coins de rue une fois les portes de Konoha franchie. Ce dernier me demanda alors qu'elle était la vision qu'avait le peuple du désert pour celui de la feuille. Le mot bisounours fut si soudain qu'il réussi à m'arracher un petit rire.

-Ne le prenez pas mal si je vous dis cela, mais que je sache, de réputation, l'humeur de votre Kage n'est point ce qu'il y a de plus redouté. Dis-je amusé.

Il me fallut un petit temps d'arrêt avant de redevenir plus sérieuse.

-En réalité, de ce que je peu constater parmi mes confrères et mes consœurs, les ais sont très mitigés. Il y a ceux ayant perdu des proches durant la guerre qui n'accepterons sans doute jamais notre alliance. Et il y a les autres qui pensent qu'un avenir est envisageable. Personnellement je pense qu'il est toujours possible de pardonner, mais jamais d'oublier.

Je poussai un soupir las tout en me grattant le haut du crâne. La discussion devenait beaucoup trop sérieuse.

-Enfin peut-être que le peuple des Bisounours fera exception à la règle et vaincra ? Plaisantais-je à mon tour.

A ma grande insatisfaction il ne parut guère étonné par la petite prouesse de ma moto ni capable d'aborder la finesse de sa finition à sa juste valeur. Moi qui avait directement utilisée les machines du Kenkyuujo pour l'assembler. Ce n'était peut-être pas le première, elle n'était peut-être pas faite main, mais tout de même, je ressentais une certaine fierté. Mais non, lui restait simplement perplexe devant ce spectacle. Au moins réussi-t-il à comprendre qu'il s'agissait d'un véhicule et non d'une porte ouverte... Suite à quoi il examine l'engin sous toutes les coutures comme s'il était en train d’observer un animal d'une espèce inconnu. C'était assez comique à voir. Les bras croisés je le regardai faire, amusée, puis attendit qu'il se décide à enfin poser cette fameuse question. Si le message n'était pas totalement explicite je devinai qu'il souhaitai faire un tour avec. Et moi qui était toujours déçue par son manque flagrant d'étonnement je comptais me rattraper. J'eus un petit sourire espiègle caché par la pénombre. Le pauvre ne savait absolument pas ce qui l'attendait.

-Soit, vous allez pouvoir constater par vous-même. Dans ce cas je vous demanderai simplement de me faire confiance.

En soit, de la confiance il en fallait. Je ne connaissais rien de cet homme. Il se prétendait de Konoha, il prétendait connaître le village, mais rien ne pouvait vraiment confirmer ses dires. Par nature je n'étais pas suspicieuse, mais plutôt paranoïaque. Ce trait de caractère se présentait comme un défaut particulièrement prononcé dans la vie courante, seulement ce dernier m'avait sauvé plus d'une fois la vie. Hors si ce Nara avait déjà voulu tenter quelque chose contre-moi sans doute l'aurait-il déjà fait depuis un moment, et puis dans le pire des cas je possédais sur-moi l'équipement nécessaire pour lui faire passer un sale quart d'heure. Par ailleurs, s'il était vraiment un Nara, il ne pourrait utiliser ses ombres durant cette nuit.

Ce fut donc confiante que je passai devant, peut-être même avec une certaine désinvolture, pour prendre place sur ma moto. Aussitôt je l'invitai à me rejoindre afin qu'il s’assied derrière moi.

Musique ♫:

-Restez accrochez si vous ne voulez pas tomber.

Ce faisant j'attrapais mes mains pour les poser sur ma taille. Je te tenais pas à ce qu'il finisse comme cet idiot de Kioshi, éjecté au beau milieu de nul part. Après quoi je me penchai vers l'avant, mettant en marche mon véhicule. Le moteur poussa un rugissement des plus délectable, l'idée de cette petite balade me séduisait déjà. La moto partie dans un crissement de pneu. Il m'était impossible d'avancer à vive allure en raison des étroits sentiers qui encadraient les rizières. C'était dommage, j'aurais voulus pouvoir pousser le moteur dans ses derniers retranchement de sorte à donner la peur de sa vie au Nara.

-Êtes-vous sur de ne toujours pas vouloir devenir un Saibogu ?

Plaisantais-je tout en bifurquant brusquement au détour d'un chemin. Les champs des rizières qui s’étendaient encore et encore à perte de vu. Le vent fouettait nos visages. Une fois de plus le monde n'avait plus de limite et en cette heure la lune était mon seul juge. Je prenais un malin plaisir à tourner, déraper au derniers moment simplement pour le sport frôlant parfois d'un peu trop prêt le bord ce qui aurait finit par nous éjecter dans l'eau. Celle-là même qui resplendissait d'éclats sous le claire de lune. Vers l'horizon, qu'il s'agisse du nord, du sud, de l'est et ou de l'ouest, nous pouvions distinguer les silhouettes de ces montagnes, immenses entités naturelles, qui ceinturaient le pays telles les maillons unis d'une chaîne de pierre. Notre allure était vraiment trop modérée à mon goût. J'aurais souhaité allé beaucoup plus vite, mais pour le coup cela aurait été dangereux. Notre course s'arrêta au milieu de nul part. Le moteur cessa de ronronner pour laisser place au grésillement des criquets et coassement des grenouilles perdus dans la flore. Candide, je fis un petit saut pour me retrouver sur le sol. Cette balade avait réussi à me mettre de bonne humeur bien que la fatigue commençait à se profiler dans l'ombre de ma conscience.

-Alors verdict ? Êtes-vous impressionnez Nara-san ?

Je m'étais retournée vers lui, posant mes poings sur mes hanches pour imiter sa précédente posture ainsi que ce même air complice.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyJeu 18 Juin 2015 - 13:21

« Surprenez-moi, et peut-être que je répondrais. » avait-il répondu avec le sourire lorsqu'elle lui avait demandé ce qu'il était.

Alors elle avait cherché à y parvenir. Elle était montée sur son engin, et l'avait invité à faire de-même, juste derrière elle. Nulle part où s'accrocher pour lui, les seuls poignées disponibles étaient d'amour. Elle avait attrapé ses mains, et les avait posé dessus. Le spectacle pouvait commencer.

L'engin poussa un rugissement en démarrant, informant le Nara tatoué que le but de ce dernier n'était assurément pas la discrétion. Oniri risquait de mettre les vigiles du temple sur les nerfs avec cela, mais elle semblait peu s'en soucier. Le véhicule fila dans la nuit. Natsuki se demanda à son tour dans quoi il avait mit les pieds. Ils s'éloignaient à bonne allure du temple, peut-être qu'un traquenard l'attendait au bout du chemin. Mais il leva les yeux vers le ciel, et ne s'inquiéta pas trop. Il faisait nuit, il ne devrait pas avoir trop de problème pour fuir en cas de nécessité. Il n'avait plus qu'à profiter de l'instant.

La route les amena en bordure des rizières, des lignes relativement droites permettant au véhicule de prendre de la vitesse. Et de la vitesse, il en avait à revendre. Au bas mot, Natsuki évalua qu'il devait rouler deux à trois fois plus rapidement que lui-même était capable de courir en sprint. Ajouté à cela que l'homme se fatiguait irrémédiablement, contrairement à la machine, l'engin marquait définitivement des points pour ce qui était du voyage en terrain dégagé.

Le monde se faisait flou autour de eux, tandis que le vent nocturne contre lequel ils s'écrasaient incitait leurs cheveux détachés à danser au gré de la route. Habituellement dissimulées sous bonne tignasse, les cornes naissantes que Natsuki portait malgré lui derrière ses tempes se révélèrent dans le courant d'air. Mais pour une fois, c'était sans importance. Oniri était concentrée sur sa conduite, et lui se tenait derrière elle. Il bascula alors simplement la tête en arrière, les yeux tournées vers les étoiles. Il ne sentait presque plus ses mains gelées sur les hanches de la Saibogu, son esprit se laissant emporter par le monde qui défilait autour d'eux, un monde dont les limites semblaient s'éroder au fur et à mesure qu'ils progressaient. Comme si cette route ne connaîtrait jamais de fin, qu'elle n'était là que pour leur permettre d'aller toujours plus loin. Elle n'existait pas pour une destination, mais pour l'expérience d'un voyage. Il avait déjà connu cette sensation par le passé. Une impression de liberté totale, sans contrainte ni nécessité, des instants volés au temps durant lesquels plus rien n'avait d'importance, plus rien n'avait de conséquence. Des instants où il suffisait d'être là, et de les vivre. Une leçon qu'il avait enseigné à l'un de ses étudiants, le seul duquel il avait réussit à faire quelque chose.

L'air frais de la nuit entrait dans ses poumons, il se sentait bien, il oubliait. Cela faisait une éternité. Et comme à chaque fois, il y avait des conséquences. Quelque chose n'autorisait pas qu'il en soit ainsi. Quelque chose s'en nourrissait, les dévorait, et laissait place à d'autant plus de vide à combler. Au détour d'un virage brusque qui imprima des sillons de pneus dans la terre meuble, la tête de Natsuki fut ramenée vers l'avant, et tomba du front sur l'épaule d'Oniri. La jeune femme lui cria quelque chose contre le vent, une question peut-être, mais il ne l'entendit pas. Les doigts crispés sur ses hanches brûlèrent du désir de briser son corps en deux. La peau tendre de son cou ne sentait plus que comme une invitation à ses crocs pour y plonger et en arracher la chair. Natsuki se redressa, et secoua la tête, s'efforçant de chasser le voile sanglant qui commençait à obscurcir sa vue. Ce n'était pas le moment – cela ne l'était jamais. Il inspira à nouveau, exhortant au calme les pulsions morbides qui se montraient insistantes, filant comme des décharges dans ses veines. Il vivait avec cela au quotidien, il savait se dominer. Il avait apprit. Il y parvenait.

Parfois...

Il eu moins l'occasion d'apprécier la suite du trajet, davantage centré sur lui-même que sur ce qu'il vivait. Oniri avait continué de conduire, et lui relâché la pression de ses mains. Elle allait avoir de sales hématomes sur les hanches les prochains jours. Il avait pu réagir assez tôt, les circonstances étaient propices, il avait retrouvé une sérénité relative. Doucement, la moto perdit en allure, et s'immobilisa dans un dernier ronronnement. Le silence plana quelques instants, puis la nature intégra ce nouvel élément perturbateur à son ensemble. Le chant de la nuit reprit, où se mêlaient les criquets et les batraciens, le vent et les courants, la danse des plantes et de la lune.

Tout comme à la sortie d'un manège, chacun resta d'abord immobile, comme si l'esprit assaillit des sensations vécu avait besoin de quelques instants pour s'encrer à nouveau à la réalité. Oniri fut la première à descendre de son engin, laissant seul dessus un Natsuki encore légèrement déphasé. Il avait complètement perdu le fil, il ne savait plus où ils étaient, ni depuis combien de temps ils étaient partit. L'éclat d'ivoire pâle de la lune était toujours présent, et l'astre n'avait que peu avancé sa course dans le firmament constellé, mais cela ne changeait rien aux faits...


« Hum ? »


La voix d'Oniri acheva de le ramener dans ses chaussures. Il posa ses yeux sur elle, puis se fendit de ce qui devait être un sourire. La demoiselle attendait fièrement campée devant lui, une assurance dans la voix, qu'il lui disent ce qu'elle espérait entendre depuis qu'elle lui avait révélé son véhicule.


« Bien plus que ce que j'oserai l'admettre. »
répondit-il sobrement en passant son annulaire sur la cerne de son œil gauche, comme s'il espérait effacer les années qui étaient gravée dessous. « C'est une fantastique invention que vous avez conçu. Est-ce là le genre de créations que vous autres les Saibogu envisagez de mettre dans vos '' projets moins militaires et plus humanitaires '' évoqués plus tôt ? »

Il descendit à son tour de l'engin, et fit glisser ses doigts le long des courbes de la carrosserie, le temps de réunir un peu d'enthousiasme dans sa voix.


« En tout cas, les pointes de vitesse qu'il peut atteindre sont clairement quelque chose. Je ne connais aucun shinobi qui puisse atteindre une telle vélocité. Quoi que... J'ai peut-être réussit une fois à une pointe équivalente. Mais c'était en chute libre après avoir détruit le Château Volant du Genei Ryôdan de Kumo, donc j'imagine que cela ne compte pas vraiment. »


Une main sur la hanche, l'autre pendant le long de son corps, il soupira.


« Bien, je n'ai qu'une parole. Vous m'aviez demandé si j'étais autre chose qu'un simple soldat. Ma réponse toutefois tient dans une autre question : '' qu'est-ce que je pourrai être d'autre ? ''. Je suis devenu un shinobi au service de mon Village parce que c'est ainsi que j'ai été élevé. C'est ce qui attend la plupart des enfants claniques. Nous avons cela dans le sang, et l'on nous apprend à nous battre sitôt que nous sommes capable de mettre un pied devant l'autre. Lorsque nous atteignons l'âge de raison, et que nous devenons capable de faire nos propres choix, quelle voie nous reste-t-il, sinon celle du ninja déjà bien avancée ? »


Il écarta doucement les bras, et haussa les épaules.


« Ce n'est pas pour autant une vie que je regrette. J'ai grandit avec des idées, des notions, des concepts et des objectifs. Servir mon Village m'a toujours semblé être en accord avec ce que je voulais accomplir. C'est pour cela que j'ai continué. Les politiques et la vie changent en même temps que les dirigeants. Peut-être un jour viendra où je ne serai plus en accord ma nation, qui sait ? Mais pour le moment, je pense l'avenir assuré. En particulier avec le Hokage actuel, Myakudon. Il a l'air d'un imbécile avec un filtre rose devant les yeux, mais il est loin d'être stupide. Il sait ce qu'il fait, et l'a prouvé plus d'une fois. C'est pourquoi ma situation n'a toujours pas évolué. Le temps change bien des choses à sa manière : la perception que l'on a de lui, nos objectifs dans la vie, nos relations avec autrui etc... Mais s'il y a un point qui est resté le même – bien que je l'ai perdu en route – ce sont des rêves de gosse : la raison pour laquelle je prends les armes. »


Servir Konoha non pas pour améliorer sa condition au détriment des autres, mais pour construire un ensemble à tirer vers le haut. Pas tout à fait ce qu'il visait dix ans plus tôt, mais tout évoluait, au moins un peu.

Levant vers elle un regard fatigué, il s'attarda sous le clair de lune sur l’œil balafré de la jeune femme.


« Si vous me permettez la curiosité, qu'est-ce qui vous a incité à devenir une kunoïchi ? Ou plutôt, à le rester. Vous êtes une Saibogu mais ce n'est pas le sang qui vous lie aux autres. Je ne pense donc pas qu'il s'agisse de pressions familiales pour entretenir l'image de marque du clan. »


Question peut-être invasive, mais au final peu importe, elle était libre de ne pas répondre.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptySam 20 Juin 2015 - 13:11

Au moment où mes poings se posèrent sur mes hanches je sentis des picotements de douleurs. Je ne le remarquai que maintenant, mais le Nara s'était visiblement un peu trop cramponné à moi. Sans gêne, je soulevais légèrement les pans de ma tunique pour constater de moi-même le résultat. La nuit était sombre, mais la lune assez claire pour me permettre d'entrevoir des traces profondément marquées dans ma chaire.

-Et bien, il semblerait que vous ne soyez pas aussi vaillant que ce que vous laissez paraître...

Dis-je tout en réajustant ma tenu. Je m'étais cela sur le compte de l'émotion et plus précisément de la peur. Il n'était pas la première personne à perdre ses moyens en montant sur ma moto, mais tout de même. Je ne l'aurai pas cru si craintif. Par chance ou par malheur la douleur n'était pour moi que secondaire et déjà, j'arrivais à en faire abstraction. Sans surprise il me fit comprendre que j'étais parvenue à atteindre mon but, à savoir l'impressionner. Suite à quoi il me demanda s'il mon clan comptait démocratiser ce genre de technologique. J'eus un sourire suspicieux en plissant des yeux.

-Y auriez-vous vous pris goût Nara-san ? Malheureusement la maîtrise de ce genre de technologie n'est encore réservée qu'à ceux qui l'ont fabriqué. Ce ne sera donc pas pour aujourd'hui. A moins que vous ne concédiez à nous rejoindre ?

Je terminai avec cette petite pointe de moquerie, rappelant alors ce que j'avais précédemment énoncé avant que nous ne quittions le temple. Je n'étais évidemment pas sérieuse, même si l'idée n'en demeurait pas moins amusante. Vint ensuite son récit, ou plutôt sa raison d'être en tant que Shinobi. Tout en l'écoutant, je me dirigeais vers le bord du sentier m'essayant sur l’asphalte boueuse pour laisser prendre mes pieds dans le vide, juste au-dessus de l'eau. Tournée vers lui, il avait mon attention. A en juger par ses paroles il se désignait comme quelqu'un de pragmatique ce que je pensais pouvoir confirmer. Fort de ses principes et de sa raison d'être, il défendait les idéaux de sa nation parce qu'ils étaient en accords avec les siens. Assurément, il devait être un bon Shinobi. Je n'avais pas exactement obtenu la réponse attendu mais je pouvais dors et déjà présumer qu'il n'était pas un simple soldat. Peut-être même portait-il comme moi le fardeau d'un haut rang.

-Vous me semblez-être un individu des plus respectables. Être capable de se tourner vers l'avenir tout en conservant un œil avisé sur le passé, voilà qui est à votre honneur. Cette capacité de discernement est chose peu courant dans un monde en perpétuel renouveau. Konoha a certainement de la chance de posséder un élément tel que vous. Seulement...

Je marquai une pause. Le ton de ma voix était toujours aussi calme et mesuré. Mon âme était imprégnée d'une certaine sérénité en cette nuit fantomatique. Était-ce du à la lune ? Au cours des derniers mois je m'étais rendu compte que mon humeur semblait profondément influencée par son cycle de révolution. Cette chose en moi y était-elle pour quelque chose ? Ou s'agissait-il simplement d'un comportement versatile influencé par des années d’incertitudes et de remises en question ? Intérieurement je souriais à moi-même, de cette expression sarcastique et moqueuse comme si je me riais de ce cirque qu'était devenu ma propre existence. Pourtant, au milieu de toute cette cohorte de tourments insondables était ressorti quelque chose de plus profond, de plus sincère. J'aimais à appeler cela la vérité, où cette capacité à comprendre de quoi pouvait être fait le cœur d'autrui.

-Je ne suis pas totalement convaincue. Les mots parlent pour vous, mais ce qui se dégage de votre personne s'exprime différemment. Le ton de votre voix... Vous semblez fatigué. Non pas en raison d'une longue journée de labeur, mais plutôt à cause d'une vie toute entière passée à courir après quelques choses. Auriez-vous besoin de repos ?

Levant les yeux vers-lui je lui adressai un regard interrogateur par-delà les ombres et les éclats argentés de l'impératrice des cieux étoilés. J'avais conscience de me mêler de ce qui ne me regardait pas. Seulement, il avait répondu à ma dernière question avec tant de sens que je le voyais mal rebrousser chemin maintenant. Par ailleurs la question qu'il me retourna fut aussi intrusive que la mienne. Je restai un instant silencieuse. Réfléchissant à quoi répondre. Kibô m'en avait déjà posée une similaire et je n'avais su quoi répondre sur l'instant. Y parviendrais-je à présent ? Je poussai un soupir là tout en me laissant retomber sur le dos. Mes vêtements entrèrent en contact avec le sol humide. Je passai mes bras derrière ma tête, pensive.

-Détrompez-vous. Vous n'êtes pas loin de la vérité. Disons que sur ce plan mon histoire est similaire à la votre tout comme pour beaucoup d'autres. Je suis ici aujourd'hui parce qu'on ne ma jamais laissé voir ailleurs. Prédestinée à suivre la voie de mon père je n'ai eu d'autre choix que de m'y plier. Il faut aussi croire que je suis plutôt douée pour être une Saibogu. Ainsi avec le temps j'ai finis par comprendre pourquoi je me battais. Il y a eu de nombreuses désillusions, ainsi que beaucoup de morts. Mais j'ai finis par réaliser la véritable raison d'exister de ce système. Depuis je redouble d'efforts à la tâche pour apporter à Kaze la paix que son peuple mérite.

Je n'étais pas idéaliste, pas plus que je ne nourrissais d'espoir de paix pour le monde. Mes objectifs s'étendaient seulement à la mesure de ce que je pouvais accomplir et ils s'arrêtaient aux frontières du désert.

-Mais si le monde avait été différent, peut-être me serais-je laissée tenter par une autre vie. En attendant je suis ici parce que je ne me vois pas être ailleurs...

Durant mon monologue, mon regard s'était détaché de lui pour se river vers les étoiles. Alors je risquai de nouveau à tourner mon œil valide dans sa direction. Il se tenait toujours debout, non loin de sa moto et moi allongé par terre. Nous ne nous connaissions que brièvement, mais la scène donnait l'impression que nous étions de vieux amis discutant paisiblement du temps et des années qui s'étaient écoulées. Puis soudainement un fait attira mon attention. Les nuages s'étaient écartés et l’obscurité en fit de même. La lune était juste au-dessus de lui, et sur sa tête je pus apercevoir deux étranges bosses qui dépassaient de sa chevelure argenté. Je fronçais les sourcils.

-Vous avez quelques choses dans les cheveux ?!

A ces mots je posai mon index sur ma tempe pour lui montrer.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMar 23 Juin 2015 - 11:10

Lorsqu'elle leva le bas de sa tunique, Natsuki vit comme elle les marques qu'il avait laissé sur sa peau. Pas de lésion externe à priori, mais des traces qui resteront quelques jours. Ç’aurait pu être tellement pire, mais il n'y a pas de quoi se féliciter. Fort heureusement, Oniri avança la première l'excuse qu'il comptait lui-même fournir : cela ne la rendit que plus crédible. Il se contenta alors de lever les mains à hauteur de tête, position du coupable appréhendé par excellence.

« Je n'ai jamais prétendu être téméraire. »
confia-t-il avec un sourire jaune, simulant sa propre honte devant un fait accomplit.

Elle se moqua à nouveau, et lui chassa son offre d'un geste paresseux de la main, comme l'on chasserait une mouche volant trop près. L'on devenait Saibogu par l'esprit plutôt que la naissance, mais ce n'était pas pour autant que l'aventure le tentait. S'en était peut-être même la raison. Il ne se voyait pas là-dedans. Ses inventions se limitaient à la cuisine, un domaine qu'il n'avait plus touché depuis longtemps. Un intérêt qu'il avait perdu, comme tant d'autres choses.

Elle l'écouta parler un moment, répondre à ses questions, tout en prenant place sur le bord du chemin. Elle écouta ses paroles, analysa ses propos, puis porta une estoc précise en bordure d'une cible que Natsuki n'aimait pas beaucoup voir atteinte. C'était encore vague, elle ne faisait que supposer, tandis que lui remplissait mécaniquement les trous. Mais il n'appréciait pas la direction que prenait la discussion : après les suppositions venaient trop souvent les déductions. Et que la demoiselle soit dans le juste ou non n'entrait pas en ligne de compte, lui n'avait guère envie ne serait-ce que d'effleurer le sujet de sa plus grande honte. Il répondit donc avec un sourire fatigué – nulle besoin de se forcer pour cela – et haussa ses épaules dans un mouvement las.


« Nous courons tous après quelque chose dans notre vie. Un objectif, une idée, un espoir, une rédemption, un pardon... Certains le font juste avec un peu plus d'acharnement que d'autres, et ne s'autorisent pas le repos avant. »


Il avait répondu d'une voix douce, mais une fois de plus, son expression ne correspondait pas. Ses yeux étaient devenu froids, leur éclat de vie soufflé comme une bougie, et indiquaient sans ambigüité possible que le sujet était clos. Si Oniri avait conscience de s'aventurer en terrain privé, il en marquait définitivement la limite à ne pas franchir. Peut-être l'avait-elle comprit, car elle avait saisi son opportunité, et était passée sur un autre sujet : celui de sa propre existence, pourquoi elle en était aujourd'hui à parcourir la voie des shinobis.

Elle lui révéla une histoire proche de la sienne dans ses fondations, une vie guidée dans ses débuts par les attentes et les espérances d'une famille. A sa différence toutefois, elle semblait devoir vivre dans l'ombre d'un père, une information qui fit comprendre à Natsuki qu'il y avait peut-être davantage de liens de sang parmi les Saibogu que ce qu'il s'était imaginé jusqu'à présent. Des géniteurs poussant leur création à vivre comme eux, à faire les mêmes choix initiaux pour accomplir ensuite ce que eux n'ont pas pu réussir ou terminer. Était-ce une bonne chose ? Impossible de juger, mais au moins cela avait réussit à la jeune femme. Elle prétendait avoir pu s'épanouir ainsi, et grandir en traversant les épreuves de la vie qui rendent le monde moins onirique, plus vrai et plus cruel. Il avait vécu pareil, l'histoire de tant de générations avant eux, et probablement de beaucoup d'autres après.

Immobile et silencieux, les bras croisés sur la poitrine, il l'avait écouté en regardant tout comme elle le ciel parsemé de nuages. Le monde était presque aussi vaste, et pourtant l'on y trouvait des êtres partageant les mêmes aspirations : celle de la paix de leur nation. Qu'importe celle des autres au final, si cela assurait leur pérennité. Tant d'autres pensaient probablement pareil, alors pourquoi le monde était-il encore ainsi ? Tout simplement parce que la paix nécessitait bien trop souvent la guerre pour être méritée, et que les shinobis n'étaient pas des êtres destinés à vivre dans la félicité. Le cœur même de leur métier et de leur existence étaient antagonistes à ce concept. Ils voulaient œuvrer à la fin de ce qui faisait leur gagne pain, mais ne faisaient dans les faits que l'entretenir. La raison pour laquelle ils étaient là, et pas ailleurs. Oniri ne pouvait être plus dans le juste avec ses propos. Sans doute n'y aura-t-il jamais d'ailleurs pour eux.

Ses yeux tombèrent vers la jeune femme désormais allongée, et rencontrèrent un regard déjà posé sur lui. Quelque part, il trouvait presque amusant de trouver une philosophie si proche de la sienne chez une shinobi d'un autre Village. Comme quoi, ils se ressemblaient, arborant juste une couleur et un logo différents. De fait, pourquoi était-il donc si difficile pour les nations de s'entendre entre elles ? Simplement parce que c'était dans la nature des Hommes, et qu'Ils ne pouvaient renier ce qu'Ils étaient au fond d'Eux. Le Nara tatoué lui-même avait beau essayer au quotidien, Oniri portait sur ses hanches toute l'étendu de sa réussite...

Avant toute remarque cependant, la lune le prit sans garde, et le couronna de son éclat fantomatique : un détail qu'il n'enregistra que trop tard, lorsqu'il remarqua l'étrange expression soudaine de la jeune femme, qui désigna sa tempe. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche, il s'était raidit, le fin fil qu'il avait sentit se tisser entre eux se brisant net. Les deux joyaux ternes de son fardeau, incrustés dans sa coiffe d'ivoire, se révélèrent sous le jeu de lumière nocturne. Il avait été négligent. La peur n'eut pas le temps s'installer, la colère avait déjà prit la place dans son regard alors qu'il se détourna immédiatement, rabattant ses cheveux mit en bataille par leur escapade.


« Ce n'est rien. »
lâcha-t-il d'une voix froide. « Juste des cicatrices d'échecs. Nous portons tous les stigmates de nos erreurs. »

Bien qu'il ne la regardait pas, l'allusion n'était pas difficile à comprendre : il faisait référence à l’œil de la jeune femme. Chacun avait son histoire, et lui ne souhaitait pas parler de celle-ci. Il avait aussi honte de ce qu'il devenait, en désaccord total avec ce qu'il
souhaitait être, que des pulsions sanglantes qui en résultaient. Un état qu'il voulait cacher au yeux du monde, mais avant tout, qu'il voulait se cacher à lui-même.

Cette soirée était terminée pour lui. Il n'aurait même jamais dû venir, finalement. Il savait qu'Oniri ignorait sur quoi elle avait mit le doigt, et que son comportement à lui était décalé dans la situation, mais il n'était plus le maître absolu de ses émotions depuis longtemps. La colère faisait partie de ce sur quoi il n'exerçait plus de contrôle : certains sujets étaient d'ailleurs particulièrement propice à la déclencher. La jeune femme n'avait peut-être voulu que gratter une curiosité, mais ce fut une plaie non cicatrisée qu'elle déchira.


« Il est tard, rentrons. »


Un ton dénué de vie, une voix enfermée derrière la muraille que Natsuki érigea autour de lui. C'était son fardeau, sa honte. Personne n'avait besoin de savoir, encore moins de le voir vulnérable.

Il n'attendit pas que Oniri se relève pour s'éloigner : faire le retour ensemble ne semblait plus à l'ordre du jour.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMer 24 Juin 2015 - 14:43

Je le sentis se rétracter, prendre de la distance. En un instant une barrière venait de se former entre nous. Le ton de sa voix... Son comportement changea du tout au tout. Et moi j'essayai simplement de comprendre en fronçant mes sourcils, me demandant ce qu'il s'était passé. Que pouvaient-être ces bosses sur le haut de son crâne ? A en juger par son attitude il semblait s'agir d'un lourd fardeau à porter. Je n'avais certainement pas la prétention d'être la plus érudit du monde, mais j'avais à moi suffisamment de connaissance des êtres qui peuplaient cette terre pour tirer de son état de vagues conclusions. Ce n'était nullement des cicatrices.... Et indirectement il faisait référence aux miennes où plus précisément celle qui marquait mon visage sans pour autant le défigurer. De brèves pensées mélancoliques me traversèrent. Des remords, de la honte. Je m'empressai de chasser ces sentiments d'un revers de l'âme avant de me relever.

-Nara-san je...

Consciente d'avoir commise une erreur, je cherchai en quelque sorte à me rattraper. Ou plutôt à le calmer. Cette façon de s'énerver, de se montrer si brusquement froid et distant lorsqu'on touchait untord issu du passé, de vivre avec le poids de tant de regret sur le cœur. Il me rappelait cette personne que j'étais encore il y a peu. Mais qui avait été guéri par l'attention de ceux qui lui sont chers. Seulement je n'étais pas comme Kioshi. Je ne me sentais nullement capable de me montrer proche d'une personne que je connaissais à peine afin de lui venir en aide et ce seulement par pur altruisme.

Il m'avait certainement entendu l'appeler, mais n'avait pas détourné un regard, se contentant de poursuivre sa route d'un pas déterminé. Je me grattai le haut du crâne quelque peu gênée, ne sachant que faire. Avec toute cette tension présente dans le temple, je ne tenais pas vraiment à terminer cette journée sur une note plus négative. Alors je le rattrapais au pas de course pour venir poser une main bienveillante sur son épaule ce qui l'obligea à me faire face. J'esquissai un sourire à peine perceptible au milieu de la noirceur des ombres nocturnes.

-Ce n'est rien ! Oublions-cela, je ne vous interrogerais plus à ce sujet.

Le ton de ma voix était sans chaleur, presque neutre car je m'efforçai de à cacher ma nervosité. Je n'étais pas faite pour remonter le moral des autres et encore moins pour les aider. Sans doute parce que au fond je n'étais pas capable de m'aider moi-même. Hors je savais que pousser davantage dans cette conversation ne ferait que renforcer cette carapace qu'il s'était forgé. Je ne le reverrai sans doute jamais après cette mission, alors autant éviter que cette conversation se termine mal.

-Si vous le voulez bien, nous pourrions reprendre mon véhicule pour rentrer. Cette fois-ci je n'irai pas trop vite.

En réalité je ne lui laissai pas vraiment le choix, car, sans me rendre compte que l'avais attrapé par le poignet pour l'attirer jusqu'à ma moto. C'était probablement parce que j'éprouvai une grande empathie à son égard car il m'était aisé de me mettre à sa aplace. Se retrouver dans une autre personne n'était pas chose commune. Au fond peut-être était-je toujours aussi égoïste. Vouloir aider un autre pour finalement s'aider soit-même. En y pensant, je trouvais cela à la fois parfaitement logique et ridicule.

Hors, sans plus attendre et sans lui laisser l'occasion de protester, nous repartîmes, empruntant le trajet retour entre les rizières, mais cette fois-ci à une allure beaucoup plus modéré. Le vent soufflait sur nos visage. Si je tournai la tête pour le regarder, je savais que je le surprendrai certainement à vouloir cacher ces choses présentes sur ses tempes. La curiosité était un de mes nombreux défauts et je devais admettre que ce Nara était parvenu à la piquer à vif. J'en étais venu à la conclusion saugrenu qu'il s'agissait de cornes. J'émis alors l'hypothèse qu'il puis être lié de près où de loin au clan des Gekei. Toujours fut-il qu'elles que ces « marques » n'étaient autres que le fruit de sa honte.

Après plus d'une demi-heure de route nous retrouvâmes finalement devant l'entrée du temple. Je me garai près d'un rocher et activait de nouveau le système de camouflage de mon véhicule pour le rendre invisible. Ce fut ensuite dans un silence assez gênant que nous passâmes la grande porte. A cette heure si il n'y avait plus que des mercenaires montants la garde. Nous fûmes rapidement interpellé par l'un deux avant d'être finalement autorisé à rejoindre les dortoirs. En empruntant les longs couloir nous nous retrouvâmes quasiment dans le noir complet.

Seule de rare torches venaient de tant à autre projeter les éclats vacillants de leur flammes pour éclairer notre voie. Et instinctivement, sans que je ne suis décider de quoique ce soit, mon œil droit s’adapta, fendant son iris à la vertical pour m'accorder une vision nocturne. Ironiquement, ce fut à mon tour de me montrer distante. Je détournai volontairement la tête sur le côté afin qu'il ne put m'apercevoir. Lorsque nous repassâmes dans le jardin intérieur, je manquai de m'éloigner comme une voleuse, dans l'optique de prendre place contre ma colonne, mais me retint. Dos à lui, je m'étais figée, cherchant le mot de la fin à donner suite à cette soirée bien étrange.

-J'ignore qui vous êtes vraiment et je m'excuse pour ce qui s'est passé. Seulement, si vous pouviez me permettre de vous donner un conseil, j'aimerai vous dire ce ceci...

Ce n'était pas vraiment facile à dire. Car ces mots étaient en totale contradiction avec ma vision des choses. Moi, cette éternel reclus des sentiments qui ne les partageait jamais avec personne.

-J'étais comme vous autre fois. Sans doute le suis-je encore un peu à vrai dire. C'est pour cette raison que je peux comprendre ce qui vous pousse à agir ainsi. Mais ce n'est pas la solution. A trop vouloir porter ce fardeau sur vos épaules et ce sans prendre le moindre répit vous finirez pas de ne plus avancer.

Je me risquai à me retourner pour lui adresser un regard insistant, de cet œil d'or unique, vestige de mon existence.

-Et ce qui n'avance pas finit irrémédiablement par reculer...

Tel était ce que l'on appelait la déchéance. Le silence retomba, je marquai volontairement une pause pour souligner ces mots avant de reprendre d'une voix calme.

-Vous semblez plutôt fort et intelligent. Seulement nul n'est en mesure d'affronter ses propres démons seul. Mais si vous en conservez la volonté, alors trouvez quelqu'un, que ce soit à Konoha ou ailleurs, qui vous soit cher et confié lui une part de votre fardeau.

Je le savais suffisamment malin pour lire entre les lignes. J'ignorai cependant s'il m'écouterai, ni même s'il suivrait mon conseil. S'il était aussi têtu que moi il ne s'y plierai pas même en admettant que j'avais raison. Après cela je poussai un léger soupir de fatigue et repris ma route, en lui tournant le dos, laissant ondoyer ma longue chevelure immaculée dans mon dos. A la vue de l'heure tardive je compris que mon tour de garde allait bientôt commencer. Cette nuit risquait d'être très brève.

-Je vous souhaite un bon repos Nara-san en espérant que la nuit puisse vous porter conseil.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptySam 27 Juin 2015 - 0:11

Il avait espéré ne pas en entendre, mais la terre meuble se tassa sous des pas : ils approchèrent rapidement. Une main se posa sur son épaule, et bien que douce, lui se retourna avec force, une rotation du bassin pour la dégager. Natsuki se retrouva face à la jeune femme, ne pouvant la toiser qu'avec des yeux où brûlaient une colère à peine contenue. Prit sous la pression de l'instant, sa peau réagit instinctivement sous sa manche lorsqu'Oniri lui attrapa le poignet : elle créa devant l'affront une épaisse couche vaguement semblable à des écailles sombres qui recouvrit son avant-bras. Le vêtement ondula, le regard courroucée du Nara se porta sur les doigts qui le retenaient. D'un geste brusque, il tenta de se libérer de la poigne avant que la situation ne s'aggrave, mais la Saibogu tint bon. Elle l'entraina obstinément vers son véhicule. Il abdiqua.

Le trajet du retour ne fut pas moins lourd pour autant. Un silence de plomb pesait entre eux, que seul l'engin à deux roues se faisait un plaisir de combler avec les rugissements de son moteur. Natsuki avait changé ses appuies pour se maintenir à bord, préférant le froid métal de la carrosserie au corps d'Oniri. Le voyage ne l'amusa pas, contrairement à l'aller. Il lui sembla même que la jeune femme avait diminué l'allure. Comme s'il y avait encore la moindre chance qu'en étirant les minutes du retour, l'un ou l'autre tente de franchir la muraille du Nara. Et pourtant, à la surprise générale probablement, Natsuki ouvrit une brèche entre ses lèvres, et s'exprima:


« Accélérez. »


L'agacement dans sa voix était perceptible, malgré le vent qui tentait de couvrir ses paroles, tout comme son regard sur la nuque d'Oniri. Quel comportement stupide il avait. Mais comme à chaque fois, il ne parvenait à le réaliser que plus tard, quand le poids de sa malédiction cessait de tronquer son raisonnement habituellement si détaché. Enfin, quand il le tronquait
moins.

Le climat de tension ne s’apaisa pas en arrivant au Temple de Maskine. Ils entrèrent dans un silence religieux, et se firent bien évidement contrôler par un shinobi en faction – d'autres attendaient sûrement dans les ombres. Il portait un bandeau aux couleurs de la Feuille, et remarquant qu'il en était de même pour Natsuki, jugea bon de se permettre de conclure la vérification de son confrère avec un air entendu.


« Dommage pour l'escapade nocturne. Vous avez raté votre coup à en juger votre tê... »


Sans préavis, un crochet brutal surgissant du néant le coupa dans sa phrase. Entrainé et réactif, le ninja leva son bras en parade, mais avec autant d'efficacité que s'il avait tenté d'arrêter un train en pleine lancée. Le poing du Nara s'écrasa contre sa mâchoire avec une violence rare, et l'impact jeta sa victime au sol après une rotation complète sur elle-même.


« Celui-ci je ne l'ai pas raté. »
lâcha-t-il d'une voix qui fit chuter la température de plusieurs degrés.

Un ton détaché, mais dont l'apparent calme olympien ne mettait que en lumière le volcan qui attendait derrière la moindre opportunité d'entrer en éruption. Le visage du Nara ne portait aucune menace, il offrait seulement de cruelles certitudes à la lueur dansante des torches. Le shinobi au sol n'osa le défier du regard qu'un instant avant de se détourner : les yeux qui le toisaient interdisaient toute réplique.

Natsuki s'éloigna à son tour, empruntant le même chemin qu'Oniri pour rejoindre son dortoir. Elle était juste là, à quelques mètres devant, s'enfonçant avec la même aisance que lui dans les ombres du temple que l'astre lunaire ne pouvait bercer de sa lumière. Puis elle s'arrêta à la croisée des chemins, là où les routes se séparaient pour eux. Nul besoin de se retourner, elle le retint de quelques mots. Des paroles inspirées, mais qu'il avait déjà entendu, que ce soit d'Iji ou de sa propre bouche. Et il en était pourtant quand même là. Pas nécessité d'être une futée, elle avait bien comprit qu'il y avait problème. Mais comme à chaque fois que quelqu'un tentait d'aider sans avoir toutes les cartes en main, elle tombait à côté. Pour cela que lui ne soumettait plus rien.


« Qui vous dit que je suis seul ? »
rétorqua-t-il avec humeur.

Elle lui souhaita bonne nuit, mais il s'était déjà détourné. La nuit ne lui était jamais propice au repos, en témoignaient les cernes marquées sous ses yeux, entretenu depuis des années. Ce n'était qu'un théâtre de cauchemars et de visions d'horreur dont le sens lui échappait, des attaques perpétuelles sur un esprit qui faiblissait, ne trouvant le repos à force de lutte. Le réveil au cœur palpitant et dans des draps trempés de sueurs froides, une partie intégrante du quotidien. Les échecs comme cette nuit aussi.

La venu du matin n'avait pas changé grand chose. La tension de l'incident de la veille, celui où il avait négligemment baissé sa garde, était passée, mais elle avait cédé sa place une fois de plus à la honte qui résultait de son comportement. Non pas pour les paroles qu'il avait prononcé, mais pour son incapacité flagrante à se contrôler, les écarts entre ce qu'il voulait être et ce qu'il devenait. Faire le vide, lui avait dit son médecin non conventionné. Se concentrer sur les progrès, aussi maigres soient-ils, et non sur les défaites.

Il croisa Oniri dans l'après-midi, alors qu'il gagnait son lieu de garde aux portes du Temple du Patriarche. Sans doute la jeune femme terminait-elle son propre poste. Il n’eut aucun regard pour elle, passant à côté comme si elle ne s'était jamais trouvée ici, comme si hier n'avait jamais existé. Il se protégeait, il ne connaissait que cela. Quelle autre réaction possible de toute façon, lorsque l'on ripostait à des coups qui n'ont en réalité jamais été portés ? Nier, enterrer, accumuler, oublier. Le fardeau serait devenu depuis longtemps trop lourd autrement.

S'il la revit de la journée, ou même du lendemain, il ne s'en rendit pas compte. Il était retourné s'enfermer dans sa prison, un monde où les autres autres n'avaient pas leur place – où lui-même aurait souhaité ne pas être. Un lieu qu'il n'avait plus cloisonné ainsi depuis longtemps, depuis aussi longtemps qu'il ne s'était pas fait surprendre à laisser entrevoir les stigmates de ses métamorphoses fortuites. Plus que leur apparence, c'était leur symbole dans il souffrait le plus. Le monde ne se découpait plus qu'en deux : les visages sans forme qu'il devait se retenir d'arracher, et les autres.

La salle de repas était bruyante, comme chaque soir. La promiscuité des lieux rendait l'air vibrante aux oreilles, et lui était particulièrement désagréable. En conséquence, finir son assiette et partir se coucher dans le dortoir commun des hommes figuraient en tête de liste de des priorités de Natsuki. A plus forte raison que son état l'empêchait de profiter d'une quelconque manière les mêmes plats simples qui étaient servit depuis deux jours. Un air de déjà lu, non ? La suite n'avait donc rien pour surprendre. Il tendit une main vers une cruche d'eau, et trouva des doigts à la place de la anse.

Oniri était là, au bout de ce bras qu'il avait saisit par mégarde. Depuis quand, il n'aurait su le dire. Depuis le début, probablement. Sa main s'abaissa cette fois-ci, mais pas ses yeux. Il s'efforça de sourire. Enterrer, oublier. Inutile de rester dans le passé. Faire comme s'il n'avait jamais exister. Nier ce que l'on n'a pas souhaité voir arriver, avancer avec le lendemain comme nouveau départ.


« Une sortie ce soir vous intéresserait ? Il y a un endroit que j'aimerai vous montrer. »


Proposition curieuse, tout comme l'était cette étrange manière de reprendre contact après leur dernier échange. Mais il fallait bien commencer par quelque chose, même si ce n'était pas des excuses. Ses lèvres formulèrent les mots, mais le brouhaha en absorba sûrement une partie. Qu'est-ce qu'Oniri avait pu lire dessus ? Lui en voulait-elle ? Il sera vite fixé. Il termina son verre, afficha un dernier sourire d'un vide infini, puis quitta la salle des repas. L'air frais de la nuit l'enveloppa une fois arrivé dans les jardins intérieurs, mais il était agréable. Peut-être plus que la suite, cela restait à déterminer.

Alors il attendit, n'ayant rien de mieux à faire.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyDim 28 Juin 2015 - 22:17

Personne ne me le disait. Cela se voyait dans son regard, sa façon d'agir, de se replier sur lui-même. Il était seul. Peut-être pas au sens large du terme. Peut-être était-il entouré à Konoha, mais personne ne semblait à même d'appréhender ce mal qui le rongeait. Au fond, je ne savais rien, je ne faisais que deviner. Hors, la discussion s'arrêtait-là. Je ne prenais pas la peine de répondre. Insister n'aurait fait qu'élargir cette plaie visiblement douloureuse. Je ne tenais aucunement à aggraver la situation. Aussi le laissais-je cette fois-ci partir tandis que je m'éloignais dans la direction opposée pour rejoindre les ombres qui veillaient sur le temple. Mon tour de garde venait de commencer. Les heures défilèrent. Rien ne se passait. Parfois j'y repensai avant de m'efforcer à passer à autre chose. Il n'était pas question de ce Nara, mais davantage de moi-même. Parce qu'il était en proie à l'affliction il me rappelait mes propres tourments passés. Sauf que j'avais appris à les combattre contrairement à lui qui ployait encore sous leur joug.

Déambulant sur le toit du temple, j'inspectai ses moindres recoin afin de m'assurer qu'aucun intrus ne s'y trouvait. Le vent était là, toujours aussi glacial. La lune veillait sur le monde au milieu de ces nuages sombres poussés vers le lointain. Les heures défilaient. Il m'était parfois possible d’apercevoir entre deux cumulus les scintillement discrets de quelques étoiles. Puis vint finalement l'aube, chaleureuse et resplendissante. Je restai un instant à l'observer sereinement. Qu'importe où qu'on soit sur terre, le soleil se levait toujours de la même manière. J’aperçus alors en contre-bas un groupe de Shinobi prendre la relève. Après les avoir salué je rejoignis sans plus attendre les dortoirs. La mâtiné qui suivit fut entièrement consacrée au repos.

L'après-midi, et totalement par hasard, j'en vins à croiser la route du Nara dans les couloirs. Ne sachant pas comment réagir je lui adressai un simple regard auquel il ne répondit pas, se contentant de passer son chemin comme si je n'existai pas. Je poussai alors un imperceptible soupir, comprenant que tout se terminait là. Sans doute n'étais-je pas faite pour aider les autres. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. J'aurais souhaitai faire quelque chose pour lui. Quand j'avais été au plus mal, quelqu'un avait été là pour moi. Aujourd'hui je venais de rencontrer une personne dans le même cas. Passer mon chemin sans demander mon reste aurait été une insulte envers mes propres convictions. Mais que pouvais-je faire moi qui savais qu'il n'aspirait certainement qu'à la solitude et sans doute même à ne plus jamais m'adresser la parole ?

Ma décision fut finalement assez égoïste car je décidai de ne rien faire. D'attendre simplement que l'occasion se présente ou non. En tant que Kunoichi je ne pouvais malheureusement pas me permettre d'aider toutes les personnes dans le besoin, encore moins celle qui ne réclamait aucune aide. Le jour suivant j'étais déjà passée à autre chose, ne pensant plus qu'à quitter ce temples et ces maudits moines et mercenaires pour retrouver la tranquillité de Kaze. Je n'étais indubitablement pas faite pour rester enfermée entre quatre murs.

L'ambiance dans la salle des repas battait une fois de plus à son plein. L'attention rivée sur mon assiette j’essayai de faire abstraction des deux gaillards à mes côtés qui ne cessaient de m'assassiner de propositions outrageuses depuis mon arrivée. Si je m'étais écoutée chacun d'eux aurait malencontreusement finit avec la tête enfoncée dans un élément du décor. Seulement je ne voulais pas faire de scène. Je m'empressai donc de finir mon repas avant de faire un massacre. Et comme guidée par le destin ma main, qui devait attraper un pichet d'eau, se heurta à une présence familière. Je levai les yeux avec cet étrange impression de déjà vu. Il se trouvait en face de moi, mais n'était pas là quelques minutes plus tôt. Je lui adressai un sourire gêné avant d'écarter sa main d'un geste fugace pour mieux remplir son verre. Ce n'était qu'un juste retour des choses.

L'homme assis à ma gauche vit la scène et se pencha à côté de moi pour me murmurer quelques propos assez peu élégant me concernant moi et le Nara. Cette fois-ci ma patience atteignit ses limites, et d'un geste vif, sans bouger de ma place, je redressai mon poing pour le laisser s'écraser dans le nez du concerné qui bascula brutalement en arrière. Une grande partie des regards de la salle convergèrent dans ma direction. Il y eut un fou rire général à l'encontre du blessé. Le pauvre venait de se prendre une raclée par une « femme ». Je roulais des yeux consternée puis repris place sur mon siège. Dans le même temps j'entendis l'énigmatique Konohajin m'adresser la parole, me demandant si j'étais intéressée par une nouvelle sortie nocturne. Mon regard insista dans le sien quelques instants.

Hésitante, je fini par confirmer d'un hochement de tête. Le repas terminé et le gaillard expédié à l'infirmerie, je me dirigeais naturellement vers le jardin intérieur, là où j'étais certaine de retrouver celui qui m'y attendait. Tout était si calme. Sa silhouette droite laissé traînée derrière elle une ombre jetée par l'éclat argenté du clair de lune.J'avançai lentement jusqu'à me placer à ses côtés de sorte à faire face aux plantations. Le ruisseau du jardin laisser profiler sa mélodie cristalline autour de nous. Les bras le long du corps, j'attendis un instant avant de briser le silence.

-Où allons-nous ?

De simples mots, prononcés d'un ton neutre. Je tournais la tête vers lui, l'avisant longuement, jusqu'à ce qu'il daigne en faire de même. Alors je lui adressai un nouveau sourire beaucoup plus franc cette fois afin de briser la glace. J'ignorai ce qu'il pensait, mais au moins avait-il dès lors la confirmation que je n'étais pas de nature rancunière ou tout du moins pas pour ce genre de chose.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyLun 29 Juin 2015 - 14:41

Les yeux dans le vague, Natsuki observait la lune depuis les jardins. L'astre ne semblait jamais perdre de son éclat ici, bien que sa révolution touchait à son dernier quart. Et toujours si peu de nuages. Les conditions étaient idéales, pourvu que le temps se maintienne. Plusieurs personnes passèrent à proximité, que ce soit des moines ou des shinobis, mais une seule s'arrêta près de lui, non loin du ruisseau qui assurait l'irrigation intérieure. Celle qu'il attendait.

Au début, il hésita sur par quoi il devait commencer, aussi ce fut Oniri qui le tira de sa réflexion par une simple question. Trois mots qui, suivit d'un sourire comme lui ne pouvait plus les faire depuis longtemps, lui montrèrent que la jeune femme ne lui gardait pas rancune pour son comportement passé. Une bonne chose, au vu de comment elle avait rossé son voisin de table moins d'une demi-heure plus tôt. Sinon, il aurait mieux valu en rester là, fin pour laquelle il n'aurait pas pu lui jeter la pierre.


« Je pourrais vous le dire... »
répondit-il avec un sourire qui se voulait joueur. « … mais ce serait gâcher le plaisir de la surprise. »

Prenant le dédale de passages qui menait vers la sortie du temple, il l'invita à le suivre.


« Cela dit, si vous aimez chevaucher votre véhicule pour le simple plaisir d'avaler de la route, je pense que cela devrait vous plaire. »


Il n'entra pas davantage dans les détails, pas tant qu'ils n'avaient pas atteint l'extérieur, et encore. Même une fois éloignés, à proximité de là où était dissimulée l'engin d'Oniri sous son camouflage, il resta très évasif. Il observa quelques instants le ciel, comme pour repousser le moment où il allait prendre sa décision, puis soupira, sans résolution finale. C'est avec un sourire sans assurance qu'il s'approcha de la jeune femme, et sans réellement savoir encore ce qu'il comptait faire qu'il s'arrêta devant elle. Peut-être même trop près.


« Je ne peux pas présenter des excuses pour ce que j'ai dit et fait avant-hier. »
commença-t-il en posant ses mains sur les épaules de la Saibogu. « Néanmoins, vous ne méritiez pas ma réaction, aussi il y a quelque chose que je voulais vous montrer, au moins pour aider à passer l'éponge là-dessus. »

Il hésita, sachant très bien comment tout risquait de se terminer, mais seulement un instant. La situation était trop tendancieuse, s'il trainait, il risquait d'y avoir méprise sur ses intentions. Il la fit alors pivoter d'un demi-tour, et se planqua contre dos, ses bras la ceinturant sans force aux hanches.


« Je vous demande simplement de me faire confiance, tout comme je l'ai fait avec vous il y a deux jours. »
murmura-t-il à son oreille.

Vous feriez confiance vous, à un individu que vous connaissez à peine dans un endroit sombre, et se colle à vous de la sorte ? La suite ne joua pas en la faveur d'un '' oui ''.

Tissées à partir de la nuit elle-même, les ombres s'effilochèrent, et les pouvoirs claniques du Nara tatoué se mirent à l’œuvre. Des bandes larges comme des mains mais sans la moindre épaisseur ondulèrent entre les deux shinobis, et commencèrent à sangler le corps d'Oniri jusqu'à former un étrange harnais qui les maintenaient bien attachés ensemble par les jambes et le buste. En d'autres termes, à part avec ses bras gardés libres, la demoiselle avait de quoi se sentir soudainement prisonnière. Natsuki, quant à lui, sembla retrouver un brin d'amusement dans la voix.


« Je ne vous dirai pas de bien vous accrocher, car il n'y a rien à tenir. Mais à priori, il ne devrait y avoir rien à craindre non plus. Seulement si cela ne va pas, faites-le moi savoir. »


Facile à dire quand l'on ne savait pas à quoi s'attendre, aussi il décida qu'il avait assez joué avec la patience d'Oniri. Le but était de créer la surprise, pas un climat de tension : il y avait dans la situation actuelle déjà suffisamment de quoi se sentir menacé.

Sans davantage de préambule, il concentra son énergie sous ses pieds, tout comme il l'avait apprit puis enseigné au fil des années, et aussitôt le sol commença à s'éloigner d'eux. D'abord lentement, le temps que Natsuki ajuste le débit à sa charge, puis sa prise d'altitude s'accentua, jusqu'à ce qu'il stabilise son vol vertical à une centaine de mètre de la terre qu'ils foulaient quelques instants plus tôt seulement. Le monde tout entier se tenait sous eux, réduit à une échelle plus infime, tandis que le ciel étoilés leur ouvrait les bras. Immobile, le Nara tatoué laissa d'abord à Oniri le temps de réaliser où elle se trouvait.


« Vous trouviez que vous déplacer les cheveux au vent avec votre véhicule était la quintessence de la liberté ? Alors attendez de goûter à cela avant de rendre votre jugement définitif. »


Il n'avait fait que murmurer, car dans le silence nocturne il n'y avait rien, aucun son parasite ou distraction pour interférer avec sa voix. Le moindre souffle résonnait avec une clareté surnaturelle aux oreilles de tous. Mais cela n'allait bien sûr pas durer. Natsuki ne comptait pas s'arrêter ici, pas alors que des courants aériens les attendaient bien plus haut. S'il voulait rivaliser avec l'invention d'Oniri, il allait devoir sortir le grand jeu à la concernée. Ou attendre qu'elle abdique, au choix. Elle avait beau n'être retenu que par le harnais des ombres du Nara tatoué, la prise des sangles était suffisante pour assurer sa sécurité. Restait à l'en convaincre pour qu'une éventuelle appréhension ne prenne pas la place du plaisir dans les émotions de l'instant. Et quoi de mieux pour cela que d'éprouver sa technique face au danger ? Une brusque décharge de chakra sous la plante de ses pieds les amena plus haut, toujours plus près de l'infini constellé.

A bord de son véhicule, Oniri lui avait rappelé quelque chose qu'il avait oublié : qu'une technique ne se limitait pas seulement à son usage strict. Il le savait pourtant, ou plutôt, il l'avait su. L'engin motorisé de la jeune femme servait à se déplacer rapidement d'un point A à un point B, certes, mais qu'est-ce qui interdisait de vouloir parcourir les routes uniquement pour le plaisir des frissons d'excitation que l'on ressent ? Voler était pareil. Cela procurait un avantage tactique et de terrain considérable en combat, mais cela était-il le seul usage possible de cette capacité ? Traverser les cieux, libéré de toute contrainte, sans but ni destination pouvait aussi être une fin en soi. L'escapade passée lui avait fait remonter ces sensations, qui bien que dévorées par sa malédiction, étaient revenues. Il voulait vivre cela à nouveau, aspirer à une vie '' normale ''. Mais avant, il y avait de la route, et entre-temps, faire connaître ce sentiment de liberté totale à la Saibogu était un bon point de passage.

Il bifurqua soudainement, cessant son ascension verticale au profit d'un vol beaucoup plus libre. Le sol était si loin d'eux, le temple et les habitations résumés à de simples lueurs dans la brume des cieux. Et une fois encore, le monde les avait débarrassé de toutes ses limites. Il n'y avait plus rien pour les retenir, sinon le bon vouloir de Natsuki qui s'amusait à tournoyer sur lui-même, amenant à sa suite Oniri dans les mêmes manœuvres qu'il effectuait. Le haut et le bas n’existaient plus, seulement le ciel et son immensité dans laquelle se déplacer au gré de ses désirs. Nulle part où aller, nulle envie où se rendre, uniquement voler et glisser sur les airs. Sentir le frottement du vent sur ses doigts, la vitesse sur son visage, et la fraîcheur de l'altitude dans ses poumons.

Les acrobaties s'enchainèrent sans sens ni logique apparente, comblant seulement des vides entre deux pointes de vitesse soudaines ou des instants de flottement apaisant. Puis finalement, Natsuki décida de s'arrêter en plein ciel, et stabilisa leur position.


« Cela va, vous tenez le coup ? »
s'enquit-il en baissant les yeux vers le sommet de la tête d'Oniri.

Leur position l'empêchait d'en voir davantage, mais toujours pas de l'entendre. Il glissa alors ses bras sous les épaules d'Oniri, et présenta devant elle ses mains pouces dressés, comme s'il s'agissait des manches d'un guidon.


« Vous voulez essayer de conduire un peu ? »
proposa-t-il sur un ton complice.

Elle ne pouvait peut-être pas voler, mais ainsi, elle éprouverait une sensation de contrôle similaire. Après tout, la manipulation ne devait pas être si différente de son véhicule : elle donnait la direction, et lui la suivra.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyDim 5 Juil 2015 - 18:09

Après plusieurs longues minutes de marches nous nous arrêtâmes au milieu de nul part. Les agissements comme les paroles de ce Nara étaient bien mystérieux. Par moment j'avais l'impression d'avoir devant moi un enfant préparant une amusante farce pour laquelle il jubilait d'avance. Il fit de nouveau référence à ma moto, mais là encore j'eus du mal à comprendre où est-ce qu'il souhaitait en venir. Puis, finalement il s'approcha de moi, sans doute un peu trop près même. Ses mains se posèrent sur son épaule me forçant ainsi à croiser son regard que je soutenais avec interrogation. Ses paroles furent une fois de plus assez énigmatique, sauf que cette fois-ci la situation semblait un rien tendancieuse. Il était beaucoup trop proche. Je crus durant un instant qu'il allait m'embrasser ce qui ne fut évidemment pas le cas. Pis encore, il me retourna dos à lui pour me ceinturer la taille avec ses bras. Selon ses dires je devais lui faire confiance comme il l'avait fait pour-moi. Je n'étais plus certaine de savoir de quel type de confiance il parlait.

-Heu... Nara-san ?

Balbutiais-je, gênée, voir un rien agacée. Je ne me sentais pas vraiment à mon avantage en pareille circonstances. Hors l'appréhension céda la place au doute puis à la crainte lorsque je vis les ombres s'agiter autour de moi tel les pourtours cauchemardesques de songes refoulés. Elles étaient à peine perceptible au milieu de l'obscurité, mais je pouvais les sentir s'agiter autour de moi et déposer leur bras insipide et intangible sur ma personne. Mes sens s'éveillèrent devant la menace. Mon œil changea à nouveau. Je me tenais prête tandis que mes doigts se resserrait sur un certain objet à ma taille. Pourtant, je ne fis rien, pas encore. Pourquoi ? Je l'ignorai. Je ne comprenais pas. Tout était si confus. Je n'aimais pas ne rien contrôler. Pourtant, je voulais lui faire confiance, essayer d'y croire, ne serait-ce qu'une dernière fois pour lui laisser sa chance. Au moins jusqu'au dernier moment auquel cas une balle finirait logée dans son crâne.

On m'avait tant trahis par le passé. Cela m'avait rendu plus forte, mais aussi plus fragile tant et si bien qu'il m'était désormais impossible d'accorder ma confiance, d'autant plus à un individu que je connaissais à peine. Et ces silhouettes menaçantes qui dansaient autour de nous semblaient me donner raison, même si j'aurai préféré avoir tort. Puis ses paroles m'interpellèrent à nouveau. Il parlait de cette voix amusée dénuée de vice comme d'hostilité. Je ne comprenais toujours pas. Que me voulait-il vraiment ?

Musique ♫:

Alors à ma grande surprise, saisi d'un sursaut avorté par la monture de ses sangles d'ombres, nous nous élevâmes dans les airs. Il me fallut plusieurs secondes durant lesquelles je me perdis dans mes idées pour réaliser ce qui était en train d'arriver. Nous étions désormais à plus d'une centaine de mètre au-dessus du la terre ferme. Les vents des cieux nocturnes caressaient nos visages et sifflaient dans nos oreilles. Selon lui notre voyage en moto n'était rien comparé à ce qui allait se succéder dès à présent.

-Je ne demande qu'à voir Nara-san.

Le cœur battant je poussai un léger soupir de soulagement. Je mettais en effet trompée. Il ne me voulait aucun mal. Peut-être que toutes ces années avaient finit par me rendre bien plus amer que je ne l'eus cru. Suite à cela nous continuâmes de prendre de l'altitude. Les bordures de la réalité s'effritaient à mesure que nous nous rapprochions des étoiles, laissant place à l'imaginaire fantasque et enfantin de rêves que nous étions censés avoir depuis longtemps oubliés. La brusque montée et l'environnement féerique qui s'offrait à nous parvint petit à petit à me faire oublier la tension qui s'était jusqu'alors immiscée en moi. Une fois parvenu suffisamment haut il entreprit de passer au chose sérieuse en nous élançant dans une suite de cabrioles vertigineuses le tout poussé à une allure folle. La vitesse couplée à cette sensation de liberté était des plus grisantes.

-Allez-y ! Plus vite !!

Tantôt je poussai des cris jouasses, l'esprit galvanisé par les sentiments qui me submergeaient. Je me surpris alors moi-même en me rappelant de ce monde perdu que j'avais cherché durant toute mon enfance. Ce monde sans démarcation, ni limite, ni frontière. Un monde pourvu d'un lointain horizon où le soleil se couchait et se levait sans cesse. Où la nuit se pavait d'un intense firmament aux lueurs mystiques baignant sous la clameur d'un astre nocturne. Celui-là même qui poursuivait le cheminement immuable de ses cycles de révolution et ce depuis l'aube des premiers jour jusqu'à la fin des temps. Ce monde que je pensais pouvoir effleurer du bout des doigts alors que nous prenions toujours plus d'altitude. A chaque un instant, nous nous éloignions un peu plus de la réalité pour nous rapprocher de l'infinie. Parvenu à un certain seuil nous nous arrêtâmes. Mon guide me proposa de conduire par moi-même en me présentant ses pousses levés au ciel.

Au lieu de cela j'entremêlai mes doigts entre les siens de sorte à pouvoir guider instinctivement ses mains et donc notre direction. Ainsi repris-je le contrôle de mon existence et le voyage n'en fut que plus plaisant. Nous continuâmes de fendre les cieux à vive allure. Nous étions loin de tout et plus rien ne pouvais nous atteindre. En quête de grands frissons, nous chevauchions les cieux de la nuit éthérée, telle des étoiles filantes fendant l'espace jusqu' bout de cet imaginaire versatile que nous nous étions nous-même créé. Alors une idée me vint à l'esprit. Nous nous arrêtâmes au-dessus d'un nuage. Et je me tournais vers-lui créant une nouvelle situation gênante, tout du moins s'il en était réellement. Je me penchai alors contre son oreille, le sourire aux lèvres.

-Soit. Je vous fais confiance. Dans ce cas tâchez de me rattraper.

Ma main se posa sur le sangle d'ombre, mon sceau brisa sa technique de maintien. Et dans un geste enfantin je le repoussai brusquement en me laissant tomber dans une chute interminable. Mon corps fendait les quelques rares nuages sur mon chemin. Je profitai de cet instant de liberté pour effectuer divers figures acrobatiques tout en criant de bon cœur. Le sol se rapprochait toujours plus. Pourtant j'avais l'impression que cet instant ne prendrait jamais fin. Je me trouvais en dehors du temps. L'air glacé s'engouffrait dans ma tenue me glaçant la peau, mais que je n'avais cure de ce genre de désagrément. Une ombre fendit brusquement l'air juste à côté de moi. Je reconnu le Nara qui prenait alors plaisir à voler tout autour de moi s'accordant parfois avec mes propres figures pour former un balais mirifique et surréaliste dans les airs. Levant les yeux vers le bas je pus alors apercevoir l'eau chantantes du lac Toshiro refléter les éclats lunaires. Le voyage touchait à sa fin.

Je tendis une main qu'il attrapa pour m'attirer de nouveau à lui afin de pouvoir annuler ma chute. Il parvint à redresser alors qu'une petite vingtaine de mètre nous séparait du sol. Nous nous posâmes finalement sur la bordure d'une colline surplombant le lac. Mes pieds foulèrent à nouveau la terre d'un sentier battu tandis que mon esprit était encore perdu dans le ciel. Il me fallut un instant pour reprendre contenance. De son côté Natsuki était grandement essoufflé. Cette escapade lui avait coûté une grande quantité d'énergies. Je l'aidai à s’asseoir sur un rocher derrière lui tout en continuant de sourire malgré-moi comme une idiote.

-Vous êtes parvenu à me convaincre... Bravo. Je n'aurai jamais crue vivre un jour cela !

Je pris place juste en face de lui. Ma coiffure échevelée laissait retomber quelques mèches devant mon visage. Après tout cela nous ne ressemblions plus à grand chose. Mais surtout, il y avait encore ces cornes qui étaient parfaitement visible sur le haut de son crâne. Il avait cherché à les cacher sans succès face aux vents et à la vitesse. J'ignorai s'il s'était rendu compte qu'elles étaient de nouveau visible. Sur l'instant je m'en moquai éperdument, faisant mine de ne pas les apercevoir.

-Merci pour la balade.

Qu'importait qui il était où encore ce qu'il était. Il avait toute ma gratitude...
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyJeu 16 Juil 2015 - 16:38

Les injonctions d'Oniri révélèrent pour elle le plaisir qu'elle prenait à l'expérience. Après un début tendu où il la menait à l'aveugle en terrain inconnu, il la sentait maintenant se laisser totalement prendre par l'aventure. Une errance sans but, sinon le voyage en lui-même, dont elle ne tarda pas à prendre les commandes. Il s'efforça alors de suivre le rythme grâce la pression qu'elle exerçait entre ses doigts, répondant à ses envies de hauteurs et de vitesse. Ce vol en duo était nouveau pour lui, mais il s'y habitua bien vite, laissant son corps réagir aux commandes plutôt que son esprit se concentrer sur les manœuvres pour des instants pleinement vécu.

Puis à nouveau, il stabilisa son vol au-dessus d'une couche nuageuse, afin de leur offrir l'opportunité d'observer au calme l'immensité qui les entourait. Ils avaient encore gagné en altitude, et l'air y était glacé, tout à l'inverse du sang qui tambourinait à leurs tempes sous le flot de l'adrénaline qui abreuvait leur organisme. Le moment de répit fut cependant court, car après quelques roulés de hanches de la jeune femme pour se retrouver face à face avec son co-pilote, elle s'éjecta purement et simplement de l'appareil, non sans un dernier sourire.

Plus rien ne la retenant, elle entama une longue chute à travers le ciel, filant comme une étoile sous le regard fixe de Natsuki qui cligna à deux reprises des yeux avant de réagir. La demoiselle avait dû cran, il devait l'admettre, à plus forte raison que sa réaction l'avait prit au dépourvu. Si effectivement, c'était un tour qu'il lui réservait en dernier recours dans l'hypothèse où le cœur de la Saibogu penchait encore pour son véhicule, il ne s'attendait clairement pas à ce qu'elle se laisse d'elle-même avaler par la nuit. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire admiratif, puis à son tour, il plongea dans l'obscurité. Le silence était roi ici, et seul le vent osait chanter, mais même lui pourtant sembla se taire lorsque les rires d'Oniri retentirent, telle une mélodie trouvant leur chemin dans les tumultes des courants d'air aériens.

Rapidement, le Nara tatoué arriva à la hauteur de son ancienne passagère, se laissant tout comme elle tomber tête la première, le regard rivé vers ses yeux et un sourire complice sous le nez. C'était le moment qu'il préférait jadis, lorsqu'il volait encore pour le simple plaisir de s'élever au-dessus du monde. La conclusion d'un parcours où même sa propre force n'était plus nécessaire pour exister : seulement le loisir de se laisser flotter dans une liberté aussi fictive qu'éphémère.

Glissant autour d'elle sans effort pour danser au rythme de ses mouvements, ils s'amusèrent ainsi aussi longtemps que le temps et l'espace, ces deux constances impitoyables qui ne laissaient que trop rarement voler, voulaient bien fermer les yeux sur leur situation. Puis vint le moment où Natsuki tendit simplement l'index au-dessus de tête, rappelant à Oniri qu'il était temps de se réveiller si elle ne voulait pas dormir pour l'éternité. Il savait combien il était tentant de s'essayer à grappiller encore quelques instants pour s'enivrer l'esprit, mais la Saibogu faisait sans doute partie des enfants sages, car elle attrapa sans rechigner la main qu'il lui tendit presque en même temps. L'attirant alors contre lui pour l'envelopper de ses bras, il puisa dans son énergie pour se propulser en arc de cercle vers le ciel. Il absorba ainsi l'essentiel de leur vitesse de chute astronomique, puis entama une descente tout en douceur en bordure d'une colline.

La balade l'avait transporté, et ce, dans tous les sens du terme, bien plus que ce qu'il avait imaginé. Ce ne fut qu'une fois que ses pieds retrouvèrent la fermeté du sol et son esprit son corps qu'il réalisa la quantité de chakra qu'il avait déployé au cours de l'heure passée. Ses jambes se dérobèrent presque sous lui, et ses poumons lui rappelèrent combien il était important de respirer en proportion des efforts fournit. La colline se montra suffisamment aimable pour lui fournir un rocher relativement plat à porté de fesses, ce dont il profita rapidement.

Face à lui, Oniri semblait encore sur un petit nuage, le visage barré d'un sourire de béatitude. Conséquence naturelle de s'être retrouvée plus proche des Dieux que n'importe quel autre être humain de ce monde ? Il en doutait, et s'en fichait : les mots de la jeune femme valait l'effort fournit pour obtenir son rire.


« Ravit d'apprendre que cela vous a plu. »
dit-il en récupérant son souffle. « Sans prétendre que c'est à la porté de tous, je pourrai peut-être vous apprendre à faire de même par vous-même un jour, si vous en avez la volonté et les moyens. A moins que vous ne préfériez inventer avant la machine volante. » lâcha-t-il en souriant.

Cette machine existait déjà, il le savait pour l'avoir vu en action. Néanmoins, il préférait la manière '' naturelle '', et même si on lui proposait l'équipement, il le refuserait. La combinaison recouvrait trop le corps pour permettre au porteur de savourer pleinement la sensation de vol, son poids demeurant une contrainte en elle-même, incompatible avec la liberté que l'on est censé éprouver en traversant les cieux. Du moins, tant que cela restait du loisir : il n'y avait aucun plaisir dans la guerre.

Prenant appuie sur ses mains derrière lui, il bascula la tête en arrière, et observa la nuit clairsemée d'étoiles qu'il s'était approprié le temps d'un envole. Le rêve qu'il avait voulu offrir à Oniri touchait maintenant à sa fin, et la réalité les ayant rattrapé, il ne restait plus qu'à retourner au temple. Soupirant longuement, il ramena ses yeux vers la Saibogu qu'il observa avec une certaine insistance malvenue, bien que son regard se portait beaucoup plus loin. Malgré qu'elle s'organisaient mécaniquement de par son éducation, les idées se bousculaient dans sa tête. Quelle conclusion apporter à cette soirée, qui se terminait ici ? Devait-il s'arrêter là, ou faire le pas en plus qui le terrifiait tant ? Même s'il le pouvait, il n'était pas sûr d'oser. C'était stupide... Il n'avait aucune peur lorsqu'il s'agissait de faire face à la mort, mais il craignait d'affronter une jeune femme. Enfin, en vérité, il craignait surtout de s'affronter lui-même.

Une volée d'étoiles filantes le tira de sa réflexion, embrasant le ciel de filaments lumineux se perdant en trainées ardentes derrière les météores qui leurs donnaient vie. Un sourire curieux sur le visage, il tendit le doigt dans leur direction pour dévier de son propre malaise, invitant Oniri à se retourner pour qu'elle puisse à son tour les observer. Ses yeux pour autant ne se levèrent pas : ils restèrent bloqués sur le dos de la Saibogu. Il hésita, sachant très bien ce qu'il voulait faire. Sa seule question étant, le devait-il ?

Une inspiration, une tension, la peur. Un chemin avec un gouffre au bout, le vide autour. Un souffle, une course, l'absence de raison. Il s'élança.

Il se redressa, et sans préavis, glissa à nouveau ses bras autour des hanches de la jeune femme pour l'adosser contre lui. Il n'y avait pas de place au doute cette fois-ci, aucun espace pour laisser croire à un quiproquo. C'était maintenant ou jamais, et cela allait être bien pire que tout ce qu'Oniri devait être en train de s'imaginer avec son geste, ses mains se tenant l'une et l'autre pour éviter de trembler.


« Vous m'avez dit que vous étiez comme moi autrefois. »
commença-t-il d'une voix trop neutre pour être naturelle, laquelle fut suivit d'un instant d'hésitation. « Alors il y a une question que j'aimerais vous poser. »

Dans le silence qui gouvernait la nuit avancée, le craquement des os qui se brisèrent retentirent comme un effroyable coup de tonnerre. Stoïque, Natsuki resta impassible sous la douleur, même quand sa chair se déchira en un bruit mouillé. Il serra simplement davantage sa prise sur Oniri, l'empêchant de se dégager de lui ou de se retourner.


« Qui vous a arraché toute cette colère inextinguible qui brûlait dans vos veines ? »


La voix qui parla n'était plus la sienne, et tenait autant de l'humain que les deux mains qui se présentèrent à une trentaine de centimètres devant le visage de la Saibogu. Couvertes encore en partie d'une matière poisseuse qui ressemblait à de la peau ensanglantée, les paumes et les bras auxquels elles étaient rattachées n'avaient pas d'épiderme. En lieu et place, une curieuse carapace sombre s'animait dessus, poussant de manière anarchique pour former une matière irrégulière et épaisse. Les doigts écartés, ils lui laissèrent observer un instant leurs terminaisons griffues, puis finalement, ce fut la paire de bras originelle, celle qui ceinturait toujours la captive, qui la repoussa. Alors seulement, elle pu observer l'horreur que devenait le Nara tatoué. Son corps était pourvu de quatre bras à l'allure humanoïde mais monstrueux, et les tatouages qu'il avait habituellement visible brillaient d'une faible lueur pâle, imprimés à leur place sur la carapace qui semblait vivre d'elle-même sur sa peau. Celle-ci le recouvrait à plus de sa moitié découverte, et une partie de son visage, du menton jusqu'à l'oreille droite, était déjà prise. A l'endroit où jadis gisaient ses deux naissances de cornes, c'était maintenant d'imposants bois de cerf aux multiples ramures qui le couronnaient. L'éclat de la lune suffisait à lui seul à révéler le tranchant des extrémités. Le changement le plus marquant restait cependant les yeux de Natsuki. Bien que ses pupilles étaient toujours présentes, signe que les pulsions de sa malédiction n'avaient pas prit le dessus, son regard était froid, éteint, à croire que plus rien ne vivait dans son vaisseau de chair.

Il ne cilla pas sous le regard d'Oniri, probablement uniquement protégé par la transe dans laquelle il se plongeait pour se battre, là où toute émotion et appréhension étaient tuées. Il se demandait lui-même ce qui l'avait prit, mais le saut était fait. Ce n'était pas les paroles de la Saibogu qui l'avait incité à révéler une partie de son secret le plus honteux, ni même ces deux soirées qu'ils avaient passé ensemble. Elle n'était rien, juste une inconnue parmi les autres. Il ne savait rien d'elle, et réciproquement. Elle n'était pas comme lui, et les mots qu'elle avait prononcé plus tôt n'étaient qu'une tournure, il le savait. Elle ne vivait pas comme lui une métamorphose non pas de son corps mais de son être, elle n'avait pas a affronter une soif perpétuelle de sang, un besoin impérieux de massacre et de violence au quotidien. Elle ne lui ressemblait en rien, et ses mots étaient vides de sens dans leur contexte véritable. Alors à quoi bon répondre à la provocation pour lui prouver ses torts ? Il ne jouait pas à ce jeu habituellement.

Mais elle dégageait quelque chose de différent des autres. Pas une émotion, un parfum, un sentiment ou un souvenir, mais une impression. Familière et étrangère à la fois, aussi tangible que l'éther et pourtant bien présent. Une aura que son corps, à défaut de ses perceptions, captait. Une clef de voûte qui l'avait conduit à la situation actuelle, à se montrer tel qu'il se cachait et à poser une question pour laquelle il se damnerait davantage encore pour en avoir la réponse. Une question qui, pour ce qu'il était, n'en avait peut-être même pas.

Il avait amené Oniri sur un rêve, et la plongeait maintenant dans son cauchemar.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyDim 19 Juil 2015 - 20:12



Spoiler:

Rêveuse, je contemplai le défilement des étoiles au milieu de la nuit quand des bras qui commençaient à m'être familier m'entourèrent à nouveau. J'aurais pus facilement me faire des idées. Parfois son comportement se donnait au doute et à l’interprétation. Hors je savais qu'il n'en était rien. Il n'émanait aucune chaleur de lui, aucune bienveillance qui pourrait s'apparenter à une once de compassion. Non, son étreinte était froide et rigide, comme s'il s’efforçait à me maintenir voir captive. Seulement cette fois-ci les ombres ne me mirent pas à tournoyer autour de moi. D'ignobles craquements retentirent, signe que quelque chose d'horrible était en train de se produire dans mon dos. Et moi je restai calme, me contentant de garder mes yeux rivés vers l'infinie. J'attendais simplement. Puis deux excroissances ensanglantées s'interposèrent pour transformer cette vision de rêve en une réalité cauchemardesque et désaxée. Le son de ses dernières paroles résonnait encore dans mon esprit.

Cette voix rauques semblables à un appel au désespoir et à la souffrance dont la simple intonation était parvenue à refroidir l'atmosphère de quelques degrés. Je conservais mon calme autant en apparence qu'en profondeur. Cependant malgré-moi, je ne pus réprimer l'appel de mes sens cachés qui s'éveillèrent deux-même devant cette menace apparente. Comme poussé par un instinct qui m'était inconnu l'iris de mon œil droit se fendit octroyant à ma vision la faculté de transcender les ténèbres ambiants. Qu'était donc ces griffes ? Qu'étaient donc cette carapace qui se muait telle une armure vivante sur cette chair à vif ? Les battements de mon cœur s'alourdirent. Ma respiration ne devait sa stabilité qu'à l'effort de ma volonté.

La prise de ses membres se relâcha pour me pousser vers l'avant. A quelques mètres de lui je demeurai immobile, la tête basse. Craignais-je ce que j'allais découvrir au point de ne pas oser lui faire face ? Nullement. Sans que je n'en comprenne la raison, je me savais depuis toujours capable d'affronter ce genre de démon. Ainsi, sans daigner faire quoique ce soit. Laissant le temps en suspend tandis qu'il attendait ma réaction, ce pourquoi il avait érigé ce manège macabre. Je commençai à soigneusement défaire la longue tresse que formait ma longue chevelure immaculée pour la laisser retomber en un rideau pur jusque dans le bas de mon dos.

-Ce n'est point de la rage qui cercle mon cœur. Ce n'est point de la colère qui s'immisce dans mes veines. Je ne suis pas faite ainsi, mais d'autres choses...

Qu'était-ce cette sensation? Cette aura infâme qui émanait de lui. J'étais toujours dos à lui, je ne pouvais le voir, mais je pouvais pressentir cette entités irascible qui sommeillait dans les tréfonds de son être. Un immense rempart semblable à une brume vaporeuse faite d'ombres et de ressentiments se dressait entre lui et le reste du monde. Cette volonté comblée par le vide glissait jusqu'à moi, s'imprégnait dans les fibres de mon être, venait caresser la conscience de l'indicible qui sommeillait en moi. Puis, telles les conséquences d'un lointain écho, des changements survinrent en moi. C'était comme cette fois dans le désert avec Kioshi lorsque la morsure ardente du soleil rongeait mon corps et que la tempête s'apprêtait à nous engloutir. A nouveau je m'épris à ressentir cet indescriptible frisson à la lors entre l'effroi et la fascination

Il est l'appel de tes émotions
Mû par une irrévocable révolution.
Alors que dansent les spectres nocturnes
Ta volonté s'étiole loin de l'astre diurne.


Béate d’incompréhension quant à ce qui venait de se produire à l'instant. Mes doigts s’immiscèrent délicatement dans le commissures de mes mitaines, que je retirai une à une. Je levai ensuite mes paumes au ciel pour les contempler. Des mains pâles qui semblait en apparence parfaitement naturelle, mais qui au fond n'avaient peut-être jamais été humaine. Et mon œil gauche reprenait vie, douloureux, à l'image de chacune de mes cicatrices qui une à une s'embrasait de douleur.

-Ce qui m'a été arraché. C'est ma vie

Sans constance ni raison, elle était un océan sans cesse déformé par la tempête.

-Mais ils m'en ont offerts une autre...

Mes mitaines rejoignirent le sol. Sans quitter ma posture, sans jamais lui faire face, je détachai ma veste. pour lui réserver le même sort.

-La plupart de ceux qui m'étaient chers son morts par ma faute et je sais que d'autres suivront. Pourtant...

Me sentais-je seulement capable d'aller au-delà ? Sa présence m'inspirait une étrange sensation de familiarité qu'il m'était impossible de qualifier. Mes mains glissèrent sur ma ceinture pour la déboucler. Les divers armes et équipement qui y étaient accrochés roulèrent sur l’asphalte boueuse. Mon attention restait rivée vers l'au-delà celle-là même qu'il alanguissait jalousement depuis son changement d'état. Je retirai ma tunique, laissai glisser mon pantalon le long de mes cuisses, puis ôtai mes bottes. La finalité fut que je me retrouvai dans le plus simple des apparats, sans honte ni pudeur, alors que les éclats lunaires mettaient en valeur ma peau pâle, semblable à la neige qui berçait mes origines mes origines. L'air se densifiait de secondes en secondes. L'énergie remplissait mon corps et mes anciennes blessures me brûlaient toujours plus.

-J'ignore qui je suis. J'ignore ce que je suis, mais je sais où je désir aller.

Je ne parlais pour moi, mais pour lui. Sa condition était une malédiction. La mienne s'apparentait à une délivrance. Finalement je me retournai sans la moindre hésitation et ce malgré ma nudité qui lui était révélée.

-Nos histoires ne sont en aucun point comparable, mais nos chemins semblent se rejoindre en une même finalité.

M'exprimant avec solennité je l'avisais d'un regard déroutant tandis que le sien semblait éteint. Devant moi se trouvait exactement ce que je m'attendais à rencontrer. A savoir un véritable monstre perdu dans un conflit interne pour retrouver son humanité. Néanmoins, comme pour venir contredire ces faits, comme pour rappeler la sagesse qui résidait dans le cœur de cet homme, d'imposantes ramures s'élevaient majestueusement au-dessus de son crâne.

-Avez-vous peur ?

Cette question ne méritait pas de réponse, seulement que l'on se la pose. Moi c'était tout le temps. Seulement, et aussi étrange que cela puisse paraître, ce n'était pas le cas en cet instant. Mes pieds nues foulèrent la terre humide et froide dans une succession de pas qui me menaient irrémédiablement jusqu'à lui. Mon attention se retrouvait finalement rivée sur sa personne. Ce n'était nullement son corps que je regardai et ce n'était pas le mien que je voulais qu'il voit, mais ce qui se trouvait au-delà de cette chair mortelle mortifiée par les affres du monde.

Soudainement, alors que l'univers même semblait perdre le contrôle sur les événements, une aura bleuté, semblable à des flammes recouvrirent mon corps qui lentement se consumait. Ma peau s'effrita, laissant place à une nouvelle. Si la première était d'opale la seconde se révélait d'argent. Les pupilles disparurent noyés dans cette lueur fantomatique qui remplissait mes orbites. Mes lèvres devenues violettes entouraient une rangée de dents particulièrement fines et tranchantes. Doigts et orteils se recouvraient d'épaisses membranes s'apparentant à un exosquelette. Le tout donnait ainsi naissance à de longue griffes pourvu d'articulation à la jonction des phalanges. La plante de mes pieds s'incurva davantage, tandis qu'une sixième griffes se formait à la base de mes talons afin de m'octroyer de meilleurs appuis sur le sol. Et comme s'il s'agissait d'une règle à n'en point déchoir chez les être de notre espèce, une paire de cornes venait fièrement s'élever au-dessus de mon crâne en partant de mes tempes.

Lorsque le vent souffla il souleva une partie de mes cheveux qui retombèrent de part et d'autre de mon visage. Les flammes spirituelles se rompirent sans pour autant perturber mon avancer. Il m'était impossible de décrire ce que je ressentais. Le monde me semblait plus intense, plus vivant. Les murmures de la brise étaient tels une douce mélodie, le son des criquets un vrombissement apte à faire tremper la terre, la nuit humide qui regorgeait de milliers d'odeurs issue d'autant de formes de vies. Mais ce qui me captivai le plus était cette âme miroitante qui se trouvait face à moi et que je pensai pouvoir tenir dans le creux de ma main.

-On est donc la valeur? Vaut-il mieux un homme qui n'a jamais connu le vice en lui ? Ou un homme qui passe chaque instant de sa vie à le combattre ?

Parce qu'il avait tant vécu pour en arriver là. Parce qu'il avait prit le risque de se révéler à moi quitte à en perdre la raison. Parce que durant cette nuit nos destinés s'étaient entrelacées alors que nous dansions parmi les étoiles. Je décidai, égoïstement de l'aider en retour. Si j'étais jadis parvenue à me plonger dans l'esprit d'autrui je pouvais de nouveau y arriver.

-Maintenant dites-moi Nara Natsuki. Que déciderez-vous de devenir ?

A ce moment là une main griffue se posa sur sa joue rugueuse. Des lèvres se posèrent sur les siennes et deux âmes entrèrent en communion.

Ton cœur irrépressible n'a ni fin ni raison
Tandis que cette âme brûle de mille passions
Toi qui attends patiemment le visage taciturne
De pouvoir offrir ton cœur dans une urne.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMar 21 Juil 2015 - 14:13

La transformation coûta à Natsuki, et pas uniquement sur le plan physique. Mais s'il en était là aujourd'hui, à être capable de manifester volontairement une grande partie du pouvoir de sa malédiction sans perdre de trop le contrôle sur les humeurs qui allaient de paire avec, c'était bien grâce à sa thérapie. Il répugnait toujours autant à y faire appelle, car son corps était le stigmate de sa déchéance, mais ce soir était différent : sans qu'il puisse se l'expliquer, sans que ses sens ne daignent le renseigner, il avait perçu qu'il devait le faire. Se mettre à nu devant une parfaite inconnue qui sentait le ciel.

Planté sur place, les bras s'agitant nerveusement comme s'ils avaient hâte de pouvoir tuer, il s'attendait à bien des réactions de la part d'Oniri. Peur, fuite, crise, combat... La Saibogu en eu pourtant une toute autre. D'abord incapable de se retourner, elle se livra à un étrange manège auquel la lucidité déjà tronquée du Nara tatoué avait du mal à se raccrocher. Il émanait de lui une puissante aura de mort, de haine envers toute entité vivante comme si la seule raison de son existence était de les anéantir, et bien qu'il retenait encore enchainé ses pulsions sanglantes, elles se manifestaient ostensiblement. Et exposée à cela, bien qu'elle n'osait même pas lui faire face, la jeune femme ne fit que se déshabiller lentement, ponctuant la chute de ses vêtements par la révélation de son propre fardeau.

Elle parlait par des énigmes qui n'avait de sens que pour elle. L'attention de Natsuki, elle, était prise d'assaut par une colère dévorante qui profitait des failles, et la raison ne parvenait plus à travailler de paire avec la logique. Sa volonté avait apprit à lutter, mais elle s'épuisait toujours à terme. Mais dans ce tumulte, une phrase traversa les tempêtes. Une phrase qu'elle avait prononcé, et qui aurait pu être sur ses propres lèvres. A la différence que lui savait
qui il était. Il ignorait peut-être ce qu'il était, mais pas ce qu'en aucun cas il voulait devenir. Le reste des propos étaient confus, et il n'était pas d'humeur aux dialogues vagues. L'esprit humain s'occupait habituellement de combler les vides par sa propre expérience et son vécu, c'est ce qui faisait le succès des agences de voyance et des horoscopes, mais le sien débordait déjà bien assez dans l'instant présent pour s'amuser à donner un sens à ce qu'il entendait.

Il lui fallu du temps pour réaliser qu'elle s'était tournée vers lui, qu'elle l'observait. Elle avait le regard perçant, et sur ce n'était pas sur son corps transformé que ses yeux se posaient, il le sentit : elle était bien plus loin, comme en train de sonder l'âme tapis derrière. Natsuki rêva. Qu'y voyait-elle ? L'esprit d'un petit garçon soldat qui aimait la cuisine et la vie, retranché derrière des remparts si hauts qu'il n'en voyait même plus le sommet, ou la présence d'une entité toute autre, avide de destruction et de carnage, à la recherche de sa libération ?

Ses iris s'étrécirent à la moitié de leur volume lorsqu'elle fit le premier pas, et le grognement de colère qui s'échappa de ses lèvres révéla des canines saillantes dignes de sa place dans la chaine alimentaire. Bien sûr qu'il avait peur. Sa vie n'avait peut-être pas été extraordinaire, mais il avait grandi heureux, avec des rêves et des aspirations plein la tête. Alors maintenant qu'il devenait Ça, engloutit par un être qu'il ne domptait qu'à peine et susceptible de détruire de ses propres mains tout ce pour quoi il s'est battu et a œuvré, il y avait de quoi avoir peur. Non seulement pour lui, et les principes qui avaient guidé sa vie, mais aussi pour ses proches, son Village, son Pays, son monde. Car il le savait, si un jour il en venait à perdre totalement le contrôle, il n'y aura plus qu'un seul objectif dans sa nouvelle vie : mettre fin à celle de tous les autres.

Elle était devant lui, et paraissait d'autant plus frêle devant son imposante stature qui ne laissait aucun doute sur son potentiel létal. Ses muscles le démangeaient, tirant sur ses nerfs comme des chiens de chasses le feraient si leur maître les amenait en forêt en les gardant en laisse. La tête baissée pour planter son regard dans le sien, la lucidité qu'il lui restait lui interdisait le moindre mouvement. Sa métamorphose n'était pas faite pour les douceurs, uniquement pour tuer, et un simple geste pouvait devenir propice à la besogne, accomplit sans plaisir, sans frustration et sans envie : seulement par besoin viscéral.

Oniri était forte. La pensée sauta d'elle-même à son esprit à demi-embrumé lorsqu'il la dévisagea. Dans son regard où deux yeux vifs le perçaient avec l'aisance d'une balle à travers le papier, il lu qu'elle avait raison, sans comprendre en quoi. Elle aussi avait été éreintée par des expériences de la vie. Tout être humain cherche à savoir qui il est, où il veut aller et quelle place l'attend dans le monde, mais aucun ne le vit de la même façon. Et par ce qu'il trouva dans les iris de la Saibogu, il réalisa que son expérience avait été aussi douloureuse que la sienne, laissant des séquelles sur l'âme que son corps à l'allure de neige immaculée ne laissait pas imaginer.

Qui êtes-vous ? Voulu-t-il demander tandis qu'elle continuait de regarder non pas son apparence, mais là où était sa véritable souffrance. La question ne franchit cependant jamais ses lèvres. Il était pourtant presque certain que la jeune femme l'avait pourtant entendu, car elle se consuma sous ses yeux. Instinctivement, il fit un pas de recul, mais il avait déjà réalisé sans même comprendre ce qu'il voyait. Elle se métamorphosait, tout comme lui. Mais à sa différence, là où sa transformation était à l'image des pulsions dont elle tirait sa force, violente, brutale et sanglante, celle d'Oniri s'opérait avec davantage de grâce et de douceur. Tout son corps s'adaptait à ce qui se créait et s'ajoutait, tandis que les bras et la colère de Natsuki eux frayaient leur chemin en force à travers son organisme comme son esprit, sans regard pour les ravages que cela causait.

Le Nara tatoué était complètement déconnecté. Il ne l'entendait plus. Même au cœur de sa transe par laquelle il s'efforçait de se dominer, il céda. Lui qui croyait avoir déjà tout vu et tout entendu, voilà qu'il se retrouvait face à quelqu'un comme lui, un être qui ne se rattachait aux humains que par sa forme humanoïde, mais qui ne partageait aucun trait avec une quelconque espèce animale ou insecte. Elle n'était pas une Gekei, elle n'était pas une humaine non plus. Elle était...comme lui. Une aberration naturelle, sans notice fournit, perdue entre ce qu'elle est, ce qu'elle devient, et ce qu'elle veut être.

Natsuki était comme figé dans le temps, abasourdit par le choc. Seuls ses yeux écarquillés s'agitaient encore, parcourant frénétiquement et sans trajet logique le corps métamorphosé de la jeune femme qui s'approchait toujours plus. Le bras supplémentaire qui s'était forgé sa voie depuis l'épaule donna l'impression d'agir de lui-même lorsqu'il attrapa avec force le poignet qui s’apprêtait à lui toucher la joue. Une pression qui aurait broyer l'os d'un humain normal. Ce qu'elle n'était pas. Elle ne s'arrêta pas, et lorsqu'elle posa le violet de ses lèvres sur lui, il ne retrouva pas davantage de contenance : il oublia simplement de respirer.

Il ne savait pas où il était, et il était seul. Nu, il flottait au milieu de rien, sans point de repère, un océan de lumière à perte de vue, où qu'il regarde. Puis une voix résonna, le monde se mit en branle. Comme s'il était mit sur un rail, l'univers entier défila autour de lui. Venu du néant, des images le chargèrent, s'animant comme sur des milliers d'écrans géants, filant en tout sens et si vite qu'il ne parvenait à entre-apercevoir des frames ici et là. Il cru y voir un reflet, Oniri, des gens qu'elle connaissait peut-être. Un film ? Soudain, venu de son dos, une masse noir le déborda, sans même se donner la peine de l'éviter. L'on aurait dit un immense tsunami, dont les vagues étaient faites d'encre, destinée à tout engloutir sans laisser voir l'horreur emportée dans leur déferlante. Le monde alors si pur, si lumineux, commença à s’obscurcir. Le Nara tatoué ne sentait pas le courant, mais il le reconnu en portant à ses yeux la mélasse sombre sur ses doigts. La haine qui le rongeait. Oniri l'aspirait-elle ? Non, ce n'était pas cela.

C'était sa colère qui était en train d'envahir la jeune femme.

Natsuki percuta le sol de la réalité avec la force d'un météore ayant prit son élan depuis l'autre bout de la voie lactée, et ses sens n'attendirent pas le check-up pour se mettre en action. Il repoussa Oniri avec si peu de ménagement qu'il tituba en arrière, faute de n'avoir pas encore récupéré tous ses esprits. Le contact était rompu, et quoi qu'elle faisait, c'était finit, elle était en sécurité. Ou presque...

Il était haletant, ses yeux réduit à deux points dans des orbites blancs où il était pourtant aisé d'y lire la flamme de désir qui y brûlait. Mais cette dernière n'avait rien à voir avec la sensualité - tout au mieux, au sens strict du '' charnel ''.


« Qui êtes-vous ? »
vociféra-t-il.

Il se rua sur elle, la saisissant aux épaules et aux cornes.


« Qu'est-ce que je suis ? Pourquoi je suis comme ça ? »


Il était en train de se perdre. Non pas en tant qu'humain, mais son équilibre psychologique déjà zébré de fissures ne parvenait pas à encaisser l'information. Oniri était comme lui, elle lui avait montré. C'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un qui partageait sa condition. Il n'était pas le seul. Il courait après des réponses depuis trop longtemps, des réponses à des questions dont il avait besoin pour savoir ce qu'il était, et comment en guérir. La Saibogu avait forcément les réponses. Il fallait qu'il sache, une nécessité qui prenait le pas sur la raison et les convenances. Tout était confus autour de lui, mais il y avait cette lumière qui se démarquait du reste. Un espoir de guérison après toutes ses tourmentes. Il était hors de question qu'il le laisse s'échapper, il en avait trop besoin pour cela.


« Répondez-moi ! »
cria-t-il en la secouant, comme elle tardait à répondre.

Et dans son état de stresse, accroché à la jeune femme comme à une bouée de sauvetage même si elle était faite en plomb, une seconde faisait déjà trop long. Il faisait trop vite les liens, brûlant les étapes de la logique qui aurait dû déjà le ramener sur un chemin rationnel, à se rendre compte de ce qu'il faisait.

Il s'emballait, et avait intérêt à trouver la commande de frein très vite...
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyDim 26 Juil 2015 - 15:37

Des flash, des images, tout un monde se présentait en moi. Celui d'un homme remplit de rêves, d'ambitions et d'espoirs. J'étais là face à lui, à contempler son existence tandis qu'il faisait de même pour moi. Et puis il y eut cette gigantesque océan de noirceur qui fondit depuis son dos pour arriver sur moi. A sa rencontre vint se heurter une vague d'or dont le choc créa moult remous, mêla l'obscurité à la lumière. Un terrible sentiment d’oppression m'envahit et je fus brutalement rappelée à la réalité à l'instant où il me rejetait en arrière. Je me retrouvai confuse, l'âme prisonnière dans un étaux de calamités. Mes tempes pulsaient sous la violence des palpitations de mon cœur. Je tremblais. Tout devint si amer, si obscure. Ma respiration s’alourdit. De douloureux picotements parcoururent ma peau.

Cette dernière changea de couleur par endroit, notamment sur toute une partie de mon bras gauche dont mon épiderme qui noirci à vu d’œil, laissant ressortir quelques séries de veines bleutés. Je pouvais sentir toute une partie de mon visage également touchée par cette corruption. Ainsi compris-je que j'étais allée trop loin. Portée par l'émotion de l'instant, j'aurais tout aussi bien pus me noyer dans sa rage et devenir comme lui. Confuse, je luttai intérieurement contre ce désir répressible de brutalité qui coulait dans mes veines. J'ignorai si ce fut par l'effort de ma volonté où de cet étrange pouvoir naissant en moi, toujours fut-il que je parvins à réprimer cette affliction. Alors ma peau retrouva sa couleur argentée tandis que la réalité tissait à nouveau ses frontières tout autour de moi.

Je relevai la tête pour apercevoir la bête dans tous ses émois. Solitude, rage, lutte et égarement était lisible dans son âme, mais également cette intrigante appétence qui semblait luire dans ses pupilles alors qu'il me dévisageait. Des paroles bourdonnèrent dans mes oreilles avant qu'il ne fonde sur moi, laissant ses mains empoigner mes bras ainsi que mes cornes pour me maintenir prisonnière. Je restai étrangement calme. Sans comprendre pourquoi, je ne pouvais me résigner à avoir peur de cet être dont la constance était synonyme de destruction.

-Je n'ai pas réponse à vos questions. Je n'en sais pas davantage que vous.

Il perdait patience en même temps que la raison. Le désespoir et la confusion étaient en train de le consumer. Si je ne faisais rien, cela deviendrait dangereux pour nous deux. L'observant en biais car ma tête était légèrement penchée par sa prise, je parlais de nouveau avec gravité.

-Ne vous inquiétez pas. Tout va aller.

Si je me montrais si forte en cet instant c'était parce que lui était si faible. Désormais il n'était aucunement question de l'abandonner à son sort. Hors étais-je seulement capable d'y parvenir ? Je n'en étais pas certaine. Ma dernière tentative avait manqué d'avoir de raison de moi. En réitérant le même procédé je risquai à nouveau de me perdre. Après un instant de réflexion, j'expirai lentement par les narines de façon mesurée avant de lui adresser la parole toujours de cette voix calme et impénétrable.

-Faites-moi confiance.

Ces paroles sonnaient presque comme un ordre. Et sans attendre sa réaction je tordais mon bras de sorte à me dégager de sa prise et me saisir de son poignet en retour. Mes griffes entrèrent en contact avec sa peau rugueuse permettant ainsi à notre connexion de se renouveler. Cette fois-ci je ne pus m’immiscer dans les profondeurs de son âme tourmenté, ce qui me permit d'éviter son aura néfaste. Hors, s'il pouvait influencer sur ma personne cela signifiait que j'avais la possibilité de faire de même en retour. La mer d'or vint alors se déchaîner contre celle de noirceur. Nos âmes entrèrent en communion. Au final je n'en tirais ni victoire ni défaite, ni satisfaction, ni soulagement. Nous restions inchangés mais avions retrouvé nos apparences humaines.

Affaibli par cet échange soudain, le Nara perdit conscience tandis que je retombai à genou, haletante, manquant à mon tour de tressaillir. J'y étais parvenue, j'avais apaisé la rage qui dominait son cœur. Mais pourquoi ne parvenais-je à m'en réjouir? Il n'y avait en moi qu'une immense sensation de vide. Je restai un long moment à contempler le visage serein de cet homme tandis que lentement sur l'horizon commençait à s'élever un soleil chantant la mélodie de l'aube.


Tremblotante, vidée de mon énergie, j'entrepris de me rhabiller en ne revêtissent que mon pantalon et ma tunique, laissant mes pieds marquer la terre sur mon passage. Je me plaçai ensuite en tailleur sur un rocher, faisant dès lors face à l'est et au vent qui secouait les rizières. Une nouvelle journée débutait, mais déjà je me sentais différente. Le monde me paraissait soudainement plus vaste. Je venais de faire la rencontre d'un homme différent qui pourtant partageai un sort similaire au mien. Et malgré que je ne fus jamais à même de percevoir le chakra d'autrui, je pouvais désormais nettement distinguer sa présence; comme s'il s'agissait d'un sentiment où d'une impression.

Aussi devins-je en mesure d'anticiper son réveil. Je me tournais alors de trois quarts faisant fit de l'aube embrasé derrière-moi pour reporter mon attention vers le concerné. Toujours allongé sur le sol ses yeux pâles m'interrogèrent du regard. Je n'eus aucunement besoin de me forcer, le sourire me vint naturellement à le voyant ainsi.

-Décidément vous me semblez plein de surprise Nara-san. A quand la prochaine sortie nocturne?

Je pensais que nous avions besoin de nous détendre. De passer à autre chose avant d’aborder à nouveau ce sujet. C'était pour cela que j'essayai de plaisanter. Mais je savais d'avance qu'il ne perdrait pas un instant pour revenir à la charge. Aussi terminais-je de me retourner complètement face à lui, toujours assise sur mon perchoir de pierre.

-Si vous me demandiez-ce qui s'est passé je ne pourrais vous répondre. A dire-vrai je n'en sais pas davantage sur mes origines que vous. Ce n'est que la deuxième fois que j'adopte cette forme.

Machinalement je relevai cette paume serties de doigts qui était mienne pour l'aviser avec intensité.

-J'aimerais conclure un marché avec vous. Je désire comprendre mes origines. Cependant je ne tiens nullement à impliquer mes proches dans cette histoire. Hors vous semblez être le plus à même de comprendre sans chercher à me juger. En retour je... je pense pouvoir vous aider...

Je marquai une pause, me rendant compte que je n'étais pas vraiment honnête avec moi-même ni avec lui.

-Non en réalité je souhaite vous aider. Et je le ferai peu importe votre décision.

Je renouvelai mon sourire puis lui tendais la main de façon symbolique. J'étais parvenue à trouver un individu aussi étrange que moi et je ne comptais pas le lâcher de si tôt. Quelque part cela me rassurait.

Nous n'étions pas issus des hommes
Nous étions d'ailleurs
Mais nous n'étions pas seuls.
Revenir en haut Aller en bas
Konoha
Nara Natsuki
Nara Natsuki
Informations
Grade : Bras Droit de l'Hokage
Messages : 1736
Rang : SSS

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyMer 29 Juil 2015 - 17:24

Elle n'avait pas de réponse. Elle n'en savait pas plus que lui, et il était censé ne pas s'inquiéter ? Quelque chose le rongeait de l'intérieur, altérant son comportement au point de le rendre dangereux autant pour son entourage que pour lui-même, et tout se passait bien ? Une vague de colère l'inonda, le faisait passer à un nouveau palier. Sa prise devint plus violente, mais avant qu'il ne hurle de frustration, Oniri se dégagea en partie de son étreinte et l'agrippa à son tour.

Tout devint blanc.

La fatigue le gagna soudainement, sapant ses forces et toute volonté combative. Le monde se résuma à la jeune femme, dont les traits devinrent de plus en plus flous. Il sentit ses bras se désagréger, s'effriter comme de la cendre au vent pour disparaître totalement, ne laissant de trace de leur existence que les trous sanglants dans ses vêtements. Ses bois ternirent et se fissurèrent avant de tomber, incapable de supporter leur propre poids. Sans savoir en quoi, Oniri en était la responsable, il percevait sa présence en lui. Mais cette fois-ci, c'est l'épuisement qui l'empêcha de réfléchir correctement, et non la colère. Il tomba à genoux, tout comme elle, et avant que le monde se dérobe autour de lui, qu'il bascule en arrière et s'écrase dans la boue, il murmura un souffle inaudible.

Il ouvrit les yeux, lentement, sans bouger, ses sens à la recherche de son environnement. Il était allongé dans la terre humide, il sentait le contact froid de la boue sous ses doigts le long du corps. Il avait perdu connaissance. Sûrement pas très longtemps, le ciel commençait tout juste à se débarrasser de ses dernières teintes nocturnes. Il ignora les protestations de ses muscles et releva le buste pour élargir sa vision, mais celle-ci s'immobilisa sur la première personne qu'elle trouva. La Saibogu était là, assise à une poignée de mètres de lui.

Et cette fois-ci, il se souvint de tout. Il se rappela qu'il lui avait montré ce qui rampait sous sa peau, il se rappela qu'elle aussi s'était transformée tout comme lui, mais surtout, il se rappela ce qu'il avait dit et fait sous le coup de la colère qu'il n'avait su réfréner. Le choc lui avait fait perdre toute la maîtrise de lui-même dont il était si fier jadis, et les instincts de sa malédiction en avaient profité pour reprendre le dessus sur sa raison fragilisée. Ce n'était en aucun cas une excuse recevable... Il secoua mollement la tête, comme résigné.


« Ce n'est pas drôle. C'est même tout sauf amusant. »


Et pourtant Oniri souriait. Elle sourirait parce que comme lui, elle avait enfin trouvé quelqu'un qui lui ressemblait, qui ne comprenait pas ce qu'il était, mais qui était sûr d'une chose : il était différent des autres. Mille questions se bousculaient dans la tête du Nara tatoué, mais de son propre aveux, la jeune femme n'avait de réponses pour aucune d'entre elles. Elle avait probablement les mêmes que les siennes. C'était frustrant. L'impression pour la première fois de faire un pas en avant, mais pour déboucher dans un cul de sac.

Il la dévisagea longuement avant d'empoigner la main qu'elle lui tendait, même s'il n'en avait pas besoin pour se relever. C'était la première fois que l'on se proposait de l'aider sans qu'il ne demande rien, mais d'un autre côté, c'était la première fois aussi qu'il se montrait tel qu'il était depuis Onpu et les premières manifestations de sa malédiction.


« Avant le moindre marché à conclure, je dois vous présenter des excuses Oniri. Pour mes actes et mon comportement de hier. C'est moi qui ai joué avec un feu qui ne se maîtrise pas, aussi je suis cette fois responsable de ce que j'ai dit. »


Jusqu'à présent, il n'avait jamais assumé les conséquences de ses transformations, car elles étaient fortuites, et qu'il n'avait presque aucune maîtrise sur elles. Il devenait un passager embarqué dans son propre corps tandis que celui-ci s'animait de son chef, et ne se limitait qu'à trois objectifs : tuer, détruire, exterminer. Son propre corps cherchait à l'éliminer comme si c'était lui l’intrus, et sa volonté un parasite. Il ne gardait d'ailleurs que de vagues souvenirs de ce qu'il faisait lors de ses phases. Mais pour hier soir, Natsuki ne pouvait qu'être coupable de ce qu'il s'était passé, car il s'était partiellement métamorphosé de lui-même. Kyûbi merci, Oniri n'avait rien, et cela lui avait permit de faire une découverte incroyable, mais c'était parti d'un coup de tête, transformé en coup de poker : les événements auraient pu se dérouler tout autrement, et vraisemblablement, en pire.

Il s'était tourné, pensif, vers l'aube de la nouvelle journée, comme si sa culpabilité ne pouvait souffrir du regard de la jeune femme, mais c'est dans les yeux qu'il la regarda lorsqu'il annonça la suite. Elle qui en avait maintenant apprit sur lui, et vu bien plus encore en le touchant, réaliserait-elle à quel point ses sourires étaient factices ?


« Je ne vous laisserai pas partir non plus, Oniri. Vous êtes la première comme moi que je rencontre, perdu dans un monde auquel nous ne semblons pas appartenir. Vous êtes la seule piste un tant soit peu concrète que j'ai, et le seul espoir de comprendre. Vous semblez dans la même situation que moi, nous risquons donc de passer encore du temps ensemble. »


Même s'il ne s'en rendra compte que plus tard, la découverte d'Oniri en tant qu'entité monstrueuse lui avait fait passer un cap sur la manière dont il percevait sa propre maladie : ce qu'Iji essayait de lui faire comprendre depuis le début de sa thérapie. Ce n'était pas son apparence qu'il devait craindre ou avoir honte, mais ce qu'il devenait en la revêtant. Qu'importe à quoi il ressemblait, tant qu'il pouvait continuer de se battre pour ce en quoi il croyait. Peut-être qu’inconsciemment, il l'avait toujours su, mais son raisonnement tronqué par les pulsions de sa malédiction n'arrivait pas à mener sa conclusion à terme. Il devait lutter contre ce qu'il devenait, pas ce qu'il était.

Son ombre qui s'étendait à perte de vue le ramena à considérer le présent avant de s'éparpiller trop loin dans l'avenir.


« Nous devrions rentrer, ou nous allons être en retard pour notre prise de poste. »
fit-il remarquer.

Surtout qu'ils allaient devoir revenir à pieds, et que le temple était à une bonne heure de marche. Les quolibets, les rumeurs et les remarques salaces allaient pleuvoir, il le sentait venir d'ici, mais déjà qu'il ne leur prêtait aucune forme d'intérêt, c'était un bien faible prix à payer comparé à ce qu'il avait découvert cette nuit.

Sa digression professionnelle ne dura cependant que le temps d'achever de se rhabiller pour Oniri. Ils s'étaient l'un et l'autre mit à nu, mais l'essentiel n'avait pas encore été entièrement révélé. Et bien que la Saibogu lui avait dit tout ignorer, il devait bien y avoir des questions auxquelles elle avait les réponses. Il lui suffisait de les poser pour savoir.


« Depuis quand savez-vous pour votre métamorphose ? Vous m'avez dit que ce n'était que la deuxième fois que vous vous transformiez, et pourtant, vous sembliez étonnement bien la maîtriser. »


Elle avait agit avec discernement, comme si elle savait exactement ce dont elle était capable, et ce qu'elle faisait. En somme, tout le contraire de lui... Il hésita un moment avant de parler de lui-même, probablement parce que c'était la première fois qu'il tenait cette conversation avec quelqu'un d'autre que son médecin. Mais après tout ce qu'elle avait vu, tout ce qu'elle lui avait montré, ce n'était pas comme s'il y avait encore le moindre intérêt de cacher quoi que ce soit. Ils étaient dans le même trou, et ils allaient devoir partager s'ils espéraient en sortir. Enfin, le même trou, Oniri semblait mieux vivre sa condition que lui.


« Ma malédiction s'est manifestée réellement il y a quatre ans, lorsque j'ai été frappé par des esprits de mort invoqués. Mais ils ne sont pas les responsables de mes métamorphoses, ils n'ont fait que mettre le feu au poudre : je suis certain que j'étais déjà ainsi à l'âge de trois ans. »


Sans qu'il l'explique, beaucoup de souvenirs avaient reflué lorsqu'il avait perdu le contrôle la première fois, s'imposant à sa mémoire avec une clarté déconcertante. Du moins, tout ce qu'il s'est passé après ses trois ans : avant, il n'en avait aucune idée...


« Depuis, j'ai... changé malgré moi. Votre métamorphose ne semble pas altérer votre comportement, mais moi, je deviens dangereux. Vous en avez eu un très bref aperçu. Et encore, mon physique n'est que la conséquence de ce qui se passe derrière. »


Sa plus grande honte lui pendait sur le bord des lèvres.


« Je n'ai jamais aimé tué, même si je le fais sans hésitation en mission. Mais depuis que l'Autre s'est réveillé, une rage sourde brûle dans mes veines, m'exhortant à un besoin de violence qui ne l’apaise en rien. Et je ne le domine aujourd'hui qu'à peine. C'est un bras de fer quotidien que je livre avec des pulsions tenaces qui ne sont pas les miennes. »


Ou qu'il refusait d'admettre comme les siennes, en tout cas.


« Pouvez-vous imaginer ce que c'est, Oniri, que de vivre dans un monde en ressentant davantage le besoin irrépressible de tuer plutôt que de respirer ? Où chaque personne que vous croisez n'est pas un être humain, un ami, un voisin ou un proche, mais une victime que chaque cellule de votre corps vous ordonne de briser ? Aujourd'hui, je gère ce conflit un peu mieux, mais cela ne l'empêche pas d'être présent. Et cela ne me préserve pas non plus de dégénérer lorsque mes défenses sont saturées. »


La plupart du temps, il parvenait même à se battre sans céder, mais il valait mieux que le combat ne s'éternise pas dans ces cas là, car l'exposition au danger et à la douleur avait tendance à accélérer la levée des inhibitions qu'il s'imposait.


« C'est pour cela que je veux comprendre ce que je suis. Non pas pour savoir vers où je vais, mais pour me soigner avant que je ne devienne l'antithèse totale de ce en quoi je crois. Vous m'avez demandé ce que je voulais devenir, et je le sais déjà. Le problème, c'est ce décalage entre ce que moi je veux, et ce que mon corps réclame. »


Mécaniquement, il passa les doigts sur l'une de ses tempes, là où il n'y avait plus qu'une légère saillit osseuse. Elles reviendront comme poussaient les ongles, il le savait.


« Ces cornes sont les stigmates de ma faiblesse, elles représentent ce que je deviens et que je n'arrive pas à supprimer. Cette part qui me parasite, et dont je veux me débarrasser. »


Se tournant vers la jeune femme, il s'efforça de sourire.


« Je les cache pour me mentir à moi-même, pour me faire croire que je suis un humain libre de ses choix, et non un monstre soumit à ses besoins. »


Il fit retomber ses mèches, agençant sa coiffure de manière à dissimuler ce qui devait l'être. Curieusement, après tout ce qu'il avait dit, il parvenait à aborder la suite avec plus de légèreté.


« Je ne sais pas si vous avez aussi ce ressenti, mais j'ai l'impression que vous dégagez quelque chose qui m'est familier, sans que je puisse expliquer ce dont il s'agit. Un peu comme si nous partagions le même héritage, mais que nous sommes aussi différents de ce que le seraient les Gekei du serpent et de l'aigle. Et je ne sais pas si cela doit me plaire ou non. Mais bon, au moins nous ne sommes plus seuls à chercher désormais.»


Plus il avançait, et plus il y avait de questions, à croire que cela n'en finirait jamais. Pour autant, il pouvait désormais être sûr d'une chose : il n'était pas un cas unique.

Et compte tenu ce que sa malédiction pouvait le pousser à faire, il n'était pas sûr que cela soit une bonne nouvelle.
Revenir en haut Aller en bas
Suna
Meïka A. Oniri
Meïka A. Oniri
Informations
Grade : Jônin - Assistante du Seigneur du Vent
Messages : 1877
Rang : S

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. EmptyJeu 30 Juil 2015 - 10:42


-Vous n'avez pas à vous excuser pour ce qui s'est passé. Et si tel était vraiment le cas sachez que vous vous êtes amplement rattrapé depuis lors.

Après tout ce qui s'était passé son comportement était, pour ainsi dire, le cadet de mes soucis. Tout ce qui m'importait désormais était d'en savoir plus sur sa personne, mais aussi et surtout sur moi-même. Je demeurais toujours assise en tailleur du haut de mon rocher tandis qu'il me rejoignait pour contempler l'aube resplendissante. Pourtant ce furent ses yeux qui se plongèrent dans les miens pour venir me parler en toute franchise. Il s'agissait en quelque sorte d'une promesse d'avenir. Un avenir bien étrange en somme au vu de ce que nous étions, mais qui parvint tout de même à susciter en moi un certain espoir. J'espérai qu'il en était de même pour lui.

-Malheureusement cela ne sera pas aussi simple. Nous sommes issus de deux villages différents et occupons chacun des postes importants. Il nous sera difficilement aisé de nous retrouver, pour en discuter voir pour tenter d'en apprendre davantage sur nous.

J'avais presque l'impression de me retrouver dans l'archétype même d'une vieille tragédie théâtrale entre deux amants séparés par les forces contemplatives du destin. A la différence que cet homme était poussé par des instincts meurtrier l'incitant à briser en deux tout ce qui se trouvait sur sa route, tandis que la dame borgne était une étrange entité mystique capable de communier avec les âmes.

-Nous n'aurons qu'à communiquer par lettre. Nous mènerons chacun nos enquêtes de notre côté et nous ferons partager nos découvertes par écrits.

En effet, je n'étais aucunement amatrice d'histoire mélodramatique. Un papier et un crayon me suffisant amplement. Suite à quoi nous terminâmes de nous rhabiller avant de nous mettre en route pour prendre la direction du monastère des Maskines. Je n'avais pas vraiment prévu que nous passions la nuit dehors, le problème étant que les rumeurs se colportaient rapidement chez les gueux, devinant ainsi d'avance comment allait se présenter notre retour.

-Cela ne fait que quelque mois. La première fois s'est faite par accident, sous la pression d'une intense émotion. Et celle de la nuit précédente est due à votre présence. Il semblerait que l'aura qui émanait de vous une fois transformé ait fait réagir cette chose présente en moi. J'ignore totalement son origine. Je n'ai jamais connue ma mère et je pense que cela vient d'elle. A la base je suis née au Pays des Neiges. Peut-être devais-je commencer par là...

Cela n'expliquait pas grand chose. Mon rapport avec ma véritable nature était encore confus. En effet, même si c'était égoïste de ma part, je me sentais rassurée à l'idée de savoir que je n'étais pas victime de la même malédiction que mon compagnon Nara.

-Je ne sais aucunement la maîtriser. Simplement... Sa nature est aux antipodes de la votre. Mon âme demeure sereine ce qui me permet de me concentrer autant que nécessaire.

Mais il ne s'agissait que de la partie immergée de l'iceberg. Mon pouvoir était bien plus complexe, bien plus profond. Malgré son mal Nara-san avait le mérite de pouvoir comprendre ce qu'il était au fond et savait à quoi s'en tenir avec. Moi j'étais une énigme vivante. Et l'inconnu effrayait cette personne que j'étais, n'aimant pas ne rien contrôler ou ne pas savoir.

Ainsi nous continuions d'avancer, laissant nos chaussures s'appuyer sur la terre meule le long des rizières. Le soleil continuait progressivement son ascension baignant le monde d'un halo d'or chaleureux et salvateur. Les criquets taisaient progressivement leur chants au profit des psalmodies des oiseaux diurnes qui fendaient le ciel en V au-dessus de nos têtes. L'air frais se réchauffait peu à peu, mais parfois, quelque volutes de vapeurs s'élevaient de nos lèvres lorsque des paroles étaient proférées. Parfois mon regard se perdait vers le temple visible de loin perché au sommet de cette formation rocheuse, mais mon attention demeurait entièrement rivé sur les propos du manieur d'ombres. Je comprenais que ses paroles n'étaient à l'origine réservée à personne si ce ne fut lui-même, aussi n'en manquais-je pas un mot, car cela signifiait qu'il avait confiance mais aussi et certainement, qu'il souhaitait que je lui vienne en aide.

-Je pense en effet pouvoir imaginer ce que l'on ressent. Après vous avoir euh... Après avoir vu cette marrée noire en vous. Mon esprit s'est retrouvé submergé par vos émotions. Durant un instant vous avez partagé une partie de votre rage en moi. J'ai pu la ressentir, cette irrépressible bestialité hurlant au carnage. Mais je suis parvenue à la repousser.

Surtout parce qu'il m'avait rejeté à temps. Auquel cas je n'aurais pu dire ce qu'il serait advenu de moi. Voici en quoi mon pouvoir était si dangereux. Il semblait bien trop réceptif aux influences néfastes et indirectement à celle du monstre qui sommeillait dans le cœur de cet homme. Ce même monstre qu'il craignait plus que tout. L'espace d'un instant je fus prise d'un tout, me demandant si cette scène venait à se renouveler et que cette fois-ci je me vois incapable de nous rappeler à la raison. Et je me retrouverai victime du même sort que lui. Les secondes s'écoulèrent tandis que je restais silencieuse face à cette remise en question. Puis, en guise de réponse je posai une main chaleureuse sur son épaule.

-Dites-vous que ce qui sommeil en vous vient de trouver un deuxième grand ennemi. Je ne crois pas vraiment au destin, mais il semblerait que mon pouvoir puisse servir à réprimer ces pulsions. Peut-être pourrons nous trouver un moyen de le faire ou de vous apprendre à les maîtriser.

La fuite n'était pas une option envisageable. En agissant ainsi je n'aurais pu aller de l'avant. Dès lors je n'avais d'autre choix que d'emprunter le même chemin que lui, quitte à devoir marcher à ses côtés durant un temps. J'ignorai si cela était possible, ni même comment j'étais parvenue à nous rendre nos formes humaines et s'il était possible de renouveler le processus, mais je pensais qu'il avait simplement besoin d'être rassuré. A cela, il s'arrêta pour me faire face et me sourire. Je me demandai si ce dernier était réellement honnête.

-Vous avez fait le choix de partager votre fardeau. Cela prouve que vous êtes encore libre de vos choix. Et puis... Moi je trouve qu'elles vous donnent un certain charme. Dis-je en relevant les yeux vers-là où devaient se trouver ses cornes, le tout accompagné d'un sourire amusé qui lui était on ne peut plus franc.

Au moins comprendrait-il qu'il n'aurait jamais à cacher sa nature devant-moi. J'en avais vu et compris bien assez pour ne pas le juger à tort. Lorsqu'il me fit part de cet étrange familiarité, je lui adressai un regard interrogateur.

-Oui j'ai également ressenti cette étrange sensation...

Sauf qu'elle semblait provenir de moi. Juste avant que je ne l'embrasse, chaque fibre s'étaient mises à résonner en accord avec le reste du monde qui m'entourait. Comme si une connexion existait entre toute chose et moi-même, ce qui résultait de ce sentiment de promiscuité.

-Nous sommes différents, mais ce n'est pas cela qui doit nous empêcher de nous comprendre et de nous entraider, car au fond nous demeurons de la même espèce.

Et je comprenais que la priorité serait à lui. Son problème était bien plus urgent que le mien. Aussi faudrait-il trouver une solution à sa guérison avant de consacrer à mes propres origines. Cela ne me plaisait pas vraiment, mais il s'agissait de la meilleure chose à faire.

-Vous m'avez fait confiance une première fois et je suis parvenue à vous ramener. Il ne nous restera plus qu'à travailler sur cet aspect là.

Et sur ces paroles nous reprîmes notre route vers ce sentier baigné par la lumière.

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Informations

Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty
Message(#) Sujet: Re: Ceux qui venaient d'ailleurs. Ceux qui venaient d'ailleurs. Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Ceux qui venaient d'ailleurs.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Ceux qui pensent | PV Sun
» H. Ceux qui sont blessés
» Ceux que j'ai toujours voulu aimer
» 02. Sauver ceux qui peuvent l'être
» Ceux qui jouent | PV Nara Adelie

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Shinobi no Hattan :: Archives :: SnH Legacy :: Reste du Monde :: Reste du Monde :: Ta no Kuni-