Sortant de l'hôpital, difficilement, le brave Chikamatsu Akage chercha son chemin. Il était désorienté, et la zone de soin ne semblait pas en finir. L'Homme masqué, Kyoshi Rei, avait sévi. Le chaos s'était emparé du village. Nombreux étaient les blessés, plus nombreux étaient ceux qui avait été touché, touché dans la tête... Les citoyens avaient pour habitude de se sentir en sécurité, ici, derrière les grandes murailles de roches.. qui n'était pas vraiment de la roche. Et un de ses plus anciens -et puissant défenseurs- avait frappé directement le cœur du village. Les civils étaient inquiets.

Quittant l'immense structure de soin, puis les baraquements temporaires mis en place pour soulager les blessés, les ninjas soigneurs semblaient tous occupés.. à juste titre. Forçant sur ses jambes en bois, Akage avança péniblement. La plupart des gens avait encore peur, leurs regards en disaient longs sur leurs états d'esprit. Qui pouvait les blâmer.. Naviguant à travers les rues commerçantes vidés pour l'occasion de son peuple, Akage cherchait un visage qu'il avait vu à deux reprises. D'une part, il y avait cette femme mystérieuse dont il ignorait le nom, celle qui l'avait probablement sauvé. D'autre part, il y avait cet Yamada Kioshi. Il était le chef de Kakumeigun, la figure de Sûna. Il avait même une statue, mais cette dernière était peut-être tombé avec l'oeuvre de Rei.. Toujours est-il qu'Akage cherchait cet homme.

En route vers les différents endroits où il pouvait être, les ninjas semblaient tous affirmé une chose : ils ne l'avaient pas vu. Étrange. La reconstruction des bâtiments endommagés avaient repris, et il manquait à l'appel.. Un homme de ce calibre ne s'absente pas sans raison. Réfléchissant sur ces mots, Akage se dirigea vers le seul endroit où l'homme pouvait être : le quartier général de son unité, le Kakumeigun.

Arrivant sur place, difficilement à cause des béquilles, le jeune shinobi marionnettiste fut surpris de trouver l'endroit vide, vide de présence. Il y avait deux pauvres genins qui montait la garde à l'entrée, mais ces derniers étaient occupés à observer les kunaïs. Pauvre gamins pensa Akage, oubliant de fait qu'il n'était lui aussi qu'un brave genin.

Montant difficilement les escaliers, le Chikamatsu sentait la douleur appauvrir son corps toutes les cinq secondes. Les escaliers furent son calvaire personnel, et malgré les recommandations des médecins, le ninja mit un temps considérable pour arriver près de la porte du chef de la structure, le fameux Yamada Kioshi.

Face à la porte en bois, il leva son poignet puis s'arrêta au dernier moment. Etait-il sûr de ce qu'il allait faire ?

Oui.

Par trois fois il frappa.

L'heure était venu de faire face au destin. L'heure était venu de devenir une légende, ou du moins de faire le premier pas pour en devenir un. Après tout, il était le genin qui avait survécu face à Kyoshi Rei.. Ne se devait-il pas d'honorer cet événement.. Se torturant ainsi, Akage n'était pas certains de ce qu'il faisait, mais au fond de sa tête, sa petite voix lui disait une chose « Fait quelque chose !» .

Entrant dans la pièce, Akage marcha difficilement jusqu'au bureau de Kioshi. Ce dernier était plongé dans les papiers. La froideur ambiante du chef du Kakumeigun ne le laissa guère songeur. Il faut dire que le marionnettiste était déterminé. Avançant difficilement jusqu'au bureau, le jeune homme respira doucement en levant ses yeux vers Yamada Kioshi. C'était loin d'être la première fois qu'il voyait cet homme d'exception. Il avait travaillé avec lui à deux reprises. La première était dans le projet de développement entrepris par Sûna où les deux hommes avaient dû gérer un chantier difficile. La seconde fois était un souvenir plus douloureux puisqu'il était la raison de la présence d'Akage en ces lieux.

Se rapellant ainsi de Kyoshi Rei, du Kazekage de la trahison, le Chikamatsu serra de toute ses forces sa béquille. Il sentit le bois, solide au possible, faire souffrir sa paume. La douleur calma le jeune marionnettiste, et il chercha alors immédiatement à éviter le regard de Kioshi. Il regarda alors par la fenêtre pour chercher du réconfort. Le village avait souffert, mais la plupart des ninjas était occupé à réparer les dégats. D'ici une petite semaine, peut-être deux, le village sera opérationnel. Akage respira bien fort avant de regarder à nouveau Kioshi.

« Kioshi-sama »

Le jeune marionnettiste s'inclina respectueusement. Néanmoins, son mouvement provoqua une forte douleur dans son abdomen lui rapellant sa condition de blessé. Peut-être aurait-il dû rester à l'hôpital après tout...

Se relevant difficilement, non sans s'appuyer fortement sur ses béquilles, Akage observa Kioshi et ses dossiers. Il avait beau être déterminé, il ne savait plus quoi dire au chef du Kakumeigun. C'est ainsi qu'il s'interrogea.

« Les gens ont besoin de vous .. »

Une remarque. Une seule remarque qui aurait pu mettre le Yamada dans une rage folle. Après tout, Akage n'était qu'un genin, qu'un maudit aspirant. Akage observa Kioshi, puis il se rendit compte immédiatement de son comportement audacieux et pernicieux. Abaissant la tête, il s'excusa immédiatement.

« Je vous présente mes excuses.. »

Il resta alors immobile, attendant la réaction de son interlocteur. Finalement, sa demande allait être plus compliqué que prévu.

Comme il l'avait imaginé à la seconde où il avait pénétré dans son bureau, le jeune marionnettiste ne fut pas le seul touché par la bataille. Kioshi semblait tout aussi touché que lui. Les pertes étaient toujours lourdes, et chacun avait besoin de gérer son deuil d'une manière ou d'une autre. Le Yamada s'était retranché dans son bureau, et il ne devait pas voir beaucoup de monde. C'était une manière comme une autre de gérer les suites de ce combat. Akage écouta la tirade du chef du Kakumeigun avec intérêt. Il semblait si calme, et pourtant son retranchement paraissait à la fois si évident. Le peuple avait besoin de voir les « grands ninjas », ceux qui avaient suffisamment de prestige pour avoir une statue, dans la rue auprès d'eux. C'était une nécessité. Mais peut-être que ces grands ninjas avaient besoin, eux aussi, de récupérer de toutes leurs blessures mentales.. Il paraissait évident qu'Akage n'était pas le seul ninja dont la défaite avait eu une véritable résonance. Malgré tout, il lui appartenait de donner un nouvel élan, un élan positif à cette résonance.

Le marionnettiste sursauta de surprise lorsque Kioshi frappa de son poing la pauvre table innoçente. Tout était clair maintenant. Kioshi souffrait réellement. Sa colère était perceptible, sa colère envers lui même. Au fond, il était probable qu'il s'en veuille autant qu'Akage en voulait à sa propre faiblesse. Il la maudissait. La colère que Kioshi lui rappella sa propre faiblesse, sa propre incapacité à protéger ce à quoi il tenait le plus. Non, il ne s'agissait pas des villageois ou d'un compagnon ninja, eux ils étaient inutiles au possible.. Il s'agissait de son œuvre d'art. Les marionnettiste disait que la marionnette était le reflet immortel de l'homme, l'objet qui survivra à l'être. Elle devait être vénéré comme il se doit..

« Ils ont simplement besoin de vous voir.. » désira t'il prononcer, mais aucun mot ne daigna sortir de sa bouche. Il était comme paralysé.. non pas par la rage compréhensible de Kioshi mais bien par le réveil du souvenir de sa propre faiblesse.. Lui aussi il était en colère contre lui même, une colère dont le souvenir le hanterait pour l'éternité. Mais plus jamais il ne voulait se retrouver dans la même situation.

« Alors entrainez moi ! » cria Akage avec véhémence.

Il observait Kioshi avec l'oeil déterminé. Il ne chercha point de repère. Au fond de lui, le jeune marionnettiste savait qu'il n'avait besoin d'un seul aval : celui de Yamada Kioshi.

« Faîtes de moi une arme capable de repousser nos ennemis du creux de la main.. J'accepte cette condition, j'accepte toutes vos conditions. J'accepte .. »

Il ne pouvait aller plus loin.. il ne pouvait trouver un mot de plus, et au fond il ne souhaitait que le repos. Il souhaitait que cette affreuse image de faiblesse disparaisse. Cet homme, Yamada Kioshi, était l'homme de la situation. Il pouvait tout faire disparaître. Il pouvait créer, aujourd'hui, un nouvel Akage.

Plaisantait-il ? Le marionnettiste attendit une dizaine de secondes afin de s'assurer que le chef du kakumeigun n'éclate pas de rire, et lui donne une véritable épreuve par la même occasion. Non. Il était sérieux. Si le visage d'Akage était impassible, c'était loin d'être le cas de son for intérieur. Ce dernier avait envie de sauter sur le grand Kioshi et de le baffer jusqu'à qu'il lui donne une véritable mission. Réparer une statue était une tâche qui ne lui posait aucun problème. Au contraire, c'était un bon moyen de tester ses facultés de construction de marionnette. Mais le véritable problème était la suite. Il s'agissait tout de même de s'introduire deux fois dans l'appartement de Kibo, le chef de Midorhato, une organisation dont Akage était membre. Puis, il ne fallait pas oublier de redonner le sourire à une mystérieuse personne ainsi que la voler par derrière. Décidément, le chef du Kakumeigun avait l'esprit malin.

Akage baissa le regard, et se laissa séduire par ces tâches. C'était bien loin du test que Kibo lui avait confié, voilà quelques mois, pour son adhésion au Midorhato. Au moins, aujourd'hui, il n'avait pas à tabasser son examinateur. C'est toujours un plus pour les relations.

« Je le ferais.. » affirma t'il d'un ton déterminé. « Mais j'espère que vous serez le meilleur enseignant qu'on puisse trouver.»

Le jeune ninja n'hésita point. Si Kioshi lui confiait ces tâches là, le ninja n'hésiterait point. Il les accomplirait sans poser de question. Il serait une arme, une arme silencieuse. Kyoshi Rei ne jouera plus jamais avec lui, ni Kyoshi Rei, ni personne. Il serait le meilleur marionnettiste que cette planète ait jamais vu. Non pas parce qu'il le fallait, mais parce qu'il le devait. Le clan Chikamatsu pouvait en dire ce qu'il voulait, il était temps pour Akage se s'imposer, de ne plus être l'aspirant qui se laissait dicter sa conduite par des vieux croulants.. Il ne voulait pas de la pitié de sa grande sœur, de cette infâme marionnettiste qui lui répétait qu'il avait fait tout ce qu'il avait pu. Non. C'était insuffisant. Akage deviendrait plus.. plus que tous le monde. Il serait le meilleur.

Mais la route était longue. Il fallait commencer par une interrogation, une dernière question avant de se lancer dans des tâches bien risqué pour son karma.

« Hum.. Qui est Tsukiko ? »

C'était simple, mais c'était également une question qui devait trouver réponse. Difficile de voler des sous-vêtements à une personne dont on ne connaît que le prénom.. Et puis, combien il y avait de Tsukiko à Sûna ? 10 ? 20 ? 100 ? Il ne fallait pas prendre de risque.

Hum.. Aurait-il fallu que le jeune marionnettiste se renseigne sur Yamada Kioshi et ses proches avant de venir ? Probablement. L'avait-il fait ? Non. Il avait douté. Il avait douté avoir le courage de lui demander de devenir son mentor, et finalement le courage n'avait pas manqué. Avec cet homme, le jeune Akage Chikamatsu sentait qu'il pouvait atteindre des sommets. Il fallait juste accomplir ces stupides âneries que Kioshi avait nommé « test ».

Voler des sous-vêtements, s'introduire chez quelqu'un -de dangereux qui plus est-, faire sourire une autre personne.. C'était des tests.. peu usuel. Akage ne savait guère comment s'y prendre, et pire que tout il ignorait qui était la fameuse cible de cette farce.. Tsukiko.

La réponse de Kioshi fut brève, mais Akage était persuadé en connaître suffisamment pour obtenir des informations précises sur cette personne. Une grande question qui eu une réponse légère. Mais au fond, il savait bien que Kioshi ne lui faciliterais pas la tâche en le gratifiant d'un indice. Mais c'était pas réellement au goût du jours. Peu importe. Il remplirait ces « missions », puis il reviendrait exiger la contrepartie, un tutorat avec le meilleur ninja de Sûna.

« Bien.»

Akage respira doucement, puis baissa les yeux. Sa tête essayait de réfléchir. Récupérer la tête n'était pas une tâche véritablement difficile, au contraire.. Réparer était aisé pour un marionnettiste, et dans le pire des cas consulter un Saibogu ou un autre marionnettiste restait une option acceptable. Non. La véritable difficulté, c'était cette femme, cette bâtarde du clan Kawaguchi. Le marionnettiste se demandait bien comment s'y prendre. Il faut dire que les relations humaines, c'était pas vraiment son rayon. Heureusement, son adhésion au Midorhato avait peut-être légèrement changé son comportement, peut-être que les événements avec Rei l'avait amené à faire plus confiance à ces camarades. C'était à voir.

Toujours est-il qu'aujourd'hui, il devait passer à l'action. Il le signifia ainsi à Kioshi.

« J'accomplirais mes tâches, et je reviendrais vers vous. »

C'était ainsi. Akage inclina la tête sans se faire mal cette fois, et laissa échapper un sourire. Il avait l'espoir, l'espoir de devenir meilleur; et cette prérogative ne pouvait qu'être positive. Il quitta alors la pièce, toujours blessé mais avec le cœur soigné.