Donc tu rentrais de cette mission de rang D un peu éméché. En même temps, après avoir passé ta journée à courir dans tout les sens pour au final déterminer le meilleur moyen de faire sauter un barrage. Et tu avais réussis. Pour te féliciter, les gens du village t’avais invité à leur table pour festoyer comme il se doit. En bon abruti, tu acceptas. Et bien sûr, tu as bu. Un peu trop. Pas au point de vomir, pas au point de tomber raide mort mais assez pour chanter sur le chemin du retour en criant qu’un jour, tu serais le plus grand des ninjas, heureusement, lors de ton arrivée au village, tu avais suffisemment repris tes esprits pour ne plus crier mais pas assez pour aller te coucher. Enfin tu aurais pu le faire mais tu te laissas entraîner par la porte grande ouverte d’un bar.

Quand tu entras, tu tenais parfaitement droit et tu fis un tour de l’assistance. La veille, ils étaient quasiment tous déjà là. Quasiment tous sauf elle. Elle, elle avait les cheveux d’un rouge à la limite du pourpre et de beaux yeux bleus. Ressaisis toi Naru, l’alcool te fais penser à des choses stupides ! Ah tiens, tu aurais remarqué ses formes ? Tant mieux. Mais pourquoi diable va tu tout simplement au comptoir au lieu d’aller la voir ? Elle te plait mais non. Tu préfères laisser couler ta chance. Tu regardes le patron qui te connait bien et connait ton véritable âge et tu lui demandes une petite coupe de sake en sortant un billet. Il te sert en souriant, comme d’habitude. Il te prend un peu pour son fils et c’est pour cela qu’il te sert toujours chaleureusement et que, généralement, ton argent retourne dans ta poche d’une manière ou d’une autre.

Donc tu bois tranquillement ton verre, pensant à ta journée. Tu veux lui parler. Y’a aucune envie perverse derrière. Juste l’envie de discuter avec quelqu’un que tu ne connais pas pour te changer les idées. Tu prends donc enfin ton courage à deux mains, récupères de nouvelles coupes pleines et va t’asseoir à coté d’elle. Tu lui en places un devant et attend quelques instant avant de parler. Cette minute te sembla interminable puis tu la regarde et tu dis:

« J... »

Tu tombes en arrière … Comment as tu pu tomber en arrière ? Tu es vraiment pas doué quand tu as bu. Et bien sûr tu as déclenché l’hilarité générale. Tu reprends ta place et sans la regarder, sans écouter si elle rigole tu dis:

« J’t’avais jamais vu ici, alors que je souvent présent … tu la regardes alors, Je suis Bakushô Naru. »

Espérons qu’elle ne connaisse pas ta réputation et le surnom dont t’a affublé ton clan: Le Bâtard. Tu trempe tes lèvres dans ta coupe et laisse couler le liquide chaud dans ta gorge. Tu la regardes alors, attendant qu’elle réponde à une question que personne n’a posé.

Spoiler:

Un ciel s’assombrissant plus rapidement que d’ordinaire, une pluie qui n’avait pas l’air de vouloir cesser et des rues remplies de boue, désertées par le dynamisme habituel  du petit village. Voilà à quoi avait ressemblé la journée. Pourtant, non loin de là et malgré le temps orageux, la genin à la chevelure rougeâtre avait occupé un terrain d’entraînement durant toute l’après-midi. Désireuse d’apprendre et de progresser au plus vite et surtout parce qu’elle n’avait aucune envie de retourner dans son appartement délabré même pour s’y abriter. Elle préférait encore attraper la crève que de cohabiter avec les ras et les insectes. On pourrait sûrement se dire que le chat qui l’avait adoptée quelques années en arrière aurait pu faire le ménage de toutes ces bestioles mais non, lui aussi avait pris la fuite et elle ne l’avait d’ailleurs plus revue depuis qu’elle était censée avoir emménagé dans l’endroit.

Déjà plus de vingt heures et elle était toujours sur ce terrain complètement submergé par la pluie lorsque le premier éternuement vint. La kunoichi alla s’abriter du mieux qu’elle put sous un arbre et regarda l’argent dont elle disposait encore. Ses économies diminuaient à vue d’œil avec cette arnaque mais elle avait encore suffisamment d’argent pour tenir le mois entre les bains publics et la nourriture. Passé ce délais, elle devra trouver une autre solution dans le cas où le marché qu’elle avait passé avec le blondinet de l’autre jour ne tenait plus. C’est en pleine réflexion qu’elle rejoignis le centre ville et ses bains publics afin de se détendre et se réchauffer de la pluie.

Une fois sortie des bains et sécher du mieux qu’elle pu avec les moyens du bord ses vêtements, elle se précipita dans le bar en face. Un lieu de détente parfait pour se mettre à l’abris de la moindre goutte d’eau. Et en plus d’être un lieu de beuverie et de détente, les bars avaient le loisirs de vous offrir des spectacles et des conversations divertissantes de la part de la population déjà bien enivrée. La kunoichi s’installa à une table et commanda de quoi grapiller tout en observant les gens qui discutait joyeusement. Yuna aimait bien faire cela de temps en temps, c’était en quelque sorte un peu du voyeurisme dans un autre genre mais elle trouvait ça relativement amusant.

La genin était en train de siroter son thé tout en écoutant un débat sur la fondation du village entre deux hommes qui tournait au litron de saké lorsqu’un verre de cette même boisson vint se glisser sous son nez. Elle jeta un coup d’œil quant à la provenance de la coupe. Trop occupée à écouter l’animation de la conversation, elle n’avait pas vu le jeune homme qui s’était assis à sa table et lui jeta donc un regard un peu stupéfait mais elle préféra tenir sa langue attendant de voir ce qui allait ensuite se produire. La jeune homme tomba en arrière de son tabouret avant même d’avoir pu prononcer une seule syllabe. Il devait avoir un peu trop bu lui aussi… Mais c’était la raison pour laquelle Yuna prenait toujours des chaises lorsqu’elle allait dans un bar à alcool. Bref, cette action eut pour but d’attiré toute l’attention de la salle sur leur table et en fit éclater de rire plus d’un alors que la genin le regardait s’étaler comme une crêpe sur son derrière en clignant des yeux, un peu intriguée par ce qui était en train de se passer. Elle esquissa un petit sourire qu’elle cacha derrière une main alors que celui-ci se présenta. Croisant les jambes et appuyant sa tête conte la paume de sa main accoudée sur la table, elle le regarda avec un petit sourire.

« On m’a toujours dit de ne pas parler aux  inconnus. Tu semble avoir déjà bien bu. Devrais-je écouter ce conseil comme une enfant sage ou accepter ton invitation ? »


Elle désigna le verre qu’il lui avait apporté en souriant. La demoiselle s’ennuyait, il n’y avait rien eu d’amusant à espionner ce soir en ce bar qu’elle visitait pour la première fois et ce garçon venait de lui apporter la meilleure des distractions pour la soirée. Alors pourquoi ne pas passer un peu de son temps en sa compagnie ?