Redemption

Le vent soufflait dans mes cheveux. C’était une sensation très agréable, vraiment très agréable. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas senti le vent pousser les mèches de mes cheveux à se bagarrer entre elles. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas laisser le soleil caresser doucement ma peau de ses rayons chaleureux. J’en avais presque oublié le parfum des fleurs et de la nature vierge. Dans cette prison la seule véritable fragrance à laquelle j’avais droit était celle du fumier et les miasmes venant des égouts. Mais tout cela était derrière moi à présent. Je ne comprenais pas vraiment comment j’avais réussis à me sortir de cette prison. Peut-être que j’avais bel et bien un ange gardien après tout. Peut-être que j’avais encore quelque chose à accomplir là-bas, dehors. Peut-être que si le Hokage m’avait rendu ma liberté, ce n’était pas seulement pour que j’établisse des relations diplomatique entre le nouveau Shukai et son village mais avait-il une autre raison. Cela faisait beaucoup de question mais pour le moment, je prenais le temps de savourer ma nouvelle liberté.

Cependant, liberté ou pas, j’avais fait une promesse à l’Hokage : en échange de ma libération je devais établir des relations entre cette fameuse alliance de villages et le village de Konoha. Apparemment le chef du village ne désirait pas se faire de nouveaux ennemis. Dans une certaine mesure, je le comprenais assez, les anciens ninjas de Kiri, tous se retrouvant sans patrie, allaient sans doute eux aussi tenter de rejoindre cette nouvelle organisation gouvernementale. J’allais peut-être rencontrer a nouveau de vieilles connaissances et beaucoup de grabuge était a prévoir. Mais je ne me décourageais pas.

Je voulus tout d’abord, dès ma sortie de prison, me diriger vers ma chère et tendre. Mais comme je l’ai dit tout à l’heure, j’avais fait une promesse et l’honneur passe avant le bonheur. J’étais bel et bien un homme d’honneur même si mes actes étaient réprimandables. Pour le moment, il me fallait une situation, une position. Je ne pouvais pas continuer à vagabonder ainsi. J’avais des plans plein la tête, des plans compliqués et qui mettraient de nombreuses choses en mouvement. Cependant je n’avais pas ce qu’il me manquait pour mettre tous mes stratagèmes a exécution. Il me manquait ce petit élément pour concrétiser mes projets. Je devais donc faire attendre encore un peu Yuki bien que cela me déchirait le cœur.

La route fut longue pour arriver devant les portes de l’imposante citadelle. Mais il fallait avouer que les pays neutres avaient fait dans le grandiose. J’ignorais comment ils avaient battit pareil colosse d’architecture en si peu de temps mais il fallait leur accorder un bon point pour leur travail. Je me trouvais donc devant ces grandes portes en pierres qui me rappelaient assez les grosses portes de Konoha. Celles-ci étaient cependant parcourue de chakra et close. Je m’approchais un peu plus et remarquai la présence de quelques gardes. Je fis marche vers eux tout en rabaissant ma capuche. D’ordinaire, je ne faisais pas ce genre de gestes. Mais il était nécessaire en ce jour de paraître plus honnête que je ne l’étais en réalité. Lorsqu’un garde s’approcha un peu trop près et me menaça de loin de son arme je compris qu’il allait falloir que je m’explique. Je cessais donc mon avancer et levais les mains en l’air.

-Je suis un ancien nukenin du village de Kiri. J’ai autrefois combattu pour l’indépendance des pays neutres que vous êtes. J’ai également payé mes dettes par une peine de prison. Je viens à présent chercher la rédemption en tentant de pénétrer dans votre glorieuse cité afin de servir l’alliance. Je ne suis pas hostile.

C’était une excuse parfaite. Je n’avais pas encore mentionné le hokage mais peut-être cela ne serait-il pas nécessaire pour le moment. Comme je le disais, beaucoup de question mais pas l’ombre d’une réponse. Cependant les gardes devant moi semblèrent lâcher leur jeu de méchants policiers et baissèrent leurs armes. J’entendis ensuite un bruit lourd de mécanisme qui s’active et les portes géantes commencèrent à s’ouvrir… Seul Dieu savait ce qui allait se trouver derrière. En tout cas, s’était le début d’un nouveau chapitre.

-Encore un ancien Kirijin...

-Ouvrez les portes, je m'en occupe.

Comme c'était le cas depuis quelques temps déjà, c'était aux portes que Zassou avait passé le plus clair de sa journée, à accueillir anciens shinobis allignés ou non. Alors que les lourdes portes s'ouvraient, la Tôhatsu analysait le dossier qui se présentait à elle. Le membre de l'Oda doit être perspicace, rien ne doit lui échapper, car la Justice est minutieuse, attentive, et pertinente. Un ancien déserteur de Kiri reconverti dans la défense des pays neutres, ce n'est pas commun, il faut le dire. Aussi, quand la silhouette de l'inconnu apparu, ce n'est pas l'habituel air inquisitif qu'adopta Zassou, mais un ton plus cordial, plus chaleureux. Elle présenta sa main en guise de salut.

-Bienvenue au Shozaichi, étranger. Je suis membre de l'Oda du Shûkai, veuillez me suivre à l'intérieur afin que nous puissions bavarder...

Et le mécanisme s'enclencha de nouveau. Je conduisis le nouveau venu dans mon petit bureau situé derrière les murs, à quelques pas des portes. Encore une fois j'ouvris la porte, et encore une fois j'invitai le futur interrogé à prendre place. Je sentais néanmoins que ça n'allait pas être bien compliqué. Je pris place en face de l'inconnu, et, sortant un dossier et de quoi écrire, je pris la parole.

-Veuillez vous présenter, m'indiquer votre âge, ancien grade à Kiri, et vos motifs de désertion.

Les premières questions relevaient de la routine, la base. Ce n'est qu'après que l'Ordre rentre dans les détails, adopte une approche plus poussée, plus intéressante.

-Vous dites avoir été incarcéré pour "payer" ce que vous appelez vos "dettes", était-ce en lien avec votre désertion, et où était-ce ? A Kiri ? Quelles étaient ces "dettes" dont vous parliez tantôt ?

Rien de plus à dire, la routine.

Une shinobi sortit des portes et vint m’accueillir. Apparemment ils ne m’étaient pas hostiles ce qui allait grandement faciliter mon entré dans cette organisation. Car lorsque l’on ne me présentait pas d’obstacle, j’étais un homme tout a fait courtois et poli. Je pouvais même être agréable pour les gens qui m’écoutaient. Toujours est-il que cela me faisait plaisir de ne pas avoir à montrer mon mauvais côté. Je préférais autant éviter tout altercation par égard à la mission que m’avait confiée le Hokage. Un grand homme que cet homme là d’ailleurs.

La ninja qui vint m’accueillir fut cordiale et aimable, elle me tendit sa main comme signe de diplomatie. J’empoignais chaleureusement l’amitié qu’elle me tendait et je la suivis derrière les portes. Deux choses faisaient alors tourner mes méninges. La première étant que j’étais enfin entrer dans la cité et que c’était déjà un pas en avant. La seconde étant que cette femme m’avait dit faire partie de l’Oda. Je devais donc me familiariser avec ces branches de shinobis. Peut-être que faire dans le compliqué permettait aux dirigeants de cet endroit de se croire plus sophistiqués que les autres nations… Ils avaient peut-être raison.

Nous entrâmes dans une sorte de bâtiment juste derrière les portes principales et mon accompagnatrice me fit signe de m’asseoir. Acceptant l’invitation je pris place sur mon siège et regardai attentivement mon interlocutrice. Je savais qu’un jour ou l’autre elle me verrait différemment qu’elle ne me voyait à cet instant. Ses yeux s’écarquilleraient alors et sa bouche resteraient bée.

La shinobi me demanda de me présenter.

-Je suis Yusuke Katano. Lorsque j’étais à Kiri j’occupais le grade d’épéiste. J’ai déserté suite au décès de mon maitre Shord Kyu. Mort au combat pendant la guerre, cette perte m’avait fait haïr la guerre et mon propre village. Ce même village qui n’est plus désormais.

Je n’étais pas obligé de dire toute la vérité et puisqu’il fallait mentir, autant faire croire à mon interrogatrice que j’étais bel et bien un homme qui éprouvait des remords. Mais la vérité est à l’image de celui qui la donne. Rien n’est plus vrai qu’un mensonge. La question suivante porta sur mon incarcération.

-Je n’ai jamais considéré ma désertion comme une faute demandant réparation. Je suis allé faire un séjour dans les prisons de Konoha pour avoir menacé la nation du feu. J’étais perdu en ce temps la et complètement hors de mon état normal. Le Hokage m’a rendu ma liberté pour bonne conduite. J’ai alors décidé de changer de mode de vie et de vous rejoindre. Votre cause me parle.

Je manipulais décidément l’art de la dissimulation d’information. Mais dans l’ensemble, cela se tenait. Je pensais d’ailleurs que tout passerait sans problème. J’avais peut-être raison. Après tout je ne mentais pas….pas vraiment.

Comme souvent, les réponses que l'on fournissait à la kunoichi n'avaient rien d'alarmant, étrange quand on sait qu'une fois gratté, la réalité prend un visage tout autre, et c'était justement le rôle de la Tôhatsu que de gratter, afin que l'on sache dans les instances les plus hautes qui était qui. Le premier point était que ce jeune homme venait de Kiri, il y avait donc des chances pour qu'il ait été à un moment de sa vie confronté à la forte politique que la Brume menait face aux Nukenin. Première question.

-Bien, avez-vous jamais été en relation avec le Misuto ? Avez-vous des informations à son sujet ? Des membres encore vivants, des missions spéciales qui vaudraient le coup de nous être dévoilées ?

Je ne remettais pas en cause la haine qu'il nourrissait envers son village, loin de ça, mais sait-on jamais. Ensuite, un point qui me laissait un peu plus dubitative, la question de la prison. Pour avoir été moi-même "invitée" à Konoha par le passé, je pensais pouvoir savoir que rien ne se gagne par la simple bonne volonté, là-bas, et que les contreparties sont souvent bien plus fourbes qu'on ne le croit, et c'est justement mon devoir d'évaluer la fourberie de nos ennemis.

-Votre séjour à Konoha m'intéresse, je dois dire. Vous n'êtes pas sans savoir que jusqu'à preuve du contraire la Feuille n'est pas notre allié, loin de là. J'imagine que vous avez rencontré quelques-uns de leurs hommes en prison, j'aimerais que vous fournissiez une description détaillée de ces derniers.

Avant qu'il ne formule sa réponse, elle leva la main, ce n'était pas terminé, loin de là. Venait maintenant le point clé de la discussion.

-Vous qui étiez un ennemi déclaré de Konoha selon vos dires, vous me dites avoir été relâché pour bonne conduite... étrange pour un village qui n'hésite pas à laisser quelques morts pour dommages collatéraux... il va falloir être plus convaincant et m'expliquer comment le maître Hokage, que vous allez me décrire, en personne puisse vous relâcher malgré le danger que vous représentez pour l'équilibre de sa nation en des temps si mouvementés. Tiens d'ailleurs, qui est au pouvoir à Konoha en ce moment ?

Voilà la question des faits, pour ce qui était de l'idéologie, je devais me montrer plus... Odienne, dirons-nous.

-Que la cause du Shûkai vous parle, je l'entends, mais rien n'est jamais acquis en ce monde, surtout pas en ce territoire, alors laissez-moi le privilège d'écouter votre version des faits jusqu'à la fin, et nous verrons.

Les questions continuaient. Il faut dire qu’en tant que Nukenin et surtout ancien forçat à Konoha, je n’étais pas le meilleur candidat pour entrer dans une organisation aussi imposante que le Shukai. D’un autre côté, je pensais que ce côté déserteur de mon histoire m’aurait été plus bénéfique. Après tout il s’agissait là de l’alliance des pays neutres et donc des nouveaux ennemis des grands villages. Je me contentais cependant de faire de mon mieux pour répondre plus ou moins honnêtement à chacune des question posé. La question suivante fut à propos du Misuto. La shinobi désirait savoir si j’avais la moindre information sur cette branche de l’ancienne Kiri.

-Tous ce que je sais du Misuto est qu’à une époque elle enrôlait l’élite. Mon défunt maitre faisait lui même partie de cette section à Kiri. Mais Kiri n’est plus vous le savez surement et pourtant vous me demandez si j’ai connaissance de missions secrètes. Je vous répondrais donc que je ne crois pas qu’il y est assez de Kirijins zélés pour chercher à accomplir une mission après la chute grandiose de leur village. Mais non, je ne connais aucun membre de cette branche et je n’ai vent d’aucune mission. Je suis désolé.

La question d’après traitait des individus que j’avais connu en prison. Cette question était assez simple mais il me fallait donner une véritable réponse et bien que j’avais une certaine sympathie pour les ninjas de la feuille, je me devais de dire la vérité si je voulais gagner la confiance de cet étrange shinobi.

-Ao Rin, chunin, a peu près mon âge, cheveux bleus, maitrise le genjutsu et le Onkyoton. Natsumi Yamanaka, maitrise le genjutsu et l’art des Yamanaka, fille de 15 ans. Natsuki Nara, plus agé que moi, cheveux blancs gris, maitrise le doton et l’art des ombres.

La question suivante porta sur le Hokage. Je respectais assez l’homme pour ce qu’il m’avait permis de faire mais je devais maintenant tout dévoiler, il en allait de la sécurité de ma couverture.

-Le Hokage se nomme On’ , j’ai oublié le reste de son nom. Il est venu en personne dans ma cellule me proposer un pacte. Il me cédait ma liberté en échange de mon intégration au Shukai. Je ne vous cache pas que l’Hokage espère que je puisse établir des relations diplomatiques entre les deux nations. Je ne sais pas de quel œil vous le voyez mais je suis un homme de parole donc dès que je fus libéré, je fonçai ici. Après je suis libre à présent… je peux donc me soustraire a sa volonté… mais ce ne serait pas correct de ne pas essayer d’abord.

Je concluais ma phrase par un sourire en coin que j’adressais à mon interlocutrice. J’espérais vraiment qu’elle serait convaincue par mon récit, je n’avais pas envie de revenir sur mes pas. J’avais déjà des projets plein la tête.

Les notes affluaient sur le dossier, il fallait retranscrire le plus de choses avec un maximum de détails et annotations, tant et si bien que le résultat écrit surpassait largement la performance orale, telle était la tâche de Zassou. Mais sa passion pour le verbe rendait la Tôhatsu un être tout de même assez doué pour remplir les éventuels silences. Elle sortit une cigarette, la tassa d'un geste machinal à l'aide de la table, l'alluma et prit la parole.

-Oh vous savez, j'ai fait exécuter une bande de vétérans Konohajins qui trouvaient juste de bafouer le nom du village qu'ils avaient servi pour semer le trouble à Kusa, alors nous ne sommes jamais à l'abris, surtout que Kiri marquait un point d'honneur à persécuter les Nukenins, fut un temps.

La question de l'Hokage allait être épineuse. Au début je n'avais pas tilté, les informations qu'il possédait sur les Konohajins l'avaient emporté sur ma concentration. Je sortis donc trois feuilles officielles et les placèrent sur la table, sans lui adresser un regard. Puis ce fut l'instant de vérité... "On'", ce nom s'éclairait dans mon esprit, le vidant complètement et me laissant à sa contemplation. La réaction qui suivit la réalisation manqua de m'étouffer; j'émis un rire nerveux entre deux lattes et voilà que ma gorge récidivait. Je toussai. Une fois remise, je pris un ton de gloire.

-Intéressant... Sachez pour la petite anecdote que le Hokage fut un jour sous mes ordres ! On le connaissait sous le nom de caporal Kusano ! Si j'avais appris ça plus tôt... Mais c'est très bien, maintenant que nous connaissons la bête, il sera aisé de cerner ses desseins. Mais je vais vous demander de remplir ces trois feuilles avant tout.

Alors comme ça... le jeune On' était à présent Hokage, ça c'était fort. Lui qui semblait si naïf, si gentil. L'usage du verbe "sembler" reste erroné, car il ne semblait pas, il était. Au moins le Hokage était à présent intelligent, c'est tout le mal que l'on pouvait souhaiter à la Feuille. Il n'y avait pas de temps à perdre.

-Très bien, cette information mérite que l'on écourte notre entrevue. Quand vous aurez terminé de remplir ces feuilles, je file au QG remettre votre dossier, vous serez ausculté, et passerez quelques tests. Je pense que votre expérience vous ouvrira aisément les portes du Joho, mais vous verrez cela en temps et en heure. Je vais ensuite parler de tout ça au Palais du Triumvirat, je connais bien l'Hokage, mais je pense que vous serez convoqué très vite.

Elle se leva et présenta sa main une fois le tout terminé. Comme à chaque fin d'entrevue, elle présenta une carte de la ville et ouvrit la porte.

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