Suna, quartiers résidentiels.
Un peu après l'examen chûnin.

Ruelle de Suna:

D'ordinaire, quand il voulait être seul, Onpu préférait prendre de la hauteur, et se percher sur le toits de bâtiments surplombant le village.
S'il ne le faisait pas cette fois-ci, c'était pour plusieurs raisons. La première, c'est que dans ce village la plupart des maisons étaient très basses; le nombre de bâtiments de hauteur conséquente se comptaient sur les doigts de la main, et il lui aurait été difficile de passer inaperçu. C'était d'ailleurs la seconde raison: le village du sable était un terrain inconnu, et anciennement ennemi. S'y afficher aurait pu lui causer quelques problèmes... par précaution, il valait donc mieux éviter.

Enfin, la dernière raison, c'était qu'il avait besoin de se terrer quelque part après avoir vécu ce qu'il venait de vivre.
L'attaque psychique de la chose qu'il savait désormais tapie au fond de Raiu no Kenji n'était pas l'unique cause de cette confusion. Le contenu de la réunion qui s'était déroulée, son immersion dans le monde de la politique et de la manipulation... Il est des domaines que l'on n'est peut-être pas sensés approcher du tout. Après décantation, il commençait à comprendre la nature de la chose essentielle qui le perturbait. Les filtres.

Des filtres. Partout. Tout le monde filtrait, à l'émission d'information comme à la réception. Tout le monde n'entendait que ce qu'il voulait entendre, et ne disait que ce qu'il jugeait personnellement adéquat. Lui le premier: alors que le kazekage avait fait un commentaire désobligeant sur la conquête d'Ame no kuni, le luthier s'était senti obligé de rebondir pour se justifier. Pour quel motif? Améliorer la précision des informations et ainsi rendre la communication plus agréable. Manque de bol, c'était exactement l'effet inverse qui s'était produit. Car ce que Zanshi et Kenji n'avaient pas voulu entendre avant, ils ne pouvaient pas l'entendre ici, surtout pas de la bouche d'un jeunot comme lui. C'étaient tous les deux des vieux de la vieille, des gens d'expérience qui savaient donc quelle information récupérer et laquelle rejeter. Ils filtraient. Un filtre forgé d'expérience valait-il mieux qu'un autre? C'était là toute la problématique.

Philosopher sans musique était inconcevable pour Onpu. Aussitôt après avoir trouvé son coin de ruelle pour s'assoir, il avait soulevé sa manche pour activer son sceau sur l'épaule et invoquer sa guitare, qu'il avait prit contre lui comme pour serrer une présence, quelqu'un pour lui expliquer la situation et lui dire "c'est pas grave, t'en fais pas...". Dans ces moments de faiblesse, il avait cet espèce de mécanisme de régression qui illustraient bien son manque de self-confiance.

Cela ne l'empêchait pas de jouer correctement. Pourtant, alors que ses notes fragiles quittaient ses doigts, une foultitude d'information sonores lui passaient par la tête. Le contre-coup de l'agression passive de Meteora, sans le moindre doute.



Ces successions d' arpèges étranges reflétaient son incompréhension, son analyse incomplète de la situation actuelle. Deux types de raisonnement s'affrontaient, c'était un peu le même combat intérieur depuis qu'il avait rencontré Suguato. Mais maintenant qu'il avait été plongé dans le cœur du monde politique, ce combat prenait tout son sens. L'optimisme naïf dont il faisait preuve en affirmant qu'un échange constructif passait avant tout par des conditions de communication optimales, avait-il vraiment sa place ici? Ne fallait-il pas garder ça pour les petits problèmes qu'il avait l'habitude de gérer? "La cour des grands", lui avait dit Suguato. Lui au moins, il savait de quoi il parlait.

Malgré sa frustration auditive, On' restait quelqu'un de naturellement curieux, et se montrait inconsciemment à l'écoute de ce village exotique. Ici, les gens marchaient plus lentement qu'à l'Est. Ou du moins, c'était l'impression que donnait leur démarche. Les habitants n'étaient pas plus calmes ni agités, mais le vent qui ne s'arrêtait pas donnait un niveau de bruit de fond bien supérieur à celui qu'il pouvait y avoir à Konoha. Le luthier se dit alors qu'il n'aurait pas pu vivre ici.
Les niveaux de chakras, quant à eux, étaient extrêmement hétérogènes. C'était un village jeune, la séparation entre shinobis et civils n'était peut être pas aussi marquée qu'à Konoha. C'étaient là des suppositions.
Bientôt, Onpu reconnut la trace énergétique de Habashi Zanshi, celle qui aurait dû être son adversaire près de deux saisons plus tôt. Elle était finalement devenu un contact épistolaire et quelqu'un de confiance, jusqu'à cette réunion où elle ne s'était pas montré plus sympathique que ça à son égard. Pourtant, On' avait fait l'effort de lancer les sujets qu'elle disait vouloir aborder, mais elle avait semblé être ailleurs. Son rôle de second la poussait peut-être à rester en retrait par rapport au kazekage. Qu'en savait-il...

La voilà, sa chevelure flamboyante était reconnaissable depuis l'autre bout de la rue. On' n'avait pas honte de lui-même au point de l'ignorer quand elle passerait. Il se contenterait d'établir un contact oculaire avec elle, et de finir son morceau de musique. Hors de question de l'interrompre en plein milieu, sinon la vie n'avait plus aucun sens.

J'étais certainement la personne la plus silencieuse de ce village, vraiment, on ne m'entendait que rarement, et lorsque que j'ouvrais ma petite bouche, on en démontait les mots qui en sortaient, me contredisant sans cesse, rarement on me demandait mon avis, ça m'allait bien comme ça puisque rarement on le respectait.. Enfin, je n'étais pas du genre à me plaindre, non, plutôt à tout renfermer, tout garder pour moi, bien ou mal ? Une bonne question dont je ne me souciais guère. Lui, ce juunin, voulait accorder un peu d'importance à mes paroles, d'ailleurs ce fut le seul, à bien y repenser, à le faire ; bien sûr je mettais de côté Anka et Tsuna, c'était particulier pour eux ; et Kenji à part me donner une illusion.. Qu'importe, sa question était la bienvenue même si finalement je ne pouvais pas vraiment y répondre, je n'étais en fait pas la bonne personne.. Dans le fond c'était peut être ça le problème, pas la bonne personne, pas au bon endroit. Suna et moi, ce n'était pas un relation idyllique. J'allais tout de même m’efforcer d'y répondre, même si je n'avais pas assisté à tous ces événements, j'en avais entendu suffisamment...

« ha... Je suis une pièce rapportée à ce village.. Rien de plus, je n'ai pas vécu tous les événements qui ont fait de ce village ce qu'il est.. Mais je peux dire que ceux qui lui ont donné la vie étaient.. grands.. Le triumvirat, Kenji.. Enfin, je préférerais ne pas parler de choses auxquelles je n'ai pas assisté car je ne suis rien par rapport à tout ça. En fait, si je suis ici ce n'est pas pour le village, ce n'est pas pour ses habitants, mais à la base pour une seule personne, ou par égoïsme, peu importe. Mais j'ai fini par me faire à cette vie. Après, la suite de l'histoire, vous la connaissez. La rencontre avec Masao Nikkou, Suguato.. Et une autre Kunoichi dont je ne me souviens plus le nom... celui qui a initié la guerre. Puis finalement la guerre. Haha.. Je suis sans doute bien moins intéressante que ce à quoi vous vous attendiez.. » Dis je en rigolant légèrement.

Effectivement, en y regardant de plus prés, je n'avais que peu de vécu avec ce village et sa population, ses ninjas, j'étais une inconnue pour eux, en fin de compte ; ils ne connaissaient que mon nom, quelques uns de mes actes. Ils ne savaient certainement pas que j'avais souhaité la paix plus que tout entre Konoha et Suna et depuis le début, mais on ne retiendrait que la dévastation que j'avais pus causer, les victimes résultantes de mes jutsu, et certainement du fait que j'avais tué des Sunajin lors de cette bataille. Un bilan bien triste de ma vie toute aussi morose, la voie du shinobi hein.. Enfin, comme je n'étais pas du genre à me plaindre, toujours, je n'en étais pas plus à me morfondre et m’apitoyer sur mon sort. Cependant, ce jeune homme semblait accorder quelques poids à ce que j'étais.

« Vous savez, Onpu, je n'ai jamais souhaité combattre des Konohajin, je n'ai jamais voulu en tuer. J'étais persuadée que nos villages et nos peuples pouvaient s'entendre et se lier sans passer par la force, sans devoir instaurer un pacte, un compromis.. » Dis je en soupirant.
« Nous en sommes ressortis affaiblis, voir meurtris pour finalement les mêmes objectifs.. abattre un ennemi commun.. Je dois être bien peu crédible, ou alors est ce parce que je suis une femme... Allez savoir, je me le demande par moment. » Ajoutais je en esquissant un bien faible sourire.
« Et vous.. ? Je ne sais rien sur Konoha.. à part ce que m'en a dit un autre konohajin, enfin, un ex-konohajin. »

[i]Ce que je savais de Konoha ? Ce qu'avait put me dire Tsuna, des personnes compréhensives, sympathiques, des êtres humains quoi.. mais au de là de ces quelques mots...