Music ♫:

Je ne savais plus où j'étais ni même qui j'étais. Depuis que j'avais quitté le bar et Shinji je n'avais eu de cesse de ravaler mes larmes en route, bousculant sans retenu les passants que j'avais pu croiser mais je ne pouvais plus me retenir. Me cachant dans une ruelle déserte je plaquais mon dos contre un mur et me laissais glisser sur le sol tout en laissant éclater ma tristesse, étouffant mes sanglots dans mes manches. Qu'est-ce qui me faisait le plus mal ? Avoir perdu Oniri ? Avoir succombé à la pernicieuse Megami ? Avoir perdu Shinji ? Me retrouver seule une fois de plus ? Livrée à moi même alors que je m'étais habituée à leurs sourires et leurs présences chaleureuses ?!
C'était tout cela à la fois et bien plus encore. J'avais perdu une part de moi même à travers chacun de ces événements, me laissant en proie aux idées noires.

Pourtant, j'en étais consciente, je devais continuer de me battre ! Je ne pouvais pas juste me lamenter et laisser Megami consumer mon humanité. Je ne devais pas me laisser aller et laisser mes faiblesses m'écraser sous le poids de la culpabilité. Mais alors que devais-je faire alors même que le fil de mes pensées était brouillé à m'en donner des maux de tête que je ne parvenais même pas à chasser avec ma maîtrise. Je devais me reprendre !

Le flot de ma tristesse s'étiolait peu à peu, ne laissant que des sanglots silencieux alors que ma peine elle, était infinie. Je devais m'en sortir mais je ne pourrais pas y parvenir seule... Je l'avais bien compris... Je tâchais donc de recentrer mes idées, me remémorant les moments où l'on m'était venus en aide ou pensant aux personnes les plus proches de moi. Oniri et Shinji … Tout était fini avec la première quant au second j'étais perdue mais notre au revoir avait davantage sonné comme un adieu et une rupture de notre lien... Ogami n'était pas au fait de ces choses là et je ne voulais pas lui dévoiler mes faiblesses : pas avec lui. Tsukiko était elle même tiraillée par ses propres soucis : inutile d'alourdir sa peine. Il me restait Kioshi. Celui qui m'avait ordonné d'aller trouvé quelqu'un lorsque ça n'allait pas plutôt que de m'enfermer dans mon désespoir.

Est-ce que c'était une bonne idée ? Je ne prenais pas vraiment le temps de répondre à cette question car j'avais déjà séchée mes larmes, déterminée à aller le trouver. J'ignorais s'il était au Kakumeigun mais c'était le seul endroit où je pouvais espérer le trouver, ne sachant pas où il habitait. Mon esprit était embrumé et confiné par ma rancœur.

J'avais des responsabilités : je devais m'y raccrocher pour ne pas défaillir. Il me restait encore des amis : je devais tout faire pour les conserver sans quoi la pernicieuse solitude que j'avais toujours connue auparavant m'étreindrait dans son linceul funeste.

J'atteignais finalement le Kakumeigun, m'engouffrant entre ses murs que je connaissais désormais par cœur. Sans même frapper, j'entrais à toute volée dans le bureau de mon chef et surtout ami. J'ignorais s'il était là mais je l'espérais sans quoi j'allais finir par m'effondrer une nouvelle fois dans son bureau. Toutefois il était là. Debout devant sa fenêtre en se retournant sur ma brusque entrée. Le simple fait de le voir me faisait monter une nouvelle fois les larmes aux yeux qui s'écoulèrent abondamment tandis que je me jetais dans ses bras. Je m'accrochais à lui, l'étreignant aussi fort qu'il l'avait fait à l'hôpital : il était mon ami et aussi l'un de mes derniers espoirs d'échappatoire.

Music ♫:

Le silence n'était comblé que par les échos de mes sanglots alors que j'enfouissais mon visage embués de larmes, contre Kioshi. Il ne disait rien et il n'avait rien besoin de dire. C'était exactement comme ce que je lui avais moi même dit quelques temps plus tôt : il pouvait venir me trouver sans mot dire pour alléger sa peine, je ne chercherais pas à savoir ce qu'il se passait... Oui c'était moi qui le lui avait dit et c'était moi la première à m'en servir...

Ses bras se refermèrent autour de moi tout en m'octroyant la chaleur réconfortante qu'il était capable d'insuffler. C'était ce dont j'avais besoin : d'une présence et pas n'importe laquelle. Quelqu'un sur qui je pouvais me reposer et m'assurer que je comptais toujours aux yeux de certains et que je n'étais pas seule comme tout le monde semblait vouloir me le faire comprendre ces derniers temps. Je n'éprouvais nulle honte, pourtant mise à nue, devant mon chef, lui exposant mes faiblesses comme j'avais horreur de le faire : c'était parce qu'il ne s'agissait pas du chef mais de l'ami que je venais voir. Je lui faisais confiance. Je savais qu'il ne me jugerait pas et qu'il faisait partie des personnes devant lesquelles je pouvais exposer ma vulnérabilité.

Apaisée dans ce cocon chaleureux, mes soubresauts et mes sanglots finissaient par s'amoindrir alors que mon étreinte restait ferme comme-ci je me raccrochais à lui avec la peur de le perdre également. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine et mon visage, flanqué dans son cou, laissait entrevoir mes yeux désormais ouverts et humides : je m'étais calmée. La tempête n'était que repoussée, je le savais mais je n'étais plus seule face à cela. Mes amis étaient là.

Ma tête me faisait mal et je ne parvenais pas à gagner ce combat. Je la sentais me gangrener un peu plus même maintenant, profitant de mon désarroi pour tenter de prendre ma place. Même lorsque je paraissais calme, je luttais intérieurement pour parvenir à garder le contrôle. J'y parvenais parfaitement, lorsque je n'étais pas affaiblie ou vulnérable.
Mes sanglots interrompus, je restais de longues minutes sans rien dire, en restant juste comme ça, dans ses bras, remettant de l'ordre dans mes idées. J'avais envie de reculer et de lui adresser un sourire larmoyant pour le remercier et pour montrer que ça allait mieux mais je ne le pouvais pas car cela reviendrait à faire semblant pour dissimuler ma peine. En revanche, sa présence m'aidait à me battre.

Je ne pouvais pas affronter son regard, c'est pourquoi, tout en restant dans ses bras je m'exprimais d'une voix cassée par la tristesse :

« Merci d'être là. Je savais que tu serais là. »

Il était mon ami et non plus mon supérieur en cet instant, je n'avais donc aucune envie de mettre de la distance entre nous par un vouvoiement que je respectais pourtant toujours consciencieusement à son égard.

« Je suis perdue... »

C'était bien la seule chose que je pouvais lui dire dans une voix presque semblable à un murmure. Il connaissait une bonne partie de mes problèmes désormais, ce qui rendait les choses plus simples.

« Oniri... maintenant Shinji... Et Megami... »

Ma vie prenait un tournant que je ne comprenais plus et ne contrôlais plus. Mes amis et amours me délaissaient, attisant mon désespoir et libérant de la place pour ma Némésis. Parfois ils avaient connaissance de sa présence mais ne faisaient rien pour la repousser : pire encore, ils l'a préféraient... Je ne savais plus quoi faire. Ils me tournaient tous le dos à cause de mon entité, d'une façon ou d'une autre, mais je ne parvenais qu'à la maintenir éloignée tout en flanchant parfois, tentant de me relever bien vite pour ne pas me laisser consumer par sa rage infernale.

« Penses-tu qu'il y a une raison de se battre lorsque l'on apprend que ce que l'on combat chaque jour depuis plusieurs années, est en fait préféré par rapport à celle que je suis réellement ? »

Mon esprit demeurait vide face à cette révélation qui me secouait.

« Que faire lorsque les personnes en qui j'ai confiance me délaissent ou préfèrent me laisser me débrouiller devant mes appels au secours ? »

Mon changement de comportement était en soi un signal de détresse pour les personnes qui connaissaient l'existence de Megami et qui m'étaient donc proches.

« Je ne sais plus celle que je dois être pour les garder... Je ne suis pas seule, je le sais, mais aucun d'eux n'a l'air de me comprendre... Bien que je suis entourée je me sens affreusement seule... »

J'essuyais mes yeux larmoyant d'un revers de main.

« Je me suis toujours débrouillée par moi même sans vouloir dépendre des autres, m'enfermant dans la solitude. Et maintenant que j'ai découvert les sentiments, l'amitié et ce que cela implique, j'aimerais pouvoir m'y reposer pour avancer mais on ne me le permet pas... »

Ces mots moururent aux bord de mes lèvres, alors que je prenais véritablement conscience de tout ce que je venais de dire et que je venais de comprendre... J'enfouissais une nouvelle fois mon visage dans le creux de son épaule, fuyant l'implacable vérité.

Kioshi n'évoquait que les noms de ceux dont il ignorait en quoi ils constituaient mon désarroi. Bien sûr il devait bien se douter que j'évoquais Megami car elle me devenait difficile à gérer. En revanche, je ne savais même pas s'il connaissait vraiment Shinji et il ignorait tout du lien qui m'unissait – ou m'avait uni – à lui.

« Shinji est mon petit-ami ou ce qui s'en rapproche... Je ne sais pas trop comment définir notre relation. Et Megami... J'ai passé plusieurs jours à être plus elle que moi-même ces derniers temps... Je viens de retrouver un tant soit peu mes esprits mais tout reste confus... Peut-être sera-t-elle capable de reprendre le dessus prochainement... »

Plus que tout, c'était la suite qui expliquerait tout mais c'était également la suite qui s'avérait le plus douloureux à expliquer. Toutefois, je ne trouvais pas le courage de lui dire, pas encore. Je le laissais donc me parler et m'expliquer que je devrais changer de personnes qui m'entourent si elles me laissaient pour compte, le tout en raffermissant son étreinte. Il s'écarta doucement, posant son front contre le mien en rivant son regard dans mes pupilles vermeilles, me confiant qu'il préfère l'actuelle Yami et qu'il empêcherait tous ceux qui veulent s'opposer à mon combat contre moi même. Deux nouvelles larmes roulèrent de mes yeux humides, sondant toute l'intensité de ses yeux qui témoignaient de sa sincérité. Je ne savais que dire face à son soutien sinon l'apprécier. Cette marque d'affection me faisait émettre un soupir alors que je trouvais le courage de me lancer à lui expliquer la situation.

« J'ai été voir Shinji suite à sa demande parce qu'il souhaitait que je lui rende service... Mais je n'étais pas moi même, différente, beaucoup plus hautaine, provocatrice... Megami quoi. Shinji connaît l'existence de mon entité et il a dû bien remarquer que mon comportement prouvait que je n'étais pas moi même mais... Au lieu de s'en soucier, il a profité de la situation pour finalement m'apprendre qu'il s'était rendu compte de mon changement de personnalité mais il m'a fait comprendre qu'il préférait presque Megami à moi même... »

Je sentais quelque chose se briser en moi à ce simple constat, une nouvelle fois.

« Il n'a fait que profité de la situation sans même chercher à savoir ce qui m'était arrivé... Peut-être est-ce que ma faute quelque part... Peut-être qu'il a baissé les bras face à mes problèmes... Je n'y connais pas grand chose mais... la confiance vouée à l'être aimé ne devrait-elle pas être au dessus des autres ? Alors pourquoi a-t-il réagit de cette façon... Pourquoi j'ai l'impression d'avoir le cœur comme un puzzle auquel on aurait retiré plusieurs pièces essentielles ? »

Mon regard se faisant insistant sur le sien :

« A quoi bon se battre finalement ? Tout semble plus facile lorsqu'on laisse faire les choses et qu'on se laisse simplement aller... Mais je ne suis pas comme ça...»

Toujours contre son front, mes yeux fixaient désormais le sol :

« Je ne veux pas la laisser gagner. Je ne veux pas perdre ceux que j'aime. »

Je n'éprouvais plus aucune honte à exposer mes faiblesses tant que je le faisais auprès de personnes de confiances : des amis.

« Pourtant, ils me filent entre les doigts sans que je n'y puisse rien. »

Une idée me traversa l'esprit alors que ce dernier était toujours embrumé par la présence encore palpable de ma Némésis.

« Apprend moi comment réagir avec les autres pour les garder... Guide moi en me permettant de t'observer... »

Que dois-je faire ? Comment dois-je faire et me comporter ?
Si je ne pouvais pas extraire Megami pour le moment, il m'était indispensable de comprendre les codes sociaux et les relations sociales sans quoi, même sans elle, j'agirais toujours d'une manière différente de celle que je devrais adopter : comme avec Oniri qui m'avait quémandé de l'aide et que j'avais fait taire : la saturant indirectement dans son malheur sans lui laisser d'autres échappatoires que la mort pour fuir ses problèmes.
Mon entité n'était pas la seule en cause puisque c'était moi qui éprouvait des difficultés à interagir. Il me manquait des connaissances cruellement handicapantes dans ce domaine puisque j'avais toujours tendance à me placer en priorité par rapport aux autres, ne souhaitant faire de sacrifices pour les garder si cela était au prix de ma liberté.
Mon regard, n'avait jamais brillé d'une telle intensité.

« Tu es important pour moi.»

Et c'était de toi et de ton expérience que je voulais tirer des enseignements.

Kioshi avait raison, une fois de plus : peut-être que Shinji ne m'aimait pas suffisamment pour parvenir à affronter celle que j'étais réellement. J'étais loin d'être un modèle de stabilité mais cela ne datait pas d'hier il le savait depuis longtemps alors pourquoi cela lui posait-il problèmes à présent alors qu'il avait su l'accepter auparavant ?
Je devais faire le tri dans mes pensées et garder les personnes que je jugeais en valoir la peine et auxquelles je tenais auprès de moi. Décidément, il s'avérait être de bon conseil.

Je le remarquais rougir lorsque je lui avais dit tenir à lui : est-ce que cela l'étonnait ? Ne s'en était-il pas rendu compte ? Visiblement non. Je pensais même l'avoir mis dans l'embarras plus que de raison où de l'avoir vexé par mes paroles lorsque je le vis reculer d'un pas. Mais mes doutes se dissipèrent bien vite lorsqu'il souleva son tee-shirt pour me révéler une cicatrice qui partait de son flan et semblait se prolonger dans son dos : une marque net d'un coup porté sans hésitation. Pourtant c'était une personne chère qui la lui avait infligé... Pourquoi ? Ce n'était pas mes affaires et je ne cherchais pas à jouer les inquisitrices, je l'observais et l'écoutais simplement et attentivement sur ses explications des différents types de personnes et leur fonctionnement.

Il s'exclamait qu'il n'était pas de bons conseils et pourtant voilà j'enrichissais ma maigre culture du sujet : j'avais envie d'apprendre et de savoir comment les gens fonctionnaient pour réagir de manière adapter en leur présence.
Je m'approchais de lui, franchissant le pas qui nous séparait en observant la cicatrice le questionnant alors :

« Est-ce que c'est douloureux ? »

Je ne parlais pas de la blessure déjà cicatrisé depuis longtemps mais plutôt de sa marque psychologique. Je m'en voulais après coup de lui avoir posé spontanément et naturellement cette question alors qu'il n'avait pas a entrer dans la confidence s'il ne voulait pas du coup je me taisais, le laissant poursuivre lorsqu'il m'expliquait que je ne devrais pas le lâcher d'une semelle tant que ma situation ne se serait pas améliorée. Je ne voulais pas abuser de son temps mais il me le demandait en temps qu'ami et de ce fait cela se montrait non négociable et je n'avais pas de raison de discuter. Toutefois, entre le fait d'être son ombre et de ne plus le lâcher, je me demandais bien s'il savait dans quoi il s'aventurait... Je n'avais pas envie de le priver de sa liberté en le suivant partout pour apprendre de sa personne tandis que lui veillerait sur la mienne...

Néanmoins, je ne pouvais cacher me joie suite à ses propos. Il se proposait de renvoyer Megami d'où elle venait et mieux encore : il n'avait pas peur de moi... Quel infini soulagement que d'entendre cela ! Pour autant, j'avais peur de moi même et j'avais surtout peur de blesser autrui malgré moi, comme cela avait été le cas pour Oniri. Pour autant, je faisais confiance à Kioshi et je savais que , de part sa puissance accrue par rapport à celle de ma meilleure amie, il serait à même de se défendre contre le monstre qui m'habitait et que j'incarnais à travers elle.

J'esquissais un faible sourire face à toutes ses paroles qui avaient eu le don de me mettre du baume au cœur. C'était plaisant, gratifiant et ô combien le bonheur que de se savoir aimée, entourée et soutenue.
Du bout des doigts, j'effleurais sa cicatrice tout en reportant mon regard sur lui, tout près de son visage :

« Ne me laisse pas t'infliger ça...»

Une parole lourde de sens. Agis en prévention, ne me laisse pas te faire de mal et t'atteindre et si tel doit être le cas : supprime moi pour que je ne puisses plus te nuire ni à toi ni à personne d'autres, ne me laisse pas te meurtrir et blesser mon cœur en même temps par un acte inconsidéré. Je ne supporterais pas et ne me pardonnerais pas de te faire ou de t'avoir fait souffrir...

Music ♫:

Kioshi n'était certes pas rentré dans le détail mais il s'était tout de même confié à moi en évoquant sa blessure : j'étais satisfaite d'être parvenue à le faire se confier sur son état un tant soit peu : je savais que cela lui coûtait. Lorsqu'il évoquait le fait que cela le brûlait tous les jours je comprenais qu'il s'agissait d'une façon détournée pour expliquer une blessure bien plus profonde et marquante que la cicatrice qu'elle avait laissé. Elle était synonyme de vestige du passé, parfois infligé par un inconnu sur un champ de bataille et alors ne demeurait que la souffrance physique, ou bien commise par une personne chère, une souffrance physique couplée aux affres psychologique qui eux, se montraient bien plus destructeur que tous le reste.

Sa main se posa sur la mienne, m'autorisant à toucher cette marque alors que je n'avais pas osé le faire de peur de le voir se crisper. Je sentais le relief irrégulier que sa chair avait tracé depuis qu'elle s'était reconstruite : même s'il parvenait à oublier cet instant douloureux, son corps lui, serait toujours là pour le lui rappeler...
Instinctivement, je recouvrais ma main de chakra médical pour tenter d'apaiser son corps meurtri mais je savais très bien que cela serait vain. Toutefois, à défaut, il pourrait recouvrir la marque d'un halo de chaleur bienveillante et caressante plutôt pour remplacer, l'espace d'un instant, cette brûlure lancinante qui l'accompagnait au quotidien. Mes yeux vermeils étaient rivés dans les siens alors que ma paume dégageait une énergie apaisante sur sa peau.

« As-tu pardonné à cette amie ? »

Je ne savais pas réellement quoi dire devant cette révélation mais au moins pouvais-je tenter de comprendre son ressenti et sa façon de réagir face à la situation. Aurais-je pardonnée ? Je ne le savais pas... Mon corps ne recelait aucun stigmate du genre, c'était moi qui avait infligé des cicatrices et parmi toute, une seule me marquerait à jamais : celle que mon entité avait fait subir à Oniri... J'imaginais aisément que son amie aussi s'était culpabilisée de cet acte pour qu'il lui pardonne et que cela n'entache pas leur amitié : j'aurais voulu qu'Oniri réagisse de cette manière à mes excuses mais elle était en droit de m'ignorer et de vouloir détruire tout vestige de notre grande amitié après tout : je ne pouvais pas l'en blâmer.

Sa seule faiblesse résidait dans le fait de ne pas pouvoir lever la main sur ses proches et donc signifiait qu'il me pourrait pas m'arrêter. Je lui adressais un mince sourire en le rassurant :

« Dans ces moments-là souviens toi que ce n'est pas moi mais simplement un monstre qui me fait souffrir et fait souffrir les autres et que tu te dois d'arrêter parce que je te le demande. Je souffre de ces méfaits, il ne faut pas la laisser faire... »

Comprendrait-il que s'il voulait m'aider et me sauver, il fallait m'arrêter et cela en la blessant à travers moi : ce n'était pas ma personne qu'il chercherait à atteindre mais la sienne. Ses doigts caressaient ma joue alors qu'il disait ne pas vouloir maculé ma peau. Je captais l'attention de son regard, sérieuse.

« Moi je préfère que ce soit mon corps que le tien. Le mien est vierge de toute marque et je serais fière de porter celle que tu auras réussi à m'infliger pour l'arrêter. Je me rappellerais alors chaque jour de mon combat acharné contre elle et de celui de mes proches. Une cicatrice ne serait pas synonyme de douleur mais de victoire dans mon cas : la victoire de ne mettre jamais laissé faire par elle. »

Je soupirais avant de le lui demander :

« Promet moi de l'empêcher de nuire...Par tous les moyens... »

Il était un shinobi reconnu du village et un haut gradé, il était à même d'arrêter ce démon.
Je lui souriais enfin, relâchant la pression alors que mes yeux demeuraient toujours légèrement humides :

« ça va mieux oui... En revanche, je ne peux te donner une tâche sonnant comme un fardeau supplémentaire alors que toi même possède tes problèmes. Souhaites-tu que je veille sur toi de la même manière ? »

J'émettais un grommellement avant de rectifier :

« Je me suis mal exprimée. Même sans ton accord je veillerais sur toi... »

Je marquais une pause avant de reprendre, le regard emplit de compassion :

« Toutefois, y-a-t-il quelque chose dont tu veux parler ou t'alléger ? Pourquoi cela devrait-il être à sens unique ? Après tout, je suis ton amie n'est-ce pas ? »

J'avais enfin compris ce que ce mot signifiait malgré ma maladresse et je voulais l'aider. Il savait très bien que je ne lui forçais pas la main mais je craignais qu'à force de lui dire qu'il pourrait me trouver plus tard et qu'il n'était pas obligé de l'évoquer maintenant, il n'en parlerait jamais...

Kioshi s'ouvrait un peu plus à moi : j'étais consciente de ce que cela représentait pour lui et de la confiance qu'il m'adressait donc. Après les larmes et la tristesse, c'était donc un sentiment de plénitude et de quiétude qui me traversait alors que j'écoutais le récit de mon ami. Je comprenais alors que cette cicatrice si douloureuse pour lui, avait été infligé par Zanshi. Me revenait alors en mémoire mon apprentissage de la médecine à ses côtés, alors que, sous l'effet d'un hallucinogène, il m'avait fait part d'un fragment de son passé houleux.

Je le toisais, attentive et compatissante alors qu'il s'asseyait sur son bureau, comprenant que sa relation avec l'Ecarlate n'avait pas été des plus simple et ne semblait pas vraiment aboutie... Je ne connaissais pas grand chose dans ce genre de domaine mais j'imaginais mal une relation partant sur des bases saines avec ce genre de début... Le fait qu'ils en soient ressortis plus forts, ensemble, prouvaient de leurs sentiments l'un envers l'autre mais pourtant, si tel était vraiment le cas, j'imaginais que je constaterais de plus de joie dans le regard du Yamada, tout comme j'apercevrais plus de sérénité et de bonheur dans celui de ma sensei et Kazekage...

Face à tous cela, sa promesse d'empêcher mon entité de nuire me passait au dessus. J'avais bien compris qu'il m'aiderait et je lui en étais bien évidemment reconnaissant mais son histoire me laissait un goût amer alors que je tentais de rassembler les éléments en ma possession pour comprendre... Les relations humaines et sociales étaient définitivement complexes...

Il m'expliquait ensuite qu'elle avait failli le tuer et lui l'avait trompé... considérait-il qu'ils étaient quitte ? Pour autant, il ne regrettait nullement son acte exprimant qu'il avait sans doute voulu se venger d'elle : pourtant elle n'était pas au courant.

« Tu sais... je ne suis pas vraiment très au fait de ce genre de choses mais je ne pense pas que tu as fait cela dans ce but ni dans un autre. Je pense que tu te sentais bien et que c'est le genre de comportement et d'attentions que tu aimerais avoir et ressentir auprès de celle que tu aimes... Tu espères juste de l'attention, de l'affection et de l'amour, que tu as été trouvé ailleurs puisqu'elle ne t'en offre pas. Donc non tu n'es pas un monstre : simplement humain.»

Je n'avais aucune idée de comment était leur vie à tous les deux mais c'était comme ça que je le percevais. Cette histoire me renvoyait un peu à moi même à vrai dire... Shinji me demandait de l'affection et de l'attention au quotidien alors que je ne pouvais que lui demander de faire preuve de patience, que je n'étais pas encore prête pour une relation de ce genre. La situation restait tout de même différent car, si j'avais des sentiments amoureux pour Shinji, j'avais été clair avec lui dès le début sur le fait que je ne souhaitais pas parler de « couple » entre nous deux : je n'étais pas prête à me priver de liberté en étant enchaînée dans une relation. Il ne s'agissait même pas d'une question de sexe mais plutôt d'agir en pensant sans cesse à l'autre, ne plus vivre pour soit mais pour quelqu'un d'autre... Peut-être que ma vision de l'amour était erronée, c'était bien possible mais pour l'heure, je demeurais quelqu'un de trop égoïste et chargée de problèmes pour penser avant à quelqu'un d'autre que moi même. Ma vision des choses était en constante évolution alors peut-être que cela en ferait partie mais pour l'heure la patience était de rigueur avec moi.

Le fait qu'il évoque sa tromperie en étant ivre me rappelait soudainement la marque que j'avais dans le cou et dont j'étais presque certaine qu'elle était à l'origine de Kioshi. Je touchais du bout des doigts la marque rouge et le regardait tout en la lui montrant, les joues légèrement empourprées :

« Tu sais... On fait des choses inconsidérées lorsque notre esprit est embrumé par l'alcool... Parfois sans réel souvenir.»

Peut-être que lui s'en souvenait clairement ? La fête de Kibo était la première fois où je m'étais trouvée saoule : j'évitais en principe avec ma maladie sanguine ce n'était pas spécialement recommandé.

«  Par exemple, je me souviens, à la fête de Kibo, de m'être retrouvée en sous vêtement tout en dansant la chorégraphie que nous avions apprise avec Tsukiko pour l'occasion... »

J'étais perdue dans mes souvenirs, cherchant des faits similaires. Je lui dévoilais alors la nuque pour lui dévoiler mon tatouage :

« ça aussi j'étais saoule... Avec Tsukiko et Oniri, elles ont le mêmes. Donc tu vois... On ne fait pas forcément des choses vraiment censées dans cet état pour autant je pense que l'alcool agit comme une sorte de sérum de vérité. Il nous désinhibe et nous permet de faire des choses que l'on ne ferait pas en étant sobre : c'est justement pour cela qu'il ne faut pas vraiment regretter. »

Mes paroles allaient-ils lui parler ou encore une fois, ma vision des choses était-elle complètement à côté de la réalité ?

Kioshi me posait une question qui me faisait froncer les sourcils par sa complexité. Tromper à nouveau simplement car c'est humain... Je n'avais pas dit pour autant que c'était normal...

« Eh bien... Si tel est le cas je pense que tu dois remettre en question tes sentiments... Ils n'ont sans doute plus la même portée qu'autrefois. »

Mes propos étaient sans doute dur mais sincère : je n'avais pas pour habitude de faire preuve de tacts et cela faisait partie des choses que je devais changer...
De plus, j'avais peur de dire des bêtises mais il savait que je n'étais pas très douée dans ce domaine non ? Si cela ne lui faisait pas écho c'était simplement que je m'étais trompée et qu'il n'avait pas à se remettre en question...

« Je ne sais pas si ça en est la raison mais cela y ressemble. En tout cas, c'est le cas pour Shinji et moi... Nous avons chacun nos caractères et j'ai mes problèmes, lui ne semble pas suffisamment patient et peut-être pas suffisamment aimant pour vivre avec, et moi je ne peux guère faire mieux. De plus, son comportement immature et irrespectueux m'a rebuté plus d'une fois... Je pense que tout cela à fait que nous nous sommes peu à peu éloignés, les sentiments prenant beaucoup moins de place qu'auparavant si ce n'est plus du tout. J'apprécie toujours Shinji : même si, après ce qu'il vient de me faire je le déteste, mais je ne pense pas que je peux parler encore d'amour. »

Parler de tout cela me rappelait la façon dont l'Akuzu m'avait traité... comme une vulgaire chienne avec laquelle il voulait assouvir une pulsion : il pouvait agir comme ça avec des femmes sans vertu mais pas avec celle qu'il était censé aimer tout en sachant pertinemment que je n'étais pas moi même... Je ne m'en étais pas rendue compte sur le moment en reprenant mes esprits car bien trop de peine m'affligeait mais : son comportement était abjecte et il me dégoûtait.

Mes pensées convergeaient ensuite vers une toute autre discussion puisque j'avais évoqué la marque de mon cou, ayant de la peine à me rappeler qui m'avait fait ça, mais voir le Yamada rougir devant ce fait laisser tomber mes doutes sur la personne responsable. Il devait repenser même à bien plus puisqu'il me demandait donc si j'aimais danser dans cette tenue et collée aux gens... Au fur et à mesure de sa phrase, des bribes de la soirée me revenait plus ou moins, me rappelant alors que celui contre qui j'avais « dansé » de cette façon n'était autre que lui !
Nullement gênée par ces faits, je lui adressais un sourire mesquin tout en voyant son regard se diriger plus bas sur ma personne...

« J'espère au moins que tu as su apprécier le moment... »

J'aimais bien le taquiner : il était si drôle de constater ses joues s'empourprer, cela lui donnait un côté innocent assez craquant.
Il venait de murmurer quelque chose que je ne parvenais pas à entendre, et je me demandais si je devais lui faire répéter ou le laisser dans ses pensées : je choisissais la seconde option.

Blague mise à part, je m'approchais de lui et le serrait dans mes bras, pour le remercier. Je n'avais pourtant pas le contact facile, n'étant pas vraiment des plus tactiles mais tout cela n'avait guère d'importance avec les personnes auxquelles je tenais : c'était ma façon de leur exprimer ma gratitude pour leur amitié et leur présence à mes côtés et dans ma vie.

Je restais là plusieurs secondes, presque une minute, que sais-je...sans mot dire. Finalement, je me retournais, toujours collée à lui, mon dos touchant désormais son torse alors que je redressais la tête pour la tourner vers lui pour le regarder les yeux emplis de malice et le même sourire mesquin et taquin que précédemment, lui rappelant une certaine soirée, un peu trop bourrés, en espérant le rendre mal à l'aise ou au moins détendre l'atmosphère.

Alors que je me trouvais dos à lui contre son torse pour le taquiner en décompressant l'atmosphère pour lui rappeler la soirée de Kibo, je m'évertuais à répondre à ses précédentes questions.

« Pour en revenir à ce que tu disais : je pense que deux personnes différentes en terme d'attentes et de besoins peuvent très bien entretenir une relation pour peu que les deux soient patients et qu'ils se satisfassent de cette situation. L'amour ne devrait jamais être à sens unique... »

Son autre interrogation était plus délicate mais je tâchais d'en parler avec détachement, nous cherchions à faire descendre la pression pas à la remonter d'un cran.

« En effet, Shinji était là mais, même si je ne me souviens pas de tout, je ne parviens pas à mettre de mot sur son comportement. Malgré quelques visions différentes sur certains points tout allait bien entre nous à ce moment là et cela ne l'a pas empêcher de se conduire en parfait connard. Je ne voyais donc pas pourquoi il serait le seul à pouvoir « s'amuser ».  »

Je n'avais pas pour habitude d'employer des grossièreté ce qui prouvait dans quel état d'esprit je me trouvais face au comportement déplorable de l'Akuzu qui avait été jusqu'à me tromper avec de parfaites inconnues, j'en étais certaine.

La suite était beaucoup plus légère, je continuais de le regarder, serrée contre lui alors qu'il souriait sans laisser transparaître la moindre gêne cette fois : il devait avoir saisi le but de ma taquinerie. Je laissais entendre un rire amusée alors qu'il prétextait que la vue lui semblait plus agréable dans ses souvenirs.

« Eh bien c'est dommage puisque tu devras te contenter de ça ! »

Jusqu'à la prochaine soirée saouls peut-être... Qu'en savais-je... J'avais besoin de décompresser et de m'amuser ces derniers temps, pour autant, je n'avais pas dans mes prévisions d'imiter Shinji en tombant dans les bras du premier venu même en étant ivre. Non. Ce sentiment était renforcé par la façon dont il m'avait prise plus tôt... Jamais plus quelqu'un ne me toucherait de cette façon sans laisser transparaître le moindre attachement ni la moindre douceur... Toutes ces émotions devaient se lire dans mes yeux mais Kioshi ne pouvait pas les voir puisque après avoir cajoler mon front et ma joue, il avait écarté mes cheveux pour plonger sa tête dans mon cou pour reproduire la scène de la soirée qui m'apparaissait désormais nettement.

Je ne savais pas comment réagir face à son geste que je savais taquin. Ressentais-je de l'excitation ou cela me mettait-il mal à l'aise ? Je ne pouvais le dire... Peut-être un mélange des deux. Mes joues s'empourprèrent légèrement, leur attribuant une coloration sans doute similaire à la marque qu'il était en train de me faire. Ses lèvres touchaient ma peau et son contact me faisait frémir... En avais-je envie ? Je ne savais pas... Tout cela me paraissait si soudain. Je savais bien qu'il tentait de poursuivre mon jeu, pour autant, je ne pouvais nier qu'il s'installait en moi un sentiment bien étrange face à son geste.

Je ne disais rien, ne bougeais pas, toujours contre lui. Ne sachant comment réagir, je préférais adopter un comportement détaché et amusé par la situation sans révéler le trouble que cela semait dans mon esprit. Je lui murmurais donc simplement :

« Je vais finir par croire que tu cherches à affirmer ta possession... »

Deux marques dans mon cou, l'une qui s'estompait mais qui restait visible, et qui ressortaient particulièrement bien sur ma peau diaphane : c'était à croire que je m'étais fait mordre de loin, ce qui, en soit, aurait pu ne pas être anodin chez les Ketsueki bien que les morsures infligés par les membres de notre clan était la pire des humiliations qu'un Ketsueki pouvaient ressentir.

De part l'excitation que j'avais ressenti, j'avais envie de plus... de prendre de son fluide écarlate en l’occurrence. Toutefois, je retenais mes pulsions, ne pouvant me résoudre à lui infliger cela. Bien sûr je pouvais anesthésier complètement la douleur mais je voulais qu'il puisse me faire don de son sang que le jour où j'en aurais vraiment besoin.

Je me retournais face à lui de nouveau, effleurant son visage du bout de mes doigts avant de lui faire un bisou sur la joue.

« Ni l'un ni l'autre... Je voulais faire ce qu'il me plaisait et je voulais m'amuser mais tu n'étais pas « mon amusement » cela reviendrait à dire que je t'utilisais pour me distraire, ce qui n'était pas le cas. »

Il s'était mis à rire face à ma remarque malicieuse et sa réponse suscitait en moi la même réaction, tandis que mes yeux perçaient les siens et que je me rapprochais légèrement de son visage :

« Je ne suis à personne... »

Je souriais face à mon quasi murmure : décidément il était plaisant de s'amuser à le taquiner. Quoique pour cette fois, il y avait un fond de vérité. C'était bien pour cette raison que je n'avais pas voulu me considérer en couple avec Shinji ou même Oniri.

« Mon village m'appartient mais je n'appartiens à personne : je ne serais jamais un simple outil. Quiconque nuit au premier aura affaire à moi. »

La phrase était ponctuée de sérieux mais couplé à un ton relativement amusé, néanmoins, il n'y avait aucun doute à avoir quant à sa véracité.

Un mal aise s'instaura en lui face à mon baiser sur sa joue : peut-être étais-je trop tactile avec lui... Le gêné n'était pas le but pour le coup : j'avais bien cherché à le taquiner à plusieurs reprises mais cette attention là était pour le remercier de l'attention qu'il me portait : j'avais de la chance de le compter parmi les personnes chères à mon cœur, je le savais. Toutefois, je me laissais sans doute trop déborder par cette confiance aveugle et la facilité de me laisser aller à la confidence avec lui. Peut-être ne parvenais-je pas à mesurer les limites de ce qu'il était acceptable de faire dans ce genre de relation... j'avais même abandonné le vouvoiement à son égard depuis sa visite à l'hôpital : le considérant davantage comme Kioshi l'ami et non plus comme le Yamada Chef du Kakumeigun. J'avais pu entrevoir sa part humaine en proie aux doutes et à la souffrance : il avait su se révéler à moi me prouvant la confiance qu'il portait à mon égard.

J'aurais voulu pouvoir revenir en arrière alors et ne pas lui octroyer ce baiser pour ne pas qu'il se sente ainsi mais ce qui était fait était fait et lui même se mettait à caresser ma joue. Je fermais les yeux à son contact, profitant simplement de la sensation chaleureuse et de plénitude qui en découlait. Je me sentais mieux, apaisée et soutenue... J'avais besoin de cette considération pour oublier celle que j'avais reçu auparavant. Je n'avais pas pu souvent profiter de ce genre d'instant et de cette sensation de ne pas être seule... Cela faisait du bien pour une fois. Son front se posait contre moi et je gardais les yeux clos pour ne les ré-ouvrir que lorsqu'il avait achevé sa proposition. Prendre notre journée ? Lui montrer comme je me débrouillais avec les autres ? J'imaginais que je devais en passer par là pour m'améliorer...

« Tu es sûr ? Tu n'as pas du boulot qui ne te permet pas ce genre de décision ? »

Je reculais la tête avant de l'ébouriffer, moi qui voulait faire attention à me rendre moins complice avec lui c'était raté...

« Tout ça peu attendre. Je redoublerais d'effort pour rattraper le travail accumulé à cause de moi. »

Est-ce simplement de mon fait ? J'étais venue, aux portes du désespoir mais Kioshi semblait lui aussi avoir besoin de décompresser sauf que lui ne disait jamais rien... Il voulait que je me confie à lui mais il ne venait jamais me trouver pour m'exposer ses soucis : je n'aimais pas l'idée qu'il puisse garder tout cela pour lui surtout au vue du poids qu'il semblait porter sur ses épaules. Je ne voulais pas le voir s'effondrer comme j'avais pu le constater, trop tard, pour Oniri.

***

Nous avions finalement délaissé notre travail pour nous détendre et dans mon cas : pour apprendre. Il était encore relativement tôt pour les boite de nuit si bien qu'il n'y avait pas grand monde. Je m'asseyais dans un canapé aux côtés de Kioshi, observant l'ambiance qui nous entourait alors qu'un groupement de personnes partageaient des pas de danse quand d'autres s'accoudaient au bar pour commander une nouvelle tournée.
Je me tournais vers Kioshi, le toisant dans les yeux, intriguée tout en lui demandant :

« Que veux-tu que je fasse ? »

J'attendais ses directives, à l'écoute quant à ses suggestions. Je craignais le pire... Je n'étais pas des plus douées pour engager une conversation...

Kioshi me demandait en premier lieu de me faire offrir deux verres : bizarrement je me doutais qu'il allait me demander quelque chose de ce genre là... La suite paraissait plus compliquée mais il me fallait procéder par étape :

« Je sais que cela fait partie des relations sociales mais je ne suis pas censée me faire draguer tous les jours ! En quoi cet exercice va m'aider à mieux comprendre les autres au quotidien ? »

J'avais dû mal à cerner le but de l'exercice, et le sourire suffisant du Yamada me laissait à penser qu'il me taquinait plus qu'autre chose... Pour autant, j'allais relever le défi même si je ne savais pas du tout par où commencer...

« Je n'ai jamais fait ça... Je ne cherche jamais à me faire offrir des verres, la seule chose que je quémande de cette façon c'est du sang... »

Je voyais son regard me toiser et je trouvais important de me justifier :

« J'en ai besoin pour pallier à ma maladie et je sais me montrer convaincante... J'imagine que cela fonctionne de la même manière... ? »

Obtenir ce que je voulais je savais le faire... Je n'avais que faire de leurs avances ou de leurs propositions obscènes, tout ce que je voulais c'était le sang de ces distributeurs sur pattes : je ne leur considérais aucune forme de respect dans la manière d'en obtenir. J'en voulais, je parvenais à en avoir : c'était tout.

« Tu sais faire ça toi ? Vraiment ? »

Je lui souriais, amusée. J'avais dû mal à imaginer Kioshi se pavaner devant des inconnues pour leur faire la conversation et instaurer un climat suffisamment éloquent pour se voir offrir des verres. C'était même drôle à conceptualiser !

Là dessus, je me levais et me dirigeais en direction de deux hommes attablés au comptoir. J'adoptais alors l'attitude de la provocatrice un brin allumeuse que je savais tant jouer pour obtenir ce que je désirais. Je m'accoudais sur le bar, usant de la comédie pour prétexter une atmosphère bien trop étouffante.

« Ce qu'il fait chaud... »

Je glissais le pans de ma robe noire le long de mon épaule gauche, la dévoilant tout en affichant un regard et un sourire emprunts de taquineries.L'un des hommes observa son ami avant de céder, trop facile... Vous êtes si faibles vous les hommes...

« Sers un verre pour la demoiselle, il est pour moi. »

Il levait son verre en même temps que moi, trinquant ensemble alors que je jouais toujours de mon regard : tout passait par là. J'éventais mon haut pour me faire de l'air alors qu'ils commençaient à engager la conversation. Je leur répondais simplement, d'un ton enjôleur et un regard qui les couvait d'admiration : tout était évidemment faux, je ne portais pas le moindre intérêt à ces hommes, ils m'indifféraient complètement.

Son ami, emprunt de jalousie, décidait à son tour de m'offrir à boire : exactement ce que j'attendais. M'accaparer de l'un pour délaisser l'autre qui s'en sent délaissé et décide de se rapprocher : prévisible... Je lui souriais et les remerciaient pour leurs gestes, me relevant alors en emportant mon verre entamé et l'autre plein, en direction de la table où se trouvait Kioshi. Je savais pertinemment que leur air devait être effaré par mon indifférence et mon comportement : comprenant alors qu'ils s'étaient fait avoir mais je n'en avais que faire : ce n'étaient pas les premières personne que je dupais à ce petit jeu là et ce ne seraient sans doute pas les dernière puisque ma maladie perdurait...

Je posais le verre devant Kioshi et lui souriait :

« Mission accomplie ! Suivante ! »

Je m'en allais à nouveau, cherchant mes nouvelles cibles dans ce qui se montrerait plus ardu. Je devais faire dire à quelqu'un qu'il m'appréciait et me faire faire un suçon... Cette partie me déplaisait fortement et je ne savais pas comment l'aviser... Je n'avais pas le temps de réfléchir à cela, aussi me disais-je que je verrais cela le moment venu. J'avais verrouillé ma cible, ma proie était dans mon champ de vision : j'allais tenter de la jouer différemment cette fois.
J'allais aborder je jeune homme, brun, yeux bleus, assez mignon je suppose.

« Bonsoir. »

Autant commencer par le début. Il me retournait la politesse et nous commençames à discuter de tout et de rien mais je savais que Kioshi n'entendait rien de la conversation de là où il se trouvait alors je trouvais une excuse pour nous rapprocher de lui :

« Viens, changeons de place, il est difficile de s'entendre parler ici avec la musique. »

Je me levais donc et allait m'installer à la table à côté celle de Kioshi, j'étais assise sur le canapé alors que ce dernier ce trouvait sur un autre, juste derrière moi et ma victime s'installait en face.

 « Tu viens souvent ici ? »

Me questionna-t-il. Je lui adressais un fin sourire avant de lui répondre :

« Non. Je ne fais que rarement des rencontres sympathiques... »

« Je vois. Et moi tu me trouves sympa ? »

Je haussais les épaules en gardant mon sourire :

« Je suppose oui. »

« En tout cas moi je te trouve sympa. Je t'apprécie bien. »

Bingo...

« Oh... Merci. »

Je suppose...

« Qu'est-ce que tu as dans le cou ? »

Me demandait-il. Ce n'était pas tant sa question qui me gênait mais son comportement soudainement intrusif : je comprenais ce qu'il voulait et je tâchais de garder mon calme malgré mes poings soudainement serrés alors qu'il avait glissé de mon côté du canapé pour observer les marques.

« Tu as un petit ami ? C'est lui qui t'a fais ça ? Ben dis donc... Il était sacrément désireux... »

Pourquoi avais-je l'impression qu'il avait voulu rajouter quelque chose comme : « je le comprend » ? Il se montrait définitivement trop entreprenant, effleurant mon cou du bout des doigts, me raidissant sous son contact et bouillonnant intérieurement.

« Oui on peut dire que j'en ai un... Mais il me trompe avec une autre alors... »

Megami... Sans compter les autres inconnues en ayant trop bu...

« Je peux t'aider à le faire oublier si tu veux... Déjà en recouvrant ses marques... »

Disait-il presque dans un murmure tout en se rapprochant de mon cou. Je déglutissais. Je ne voulais pas qu'il me touche ! Surtout pas de la même façon que l'avait fait Shinji : comme si je n'étais qu'un objet ! Le poing toujours serré, je savais que si je le laissais faire c'était gagné mais... « Pardonne moi Kioshi c'est au dessus de mes forces... »

Là dessus, je venais exploser le verre que j'avais en main, contre son crâne, récupérant du bout des doigts le sang qui affluait de cette nouvelle plaie alors que l'homme vociférait des paroles que je n'entendais même plus. La rage s'emparait de moi et toute l'amertume que j'éprouvais envers Shinji et mon existence me revenait au centuple. Le goût du fluide écarlate de l'homme me galvanisait et accentuait ma hargne. L'homme voulu me frapper mais il était déjà sous mon emprise. La main en l'air, prête à me frapper, j'usais de son nectar pour lui tordre les organes et les veines, lui infligeant une douleur incommensurable alors que je modifiais toute sa pression sanguine. Son bras tendu se déformait en suivant les courbes de la crampe que je lui infligeais, le regard flamboyant de colère et les larmes brouillant mes yeux vermeils.

Music ♫:

L'environnement semblait osciller mais j'étais trop ailleurs pour vraiment m'en rendre compte. Le monde autour de moi avait déjà changé dès l'instant où j'avais riposté : la rage m'imprégnant, m'entraînant dans une frénésie sans pareille qui voulait faire payer à ce misérable ce qu'il avait tenté de faire en même temps de payer pour tout le reste : j'étais particulièrement instable, en cet instant.

Lorsque le genjutsu opéra, il m'avait fallu quelques instant pour le remarquer, sentant alors les bras de Kioshi m'enserrer tandis que je me raidissais une fois de plus. N'aie pas peur Yami... Ce n'est que Kioshi... Tu sais très bien qu'il ne te fera pas de mal... Tentais-je de me dire.

Je m’apercevais finalement que nous n'étions plus au même endroit : nous trouvant une nouvelle fois au lieu rassurant que constituait le Kakumeigun. Nous étions seuls, la musique avait changé de rythme, se montrant plus posée et cette atmosphère nouvelle, couplée aux paroles de Kioshi, parvenaient à me calmer un peu. Je desserrais les poings alors que mes yeux étaient embués de larmes. Le Yamada m'expliqua la situation tout en me maintenant contre lui dans une étreinte qui se voulait chaleureuse et réconfortante mais que je ne parvenais pas à voir comme telle. Je le laissais néanmoins faire, tentant de me laisser aller dans ce contact apaisant, cherchant moi même à retrouver la pleine possession de mes moyens. J'étais tétanisée, n'osant bouger, comme ailleurs...

La main de Kioshi venait effleurer mon visage et mes cheveux et je ne bougeais toujours pas ayant perdue toute notion de la réalité. Il s'excusait pour une raison obscure : ce n'était pas sa faute, c'était celle de cet homme ! Où bien était-ce la mienne... Peut-être aurais-je simplement dû le repousser sans tomber dans un tel extrême... J'avais réagi inconsciemment, laissant ma hargne éclater au grand jour alors que j'avais pourtant tenter de la refréner...

Je suivais ses conseils, n'écoutant que le son de sa voix, régulant ma respiration devenue haletante et saccadée. Je sentais mon sang afflué de part et d'autres de mon corps, pulsant avec violence, prêt à frapper : je fermais alors les yeux, Kioshi était là, je n'avais rien a craindre...

Je me servais de mon don pour faire circuler mon fluide écarlate plus normalement, réduisant ma pression artérielle pour me sentir mieux, plus à même de retrouver mon calme, tout en enfouissant mon visage au creux de mes mains, effarée et affligée par ma propre réaction.

« Pardon... »

Murmurais-je simplement avant d'ajouter :

« Cet homme... Je ne veux pas qu'il me touche. Ni lui ni aucun autre qui ne me verra que comme un simple objet. Non... Plus jamais... »

Comprendrait-il par ces propos que c'était ainsi que m'avait traité mon « petit ami » ? Je ne le savais pas et je m'en moquais : les faits étaient là.

« Je ne suis pas qu'un outil et n'appartiens à personne... »

C'était tellement plus simple ainsi que de brider ses sentiments... Je connaissais cette sensation mais je n'avais pas envie de la revivre. Même si je n'y comprenais pas tout, je préférais vivre en ressentant toute ces émotions et me retrouver entourée plutôt que d'être seule en tout point...

J'avais retrouvé suffisamment mes esprits pour me décontractée et parler davantage :

« Je vais mieux... Mais ce ne sera plus le cas lorsque l'on sortira d'ici et qu'il se trouvera de nouveau en face de moi... Ce genre de comportement me répugne : je ne parviendrais pas à rester de marbre. »

Non. Si je m'écoutais, je pourrais simplement tuer cet homme pour son geste mais je savais que je n'en avais pas le droit : peu importait ses agissements, il restait un sunajin que je me devais de défendre et non de blesser. Pour ses méfaits, il existait le jugement, et pour son acte, il n'encourait absolument rien si ce n'était des remontrances.

Je fixais un point sur l'horizon à travers la fenêtre du bureau, perdant mon esprit ailleurs pour ne plus avoir à y penser. J'avais retrouvé mon calme en sa présence mais ce ne serait pas la même chose face à l'autre...

« Je suis désolée... Je me repose trop sur toi... Je dois être la faiblesse incarnée... »

Je baissais mon regard sur le sol à mes paroles acerbes envers moi même. J'avais horreur de la faiblesse et voilà que je me rendais compte que j'en étais une à moi seule...

Kioshi tentait de me convaincre que je n'étais pas si faible que cela puisque j'étais encore debout. C'était vrai mais pour combien de temps ? Jamais je ne m'étais sentie aussi diminuée et désespérée que ces derniers temps, le comportement de Shinji ayant fait déborder le vase.

Avant même que je n'eus le comprendre réellement le sens de ses paroles, il me souleva, me portant jusqu'à me déposer sur le bureau alors que, instinctivement je m'étais accrochée à son bras. Assise, je ne risquais pas de défaillir et de m'écrouler sur le sol de toute ma hauteur si je devais perdre conscience mais le pouvais-je simplement alors que nous nous trouvions dans un genjutsu... Perdre connaissance dans un genjutsu en voilà une question pertinente : mais dont la réponse ne m'intéressait pas le moins du monde.

Kioshi me tendait un verre d'eau que j'attrapais d'une main tremblotante sans même m'en rendre compte, tout en cherchant à accaparer mon attention en relevant mon visage vers le sien pour me pousser à la confidence. Instinctivement, mes yeux fuyaient les siens, cherchant une issue que je ne trouvais pas. Il était mon ami... Je pouvais donc me laisser aller à la confidence sans honte : c'était ça l'amitié n'est-ce pas ?

Je finissais finalement pas le toiser de nouveau, lui faisant face, sans aucune échappatoire.

« Je... »

Je voulais bien me confier, je n'avais pas dit que cela allait être simple...

« Je t'ai dit que Shinji avait profité de la situation alors que Megami prenait le contrôle... Il... Il a répondu une première fois à mes avances sans se soucier de mon changement flagrant de comportement : profitant simplement. Puis il a assouvi une seconde fois une... pulsion. Je ne vois pas comment dire cela autrement... Il n'y avait nul amour, nulle tendresse, nulle douceur dans ces gestes : c'était du sexe et uniquement ça... Alors qu'il est censé être mon petit ami, et donc à l'écoute de ma personne lorsque ça ne va pas tout comme je l'ai fait pour lui dans les moments difficiles. »

Je marquais une pause avant de reprendre, le regard perdu dans le sien que je n'observais pas vraiment.

« Toi, en tant qu'ami, tu m'as apporté plus de soutien que lui ne m'en a jamais donné... Je sais très bien que je ne suis pas la personne la plus censée et la plus facile à comprendre mais... je ne sais pas, lui attendait juste simplement que je lui demande de l'aide sans même chercher à m'interroger de lui même. Il se contentait de répéter que je ne lui donnais pas beaucoup de nouvelles, que j'étais distante, sans même chercher à comprendre pourquoi j'agissais ainsi. »

Je soupirais.

« Il n'a pas tous les tords, j'en ai beaucoup aussi, il faudrait être aveugle et idiot pour ne pas le reconnaître, mais ça... c'était de trop. Je ne peux pas lui pardonner de m'avoir prouver que je ne valais rien à ses yeux alors même qu'il connaît l'importance de la reconnaissance pour moi ainsi que de la solitude que j'ai en horreur car je ne l'ai que trop côtoyé. »

A vrai dire, je ne cherchais pas forcément l'avis de Kioshi sur la question mais il était important pour moi de constater que je pouvais tout lui dire sans être jugée, ça aussi je ne l'avais que trop été...
Je me sentais salie, piétinée, anéantie...

Comme je m'y attendais, il me comprenait et ne me jugeait pas. C'était un tel soulagement de pouvoir se confier de la sorte... Je devais lui faire confiance pour la suite ? Bien sûr... Je l'avais déjà dit non que je comptais trop sur lui ? Je m'en remettais à lui pour cette situation, savant pertinemment que je ne pourrais pas la gérer sans incident.

Aussitôt, l'illusion se dissipa et Kioshi me prenait de nouveau dans ses bras. Instinctivement, j'avais détournée la tête au moment même où nous étions de nouveau dans le bar, ne voulant pas croiser le regard ni même le visage de cet homme. Je sentais les yeux rivés sur nous mais je n'en avais que faire ! J'avais appris à vivre sous les regards haineux et hautains, je pouvais très bien supporter ceux plus condescendant.

Je me cramponnais à lui tout comme je l'avais fait dans son illusion, ne cherchant même pas à savoir où il m'emmenait pourvu qu'il m'éloignait de cet endroit : comme il l'avait dit, je lui faisais confiance.
Nous arrivâmes finalement à un lotissement dont la porte n'était pas fermée, j'en déduisais que c'était chez lui : je n'en savais rien je n'étais jamais venue dans sa demeure. Elle semblait sommaire et simple, se contentant de l'essentiel : cela lui ressemblait plutôt bien mais je n'avais pas vraiment l'esprit tourné vers une comparaison entre sa décoration intérieure et sa personne.

Kioshi me déposa délicatement sur une chaise, m'apportant de nouveau à boire avant de s'exiler dans une autre pièce. Je l'apercevais dans l’entrebâillement de la porte, devant son lit face à une sorte de bac à sable. Je n'étais pas non plus en état pour l'affubler d'un commentaire concernant l'utilité de cette bassine de sable mais j'avouais que l'idée m'avait traversé l'esprit... Il m'avait invité chez lui après tout, je n'allais tout de même pas commencer à critiquer ses goûts et ses choix...

Il semblait dégager le sable, usant de sa maîtrise du suiton pour remplir le bac et d'en faire sortir des volutes de fumée grâce à sa maîtrise. Je ne comprenais pas bien où il voulait en venir... Il avait subitement besoin de se délaisser ? Ou alors était-ce pour moi ? Il était dit qu'il n'y avait rien de tel qu'un bain pour se détendre : était-ce là son attention ?

Il revenait vers moi, utilisant la phrase de l'homme du bar qui m'avait pousser dans mes derniers retranchements, cherchant sans doute à alléger l'atmosphère en me donnant en mémoire sa tournure de cette phrase plutôt que celle de l'autre. Je risquais un faible sourire bien que mon regard demeurait dans un infini trouble : en effet cela me ferait peut-être du bien...

Il me prévenait qu'il restait dans les parages en cas de besoin, me demandant de me détendre et de même en profiter pour dormir si j'en avais envie. Sa main ébouriffa mes cheveux, me tirant un nouveau fin sourire, le regard qui exprimait toute ma gratitude, pétillant de remerciement pour lui.

Je me redressais ouvrant la fermeture de ma robe qui se trouvait dans mon dos, la laissant glisser a mes pieds après avoir ôter mes manches. J'écartais mes long cheveux noirs pour dégrafer mon soutien-gorge en dentelle rouge, bientôt suivi de mon fin dessous de même couleur. J'avais ôté mes vêtements sans la moindre gêne, machinalement sans même penser au mal aise que cela aurait pu susciter pour Kioshi. A vrai dire, je ne voulais pas qu'un homme me touche mais je n'étais pas devenue pudique pour autant, je n'avais aucune honte quant à me mettre nue, ne comprenant même pas pourquoi il devrait en être autrement.

J'adressais un énième sourire à Kioshi avant d'aller en direction de sa chambre, ne prenant même pas la peine de refermer la porte derrière moi. J'avisais la baignoire improvisée avec une certaine curiosité, me demandant si c'était l'utilité première de ce bac à sable. Je trempais le bout de mon pieds pour mesurer la chaleur puis y entrait tout mon corps, me laissant aller contre le bord alors que je reposais contre une couche de sable. C'était vraiment délassant que de sentir ses muscles se détendre face à la chaleur. Je fermais les yeux, profitant de ces instants de quiétude pour me ressourcer.

Après un long moment dans cette eau chaude – et entre deux micro siestes -, je me rendais compte que la chaleur avait disparu et qu'il commençait même à faire frais.

« Kioshi ?! Tu peux venir s'il te plaît ? L'eau est froide ! »

J'aurais tout aussi bien pu sortir et me glisser dans les draps pour me réchauffer mais je voulais profiter encore quelques instants de ce cadeau bienvenu...