Le réseau souterrain a été créé à même les profondeurs magmatiques de Haï. Il s'agit d'un petit dédale de couloirs reliés entre eux par des alcôves à la taille variable. D'innombrables sceaux à la complexités folles sont gravés le long des parois. Sceaux de protections, de camouflages ou encore de renforcement. Tout est fait pour assurer la sécurité des lieux et des résident, mais aussi et surtout pour s'assurer que nulle personne du monde extérieur ne puisse prendre connaissance de cet endroit. Red a fait construire se second repère dans un but précis. Elle seule en connaît l'existence ainsi qu'une poignée d'individus se trouvant en ce moment-même dans la salle principale. D'autres sceaux disséminés le long des murs fournissent un éclairage tamisés, tous justes suffisants pour apercevoir le visage de son prochain.

Il y règne une chaleur atroce rendue volontairement à peine vivable par fuinjutsu. Autant être honnête, Red ne compte ménager personne. Et elle se trouve-là, sur une petite estrade temporaire surplombant cette maigre assemblée d'une cinquantaine d'individus. On y retrouve des personnes venus de tous horizons et de tous pays. D'anciens Shinobi, déserteurs, ou encore civiles expérimenté dans l'art du combat. Tous sont ici pour une raison bien précise. Parce que la Saibogu a promis de leur donner quelques chose qu'ils n'ont pas. Sa tenue de cuirs et de tissus est couverte par un épais manteau placé sur ses épaules. Le regard de la démone aveugle se promène sur l'assemblée.

Ses lèvres dessinent un sourire aussi sombre qu'énigmatique. Ses sens sur-développés lui permettent de lire dans les cœurs et elle sait dors est déjà ceux qui ne mèneront pas leur voyage à terme. Levant une main, d'un geste lent et parfaitement contrôlé, la cheftaine intime le silence. Des regards tantôt, égarés, tantôt déterminés, tantôt plein d'espoir lui sont adressés.

« Vous voilà enfin réuni ! Hommes et Femmes venus des quatre coins du continent. Vous vous tenez ici aujourd'hui car vous avez répondu à mon appel. Certains d'entre vous sont des parias, des individus rejetés et n'ayant plus leur place dans la société. D'autres ont perdu tout ce qu'ils possédaient argent, famille, fierté et désirent reprendre ce qui leur revient de droit. Certains d'entre vous réclament vengeance pour tous les maux que la vie leurs vous a infligé. Enfin, il y a ceux désireux de changer ce monde. Mais qu'importent vos motivations. Si vous êtes tous ici réuni aujourd'hui c'est pour atteindre un seul est unique but.... »

Elle laisse volontairement planer un moment de silence afin de donner davantage de poids à ces futurs paroles pleines de sens.

« Afin d'acquérir du pouvoir. Celui d'atteindre vos objectifs que ce soit pour protéger une chose ou d'en détruire une autre. Je suis en mesure de vous l'accorder en échange de votre serment. Ainsi, je ferais de vous les assassins les plus puissants que l'histoire ai connu. Tous autant que vous êtes vous perdrez énormément en me rejoignant... Seul un cinquième d'entre vous survivrons...»

Ses mots sont pleins de sens et de gravité, mais dans son publique pas un seul ne bronche. Nul ne laisse rien paraître, car tous en sont conscients. Ils savent qu'en entrant dans ce repère une porte s'est fermée derrière eux.

« Mais si vous êtes ici... C'est parce que vous avez compris qu'aucun sacrifice n'est trop grand pour atteindre votre idéal. Vous ne serez plus des humains, vous ne serez plus des soldats ni des Shinobis. Vous serez une volonté. Vous serez le pouvoir de changer ce monde. »

La démone lève les paumes pour désigner l'ensemble des individus devant elle, qu'ils soient de futur mort ou de futur assassin d'élites.

« Si vous êtes ici aujourd'hui c'est pour que nous marquions ensemble l'avènement de la Marche Nocturne ! »

Spoiler:

Confortablement affalé sur mon canapé, j’entendis toquer à ma porte. A peine venais-je de revenir au pays que le devoir m’appelait déjà ? Agacé par l’idée, je me relevai puis avançai d’un pas lourd vers la porte. A travers l’œil de judas, je vis Nako se tenir sur le pas et surpris, j’ouvris la porte sans perdre plus de temps.

« Bonjour Nako, entre. »

Disais-je par réflexe. Rentré il y a à peine un jour du pays du Givre, je n’avais pas eu le courage de déballer mes affaires et mon sac de voyage trônait encore sur mon bureau. Je le jetai dans la chambre et refermai la porte, puis j’invitai la jeune Seki à s’assoir sur le canapé et lui proposait du thé, qu’elle refusa. La jeune femme semblait gênait, ce je pouvais comprendre. Se retrouver dans la maison de son supérieur, qui plus est un homme plus âgé pouvait paraître étrange. Pour moi il n'était rien de cela. Bien conscient que la jeune femme était venu ici dans un but précis, je l'invitai à s'ouvrir à moi.

« Je t’écoute. »

Si la Seki savait que je revenais ce jour-ci, elle s’était informé sur mon voyage à Shimo no Kuni. La jeune femme devait avoir quelque chose d’important à me dire pour donner autant d'effort afin de me rencontrer et j’attendis patiemment qu’elle ne brise le silence. Après quelques secondes, la Seki me déballa toutes ce qui lui pesait sur la conscience : le village, les récentes batailles et sa propre faiblesse la tourmentaient. Plus encore qu'un simple malaise, elle me peignait là une souffrance de tous les instants. Une souffrance qui ne m'était pas inconnu. Elle qui par-dessus tout souhaitait protéger son clan et sa patrie avait été profondément marqué par la mort de son chef, de notre chef à tous. Plus que tout au monde, elle désirait devenir plus puissante, pour protéger ceux qui lui étaient cher. Un sentiment de culpabilité que je pouvais comprendre puisque je le ressentais aussi. Un sentiment qui m'avait poussé à m'approcher de l'ombre, à pactiser avec le diable pour gagner en puissance.

Trois jours plus tard, je devais me rendre à Hai no Kuni pour y subir l’entrainement de Saibogu Red et intégrer son commando d’élite : la Nightmarch. Tout ce qu’elle me disait alors me rappelait sans cesse ce que j’éprouvais moi aussi. Au fond, je savais qu’il était déjà trop tard, que l’idée avait déjà germée. Cette idée, une des plus mauvaises idées que j’avais pu avoir durant ma vie, me poussait à lui en parler. Mais qui étais-je pour juger de sa capacité à surmonter cette épreuve ? Je ne serais pas toujours là pour protéger mes élèves et plus encore que de les protéger, je ne pouvais leur rendre plus grand service que de leur faire affronter la réalité, en étant derrière eux tel un filet assurant leur chute. Son discours terminé, je laissai le silence s’installer. Indécis, je décidai finalement de lui proposer de me rejoindre à contre cœur. Et je me jurais de toute faire pour la protéger de l’influence du Kyomu et de Saibogu Red. Nous ferions tout deux partis de la Nightmarch et nous en ressortirions tous deux plus forts, mais surtout entier.

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Écrasé par la chaleur qui régnait dans la salle, je me tenais debout aux côtés de Nako, attendant patiemment que la raison de notre venu ne daigne faire son entrée. Le pays de la cendre ne m’avait pas manqué. Ce paysage désolé, recouvert volcans crachant leur cendre et leur lave sur ces terres ne me faisait aucunement envie. Loin des paysages dans lesquels j’avais grandis au pays du givre, je ne voyais que le déchainement de la nature. La brutalité et l’anarchie dans sa plus pure forme. La neige et les montagnes de mon pays étaient une douce mélodie à côté de ces terres dévastés. Même l'odeur nauséabonde qui s'échappait était moins difficile à supporter que le supplice de cette chaleur. Du coin de l’œil j’observai celle qui m’accompagnait. Une question me taraudait l’esprit : avais-je fait une erreur en l’amenant ici ? L’entrainement de la Saibogu n’aurait pas d’égal, plus dur encore que celui des shinobis et je craignais que la jeune femme ne parvienne pas à le supporter. Plus encore que de parvenir à réussir cette épreuve, je devais aussi le faire pour la Seki. En ce jour, je pris la décision de non seulement mettre ma vie en danger, mais également celle de ma camarade. Une vie que je me jurais de protéger, quel qu’en soit le prix. Le regard défiant, je fixai la Kyomujin pendant son discours. Un discours galvanisant, comme elle savait si bien les faire. Tous ici présents savaient qu’ils risquaient leur vie, Red elle-même mettait en avant cet argument pour souligner la difficulté de l’entrainement à venir. Le front dégoulinant, je m’essuyai à l’aide de la manche de ma veste, que je retirai aussitôt. Mon tee-shirt blanc détrempé par la sueur laissait apparaître mes muscles et les marques que portait mon corps. Tous les mauvais traitements que j’avais subi il y avait de cela plus de 15 ans, je les exhibais en ce jour comme une arme. Une motivation, comme pouvaient l’être mon ambition de justice, et ma volonté de fer de protéger ma camarade.

Ces quatre dernières années furent un renouveau pour moi, tout autant officieusement qu’officiellement. Je sentais un profond changement dans mon attitude et mon caractère. D’un homme lunatique, sans grandes ambitions, vivant au jour le jour j’étais devenu un homme convaincu de ce qu’il désirait : rendre la justice. Mais pour se faire, il me fallait de la puissance, plus de puissance que je n’en avais jamais eu. Impatient, je ne saurais attendre encore dix ans pour atteindre le niveau qu’il me faudrait pour m’y atteler. J’espérais de cet entrainement qu’il transforme cette dizaine d’année en une seule. En même temps que mon changement psychologique est arrivé un changement physique. Jamais ma maîtrise du métal ne s’était autant améliorée que depuis ces derniers temps et je soupçonnais ma volonté de fer et mon inébranlable confiance en mon pouvoir d’y être pour beaucoup. Enfant, je n’avais reçu aucune éducation sur mon Kekkei Genkai. Incapable de m’en servir, les membres de mon clan avaient jugé inutile de me transmettre se savoir. Savoir dont je comprenais maintenant toute l’envergure et l’importance. Je pensais que le Genjutsu, unique pouvoir qui s’était alors éveillé en moi, était mon seul talent. Mais la réalité, bien différente de celle que j’imaginais, s’imposait à moi comme une évidence. Le Genjutsu et ma maîtrise du métal agissaient telles deux forces opposées. Plus ma maîtrise grandissait, plus mon pouvoir d’illusionniste se tarissait. Dans un premier temps effrayé par cette vérité, je l’embrassais maintenant avec la fermeté que j’aurai dû avoir, 15 ans plus tôt.

Le discours de la cheftaine terminé, tous levèrent le poing, scandant son nom en rythme. Loin de tout ce fanatisme futile, je me tournai vers la Seki.

« Ne te fis pas à ce que cette personne te dira, ni à quiconque présent ici. Bien que certains d'entre eux puissent nourrir des idéaux nobles, la voie qu’ils ont suivie est celle du sang et de la mort. Si tu ne souhaites pas devenir comme eux, accroche toi à tes rêves et à tes ambitions. Sache que je serai toujours là pour assurer tes arrières. »

Je mis ma main sur l’épaule de Nako, la tapotant en signe d’affection.

« Saibogu Red est une personne impressionnante à n’en pas douter et je suis le premier à être attiré par la flamme de son ambition. Mais derrière cette flamme ce cache un démon qui n'hésitera pas à te dévorer au moindre signe de faiblesse. J'ai vu de mes propres yeux ce que l'entrainement du Kyomu peut donner. En prononçant ces mots me revint l'image du visage de White, une jeune femme brisé et perdue. Ta volonté doit être de fer, comme celle que tu as pu me montrer l'autre jour. Prouve-moi que j'ai eu raison de t'amener ici et surtout, fis toi à moi. »