« L’ancien » chef de clan ne cessait de passer ses journées auprès de Tsukiko afin de lui apprendre tous les rouages, tous les secrets, toutes les forces et faiblesses et toute l’histoire des Kawaguchi. Autant dire, en soirée, elle était plus qu’exténuée mentalement comme physiquement – si sa jambe semblait en voie de guérison, son poumon faisait encore quelques misères – et donnerait tout pour seulement dormir, et ne penser à rien. Malheureusement, dès qu’elle quittait son « mentor », elle avait à se pencher sur quelques paperasses administratives : la demande insistante de Suna pour un recrutement complet d’une équipe de Genin, la mise en place de son projet ambitieux pour Kaze, ses efforts pour instaurer un climat de confiance avec le Daimio de Kaze no Kuni ou encore la lecture des rapports des différents faits, demandes, suggestions ou rumeurs qui agitent le clan.

Ses rares journées « libres », elle avait aux dépenses pour ses devoirs vis-à-vis de Suna. Ainsi donc, en cette belle matinée, elle ne tarda pas à faire appel à Tetsui afin de mettre aux clairs certaines choses. Elle ne savait pas s’il était au courant de l’abandon de Mizuki de l’équipe, et si non, sa réaction face à cette nouvelle. Au final, il avait déjà perdu une équipe, comment réagira-t-il face à cette seconde perte – ou démantèlement, si l’on voulait - ? Ces questions en tête, elle attendit donc son élève à son bureau, profitant de ce laps de temps pour écrire encore quelques lettres par-ci, et par-là … Quelques minutes plus tard, à peine, on annonça l’arrivée du jeune Yamada, qu’on fit entrer sans plus d’attente.

- Bienvenue Tetsui, comment vas-tu ? demanda-t-elle, farfouillant par la même occasion ses nombreux parchemins ou feuilles ou dossiers, à la recherche du rapport de Ki no Kuni. Elle ne tarda pas à mettre la main dessus. A nouveau, merci pour ce rapport.

Elle tendit un verre en sa direction, montra la bouteille de saké, et demanda donc implicitement du regard s’il désirait ou non. Si oui, elle servirait sans plus de cérémonie, et si non, une domestique de la vingtaine viendrait apporter la boisson qu’il désirait allant de l’eau à la boisson la plus improbable. Le bras droit actuel du clan, Suno, avait mis un point d’honneur pour recruter une demoiselle aux mille talents.

- Je m’excuse de ne pouvoir me lever pour t’accueillir proprement, mais j’ai été blessé à Ki no Kuni, et ma jambe est actuellement … paralysée. Temporairement.

Il était aisé de voir cette jambe étendue : elle était légèrement de profil, pour laisser sa jambe libre tout en ayant la possibilité de s’appuyer sur son bureau ou y travailler sérieusement.

- Ki no Kuni fut un échec, introduisit la demoiselle. L’arbre-mère, un arbre gigantesque, menaçait de tomber et malgré tous nos efforts, nous n’avons pas réussi. Heureusement, il y avait quelques Konohajins, notamment le clan doué en communication avec la nature, qui était présents, et qui a compris ce qu’il fallait faire … Finalement, il aspirait tout le chakra de tout le monde, et a rejeté le tout sous forme de … bouts de bois géants et rapides. Je vais t’épargner le décor sanglant ou le nombre de pertes.

Elle se tut à nouveau, et finit par plonger sérieusement son regard dans celui de Tetsui.

- Et maintenant, Que penses-tu qu’il faut faire Tetsui ? Suivre des ordres et ne pas agir pour Ki si on le dit, ou agir par soi-même quitte à désobéir?

Avant de lui poser un quelconque ultimatum, il serait peut-être bon de connaître avant tout cet élève confié en plein milieu d’une catastrophe. Elle ne souhaitait pas commettre une énième erreur dans sa hâte.

Peu de nouvelles de la Team 1, ni de Tsukiko depuis Ki no Kuni. J'avais néanmoins eu vent de sa prise de fonction en tant que cheffe du clan Kawaguchi. Il me semblait que les temps actuels étaient à la nomination de nouveaux chefs. Les vieux étaient-ils fatigués ? Ou alors il était temps pour de plus jeunes générations de mener la danse. Kioshi chez les Yamada. Et puis maintenant elle, mais elle avait quel âge ?
Elle m'accueillit sans plus de cérémonie. Si ce n'est qu'elle était derrière son bureau. De ma position je détestais ça. C'était presque trop bureaucrate. Trop Kage en faites.

« Bonjour Tsukiko... sensei ? »

Naturellement elle me proposa implicitement un verre de sake. J'accompagnais mon refus d'un geste de la main. Je n'en avais simplement pas envie. Ni d'aucune autre boisson d'ailleurs, c'était bon pour moi.

« Non merci, je n'ai pas soif ça va. »

Ce faisant elle s'excusa de ne pouvoir se lever. Sa blessure de Ki no Kuni lui avait paralysé une jambe. J'avais vu effectivement. Tout comme son verre de sake sur la table.

« Tant mieux si c'est temporaire »

Je la gratifiai d'un léger sourire. Mais sans plus, je n'étais pas non plus proche d'elle et je ne la connaissais que très peu au final. Juste, si elle devait être ma sensei, je préférais qu'elle soit en bonne santé. Finalement, elle résuma ce que l'on savait déjà de Ki no Kuni, l'épisode de l'arbre où elle s'était trouvée. C'était un échec, elle avait raison. Mais pour que ce soit un succès, en partie, il fallait y retourner. Le ferions-nous ? La princesse de ce pays comptait sûrement là-dessus. Je n'ajoutais rien, et son regard se planta dans le miens. Par les mots qui sortirent de sa bouche, on aurait dit qu'elle me posait un test. Test, test, test, test, test... un lot quotidien maintenant. J'hésitai un moment en quittant ses yeux.

« Moi ? Le shinobi suivrait les ordres. Mais l'humain agirait par soi-même. (un temps) Sauf qu'il faut être réaliste, dans le cas de Ki, ce n'est pas une personne ou deux, ou trois qui vont changer les choses. Encore moins un genin comme moi. Il faut que ce soit l'affaire de tout le monde. De plus, je ne tiens pas à redevenir un simple aspirant ninja. »

Je la regardai alors à nouveau dans les yeux. Interrogateur.

« Pourquoi cette question ? C'est un test ? »

- Sensei ou Tsukiko-sensei, qu’importe, se contenta-t-elle de dire. Ils avaient peut-être des âges équivalents, mais cela ne justifierait pas un traitement de faveur. Tout élève devra appeler un professeur «  un professeur ». C’était par principe de respect, et d’ordre au sein de l’équipe.

Ainsi donc, Yamada Tetsui disait qu’il continuerait à suivre les ordres en tant que Shinobi, quitte à abandonner une promesse faite à une Princesse – car des promesses ont dû être faites en ces temps catastrophiques. Son excuse était qu’un homme ou deux ne changera rien à la situation, qu’il fallait une armée … et qu’il ne souhaitait pas devenir un aspirant ninja. La blondinette soupira devant cette référence cachée : elle était lasse qu’on la prenne en « exemple » pour « ce qu’il ne fallait pas faire ». Elle avait souvent envie de répondre qu’au moins, elle faisait quelque chose. Mais elle ne disait rien, car elle désirait qu’une chose : faire profil bas, et se fondre dans la masse des Shinobis. Chef de clan avait été son récent acte « public » mais ce n’était nullement un acte outrageant ou choquant, ainsi donc, d’une certaine manière, elle ne se distinguait pas plus.

- Tu es pourtant le cousin du Kazekage, tu pourrais lui parler, tenter de l’influencer, et ainsi tourner nos forces vers le redressement de Ki no Kuni. Y as-tu déjà pensé ?

Elle n’avait nullement répondu aux interrogations du Genin. Elle voulait comprendre avant tout comment il réfléchissait, comme il agissait et à quel point il « anticipait ». Elle aimait les nouvelles idées, elle appréciait les gestes osés quitte à ce que ce soit un échec … Elle aimait l’action, en somme. Cependant, elle n’en respectait pas moins ce qui « restaient », ce qui suivaient leur promesse et vœux et paroles. Chacun avait à choisir sa voie, et elle était seulement curieuse de connaître celle de Tetsui.

- Ce n’est nullement un test, je tente de te connaître seulement. A ki no Kuni, tu as été confronté à des dangers et à des décisions. Tu as vu quelque chose de nouveaux, meilleurs ou pires, je ne saurais dire. Tu as parlé avec une Princesse orpheline et désorientée, Tu es revenu seul en laissant ta coéquipière partir avec une inconnue …

Elle se tut, perdue un court instant dans ses pensées. Elle revint bien vite à la réalité.

- Ce genre d’expérience peut changer un homme, lui donner une toute nouvelle vision de la vie, lui apporter davantage de réponses ou de questions … Penses-tu être dans ce cas ? Ou es-tu simplement fier d’avoir tenté d’accomplir ta mission ? demanda-t-elle. Ce n’est nullement un test, je tente seulement te connaître. A moins que tu n’aies un autre moyen pour te décrire.

Au mieux, il fera sa biographie. Au pire, il ne dira rien. L’un comme l’autre ne la dérangeait pas car elle avait suffisamment de sujets à traiter pour quelques heures.

- D’ailleurs … Comment définirais-tu un shinobi ? Son nindo, son pouvoir, ses talents, son humanité, son manque d’humanité .. ?

Elle posait beaucoup de questions abstraites, mais c’était volontaire. Jusqu’où poussait-il sa réflexion, et à quel point était-il patient ?

Tsukiko venait confirmer qu'elle allait être ma sensei en me précisant qu'il fallait que je l'appelle sensei ou Tsukiko sensei. Elle semblait bien se fiche que j'utilise son prénom d'ailleurs. C'était l'impression que j'en avais. Ce qui me fit avoir un doute sur le fait qu'elle devienne proche de ses élèves. Si c'était le cas je trouvais ça triste et qu'elle ne m'appelle pas « genin », sinon je lui ferais la remarque.

Pour elle, j'étais le cousin de Kioshi et je pouvais donc tenter de l'influencer. « Influencer ». Encore tout un concept. J'affichais une moue ennuyée pour lui répondre calmement.

« Je n'y ai pas pensé non. Car je ne suis pas quelqu'un qui cherche à influencer les gens pour obtenir quelque chose. Donc, de la même manière je ne l'influencerai pas pour le compte de quelqu'un. »

Je ne savais pas si elle voulait obtenir de moi quelque chose comme envoyer des forces à Ki no Kuni. Mais si elle avait été son élève, elle devait bien pouvoir lui toucher deux mots elle aussi non ?
Surtout que moi je ne voulais pas laisser interférer la statut de Kioshi dans les rapports que j'entretenais avec lui. Ce qui signifiait aussi ne pas profiter de son pouvoir pour mon bien personnel.

« Mais tu as raison oui, je peux lui parler ouvertement. »

Elle répondait ensuite que ce n'était pas pour me tester. Et elle embraya sur mon parcours à Ki, précisant que j'étais revenu seul sans ma coéquipière. J'avais l'impression que c'était un reproche. Puis après un court instant où je l'observais en silence, elle continua pour me dire que ce genre d'expérience changeait un homme et me demanda si j'étais dans ce cas. Ou si j'étais fier d'avoir accompli la mission. Je me grattais la tête en réfléchissant.

« J'ai juste appris la difficulté de mener une équipe et de la fédérer. En tant que genin, ce n'était pas simple. Sinon... nous étions juste confrontés à la réalité d'une catastrophe, aussi cruel cela puisse être, je n'en sors pas choqué pour le restant de mes jours... Je n'ai éprouvé aucune fierté à la mission, le Daimyo est mort, et la réussite est relative quand même. »

Et avec ça une autre question.

« Avec deux secondes de réflexion, je dirai que tout cela définit un shinobi. Mais l'humanité et le talent représentent pour moi un « bon » shinobi. Pour autant je ne dis pas qu'un shinobi sans talent mais qui possède d'autres qualités ne serait pas tout aussi intéressant. »

Voilà une réponse pensée rapidement mais qui traduisait plutôt bien mon avis sur la question. Combien de questions avait en tête Tsukiko ? Soufflant de lassitude j'ajoutai alors :

« Je peux répondre à beaucoup de questions comme ça, mais bon... tu m'as appelé pour autre chose ? »

Il était un être franc et peu prompt à manipuler. En somme, son profil n’était nullement celui d’un shinobi apte à infiltrer une quelconque structure avec tact et mensonge, mais plutôt celui qui obéissait en allant d’une mission à une autre. Par conséquent, elle n’avait guère besoin de pousser plus loin la réflexion sur sa capacité ou ses raisons à influencer ou non l’entourage pour atteindre un objectif. Elle tiqua légèrement au « Tu », mais entre Taku et son excentricité, Kira et son orgueil, elle ne pouvait le blâmer pour le langage.

« Au moins il met la forme avec sensei » se disait-elle, l’évaluant d’un regard critique.

Par contre, elle se notait que l’humanité définirait en partie un Shinobi. A ses yeux, il était encore le gamin idéaliste qui n’avait pas réellement toucher au véritable rôle du Shinobi : il n’avait été que du côté des « blancs», et nullement des « noirs » ou des « gris ». D’ailleurs, cette dernière couleur faisait-elle partie de son monde comme elle colorait maintenant celle de Tsukiko ? Une chose qu’elle ne tardera pas à découvrir, sûrement !

- Je vais être aussi clair que tu l’es.

Elle prit son inspiration, se préparant à la longue tirade qu’elle allait lui servir.

- Pour certaines raisons, Kawaguchi Mizuki doit quitter l’équipe. Ce n’est nullement dû pour ton rapport. Je suis là pour corriger les torts, et non rejeter. C’est une décision qui lui est personnelle.

A sa façon, Tsukiko lui avait donné un choix : continuer à lui obéir comme d’ordinaire, ou partir. Certes, elle avait prétendu qu’elle mettrait l’orpheline adoptée en orphelinat à la moindre désobéissance, mais dans un bon établissement d’un pays neutre paisible, que demander de plus ? Elle aurait donné tout l’or du monde, à l’époque, pour avoir un bâtiment où elle était en sécurité… Plus important, une orpheline supplémentaire non Kawaguchi n’aurait pas trouvé sa place au sein du clan. Elle aurait été l’étrangère, celle qu’on avait à rejeter totalement …

- La place vacante sera bien vite remplacée, je n’en doute pas. Un autre changement va avoir lieu : moi-même. Comme tu peux voir, j’ai été blessé à Ki no Kuni, et je serais donc inapte à effectuer des missions sur le terrain. J’ai également été promu chef du clan Kawaguchi et j’ai à superviser beaucoup de choses, humainement et techniquement. Je risque donc d’avantage de vous entrainer ici ou vous envoyer en mission en soutien à des équipes, ou avec quelques membres de ton équipe.

Elle se tut, cherchant à voir si cette première tirade rebutait le genin.

- Souhaites-tu continuer l’aventure avec moi-même, en te pliant à mes ordres. Ou préfères-tu un sensei qui pourrait davantage répondre à certains désirs personnels quant à ton parcours de Shinobi ?

Et le choix était donné : rester ou partir.

Le silence ne tarda pas à être rompu quand je demandais à Tsukiko la véritable raison de ma présence ici. Elle avait le droit de poser des questions pour m'évaluer et apprendre à me connaître, mais j'imaginais qu'elle avait aussi des tas de trucs à faire après notre rencontre. Des choses chiantes et des plus importantes. Dans quelle catégorie situait-elle ma convocation ? Juste pour me faire une idée du genre de personne qu'elle était j'aurais vraiment aimé avoir la réponse. Enfin si je n'apprenais pas par moi-même avec le temps j'avais la possibilité de demander des infos à Kioshi.
J'écoutais ma sensei avec attention. Calme et serein.

J'apprenais donc au fil des mots que Mizuki ne faisait plus partie de l'équipe. La jeune fille avait fait un choix personnel semblait-il. Or j'espérais ne pas en être la cause mais Tsukiko semblait me rassurer quant à cette possibilité. La blonde de sable précisa ensuite que des changements auraient lieu dans l'équipe. Une, elle était blessée et plutôt inapte au terrain pour le moment. Deux, être chef de clan ça prenait du temps. Conclusion : elle nous enverrait en soutien à d'autres équipes. Je songeais à tout cela sans rien montrer de spécial sur mon visage. Un choix m'était donc posé. La suivre elle et ses ordres et rester dans l'équipe. Ou repartir et galérer à trouver un autre sensei plus proche de mes convictions et désirs personnels. C'était ça le truc, mon parcours je le faisais moi-même.

" J'ai passé plusieurs mois sans sensei, pas moyen que ça recommence. Bien sûr que je reste dans l'équipe. "

J'étais curieux de voir ce que cela allait donner avec le temps. Cette team. Devenir l'élève de l'élève de mon cousin. Le temps me ferait la découvrir et en apprendre plus sur elle et son fonctionnement. J'imaginais ensuite que le petit manieur de pantins restait lui aussi parmi nous. Et le troisième restait un mystère. Je regardais Tsukiko dans les yeux et demandais calmement :

" Vous pensez en avoir pour combien de temps avant de vous remettre de votre blessure et de pouvoir revenir sur le terrain ? Un chef d'équipe se doit de connaître celle-ci pour la diriger et l'accompagner au mieux lors des missions, c'est pour ça que je demande. Quand vous nous connaîtrez nous serons plus efficaces ensemble qu'avec des chefs d'équipes vacants. Rester ici serait indéfiniment serait du gâchis "

Je ne prétendais pas lui faire un cours, je disais simplement ce que je pensais et justifiais donc ma question sur son état de santé et son retour sur le terrain.

" Et puis ce sera toujours plus plaisant que de vous savoir ici sur cette chaise. Je suppose que vos affaires de clan ne monopoliseront pas non plus vos journées entières... "

Je voulais en savoir un peu plus sur tout ça et ce qu'elle en pensait vraiment. Car elle n'avait pas vraiment développé son point de vue.

- Crois-le ou non, les affaires du clan monopoliseront un jour ou l’autre mes journées, soupira-t-elle.

Actuellement, elle subissait encore un « apprentissage » à ce sujet-ci. Autant dire que toutes ses saintes journées, ce n’était que paperasse sur paperasse à lire que ce soit sur l’histoire du clan, son fonctionnement, ses finances, ses relations avec les autres clans de Suna et Hors-Suna … Ajoutons à cela qu’elle avait à apprendre à gérer le quotidien des Kawaguchi et cela signifiait la prise en charge des vieilles personnes, l’assurance que la nouvelle génération était prometteuse et la garantie que la performance des Kawaguchi n’apportaient pas honte à la famille quel que soit le domaine.

A sa façon, il lui était exigé d’être présent sur beaucoup – beaucoup trop même – de front ! Cependant, et voilà le « baume » au cœur, les regards changeaient enfin à son égard. On avait « besoin » d’elle, et autant dire, on était bien plus que poli à son égard. Mieux, petit à petit les personnes se confiaient, cherchaient à la connaître et à l’apprécier. Evidemment, certains perduraient encore et toujours dans leur bêtise de « Bâtarde » ou d’Etrangère mais cela ne la dérangeaient pas plus que cela. Ils changeront d’avis, également.

- Pour ce souci épineux … Je vais faire appel à un Eisei-nin compétent.

Et nullement à une certaine Ketsueki. Elle n’appréciait guère l’idée que son sang serve de boisson à ces personnes, et craignait tout autant les possibilités que la Ketsueki pourrait avoir avec seulement quelques gouttes de son sang. A force de relire l’histoire de son clan, précisément, elle avait eu vent des faits sanglants du clan sanguinaire et le nom était des plus appropriés : il ne fallait pas qu’ils touchent à une seule goutte de sang.

Yamada Kioshi n’était pas non plus une option envisageable. Il connaissait surement des jutsu médicaux puissants mais il n’était nullement un homme qui passait sa vie à l’hôpital à sauver des vies. Et son cas exigeait plus de l’expertise que quelques jutsus grossiers de soins.

D’où la question : où allait-elle trouver une telle personne ? Elle avait déjà envoyé par-ci et par-là des messagers pour trouver un medic-nin puissant – ou une medic-nin puissante.

- Jusqu’à là, j’ai à me ménager.

Et à s’entraîner. Etait-ce dû à son handicap ou à un effet « indésirable » de l’arbre-mère de Ki no Kuni mais son chakra avait connu un véritable chamboulement. Elle montrait, encore, des capacités en sensorialité mais bien plus maîtrisée qu’à une certaine époque dramatique, et elle semblait avoir de plus en plus de l’aisance avec ses affinités primaires – choses qu’elle n’arrivait pas à maîtriser à l’époque !.

- A réfléchir, je ne connais pas vraiment tes capacités. Que dirais-tu de m’en faire une démonstration ? enchaina-t-elle soudainement. J’ai à reprendre mes entraînements, et à … développer quelques jutsus ou encore à les manipuler d’une toute nouvelle … position.

Avoir une canne n’était pas chose aisée, il fallait l’admettre.

- Qu’en dis-tu ? Si tu veux, à toi de me dire si tu veux ou non révéler tes talents.

Ainsi j'avais voulu qu'elle me rassure et me dise que ses affaires de Clan ne prendraient pas toutes ses journées, mais elle m'annonçait déjà le contraire. Je soupirais clairement sans m'en cacher. A quoi donc servait-il de porter plusieurs casquettes si l'on ne pouvait pas les assumer ? Eichi était sensei, conseiller et père, et il avait fait un choix. D'autres pensaient avoir trois cerveaux, six bras et huit jambes pour arriver à faire tout ce qu'ils avaient à faire. Comme Tsukiko me semblait-il. Mais je ne voulais pas tirer de conclusion hâtive alors je laissais couler, je verrai bien ce qu'il en serait plus tard. De toute façon, ce n'était certainement pas elle qui m'avait permis de me présenter à l'examen chûnin. Je me gardais donc de lui dire quelque chose comme " il faudra choisir un jour ou l'autre ".
Pour sa situation de handicap, elle allait sinon faire appel à un médecin spécialisé. J'espérais que son corps deviendrait de nouveau apte à toutes sortes de choses. Personne ne souhaitait à quelqu'un d'être handicapé. Je dis en souriant :

- Alors ménagez vous. L'examen approche et vous n'aurez pas à vous soucier de moi, je le réussirai.

Ensuite, elle me demandait si ça me bottait de lui faire une démonstration de mes capacités. Pourquoi pas, mais nous étions dans un bureau. Et puis j'étais Yamada, elle ne connaissait pas nos capacités ?

- Hum oui si vous voulez. On va faire équipe, pourquoi ferais-je le chieur à vouloir rester mystérieux ? C'est pas mon genre, j'apprécie moyennement ce genre de caractère supérieur qui juge qui mérite et ne mérite...

Je regardais autour de moi, le bureau et ce qui le constituait.

- Maîtrise de la chaleur par le ninjutsu, et fûton, voilà ce que je maîtrise. Vous voulez que je foute en l'air la pièce en vous montrant ça maintenant ?

C'était à elle de me le dire. Je tournais mon bras en présentant ma main que je faisais chauffer jusqu'à la rendre rougeoyante et à faire apparaître quelques perturbations de l'air juste autour.

- Je ne suis pas si stupide, au point de te demander d’assécher … ce qui est déjà asséché, soupira-t-elle.

Effectivement, si les regards s’attardaient aux murs, on se rendait compte que ce n’était pas une pierre banale propre aux habituations de Suna en général, mais de fins grains de sable extrêmement collés à l’un et à l’autre, sans tomber, sans bouger … En somme, et avec perspicacité, une demeure réalisée qu’avec le sable même – produite par le chakra – de la Kawaguchi. Aucune plante, aucun animal n’était présent …

Elle connaissait mieux que quiconque le talent des Yamada, ayant eu comme professeur un Yamada-même. Cependant, ce qui l’intéressait, était la « façon » d’utiliser, et si cela nécessitait du terrain, alors il y avait l’arrière de la maison, ou encore les terrains d’entraînement. Une simple proposition de s’y diriger n’est pas plus mal. Elle ne s’en formalisait pas.

Ainsi donc, à l’image de son cousin, il maîtrisait également le ninjutsu. Par contre, nullement une affinité Suiton, Doton ou Raiton mais uniquement une affinité Futon. Ainsi donc, et voilà la vraie question, quel type de style de combat avait son élève avec une telle combinaison ? Etait-il désireux d’être dans le feu de l’action, ou préférait-il prendre un peu de recul ?

- Sortons plutôt pour une ou deux démonstrations.

Grimaçant, elle se leva, prit une canne non loin et commença à se mouvoir dans cette maison de sable. Sans tarder, ils atteignirent la porte, et se dirigèrent aussitôt vers le terrain d’entraînement le plus proche … soit l’arrière de la maison de la Kawaguchi. S’il fallait décrire la demeure, c’était avant tout une longue rangée de pièce, avec une cour assez grande pour entrainer une ou deux personnes. Autour, un petit mur d’un mètre ou deux l’entouraient, pour protéger de quelques regards indiscrets ou encore pour pouvoir balancer le nécessaire en terme de technique sans risquer de blesser quiconque – un peu le concept de la balle perdue, si l’on voulait.

- Quel que soit la démonstration, vers le mur et non la maison. Si le terrain est trop petit, on ira directement dans le désert si tu le désires.

A priori, et par habitude, la Kawaguchi s’entraînait toujours dans cette étendue. Malheureusement, entre les procédures toujours trop stricts des entrées – rendant la dite entrée laborieuse – et son mal physique, elle avait eu à mettre une pause à cette activité favorite. Pendant que Tetsui se préparait – chakratiquement et mentalement -, elle commençait avec quelques exercices simples de malaxage de chakra. Sans tarder, entre sa paume droite, une petite boule de sable se forma. Plus les minutes s’écoulaient, et plus ils grandissaient.

- Tu sembles serein pour l’examen, et selon les rapports, tu as déjà pas mal d’expériences à ton actif. Si possible, je voudrais bien comprendre ton style de combat en travers de cette technique ou de enchaînement.

La boule de sable se dirigea vers le mur, et forma soudainement une marionnette humaine de sable. A nouveau, et encore, une autre boule de sable se forma entre sa paume. Par contre, celui-ci était pour un usage personnel et tout autre.

Elle n'était pas stupide... je la repris tout de suite.

- Ah mais non, je parlais pas des murs mais de tout vos objets et papiers inflammables. Il vaut mieux être prudent...

Avec mon Kekkei Genkai je pouvais facilement faire disparaître toute trace de la paperasse présente sur son bureau, ou dans le reste de la pièce. Enfin facilement non car cela nécessitait au moins de savoir manipuler la chaleur de toute une pièce pour qu'elle soit assez élevée. De telles températures étaient aussi néfastes pour n'importe quel homme. Ce n'était nullement mon intention ici. Mais du coup je me demandais déjà quelle démonstration je pourrais faire à Tsukiko. J'avais plusieurs types de techniques mais... je verrai bien.
Donc on sortait elle et moi. Elle s'aidait de sa canne pour marcher, c'était un peu gênant de la voir comme ça. Nous arrivâmes dans une petite cour d'entraînement, ça semblait "spécial Kawaguchi". Peu d'étrangers devaient l'avoir fouler, et je regardais les murs qui nous séparaient du dehors. Tsukiko précisa qu'il ne fallait pas viser la maison, mais plutôt le mur. Mon visage affichait la surprise et la déception de voir qu'elle se sentait obligée de me rappeler ce qu'on disait aux abrutis ou aux enfants. C'était évident ! Je soufflais un peu ennuyé par rapport à ça, puis m'éloignais un peu de mon côté pour me mettre en condition. Même si on ne pouvait pas vraiment parler d'enjeux ici. Ainsi je faisais chauffer mon corps tranquillement, augmentant la température de celui-ci puis revenant à la normale pendant plusieurs fois.

Tsukiko évoqua mon expérience passée dans différentes équipes déjà formées, et ma sérénité apparente pour l'examen. Je faisais comme si de rien aux yeux des autres oui, puis je pensais vraiment réussir cette étape de la vie d'un shinobi, toutefois cela ne représentait pas rien et ça m'inquiétait aussi. Devenir chûnin serait un pas de plus sur la voie empruntée par ma défunte mère. Un pas aussi sur celle de mon père, encore actif en tant que jônin et qui était chargé de diriger l'équipe de surveillance de la Voie illusionnée pendant l'arrivée des délégations.
Ma sensei envoya une boule de sable conséquente vers le mur, créant une marionnette humaine de sable. C'était la cible ?

- Je vais essayer de vous renseigner en douceur alors, sur l'homme de sable je peux ? souriais-je.

Cela ne semblait pas la déranger alors je m'exécutais. Ma main droite malaxait du chakra assez rapidement, un mélange de fûton et de chaleur. Mais avant ça je voulais essayer quelque chose. J'envoyais une rafale de fûton qui vint projeter le "clone" de sable par son flanc droit. Puis je m'élançais sur sa trajectoire pour y exécuter mon Shougeki Yakedo à environ cinq mètres de lui. Un choc de futon brûlant partit de ma paume jusqu'à la cible, l'impact était assez brutal grâce au fûton. Ici ce n'était pas un corps humain mais j'espérais au moins l'avoir détruit avec cet enchaînement, ou avoir transformé en verre une partie de son corps pour qu'il se brise. Un humain aurait eu la peau brûlée et rongée de façon circulaire sur environs soixante centimètres.

HRP:

Les papiers importants ou objets précieux du clan étaient déjà dans un lieu sécurisé qu’elle nommait affectueusement les Ruines. Les nombreuses galeries, la fidélité de ses Gardiens ou encore la possibilité de modifier à son gré chaque réseau rendaient ce lieu tout simplement peu violable par quiconque, même par un Kawaguchi. A Ce jour, la seule qui avait une connaissance poussée de ces lieux, c’était elle. Petit épilogue fini, revenons à ce fameux entraînement.

Malheureusement, par un tour du Destin, cette dernière allait être avortée bien vite : une lettre de la part du Bras droit n’allait pas tarder à lui être transmis. Un Shinobi s’approcha de la demeure de la cheffe de clan, indiqua l’objet de sa visite aux deux gardes gardant l’entrée, et se fit guider jusqu’à la blonde.

- Dame Kawaguchi, voici un message de la part du Bras droit du Kazekage, dit-il solennellement, en y appliquant forme et ton.

Elle récupéra le parchemin, et en commença la lecture. Depuis qu’elle était cheffe de clan, elle tentait de garder sans froid, et neutralité dans ses expressions – et surtout à la lecture d’un document. Cependant, certains mots rendaient la chose bien compliquée. C’est donc, après un froncement de sourcils, qu’elle retrouva son calme et qu’elle s’approcha de Tetsui.

- Malheureusement, notre entraînement prend fin bien tôt. Je viens de recevoir une lettre, pour ta nouvelle affectation d’équipe. Tu as l’honneur de faire partie de la nouvelle équipe du Bras Droit du Kazekage, Kibo. Il semblerait que tu faisais déjà partie de son organisation, et qu’il te connaisse bien par conséquent. Tu ne trouveras pas meilleur professeur, dans ce cas-ci.

Elle abaissa bien vite ses modèles de sable, et commença à conduire tant le garde que l’élève perdu vers la porte. Chacun allait rejoindre une autre existence, et une autre vie. Ils allaient vaquer à de nouvelles aventures, autre que la sienne. Peut-être que ce jeune Yamada aurait-il plus de chance de grandir auprès de Kibo ou, au contraire, à l’image de son maître, deviendra un être dépourvu de toute curiosité dont les promesses n’étaient que mots.

- Je me permets de te donner un seul conseil, Tetsui. Suis souvent ton instinct, et fais ce qu’il te dicte même si la raison te dira le contraire. Inconsciemment, on sait toujours ce qui est juste, ou mal.

Sur ces mots bien mystérieux, elle clôtura là cette relation maître-élève à peine commencé.

Spoiler: