Au pays du Vent, le temps était comme figé. Tous les jours, le soleil tapait sur les têtes et tous les soirs la fraîcheur de la nuit glaçait plus d’un jusqu’aux os. La notion de saison était inexistante et voilà des années que Tsukiko avait perdu l’habitude de tenter de savoir en quelle saison se trouvait-elle. Cependant, un tel climat figé était rare et une grande partie des nations et des pays avaient encore des saisons et subissaient tout autant les caprices de l’une et de l’autre. L’Eté était-il favorable aux récoltes ? L’Hiver avait-il été rude ? Des questions qu’elle n’avait plus entendues depuis son arrivée à Suna. Des questions qu’elle réentendait fréquemment lors d’une simple et banale mission.

Apparemment, un groupe de chasseurs souhaiterait la présence d’un ou deux ninjas. A priori, quelques Genins auraient suffis mais il y avait cette histoire de lézard géant ou de Genins mutilés. Tsukiko avait été très attristé par l’affaire et aurait volontiers voulu aider pour l’enquête malheureusement, suite à quelques mésaventures personnelles, elle avait refusé d’en faire partie. Ainsi, on l’avait davantage assigné comme garde du corps à une petite bande de chasseurs un tantinet apeuré par une éventuelle rencontre. Etait-ce dû à un manque d’effectif ou à l’attention de Kioshi, toujours est-il que son coéquipier n’était personne d’autre que Saibogu Rantan, un Jonin qui avait eu le don de l’énerver … Elle n’avait toujours pas accepté l’idée qu’il n’ait pas partagé ses informations sur le parchemin. M’enfin, voilà un détail qu’elle avait un tantinet oublié et qui, dans l’heure, n’était plus vraiment sa priorité.

Le voyage jusqu’à Kawa no Kuni, et la demeure du « client », avait été fait sans encombre. Aucun grain de sable voltigeant bizarrement, aucun cauchemar entraînant des réveils en sueur ou à coup de cri, aucune attaque involontaire envers l’allié … A priori, elle avait su rester « calme ». Etait-ce dû aux médicaments donnés par les médics-nins de Suna ou dû à ses propres médicamentations ? Elle en savait rien, et préférait ne pas savoir. Elle continuera les deux en parallèle, quitte à ce que cela l’assomme royalement.

« Je ne vais pas combattre, juste jouer la nounou à priori » se disait-elle à chaque fois.

Sa constante concentration sur ses faits et geste – et son chakra -, son travail continuel sur la domination de tout sentiment allant d’une trop grande joie à une trop grande peur, et les médicaments eurent tout de même raison de l’ambiance. Durant tout ce trajet à deux, elle avait à peine parlé. Elle n’avait ouvert la bouche que pour signaler tel ou tel danger mineur – serpent, scorpion etc … -.

Même lors de la rencontre, elle se contentait de dire le minimum. Présentation, mission, carte sur les destinations des prochains jours pour la chasse … Dès qu’elle eut toutes les réponses, elle alla s’exiler dans la terrasse de la demeure. Elle n’avait pas faim et n’était guère envieuse de faire partie d’un quelconque repas « familial ». Familial car il y avait bien le père, la mère et les trois enfants dont l’un en très bas âge.

Un regard dans son dos pour s’assurer que personne n’allait la rejoindre, elle enleva un de ses gants, prit un kunai même et pointa le bout de celui-ci légèrement sur l’index. Elle avait mal et elle saignait. Elle n’était donc pas dans cette stupide illusion. Etait-ce maso ? Peut-être bien, mais c’était sa seule assurance qu’elle était dans le « vrai » monde et non prisonnière d’une vieille folle. C’était devenu presque un rituel quotidien depuis quelques semaines. Elle remit ses gants et rangea le Kunai.

- La mère ne semble pas du tout à l’aise à l’idée que son mari et son premier fils aillent chasser. M’enfin, ça va, on est loin de la zone où les corps des GEnins ont été retrouvé… elle n’aura pas à s’en faire. Allez, faut dormir, une longue journée nous attend.

Et elle s’éloigna, prête à rejoindre la chambre qu’on lui avait allouée. Elle avait pu convaincre la matrone de la maison que le canapé serait suffisant. Quant à Rantan, on lui avait attribué la chambre avec les deux premiers enfants, soit deux garçons. Un d’une quinzaine d’années et l’autre de sept ans des plus turbulents.

Et c’était reparti pour une soirée où elle allait passer en revu chaque projet en cours pour d'éventuels améliorations ou besoins entre deux bouffées de sa clope aux parfums fruités - et aux ingrédients douteux - avant de sombrer dans un sommeil court, profond et sans rêve ni cauchemar grâce à quelques médicaments.

Elle ne savait pas vraiment quelle image elle s’était donnée lors de leur première rencontre, toujours est-il que Rantan avait plus ou moins compris qu’elle n’était pas très concentrée. Il n’hésita pas donc à le faire remarquer ou encore à lui demander d’être dorénavant plus attentive.
 
« Je suis concentrée sur la sécurité de ces gens » se dit-elle, affichant une mine plus sombre suite à la dernière parole du brun. Effectivement, elle l’était : elle faisait tout pour s’assurer qu’elle ne perdait pas contrôle de son propre chakra – et donc de son sable – et qu’elle ne s’attaquerait pas stupidement et inconsciemment aux chasseurs. En somme, comme lui, elle était concentrée sur la protection de ces personnes sauf que si le Jonin craignait une attaque exétieure, Tsukiko se craignait elle-même.
 
Elle s’était donc contentée d’hocher la tête et de ralentir un peu pour être derrière le groupe. Rantan n’aurait qu’à surveiller les devants, et Tsukiko les arrières. Par la même occasion, elle pourrait – peut-être ! – échapper un peu à sa vigilance. Elle n’avait aucunement envie de se confesser à qui que ce soit.
 
Si le début du chemin fut sans peine, la suite était une toute autre manche. Ils s’étaient dirigés au Nord du Pays, là où il y avait un massif rocheux et prenaient la direction d’un mont – pas le mont où les Genins avaient été retrouvé mutilés évidemment ! -. Autant dire qu’il fallait sans cesse monter encore et encore. Enfin, plus ils montaient, et plus elle avait du mal à respirer.
 
« Ça doit être la hauteur » finit-elle par se dire, lorsque le tournis passager disparut. Cependant, à peine ce mal avait-il disparu qu’une tout autre sensation désagréable s’empara d’elle. Elle avait la sensation que quelque chose les observait et les suivait. Elle était soudainement prise de doute. Ressentait-elle vraiment cette présence ou était-ce son imagination délurée ? Plus important, si présence, était-elle la seule à la ressentir ?
 
Suite à une expérience récente – et des désagréables - , elle avait développé beaucoup trop vite cette « sensorialité ». Cependant ce n’était clairement pas un art qu’elle pouvait maîtriser à l’heure actuelle des choses. Entre son sable qui agissait au gré de ses caprices indépendamment de la situation dangereuse ou non dans laquelle elle se trouvait et ses propres peurs et handicaps à l’idée d’utiliser le sable, elle n’avait clairement pas le temps de se consacrer à un troisième art ninja. Ainsi, pour le moment, elle se contentait des quelques « sensations » ou « informations » qui ne cessaient de converger vers elle naturellement et sans aucun contrôle de sa part. Cependant, contrairement au désert qui était qu’une étendue du sable, ici c’était avant tout de la roche. Elle n’avait donc pas autant d’informations en continu comme à Kaze no Kuni.
 
Elle espérait sincèrement que ce n’était qu’un mauvais sentiment et rien d’autre. Malheureusement, durant toute la chasse, cette sensation ne l’avait pas quitté. Une sensation qui finit par la mettre sur les nerfs au point de sortir un Kunai et balancer dans un buisson, là où la « présence » semblait plus forte. Aussitôt elle s’y dirigea … pour récupérer un lapin tué sous le coup.
 
Les chasseurs rigolaient et la félicitaient sur cette chasse. Elle se contentait de soupirer, de récupérer son Kunai et continuer sa route sans un mot ou regard au groupe. Qu’ils continuent leur chasse et la laisse en paix …
 
La soirée arriva trop vite pour les chasseurs – et pas assez vite pour Tsukiko – et un petit campement commençait à se mettre en place. Cette activité la surprit.
 
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de camper dans les montagnes suite aux derniers meutres , jugea-t-elle bon de signaler.
- Vous parlez comme nos femmes. C’est à cause d’elles qu’on a tous cotisés pour obtenir les services de Suna, pour nous « protéger » au cas où. Sincèrement, on a rien à craindre. Ça doit être juste un malade, et on est loin du Mont Kagan, là où y a eu les meurtres.
 
Tout le monde acquiesça et l’un proposa une bière aux deux ninjas.
 
- Je suis en mission, se contenta-t-elle de répondre en prenant son sac pour faire un premier tour dans la forêt Je vais juste inspecter les environs, lança-t-elle à Rantan sans grande conviction.
 
Ces chasseurs lui donnaient de vrais boutons, et mettaient ses nerfs à bout. Or, son médecin avait bien indiqué à la demoiselle de se tenir loin de toute source de « colère » ou stress « intense ». Il fallait qu’elle reste calme. Elle reviendra que lorsqu’ils seront assommés, profondément endormis. Elle profita de ce moment de solitude pour prendre ses médicaments. Aussitôt, un court instant certes, cette sensorialité disparut, terrassée par les effets de ces « calmants».
 
Cependant, malgré les médicaments, cette étrange présence se fit à nouveau ressentir – et un bref instant – dans une direction précise. Une direction qu’elle emprunta pour tomber nez à nez avec des loups. Quatre loups pour être précis. Le secret en étant ninja ? Un Jutsu puissant ? Non. Fuir ? Non. Monter sur un arbre rapidement, et cueillir un à un les loups jusqu’à ce qu’ils fuient. Elle en eut deux avant que les deux autres ne se décident à fuir.
 
Elle revint au campement, encore plus fatiguée qu’avant. Les rires fusaient à son grand désarroi – ne risquaient-ils pas d’attirer la « chose » si elle existait ou alors le fou qui commettait les meurtres atroces ? – mais tout le monde se calma un tantinet à son arrivée. Il semblerait que la présence d’une « femme » gênait leur rituel masculin.
 
Elle comprit bien vite le message et s’en tint à son plan initial, soit quitter le campement pour un tour de garde jusqu’à ce que tout le monde soit endormi. Elle fit une première ronde, ne remarquant rien. Une autre, de même. Elle ne savait pourquoi mais elle retourna sur le lieu où elle avait tué deux loups. Souhaitait-elle entasser les carcasses ou les ramener au campement pour en faire quelque chose d’utile – au moins - ? Elle-même ne savait pas.
 
Lorsqu’elle arriva sur les lieux, elle fut … interdite. Les loups morts avaient été déchiquetés en mille morceaux. Elle aurait voulu dire que les tripes sortaient mais elle ne saurait dire où était la patte et où était la tête tant c’était un pêle-mêle de sangs et de fourrures. Elle aurait bien voulu suivre d’éventuelles traces mais elle n’était pas une experte de « chasse » et encore moins une femme apte à se défendre convenablement.
 
Sa maîtrise du chakra était un tantinet instable et imprévisible. Elle retourna au campement, prête à persuader les autres qu’il serait bon de quitter les lieux. Par contre, cela sous-entendait les réveiller. Ils dormaient tous à poing fermés, sauf Rantan forcément.
 
Elle s’approcha de lui.

- Il faut qu’on parte. D’urgence. J’ai … tué des loups lors de mon premier tour. Un simple Kunai dans la tête. Deux loups morts au total. Lorsque je suis revenue sur le même lieu plus tard… ils ne ressemblaient plus à rien. Déchiquetés, éventrés … ce que tu veux. Peut-être que notre « Lézard Légendaire » rôde dans les parages. Ils sont en danger, nous le sommes. Rentrons ! annonça-t-elle.
- C’est bien une femme ça à avoir peur tout le monde, annonça un des chasseurs pas si endormi que cela. Ecoutez, on a des bêtes qui se nourrissent de charognes. Voilà l’explication.
- Je ne pense pas, répliqua-t-elle avec force. Il y a un truc bizarre ici et je pense qu’il serait sage de reporter le rituel pour plus tard.
- Nous sommes dans une forêt. Y a des loups, y a des ours, y a des lapins et des oiseaux et pleins de bêtes qui regardent. Nous sommes pas dans le désert où y a rien qui nous observe.
 

Une discussion qui donna lieu à un tapage qui réveilla tous les autres dormeurs. Le chasseur rapporta les paroles de Tsukiko, en agrémentant le tout de ses propres commentaires. Certains étaient d’accords avec lui, d’autres non. Certains voulaient rester, d’autres non. Finalement tout le monde se retourna vers Rantan, la « grande » autorité de ce groupe.

- Je sais qu'il y a un risque, et tu as un point en disant qu'on devrait repartir. Mais c'est notre boulot de jouer les gardes du corps, et cela implique rester avec eux tout le long de la chasse sans interrompre leurs habitudes. Maintenant va dormir, tu sembles tendue et fatiguée, je m'occupe de la surveillance.

Sa mâchoire se crispa, son torse se gonfla, ses yeux lancèrent des éclairs … tant de signe qui indiqua que la blonde n’était absolument pas heureuse de la décision du Saibogu. Il était certain qu’à eux deux, ils pourraient protéger ce groupe de chasseurs. Tsukiko était moins sûre en raison de son « handicape ». Peut-être devrait-elle en parler avec Rantan ? Cette perspective l’énervait encore plus.

Cette mission, de base, n’était que d’escorter ces chasseurs et non d’avoir à vivre avec le danger !

Sa nuit fut donc des plus agitées. Les médicaments calmaient beaucoup de ses sens, les « anesthésiants » presque mais malheureusement, ils avaient peu d’effet sur les cauchemars. Se connaissant très bien, elle alla établir son petit campement à l’écart de tous, afin qu’elle puisse se réveiller en bond sans que quiconque en soit témoin.

Et c’est ce qui arriva. Un autre cauchemar. Un autre réveil en sueur. Un autre réveil aux joues noyées par une larme ou deux. Elle essuya le tout et se tapota les joues à plusieurs reprises. Il fallait qu’elle se reprenne. Elle n’était pas chez elle et encore moins en journée de repos. Elle était en mission. Il fallait qu’elle assure ne serait-ce qu’un peu.

- Aujourd'hui tu marcheras devant. Si y'a effectivement un gros lézard qui traine, je préfère rester derrière et avoir une vue d'ensemble du groupe.
- Très bien, se contenta-t-elle de répondre, les yeux cernés et le teint pâle.

Cependant, son teint n’était pas plus blanc qu’hier. Elle était ainsi depuis quelques jours dus à ses nuits agités par les cauchemars. En étant à la tête du groupe, elle ne put s’empêcher de penser à la mission. Elle ne pouvait pas prétendre être une Chunin en pleine possession de ses capacités avec un groupe d’une telle « ampleur ». Seule, elle aurait accepté de courir le risque – persuadée que le Jonin saura prendre soin de lui-même parfaitement -, mais elle ne l’était pas précisément.

Elle profita des premières chasses, lorsque le groupe s’éloigna sur une zone bien délimitée, pour s’approcher de Rantan, prête à faire quelques confessions sur ses « capacités ».

- Ecoute, je ne peux pas faire cette mission dans cette condition. La mission était une simple escorte et non celle de rang A qui dit qu’il faut en connaître les coupables. J’ai … quelques soucis avec … mon chakra. Ou ma maîtrise de clan. Je ne maîtrise plus vraiment mon sable. Je ne suis pas vraiment en pleine possession de mes capacités et … C’est un trop grand risque pour tout le monde.

Elle était prête à ce qu’il engueule ou qu’il exige de plus amples informations. Tant qu’ils partaient de là et que les chasseurs étaient réellement en sécurité, elle s’en fichait. Soudainement, elle devint encore plus pâle qu’elle ne l’était. Quelque chose clochait.

- Quelqu’un s’est éloigné de la zone … finit-elle par dire à Rantan. Okay … comment expliquer. Ma « sensorialité » s’est … trop vite développée. Je ne la maîtrise mais, j’ai quelques informations comme ci comme ça. ET l’un est qu’une personne s’est … éloignée ou a disparu. Sa présence. Il faut réunir tout le monde !

Aussitôt dit, aussitôt elle s’activa à la tâche sans un regard supplémentaire au Jonin. Les chasseurs se réunirent à contre cœur mais très vite la panique s’installa. Le plus jeune du groupe était abonnés aux absents. Aussitôt les chasseurs accusaient l’autre « il avait dit être avec toi, tu avais dit qu’il était avec toi … etc ».

- Mon fils … Me dites pas qu’il a été capturé par cette « chose » ou ce « fou », demanda le père du jeune.

Tsukiko ne put rien répondre, lançant un regard sous-entendu à Rantan. Il pouvait avoir été capturé comme s’être perdu comme s’être fait tuer par quelques bêtes sauvages. Cependant, la première hypothèse était la plus plausible. La disparition avait été faite avec discrétion, rapidité et professionnalisme. En effet, il y avait tout de même un Jonin ainsi qu’une Chunin – quoique, moitié Kunoichi à l’heure qu’il est -.

Aussitôt le groupe s’enflamma, promettant de retrouver l’enfant et de mettre fin à la vie de quiconque l’aurait « kidnappé ». La peur de ne pas le retrouver, ou le retrouver mutilé comme les précédents Genins, était extrêmement présente, presque palpable dans l’air. La colère était la voisine de porte également.

Il fallait faire quelque chose et à nouveau, elle laissa le Jonin s’en chargeait. Il semblait avoir meilleur réputation qu’elle.

Elle s’approcha de lui pour lui susurrer quelques paroles.

- Notre mission est d’escorter et non tuer cette chose. Mais … Je pense qu’on va se charger de cette mission de Rang A qui attendait sagement une autre équipe hein ? demanda-t-elle.

Finalement, la question n’était pas vraiment une question mais davantage une constatation. Elle ne pouvait pas partir et abandonner cet enfant au destin inconnu. Par conscience … Par contre avec une sensorialité volatile et un chakra extrêmement instable, jusqu’où ira-t-elle ?

Tsukiko pouvait comprendre la « colère » du Jonin et préférait donc se taire, attendant que l’orage Saibogu passe. Cependant, il n’eut guère le temps de s’y attarder, demandant aussitôt si d’autres personnes étaient au courant.

- Peu …

Très peu de personnes l’étaient. Kioshi avait des doutes sur sa maîtrise imparfaite mais il semblait mettre cela sur le compte d’un petit traumatisme temporaire. Or … le traumatisme continuait, et s’aggravait de jour en jour. La sensorialité ? Elle ne voulait même pas se pencher à ce sujet. Cet art lui pompait continuellement du chakra, à tenter de localiser chaque petite bête, et ne cessait de remplir son esprit et ses sens de mille informations inutiles et futiles. Cependant, voilà un afflux d’informations qui s’était calmé, loin de tout ce sable.

Elle voyait enfin une « limite » … qui tombait mal. A cet instant, elle aurait voulu une étendue de sable pour savoir où le petit était. A peine y avait-elle pensé qu’une nuée de sable s’échappa de ses mains, produite directement à partir de son chakra. Pendant que Rantan ou les autres tentaient de comprendre ce qui s’était passé, ou localisaient l’enfant, TSukiko observait ces mains produisant constamment du sable.

Elle ferma les poings mais rien à faire. Le sable était généré encore et toujours et commençait à s’éparpiller autour d’elle. Une maîtrise soudaine qui s’arrêta lorsque Rantan vint se poser à ses côtés. Elle fut surprise par la voix, abandonna un court instant son sable ou son chakra.

- Je ne contrôle pas mon propre sable. Comment veux-tu que je maîtrise un nouvel art … auquel je m’y attendais pas ?

Il était sacrément drôle à exiger qu’elle maîtrise quelque chose de totalement nouveau alors que les bases dérapaient et partaient en vrille en un claquement de doigt. A peine s’était-elle un tantinet énervé qu’une autre petite et fine nuée de sable l’entoura.

« Stop, stop, stop » se répéta-t-elle, inspirant et expirant longuement, calmant ses nerfs mis plus ou moins à rudes épreuves. Décidément, elle aurait dû attendre sagement, cloîtré entre quatre murs, répondra absents au manque d’effectifs …

Elle prêtait à peine attention au groupe ou à Rantan, se concentrant sur son propre souffle. Elle craignait d’entendre une mauvaise nouvelle, et de perdre tous ses moyens… et finalement il n’y eut pas besoin. Aucun corps mutilé, aucune trace de sang. C’était bon signe. Normalement.

« Il est toujours vivant, peut-être ». Un peut-être qui laissait place à de l’espoir encore.

Et … bruit n’était causé par rien d’autre qu’un simple caméléon. Un lézard fort étrange qui fixait ce groupe avec ses yeux globuleux, n’ayant guère peur. Pour une raison inconnue, ce regard ne plaisait guère à la demoiselle. Elle était nerveuse … et la nervosité lui faisait faire des choses. Le sol sous la bête se craquela pour laisser place à une petite étendue du sable, qui l’engloutisse petit à petit… Jusqu’à un événement inattendu.

Les feuilles s’animèrent, comme suite à un vent soudain, et une branche même d’un arbre s’arracha. Etait-ce dû à la douleur ou à la volonté d’effrayer autrui, toujours est-il que la force invisible se matérialisa sous les traits d’un lézard géant.

Il semblerait que Tsukiko avait eu la mauvaise idée de s’attaquer au bébé … d’une invocation.

« Et merde » se contenta-t-elle de commenter, tentant d’ériger un premier mur de sable contre la bête et son poing menaçant. Que dire ? Elle n’avait pas concentré suffisamment de chakra, et le mur était donc des plus fins … Il céda sans problème et la chose put envoyer valser la blonde au loin. Récupérant son « bébé », ou compagnon, la chose voulut prendre retraite.