- IL M’ENERVE ! hurla-t-elle, laissant entendre sa douce et puissante voix à travers toute la maisonnée. La domestique sursauta, et les gardes aux portes se regardèrent d’un air interrogateur, se demandant mutuellement – et implicitement – s’ils devaient intervenir ou non. AMENEZ-MOI KIRA !

Ce dernier ordre était clair et net, et l’un d’eux courra à toute allure à travers tout Suna pour retrouver ce fameux jeune homme dont l’avenir paraissait bien trouble. Allait-il vivre tel un esclave, survivre à la colère de la chef de clan ou tout simplement mourir pour de mystérieuses raisons ? Si elle avait encore ses deux jambes, elle l’aurait accueilli en faisant furieusement les cents pas dans son bureau. Malheureusement, encore paralysée par sa jambe, elle ne pouvait qu’être assise ou boitée désespérément au mieux. Plus d’un lui conseillait de se rendre auprès de Ketsueki Yami, et plus d’une fois elle avait été clair : aucun Ketsueki ne goûtera à une goutte de plus de son sang. Il faut dire, sa confiance en l’autorité de Suna ou même en la population s’était ébranlée suite à plus d’une nouvelle, et plus d’une information. Elle voudrait éviter d’être, encore, une esclave d’une quelconque manière.

- Kira.

Sa voix était basse, mais tendue et de très mauvais augure. D’une main, elle lui indiqua la chaise qui faisait face à son bureau.

- Et, je le prendrais mal si tu discutes mes ordres, disait-elle, amorçant d’avance une éventuelle espièglerie ou rébellion de la part de cette tête brûlée.

Lorsque chacun des protagonistes était en place, elle se permit de racler sa gorge, de prendre une lettre, et de lire un étrange passage à haute voix :

- J’ai comme tu as pu l’entendre casser ton bar. J’ai plus de langue, Yami me l’a arraché alors comme punition, je pense que ‘jai été bien puni. Mais, Kira, ton cousin est à l’origine de cet incident. Je cherchais juste à me détendre, et il est venu faire des remarques racistes et insultantes, alors que je me détendais, m’efforçant même de changer de sujet. Mais, il a rien entendu, m’a poussé dans mes retranchements.

Elle termina une partie de sa lecture, et fixa intensément de ses yeux bleus le jeune Kawaguchi.

- Je pense que tu sais à quel incident je fais référence. Qu’as-tu à dire pour ta défense, Kawaguchi Kira ?

Elle s’attendait à tant de choses, comme le fait qu’un Ketsueki ne méritait tout simplement pas de vivre, ou qu’il n’avait aucun droit de parler au sang noble Kawaguchi ou encore qu’il serait innocent. Toujours est-il qu’elle n’était pas dupe, et commençait très sérieusement à connaître ce bonhomme.

D’une main elle tenait une lettre, et d’une autre main une autre lettre. Cette dernière, elle en cachait encore le contenu, peu désireuse de donner immédiatement toutes les cartes en main à cet être qui méritait bien des punitions. Une multitude se profilait dans son esprit, mais trop violentes – et sûrement inefficaces au vu du caractère du personnage – et elle se ravisa bien vite sur d’autres, bien plus humiliantes …

C'est souvent quand on profite des trop rares moments que la vie vous offre pour la savourer comme il se doit que le hasard ou le destin se chargent de se rappeler à votre bon vouloir. Cette fois-ci il prend la forme de l'un des gardes de Tsukiko qui se rue dans ma direction. Un oeil ouvert pour l'observer, l'autre fermé pour profiter un peu plus de cet instant de détente, j'observe le fauteur de trouble se rapprocher de moi. Ouais, c'est pour ma gueule! J'expire une dernière bouffée de fumée avant de jeter ma clope sur l'une des tentes Yamada, quelques dizaines de mètres en dessous. Avec un peu de chance ça prendra feu...

- "Tsukiko veut te voir Kira!"
- "D'accord! Dis-lui que je suis occupé et que je passerai la voir dans la journée..."
- "Elle veut te voir maintenant!"

Je me redresse sur mon nuage et observe l'air grave du Kawaguchi. Je n'oublie pas que Tsukiko est devenue cheffe de clan mais j'ai toujours un peu de peine à la considérer ainsi. À mes yeux elle reste une bâtarde qui a obtenu le trône car ça m'arrangeait. Pas une dirigeante légitime! En tout cas pas au point de se permettre de me "convoquer" comme si je n'étais qu'un vague sujet. Je soupire et saute sur le moyen de transport en silicium du garde, un oiseau plutôt bien réalisé. Sûrement un sculpteur...

Il me mène jusqu'à la fenêtre du bureau de Tsukiko et dissipe son volatile de sable après que j'y sois pénétré. Ma cousine annonce directement la couleur en se montrant presque agressive. Je hausse un sourcil en me demandant ce que j'ai bien pu faire pour mériter pareil accueil et prends place comme elle me le demande. Pardons, l'ordonne... Je m'installe aussi confortablement que possible et attends donc avec impatience qu'elle m'expose la raison de ma présence. Ce qu'elle ne tarde pas à faire...

L'explication prend la forme d'une lecture de lettre. Il me faut quelques instants pour me rappeler la légère altercation avec la Ketsueki quelques jours plus tôt. C'était amusant! Cette gamine m'a véritablement fait passer un bon moment. Grâce à sa stupidité, son arrogance ou encore son incapacité à se défendre autrement qu'en s'en prenant aux autres. La n'est rien qu'une lâche qui croit en son courage... Aussi lorsque Tsukiko me demande ce que j'ai à dire pour ma défense, je pars dans un fou-rire que j'ai de la peine à contrôler.

- "Elle... Elle s'est faite couper la langue? Pour de vrai?"

J'explose de rire tant la scène que je m'imagine m'amuse. En même temps ce n'est pas si étonnant que ça à vrai dire! La ne savait de toute façon pas employer sa langue à bon escient! Nul doute qu'elle sera bien plus agréable en étant silencieuse. Pourquoi n'ai-je pas eu l'idée moi-même?

- "Non mais... qu'est-ce que tu veux que je te dise?" je tente de reprendre mon calme. "La est une petite pute prétentieuse, c'est tout! Elle a défoncé ton bar et a envoyé ton employé à l'hosto! Oui, je l'ai insultée! Oui, je lui ai demandé de quitter ma table! Mais dans ce cas elle n'avait qu'à s'en prendre à moi! Pas au mobilier ou au personnel... Et comment elle essaie de justifier ça? Avec un c'est pas moi c'est l'autre? Pathétique..."

C'est quoi le soucis? La a été trop lâche pour m'attaquer directement alors elle s'est vengée sur les choses et les personne qui l'entouraient. En quoi suis-je responsable?

- "C'est une impulsive qui ne gère pas ses émotions! Quand je me fais insulter est-ce que je détruis un établissement ou une maison? Et toi?" je hausse les épaules. "Je ne vois pas pourquoi c'est à moi de justifier la connerie de cette Ketsueki! Elle a bien cherché ce qui lui arrivait! Et visiblement l'autre incapable du Kakumeigun est de cet avis! Sans quoi elle ne lui aurait pas tranché la langue..."

Je pose le regard sur l'autre lettre que Tsuki tient dans ses mains. Elle me concerne aussi? J'ai beau chercher, je ne vois pas ce qu'elle peut encore me reprocher. Je m'allume une clope et vide à moitié le jus de cactus que l'un des serviteurs est venu m'amener. Tiens, il faudrait peut-être que je songe aussi à en embaucher...

- "Bon allez, assez parlé de l'autre Ketsueki! La est distrayante mais pas assez pour qu'on s'attarde sur son cas..." je crache la fumée en direction du plafond. "Tu voulais me voir pourquoi? Ce n'était quand même pas seulement pour parler de cette désespérée?"

Il y a forcément quelque chose de plus important que le caca nerveux d'une adolescente! Et j'ai hâte de savoir ce que c'est. Peut-être allons nous parler de ma place à la tête des combattants? De Zanshi? Ou encore de Mizuki? À moins que Tsukiko veuille simplement me remercier pour le soutien que je lui ai accordé lors de l'élection? Ce serait la moindre des choses, non?

- Tu … en ris ? s’exaspéra-t-elle, en voyant le fou-rire de son cousin.

A cet instant-ci, elle avait « peur ». Il riait à gorge déployée, et sans aucune honte sur le malheur d’autrui. Cependant, pourquoi être surprise ? N’avait-il pas exprimé à plusieurs reprises son dégoût pour les autres clans en proclamant haut et fort la supériorité du clan Kawaguchi – un trait si commun au sein des Manieurs du Sable – et, dans ‘l’intimité, son dégoût pour Suna ? Evidemment, mais elle ne l’avait jamais réellement pris au sérieux jusqu’à maintenant. Elle avait toujours mis cela sur le compte de la fougue de la jeunesse… En chef de clan consciencieuse, elle devrait le signaler mais – et voilà l’ennui – avait-elle « envie » ou y trouvera-t-elle un quelconque intérêt ?

Concrètement, elle n’avait aucune réelle preuve de son implication dans cet incident et quelques « injures » n’étaient clairement pas une faute suffisante pour le punir grièvement. Quant à l’affaire de Mizuki, à nouveau, ce n’était en apparence qu’une simple querelle enfantine et elle ne pouvait nullement l’accuser de quoi que ce soit. Sa seule grande faute était sa volonté de détruire Suna et pour le prouver, elle devrait aussi se vendre, ce qui était hors de question. Elle ne faisait nullement confiance aux hautes autorités du village caché, et elle craignait à tout instant de subir encore une énième injustice.

Réfléchissant à tous ces éléments, elle mit ses mains sous son menton et plongea son regard bleu sur Kira. Elle détestait ce qu’elle allait dire, mais c’était nécessaire.

- Félicitation, Suna t’a attribué à mon équipe. Sous mes ordres, évidemment, dit-elle froidement, sans une once de joie ni de colère.

S’il avait du mal à accepter son autorité de chef de clan, il devra maintenant également prendre l’autorité de chef d’équipe. Elle aurait pu le confier à Suno ou à un tout autre Jonin respectable, mais nullement. Il était bien trop problématique pour qu’elle le confie à qui que ce soit d’autre qu’elle-même, et ajoutons que cela lui donnera également la possibilité de tracer ses faits et gestes avec plus de précision et plus d’aisance. Elle avait compris qu’elle devait l’avoir à l’œil, et surtout faire attention : s’il était « grillé », s’en était tout autant fini d’elle.

Malgré que tu n’apprécies pas les autres clans, cela ne te donne pas le droit de les insulter. Nous sommes des Kawaguchi, nous sommes un clan noble et fier … que tout le monde doit admirer, et non se moquer de l’arriéré des pensées. Tu veux montrer que les autres clans sont nuls ? Soit, alors va me trouver les meilleurs bâtisseurs, combattants, sculpteurs ou compagnons, va les faire gagner à l’examen chunin qui se prépare à grande pompe … Va montrer que nous sommes supérieurs en tout point, et pas seulement par des mots dénués de tout intérêt. Par cette attitude, tu apportes davantage la haine ou la moquerie que le respect et l’admiration qui nous sont dus.

Croyait-elle vraiment en l’admiration et au respect ? En partie. Les Kawaguchi étaient un ancien clan reconnu et réputé, dont les membres étaient un tantinet sensibles alors elle en partageait une partie. Cependant, elle a appris que tout ne se gagnait pas seulement par un sang, par un nom ou par un rang : il fallait travailler ET avoir le soutien nécessaire. Sans travail, les Kawaguchi, n’allaient être qu’un clan décadent voué à sa perte. Sans soutien, personne n’arriverait à monter les échelons aisément.

- Agis comme bon te semble Kira, mais fais attention. Car maintenant, je ne laisserais plus passer aussi aisément tes erreurs, preuve ou non à l’appui. J’ajouterais, également, que si tu continues à te faire remarquer, tu risques d’avoir de graves ennuis. On ne peut pas dire que tu es tout innocent ….

Elle se tut, laissant trainer un peu de suspense.

- …. Dans ses affaires, conclut-elle comme en « option ». Elle espérait qu’il avait compris qu’elle avait fait référence, d’une part, au shin sekai. Ce sont tes dernières erreurs Kira, et d’ailleurs, voici ta première mission : tu vas aider un honnête civil avec les égouts, apparemment, il y a pas mal de bouchons dans un quartier.

Elle tendit dès lors deux lettres : l’une la bienvenue dans l’équipe, et l’autre l’ordre de mission.

- Je ferais un tour dans la journée. Oh, Kira, j’insiste : une seule erreur, un seul incident, et tu auras encore bien pire en mission. Ne cherche pas à t’entêter, je le suis encore plus.

A lui de choisir : obéir, ou désobéir. A ses risques et périls.

Moi, dans l'équipe de Tsukiko? Et pourquoi pas après tout? Ma première réaction a été de baisser les yeux en lâchant un soupire résigné. Mais quand on y songe c'est une excellente chose. Le fait que j'aie de la peine avec l'autorité ne doit pas occulter les avantages que je peux tirer de cette mutation. J'observe donc la lettre - qui est bien officielle - qu'elle me tend puis finis par hocher positivement la tête non sans une certaine retenue. Obéir à une Kawaguchi n'est pas la pire des choses qui puisse m'arriver. D'autant plus que ma cousine est non seulement ma cheffe de clan mais également ma partenaire au sein du Shin Sekaï. Cette promiscuité facilitera bien des choses...

- "Et bien comme ça tu auras au moins quelqu'un de compétent dans l'équipe..." je jette un nouveau regard à la lettre. "... Sable Écarlate! Yamada Tetsui et Ishikawa Taku! Vraiment? Le premier n'est pas mauvais, je l'ai déjà affronté. Mais le deuxième n'est pas celui qui s'est fait défoncer les mains à Ki?"

Je sais bien qu'elle n'aime pas quand je la taquine mais tout de même... À ce niveau-là c'est elle qui tend le bâton pour se faire battre. En rejoignant une équipe j'ai le droit d'espérer qu'elle soit efficace. Mais là...

- "Ce Taku est un marionnettiste sans doigts? Qu'est-ce que tu attends pour le virer? Il ne sert plus à rien le mec! Et il va nous gêner plus qu'autre chose. Déjà qu'on va devoir faire avec ton..." je la désigne de la main. ".. tes trucs en moins..."

Mais ce n'est pas tout, attendez! Après la morale habituelle sur mon manque de discernement et de discrétion, j'ai droit à la troisième blague de la journée: je dois jouer à l'éboueur! L'air sérieux de ma cousine efface rapidement le sourire qui s'installait peu à peu sur mes lèvres.

- "Tu... Tu te fous de ma gueule là, hein?" je me redresse. "Écoute bien... Jamais - je dis bien jamais! - tu ne me verras un jour faire le travail dévolu aux sous-clans! Ils sont dans la merde? Ben qu'ils y restent! Ou à la limite envoie le marionnettiste édoigté! Ça lui fera sans doute plaisir de pouvoir se rendre un peu utile!"

Elle a l'air sérieusement tendue ces temps. On dirait presque qu'elle en vient à me considérer comme un ennemi alors que je ne lui ai jamais donné de raisons de se méfier de moi. J'ai été très clair avec elle dès le départ sur mes intentions. Je ne lui cache rien... ou presque. Alors pourquoi s'entête-t'elle a me rabaisser de la sorte? Je soupire et me détends avant de faire le tour du bureau et me poster derrière sa chaise. Je pose ensuite mes mains sur ses épaules et commence à la masser avant de me pencher à son oreille:

- "N'oublie pas que nous sommes associés toi et moi. Même si tu es ma senseï et ma cheffe de clan..." je marque une pause. "Et puis tu travailles trop. Tu devrais t'accorder des moments de pause de temps en temps..."

Je dépose un baiser dans son cou et hume un instant son délicat parfum féminin. Délicieux... Je me redresse néanmoins au bout de quelques secondes et retourne prendre place sur la chaise des accusés. Non sans prélever au passage un morceau de mangue sur le bureau de ma cousine.

- "Donc... On oublie les égouts ok?"

Je lui décoche un clin d'oeil complice. À quoi ça sert d'être du même sang si on ne peut pas se donner des petits coups de pouce de temps en temps?

- Taku a su prouver sa valeur plus que toi, figures-toi ! Tu lui dois autant de respect qu’à un autre Kawaguchi ! N’oublie pas que les Marionnettistes avaient été des alliés précieux durant les premières années de la constitution de notre clan ! A dénigrer tout allié potentiel, hormis une horde d'ennemis qui ne veulent que ta fin, tu ne trouveras rien. Et je ne désire pas d'un représentant des Combattants dont le seul objectif est d’annihiler alliés comme ennemis ! rappela-t-elle à l’ordre d’une voix autoritaire, forte, et colérique.

Ki no Kuni était un sujet tabou pour la demoiselle en raison du nombre de mort, et de pertes. Elle n’avait même plus la force de regretter car même en étant extrêmement forte, elle n’aurait rien pu faire de plus. Certains jours, l’Homme devait accepter ses faiblesses pour pouvoir les surmonter… La blonde était à cette étape de sa vie, lasse d’agir toujours de la même manière soit impulsivement et stupidement. Maintenant, elle avait un clan à protéger, et elle se devait d’être plus maîtresse de sa personne, tant face aux gloires qu’aux pertes !

- Il saura trouver une solution, je lui fais confiance. Un Marionnettiste est reconnu pour sa débrouillardise. Quant à mes « trucs », je suis en voie de guérison, mentit-elle.

La voie express serait de s’abandonner à la Ketsueki, mais la Kawaguchi ne voulait plus qu’un seul membre de ce clan détienne encore une seule goutte de son sang, ou ne le manipule. Pour une raison inconnue, qu’elle ne saurait expliquer, elle détestait cela. Elle craignait cela. Elle méprisait cette pratique. Quelque chose lui intimait d’en rester loin, qui n’était nullement un sentiment de danger – en sa qualité de Shinobi - . C’était cette même force méconnue qui l’avait poussé audacieusement à Suna, pour « trouver une famille ».

« Marionnettiste édoigté », l’affaire de La, l’affaire de Mizuki … tant de choses qui commençaient un tantinet à peser sur les épaules de cet homme. Enervée au possible, prête à imploser et à castrer Kira à même le mur pour en faire un hachi-parmentier, finit par déposer la cerise sur le gâteau : sous prétexte de massage, il « osa » déposer un baiser à son cou. Dans un premier temps, elle resta interdite. Puis, petit à petit, sa vision vira au rouge, ses joues s’éclaircirent … et elle explosa.

- VA ME NETTOYER LA MERDE DE SUNA KIRA, OU JE TE JURE QUE TU VAS REJOINDRE SES DECHETS PLUS VITE QUE TU NE LE CROIS ! hurla-t-elle. Ose me désobéir espèce d’insolent, ose ne pas faire ce que je demande, et j’ai bien pire, et bien plus humiliant. Ne joues pas à ce jeu avec moi, tu perdras. Et, encore une « insulte » à l’égard de Taku, et je t’assure que c’est toi qui va finir sans langue un jour.

Elle le darda d’un regard noir, ouvrit la porte grâce à son sable, et intima au jeune homme de sortir avant qu’il ne subisse ses tempêtes de sable. Il avait tout intérêt, à réfléchir. D’ailleurs, sans tarder, elle appela un garde, et lui confia pour mission de surveiller Kira.

- S’il n’accomplit pas sa mission comme il le faut, toi comme lui subiraient la même sanction.

Elle se tut sur ces mots, laissant ces deux hommes sortirent. Une fois seule, elle posa une main à son cou, comme pour effacer ce baiser qui ne lui « semblait » pas « juste ». C’était son cousin, tout de même ! Par contre, par ce geste, il n’avait que montré l’aridité de sa vie sentimentale. Elle lança un regard à sa jambe paralysée, à ses bouts de doigts bleuis légèrement ou à son teint cireux qu’elle dissimulait sous huile et fond de teint et poudre.

« Il faut vraiment que j’y fasse quelque chose … Il me faut un médecin, un vrai ».

Il fallait qu’elle guérisse. Et reprenne sa vie en main. Soudainement, elle toussota avec force, et en discontinue, ayant à la fin le souffle roque et lourd. Effectivement … Il lui fallait un médecin urgent, et compétent, et de confiance. Cependant, à qui demander ?

Bon et bien visiblement le marionnettiste est un sujet sensible. Tsukiko prend clairement sa défense et sa véhémence m'étonne. Elle va même jusqu'à m'indiquer qu'il mérite le même respect que celui que j'accorde aux Kawaguchi. Tu rêves! Les manieurs de pantins sont plutôt bien situés dans le classement des clans que je hais. Et effectivement par le passé ils ont été des alliés de confiance et de valeur. Le jour où les manieurs de sable feront valoir leurs droits et reprendront le pouvoir, les Marionnettiste ne seront pas réduit en esclavage. Mais ils deviendront nos vassaux. Un prix bien peu cher payé pour sa liberté ou sa vie...

Mais si le sujet de l'édoigté irrite déjà Tsukiko, ce n'est rien par rapport à la crise de colère qui ne tarde pas à suivre mon baiser dans son cou. Elle était prévisible dans la mesure ou le teint de ma cousine a peu à peu viré à un rouge cramoisi. Et ce n'était pas de la gêne! Comme un volcan distillant des avertissements avant d'entrer en éruption, la blonde m'a très laissé clairement imaginer ce qui m'attendait avant même qu'un seul mot franchisse le pas de ses lèvres.

Et c'est finalement de véritables hurlements qui m'assaillent tels des vagues s'écrasant avec fureur sur une falaise. Je continue de manger tranquillement ma mangue en me demandant s'il convient de rappeler à ma cousine qu'une cheffe de clan doit rester stoïque quoi qu'il arrive. Et que dans son état ce n'est guère prudent de se mettre dans des états pareils par-dessus le marché. Mais quelque chose me dit que ça ne ferait qu'attiser sa colère. On ne jette pas d'huile sur le feu sans auparavant être certain que ça n'aura pas de conséquences. Et comme je ne sais pas comment Tsukiko risque de réagir, je m'abstiens.

- "Même pas en rêve je t'ai dit!" je marque une pause sur le pas de la porte. "Je vais partir du principe que tu es tombée sous mon charme et que tu n'arrives pas à l'exprimer autrement qu'en t'acharnant sur moi! Sur ce, bonne journée..."

Je plaisante.... à moitié. Après tout elle n'a pas relevé mon baiser et n'a rien dit pour me dissuader de recommencer. Est-ce qu'il se pourrait que ma cousine ait des pensées interdites à mon égard? Tout comme j'en ai? Si c'est le cas les nuits froides de Suna risquent de se réchauffer quelque peu dans les prochains temps. Je lui décoche un splendide sourire avant de quitter la pièce et claquer la porte derrière-moi. Par principe, pour marquer mon mécontentement d'être traité comme un moins que rien...

*Le pouvoir lui monte à la tête. Il va falloir que je la fasse vite fait redescendre de son petit nuage!*

Je commence déjà par créer cinq clone à ma sortie de la somptueuse demeure. Et j'en crée une seconde série lorsque je me rends compte qu'ils auront sans doute besoin de renforts. Leur mission? Nettoyer les égouts à ma place. J'hériterai malheureusement de leur mémoire lorsqu'ils en auront fini avec cette tâche ingrate. Mais je n'aurai au moins pas eu à me salir les mains moi-même. Mes copies filent rapidement à la rencontre du civil qui a demandé l'aide de Suna pour ses problèmes fécaux. Et de mon côté je retrouve rapidement mon habituel nuage de sable. Je m'installe confortablement sur ce dernier tout en prenant de l'altitude. Si Tsukiko pense à lever les yeux au ciel pour me retrouver, que je sois damné...

- Kawaguchi-san, Kira a terminé sa mission.

La blonde arqua un sourcil devant la nouvelle du garde. D’une, elle avait du mal à croire que le grand et orgueilleux Kira a bien voulu s’abaisser à une telle tâche. De deux, elle doutait fortement qu’il y avait mis beaucoup d’entrain au point de réaliser le travail de dix hommes, terminant bien trop tôt la tâche. Elle comprit vite l’astuce quand elle reçut, par papier, l’avis du demandeur de mission.

- Multi-clonage.

Il fallait avouer une chose : il était casse-cou, et sûrement insupportable, mais il était malin. Il savait comment tourner en bourrique son monde, tout en s’entourant d’une fausse auréole angélique. D’où son dilemme : était-il un futur génie, ou son futur bourreau ? Devrait-elle l’aider dans son évolution, ou le pousser à une mission suicidaire où il trouvera une mort certaine ? Certes c’était peut-être immonde et inhumain comme pensée, mais Tsukiko était une Kunoichi et une chef de clan. Elle ne pouvait plus se permettre de laisser passer certaines choses, surtout si « tôt ». Elle avait trop de choses à mettre en place …

- Où est-il ?
- Il se prélasse sur un nuage.

Elle soupira à nouveau. Avec peine, elle se releva, ordonna à ce qu’on appelle une personne extrêmement précise et alla rejoindre ce fameux Kira. Avec peine, elle admit qu’elle avait encore du mal à canaliser son jutsu : entre son déséquilibre, et les changements de son chakra suite à l’expérience avec l’arbre mère, rien n’était facile. Hormis ses cocons de défense. C’était mieux que rien, n’est-ce pas ?

- Kira, descends, hurla-t-elle du bas. J’ai à te donner ta récompense pour la mission.

Il l’ignora quelques secondes. Elle n’eut pas vraiment la patiente, et malgré son manque d’équilibre, elle pouvait encore bâtir des choses comme des poutres longues et hautes … dont l’une s’égara dans le nuage du petit Kira. Il pouvait tomber, elle rattraperait – enfin, plutôt le Kawaguchi qui l’accompagnait.

- Demain matin, entraînement. Aux premières aurores. C’est Kawaguchi Soyashi qui s’assurera, plus ou moins dans tes spécialités je dirais.

Sans dire un mot de plus, elle s’éloigna. Elle s’arrêta un court instant.

- Sans oublier : un retard, ou le moindre ennui dont j’ai vent en ce court laps de temps, tu iras me récurer les coins les plus paumés et les plus dégoûtantes des Ruines. Nos gardiens ont également un système digestif, et d’évacuation ... et cela fait des siècles qu'on n'a pas fait le ménage.

Sur ces paroles pleines de « philosophies », elle rentra à son bureau où le fameux Soyashi attendait.

- Un entraînement ?
- Plutôt une mise à mort.

Le fameux Soyashi blêmit aussitôt. Tsukiko ricana.

- Je rigole voyons, mais on n’en est pas loin. Il est trop hardi, trop orgueilleux … Brises ce que tu désires, qu’il admette qu’il doit se taire et devenir fort.

Vous entendez? Le silence... Un silence uniquement et harmonieusement brisé par la caresse du vent qui vous glisse sur le visage. Les yeux fermés, le coeur agréablement réchauffé par le puissant astre solaire qui domine le ciel et la terre, vous pouvez alors profiter d'un instant de calme. Une sensation trop souvent éclipsée par l'agitation quasi-constante de Suna et les impératifs imposés par une carrière de shinobi. Et comme souvent ces instants bénis ne durent jamais bien longtemps...

Les mains croisées sous la tête, en genoux en appui sur le second, j'ouvre lentement les yeux lorsque je reconnais la voix qui s'adresse à moi. Je soupire longuement tout en me demandant ce que Tsukiko a à me reprocher cette fois-ci. Une récompense? Ben voyons... Pourquoi se serait-elle déplacée en personne pour me remettre une prime alors qu'elle tient à peine debout? Si elle veut me faire la morale, qu'elle attende un peu. J'aimerais encore me plonger quelques instants dans le doux songe qui m'habitait quelques secondes plus tôt.

Finalement je me retrouve au sol plus vite que prévu: une poutre de silicium perfore mon merveilleux nuage et me projette dans le vide. J'ai le temps d'amasser du sable à mon point de chute pour amortir cette dernière à l'aide de mes bras. Elle veut me tuer ou quoi? Et dire qu'elle me reprochait l'emploi du châtiment corporel sur Mizuki... C'est le monde à l'envers. Je me redresse en soupirant une deuxième fois avant de m'épousseter brièvement. Ceci fait je daigne enfin croiser son regard.

- "Pourquoi il est là, lui?" je désigne son suivant. "Tu redoutes quelque chose?"

Ma réaction peut-être? Est-ce que je lui fais... peur? Me perçoit-elle comme une menace? J'ai toujours tenu mes engagements vis-à-vis d'elle ou du secret qui nous lie ensemble à Zanshi. Et je n'ai jamais été autre chose que moi-même en sa présence. Ou presque... Si elle en vient à me percevoir comme un danger elle tentera sans doute de se débarrasser de moi. Ce qui me laisse deux options évidentes: la supprimer avant que ça arrive ou l'amadouer. Un choix qui ne me plaît guère pour être honnête...

- "J'y serai, à ton entraînement!" Elle s'éloigne après ses dernières mises en garde. "Au revoir, bonne fin d'après-midi à toi aussi! Faut que tu te détendes, Tsukiko! Un p'tit coup ne te ferait pas de mal, crois-moi! Tu sais où me trouver si jamais..."

Pétasse, va! Ça lui ferait mal de se montrer agréable et conciliante après tout ce que j'ai fait pour elle? Maintenant elle me considère comme une sorte de rebelle qu'elle doit remettre au pas. Et ce malgré mon appui et les preuves que je lui ai données de ma loyauté. Si c'est ainsi qu'elle remercie ses soutiens, je sens que je ne vais pas tarder à changer de camp. Je le regard s'éloigner, hausse les épaules puis retourne chez moi. Demain sera un autre jour...

<=====<>=====>

Me voici donc sur le terrain d'entraînement. J'ai un peu d'avance et ce bien que j'aie pris le temps de m'envoyer un copieux petit déjeuner. Depuis la veille j'ai eu le temps de réfléchir: est-ce que Soyashi - un type que je ne fréquente que peu depuis le remplacement de mon grand-père - va réellement venir m'entraîner? Ou est-il une sorte de messager chargé de me délivrer les salutations brutales de Tsukiko? Plus j'y pense et plus je me dis que la journée va prendre une tournure désagréable...

*Elle peut m'envoyer tous ses suce-boules... Je ne montrerai jamais docile par obligation! C'est le rôle des esclaves, ça! Et je n'en suis clairement pas un!"

Mieux vaut mourir debout et les armes à la main qu'à genoux en implorant pour sa vie. J'ai ma fierté. Et un ego sans doute disproportionné. L'honneur, pour peu qu'on ne le perde pas en même temps que la vie, persiste. Tout comme les souvenirs. Les gens ne se rappelleront jamais de Kira Kawaguchi comme d'un lâche. J'écrase ma clope sous mes pieds tandis que mon senseï suppléant s'approche de moi.

- "Salut! Ça fait un moment!" je m'incline selon l'usage. "Alors? Qu'est-ce que notre estimée cheffe de clan m'a réservé?"

Je marque une pause et me fend d'un léger sourire. Je crois que je viens de trouver une parade parfaite à ce qui pourrait bien être un piège tendu par ma cousine. Dans doute, mieux vaut prévenir que guérir. Je peux toujours essayer d'exploiter son propre plan pour le retourner contre elle. Du moins en partie... Si je me trompe je perds un entraînement de qualité. Mais ce n'est pas dramatique pour autant. Si j'ai raison...

- "En fait ça n'a aucune importance..." mon sourire s'accentue. "Je refuse de m'entraîner aujourd'hui! Mon épaule me fait encore un peu souffrir et je préfère la ménager. Désolé de t'avoir fait perdre ton temps mais je suppose que tu comprends n'est-ce pas?"

Je m'incline une nouvelle fois pour signifier mon départ et me retourne pour quitter les lieux. Mon regard s'attarde sur quelques genins qui s'affrontent un peu plus loin tandis que je garde mes sens en alerte. Aucun Kawaguchi n'est assez lâche pour attaquer dans le dos. Mais le clan est en train de changer sous la houlette de ma cousine. Et je ne suis pas sûr que ce soit en bien... Les secondes qui suivent m'en apprendront plus sur les plans que Tsukiko a pour moi.

Elle se contentait uniquement de lever la main en guise d’arrêt lorsque le prétendu adversaire de Kira s’avança vers ce dernier pour vérifier si oui ou non son épaule souffrait. Tsukiko n’avait pas besoin d’être une génie pour comprendre qu’il mentait, ayant compris assez vite ce qui l’attendait. Elle ne s’énerva, au contraire, un sourire mystérieux se dessina sur les recoins de ses lèvres.

- Tu peux partir, lui chuchota-t-elle.

Pour la suite de la journée, elle s’était contentée de faire appel aux professeurs d’académie ou même du clan Kawaguchi pour connaître les forces et faiblesses du jeune homme. Elle commençait à cerner le caractère tan par expérience personnelle que par les propos de ces hommes et femmes l’ayant côtoyé.

Ainsi, pensive, elle ne tarda pas à vagabonder – du mieux qu’elle pouvait – au sein des quartiers du clan, et à se réfugier au sein d’un terrain d’entraînement. Elle n’était pas venue ici par pur hasard, mais par « obligation ». Elle avait « invité » - et non ordonné, notez la subtilité ! – Kira à ce terrain d’entraînement.

- Bonsoir Kira, comment va ? [/b]demanda-t-elle d’une voix d’enchanteuse. Malheureusement sa tenue déjà plus combattive que d’ordinaire donnait bien vite le ton.

Elle écoutait et écoutait ou regardait encore et toujours ce cousin un brin trop arrogant. Quoi qu’il dise, ou fasse, elle le coupa bien vite.

« J’ai réfléchi à ton cas, et je me dis que je n’ai que deux choix avec toi : soit te tuer, soit vraiment travailler avec toi ».

- Et je me suis dite que tu avais plus à offrir vivant. Connais-tu vraiment toutes les techniques de notre clan, notamment ce que l’on nomme si affectueusement le tombeau du désert ?

Elle se tut soudainement, laissant le silence planer un court moment. Cette technique était ardemment par beaucoup mais difficile à réaliser. D’une, les ancêtres étaient réticents à apprendre une technique meurtrière à des « enfants » ou « jeunes » trop impulsifs ou violents. De deux, tout le monde n’avait pas le courage de presser ce poing, et de mettre fin à la vie de tout homme sur cette terre. Pour finir, cela nécessité beaucoup de concentration, et de chakra.

- Je peux manquer d’entraînement, mais je connais encore les techniques élémentaires de notre clan.

Certes, elle avait à s’entrainer à nouveau sur d’anciennes techniques mais cela viendra avec le temps.

- Disons que, clairement, sans cette technique, tu as beaucoup trop de chance de mourir malheureusement … et j’ai souvenir de faire de toi le représentant des Combattants. Soyons franc, tu en es trop loin actuellement.

Non loin, Deux Kawaguchi apportèrent des Mannequins de Bois de toute taille et de toute forme qu’ils disposèrent un peu partout sur le terrain. Elle attendit qu’ils partent.

Oui elle avait fait son choix : faire équipe, plutôt que de le tuer.

- Bien ... Alors, prêt ou l'épaule te fait souffrir encore ?

♫:

La journée se déroula plus rapidement que je ne m'y attendais. En même temps il n'y a rien de vraiment étonnant à cela dans la mesure où l'activité à tendance à faire passer le temps plus rapidement que l’oisiveté. Ma prétendue épaule blessée m'évita tout de même la plupart des efforts inutiles et me permis d'éviter les pièges que je soupçonne ma cousine d'avoir placés sur mon chemin. Si bien qu'au final ce fut la nouvelle cheffe de clan en personne qui vint à ma rencontre en début de soirée. C'est bien la dernière personne du clan que je m'attendais à voir vu l'état de ses blessures...

"Très bien, merci!" je m'incline légèrement comme le veut la coutume. "Comment pourrais-je aller mal alors que tu me gratifies de ta merveilleuse présence?"

Je ne la taquine qu'à moitié! Plus j'y pense et plus je me dis que ma cousine finira un jour ou l'autre dans mon lit! Et comme je ne suis pas du genre à attendre que les choses se fassent tranquillement je peux toujours tenter de provoquer un peu le destin. Par exemple avec de la flatterie? N'est-ce pas le lot des femmes que d'y être naturellement sensibles? Et de satisfaire les désirs les plus intimes des mâles? Je la gratifie donc d'un sourire éclatant et d'une caresse des yeux alors que j'attends qu'elle m'expose la raison de sa venue. Ce qui ne tarde pas à arriver...

Mais c'est par télépathie qu'elle s'exprime tout d'abord. Et la teneur de ses propos silencieux me fait froncer les sourcils tout en ayant le don d'effacer mon sourire. Me tuer? Je pensais que notre collaboration était un fait acquis. Pourquoi revient-elle dessus? Et pourquoi me fait-elle directement part de ses doutes? Elle aurait très bien pu me faire assassiner. Elle en a le pouvoir désormais. Ce qui implique qu'elle espère encore pouvoir faire de moi son allié. Ou plutôt son toutou. Une perspective sans doute pire que la mort...

"Et bien je suis ravi que tu en sois arrivée à cette conclusion!" que dire d'autre? "Même si je pensais que nous avions dépassé ce stade..."

Nous faisons du sur place. Je suis conscient que je ne suis pas l'élément le plus docile du clan! Mais je lui ai donné ma parole: je la soutiendrai quoi qu'il arrive! Dès lors il semble évident qu'elle n'accorde pas beaucoup de valeur à mes dires. Et par extension qu'elle ne me fait pas confiance. Retour à la case départ au moment même où nous avons le plus besoin l'un de l'autre. Irritant... Qu'en au sujet de ma connaissance des techniques qui ont fait la réputation du clan:

"J'en connais la plupart, oui! Même si je dois bien reconnaître que je suis loin de les maîtriser toutes à leurs plus hauts niveaux..." pourquoi mentir? Elle en prendra conscience tôt ou tard! "Et tu le sais parfaitement puisque j'axe mes entraînements sur le taïjutsu et non le ninjutsu! Et que je doute que tu m'aies laissé sans la moindre surveillance..."

Est-ce qu'elle cherche à me rabaisser? Si c'est le cas je peux lui prouver immédiatement que je ne suis pas aussi faible qu'elle le pense. Sa condescendance m'énerve et me blesse en même temps. Et je manque de peu de lui rappeler qu'il n'est pas sage de me provoquer dans l'état qui est le sien... Mais si j'ai encore de la peine à accorder du crédit à la femme que j'ai en face de moi, je suis en revanche bien décidé à respecter le titre qu'elle porte!

"Je te remercie pour ta sollicitude chère cousine. Sincèrement!" je fais un pas dans sa direction. "Mais ne m'enterre pas trop vite! Ce n'est pas parce que le panel de mes jutsus sunaton pourrait être plus étoffé que je suis faible pour autant! Certains sont arrivés à la même conclusion que toi. Et leurs os ornent maintenant le désert..."

Je laisse mon regard glisser sur son corps harmonieux tout en prenant une gorgée d'eau. J'ai compris qu'elle souhaite m'entraîner. Et je suis plutôt favorable à cette idée dans le mesure où les expériences en commun rapprochent les gens. Et que c'est précisément ce dont nous avons l'un et l'autre besoin à l'heure actuelle. La méfiance doit disparaître et laisser place à une bonne et intelligible entente. Spécialement depuis que nous sommes au courant des modalités de la fausse mort de Zanshi et que nous sommes appelés à travailler ensemble...

"Quant à mon épaule... Le hasard fait merveilleusement bien les choses puisqu'il semblerait que la douleur ait soudainement... disparu. C'est étrange n'est-ce pas?" un sourire malicieux s'installe sur mes lèvres. "Et qu'en est-il de tes multiples blessures? J'apprécie que tu prennes toi-même mon entraînement en main. Si si, je t'assure! Mais peut-être qu'il serait plus sage de penser à ta santé avant la mienne, non? Te crois-tu capable de m'enseigner quelque chose dans ton état?"

La présence des deux mannequins en bois sur lesquels je pose un instant le regard semble confirmer qu'elle a un avis bien tranché sur le sujet. J'observe à nouveau ma cousine et fais un pas de plus dans sa direction pour venir caresser sa joue du revers de mes doigts.

"Tu sais que je m'en voudrais horriblement s'il devait t'arriver quelque chose..." le ton est suffisamment énigmatique pour laisser planer un doute sur la véracité de mes propos. "Le clan ne peut pas se permettre de perdre sa dirigeante en ces temps difficiles n'est-ce pas?"

Une menace? Un simple fait? Je la laisse seule juge... Mon bras retombe le long de mon corps, estompant donc ma furtive caresse. Je retourne me positionner à quelques pas d'elle et lui fait à nouveau face. J'ai déjà pu juger Tsukiko sur sa capacité à régner sur le clan et sur sa faculté à coopérer avec moi un sein du Shin Sekai. Il est temps de me faire une idée plus précise sur son efficacité en tant que nouvelle senseï...

- "Alors Maîtresse du Sable? Qu'as-tu exactement en tête?"

Je ne tarderai sans doute pas à le savoir...

Elle levait les yeux au ciel au geste si peu innocent de son cousin. Si « l’inceste » était accepté au sein du clan – mais uniquement entre cousins « éloignés » évidemment pour éviter les tares de la consanguinité -, Tsukiko n’était pas du même avis mais elle ne pouvait nullement en être « choquée ». Entre les débauches propres au champ de guerre – chacun n’était plus qu’un animal assouvissant un simple désir dans ces temps troubles, et les mariages fréquents au sein des clans du village, elle était « habituée ». Cependant, elle n’en partageait nullement la philosophie.

Soupirant, elle fit signe à Kira de s’approcher d’elle, et sans lui laisser davantage le choix d’avancer plus, ou reculer par méfiance, elle l’attrapa par le bras, l’attira vers elle en laissant quelques centimètres d’écart entre les corps, glissa doucement ses mains sur le torse vers le bas pour s’infiltrer sous ce haut poussiéreux et sablés – Suna oblige – pour descendre aux hanches … et s’arrêta là. Soudainement, et sans tarder, une masse de sable entoura le bas du corps du jeune homme, et une pression s’exerçait plus sur cette zone tant sensible dont ce garçon devait tant se targuer auprès de plus d’une amante – ou amant, que savait-elle de ses orientations.

- Je n’aime pas cette attitude Kira, cette … ambiguïté. Et tu sais ce qu’il arrive aux hommes dont je n’apprécie pas les comportements à mon égard ?

La réponse vint naturellement avec plus de pression. Loin d’une « caresse », c’était plus une pression peu amène, froide et granuleuse de ces grains de sable qui se mouvaient de manière très peu naturels. Peut-être qu’à une époque, elle aurait rougi ou qu’elle aurait cédé en sa qualité de potiche, mais ces temps étaient révolus. Elle savait ce qu’elle désirait, et où elle voulait aller. Sur cette route, il n’y avait pas de place pour la moindre relation compliquée, d’ordre charnelle comme sentimentale.

- Gardes tes idées et fantasmes pour toi, je n’en ferais nullement une réalité. Au contraire, je risque tout simplement de détruire toute chance de ressentir à nouveau un quelconque désir. Ne penses pas que je bluff, certains prêteurs de mon demi-frère ont eu droit, pensant retirer l’argent de ma personne et vulgairement.

Effectivement, ces pauvres hommes avaient cru effrayer la blondinette avec une poignée de pauvres « Shinobis » au niveau moyen. Evidemment, et sans surprise, elle en fit bien vite une bouchée de chacun. A nouveau, peut-être était-elle « handicapée » mais elle n’était pas « vulnérable ». Son style de combat préconisait l’immobilité, et nullement la mobilité. Ces prêteurs l’apprirent bien vite à leur dépend, ainsi que leur pseudo garde du corps. Dire qu’elle s’en est sortie totalement seule était fausse aussi : elle avait toujours un Kawaguchi non loin, qui lui prêterait main forte en cas de nécessité.

- Si tu ne souhaites pas obtenir le surnom d’Eunuque des Kawaguchi, je te conseille de ne te limiter qu’à l’entrainement aujourd’hui.

Elle finit par faire face aux mannequins de bois.

- Dans un premier temps, montres moi ce que tu peux faire avec ton sable.

A peine avait-elle prononcé ces mots qu’elle tourna soudainement la tête vers une direction. Elle avait l’impression d’avoir entendu l’écho d’un homme et, durant quelques petites secondes, elle avait la sensation d’être dans une grotte. Cependant, tout ceci s’éclipsa bien vite pour le terrain d’entraînement de Suna. Etait-elle perturbée ? Guère longtemps. Depuis sa sortie d’hôpital, elle ne cessait d’avoir quelques « petites » hallucinations. Les médecins prétendaient que c’était dû aux médicaments, profitant pour l’orienter vers une eisei-nin de Suna pour arrêter cette médicamentation lourde avec ses effets secondaires.

« Où puis-je trouver ce maudit médecin ? » se demanda-t-elle, tout en observant son élève du jour.

♫:

Je m'approche d'elle comme elle me le demande. On ne fait pas attendre sa cheffe de clan quand bien même je ne suis pas encore certain de la respecter autant que je le devrais. Le fait qu'elle soit une bâtarde ne me refroidit plus vraiment à ce niveau-là. Mais je fais parti de ceux qui préfèrent voir avant de croire. Et si Tsukiko mène incontestablement les Kawaguchi sur une voie qui me rassure, elle a encore beaucoup de choses à prouver. Mais pour être honnête j'espère qu'elle y parviendra. Je me rends alors compte que je crois en elle. Sans réellement savoir quand j'ai commencé à le faire...

Je m'attendais à beaucoup de chose de sa part. Mais certainement pas à ce qu'elle glisse ses mains sous mon haut. Je savoure un instant le contact de ses doigt frais qui glissent sur les contours de mes pectoraux puis de mes abdominaux. Ses mouvements la mènent peu à peu vers mon intimité et des idées séduisantes commencent à envahir mes pensées. Je jette un regard à gauche puis à droite à la recherche d'éventuels curieux.

"Heu... Ici? Maintenant? C'est un peu..."

Comprenez-moi bien: je la désire! Mais de là à me donner en spectacle tel un animal incapable de résister à ses pulsions sexuelles... J'approche mon visage de son cou et hume son parfum si délicat avant d'être brutalement ramené sur terre lorsque du sable s'infiltre puis capture ma virilité. Celle-là, je l'ai pas vue venir. Et la surprise est loin de rendre la chose agréable. Est-ce qu'on vous a déjà frotté les parties avec des granulés aussi irritants que ceux qui composent le sable? Croyez-moi sur parole: ce n'est pas agréable. Mais alors pas du tout...

"C'est... petit!"

C'est la seule chose qui me vienne à l'esprit tandis qu'elle met les choses au clair. La blonde me demande si j'ai une petite idée de ce qui arrive aux hommes qui se montrent trop insistant à son égard.

"Je ne tiens pas vraiment à le savoir pour être honnête!"

La pression s'accentue et mon visage vire au cramoisi lorsqu'elle devient douloureuse. Pourtant - et c'est paradoxal - son comportement ne fait qu'augmenter le désir que j'ai pour elle. Il n'est guère compliqué de trouver une fille facile prête à vous faire la grâce de sa présence pour une nuit mouvementée. Le bar de Tsukiko en est rempli. Tout comme les rues... Mais les demoiselles qui résistent, ça. Celles qui savent vous faire patienter jusqu'à vous faire exploser avant d'enfin daigner vous gratifier de leurs faveurs. J'aime le challenge. Et à ce niveau-là je dois bien reconnaître que je suis comblé avec ma magnifique cousine...

"Message reçu cinq sur cinq!" j'attends qu'elle me relâche. "Je vais faire en sorte de garder ma virilité intacte jusqu'à ce que tu en aies besoin dans ce cas..."

Un petit clin d’œil pour conclure le tout et nous voici de retour à la case départ. Je m'époussette comme si ce simple mouvement pouvait m'aider à retrouver un peu de contenance. Puis je m'allume une clope dont j'expulse la fumée en direction du soleil agonisant de Kaze. Mieux vaut ne pas poursuivre sur la voie de la séduction pour l'instant et attendre que Tsukiko se rende compte que je suis le seul à la mériter vraiment. Reste à savoir le temps dont elle aura besoin pour parvenir à cette conclusion somme tout évidente. D'ailleurs cette dernière semble davantage intéressée par ce que je suis capable de faire avec le sable plutôt qu'avec le truc qui pendouille entre mes jambes...

"Ça sonne comme un défi!" je retrouve mon sourire amusé. "Ho et bien... Pas mal de trucs à vrai dire! Tu sais déjà que je suis ne pas un bon Sculpteur mais pour le reste je me débrouille plutôt bien! Démonstration?"

J'effectue quelques mudras mais bloque sur le dernier Ma cousine observe une direction alors que rien ne s'y trouve. Qu'est-ce qu'il se passe? Des hallucinations dues à ses médicaments? Bon et bien c'est le moment parfait pour agir dans ce cas. Profitant de son manque d'attention je termine mes signes pour ériger dans mon dos deux répliques de Shukaku en silicium. Pour réaliser ces jutsus classifiés A je puise allègrement dans mes réserves de chakra. Il faut que je l'impressionne je suppose. Et pour ça il ne faut guère faire dans le demi-mesure...

"Shukaku no Jutsu!"

Et sans plus de palabres je les lance les deux à l'assaut de ma cheffe de clan. Je suppose qu'elle est capable de se défendre aisément d'une telle attaque. Du moins est-elle sensée pouvoir le faire. Je n'aimerais pas devoir expliquer au reste du clan pourquoi Tsukiko a été retrouvée morte sur le terrain d'entraînement. Ca réduirait à néant mes espoirs de la voir partager un jour ma couche. Mais plus important encore: de prendre le pouvoir à Suna!

Le jeune homme était peut-être orgueilleux mais nullement stupide. Ajoutons à cela qu’il incarnait à l’extrême chaque valeur des Kawaguchi, soit cette volonté farouche à gagner ou à montrer sa force, profitant de chaque opportunité. Ainsi, sans scrupule, il profita de cet instant d’égarement de la cheffe pour la charger avec ses plus puissantes techniques, soit deux Shukaku imposants fonçant droit sur elle.

Elle releva à temps une barrière de sable apte à supporter ces deux colosses de sable. Le plus impressionnant était sûrement le « choc ». C’était en somme deux sacs de sable qui se rencontraient, mais sans le moindre tissu qui les séparait, grain contre grain, cherchant à dominer ou à gagner ce combat. Cependant, finalement, les Colosses tombèrent et Tsukiko profita pour abaisser son bouclier.

- Sympathique, dit-elle sincèrement. Maintenant, utilise ce sable pour m’attraper. Le secret d’un Kawaguchi est d’utiliser chaque grain de sable qu’il a disséminé sur le terrain pour piéger l’ennemi. Le but est d’être maître de notre terrain à terme.

Une fois qu’un terrain était à la merci d’un Kawaguchi, c’était un combat « presque » perdu d’avance. En effet, allié à l’imagination, il fallait être aux qui-vive pour deviner d’où viendrait la prochaine attaque. Dans notre cas, le sable aux pieds de Tsukiko n’était plus du sable « inutilisable ». Au contraire … C’était l’extension de l’arme de ce clan de Sable.

Elle attendait un tantinet et les granulés bougeaient pour l’entourer avec force. Il fallait avouer, c’était toujours si désagréable d’être dans un véritable cercueil de sable …

- Bien compresses légèrement.

Elle jouait avec le feu elle savait. Un faux pas et il pourrait la tuer, ou l’handicaper plus qu’elle n’était. Mais à nouveau, un Kawaguchi devait maîtriser « parfaitement » chacune des techniques et ne jamais trembler, hésiter, ou échouer. Si son complice du secret était inapte à se défendre ou à se doser, alors autant mourir aujourd’hui plutôt que demain, couverte de honte sans avoir pu accomplir ce qu’elle désirait.

Malheureusement la pression ne fit pas forte et déjà elle fut libérée. Elle comprit à son air qu’il ne connaissait pas la technique ultime du clan.

- Je vais t’apprendre le tombeau de Sable, annonça-t-elle. J’espère que tu as du chakra et de l’énergie à donner, la nuit va être bien longue. Tu ne quittes pas ce terrain sans apprendre cette technique.

Une technique en une nuit, elle était ambitieuse il fallait avouer. Cependant, et voilà son standard, un Combattant avait à survivre à tout ceci. Il était la première ligne de défense et d’attaque, il ne fallait pas quelques faiblards qui pleuraient au moindre bobo ou manque de chakra.

- Bien, commençons par les signes.

Elle se mit à ses côtés, et commença.

- Tu commences par la chèvre puis le tigre …

Par contre, comment apprenait-il, elle ne savait pas. C’était maintenant le temps de découvrir.

Mes deux colosses percutent la défense dressée par Tsukiko et explosent en des milliards de grains de sable qui retombent inertes sur le tapis doré du terrain d'entraînement. Je dois le reconnaître: je suis un brin déçu! Je ne souhaitais pas particulièrement blesser ma cousine mais j'espérais au moins ébranler sa protection. Je lâche un léger soupire de dédain et baisse le regard quelques instants en me demandant si la blonde est vraiment plus douée que moi pour maîtriser le silicium. Si c'est le cas alors il faudra que je redouble d'ardeur pour la dépasser. Je veux être le premier! Quel que soit le domaine! Et la place d'éternel second est tout sauf envisageable...

"Sympathique?" je hausse un sourcil. "C'est tout ce que tu trouves comme adjectif pour qualifier ma prestation?"

Là par contre je suis frustré. J'ai déjà tué quelqu'un en usant de ce jutsu. Et je doute qu'il l'ait trouvé sympathique, lui. J'accepte mal la critique. Ou les compliments qui y ressemblent. Ne suis-je pas voué à devenir le dirigeant de Suna? Ou d'être à l'origine de sa destruction le cas échéant? Les manuels d'histoire renfermeront tous un chapitre entier dédié à ma gloire. Et il ne sera nulle part fait mention que mes techniques étaient sympathiques. Ho ça non!

*Je t'en foutrai du sympathique, moi!*

Je croise les bras, le regard noir. Ce qui ne m'empêche pas d'entendre les instructions que ma cousine me donne. Et après quelques signes de la main je regroupe le sable tombé à ses pieds pour l'emprisonner. Cette fois-ci j'ai envie de la faire souffrir, de la voir me supplier pour que j'estompe l'étreinte qui pourrait la réduire en charpie. Mais si je suis plutôt doué pour l'offensive directe, force est de constater que j'ai de sérieuses lacunes dans d'autres domaines. Si je ne maîtrise pas le cercueil de sable qui fait la fierté de mon clan, ce n'est pas par hasard. Jusqu'ici j'ai plutôt bien réussi à cacher cette faiblesse. Mais Tsukiko n'est pas dupe et me le fait rapidement savoir...

Elle m'annonce dès lors que je ne quitterai pas le terrain sans avoir compris et maîtrisé les mécanismes de ce jutsu. Et mon premier réflexe est de jeter un regard autours de nous pour m'assurer que personne n'a les oreilles qui traînent. C'est déjà assez humiliant de croiser le regard de ma cousine. Alors que d'autres membres du village se joignent à la fête de la moquerie, non merci...

"Chuuuut, moins fort Tsukiko s'il-te-plaît!" j'essaie de la tempérer autant que possible. "On ne sait jamais qui peut entendre ce qu'on dit. Et puis ce n'est pas que je maîtrise pas le tombeau de sable... C'est... C'est... disons que... Je ne l'ai jamais vraiment entraîné, plutôt!"

Tu parles! J'ai déjà essayé de maîtriser cette technique fort utile. Mais en solitaire, honteux de devoir annoncer à mon clan que je suis incapable de la mettre en pratique. Mais je ne peux tout simplement pas avouer à Tsukiko, la femme qui occupe peu à peu mes pensées, que je suis faible dans quelque domaine que ce soit. Cette simple idée m'irrite profondément. Et ravive ma honte...

"Mais je vais maîtriser ce jutsu en deux temps trois mouvements! Tu vas voir!"

Je ne sais pas qui j'essaie de rassurer: elle? moi? Sans doute un peu des deux... Je répète les mudras qu'elle me montre tout en tentant de les allier au sable. Ce dernier réagit plutôt bien et retourne s'agglutiner aux pieds de la demoiselle. Pourtant - et malgré mes efforts soutenus - je n'arrive pas à exercer une pression suffisante pour la mettre en danger. Mon chakra s'épuise peu à peu au cours des minutes qui suivent. Je m'entête et continue. Mais le résultat reste bien loin de nos espérances respectives.

"Putain..."

Je soupire à nouveau et m'allume une clope, m'adossant à un l'un des pylônes d'entraînement. Et j'évite soigneusement le regard que j'imagine déjà critique de Tsukiko. Je peux passer des heures à m'entraîner seul, ça ne me dérange pas. Mais quelques minutes pendant lesquelles j'étale mon incapacité à maîtriser le tombeau du sable me semblent une éternité. Par fierté ou bêtise, j'ai envie de tout laisser tomber plutôt que de poursuivre dans une voie qui me ridiculisera tôt ou tard aux yeux de ma cousine.

"Vas-y, moques-toi..." le ton est presque agressif. "Je suis sûr que tu en meurs d'envie. Il y a de quoi après tout. Un Kawaguchi qui n'arrive pas à reproduire la technique la plus célèbre du clan, c'est risible!"

Je croise les bras, clope toujours au bec. Et je garde mon regard résolument fixé sur le sol tout en attendant les commentaires acerbes de ma cheffe de clan. Forcément, il a fallu que ce soit elle...

Il était extrêmement fier mais il fallait composer avec un caractère pareil. En soit, et à bien réfléchir, il n’était pas aussi inflexible qu’il semblait. Comme tout humain, il fallait seulement choisir les bons mots. A l’heure actuelle, lui dire qu’il est faible et incapable n’était pas la solution – et à vrai dire, elle ne le pensait pas totalement. Sa flamme devait venir autrement. Il fallait, d’une certaine manière, le caresser au sens du poil. Au contraire, il avait plus tendance à embêter qu’à se soumettre.

- Je ne me moque pas, Kira. Je suis seulement étonnée de voir avec quelle facilité tu abandonnes, disait-elle d’un air agacé. Pour gravir les échelons tu vas commettre plus d’une erreur, et tu vas connaître plus d’une humiliation. Malheureusement, le chemin que tu souhaites emprunter n’est pas linéaire, et sans faute.

Elle avait connu tous les échecs, les déceptions, les rires, les insultes, les injures, les moqueries, les multiples humiliations … Autrefois victime et marginale du clan, elle était le Cheffe aujourd’hui. D’une certaine façon, elle était la preuve vivante que la détermination apportera toujours ses fruits.

- Sais-tu ce qui différencie un gagnant d’un perdant ? demanda-t-elle. Le Gagnant se relève de ses échecs, le perdant s’embourbe dans un seul échec. Tu souhaites devenir le représentant des Combattants ? Tu souhaites me surpasser ? Comment es-tu censé le faire si tu refuses d’apprendre de mes fores et mes faiblesses, de me combattre jusqu’à gagner un jour ? comment es-tu censé former des hommes et femmes qui peuvent te surpasser à tout instant ? Pourquoi perdre son temps à tout réaliser par soi-même alors que tu iras plus vite en t’inspirant des astuces des autres ? Pourquoi avoir ce besoin de montrer qu'on maîtrise alors que l'on peut prétendre ne pas maîtriser alors que nous le savons faire, dans les faits ?

En somme, « bluff ». Annonces haut et fort une fausse faiblesse pour garder une carte dans sa manche lors d’un véritable duel.

Elle finit par s’approcher de lui, afin de lui susurrer quelque chose à l’oreille.

- Avant de régner, apprends à obéir.

Sur ces étranges paroles, elle s’éloigna. Elle s’épousseta, soupira, un tantinet déçue par l’abandon aussi rapide de son élève. Cependant, en soi, c’était une bonne chose : un faible inapte à apprendre vite et bien n’était pas un bon Combattant, pas un bon leader …

- Je n’ai pas le temps à perdre que tu te décides ou médites. C’est maintenant ou jamais, comme en combat. Si je quitte l’arène, l’entraînement est fini pour de bon ainsi que tout futur entraînement. Au contraire, tu acceptes de perdre pour mieux gagner, tu me retiens, ta récompense future et personnelle n’en sera que plus grande.

Et peut-être, qu’inconsciemment, elle creusait sa propre tombe sous les traits de ce jeune homme. Etait-elle effrayée ? Absolument pas. Elle vivait dans un monde cruel et si ce n’était pas lui, ce serait un autre qui tentera de prendre sa place avec diplomatie, avec ruse ou avec violence. S’il fallait à tout prix un Némésis, autant le façonner, et le connaître, n’est-ce pas ? La chute n’en sera que moins mauvaise …

Spoiler: