Une nouvelle et chaude journée à Suna, le village des milles intrigues, se profilait. Ce matin-ci fut assez différent des autres, d'habitude je me rendais au palais afin d'y commencer mon long et fastidieux travail administratif, pour lire les différents rapports etc. Mais ce jour, j'avais dérogé à la règle que je suivais. En effet, j'avais eu envie d'être dehors, de prendre l'air et profiter de l'air encore frais. Depuis que mon don s'était vu altéré par ce chakra, je ressentais véritablement ces plaisirs. La brise fraîche, le soleil cogneur... je comprenais tout l'intérêt d'en profiter maintenant. J'en venais presque à me dire que ce qui m'arrivait avait quelques aspects assez satisfaisants. J'avais grimpé les quelques centaines de marches menant au haut du rempart naturel de Suna, l'endroit où l'on put certainement le mieux apprécier les ondées matinales.

Je n'étais pas la seule ici, il y avait un garde aussi. Un chuunin. Il surveillait la voie illusionnée. Enfin, surveiller était un grand mot. A quelques mètres seulement de lui, je le voyais étrangement hocher de la tête, pouvait il dormir debout ? Un sourire amusé, et je l'interpelai. Il se retourna aussi sec en se frottant le crâne. La fatigue d'une nuit de garde pouvait se lire sur son visage, en plus de la surprise face à ma présence ici. Il s'excusa rapidement, tentant d'excuser sa somnolence. Je n'allais pas l'envoyer à l'Ergastule pour ci peu, néanmoins, intriguée; je lui demandai à quand remontait sa prise de garde. La réponse m'étonna, en effet, son quart avait duré trop longtemps et s'était plutôt transformé en trois quart. Je fronçai les sourcils et exigeant une explication. Sa seconde réponse m'étonna davantage que la première, ou tout au moins, m'exaspéra.

Le chuunin avait perdu un pari avec ses collègues, et avait du prendre leurs quarts. Je lui demandais cette fois de me préciser leur nom, il semblait vouloir éviter de répondre, tentant de justifier cette action. J'approchai, l'air menaçant, et suggérai l'idée d'aller faire un saut dans les cellules de Suna, ce qui eut pour effet de lui délier la langue. Je soupirai en l'écoutant. Je connaissais ces noms, ils m'avaient déjà été rapportés. Le pauvre jeune homme pensait qu'il irait passé le reste de sa journée dans les geôles, mais je le rassurai immédiatement; lui faisant un sermon sur l'importance de son poste, et sur les responsabilités que cela impliquait. Un nouveau soupire, je pris un morceau de papier sur lequel j'écrivis quelques mots. Je lui remis le message et je lui ordonnai je lui ordonnai le transmettre au palais puis de rentrer chez lui pour se reposer. Un ninja manquant se sommeil sur les remparts aurait pu causer des problèmes en cas d'attaque, ou autre.

Il hésita un instant à quitter les lieux.

"Ne t'en fais pas, je vais monter la garde un moment."

Il fut surprit, mais finalement, me remercia et ne resta pas plus longtemps.

Le temps défila normalement, je voyais le soleil grimper dans le soleil, lentement mais sûrement. Ce moment passé ici me permit de réfléchir à certaines choses ne concernant en rien le village, ni même les shinobi. Je m'étais assise au bord de la falaise, les jambes dans le vide, et observai au loin. De l'autre côté, un autre garde me jeta quelques regards. Il ne semblait pas m'avoir reconnu au début, pourtant; ma tignasse trahissait facilement mon identité, enfin... Mais lorsque je lui fi signe, il détourna le regard fixant au loin. Je rigolai silencieusement. J'étais étonnée de ne voir personne venir prendre la place de celui que j'avais congédié, mais finalement la solitude, ici, avait du bon. Cependant, je savais que je ne pouvais me permettre ce genre de chose tous les jours. Mais ce jour, je profitai de ma tranquillité.

Les choses ont toujours une fin. Quelques heures après mon arrivée ici, j'entendis des pas dans les marches. Je me préparais à engueuler les deux chuunin que j'avais fait convoquer ici, mais une voix me devança. Je tournai la tête, et vis un jeune homme, la vingtaine tout au plus. Un visage que je n'avais jamais vu, me semblait-il. Néanmoins les paroles du ninja m'étaient familières. La façon de parler du vieux Kazekage. J'étais surprise, mais pas tant que ça. Je reposai le regard sur l'horizon, alors qu'il continuait son introduction. Il me parlait des Mamoru, de ce qu'il avait fait. J'haussai les épaules en silence alors qu'il prononçait ses derniers mots. Sans le regarder, ni même me retourner, je lui répondis.

"Un esprit tordu dans un corps sain ? Où avez vous volé ce corps, ou plutôt, à qui ? Je n'aime pas les nécromants, et pas davantage les personnes qui s'octroient les dons des autres. Mais c'est ainsi. N'est-ce pas ?" Dis-je dans un premier temps. Mais je repris aussitôt.
"Ah oui... votre petite escapade. Je ne crois pas que ce soit la meilleure période pour aller faire du tourisme, mais bon; vous faites un peu ce que vous voulez, Aare, ai-je tort ? Enfin. J'ai pris contact avec le Raïkage Seki Zennosuke, il est informé qu'un Sunajin sera à Kaminari, et qu'il se rendra, éventuellement, à Kumo. Sans dire que vous êtes attendus, vous ne serez pas non plus refoulé comme un malpropre à leur porte."

Achevais-je. Aucune pointe d'animosité n'était décelable dans ma voix. J'exposai simplement les choses telles que je les voyais, et les ressentais...

J'écoutais, étrangement, inlassablement le long discours du vieil... du.. du nécromant. J'étais plus ou moins d'accord avec une partie de ce qu'il disait, mais pas vraiment avec certaines choses. Enfin, je n'allais pas le juger davantage. J'étais au moins rassurée que cette apparence soit celle d'un mort, quelqu'un qui ne compte plus personne, vu qu'il n'avait plus personne. Bien que ces quelques mots puissent avoir pour but justement de ne pas risquer un séjour en prison.

En effet, jusqu'à ce que je sois la victime d'une technique interdite, je ne prêtais que peu d'importance à ce qu'on pouvait faire aux autres à l'aide de telles techniques, mais maintenant... J'y portais un intérêt plus important. Je prévoyais même de faire intervenir une loi pour en interdire l'apprentissage et l'usage. Mais pour cela, il me fallait des conseillers; pour éviter d'être affublé du titre de dictatrice...

Quoi qu'il en fut je n'allais pas faire part de tout ceci à l'ex Kazekage, ce n'était pas ses affaires. Néanmoins, puisqu'il me parlait d'une partie de sa vie, et notamment de sa femme et son petit fils, se servant de cet exemple pour justifier de l'utilisation de la nécromancie; je me devais moi aussi de fournir mon propre contre exemple. Quelque chose que peu de personne savait en dehors des conseillers -ce qui leur valu d'être déclarés morts, entre autre- de Kioshi, et de mon frère.

"Vous savez, j'ai tué de mes mains ma petite sœur et mon âme-sœur. Je souhaiterai qu'ils soient toujours là, mais ce n'est pas pour autant que je les ressusciterai. Il y a des choses que la nature offre à nous, shinobi, et d'autres que nous devons lui laisser aussi terrible cela peut il être. Mais je suppose que nous sommes tous différents dans le fond, et que ce genre de visions ne peuvent être aussi facilement comprises, autant la votre que la mienne."

Je continuai d'observer au loin. Leurs visages ne cessaient de me revenir, même si je vivais avec mes actes, je ne pouvais nier que je m'en voulais et que leur présence me manquait atrocement, la douleur était elle sans doute décuplée lorsque le tort et l'horreur émanaient de sa propre personne. Je n'allais pas me lancer dans cette explication auprès de cet homme. Il était déjà fastidieux et long de faire une telle narration sans en plus avoir à aborder l'histoire, les coutumes etc de la famille Habashi. D'autant plus que je n'étais pas persuadée que, malgré son grand âge, il y comprenne quoi que ce soit. Je glissai alors sur un tout autre sujet abordé par l'Araakoa.

"Oui, les Kazekage. Finalement, je suis la seule à ne pas avoir causé de tort à son prédécesseur. A ne pas l'avoir trahi, ni l'avoir envié, ni à l'avoir hait. Même s'il était sans doute celui méritant le plus de subir chacun de ces... travers. J'essaye de ne pas me venter, mais je suis la seule a avoir finalement le plus oeuvrer pour la paix, avec le Hokage Myakudou Onpu. Enfin, j'ai aussi mes torts sur beaucoup de sujets, je ne le cache pas. Mais je doute, aujourd'hui, que ce lien si particulier qui vous uni, vous les anciens Kazekage, puissent encore exister à l'avenir. Pas avec ce que je vais faire pour Suna..."
*Buttes-le! Il veut te manipuler!*

Un court silence, quelques secondes pour récupérer ma concentration un instant accaparée par cette voix.

"Euh.. Oui. Pour votre entretien avec Rinto Yogan et Kioshi... Je suis au courant de l'essentiel. De vos hypothèses à tous, de vos faux-semblants etcetera. Quel Kazekage ferais-je si on parvenait à me dissimuler ce genre d'information, n'est-ce pas ?.. Je suppose que vous avez appris le départ de Yogan, tout au moins, sa désertion ? Avant que vous ne me demandiez si j'ai lancé une unité à sa poursuite, sachez que cet homme est... Intraquable. L'auriez-vous menacé d'une quelconque façon durant cet entretien ? Je ne sais pas s'il y est pour quelque chose dans les attentats perpétrés contre les conseillers. Mais sa disparition..." Soupirais-je sans que mon regard se défasse de l'horizon.

J'étais là toujours assis à regarder l'horizon, la Kazekage semblait en faire de même d'ailleurs, aucun de nous ne portait son regard sur l'autre, aucun de nous n'avait en réalité une attention particulière pour l'autre, à vrai dire nous coexistons, nous nous considérons et émettons des jugements l'un sur l'autre, l'unique différence qui subsistait était que je survivrai à ce climat alors que elle dans un demi-siècle tout au plus elle se mêlera au sable de ces dunes. Ce qui est poussière redeviendra poussière disait-on. Elle me parla alors de deux personnes chères qu'elle avait tué de ses mains et que pour autant elle ne souhaitait pas voir revenir parce qu'il fallait accepté ses morts. Je comprenais sa vision des choses mais je ne la partageai pas. Je me contentais de répondre aux paroles de la jeune femme, une petite locution, celle-ci :


« Je vois ça d'une manière plus scientifique, si nous avons été conçu par je ne sais qui en ayant la capacité latente de manipuler des énergies extraordinaires, c'est qu'au final la nature elle-même a été conçue pour se soumettre aux personnes cherchant à retrouver ses secrets. Cela m'a prit une vie pour en découvrir un seul, je compte bien continuer à en percer d'autres. Je comprends néanmoins votre vision, mais sachez que si un jour l'envie vous venait de les revoir, sous la forme d'un corps vivant ou juste entrer en communication avec eux dans l'autre monde, je serais capable de vous aider. »


Ces mots étaient sincère, bien que j'étais partisan d'un service pour un service, la perspective qu'elle ressente un peu moins de méfiance à mon égard était déjà quelque chose de bon à prendre en contrepartie. Finalement je revins sur sa deuxième parole, les Kazekage. Je m'exprimais suite à son discours pour qu'elle comprenne quelque chose.


« La lignée des Kazekage en elle-même a luté pour la paix, simplement que la paix est une notion que chacun s'approprie et qui peut avoir nombre de tournure. Le triumvirat à créer Suna dans le but d'offre un asile de paix aux peuples de Kaze no Kuni. Kurogane Akio était un espion de Makka mais pourtant à aimer chacun des habitants de ce village. Je souhaitais faire de ce village une place forte et conquérante afin d'instaurer une paix durable sur le monde, une locution d'un peuple ancien résume bien ma pensée, si vis pacem para bellum, qui veut la paix prépare la guerre. Enfin quant à la question d'avoir trahi, envié ou de simplement haïr nos prédécesseurs. Pour ma part, j'ai tué mon prédécesseur sur ordre du conseil qui m'a par la suite mis en place. Je ne l'avais jamais envié, ni hait, ni trahi, puisque je ne le connaissais pas ou peu avant notre combat. Pour Kenji c'est différent, il n'enviait pas ma position par contre il me détestait ou plutôt il détestait ce que je représentais. Une vision de Suna qu'il ne partageait pas. Les hommes tuent pour leurs idées et sont prêts à mourir pour elles. »


Enfin on parlait du dernier point évoqué, ma rencontre avec Kioshi et Rinto Yogan, elle me demandait si je l'avais menacé, pourtant vu qu'elle avait appris l'essentiel de cette rencontre, je suppose qu'elle connaissait déjà la réponse à cette question, malgré tout je répondis à cette interrogation aussi.


« Je suis au courant de sa désertion, je suis persuadé qu'il cachait encore de nombreux secrets, enfin, cet homme est un senseur d'exception aucune chance qu'une équipe le retrouve. Lors de notre entrevue je l'ai menacé oui et à plusieurs reprises, après tout il était suspect du meurtre d'amis. Mais finalement j'ai acquis la certitude qu'ils étaient encore en vie. J'ai sondé le royaume des morts grâce à mes pouvoirs et n'ai trouvé aucune trace de leurs âmes, donc où qu'ils soient, ils sont en vie, de ce fait, mon amertume s'est évaporée d'elle-même. » 


Je continuais avec les paroles suivantes


« Au final, celui qui a le plus souffert de cet interrogatoire est sans doute le jeune Yamada, il s'est rendu compte que sa conception de la réalité sur vous n'était en fait que l'illusion de cette dernière. Le Rinto a après tout déclaré qu'il avait bien plus de poids sur vos décisions que le jeune capitaine du Kakumeigun. Kioshi me rappelle un peu Kenji en quelque sorte sous certains traits, mais il manque d'expérience et sa conception du monde est trop simpliste. Il évoluera avec le temps, j'imagine. »

L'homme parlait beaucoup... beaucoup. Je n'étais pas une adepte des très longs discours même s'il m'arrivait parfois d'en faire, à ceci près que je m'évertuais à apprendre des choses aux personnes qui les écoutaient. Là, le Nidaime ne m'apprenait rien, ou presque mais par politesse, parce que je le savais vieux malgré son apparence de jeunot, je ne lui fis pas remarquer. Ça radote comme on dit. Je ne faisais qu’acquiescer de la tête en regardant le désert.

Certains auraient pu penser que je n'en avais rien à faire, mais au contraire. Quand il n'y avait rien à dire, je préférais encore ne rien dire que de tenter de meubler désespérément une discussion. Tous les sujets étaient plutôt intéressants, ou tout au moins les réponses l'étaient. Je ne savais s'il attendait une quelconque réponse de ma part, une révélation ou quoi que ce soit... Si c'était le cas, c'était dommage.

"Je préfère que les morts restent à leur place. Je respecte l'ordre naturel des choses, science ou pas. A vouloir transcender le monde, la nature, les humains... On risquerait de perdre notre humanité. Ce n'est pas bon."

Je préférais effectivement que les choses suivent leur cours normal, tout au moins en ce qui concernait la vie et la mort. J'avais eu déjà bien assez à faire avec ma jeune sœur lorsqu'un nécromant la rappela pour s'en servir d'arme contre moi et Suna. C'était certainement pour cette raison d'ailleurs que n'appréciais pas ces êtres là. Ils provoquaient en général plus de mal que bien autour d'eux, leur faire confiance c'était un peu comme pactiser avec le diable, ou à défaut avec Izanami.

"S'ils sont en vie, tant mieux."

Répondis-je simplement. Évidemment je savais parfaitement qu'ils l'étaient puisque j'avais moi même organisé leur disparition. Mais ça, personne ne le savait; pour le moment. Yogan était certainement la pièce maîtresse de cette partie d'échec, une pièce qui compte tenu de ses facultés seraient assez difficile à mettre en danger. Je ne m'inquiétais pas plus que cela à son sujet, bientôt les Sunajin seraient occupés à des choses plus grandes, plus importantes...

"Oui, Kioshi est un enfant... Il ressemble à plusieurs personnes que j'ai connues, mais en même temps à aucunes d'entre elles. C'est étrange. Bien sûr que Yôgan avait une influence sur mes décisions. Il me conseillait mieux que les conseillers, et c'était un ami de longue date. Il a connu mon père sur le champ de bataille, ce n'est pas rien. Enfin, cela a peu d'importance. Je vais m'en aller, j'ai encore à faire aujourd'hui."

Dit-elle en s'étirant..