Une ombre filait comme le vent à travers la forêt, et rien ne semblait la décider à s'arrêter. Elle traversait à vive allure les chemins et les routes, en évitant les villes et les passages fréquentés davantage pour ne pas éveiller l'attention plutôt que par crainte d'être arrêtée. Ce n'était de toute façon pas comme s'il y avait de monde, la nuit jouait à son avantage, et seule la lune entourée de ses étoiles était témoin de son voyage. La plupart des animaux nocturnes ne la remarquaient en général qu'une fois qu'elle était passée, rendant leur agitation et leur fuite inutile. Pour sa part, elle ne leur prêtait aucune attention : elle n'avait rien à craindre d'eux, sinon qu'une certaine personne sache via leurs perceptions où elle se trouvait. Et n'importe comment, cela ne changeait rien : le temps que la concernée s'en rendent compte, et dépêche une équipe pour se renseigner sur le phénomène, elle sera déjà loin, impossible à rattraper.

C'était Natsuki qui l'avait envoyé. Coincé pour différentes affaires d'urgences relatives dans le territoire du Pays du Feu, il avait consacré une grande partie de son énergie à la création d'un clone issu des ombres, une entité semi-indépendante grâce à l'énorme quantité de chakra dont il l'avait doté. Cette dernière avait pour mission d'aller à sa place là où lui ne pouvait pas se rendre actuellement, à savoir la ville portuaire de Chiheisen, situé dans le Pays des Sources Chaudes. Un rendez-vous important l'y attendait là-bas, et il ne pouvait pas se permettre de le manquer.

La nuit céda sa place aux aurores, et la lune au soleil lorsque l'ombre arriva finalement à moins d'un kilomètre de la ville portuaire. Constituée uniquement de chakra et dépourvu d'organes non nécessaire, sa course de longue haleine ne la laissa même pas essoufflée au terme de son voyage sans halte. A l'abri des regards indiscrets, elle continua en marchant. A chaque pas, ses traits se modifièrent et s'affinèrent avant d'ajouter de la couleur à ce qui devint en quelques instants un véritable être humain. Des cheveux noirs, coiffés en raie centrale, encadraient son visage en créant un contraste avec sa peau qui elle tirait davantage vers le blanc. Ses yeux en amandes brillaient de prunelles d'or terni derrière une fine paire de lunettes dont les branches se perdaient dans sa chevelure. L'air sérieux, il portait une chemise d'un blanc immaculé dont le col était cerné d'un ruban assortie à sa veste de costume. Malgré la saison et le territoire qui offraient des températures plus que clémentes, il portait un pantalon d'un noir profond qui couvrait la totalité de ses longues jambes, achevées par une paire de chaussures en pointes dont l'on serait peu avisé de se servir pour voyager.

Aucune trace de poussière ou tâche de sueur ne trahissait son voyage nocturne, si bien que lorsqu'il pénétra dans la ville, l'on aurait pu croire qu'il avait toujours vécu ici. Au détail près que sa tenue et son physique le différenciaient largement des autochtones.

Si celle qu'il attendait n'avait pas de retard, elle sera là ce soir, leur rendez-vous étant convenu au port à la nuit tombée. Il mit donc sa journée à profit pour repérer les lieux, là où ils seront le plus à l'aise pour discuter de ce qui devait l'être. Elle ne le connaissait pas, mais lui saura la reconnaître en la croisant, de la même manière qu'il avait retrouvé sa trace après sa disparition.

Chevauchant à vive allure sa monture bien singulière, Mairu ne mit pas bien longtemps pour atteindre la lisière de la ville portuaire de Chiheisen. Confortablement installée sur le dos de son sanglier, la jeune femme observait cette ville qu’elle n’avait point envie de fouler.

Pour faciliter le transport, la Natsumi portait son katana dans son dos, tenu en bandoulière par une corde de fortune qui était soigneusement ficelée à chaque extrémité du fourreau.

Après plus de sept mois à vivre dans la forêt de la brume, éloignée de toute civilisation, elle était devenue une parfaite sauvageonne qui avait du mal à vivre parmi ses semblables. Ne se sentant pas à sa place même pas dans un hameau, la Natsumi avait décidé de s’installer dans une grotte, non loin d’une ville perdue dans l’une des nombreuses montagnes de ce pays. Elle avait donc quitté une tanière isolée pour une autre et qui, de plus, était moins confortable.

Un jour, elle vivrait peut-être dans un appartement comme autrefois - lorsqu’elle servait encore le village de Kumo - mais pour l’heure, elle préférait le confort qu’elle avait aménagé dans sa tanière naturelle qu’elle partageait avec son sanglier qui était devenu son plus fidèle compagnon. La présence de son animal de compagnie, qui ne pouvait vivre parmi les humains, était également la raison qui l’avait poussé à se terrer dans une caverne. De plus, elle n’avait pas à débourser de loyer alors elle n’avait plus qu’à trouver de quoi se nourrir et s’habiller. Pour ce faire, elle avait décidé de trouver du travail dans la ville proche de son nouveau domicile.

Aujourd’hui était le jour où elle avait fixé un rendez-vous à un certain Rana Ichinisan qui avait réussi à lui faire parvenir une lettre, via un rapace, alors qu’elle était encore dans la forêt de la brume. Dans la missive, plus qu'inattendue, l’inconnu avait formulé le souhait de la rencontrer mais n’avait pas précisé pour quel sujet exactement.

- Grouik ! Grouik ! ... Grouik ! Fit le suidé, tout en tournant autour de Mairu.
- Non, non ! Tu ne peux pas me suive alors tu te caches ici et je reviendrai te chercher quand j’en aurai terminé, fit la jeune femme à sa monture, tout en posant un genou à terre pour pouvoir grattouiller l’animal. Surtout, tu ne fais pas de bêtise. Compris ?
- Grouik !

Difficile de savoir si l’animal avait compris la maîtresse mais il resta là à la regarder s’éloigner, reniflant l’air comme s’il cherchait à savoir si elle était vraiment en train de partir. Les suidés ne voyaient pas clairement alors ils se repéraient surtout grâce à l’odorat. Lorsque la Natsumi ne fut plus qu’un point à l’horizon, la bête alla se cacher dans le bois, après un dernier couinement.

***

Le rendez-vous a été fixé au coucher du soleil mais il faisait encore jour. Mairu prit alors tout son temps pour se rendre au point de rencontre qui était le port de la ville. Elle évita les ruelles les plus fréquentées, faisant parfois des détours, pour se rendre à cet endroit qu’elle savait situer. C’était par là bas qu’elle était arrivée, il y a plus d'une semaine. Elle avait voyagé depuis Mizu dans la cale d’un bateau de transport des humains et marchandises car elle ne pouvait fréquenter les autres passagers avec son sanglier. Elle avait réussi à négocier difficilement sa traversée, avec l’animal, qu’elle avait dû payer en passant presque une journée entière à décrasser le bateau, une fois arrivée à destination car elle n’avait pas de quoi payer leur voyage. Comme à l’embarquement, elle avait débarqué avec son fidèle compagnon à la tomber de la nuit pour plus de discrétion. Une fois sur la terre ferme, elle avait laissé sa monture la mener dans la forêt la plus proche car c’était un animal plutôt nocturne qui arrivait donc à se repérer sans problème dans le noir.

Le séant posé sur une muraille de pierres, à défaut d’avoir un arbre sur lequel se prêcher comme elle en avait l’habitude, la Natsumi patienta, fixant le soleil couchant loin dans l’océan. Elle ne savait pas à quoi il ressemblait l’être qu’elle attendait mais lui saura la reconnaître.

Sa présence ne tarda pas à attirer deux hommes qui vinrent l’aborder.

- Qu’est-ce tu fais donc la toute seule ma jolie ? Si tu nous rejoignais pour une petite virée en ville ?
- Non merci, lâcha la Natsumi d’un ton qui invitait à lui foutre la paix.
- Aller ! Ne fais pas la timide et viens avec nous ! On va te faire passer des ...

Mairu qui se leva, interrompit l’homme qu’elle fixait de son regard sanguin et bien glacial, son katana - qu’elle avait déposé sur la muraille et que les importuns n’avaient pas dû remarquer - se tenait à présent dans sa main gauche. Debout sur le mur de pierres, tout doucement, elle dégaina le sabre dont le sifflement métallique de la lame résonna aux oreilles des deux enquiquineurs comme un avertissement.

- On se casse ! Elle n'est pas nette cette fille ! Déclara l'un des deux hommes qui s’éloignèrent ensuite rapidement.

Sans jeter le moindre regard en direction de ceux qui avaient fui, la Natsumi se rassit mais tenant cette fois-ci son katana bien évidence tout contre elle sans l'avoir rengainé, signifiant ainsi qu'il valait mieux éviter de venir l'importuner si on n'était pas l'être qu'elle attendait ...

Le soleil commençait à se coucher quand Ichinisan revint au port de Chiheisen, l'heure convenue pour son rendez-vous. D'un pas minuté, il commença à parcourir les rues d'un regard calculateur, indifférent de ceux que l'on lui lançait. Il n’eut pas besoin de longtemps pour retrouver celle qu'il cherchait, assise sur une petite muraille, sa lame au clair contre ses bras. Il fronça les sourcils à ce détail, puis contourna largement la jeune femme pour lui arriver de face plutôt que de côté. Elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois que Natsuki l'avait vu il y a plusieurs années. Les cheveux plus courts, le bonnet moins souple, et le regard terni demeuraient les trois points les plus évocateurs. Elle avait les yeux de celle qui peinait à surmonter les épreuves imposées par la vie, mais il ne la connaissait pas assez pour s'en soucier, pas plus qu'il n'avait la nécessité de chercher à l'en soulager.

« J'ose espérer que ce sabre tiré n'a aucun rapport avec l'envie de m'étriper que vous avez mentionné un mois plus tôt, Mademoiselle Natsumi. » annonça-t-il après s'être arrêté à deux mètres d'elle.

Sans le moindre sourire, il s'était incliné pour la saluer avec respect.

« Puis-je voir la lettre que je vous ai écrit ? » demanda-t-il en présentant la réponse papier de Mairu.

Cela suffisait en guise de preuve qu'ils étaient bien l'un et l'autre les individus attendu.

« Je vous remercie d'avoir bien voulu répondre à mon invitation, malgré le peu de détails qui vous ont été fournis. Si vous voulez bien ranger votre arme et me suivre, il y a une plage peu fréquentée non loin. Nous y serons plus à l'aise pour discuter sans oreilles curieuses. »

La plage en question naissait sur le bord de la ville de Chiheisen, et bien que quelques habitations débordaient encore, il suffisait de marcher un kilomètre pour se retrouver en territoire vierge. Ichinisan, qui était resté silencieux jusqu'à présent sur le trajet, prit la parole dès qu'il jugea l'endroit sûr.

« Étant donné que vous avez gracieusement accepté de me donner de votre temps, je ne vais pas vous en faire perdre davantage, et aller droit au but : je souhaiterai faire appel à vos services pour réaliser une mission. Je suis au courant de votre situation singulière, et bien que je n'en connaisse pas les détails, c'est précisément pour cette raison que j'ai choisi de m'adresser à vous plutôt qu'à un autre : ce que vous me désignez comme une faiblesse pourrait bien être votre meilleur atout. »

Il laissa un court temps creux à son interlocutrice pour digérer l'information, puis reprit.

« Le monde est en guerre actuellement, Mademoiselle Natsumi. Ce n'est toutefois pas le genre de bataille qui se gagne avec des armes, mais avec des informations. Des informations qui se vendent et s'achètent. Et en ce moment, il y en a quelques unes précises qui m'intéressent : c'est là que vous entrez en jeu. Vous n'en avez peut-être pas entendu parler, mais il y a moins d'un an, une nation a émergé, et porte le doux nom de Pays du Soleil. Une muraille immense entoure le territoire, et permet au pays en l'absence de voie d'entrée de vivre en totale autarcie. Jusque là, rien de particulier, bien que la curiosité puisse être piquée au vif chez certains. L'élément qui pousse à ce que l'on s'intéresse à la nation du Soleil toutefois, et qui justifie votre présence, est le suivant : le chakra est inaccessible à la manipulation sitôt que la frontière est franchit par un corps. Vous comprendrez qu'en ces conditions, faire appel à un shinobi se révèle particulièrement inutile, alors que vous, qui ne comptez pas sur l'utilisation de cette énergie pour vivre mais qui avez une formation militaire, vous aurez davantage de facilité, et éveillerez beaucoup moins de soupçons en réalisant la mission que je souhaiterai vous confier. A savoir : apprendre comment ce phénomène est possible – et éventuellement, le contrer -, qui est au commande du Pays, et quels sont ses buts. Tout ce que vous pourrez collecter comme informations intéressantes vous sera payées en or et en points d'influences, le montant dépendant de la qualité de ces dernières. »

Il marque une brève pause pour dévisager Mairu.

« Qu'en dites-vous ? Ce sera peut-être aussi l'occasion pour vous d'en apprendre un peu plus sur ce qui a vous a bloqué votre énergie, et pourquoi pas même y retrouver l'accès. »

De son regard éternellement glacial, la Natsumi fixa un bref instant l’homme qui se présentait à elle puis elle attrapa le fourreau de son katana, qui était resté à la portée de sa main gauche, pour y ranger la lame. Le sabre rengainé dans la main droite, l’ex-kunoïchi se releva avant de sauter juste à côté de l’être qu’elle attendait.

Sans la moindre gêne, Mairu glissa sa main libre entre sa poitrine pour extirper de sous sa robe une missive qu’elle tendit à l’homme qui l’invita ensuite à le suivre vers une plage éloignée et complètement déserte.

Les propos du dénommé Ichinisan permirent à la Natsumi de comprendre pourquoi il prenait tant de précaution.

Au lieu d’aller droit au but comme il lui avait pourtant annoncé, l’homme lui avait fourni des détails dont elle se serait bien passée. Il avait sans doute pris cette peine dans l’espoir de pouvoir la convaincre d’accepter la mission qu’il désirait lui confier mais la jeune femme aurait préféré qu’il se contente de lui relater l’essentiel. Enfin, selon le point de vue d'Ichinisan, il lui avait certainement dit que l’essentielle mais pour la Natsumi il avait trop parlé.

À l'époque, elle ne supportait pas déjà les bavards et le fait d’être restée si longtemps isolée du reste du monde n’avait pas arrangé les choses.

« Le monde est en guerre actuellement ». Elle savait que trop cette réalité. C’était après tout cette guerre qui avait fait d’elle l’être à moitié mort qu’elle était aujourd’hui.

Mairu avait fui ce monde en conflagration, désertant les champs de bataille, mais voilà qu’on lui demandait d’y retourner.

La requête d’Ichinisan plongea la jeune femme dans une profonde réflexion.

Isolée dans la Forêt de la brume, l’ex-kunoïchi s’était résolue de s’éloigner du monde des shinobi qui ne lui avait apporté que lot de souffrance mais les propos de son interlocuteur avaient réussi à toucher une part d’elle. Celle qui ne cessait de se demander si elle était encore utile à ce monde où elle avait l’impression de vivre que partiellement alors que celui-ci pourrait bien continuer de tourner sans elle. Cette même part d’elle qui la poussait parfois à mettre fin à son existence qui n’avait plus lieu d’être.

Quel est donc l’intérêt de s’accrocher à la vie si on avait plus goût à rien ? Telle est la question que Mairu se posait actuellement alors que silencieuse, elle fixait l’horizon sans vraiment le voir parce qu’elle était présente physiquement mais pas mentalement.

Cherchant la réponse en son for intérieur, l’image de Shinda Michiki et de sa monture sauvage se dessinèrent dans l’esprit de la jeune femme. Ces deux êtres représentaient les seuls liens qui la retenaient encore à ce monde qui avait de moins en moins d’intérêt pour sa personne.

« J’accepte votre requête mais je ne veux ni votre or ni vos points d’influence. Si j’arrive à avoir ce que vous convoitez, je vous dirai alors à ce moment-là ce que je veux en échange des informations que j’aurais réussi à récolter. »

Ne convoitant ni gloire, ni fortune, ni pouvoir, la Natsumi n'avait aucune idée de ce qu'elle réclamerait le jour venu mais peut-être que d'ici là l'envie d'obtenir quelque chose la gagnerait. À défaut, elle fournira certainement les informations qu'elle aurait trouvées gratuitement à cet homme dont elle ne rejetait ni embrassait la cause.

La Natsumi avait accepté la mission non pas pour rendre service à ce Ichinisan mais plutôt pour voir ce dont elle était capable actuellement. C'était comme un défi qu'elle avait décidé de relever …

Bien qu'il n'était composé que d'ombre maintenu par Natsuki dans simulacre de vie grâce à du chakra, et dépourvu du moindre organe superflu, Ichinisan sentit un élan d'affection pour la jeune femme poindre dans sa poitrine. Tout ce long discours qu'il avait eu besoin de faire pour mettre en place le contexte de cette missions et s'assurer les faveurs de Mairu semblait en définitif avoir surtout exaspéré la concernée, qui se contenta de répondre de façon claire et concise. C'était tellement agréable de trouver moins bavard que soi.

Bon sang, si seulement tous les mercenaires pouvaient être comme elle, à se contenter d'exécuter les tâches que l'on leur demande de remplir, sans poser plus de questions que nécessaire. Juste l'essentiel, sans se soucier du reste. Mais le schéma '' un travail – une paye – un résultat '' appartenait désormais à un autre temps, et Mairu devait probablement faire partie des derniers représentants de cette espèce si appréciable. Encore une fois, Natsuki sentit par l'intermédiaire d'Ichinisan – ou plutôt, le sentira une fois que sa création d'ombre lui aura fait son rapport – que parmi tous les choix possible, Mairu demeurait la meilleure sélection pour cette mission. Elle était taciturne, ne la ramenait pas du tout, et acceptait le travail confié sans faire d'histoire ou de négocier quoi que ce soit. Ou presque.

« Très bien. » annonça Ichinisan après un court de temps de réflexion, au cours duquel il dévisagea son interlocutrice. « Je me réserve le droit de négocier ce que vous convoitez en fonction des résultats que vous me fournirez, mais nous verrons cela en temps voulu. Veuillez accepter au moins ceci. » lui dit-il en lui tendant une petite bourse au contenu tintant. « Il s'agit de votre avance de payement, de l'argent qui vous permettra d'arriver sans encombre à la frontière du Pays du Soleil. »

Pays du Soleil dont il lui indiqua la localisation géographique, au sud-est du Pays du Feu, là où personne n'avait dessiné de petits arbres sur la carte du monde.

« Je me débrouillerai pour savoir quand vous aurez quitté le Pays du Soleil, et je vous retrouverai à ce moment là pour vous payer de la façon dont vous l'attendez. Ce sera la dernière fois que vous m'aurez sur vos traces. »

Elle lui avait très bien signifié dans son courrier qu'elle n'appréciait guère de se sentir épiée, aussi il lui offrait l'assurance qu'à priori, elle n'aura après cela plus jamais à s'inquiéter de l'avoir dans son dos.

« Bon courage pour votre mission. » furent ses derniers mots avant de prendre congé, et de retourner en ville.

Il s'engouffra dans les rues, s'assura de faire perdre sa trace, et à la nuit tombée, reprit sa course dans les ombres en direction de Konoha après de nombreux détours. Il ne restait plus qu'à attendre les résultats désormais.

La Natsumi glissa la bourse sous sa robe avant de s’éloigner à son tour alors que l’homme qui venait de lui confier une mission avait déjà disparu de son regard.

Elle avançait sans se presser en direction de la forêt, là où elle avait abandonné sa monture.

Chiheisen était à présent éclairée par des lumières artificielles et la plupart des établissements avaient fermé leur porte. Seuls étaient ouverts les tavernes et les auberges que Mairu, ne désirant pas s’attirer d’ennui, prit le soin de contourner même si cela l’obligeait à allonger son chemin.

Précaution qui se révéla pourtant insuffisante. En effet, malgré l’heure qui n’était pas bien tardive, la Natsumi croisa une bande d’ivrognes qui l’intercepta alors qu’elle empruntait une petite ruelle.

Lorsqu'on était une femme, avec des attraits qui suscitaient l’intérêt des hommes plus était, la probabilité d’avoir la paix quand on se balade seule à la tombée de la nuit était quasi nulle.

Quatre niais lui barraient à présent le chemin, la forçant à s’arrêter. Mairu pourrait rebrousser chemin pour tenter de s’échapper sans devoir affronter les importuns mais elle préféra leur tenir tête. Ils ne lui suscitaient aucune frayeur malgré leur air menaçant.

« Laissez-moi passer je vous prie ! » Réclama la Natsumi d’une voix placide tout en toisant les importuns de son regard glacial.

Un se mit à siffler avant de se baisser pour plonger son regard dans celui de la jeune femme, collant presque son faciès déformé par l'ivresse contre celui de l’ex-kunoïchi qui ne bougea même pas d'un iota.

« C’est qu’elle est polie la donzelle en plus d’être bien foutue ! Que dirais-tu d'être mienne ce soir ma jolie ? »

Pendant que l’homme parlait la Natsumi retenait son souffle pour ne pas inhaler la mauvaise haleine de l'éméché.

« Non merci ! ... Ôtez-vous de mon chemin je vous prie où je vais devoir forcer le passage ! » Quémanda la jeune femme d’une voix calme tout en fermant sa main droite sur le poignet de son katana qu’elle tenait fermement dans son autre main.

Les casse-pieds ne semblaient pas avoir remarqué le sabre ou bien ils prenaient ce dernier pour une simple arme de dissuasion que sa détentrice ne saurait pas manier.

Ceux qui connaissaient la Natsumi auraient compris que sa sollicitation était un avertissement mais le message n’avait pas été capté par les quatre hommes qui se mirent à s’esclaffer. Le rire de celui qui se trouvait le plus près de l’ex-kunoïchi se transforma soudain en gémissement d’élancement. Mairu venait de lui entailler le ventre sans crier gare ne lui offrant aucun temps de réaction pour riposter.

« Qu’est-ce ... ?
- La garce ! »

Alors que leur compagnon avait les genoux à terre, les mains compressées sur sa blessure, les trois hommes restants se jetèrent sur la Natsumi. D’une agilité qui démontrait qu’elle n’était pas une fille banale, cette dernière réussit sans mal à s’échapper des assauts de ses assaillants qui, en plus d’un manque évident d’expérience en combat, avaient du mal à garder l’équilibre. En deux minutes, les quatre ivrognes étaient en train de gémir sur le sol. Ne désirant pas les tuer, la Natsumi ne les avait pas infligées de blessures mortelles mais ils pourraient très bien succomber à l’hémorragie s’ils ne faisaient pas soigner rapidement.

La voie libre, Mairu reprit son chemin après avoir essuyé soigneusement la lame de son sabre avec les vêtements d’une de ses victimes qu’elle rangea ensuite dans le fourreau. Elle fit quelques pas avant de se mettre à courir pour fuir d’autre désagrément possible et cette ville qui ne lui plaisait guère.

Elle s’arrêta seulement une fois avoir atteint la forêt qui était à présent plongée dans la pénombre. Au lieu de s’enfoncer dans le noir, la jeune femme aux yeux sanguins siffla un air singulier puis patienta. En moins d’une minute, un grognement familier déchira le silence nocturne alors que son sanglier se frottait à présent contre ses jambes. Elle dont le faciès était resté figé depuis plusieurs heures esquissa un sourire avant de tâter son animal.

« Tu as été sage ?
- Grouik !
- C’est bien ! »

Mairu remit son katana en bandoulière comme à son arrivée avant de s’installer sur sa monture singulière.

« Aller, on rentre à la maison !
- Grouik, » fit le suidé avant de filer dans la nuit.

La Natsumi faisait entièrement confiance à sa monture qui était capable de se repérer sans mal dans le noir.

Les deux êtres s’éloignèrent laissant derrière eux quatre hommes en agonie et des champs de pommes de terre sens dessus dessous. Contrairement à ce qu'avait compris la maîtresse, durant son absence, son animal s'était en réalité goinfré des cultures des habitants, labourant sans retenue leur terre …