Les jours défilaient et s'enchaînaient les uns après les autres. Cela allait bientôt faire presque un mois qu'il avait rejoins le village. Si au départ il ne s'y plaisait guère, à présent, il commençait à prendre goût. Pendant deux semaines, il avait pu essayer de nouvelles activités, il avait pu goûter de nouvelles saveurs, mais il avait également pu rencontrer de nouvelles personnes. Ces quatorze jours furent riches en découvertes. L'esprit du rouquin était devenu sans cesse occupé par son quotidien, il finissait même par oublier la tristesse de sa solitude ainsi que la mort de son maître. Finalement, il lui fallait juste un temps pour qu'il puisse s'adapter à son nouvel environnement. Néanmoins, le contrat qu'il avait passé avec le directeur de l'Académie touchait à sa fin. Ses beaux jours de vacances se terminaient peu à peu, et bientôt, il allait être forcé de retourner assister aux cours. Même si les choses avaient évolué, même s'il voyait son entourage d'une manière quelque peu plus différente, il n'aimait toujours pas l'idée d'être enfermé dans une salle de classe, obligé à écouter de longs baratins quotidiennement. Ce matin-là, contre toute attente, ce ne fut pas le vieux roux qui l'attendait derrière son bureau comme cela avait été convenu il y a quatorze jours, mais l'Hokage du village lui-même qui lui avait envoyé une lettre de convocation.

Le jeune garçon n'avait absolument aucune idée de qui il s'agissait ou ce qu'elle faisait au sein du village, ni même ce que représentait ce titre, ou encore ce que cette personne pouvait bien lui vouloir. C'était devenue une drôle de façon d'inviter les gens pour faire une rencontre en étant assis derrière un bureau. L'idée ressemblait étonnamment, comme lorsque les enfants n'étaient pas sages et se faisaient convoquer dans la chambre privée du Proviseur.. Une sorte de sixième sens hurlait dans la petite tête de Yohru, lui disant à tout prix de ne pas se rendre à la rencontre de cet inconnu, au risque de rencontrer un malheur. Cependant, ce dernier n'avait pas pu refuser de venir. Le surveillant à lunettes l'avait accompagné plus ou moins de force jusqu'au Palais du Feu, pour s'assurer que le petit garnement ne prendrait pas la fuite. Ce dernier devait simplement lui livrer la lettre, mais il se sentirait responsable si jamais ce dernier manquait à l'appel, alors il ne put s'empêcher de le suivre tout le long. Durant le trajet, l'enfant n'avait cessé de pousser des cris à tort et travers. Même une fois dans le bâtiment, il continuait à semer le trouble. Tous les passants qu'il croisait se retournèrent vers le petit rouquin qui faisait tout pour attirer l'attention.

Aujourd'hui ne devait-il pas voir le directeur ? Alors pourquoi prenait-il le chemin vers le bureau d'une toute autre personne ? Pour la première fois de sa vie, il avait une légère et très petite préférence pour le vieux roux de l'Académie. Cela ne voulait pas dire qu'il aimait aller dans son bureau, mais qu'il aurait d'avantage aimé aller dans le sien plutôt que de celui d'un inconnu. Le surveillant avait clairement expliqué que l'Hokage était un dirigeant très haut placé, même plus haut que le proviseur. Et par simple déduction, la plupart du temps, ces personnes ne voulaient que du mal à Yohru. Si ce n'était pas pour se faire sermonner pendant deux petites heures, alors c'était pour se faire renvoyer au fond d'un trou quelque part. Le jônin pensait intérieurement que le motif de convocation devait également se rapprocher de quelque chose de semblable. Néanmoins, récemment, le jeune aspirant n'avait commis aucune bêtise, à moins que ce ne soient les anciennes qui remonteraient à la surface pour faire tomber les conséquences ? La lettre n'indiquait rien d'autre à part l'heure de convocation, alors il ne pouvait donc tirer aucune conclusion sur les raisons, étant donné que Yohru se défendait en jurant n'avoir presque rien fais de mal cette semaine-ci.

Avec bien des efforts, le duo atteignit enfin la porte du bureau derrière lequel se trouvait l'Ombre du feu. L'homme poussa un soupire après tant d'acharnement, et se contenta de donner des conseils pour la tenue avant que le jeune garçon ne rentre dans le bureau. Il lui demandait de rester poli, d'utiliser le vouvoiement, de ne pas tirer la langue et d'autres petits détails insignifiants, mais qui pourraient bien devenir de gros problèmes avec cet enfant imprévisible.. Il n'eut à peine fini son long monologue que la porte derrière lui s'ouvrit, laissant apparaître un autre shinobi qui semblait demander à l'aspirant d'entrer. Ce dernier fit une jolie grimace à son accompagnateur avant de partir à la rencontre du fameux Hokage. Le jeune garçon n'avait absolument pas écouté les conseils du surveillant, en réalité, il n'avait pas envie de venir. Cependant, quelques paroles avaient suscitées son attention. L'Hokage était apparemment l'un des plus fort du village, et le surveillant avait laissé sous-entendre qu'il pourrait peut-être même l'affronter. C'était une bonne nouvelle ! Enfin, il risquait même très fortement de tourner tout ça en combat.. Il entra naturellement sans frapper, étant donné que la porte était déjà entre-ouverte.

" Yo ! Ouai donc on m'a appelé ? " Demandait-il avec un air relâché, peut-être une pointe de mécontentement qui laissait comprendre qu'il n'était pas ici le cœur joyeux.

Depuis quelques années maintenant, Konoha était devenu une terre d’accueil des opprimés. Qu’ils viennent de Kumo, de Kiri, de Suna, de pays conquis par le Shukai, de pays indépendants ou même anciens criminels, Konoha leur permettait de débuter une nouvelle vie. Nous faisons tous des erreurs dans nos vies, sans compter que, parfois, nous commettons des erreurs pour des choix qui nous ont été imposés. Myouga Nozomi, Ketsueki La, Kadoria Sho, Yohru : aucun d’eux n’étaient Konohajins, ni même Hijins parfois, et ils se trouvaient ou s’étaient trouvés au sein du village de la Feuille. Nous n’étions pourtant pas dupes : ces personnes étaient suivis, contrôlés régulièrement et n’avaient que peu accès aux informations sensibles du village avant un bon moment, et avant que tout avait été mis en place pour qu’on puisse s’assurer de la confiance de la personne.

Yohru, justement. Un jeune « orphelin » de Kaminari, dont le maître a été tué et a laissé au village la charge de s’occuper de son jeune aspirant. Depuis son arrivée, il n’avait causé quasiment que des soucis. Il ne fallait pas avoir fait des études supérieures pour comprendre qu’il n’était pas fait pour être inclus au cursus normal de ninja : en tout cas, pas celui de Konoha. Cours à l’Académie, examens d’entrée, mise en place d’une équipe et évolution : c’était le schéma classique. Le plus gros souci, au fond, se positionnait au début de la pyramide. L’académie était un moyen sûr, efficace et pertinent d’éduquer les aspirants shinobis : mais quid de ceux qui ne peuvent se conformer à une éducation normalisée ? Je ne doutais pas de la compétence de Yohru : il avait été formé et avait des bases solides. Et pourtant, il ne pouvait intégrer le moule de l’Académie.

Je l’avais donc convoqué pour, de suite, corriger le tir. Si Konoha ne pouvait le satisfaire, alors je le satisferais d’une autre manière. Son entrée fut… spéciale. Assise à mon bureau, une jambe repliée sous l’autre, je lisais un dossier que j’allais bientôt remettre à l’aspirant. La vérité, ce qu’on avait récoltait de son maître avant de trépasser – détails que je laisserais mon homologue donner, non pas parce que je ne sais pas exactement ce qu’il contient (aha, jamais) mais parce que si ça se trouve c’est très privé et il ne veut pas que vous le sachiez, vous, lecteurs curieux et intrusifs.

- Ouais, on t’a appelé. Assieds-toi.

Je ne le regardai pas, continuant la phrase que je lisais et le laissant s’installer.

- J’ai beaucoup entendu parler de toi, en deux semaines, Yohru. Et pas forcément en bien. J’ai bien conscience qu’il est difficile pour toi de changer radicalement de vie, mais tu dois comprendre également qu’un village entier ne peut se plier à tes exigences et à tes frasques.

Je fermai le dossier et lui tendis.

- Lis ça. Ce sont des informations qui, je pense, pourraient t’intéresser. On discutera de ton avenir après que tu as pris connaissance de tout ça.

" Euh.. Heeeeeein ? Mais c'est pas toi qui m'a appelé, enfin si ? C'était pas genre un vieux monsieur que l'on appelle Hokage qui m'attend dans son bureau ? " Demandait-il légèrement hésitant tout en arquant un cil.

Le jeune garçon resta quelques instants immobile devant la porte, incapable de prononcer le moindre mot sous les effets de la surprise. Il cligna plusieurs fois des yeux, il se frotta les paupières à plusieurs reprises, il se pinça du bout des doigts l’une de ses joues fluettes pour être certain de ce qu’il voyait sous ses yeux. Pourtant malgré ses multiples tentatives, il avait toujours en face de lui une jeune femme à la chevelure rouge flamboyante assise derrière son bureau, mise en valeur par sa posture. Même en cherchant un peu plus loin et dans les placards, elle était bien la seule personne présente dans la pièce en dehors de Yohru. Tout laissait croire que cette dernière était la fameuse dénommée “Hokage”. Cependant, le rouquin avait toujours du mal à croire que cette “femme” qui semblait bien jeune soit l’une des personnes les plus fortes du village, celle qui dirige une petite armée de shinobis, que cette dernière soit supérieure au directeur qui paraissait d’ailleurs plus vieux qu’elle. Il resta muet face à cette rencontre alors qu’il s’imaginait le profil d’un tout autre personnage, un homme grand fort avec une barbe blanche qui viendrait témoigner de ses années d’expériences, mais il rencontra tout le contraire. Il ne disa pas un mot et prit place sur le fauteuil qu’elle lui désignait.

Il resta assis à l’observer avec des yeux ronds qui montraient son étonnement. Il ne savait plus quoi dire, ni quoi penser de son interlocutrice. Il la fixait sans jamais la quitter du regard. Il ne prêtait pas vraiment attention à ce qu’elle disait, il était d’avantage concentré sur ses gestes et ses mouvements. Était-elle aussi forte que ce que les rumeurs racontaient ? Il commençait à se douter des paroles du surveillant, peut-être que ce dernier avait bien exagéré dans ses propos simplement pour se donner une belle image envers sa cheffe. Le rouquin rapprochait peu à peu son visage de la demoiselle derrière son bureau, la dévisageant avec une grande curiosité. Elle avait d'ailleurs une légère odeur parfumée — à la rose ? — la question continuait de tourmenter le jeune garçon, il voulait avoir le cœur net et préféra demander clairement.

” Alors tu es Hokage ? Apparemment, t’es suuuuper fort. Pourtant, tu n’as pas l’air d’avoir beaucoup de muscles.. En plus, tu es une files.. T’es sûre que tu es forte ? Haha ça ne m’en a pas l’air ! Déclarait-il d’un air moqueur. Bon, du coup, oui, c’est bien toi qui m’a appelé, que me veux-tu ? “

Il se mit à observer le document qu’elle lui tendait. Finalement, ce n'était sans doute que de fausses rumeurs, car il était tout simplement impossible qu'une femme puisse être la plus forte d'un village. Yohru commençait à se sentir pressé de rentrer ayant perdu tout intérêt à se battre. Néanmoins, d'une certaine façon, il était bien rassuré de savoir qu'elle était loin d'être la puissance incarnée, il n'avait plus rien à craindre à présent ! Alors il se mit à son aise dans son siège, croisant les jambes et déposa ses pieds sur le bureau. Bah quoi, il était l'invité, non ? Puis contrairement à la chambre privée du directeur, le siège était vraiment confortable, il fallait en profiter ! Il s’agissait selon elle des informations intéressantes et sans nul doute, cependant, le jeune garçon était incapable de lire. Il était en première année de l’Académie, il avait séché tous les cours jusqu’à présent. Il n’avait à peine les bases de la lecture juste les chiffres arabes et c’était déjà un grand effort de sa part. Autrefois son maître avait bien tenté de lui enseigner la lecture et l’écriture, cependant ce fut un échec car l’apprentis ne retint à peine quelques calligrammes et la plupart étaient les mots inutiles qu’un enfant n’avait pas besoin d’apprendre. Il parcouru son regard sur le dit dossier sans vraiment saisir le sens des phrases, il faisait juste semblant de lire avant de relever son nez au bout d’une petite dizaine de minutes comme s’il avait tout compris, bien que ce n’était absolument pas le cas. Il laissa quelques instants de silence s’écouler avant de reprendre.

” Euh.. Je suis pas sûr de comprendre, tu veux que je lise ça ? Tu ne pourrais pas me faire un dessin plutôt, ça serait plus simple à comprendre parce que bon, les écritures et moi ça fait trois mille.. “ Demandait-il l'air innocent.

Finalement, il avait toujours pas compris pourquoi cette jeune inconnue voulait la rencontrer. Voulait-elle la sermonner pour ses bêtises ? Alors pourquoi son ton paraissait encore calme et pas si menaçant. Sinon elle ne lui aurait tendu aucun document. De quoi parlait ce document par ailleurs, il était bien incapable de le déchiffrer.

Je clignai des yeux, légèrement surprise. Pointant mon index vers moi, les yeux un peu écarquillés, je bégayai un peu.

- Heu bah… Non le… L’Hokage… Bah c’est moi.

Bon, ok. Je suis jeune, je suis pas spécialement la plus forte du village, ni la plus expérimentée, ni la plus à même d’être à ce poste… D’accord, la confusion est possible pour ceux qui n’y connaissent pas grand-chose au village. Mais bref, quand même ! Avant tout le monde connaissait les têtes des Hokage puisqu’ils étaient sculptés à même la montagne… Je vais peut-être rétablir ça, mais juste pour l’Hokage en cours… Quoique non, faire mes cheveux ce sera compliqué dans de la pierre, et étant ma principale qualité physique (oui j’ai le poil doux et soyeux), ça va peut-être pas être une bonne idée. A moins que j’alloue de l’argent en plus pour faire en sorte de recruter les meilleurs sculpteurs du Yuukan… Voire de mettre une autre matière pour les cheveux… Après tout… Non… Non ce ne serait pas raisonnable. Quoique l’Hokage, c’est moi, je fais ce que… Non, reprends-toi Mizuzu.

Bref, donc, Yohru sinon. Il ne savait visiblement pas lire. Soupirant, je lui lus les différentes informations que j’avais en ma possession. Sur Kumo, sur son maître, sur son origine, sur tout ce qu’il était possible qu’on sache mais que je ne développerais pas ici parce que j’estime que chacun a le droit à son jardin secret (le premier qui dit que je ne sais pas exactement ce qu’il y a dans son dossier je lui ouvre le bide et je lui fais manger ses tripes). Lui laissant le temps d’assimiler ce que je venais de dire, je fermai le dossier et le déposai devant lui.

- Je me doute que la nouvelle est compliquée à digérer, ou en tout cas qu’apprendre cela maintenant peut être troublant. Je te le dis maintenant parce qu’il est clair que Konoha n’est pas fait pour toi. Mais que tu es fait pour être un shinobi. Tes instructeurs ont relevé de nombreuses qualités que tu n’es pas à même d’exploiter… Alors du coup…

Je sortis un nouveau parchemin que je lui tendis : son affectation y était consignée. Contrairement au petit Sunajin que je lui collerai dans quelques mois sans qu’elle ne soit au courant (BAM POINT ANACHRONISME), Miko savait qu’elle allait accueillir dans son palais un élève compliqué qui ne savait, au fond, pas grand-chose, et qui nécessiterait un travail conséquent. Mais j’ai cru comprendre qu’elle s’ennuyait dans son grand palais d’argent (à ne pas voir qu’un nouveau jour se lève, elle ferme les yeux, et dans ses rêves… elle part).

- Tu vas être assigné à un instructeur un peu particulier. Une instructrice, en fait. Celle qui m’a formée moi. Je ne vais pas te le cacher : ça va être très compliqué, voire horrible parfois. Tu vas te sentir méprisé, délaissé, parfois torturé. Mais sache qu’elle saura faire de toi quelqu’un de respectable. Yohru, tu es désormais la pupille de Aburame Miko, Daimyô de Hi no Kuni.

Je m’appuyai dans le fond de mon fauteuil en souriant légèrement, croisant les bras. J’imaginais déjà Miko me maudire de lui avoir donné cet élève.

- Des questions ?

Suite à quelques regards surpris de la part de l'Ombre ardente, cette dernière finit par accepter de lire le contenu du dossier à haute voix pour Yohru. Puis après sa lecture, elle s'interrompit afin de laisser le silence s'installer dans la pièce. Aucun des deux personnages ne prononçait une parole, l'un patientait de voir la réaction de son interlocuteur, l'autre restait sans voix suite à toutes ces informations qui venaient d'être dévoilées. L'atmosphère devenait peu à peu plus pesante sans personne pour faire cesser le silence qui continuait de se prolonger. L'enfant effaça toute expression de joie ou d'innocence sur son visage, il n'avait plus qu'un air neutre et un regard vide qui continuait à fixer la jeune femme aux cheveux rougeoyants. Il était difficile de déterminer ses émotions, il ne montrait aucune surprise, aucune colère, il n'avait l'air de ne ressentir aucun effet en apprenant tous ces détails concernant la mort de son maître.

Ce dernier s'était fait assassiner par des hommes dont l'identité demeurait encore inconnue. Tous les indices laissés sur le sol après la bataille laissaient croire qu'il s'agissait d'une attaque de brigands. Cependant, il restait des traces minutieusement cachées qui menaient jusqu'au Pays de la Foudre, là où se tenait caché dans l'ombre le village des nuages. Il s'agissait presque d'une certitude selon les dires de la jeune femme, ce dernier avait été la proie d'une attaque menée par des shinobis de la Foudre, et il ne se faisait aucun doute que ses adversaires étaient puissants pour avoir réussi à tromper si longtemps la vigilance des alentours. Néanmoins, les raisons qui avaient poussé à cet assassinat restaient obscures et inconnues, même si derrière cette expression relativement calme, elle les connaissait sans doute — ou pas. Les informations laissaient croire que ce dernier détenait des secrets importants du pays pour qu'une équipe bien formée ne le prenne en chasse. Des suppositions pouvaient être faites pour le soupçonner d'être un ancien partisan des nuages, mais qu'il aurait trahi ces derniers. Son nom était celui d'un criminel recherché par le Pays de la Foudre. Peut-être s'agissait-il des parchemins avec des techniques secrètes ? Seulement, nul ne savait pourquoi prendrait-il de tels risques et le plus grand mystère, si ce dernier s'était mêlé à toutes ces affaires malhonnêtes, pour quelles raisons avait-il prit un disciple sous son aile ?

Aux yeux de Yohru, l'assassina de son maître n'était pas une grande découverte. Lorsqu’il avait rencontré le cadavre sans tête de ce pauvre homme, il avait compris dés lorsque quelqu'un était venu mettre fin à ses jours. Puis, le corps tenait encore l'ombrelle dont il avait hérité, ce qui était une preuve que l'homme avait combattue avant de rendre son dernier souffle. Il avait lutté contre la mort, mais celle-ci avait fini par avoir raison de lui. Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'était la couleur de ses assassins et la réponse à cette question qui le tourmentait silencieusement depuis tout ce temps, venait de lui apporter un nouvel objectif. Il n'avait pas oublié la mort de ce dernier, il faisait juste semblant, s'efforçant à sourire pour accomplir le souhait de celui-ci. Malgré son comportement toujours nonchalant semblable à celui d'un enfant stupide, intérieurement, il venait de se frayer un chemin vers ce que d'autres pourraient appeler un avenir, un objectif, une vengeance.. Le nom de ses ennemis, Kumo. Il ne connaissait pas les détails, ni même le nom exact, mais cela était suffisant pour connaître la bonne route à suivre. Il sentit naître un sentiment de haine et de rage, cette envie profonde de rencontrer ces fameux kumojins à l’instant même pour les affronter jusqu’à la mort. Cependant, il réprimait cette envie ardente par la raison, affichant toujours cette expression lasse et quelque peu glaciale, le rouquin restait immobile sur sa place jusqu'à ce que la jeune femme reprenne la parole.

L’enfant restait silencieux, l’écoutant parler jusqu'à la fin de sa tirade. Puis, un sourire à peine perceptible apparut quelques instants sur le visage du jeune garçon. Un sourire qui cachait derrière son visage une tristesse inavouée, une colère rugissante. Voulait-elle le renvoyer après avoir découvert que l'homme qui l'avait mené jusqu'ici, qui l'avait envoyé dans ce village, était la proie d’une autre nation ? Qu’il était peut-être même un assassin lui-même, un criminel, une ordure ? Avait-elle peur que le fruit de ses œuvres ne devienne un désastre pour ce petit territoire qu'elle protégeait ? Ou était-ce les origines du rouquin qui étaient une menace ? Des origines bien sombres pour un frêle corps tel que le sien, des origines noires qui remontaient jusqu’au fin fond d’un laboratoire. Toutes ses paroles n'étaient que des excuses, vers qui allait-elle le renvoyer ? Elle voulait juste se débarrasser d'un poids, le jetant dans une cage, le délaisser, le torturer, elle semblait décrire un véritable enfer. Le seigneur du Pays du Feu ? L'enfant ignorait son nom, mais cette dernière semblait tout sauf douce et chaleureuse. Lorsqu'elle eut fini, l'aspirant poussa un léger soupir avant de se mettre à parler doucement, d'une voix plus faible que ses précédentes paroles.

" Des questions ? Des questions, je suppose, oui, des questions. Où as-tu obtenu ces informations concernant sa mort ? De qui les as-tu obtenues ? Comment les as-tu obtenues ? Sont-elles vraies et à quel point ? Que sais-tu d’autres sur mon maît-.. non, cet homme, Yoshida Shoyo ? Et qui sont ces kumojins ? Est-ce réellement un hasard que je me trouve à l’heure actuelle dans ce village plutôt qu’un autre ? À vrai dire, je croyais qu’il s’agissait d’un dernier souhait de mon maître et c’est sans doute le cas, n’est-ce pas ? Mais.. Pourquoi ? Et toi, as-tu voulu que je sois ici ? Non, sinon tu ne me renverrais pas.. Pourquoi me revois-tu ? Est-ce réellement pour ces raisons stupides que tu me cites-là ? Ou est-ce parce que mes origines.. sont incertaines ? Ou certainement trop certaines vers le côté obscur. "

Tant de questions qui tournaient en rond, mais à l’heure actuelle, un seul désir animait le rouquin, celle de tout détruire, une envie qui se lisait à travers son regard qui reflétait son état d’âme. Il ressentait une cruelle envie de jeter ce bureau contre le mur, de casser toutes les fenêtres aux alentours et d’arracher la tête à celle qui se trouvait en face. Cependant, il se retenait de laisser ses émotions s’exprimer, il serrait son poing jusqu’à enfoncer ses ongles dans sa chair. Il ne s’agissait pas de ce que cet homme souhaitait de lui, il ne s’agissait pas de ses espoirs, de ses promesses.. Mais au final, que valaient-elles ? Juste des paroles en l’air puisqu’à la fin de cette belle histoire, il finit par mourir le laissant seul errant dans ce monde sans pitié. Alors pourquoi se retenait-il ? Pourquoi serrait-il les poings ? Pourquoi ses yeux le piquaient sans cesse comme une colère grandissante au point de rougir ses yeux de larmes ? Inspirant profondément, il reprit d’une voix plus grave, cachant toutes ses faiblesses derrière ce visage neutre et terne de créature à sang-froid. Il n’avait pas envie de jouer le pauvre enfant, il sentait bien trop cette rage qui rugissait dans sa mémoire.

" Je n’irai pas. J’veux pas. Parce que tu penses que j’aime être méprisé, torturé ? Je t’informe que mes passions ne sont pas masochistes et si j’ai à choisir, j’aurais une préférence pour le sadisme même.. J’veux rester là, dans ce village. Et j’sais pas grand chose de cette Miko ou Nako, j’sais d’ailleurs rien non plus à ton propos, ni même de ce village enfaite et ni même de mon maître. Seulement, j’veux pas car ça n’a pas l’air très agréable l’endroit que tu me décris là. Torturé ? J’veux pas !" Concluait-il tout en tirant la langue.

Taaaaant de questions, et si peu de réponses. J’écoutai cependant les demandes de l’enfant, consciente qu’il méritait tout ce qu’il demandait vu qu’il était le principal concerné. Il est difficile d’entendre une telle vérité, surtout à cet âge. Je restai patiente, l’écoutant vociférer moult mots qui n’avaient pas de sens, jusqu’à ses dernières hypothèses incongrues sur les raisons de son départ.

- Je t’arrête tout de suite, Yohru, je ne te renvoie nulle part, et si je n’avais pas voulu de toi, je ne t’aurais simplement pas pris. Avec tout le respect que je te dois, peu de gens de Konoha aurait eu peur de mettre à la porte un enfant de ton âge. On n’a juste pas pour habitude de foutre à la porte des innocents.

Je fermai le dossier à la volée, faisant un peu de vent dans le bureau (un mistral, une alizée, que dis-je, une brise légère), posant mon regard sévère sur le jeune garçon.

- Crois-moi, si tu es ici aujourd’hui, c’est que nous t’avons accepté, quoique tu puisses penses. Je me fous d’où tu viens, de ce que tu as vécu ou d’où tu es né : un grand homme a dit un jour que ce sont nos choix qui déterminent ce que nous sommes. Et il ne me semble pas que tu aies décidé de mettre le feu au village.
Et je ne te cache rien : tout ce que je sais est consigné dans ce dossier, que je t’ai lu de A à Z. Je n’ai pas plus de réponses à t’apporter.

Je soupirai enfin à son dernier commentaire sur son envoi auprès de Miko.

- Ca suffit.

Ferme, mais bienveillante. Enfin presque. Dans le fond, je savais que l’enseignement de Miko était quelque chose qui allait lui être bénéfique… Enfin, Kihran et moi n’en sommes pas morts, en tout cas. Et on s’en est même plutôt bien sorti.

- Ce n’est pas une punition, même si ça en a tout l’air. Aburame Miko est la Daimyô de Hi no Kuni ainsi que la Nanadaime Hokage. Ca a été ma senseï, et également celle d’Hayashi Kihran, le directeur de l’académie. C’est vrai, ses entraînements ne sont pas de tout repos, mais je doute que tu auras mieux dans tout le Yuukan. Vois ça comme un privilège, et comme une preuve que Konoha t’a définitivement adopté. Les portes te seront toujours offertes et tu dépendras d’ailleurs toujours du village. Vois ça comme… une mission. Si tu réussis ce que Miko te demandera de faire, alors rien ne te sera impossible. Crois-moi.

Mes nuits étaient encore hantées par les cauchemars qu’elle me faisait vivre éveillée… Bon ok c’était pas dur, quand t’as peur des insectes, être face à une Aburame c’est déjà une mini fin du monde en soi.

- Tu pars demain à 9H. Tu seras escorté jusqu’au palais, et sera ensuite sous la tutelle de Miko. Bonne chance, Yohru.

Trop borné dans son esprit aussi puéril qu'enfantin, il refusait d'écouter les réponses à ses questions, il refusait de les entendre et il préférait les ignorer. Bien que naturellement, la voix de la jeune femme portait jusqu'à ses oreilles malgré lui. Ses mots raisonnaient de façon désagréable à travers son être, il n'avait pas envie de savoir tout cela ou peut-être que oui, il en avait envie. Suite à ses propres paroles, il se sentait perdu et il ne savait plus ce qu'il voulait savoir sur lui-même ou sur son maître. Seule la colère gouvernait ses pensées à l'heure actuelle, sa vision devenait embrumée en même temps que ses propres actes et paroles. Pourtant, des liens invisibles que l'on pouvait appeler la conscience le maintenaient à la raison. Il aurait sans doute pu retrouver son calme, mais une part de lui le refusait comme un entêtement sans raison et acharné. Tandis qu'en face de lui, son interlocutrice demeurait toujours aussi calme et sereine avec un air de sûreté qui se lisait sur son visage.

Malgré tout ce qu'elle pouvait lui dire, le rouquin continuait de refuser en secouant de la tête. Peu importe qui était cette personne que l'on pouvait appeler Seigneur du Feu ou Miko, mais aucune envie ne l'incitait à la rejoindre dans un palais situé quelque part dans ce monde. Elle était une inconnue, une ombre étrangère, un personnage dont il ne connaissait rien d'elle si ce n'étaient que ces quelques informations qui lui donnaient d'avantage une image effrayante que gentille. Peu importe, tout lui importait peu, il n'avait aucune envie d'aller nul part. Était-ce de la peur ? Il refusait de l'avouer, se répétant à lui-même qu'il était le seul maître à décider de ses envies. Cette simple phrase suffisait à le convaincre de continuer à répliquer. Dans un élan de rage, le rouquin tapa une fois les deux mains sur la table puis se retourna tout en continuant de secouer la tête.

" Non, j'veux pas ! "

Et d'un bond, il s'enfuit en courant vers l'extérieur, alors qu'un shinobi venait reprendre sa place. Rapidement, la petite silhouette rousse finit par disparaître dans la nature, quoique le surveillant qui patientait à l'extérieur ne le finisse par le ramener à l'académie.

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Un silence sans bruit, une couleur sans chaleur, une atmosphère sans vide. Lorsque sa colère eut fini de s'évaporer complètement, il parvint à retrouver tous ses esprits pour analyser calmement toutes ces nouvelles informations qui continuaient à tourner dans sa petite tête. Allongé sereinement sur son lit dans le dortoir de l'Académie, il scrutait le plafond et voyait au-delà de ces tuiles un ciel pourpre comme ce jour tragique où il avait rencontré cet homme. Un léger rire le prit, mais ce n'était ni plus moins qu'une folie passagère après un moment de fureur. Une folie qui prit quelques instants le dessus sur sa personne qui continuait à rire seul dans sa chambre sans retenue. Il n'avait peut-être pas besoin de s'énerver autant, pourquoi avait-il perdu son calme ? La réponse était simple et claire comme de l'eau de roche. Il devait venger son maître, il le fera et c'était une promesse qu'il se jurait d'accomplir. Malheureusement, il eut la malchance de connaître cet homme, il s'agissait des conséquences de cette rencontre. Il détruira Kumo et ses shinobis, il obtiendra la force nécessaire pour parvenir à ses fins. Sa langue se mit à le brûler comme s'il avait une flamme, sans doute était-ce psychologique, mais que pouvait-il faire d'autre ? Concernant son voyage du lendemain, il ne ressentait aucune impatience, ni aucun enthousiasme, mais une phrase de l'Hokage le rendait perplexe. Yohru ignorait que cette dernière partageait avec le directeur un même professeur, mais si elle disait vrai, s'il en ressortira plus fort des entraînements à venir de cette fameuse Daimyô, il allait obtenir d'une certaine façon ce qu'il voulait, la force. Peut-être allait-il avoir l'occasion de se confronter à elle ? Qui sait..?

" Je te promet de te venger. "
Murmurait-il ces paroles silencieuses.

HRP: