Une longue et pénible semaine s’était écoulée depuis la mise à mort sous la torture de Yamada Tetsui. Une longue semaine qui avait cependant été enjolivée par la belle prestation de Riba Yell lors de l’évaluation surprise que le Rakuzan lui avait concoctée.
Grâce à la réussite de la Gogyou, le projet de Satochi concernant le partenariat avec l’Académie allait pouvoir être mis en place très prochainement.
Mais hélas, derrière cette joie passagère, un autre sujet moins glorieux était sujet à toutes les pensées du Rakuzan.
Ce sujet concernait l’Hachidaime pour qui le brun s’inquiétait beaucoup depuis ce fameux jour pluvieux où elle avait montré à ses gradés jusqu’où était-elle prête à aller pour punir ceux qui le méritaient.

Les discussions étaient allées de bon train les jours suivants entre les Jônin du village. Et un certain nombre n’approuvait pas vraiment ou plutôt ne comprenait pas pourquoi l’Aburame Cheffe du village de la Feuille avait fait preuve d’autan de cruauté en optant pour la torture plutôt qu’un kunai bien placé.
Finalement, l’un d'entre eux avait agi et désobéit délibérément. Il s’agissait de Yôgan Yusei, un membre de l’ANBU et un presque frère pour le Rakuzan.
Suite à son insubordination, Yusei avait perdu son grade de Jônin et était à présent placé sous la tutelle exclusive de Satochi.
Ce dernier pour ainsi dire les pleins pouvoir sur les agissements du Chef des Yôgan.

Loin de forcément désapprouver le geste de son récent frère. Satochi devait néanmoins s’en tenir aux décisions de Mizuki et continuer d’avancer malgré tout.
Cependant, il avait atteint un seuil d’inquiétude suffisamment élevé pour prendre enfin la décision d’aller rendre une petite visite à sa supérieure hiérarchique.
Il s’y rendrait à l’improviste une fois sa longue journée de travail terminé. Telle qu’il la connaissait, l’Aburame serait très certainement toujours à son bureau en train de travailler comme une forcenée.

Le Palais du Hokage était pratiquement désert, seuls les derniers grands courageux quittaient encore le bâtiment au moment où Sato’ se présenta devant l’immense bâtiment.
Scrutant les yeux en l’air, il vu de la lumière… Il fallait croire qu’il avait vu juste.
Enfin… Le contraire l’aurait fortement étonné.
Parcourant les couloirs déserts du Palais, il finit par arriver devant la porte du bureau qu’il fréquentait souvent depuis quelque temps. Il toqua et entra.
Mizuki s’y trouvait bel et bien… Quelle plaie.

- Bonsoir Mizuki… Qu’est-ce que tu fais encore ici à cette heure ?

Il s’avança un peu plus jusqu’à ce qu’il soit face à l’immense vitre qui parcourait la façade entière du bureau. Il tourna son regard vers son amie tout en s’adossant à la vitre.

- Rude semaine n’est-ce pas ? Je viens sans doute un peu tard, mais j’imagine que ça n’a pas dû être de tout repos pour toi depuis l’exécution...

Combien de personnes Mizuki avait bien pu voir franchir le seuil dans sa porte outrées, scandalisées interrogées ? Satochi était incapable de le dire. Inversement ? Combien de personne avait accordé leur soutien suite à cette décision pour le moins déroutante ? Là encore, Satochi était incapable de trancher sur un nombre exact, ils étaient peut-être venu en nombre, peut-être était-il le premier, mais quoi qu'il puisse en être il pouvait toujours être présent, ou plutôt, enfin l’être. Non pas en tant que Satochi, Jônin et Chef de l’ANBU du village de Konoha, mais en tant que Satochi l’ami de Mizuki.

- Comment te sens-tu ?finit-il par demander.

Feat:

Mizuki était donc là à cette heure de la soirée pour des dossiers qui traînaient depuis on ne savait pas combien de temps et pour des trucs sans grande importance, mais qui méritait tout de même un coup d’œil de l'Aburame.
Elle était bien courageuse, à cette heure, Satochi aurait déjà délégué le reste à son bon vieux copain aka Nodeshi.
Néanmoins, et pour avoir la majeure partie du temps le nez dans les papiers, le brun comprenait ce que l'Hachidaime ressentait. Cela avait certes aucune classe en comparaison avec les spéculations qui étaient faites au sujet du rôle de l'Ombre d'un village caché menant de nombreux et valeureux combats, mais la bonne vieille paperasse était hélas le quotidien le plus fréquent et s'en occuper était un symbole de force et de courage et de persévérance... car des papiers, il y en avait hélas toujours à traiter.

- Crois moi, je te comprends... Je commence aussi à m'y connaître en paperasse entre la gestion des Rakuzan et de l'ANBU. J'magine que ce n'est également pas la vision que l'on se fait du Chef de l'ANBU... dit-il en souriant avant de retrouver un semblant de sérieux. Mais au moins, si on passe nos journées à remplir des documents souvent futiles à nos yeux, c'est que quelques parts rien semble venir troubler la paix qui règne au village et c'est notamment à toi qu'on le doit.

C'était ainsi que Satochi raisonnait lorsqu'il en avait littéralement plein les chaussettes de signer, remplir, signer et re-remplir des feuilles de papier qui finiraient, il ne savait où.
Certes, le feu de l'action lui manquait particulièrement après tout, il était un homme d'action, un homme du terrain qui appréciait le combat. Mais il aimait encore plus la sécurité du village, et dans ce sens si combler avec un stylo des trous laissés sur des feuilles étaient le prix à payer pour passer le temps. Soit.

Le Jônin n'était heureusement pas venu ici pour parler boulot, il voulait savoir comment allait son amie. Puisqu'il pouvait sans soucis l’appeler ainsi.
Après l'exécution de Yamada Tetsui, Mizuki s'était éclipsé tandis que les invités à la mise à mort avaient montré des visages sceptiques ou le genre de visage que les gens pas contents et d'accord font.
Quelques parts, Satochi avait immédiatement pensé que cette mise en scène avait pas forcément fait plaisir à l'Aburame. Une preuve évidente résidait dans le fait qu'elle n'était pas resté là à contempler son aigle et ses insectes torturés sans relâche le mis à mort.
Le Rakuzan s'était attendu à de l'indignation et à une flopée de personne venue quémander des explications.
Au final, il fut soulagé d'apprendre que cela n'avait pas été aussi terrible que ce qu'il avait pensé.
En réalité, en ne comptant pas Yusei qui avait contacté l'Hokage afin de justifier son action et les quelques personnes insatisfaites, seules les personnes les plus proches de Mizuki s'étaient manifestés.

En fin de compte, ce n'était pas surprenant, Kihran et Yell avaient dû être les premiers étonnés de voir Mizuki procéder ainsi.
Satochi s'était inquiété pour rien visiblement puisque aucun semblant de révolte avait été repéré ou même ébruité.
Et au final, c'était plus à cause de tout son boulot que l'Aburame avait l'air épuisé. Quant au Rakuzan, on pouvait dire qu'entendre ce qu'il venait d'entendre le rendait plus heureux qu'il le laissait croire.

- Moi ? s'interrogea-t-il à voix haute. Je dors sans doute hélas plus que toi... et les différents visages que j'ai pu voir l'autre jour ne m'ont pas vraiment inspiré. Je crois bien que je m'inquiétais pour toi.

Satochi avait toujours ressentit de l'inquiétude, six ans plus tôt lors du message télépathique de Monwa, il s'était inquiété pour sa famille et avait alors décidé de sortir de sa dépression pour être en mesure de les protéger.
Lorsqu'il était devenu Sensei, il s'était toujours inquiété pour les élèves, lors de la Bataille à Suna, il s'était inquiété pour ses frères. Et c'est parce qu'il s'inquiétait énormément pour Konoha principalement, qu'il avait plus ou moins demandé son infiltration au sein du Chûmon. Au fil du temps, ses inquiétudes s’étaient calmées, les élèves s'étaient améliorés, son clan vivait dans de bonnes dispositions était se développait, une fois la délégation Konohajin de retour au village, la bataille n'avait plus été qu'un spectre, et la mort de la porteuse du gêne de la chance et d'autre de ses petits copains avait atténué son inquiétude générale. Cependant, il y avait certaine personne pour lesquelles l'inquiétude ne cessait jamais vraiment, et Mizuki en faisait partie et la voir fatiguée comme cela ne contribuait pas à voir son inquiétude s'atténuer.

- Bien bien, j'imagine que ton stylo ne va pas s'envoler vers l'autre bout du Yuukan en une nuit alors tu vas le poser et venir avec moi. On va prendre l'air et tu rentreras dormir après annonça-t-il de bonne humeur.

Certain pourrait prendre cela pour un ordre. Et ils auraient raison, mais ce n'était pas un ordre d'un supérieur à un subordonné. Ce n'était pas non plus l'ordre du Chef de l'ANBU à son Hokage. C'était un ordre d'un ami à un autre et si Mizuki comptait refuser avec des justifications bancales, elle pouvait s'attendre à voir l'ANBU squatter son bureau toute la nuit et jusqu'au petit matin.
Mais c'était probablement le scénario à éviter. Pour sa part, Sato' pensait qu'une petite virée à l'air frai d'une soirée à Konoha pourrait faire que du bien à l'Aburame, c'est pourquoi il était prêt à insister, que cela soit maintenant où à 4h du matin.

Je souris légèrement à la remarque du Rakuzan. Non, la tranquillité relative du village ne se mesurait pas au nombre de papiers que je remplissais. La seule chose que cela prouvait, c’était que j’avais abandonné le terrain. Après réflexion, ça faisait quand même un bail que je n’étais pas intervenue dans des missions nécessitant de la puissance militaire. OH MON DIEU SI CA SE TROUVE MES INSECTES SONT MORTS EN MOI !!! Hum non Mizuki, tu délires là, reprends-toi.

- Leurs visages m’ont confortée dans l’idée qu’ils étaient des gens biens qui ne se complaisaient pas dans la torture de l’ennemi. Si je dois prendre la responsabilité d’être détestée sur mes épaules pour vingt minutes de souffrance à un shinobi qui en a causé de bien plus grandes, alors ainsi soit-il.

Être respectée par mes alliés et crainte par mes ennemis : voilà ce que je devais être. Il n’y a pas de question d’affection ou de haine dans tout cela. Ni de moi en tant que personne, d’ailleurs : au fond, dans le Yuukan, personne ne connaissait personnellement Miko. Mais ce qu’elle incarnait, ce qu’elle représentait, ce qu’elle laissait trahir inspirait bien plus qu’il ne suffisait pour garder Konoha en sécurité. Je me devais de suivre la voie qu’elle avait tracée et d’être signe de la formation qu’elle s’était évertuée à me donner toutes ces années.

J’arquai un sourcil quand Satochi me proposa de sortir rapidement avant de rentrer dormir. Posant les yeux sur le document sobrement intitulé « Protocole d’urgence à respecter en cas d’attaque ennemie sur l’entrepôt 12 d’Ame no Kuni – Déclenchement de l’alerte chimique », je soupirai légèrement, posant mon stylo et m’étirant de tout mon long.

- Je suppose que tu as raison.

Bon franchement, ce tutoiement ça me fait tout drôle, mais bon, n’étant pas spécialement à cheval sur les protocoles, je m’en fichais un peu. Un coup d’œil vers l’extérieur m’indiqua qu’il faisait déjà nuit noire et que l’Automne étant arrivé, le froid s’engouffrait dans les rues sombres du village (poétique, n’est-ce pas ?). Enfilant manteau noir, je remis correctement mes cheveux avant de suivre le Rakuzan à travers le palais.

- Et donc, tu comptes m’emmener où concrètement ? Une idée ?

Je me tournai vers lui, plissant les yeux d’un air suspicieux.

- Si tu as construit une cabane au fin fond de la forêt, je refuse de t’y accompagner.

Je laissai sortir quelques insectes en signe de menace… Bon ok, à qui je fais croire ça ? J’ai juste fait ça pour vérifier qu’ils n’étaient pas morts. Vous serez ravis d’apprendre qu’ils se portent à merveille. Pfiu, on a encore eu de la chance.

Mizuki assura avoir été rassurée de voir les visages mécontents des plus haut-gradés de Konoha s’exprimer lors de l’exécution du Sunajin Yamada Tetsui.
Elle assura également accepter d’être détestée pour l’acte qu’elle avait commis. Une sentence justifiée que le Yamada avait méritée en s’en prenant à tant de vie humaine et innocente.
C’était sur ce point que le Rakuzan tombait en désaccord avec son Hokage.
À ses yeux, Mizuki agissait comme Miko l’avait fait par le passé.
Elle semblait vouloir suivre le même chemin, chose que le Rakuzan avait du mal à concevoir ou plutôt comprendre malgré que cela puisse être logique pour le plus grand nombre.

Pour l’heure, il ne répondit rien et préféra inviter l’Hachidaime à sortir prendre l’air.
Satisfait qu’elle ne refuse pas sa proposition, les deux shinobis arpentèrent le Palais en direction de la sortie menant vers le centre du village.
L’Aburame demanda alors à Satochi où est-ce que ce dernier comptait bien l’amener tout en ajoutant une remarque humoristique qui ne manqua pas de faire sourire le Chef de l’ANBU.

- Rassure-toi, dit-il en fixant l’Aburame, je veux te monter quelque chose que je n’arriverai pas à t’expliquer avec des mots.

Bon, OK ! C’était vachement flou et ça n’apportait pas vraiment de réponse à l’Aburame, mais il préférait garder ses idées pour lui et se contenter de parler lorsque le moment serait venu.
D’ailleurs, il était fort possible qu’elle décide d’arquer ses sourcils en mode « Wtf, tu ne me renseignes pas vraiment là ». Mais bon, ainsi soit-il.

Les deux Konohajins marchèrent donc pendant quelques minutes dans l’air frai de la nuit tombée et finirent par atterrir dans le quartier le plus fréquenté du village.
Malgré le froid, l’activité allait de bon train et rapidement la présence du Hokage ne manqua pas d’attirer l’attention.

Rapidement, la foule se rassembla et ne manqua pas d’exprimer leurs éloges envers leur Ombre.

- Bonsoir Hokage-sama ! Hokage-sama ! Comment allez-vous Hokage-sama !

Une petite fille alla même jusqu’à se faufiler dans la foule afin d’offrir une fleur à la kunoichi aux cheveux écarlate.

- Merci de veiller si bien sûr nous Hokage-sama.

Pendant ce temps-là, Satochi resta à l’écart, laissant à Mizuki le soin de bien comprendre l’image qu’elle incarnait aux yeux des habitants du village caché des Feuilles.
Leur avancée à travers la foule ralentit leur marche, mais c’était exactement ce à quoi le Rakuzan avait songé en amenant l’Ombre du Feu dans cette partie de village.

Ils finirent cependant par quitter la zone active au profit d’une zone plus calme où il serait plus simple de communiquer.

- Cette petite marche doit sans doute te paraître étrange, mais je souhaitais vraiment te montrer l’image que tu représentes aux yeux de ton village commença Satochi.
Comme tu l’as remarqué, tu es plus que respectée et tu es même un modèle pour beaucoup d’entre eux.

Il marqua une pause.

- Là où je veux en venir, c’est que je pense que ta façon de diriger Konoha devrait davantage te ressembler. Tu es une personne aimante, et ce qui s’est passé lors de l’exécution du Yamada démontre également qui tu n’es pas partisante de la souffrance ou de la torture. C’est pourquoi tu ne dois pas te sentir obliger d’accepter d’être détestée pour quelque chose que tu n’es pas.

Lorsqu’il repensait à ses premières rencontres avec Mizuki. Jamais le Rakuzan aurait espéré tenir un tel discours à son égard.

- Je sais que tu as reçu une excellente formation, et que la manière dont Miko a gouverné Konoha a été une réussite nourrissant l’admiration du plus grand nombre à son égard, je sais qu’elle est loin d’être le genre de personne que sa « légende » décrit. Pour finir, je sais également que les temps changent et que ce qui a marché quelques années auparavant ne marchera peut-être pas dans les années à venir, c’est pourquoi je persiste à croire que tu devrais te faire respecter pour ce que tu es et non pour ce qu’on t’a habilement appris à faire finit par conclure le Rakuzan avant de rajouter. À l’avenir, j’aimerais que tu acceptes de laisser mes hommes et moi-même s’occuper du sal travail.

Il alla ensuite plus loin, bien conscient qu’il pouvait très certainement déjà ennuyer Mizuki au plus haut point. Mais ce qui devait être dit, devait l’être.

- Quand on voit le changement brutal et incompréhensible de personnalité du Nanadaime Kazekage, qui est passé du statut d’ami de Konoha à celui de potentiel assassin de Miko, je préfère que tu évites de ternir ton image et la personne que tu es. Que cela soit, pour une année, vingt minutes ou même un dixième de seconde. Personne ne pourrait te remplacer ici à Konoha, alors en tant que Chef de l’Unité Spéciale chargée de la protection de Konoha et de son Hokage, je te demande sincèrement d’accéder à ma demande ou de la prendre au moins en considération.

En tant que Chef de l’ANBU, Satochi avait pour mission de veiller sur son l’Aburame, et si pour y parvenir, il devait trancher des têtes, recouvrir ses mains de sang et torturer des meurtriers afin que le monde craigne Konoha alors il le ferait sans hésiter.

Nos enfants se souviennent de nous par l’héritage que nous leur léguons. Au fond, Konoha était un peu devenu ma famille, on est à deux doigts de la levée de bras pendant qu’une armée de gens me disent « Mhysa » sans raison, hein. Bref, regardant les différentes personnes venir me saluer comme si j’étais la femme de leurs vies, je souriais niaisement, étrangement comblée par tout ça. J’écoutai à peine Satochi parler, au fond, profitant de ces quelques moments de répit loin de tout.

- Non.

J’embrassai une gamine d’à peine sept ans qui venait de me donner une jolie rose rouge, au moment-même où Satochi avait terminé son discours.

- Tu as raison sur une chose. Ma façon de gouverner devrait un peu plus me ressembler. J’ai tellement peur de pas être à la hauteur que je raisonne par le biais de ce que je pense qui devrait être, et pas de ce que je pense qui est. Ou un truc comme ça, bref, je me comprends.

Humant la fleur, je me retournai vers lui et lui souris chaleureusement, comme un premier remerciement pour ce qu’il venait de faire. Une simple balade, qui pourtant signifiait beaucoup.

- J’ai fait une erreur. Jamais Tetsui n’aurait dû être torturé gratuitement. Je n’ai pas essayé de lui laisser un ultimatum comme Miko l’avait fait à De… à Tu-Sais-Qui… Je n’ai pas essayé de tirer une quelconque information. Bref, rien ne justifiait le châtiment. Jamais je n’aurais dû faire ça. Et tu n’auras pas à le faire non plus.

En marchant dans les rues, je regardai le ciel dégagé. La lune brillait, entourée d’étoiles. Quand j’étais petite, et que je m’allongeais dans l’herbe le soir, j’aimais penser que ce n’était pas moi qui les regardais mais elles qui me regardaient. La fleur toujours à la main, je souris comme une petite fille, les yeux rivés vers le ciel.

- La torture ne sera faite à Konoha qu’en dernier recours, qu’en cas d’extrême nécessite et seulement si la sécurité des Hijins est en jeu. Je vais pas en faire une loi, vous êtes libres de faire ce que vous voulez. Mais j’attends de toi qu’en tant que chef de l’ANBU, tu respectes ce principe.

On se retrouva à un carrefour proche de chez moi. C’était là que nos chemins allaient se séparer. Je le regardai dans les yeux, lui souriant de nouveau. M’approchant de lui, je l’embrassai sur la joue, me mettant sur la pointe des pieds, comme une enfant de huit ans.

- Merci. Du fond du cœur. Merci, Satochi.

Je tournai les talons. Dans d’autres circonstances, Satochi aurait pu être plus qu’un ami. Sans aucun doute. Il était loyal, fidèle, généreux, il avait le cœur sur la main, il était intelligent, fort : il avait tout pour lui.

Mais j’étais son Hokage. Et jusqu’à ce qu’il ne soit plus sous mes ordres, il restera un ami. Un très bon ami.

Curieusement, la petite balade improvisée par Satochi semblait réellement porter ses fruits. L'espace de quelques instants Mizuki était ailleurs, loin de son quotidien et des responsabilités que son rôle lui imposait.
Elle souriait et c'était la chose la plus importante. Laissant un peu l'euphorie du moment redescendre, la jeune Aburame fit quelques choses que le Rakuzan n'aurait jamais imaginé. Elle se livrait, pour la première fois depuis qu'il se connaissait, elle acceptait de livrer ses craintes.
Ainsi, elle avait peur de ne pas être à la hauteur... Venant de quelqu'un qui d'ordinaire se montrait si confiante, cela faisait vraiment bizarre à entendre, mais en y repensant, ce sentiment était compréhensible.

- Alors ne doutes plus répondit le Rakuzan d'un ton simple alors que l'Aburame semblait focalisée sur la fleur que la petite fille lui avait offerte. Tu n'es pas arrivée là par hasard, et ceux qui le pensent finiront bien par comprendre que cette erreur de jugement aura été la plus grosse erreur de toutes leurs vies.

Mizuki se retourna alors, un sourire chaleureux apparent sur son visage, Satochi lui sourit en retour et l'écouta ensuite émettre une opinion très claire au sujet de ce qu'elle avait fait endurer au Yamada.
Cependant, dans sa comparaison avec ce que Miko avait fait des années plus tôt, le jeune kunoichi oubliait certain détail. Des détails de taille de surplus. Des détails qui rendaient cette comparaison inutile et surtout complètement fausse.

- Je ne suis pas d'accord. La situation que Miko a vécu avec Demon est totalement différente celle que tu as dû gérer avec Tetsui. Demon était un imbécile, mais à aucun moment, il a attaqué un territoire sous notre protection. Tetsui, lui était peut-être un moins mauvais bougre, mais il a cependant brisé de nombreuses vies innocentes dans le seul but de nous heurter. La seule manière dont il pouvait se montrer utile, c'était en nous donnant son gène rétorqua Satochi avec amertume.

Le Chef de l'ANBU était peut-être dur, mais dans les faits, Miko avait fait preuve de beaucoup plus de cruauté à l'égard de Demon que Mizuki avec Tetsui.
Satochi savait qu'il y avait de bonnes chances pour que l'Aburame s'essaye à une nouvelle comparaison, c'est pourquoi il n'exposa pas ce point à son amie.

- Tu sais, cela va faire plusieurs années maintenant que j'ai été nommé à la tête de mon clan et aujourd'hui, je comprends mieux ce sentiment que l'on ressent lorsque l'on est prêt à tout pour protéger, et rendre justice à ceux que nous aimons et qui ont été blessés. Tu n'as pas été un monstre avec le Yamada, je peux te l'assurer, car à ta place, je ne sais même pas ce dont j'aurais été capable.

La balade avait continuait pendant tout ce temps où le Rakuzan avait parlé et l'Aburame avait passé plusieurs minutes à scruter les somptueux ciel étoilé que la nuit offrit à Konoha ce soir-là. Et c'est toujours les yeux rivés vers les étoiles que Mizuki prononça des paroles réconfortantes.

- J'avais déjà accepté ce principe lorsque Yamanaka Keiji a rejoint l'ANBU. Je ferrais passer le mot.

Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et cette petite balade toucha à sa fin lorsque les deux amis arrivèrent à un croisement non loin de chez Mizuki. Le regard de Satochi croisa une nouvelle fois celui de Mizuki.
C'est alors qu'un événement imprévu eut lieu.
L'Aburame s'approcha du brun et déposa un baiser sur la joue de ce dernier. Le temps fut suspendu sans doute bien moins longtemps que le brun avait pu ressentir. Pourtant, cette chaleur, cette sensation, ce sentiment intense et inconnu jusqu'à présent lui brûla la poitrine bien plus longtemps. Il pouvait même sentir les battements de son cœur comme si ce dernier heurtait sans cesse son thorax. Pourtant, il resta comme pétrifié alors que Mizuki s'éloigna après l'avoir remercié.
Après quelques instants supplémentaires, il fut capable de lever le bras légèrement en direction de l'Aburame lui tournant désormais le dos. Il pouvait donc toujours bouger, elle n'était pas si loin que ça, il avait largement les capacités pour engloutir en quelques fractions de seconde la distance la séparant de Mizuki.

C'est ainsi que sans qu'il puisse comprendre ni comment ni pourquoi, il se retrouva aux côtés de Mizuki, il attrapa avec délicatesse la main libre de cette dernière, et se laissa guider par cet instinct soudain en offrant une étreinte sincère à l'Aburame dont la tête était venue se déposer sur la poitrine du Rakuzan.

- Merci à toi chuchota-t-il avant d'embrasser la kunoichi sur le front.

Puis, la vision du brun se brouilla et lorsque qu'il revint à lui, le brun aperçu un décor familier. Il se redressa et observa les lieux... Sa chambre. Alors tout ceci n'avait été qu'un rêve, en fin de compte, il avait été incapable de bouger. Imbécile.

The End: