Le soleil déclinait progressivement sur Kaze. La journée touchait à sa fin. Pourtant, j'étais dehors depuis un moment déjà, avançant à l'aveugle contre la fureur des rayons de l'astre diurne. Mes paupières étaient closes derrière mes lunettes de soleil ce qui m'obligeait à me servir de mes capacités de perceptions afin de discerner l'environnement tout autour de moi. J'enrageai toujours contre ma personne pour ne pas avoir été capable de ressentir la présence de celui qui avait posté cette fameuse lettre. Moi qui habituellement ne laissait même pas échapper une souris dans un rayon d'un Kilomètre, fort était de constater que ma vigilance s'était brutalement relâchée à ce moment là. Quelque part cela m'avait servit de leçon car désormais je ne lâchais plus rien. Il n'y avait plus un grain de sable dans tout Suna qui échappait à ma surveillance.

Pour en revenir aux raisons de ma présence à l'extérieur en pleine journée et ce malgré ma photosensibilité, elles se justifiaient par mon enquêtes sur ce trouble fait. J'avais considérablement réduit la liste des suspects potentiels au point où il me suffisait à présent d'aller un par un à leur rencontre pour tenter de démasquer le dissident caché parmi eux. Pour l'occasion je n'étais pas seule. Quelqu'un, ou plutôt quelque chose me suivait dans l'ombre. Camouflée qu'elle était, j'étais la seule en mesure de discerner sa présence. Longeant le toit des habitations je la vis arborer un sourire carnassier que je lui retournai discrètement en retour, laissant un bref instant ma mâchoire signer de superbes petits crocs pointus. Difficile de l'ignorer en ces circonstances. Il s'agissait bel et bien de Méphisto en digne fourbe détecteur de mensonge qu'il était, mais je ne comptais pas exploiter le félidé décharné uniquement à cet avantage. Il existait de nombreux moyens pour briser et faire parler un homme. Je n'étais pas Ketsueki dans l'âme, mais avait tout de même quelques connaissances en la matière...

Marchand avec nonchalance au milieu des ruelles je me dirigeais progressivement jusqu'aux quartiers Kawaguchi, tout en sortant le dossier de Kira d'une pochette. Mon attention s'attarda un long moment sur la photo de ce bougre. Cela me peinait de l'admettre, mais cet idiot remplissait quasiment tous les critères du parfait petit coupable que j'avais pu rassembler jusqu'à présent. Toujours fut-il que les probabilités qu'il s'agisse réellement de lui étaient moindres. Malgré tout, le fait qu'il ait refusé de participer à une mission dans laquelle je l'avais réquisitionné ne plaidait pas en sa faveur. J'espérai que le pack de bière dans ma seconde main suffirait à le rendre plus docile. Car cela risquait de ne pas être le cas s'il avait apprit ma véritable identité. Notre dernière rencontre lui aurait alors laissé un goût amer dans la gorge.

La combinaison de ma tenue beige, du foulard cachant la partie inférieur de mon visage et de ma chevelure tressée me donnait des airs de l'archétype même de la femme issue du désert. Difficile de croire qu'il s'agissait en réalité de la Conseillère à la défense, Saibogu qui plus est. En effet il était inutile de me faire remarquer plus que de raison. Alors j'entrais dans les quartiers Kawaguchi pour aller à la rencontre de mon petit lutin de sable, comme si de rien n'était. Il m'était facile d'identifier son chakra parmi tant d'autres tant et si bien que je n'eus aucun mal à le retrouver parmi les siens. Usant de mon aptitudes à me déplacer avec la plus grande des discrétions, je me glissai dans son dos jusqu'à arriver jusqu'à lui avant de littéralement lui sauter dessus, enroulant mes bras autour de son cou.

-Bouh !

Le pack de bière se mit à teinter tandis que nous manquions de nous écraser tête la première dans le sable. Heureusement il n'en fut rien et je m'écartai aussitôt de sorte à lui laisser le temps de se remettre de sa crise cardiaque passagère.

-Alors comme Monsieur ne veut plus aller en mission ? Alors dans ce cas pourquoi ne pas aller boire un coup ensemble. Dis-je dans un grand sourire tout en agitant le pack dans ma main.

Je m'étire en levant les bras vers le ciel avant de m'allumer une clope. Une longue journée d'entraînement terminée... Une journée fatiguante mais prolifique. Je me masse la nuque un instant avant de reprendre ma route en direction du Hall du Sable. Nouvelle demeure de Tsukiko. Et la mienne accessoirement. Depuis que nous connaissons la vérité sur la mort de Zanshi, nos liens se sont naturellement renforcés. Pas par réel désir mais plutôt par nécessité. Les gens qui savent qu'Oniri est la coupable se comptent sur les doigts d'une main. Et doivent par conséquent veiller les uns sur les autres. Spécialement à Suna...

D'autant plus que Tsukiko est toujours introuvable. Les hautes instances du clan dont mon grand-père fait encore partie commencent à s'interroger et la sécurité s'en est trouvée renforcée. Les patrouilles cherchent à en apprendre plus sur sa disparition et le quartier est en alerte. Une procédure normale mais un brin irritante. On m'a presque soupçonné d'être responsable de l'absence de la blonde. Et pourtant j'aimerais savoir autant qu'eux ce qu'elle est devenue. Mine de rien je m'inquiète pour ma cousine. Tout en envisageant la possibilité que la pression sur ses épaules était trop forte et qu'elle s'est tout simplement enfuie. Ce serait... ennuyant.

Je suis perdu dans mes pensées et n'entend pas arriver une demoiselle qui ne trouve rien de mieux à faire que de me sauter sur les épaules. La surprise est totale et je crois avoir à faire à une jeune de mon clan qui m'exprime son intérêt d'une façon un brin étrange. En me retournant ce n'est pas donc pas avec le poing levé mais un air surpris que je découvre une jeune femme que je connais. Mais qui n'est pas une Kawaguchi! Que vient-elle faire dans notre quartier à cette heure déclinante de la fin de journée?

"Amaelle?" je hausse un sourcil et pose le regard sur les bières. "Qu'est-ce que tu fous là?"

Enfin, Amaelle... Oniri Saibogu plutôt. La femme que j'ai menacée de dénoncer si elle ne tuait pas la responsable du Kakumeigun pour moi. Tâche dont elle ne s'est toujours pas acquittée il semblerait. Qu'est-ce qu'elle vient faire là au lieu de tenter de sauver sa peau? Et avec de l'alcool qui plus est? Se sent-elle perdue? Veut-elle profiter de son existence avant d'être jugée puis exécutée pour trahison? Je ne la pensais pas si faible... Et quelque part je sais que ce serait une erreur de la considérer ainsi. Non, elle n'est pas là par hasard. Et encore moins pour faire la fête avec moi...

Elle enquête? Tente de se rapprocher de moi car je suis un potentiel coupable? Je ne lui ai pas caché mes ressentiments sur Suna alors que je pensais encore qu'elle n'était qu'une Saibogu parmi d'autres. La pauvre... Elle se trouve sur mon terrain. Et contrairement à elle j'ai certainement eu la possibilité de me préparer à ce cas de figure. D'envisager ses questions ou ses remarques. Je n'imaginais pas cependant qu'elle opterait pour l'option "bon potes". Quoi qu'il en soit je reste stoïque et continue de l'observer encore quelques instants.

"En mission? Comment tu sais ça? Et bien non, j'ai été blessé à l'entraînement. J'ai donc préféré renoncer sur les conseils du médecin du clan."

En réalité Tsukiko l'a forcé à me déclarer inapte. Ce qu'il a fait sans se poser trop de questions. Il fallait bien que j'assure mes arrières. En général refuser d'aller en mission est passible de la cours martiale. Et j'en suis bien conscient. Il s'agit de tout faire dans les règles pour finalement briser celles qui ne nous convienne pas.

"Écoutes, je ne sais pas si tu es au courant mais notre cheffe de clan a disparu. Alors je n'ai pas vraiment le temps de venir boire des verres avec toi. Et puis je suis naze. Une autre fois d'accord?"

Va plutôt t'occuper de tuer la noiraude incompétente qui est sensée commander l'unité spéciale du village. Cela fait maintenant trois semaines qu'elle a reçu ma lettre. Et il ne lui en reste plus qu'une pour s'acquitter de sa mission ou périr dans le déshonneur. Les deux options me vont. Mais je suppose qu'elle doit avoir une préférence de son côté. Je reste là à la regarder et attendre sa réponse. Je ne vais pas lui tourner le dos. Au passage j'en profite pour saluer deux veilleurs qui passent. Un cousin éloigné et un homme affilié au clan par alliance je crois. Est-ce qu'Oniri compte insister?

Je m'étirais de tout mon long, le pack de bière en main avant de commencer à remettre un peu d'ordre dans mes vêtements. Mon visage venait de s'éclairer d'un grand sourire. Puis, en guise de mimique, j'agitai avec nonchalance ma main devant mon visage.

-Piouf Kira-san, savez-vous que vous empestez la cigarette à plein nez ? Vous devriez mettre un peu de parfum cela ne vous ferez pas de mal. Vous savez ce qui plaît au femme ? L'extrait de scorpion !

Mon index vint se poser sur mes lèvres en guise de fermeture complice, toujours souriante, toujours candide. Je fis quelques pas en arrière pour mieux me pencher légèrement en avant de sorte à détailler le jeune homme sous toutes les coutures avec autant de tact que si j'abordai un animal d'une espèce inconnue enfermée dans une cage.

-Et bien vous me semblez plutôt en forme pour un souffrant. Où vous êtes vous fait mal ?

Mon unique œil valide l'avisa une fois encore de bas en haut.

-Je connais un médecin très compétent qui pourrait vous remettre ça en place en moins de deux. Ça vous dis ?

Je doutai qu'il soit réellement convaincu, d'autant plus que le médecin en question était une femme, hémomancienne, avec un penchant prononcée pour le sadisme et le coupage de langue. Moi-même je n'irai pas me faire ausculter par elle, bien que dans un sens elle l'avait déjà fait sous tous les angles et dans toutes les positions.

-Non laissez tomber. Tout compte fait je pense que ce n'est pas une bonne idée. Dans ce cas pourrais-je moi-même vous venir en aide ? Je vous dois bien cela suite à cette petite virée nocturne en plus de ces quelques bières, mon cher.

Puis il revint sur le tas avec cette étrange nouvelle comme quoi Tsukiko avait récemment disparue. Dire que je n'avais guère prêtée attention à cette histoire aurait été un euphémisme. La lettre que j'avais reçu il y avait de cela trois semaines avait accaparé toute mon attention, quitte à délaisser tout le reste. Cette petite piqûre de rappel fut la bienvenue, hélas je n'avais guère de temps à y consacrer. Une semaine c'était tout ce qu'il me restait.

Était-ce de l'égoïsme du à la peur d'être démasquée ? En partie, mais pas totalement. Je doutai que cette aveu, peu importait à qui il fut adressé, n'ait de réelles répercutions sur ma situation. Tout du moins sans qu'il n'y ait de preuves à l'appuie derrière. Hors j'avais particulièrement pris soin de ne laisser aucune trace. Les seuls aux courants de cette impostures n'étaient autre que les membres de l'unité, dont je m'étais assuré le silence et Zanshi, qui avait elle-même assurée son éternel silence.

Je fus prise d'une pointe de mélancolie en repensant à ma Sensei, sans que l'ombre des remords ne vienne pointer les extrémités de leurs fourches. Si elle avait vraiment prévue de mourir ce jour-là alors je ne pouvais m'en tenir rigueur. Le temps avait passé et j'étais devenue beaucoup plus forte depuis. Quand bien même elle resterait toujours dans mon cœur, je n'avais plus besoin d'elle pour me guider. Désormais j'empruntai ma propre voie.

-Je comprends, Tsukiko est issue de la même promotion que moi. Il fut un temps nous étions amies, mais nous nous sommes hélas perdues de vue, certainement en raison de nos travaux respectifs.

Le pis étant que j'étais vraiment sincère en cet instant, ce qui me rendait d'autant plus convaincante.

-Est-ce que vous avez des nouvelles à son sujet ? Quand et comment à t-elle pu disparaître ? Quel était le dernier lieu où vous l'avez vu ? Nous pourrions en toucher quelques mots au Cheffe du Kakumeigun. Ce genre d'affaire et de son ressort.

Je m'approchai de lui de sorte à passer mon bras par-dessus son épaule en guise de camaraderie, inutile de préciser que je ne lui demandai aucunement son avis avant d'agir.

-Allons, allons ne vous surmenez pas. Cela ne mènera à rien. Venez-donc boire un coup avec moi. J'aurai quelques anecdotes croustillantes à vous fournir concernant Tsu. Après quoi nous pourrons envisager de reprendre le travail. Je vous promet que nous la retrouveront, ne vous en faite pas.

Avec du recul tout ceci me paraissait bien mystérieux. Comment un cheffe de clan avait-elle put disparaître si soudainement ? Secouant la tête j'essayai de chasser les premières réflexions de mon esprit. Non, il ne devait y avoir qu'une seule enquête à la fois.

Kira venait de saluer deux de ses confrères. J'en fis alors de même, adressa par l'occasion un regard enjôleur à l'encontre du plus mignon d'entre eux qui m'adressa un grand sourire en retour.

Mais c'est qu'elle insiste en plus... Elle se permet de me faire une remarque sur l'odeur de cigarette que je dégage et sur ce qui plaît aux femmes. Je me fends d'un reniflement de dédain. De quel droit ose-t'elle me faire des commentaires? Pourquoi faut-il toujours que ces inférieurs se croient au-dessus de leurs supérieurs naturels? Je lui crache la fumée de ma clope à la figure et l'observe quelques instants en me demandant s'il convient de lui retourner une gifle ou de jouer la carte de l'indifférence. Finalement j'opte pour le stoïcisme. Il s'agit de lui donner aucune raison d'utiliser contre moi l'influence que lui offre son poste de conseillère.

"J'ai pas vraiment le temps de courir après les femmes de toute façon." Hormis Tsukiko vu qu'elle a disparu. "Mais je songerai à tes conseils quand j'aurai du temps à perdre pour le faire..."

J'ai un Kage à tuer ou à un renverser, un Conseil à éliminer et un examen à préparer. Ajoutez à cela la recherche de ma cousine et mon devoir de Shinobi et il ne me reste que peu de temps libre. C'est d'ailleurs étonnant qu'Oniri trouve un moment pour boire des bières alors que la nuit n'est pas complètement tombée. Mais ça me conforte dans l'idée que nos dirigeants ne s'investissent pas pour le village. Ça m'irrite même si au fond je devrais me réjouir. Leur manque de professionnalisme et leur incompétence sont incontestablement de nature à me faciliter le travail.

"Merci pour ta sollicitude mais je n'ai pas besoin d'aide. Je me suis remis et je peux de toute façon compter sur les guérisseurs Kawaguchi en cas de problème. Ils sont certainement tout aussi efficaces que ton amie." je hausse un sourcil. "Depuis quand ma santé te tient à coeur? La dernière fois tu étais plutôt encline à la détériorer si je me souviens bien..."

Je ne sais toujours pas si son entrain cache quelque chose ou si elle souhaite réellement passer du temps avec moi. Elle me confirme que son idée consistant à m'emmener voir son amie est à oublier. Ce que je fais rapidement, ne comptant de toute façon pas m'y associer. Je suis en revanche franchement surpris lorsqu'elle m'offre son aide pour Tsukiko. Et davantage encore lorsqu'elle argue qu'elle me doit bien ça. Pourquoi? Notre virée nocturne? Il est vrai que j'aurais pu la tuer... Mais dans la mesure où elle est encore en vie je suppose qu'elle ne me doit rien.

"Une Saibogu qui se propose pour rechercher une Kawaguchi?" l'idée me semble tellement... stupide. "Et qu'est-ce qui te fait penser qu'on aurait besoin de toi? Non seulement on peut gérer ça entre manieurs de sable mais en plus on peut largement se passer d'une personne à l'humeur festive. Ton enthousiasme est un brin... déplacé vu les circonstances!"

Je m'apprête à tourner les talons quand la Conseillère reprends la parole pour me parler de son expérience personnelle avec Tsukiko. J'ai l'air d'être intéressé par ce genre d'histoires? Je lève les yeux au ciel mais fait l'effort de me retourner tout de même. Non pour marquer un quelconque intérêt ou répondre à ses questions mais bien parce qu'elle a émis la possibilité de parler de la disparition de ma cousine à la cheffe du Kakumeigun. Elle est sérieuse, là?

"La cheffe du Kakumeigun? Tu parles de celle qui galère à trouver les responsables de la mort de Zanshi? De celle qui n'a pas eu le courage d'enfermer le Shûkaijin qui a tenté de pénétrer nos défenses et qui a à présent des informations sur notre dispositif qu'il pourra délivrer sans le moindre problème à l'empereur?" je ricane. "Le clan ne fait pas confiance à cette Ketsueki. Nous n'avons pas oublié ce que les siens ont fait par le passé. Et nous ne l'oublierons jamais! On se passera aisément d'elle..."

Je ne sais pas si le conseil a averti le Kakumeigun mais puisque aucun homme de l'unité spéciale du village se trouve dans le quartier il faut croire que non. Tsukiko elle-même n'a plus confiance en les autorités de Suna. Et les événements récents lui donnent incontestablement raison. Ho non, les Kawaguchi n'ont pas besoin de "l'aide" de ces inférieurs tout juste bons à copuler. Le pouvoir à Suna? Sea, sex and drugs... Mais Oniri est loin de se démonter. Bien loin... Elle insiste même pour que j'aille boire un verre avec elle. Soit elle n'a pas compris la situation soit elle vient de me confirmer que son insistance cache bien plus qu'un simple intérêt pour ma personne. Et là voila qui adresse un regard enjôleur aux deux membres de ma famille. On dirait une adolescente qui découvre ses charmes et les expérimente. Pathétique...

"Ok je vois... Il y a manifestement quelque chose qui t'a échappé. Alors je vais t'expliquer une nouvelle fois même si je n'ai pas vraiment le temps pour ça: Tsukiko, notre cheffe de clan, a disparu! Partie, envolée. Pouf! Je ne sais pas comment ça se passe chez les Saibogu mais les Kawaguchi, eux, sont solidaires. Ils veillent les uns sur les autres." je marque une pause en me demandant si les rouages s'activent dans son cerveau. "Alors quand notre dirigeante s'envole sans laisser de traces tu penses bien qu'on se serre tous les coudes pour la retrouver et qu'on fait passer cette recherche avant tout le reste. Y compris les moments de détente dans les bars!"

Je vais devoir lui faire un dessin ou elle a tilté? Tant que ma cousine ne sera pas de retour les Kawaguchi n'auront de cesse de la retrouver. Je termine ma clope et l'écrase sous mes pieds. Le sable alentours se charge ensuite de la récupérer pour aller glisser dans l'un des cendrier d'une terrasse.

"Bon, écoutes... Manifestement tu as craqué sur moi! Non, ne le nies pas! Tu fais preuve de tellement d'insistance pour passer du temps en ma compagnie que ça ne laisse que peu de place au doute. D'autant plus qu'on se connaît à peine et que nous ne sommes pas amis. Mais... je t'arrête tout de suite. Tu ne me plais pas! Et il n'y aura jamais rien entre nous. Je suis peut-être crû mais tu ne me laisses pas vraiment le choix! Oublies-moi et cherches-toi une personne moins exigeante. Un Yamada par exemple?"

Je lui décoche un petit air désolé tout en refrénant un large sourire. Puis je garde le silence tandis que des shinobis kawaguchi sautent par dessus la rue dans laquelle nous nous trouvons. Les patrouilles sont incessantes. Si Tsukiko se trouve encore dans le quartier, nous la trouverons. Puis nous passerons à Suna. Et pour finir à Kaze. Je croise les bras et observe mon interlocutrice en me demandant si elle a quelque chose à ajouter ou si je vais pouvoir me consacrer à la recherche de Tsukiko.

Ce Kira était un imbécile de première et je n'avais aucun mal à l'admettre. Médisant au possible, j'avais fait de mon mieux pour tenter de trouver du bon en lui, de me rapprocher, mais il avait finit par avoir raison de ma patience. Le problème pour lui étant qu'il consolidait de plus en plus son image d'ennemi de Suna. S'il n'était pas l'homme que je cherchai il aurait tout aussi bien pu le devenir avec les bonne informations à sa disposition. Malheureusement je n'avais pas de temps à perdre avec lui qu'il fut coupable ou non, il me faudrait donc tenter le tout pour le tout. En premier lieu j'allais tout de même le remettre à sa place. Il osait faire preuve de médisance envers Yami et quant bien même elle soit devenue une véritable salope, elle n'en demeurait pas moins une ancienne amie et je ne saurai tolérer qu'on porte atteinte envers elle. Ainsi, toujours vêtue de mon masque de bienveillance, je répondis :

-Ho je peux comprendre que l'on puisse se rebuter à l'idée de faire confiance à une Ketsueki. Après tout ne sont-ils pas tous des psychopathes, les Yamada des clochards, les Saibogu des scientifiques fous et les Kawaguchi des péteux égocentriques ? Voyez-vous. On pourrait passer notre vie à nous détester les uns les autres. Nous aurions tous les prétextes du monde pour. Mais cela serait nous rabaisser au rang de vulgaires barbares arriérés étroit d'esprit incapable d'évoluer. Heureusement, ce genre de mentalités ont tendance à disparaître avec les individus s'y apprêtant. Dis-je d'un ton calme, levant l'index pour souligner mes paroles, le tout accompagné d'un large sourire à découper au couteau.

L'avantage dans cette confrontation étant que le pauvre homme n'avait pas beaucoup d'arguments à faire valoir si ce n'était le même aveuglement borné que lors de notre dernier débat dans le désert. Mais je m'égarai. Je n'étais pas ici pour perdre mon temps en discussion inutile. Il n'était pas le seul dissident dans Suna et en ma qualité de conseillère à la défense je me devais de maintenir l'ordre et faire le nettoyage. Aussi m'apprêtais-je à passer à la seconde étape, maintenant que je m'étais assurée d'avoir toute son attention.

Oui j'avais cerné le personnage. Nul doute, que même s'il ne laissait rien paraître il se sentirait plus qu'offusqué par mes paroles. Lui et son clan, toute une histoire...

-Mais pour en revenir à Tsukiko. Je vous le dis, vous n'avez pas à vous en faire. Il ne lui arrivera rien...

Le ton de ma voix venait de changer. Il était plus subtile comme si je m'apprêtai à m'adonner à la confidence. Et je laissai planer un instant le silence, de sorte à suspendre le temps autour de nous alors que ce petit Kawaguchi avait sans doute déjà deviné ce que je m'apprêtai à dire.

-Tout du moins pour l'instant. J'espère simplement dans son intérêt qu'elle parlera. Auquel cas il se pourrait que la Cheffe du Kakumeigun finisse par se lasser. Et tout le monde sait ce qu'il arrive lorsqu'un Ketsueki perd patience...

Mon regard se fit plus sombre. Mon sourire d'une honnêteté apparente s'emplit d'une perfidie sans nom.

-Inutile de s’alarmer. Il s'agit d'une entrevue officieuse. Même le Kazekage n'est pas au courant. Quand à savoir si nous allons vous la rendre... Et bien cela ne dépendra pas de nous.

Je posai mon index sur mes lèvres de sorte à lui intimer le silence tout en insinuant une forme d'intimité entre-lui et moi. Celle-là même scellée par le secret. Ce faisant, je commençai à le dévorer du regard, détendue que j'étais dans mon rôle. On ne pouvait réellement parler de comédie étant donné que je me contentai simplement de laisser exprimer ma seconde nature. Une nature refoulée qui avait faillit coûter la vie à de nombreuses personnes. La marche qui suivit fut imprégnée d'une certaine grâce féline. Je passai devant-lui sans lui adresser un regard.

-Ho ! Il semblerait que vous soyez effectivement parvenue à me percer à jour. Je ne puis nier le fait que je vous trouve particulièrement séduisant. Et ce malgré votre odeur persistante de Tsumano. Cependant vous avez tort de penser que nous ne pourrions pas aller ensemble. Après-tout...

Après quelque pas, je me retournai sans crier gars pour lui faire face.

-On ma toujours dit que j'étais une vilaine fille...

Et je le fixai de ce regard, qui n'était en rien comparable aux précédents :

Perçant, il traduisait un implacable désir de meurtre.

Ma nature d'Akuma s'éveillait en-moi et je ne tardai pas à le considérer comme un vulgaire bout de viande qu'il me faudrait traquer avant de pouvoir m'en délecter ; Rien, ne c'était passé. Je n'avais pas effectuée le moindre geste brusque, pourtant je l'avais déjà tué plusieurs-fois dans mon esprit.

-Je tiens simplement à vous mettre en garde.

Le ton de ma voix se voulait suave, mais se révélait aussi tranchant que le diamant.

-Recrachez-moi encore une fois la fumée de votre cigarette à la figure et je puis vous garantir que votre prochaine nuit sera la dernière. Vous ne vous réveillerez plus jamais.

Moi-même je n'aurai su dire si c'était volontaire ou si je me laissai prendre par mon propre jeu, toujours fut-il l'iris de mon œil droit adopta sa forme démoniaque comme pour souligner le poids de mes paroles. Au point ou j'en étais, je n'avais plus rien à cacher, contrairement au petit Kira qui, au vu de mes soupçons, pourrait avoir tout à perdre dans la foulée. A présent, il savait à qui il avait affaire.

Et la voilà qui dévoile peu à peu son vrai visage. J'écoute sa tirade sur les différents clans et me fend d'un sourire clairement amusé lorsqu'elle me compare - ou peu s'en faut - à un barbare. Et c'est elle qui dit ça... Je partage son avis sur les Ketsueki, Yamada et autres Saibogu mais pas celui sur les Kawaguchi. Mais il y a une magnifique expression offerte par notre non moins magnifique langue: prendre ça d'où sa vient. Nos sourires se confrontent un instant avant que je daigne finalement lui répondre:

"C'est toi qui le dis..."

Pourquoi gaspiller inutilement de la salive? Elle tombe dans la provocation. Et je laisse cette dernière glisser sur moi sans faire quoi que ce soit pour tenter de me justifier et d'entrer dans un débat voué à la stérilité. Et puis je n'oublie pas que je n'ai pas intérêt à lui donner la moindre raison de s'en prendre à moi. Je ne vais pas m'énerver pour si peu. L'avis d'une Saibogu m'importe autant que ma première chaussette...

Je hausse ensuite un sourcil lorsqu'elle me parle de Tsukiko. Visiblement elle en sait plus sur le sujet que ce qu'elle voulait bien l'admettre. Après m'avoir proposé son aide pour la rechercher voilà qu'elle m'annonce directement qu'elle sait exactement ce qui lui est arrivé. Foutage de gueule? À n'en pas douter. Toutefois elle a finalement réussi à capter mon attention. Toute mon attention. Ainsi donc elle a été enlevée par le Kakumeigun et est donc entre les mains de cette Yami à l'heure actuelle. Ha bon?

Je serre le poing à m'en faire blanchir les phalanges. Je crois que je vais finalement effacer son sale petit sourire de son irritant visage. En tout cas je le souhaite. Ma haine envers les Saibogu menace de me submerger puis je repense à Zanshi, à mes objectifs et aux effort consentis pour les atteindre. Vais-je les réduire à néant à cause d'une simple remarque? C'est peut-être ce que Oniri espère. L'attaquer lui donnerait toutes les raisons du monde d'essayer de me tuer. Je ferais son jeu. Et c'est tout simplement hors de question...

"Ainsi donc le Kakumeigun a enlevé une cheffe de clan sans en avertir le Kazekage? Voilà qui est... étonnant. D'autant plus que je ne vois pas vraiment ce qu'on peut reprocher à Tsukiko... Ou comment tu as pu être avertie de tout ça alors que mon propre clan - qui est tout de même le premier concerné - n'a pas été mis au courant..." je soupire. "Bon et bien je te remercie de m'avoir transmis l'information. Je vais de ce pas la faire remonter à nos anciens qui avertiront sans doute Kioshi-sama en retour. Après tout il est le dirigeant de ce village n'est-ce pas? Il me semble logique qu'il en soit averti..."

Ça sent les ennuis. Les Kawaguchi n'accepteront jamais qu'on puisse enlever leurs dirigeants comme s'il s'agissait de la première parvenue venue. Pourtant je m'interroge: Tsukiko craquera-t'elle? Révélera-t'elle des secrets qui feraient mieux de rester cachés? Mais je ne peux pas non plus exclure qu'Oniri bluff. Quoi qu'il en soit et dans les deux cas, mon grade comme mon influence ne me permettent pas de prendre les choses en main. Je me contenterai donc d'en avertir les anciens. Et ils feront ce qu'ils ont à faire. J'espérais depuis longtemps ce genre d'incident diplomatique. Et Oniri vient de me l'offrir sur un plateau d'argent. Comment a-t'elle réussi à devenir Conseillère? Il y a décidément des choses qui m'échappent...

Elle enchaîne sur l'odeur de cigarette que je dégage et précise même la marque que je fume. Cette fois il n'y a plus de doutes: elle s'est renseigné à mon sujet. Pourquoi me l'avouer ainsi et indirectement? Elle abat ses cartes alors que je garde ma main précieusement cachée. À n'en pas douter, Oniri serait une joueuse de poker sans grande envergure... Je soutiens son regard avec un semblant d'indifférence. Ses menaces et ses yeux qui semblent vouloir jaillir de leurs orbites pour me frapper marchent peut-être sur les faibles d'esprit. Mais lorsqu'on s'est fixé comme objectif de renverser le pouvoir d'un village shinobi, de simples invectives du genre ne sont pas de nature à vous déstabiliser.

Je l'observe en silence encore un moment après qu'elle m'ait annoncé sans le moindre doute qu'elle me tuerait si jamais je lui recrachais la fumée en plein visage. Alors Oniri, on perd ses nerfs? Un sourire s'installe peu à peu sur mes lèvres et se transforme en un rire tonitruant. Rire toutefois atténué lorsque je perçois son oeil qui a subitement changé d'apparence. Dégueulasse!

"C'est cela, oui..." mon sourire s'accentue encore. "Bon... J'aimerais beaucoup rester ici à t'entendre me menacer pour le premier prétexte venu mais j'ai des choses à faire. Comme avertir un clan sur la situation de notre cheffe enlevée par le Kakumeigun."

Mon regard se pose sur les quelques Kawaguchi présents dans les environs. Nous avons déployé nos senseurs partout dans le quartier. Je suppose que l'un d'eux aura entendu les propos d'Oniri. Peut-être même que Suno ou mon grand-père sont déjà au courant. Mais dans le doute il convient d'aller leur rapporter la teneur de la discussion. À eux de se débrouiller avec la politique...

"Je ne te remercierai jamais assez pour ta précieuse aide..." je désigne d'un signe de tête son oeil. "Ha! Et fais quelque chose pour ton petit soucis oculaire. Il faut aller consulter, vraiment. C'est moche!"

Je joint deux de mes doigts sur ma tempe avant de les écarter en guise de salutation. Puis je recule de quelques pas sans la quitter du regard pour finalement me retourner et rejoindre un groupe de Kawaguchi.

Je n'avais que brièvement portée attention à ses paroles ainsi qu'à ses réactions. Mon regard restait discrètement porté par-dessus l'épaule du concerné. Ce que j'avais deviné à l'instant venait de se confirmer.

L'imbécile... Finalement je venais de toucher au but. Un sentiment de soulagement m'envahit, en même temps qu'une fierté certaine couplée à un plaisir belliqueux. Et qu'allais-je faire maintenant ? M'arranger pour le tuer dans la soirée ? Non, absolument pas. Bien au contraire, j'allais tranquillement attendre que la semaine s'écoule et que l'information cela soit révélée. Grâce à lui mes projets avaient prit un nouveau tournant et il allait très exactement suivre ma cause contre son gré.

J'éprouvai cependant une certaine déception devant sa sottise, le pauvre se révélait incapable d'aviser les sous-entendus à leur juste mesure. Je me devais donc de corriger cela. Après rien ne m'empêchait de tirer parti autant que possible de ce qu'il avait a m'offrir à son insu. Ce faisant je continuai de l'aviser avec avidité tandis qu'il arborait son sourire goguenard tout en s'en allant.

De mon côté je me pressai de le rejoindre pour lui sauter une nouvelle fois dans le dos, non pas cette fois pour manquer de le renverser, mais pour simplement enrouler affectueusement mes bras autour de son cou. Ma joue se plaqua contre la sienne et mes doigts commencèrent par parcourir sa gorge, ponctuant le tout de moults caresses et attentions.

-Voyons cela ne se fait pas d'abandonner ainsi une femme éprise par ses sentiments. Décidément vous avez encore beaucoup à apprendre sur les femmes Kira-san... Murmurais-je dans son oreille d'un ton suave.

Sans rien laissé paraître je le maintenais plus fermement contre-moi alors que l'ongle de mon annuaire s'était discrètement glissé au niveau de sa trachée.

-Je meurs d'envie de le faire, sans doute tout autant que vous... Mon pauvre chou... Vous ne semblez pas comprendre que le Kakumeigun n'a rien avoir dans cet affaire. Lui non plus n'est pas impliqué.

Je parlais toujours avec autant de subtilité comme depuis le départ, m'assurant qu'absolument personne ne soit en mesure de nous entendre. Mes capacités sensorielles me l'assuraient. Après tout une confidence n'en était pas une si des oreilles indiscrètes venaient traîner par là.

-Je vais vous faire un confidence... L'ongle de mon doigt glissa, relâchant cette pression discrète sur sa peau. Nous savons que vous complotez contre-nous. Toi, Tsukiko ainsi que tout votre clan. C'est pour cette raison que nous avons prit des mesures adaptées au moment ou j'ai reçu votre lettre.

Je continuai toujours de parier sur son cas. Il était probable que je me loupe totalement, mais cela m'importait. J'avais déjà gagné et donc à cet instant précis, plus rien à perdre. Je doutai que Tsukiko soit impliquée dans cette affaire, tout comme le fait que le clan Kawaguchi puisse réellement posé problème à Suna. La n'était pas le but. Je voulais simplement que cet homme continue de se trahir encore et encore.

-Laissez-moi vous proposer un petit jeu. Gardez pour vous cette dénonciation et aucun mal ne lui sera fait. Allez contre ma volonté et il vous faudra trouver un nouveau chef de clan. La balle est dans votre camp Kira-san. Si vous avez une quelconque remarque à faire, je ne doute pas que vous saurez ou me trouver.

Ainsi fut-il libéré de mon étreinte passionnel. Il put alors constater de nombreuses traces de griffures profondes sur sa peau aux endroits de mes caresses, des traces qui n'avaient rien d'humaine et que de simple ongle n'aurait jamais été en mesure d'infliger. Suite à quoi je m'éloignai à mon tour dans le sens opposé. A partir de là je pris tout de même la peine de lui adresser ces derniers mots. Cette fois-ci toutes les personnes autours auraient la possibilité, ou non, de l'entendre.

-Faites-bien attention à vous Kira-san. D'aucun disent qu'il n'y a aucune justice sur cette terre...

Mais quelle emmerdeuse celle-là! C'est la première pensée qui me vient à l'esprit lorsque je sens la demoiselle se coller à moi et sa joue se poser sur la mienne. Mes mains se referment sur ses coudes pour leur imprimer une pression suffisante pour la faire lâcher. Je n'aurais qu'à faire quelques signes pour qu'une lame sunaton s'extirpe du sable juste entre ses jambes et la transperce de part en part. L'idée est plus que séduisante. Malheureusement si Oniri ne peut pas faire grand chose contre moi dans le quartier en alerte, il en est de même pour moi. Comment expliquer la mort de cette Saibogu? Faire passer l'affection qu'elle semble me témoigner pour une agression? Bien peu y croiraient...

J'arrête toutefois d'essayer de me débarrasser de cette sangsue quand son ton change et qu'elle me glisse enfin quelques mots sensés à l'oreille. Elle sait! Ou du moins c'est ce qu'elle essaie de me faire croire. Je reste silencieux un instant, réfléchissant à toute vitesse à la réponse qu'il convient de donner à ce qui a tout l'air de ressembler à du bluff. Pourquoi se serait-elle ennuyé à jouer un double-jeu jusque-là alors? Il aurait clairement été plus simple pour elle de tenter de se débarrasser de moi à distance comme elle semble affectionner le faire. Non. Elle ne sait pas! Elle tente de me pousser à la faute en abattant ses dernières cartes.

"Tu es complètement cinglée Amaelle! Ce n'est pas un oculiste qu'il va falloir consulter mais un psychologue!" je me libère finalement de son "étreinte". "Je ne sais pas du tout à quoi tu fais référence mais il semble évident que tu es déconnectée de la réalité.

Je me retourne pour lui faire face et l'observe en silence quelques instants. Je suis obligé de prendre Oniri au sérieux puisqu'elle peut très bien avoir Tsukiko en otage. Mais est-ce que la vie de ma cousine est plus importante que l'avenir des Kawaguchi et de Kaze? Dans chaque guère il y a des dommages collatéraux. Et si je suis évidemment attaché à la demoiselle qui a la destinée des manieurs de sable entre ses mains, je reste toutefois pragmatique: sa mort, aussi douloureuse soit-elle, ferait d'elle une martyr. Et serait un excellent prétexte pour arracher les Kawaguchi à Suna. La décision a prendre est logique. Mais reste douloureuse.

"Quand à ton petit jeu..." je crache à ses pieds. "Je vais répondre à ta proposition en t'en faisant une autre: libères Tsukiko si c'est bien toi qui la détient! Et en échange il est possible que tu puisses contempler le soleil se lever demain matin... Tu as à peine quelques minutes pour prendre ta décision. Précisément le temps qu'il me faudra pour rejoindre le Hall du Sable et avertir les Anciens que la Conseillère à la défense a pris en otage notre cheffe de clan. Et ce, sans la moindre raison autre que celle de se protéger d'une dénonciation sans doute méritée vu tes... méthodes."

Je passe la paume de ma main dans mon cou et décèle quelques griffures à sa surface. Rien de douloureux en soi. Mais je m'interroge: du poison? Peut-être une sorte de traceur qu'elle aurait subtilement glissé sous ma peau? Je demanderai à un guérisseur de m'examiner dès mon arrivée au Hall du Sable. Finalement Oniri tourne les talons et s'enfuit, laissant dans son sillage une remarque au sujet de la justice et de son absence en ces terres. C'est tout d'abord par un sourire carnassier que je lui réponds.

"N'aies crainte Amaelle-san. Il y a bel et bien une justice sur ces terres..." mon sourire s'accentue. "Et tu ne tarderas pas à t'en rendre compte par toi-même!"

Je l'observe quitter les lieux encore quelques instants puis prends la direction de la demeure principale du quartier Kawaguchi. J'ai pas mal de choses à raconter à qui de droit...