... l'Ergastule.

Face à moi se trouvait mon prédécesseur et en deux rôles ; Il était un ancien Kazekage mais se trouvait aussi être le senseï de Kibo, ce qui faisait qu'en quelque sorte nous étions liés. Je me rappelais même de deux entraînements à ses côtés ; Lors du premier, je devais l'affronter aux côtés de Saibogu Kanpeki, une damoiselle armée jusqu'aux dents. Cela s'était soldé sur notre défaite, nous n'avions pu rivaliser avec le Rokudaime Kazekage. Le deuxième se trouvait être un apprentissage, il m'avait appris à mieux anticiper les mouvements de mon adversaire. En plus d'indices corporels, je devais laisser mon corps agir afin de pouvoir surpasser mes ennemis. La leçon avait été excellente et ses conseils avisés-.. Bien sûr il n'y avait pas que du bon dans ses actes. Je crois que sa première erreur avait été d'accepter le poste de Kazekage, il n'était pas fait pour ça et était d'après les dires bouleversés par la mort de la Godaime. Sa faiblesse s'était déjà faite remarquée, l'amour pouvait lui ôter tout son honneur. Alors que le village avait besoin d'une tête pensante, il nous avait lâchement abandonné.

Au nom de l'amour... Yamada Kioshi avait beau avoir eu envie de sauver ma sœur que je n'étais tout de même pas d'accord avec cela. Je me demandais même pourquoi Yami était attirée par lui, je retournais le problème dans tous les sens et je ne comprenais toujours pas. C'était sûrement encore l'amour, un sentiment incontrôlable qui pouvait nous faire faire des idioties. J'éprouvais moi aussi de l'amour pour la Ketsueki et pourtant cela ne m'empêchait pas de garder mon calme. C'était peut-être la différence entre nous deux même si nous ne parlions pas du même type d'amour.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui il était face à moi et assis. Autour de lui ne se trouvait que quelques mobiliers, lit, toilettes et quelques chaises. Il était entouré de parois en fer spécialement créées pour des occasions comme celle-ci. Des trous étaient disséminés tout autour de la cellule. Le plafond de cette dernière se trouvait à quelques mètres du sol et était difficilement accessible. Un boîtier noir renforcé était d'ailleurs visible sur le plafond, il servait de premier contrôle aux gardes chargés de surveiller le déserteur. Pour sortir, il fallait ouvrir deux portes séparées par quelques mètres ; Ce n'était qu'une précaution afin de garder notre prisonnier dans sa cellule. Il y avait quelques mécanismes dans cette cellule afin d'éliminer ou d'endormir le prévenu en cas de forces majeures. Cela ne risquait pas d'arriver avec le Yamada puisqu'il avait décidé de coopérer, du moins je l’espérais.

«  J'ai fait préparer ton procès Kioshi, il arrivera au plus vite. D'ici quelques jours tu pourras t'exprimer face à une assemblée qui sera composée de hauts-gradés. Si tu as besoin d'un intervenant afin de préparer au mieux ce procès, n'hésite pas à me le dire. Pour ce qui est du programme, ce n'est pas encore décidé et tu seras tenu au courant dans les plus brefs délais. »

Je marquai une pause de quelques secondes pour lui laisser le temps de me répondre. J'avais proposé un « intervenant » afin de lui offrir la chance de pouvoir se défendre convenablement. C'était seulement par soucis d'équité, il avait beau être confronté à un tribunal militaire qu'il était tout de même considéré.

« Si tu le souhaites, nous pouvons discuter de plusieurs choses maintenant. Pour commencer je veux savoir ce que tu as réussi à obtenir lors de ta petite excursion à Hi no Kuni. Des nouvelles de mon maître ? »

L'information de sa présence à Hi no Kuni n'était pas vérifiée, Ema lui avait donnée sans même prendre le temps d'y réfléchir. Mais peu importe sa pertinence, l'homme avait tout de même décidé de travers une nouvelle fois le désert afin de rejoindre le pays du Feu.

«  De plus, je veux aussi savoir pourquoi tu as envoyé un clone en direction du sud. Que recherchais-tu ? Que visais-tu ? Je pense que tu as voulu rejoindre la capitale et je me demande pourquoi, peux-tu m'éclairer ? »

Le sable était-il dangereux ? Oui assurément et pour cette raison il n'allait pas pouvoir récupérer la plupart de ses effets personnels. Ses vêtements allaient lui être rendu, il pouvait néanmoins oublier sa bille, son éventail et ses kunaï. Je ne répondis pas à sa première question mais lui laissais tout de même l'occasion de répondre à mes interrogations. Il me parla tout d'abord de Kibô avant d'en venir au fait. D'après lui, mon maître n'était pas à Konoha. Concernant le cas de Tetsui, j'avais en effet déjà eu vent de cette histoire. Le paternel avait été averti. Mon interlocuteur me parla alors brièvement de son clone, comme demandé et me posa encore quelques questions. Je le fixai d'un air sérieux avant de joindre mes mains. Il me demanda si j'avais pu transmettre le message à ma sœur, je ne l'avais pas revu depuis après tout, cela n'avait pas été possible. Je fis un signe de la tête de droite à gauche pour donner une réponse négative au nomade avant de prendre la parole.

« Nous en parlerons un peu plus tard s'il me reste du temps. »

Je balayai des yeux la cellule très rapidement afin de juger de l'état du mobilier. Il semblait intact et le nomade n'avait pas l'air d'avoir craqué, c'était une bonne chose. L'homme gardait son calme malgré les récents événements, ça m'étonnait presque de sa part.

«  Je veux que tu m'expliques comment tu as procédé pour ramener Yamada Arashi à Suna. Tu es allé à Hi no Kuni mais ensuite ? Que s'est-il réellement passé une fois là-bas ?  Je veux tous les détails je te prie, n'oublie rien. »

Ici il n'y avait aucun détecteur de mensonges. Et c'était justement l'épreuve, un seul mensonge et le jour du procès on verrait une divergence entre les dires du déserteur. Il en allait de sa responsabilité d'être honnête, pouvait-il l'être ? Je l’espérais pour lui car sinon j'avais du mal à imaginer la clémence de la justice.

«  Je vais être honnête avec toi. Tu es dans une très mauvaise posture, ton acte de bravoure ne te sauvera pas. Il faut apporter plus de consistance, la peine prononcée pourra ainsi être allégée. Tu en es de toute façon conscient, si tu tiens à ta vie alors c'est le moment. »

Il était un déserteur après tout, son acte criminel lui avait permis de voyager à travers le Yuukan. Il était même parvenu à négocier un marché avec l'Empereur, il détenait donc des informations. Les informations étaient tellement précieuses que l'or à côté ressemblerait à du simple papier.

C'était le nerf de la guerre après tout, même dans un monde en paix nous sommes constamment en recherche d'informations. Un développement économique, un mouvement suspect... Tout était bon à savoir, de la plus mineure à la plus majeure. En tant qu'ancien dirigeant du Kakumeigun, j'étais plus sensible à cela. Mon interlocuteur avait lui aussi était à la tête de l'organisation spéciale, il était donc au fait de ces choses là.

Cet interrogatoire était pour moi important, très important. J'attendais beaucoup de celui-ci afin de m'enrichir. Chose qui lui profiterait sans doute et qui pourrait même conduire à un marché avec la justice. C'était le moment ou jamais pour se sauver. Puisque même si la peine de mort n'était pas prononcée, il resterait en prison pour des années et des années. Si bien qu'il ne pourrait plus fouler le sable et voir la Ketsueki, c'était un prix à payer. Je n'avais pas à lui dire puisque j'étais pour ma part convaincu qu'il était au courant de cela. Il avait déjà dû y réfléchir.

«  Tu as longtemps vagabondé dans le Yuukan Kioshi, as-tu des informations pertinentes à m'apporter ? Tu sais ce que ça représente, je n'ai pas besoin de te l'expliquer. »

« Des citoyens ? Donc tu as menacé des civils afin d'obtenir la libération de ton oncle. Était-ce encore une ruse ou aurais-tu appliqué tes menaces si ils n'avaient pas accédé à ta requête? »

Je me rappelais alors de sa lettre, en effet il avait tenté de prendre contact avec mon maître. En son absence j'avais pu intercepter cette dernière et donner une réponse au déserteur. Il voulait une action coordonnée contre Konoha, idée à laquelle je n'avais adhérer un seul instant. Dans cette optique, j'avais proposé à l'ancien « général » de prendre d'assaut des cibles stratégiques et militaires. Il avait fait tout le contraire en ciblant des innocents, des civils. Devions nous nous séparer de tout honneur pour obtenir certaines choses ? L'homme que j'avais face à moi en était dénué. Il n'en avait sûrement jamais eu pour avoir abandonné son poste de Kazekage. Jadis je l'avais respecté et même si je ne le considérais pas comme un ennemi, il était loin d'être quelqu'un de respectable. En étant Shinobi, il devait porter les couleurs d'une nation, respecter son serment et les valeurs associés à cela. Peut-être finalement que ces choses lui étaient inconnues. J'en venais alors à me demander quel enseignement avait reçu mon senseï puisqu'il était différent en tout point du nomade.

Le sujet des informations était abordé et ce que je pus entendre me laissa bouche bée. Je me demandais même comment il pouvait prononcer des absurdités comme celles-ci. Je n'y voyais aucune logique, pourquoi Suna ne serait pas clément avec un homme détenant des informations pertinentes, un homme ayant amené avec lui le dirigeant d'un clan. Je n'en croyais pas mes yeux et pourtant je ne laissais rien transparaître, je me demandais juste s'il restait un peu de bon sens en mon interlocuteur.

Peut-être était-ce simplement du bluff mais sa liste « non exhaustive » m'intéressa. Les dernières paroles du Seigneur du Vent-.. Il me parla aussi d'un ennemi de l'Empire, ce qui pouvait en effet être une information très précieuse pour le futur. L'ancien dirigeant évoqua aussi le sujet de la Godaime Kazekage en disant qu'elle était en effet bien en vie. Je n'en doutais pas honnêtement, j'avais obtenu des informations comme quoi elle était encore parmi les vivants. Avait-il plus à m'apporter ?

« La justice de Suna tranchera et elle est juste. Si tu nous aides à enrichir nos bases de données, si tu nous offres des informations pertinentes... Je ne vois pas pourquoi elle ne se montrerait pas clémente. Je ne sais pas comment tu vois notre organisation militaire, je me demande même pourquoi tu réagis comme cela. Veux-tu simplement me tester ou es-tu juste fou ? »

Je croisai les bras et marquai une pause de quelques secondes.

« Cela plaidera en ta faveur et c'est une certitude. Et je ne suis pas d'accord avec toi, nous n'avons pas gagné du temps. On en a même perdu alors je me demande maintenant comment tu veux que se déroule la suite de notre entrevue. Tu peux simplement me livrer ce que tu sais et en échange, tu t'assurerais la clémence de notre justice. Tu peux aussi décider de ne rien me dire et dans ce cas je me retirerai tout aussi simplement. »

À mon humble avis, il était préférable pour lui de s'ouvrir à nous. Dans le cas contraire la justice se montrerait sévère avec lui. Sévère peut-être mais sûrement pas autant que ce qu'il lui serait infligé pour qu'il parle.

Il n'avait pas tort sur quelques points, la guerre pouvait mener à des pertes civiles. J'étais bien placé pour dire qu'en effet, c'était bel et bien le cas. Cela dit j'avais peine à comprendre ses justifications. Il disait viser les demeures des civils et non les civils pour ensuite me donner une information supplémentaire, il avait menacé de faire « tomber » une ville toutes les deux heures. Donc au final si, il visait bien les civils de Hi no Kuni. Quoi que l'on dise, c'était bel et bien son objectif afin de récupérer son oncle. C'était une stratégie comme une autre, odieuse tout de même mais une stratégie comme une autre.

Mon interlocuteur commença donc à chercher des failles dans les mots que j'avais prononcé, il avait même évoquer l'allocation de mon temps sur des sujets bien précis. Cela m'était barbant puisqu'en plus de dire des bêtises, il utilisait beaucoup de salive pour très peu. Ma parole valait bien plus que la sienne, il était un traître et pas moi, c'était aussi simple que ça.

En quelque sorte, il demandait l'immunité. Il pensait que des informations allaient complètement le sauver. C'était un peu... absurde. À l'heure actuelle, je vois plusieurs possibilités.

La première était pour lui de se confier aux autorités sur tout ce qu'il avait bien pu rassembler comme informations durant ce voyage. Si les informations étaient vérifiées, il y aurait obligatoirement une contrepartie lors de son procès. Les juges et jurés ne pourraient passer à côté de cela. C'était une certitude, sa peine serait baissée et peut-être qu'un jour il sortirait de prison ; à la fin de sa peine ou bien de façon prématurée s'il se trouvait être utile pour l'avenir... ce qui était fort probable à mes yeux.

La seconde consistait à se taire, tout simplement. Il demandait une immunité et une communication publique, il n'était pas question de cela. Dans ce cas, il serait donc vu simplement comme il était vraiment : un mauvais manipulateur, un égoïste et égocentrique personnage. Les nombreux défauts dont il faisait preuve auraient pu « être masqués » par un échange d'informations mais s'il s'entêtait...

La troisième possibilité était à mes yeux très liée à la deuxième, s'il refusait de nous communiquer ses informations... Alors j'étais disposé à lui retirer de force. Au final il n'aurait pas gagné de réduction de peine et je parviendrai tout de même à obtenir ce à quoi j'aspirais. Dans tous les cas j'étais gagnant, pas lui.

J'esquissai un sourire avant de me lever.

« Je vais te faire transmettre une feuille et de quoi écrire, tu pourras donc écrire tout ce que tu sais. Autrefois tu as été militaire, je suppose que tu sais toujours comment rédiger des rapports. Si je considère que tu as été honnête, j'appuierai ton geste et tu sais donc ce qu'il en découlera. »

Je marquai une pause de quelques secondes pour lui laisser le temps -à nouveau- de réfléchir.

« Pour le reste, ça attendra jusqu'à que j'obtienne ce que je veux. »

En effet Yami était compris dans « le reste ».