Depuis qu’il était devenu membre du Satoru, Seki Zennosuke s’était senti un peu plus reclus dans ce qui semblait être une prison dorée : Kumo. Quoi qu’il adorait ce village, rester à la disposition du Raikage, se faire confier quelques missions hautement délicates et ronger à nouveau son frein en attendant de l’action commençait lourdement à lui peser. De l’action… Finalement, voilà un mot qui pouvait résumer en grossièrement la philosophie du Seki. Quoi qu’il fut heureux d’en arriver à la stature à laquelle il avait souhaité accéder depuis le premier jour où il avait été nommé Genin, le shinobi ressentait à présent un très grand désir de pouvoir agir, réellement, pour l’intérêt de Kumo. Mais surtout pouvoir agir tel qu’il l’entendait : avoir les mains libres.

En partie, devenir membre de l’unité d’élite lui permettait cela. Étant directement sous les ordres du Raikage, le ninja avait un ascendant hiérarchique sur la plupart des ninjas du village. C’était bien. Mais il fallait plus au Seki. Lui aurait souhaité diriger un groupe, mener des actions, le tout dans le seul intérêt du village. Il y avait tant à faire ! Et jusqu’ici, on le laissait quasi inactif à assurer des missions, certes importantes, mais… comment dire… Sans saveur ! Le Seki avait eu l’impression qu’on ne le gardait à Kumo que pour sa puissance. Il devait faire office de petite arme défensive. « Hop un gros problème et Zenno pourrait colmater les fissures ». Il exagérait un peu dans ses pensées, car la situation était la même pour l’ensemble des membres du Satoru. Et pourtant cette pensée n'était pas loin de la réalité. Très peu, des membres de l'unité d'élite, étaient envoyés hors de Kumo en même temps. Très peu restaient en dehors du village longtemps. Tel était le prix à payer pour être membre de l’unité d’élite. Une arme aiguisée, toujours bien au chaud dans son fourreau. Un tel sentiment d'impuissance...

Fort heureusement, le Seki s’était occupé ces derniers temps avec l’affaire Oterashi Yanosa, en plus des missions dangereuses qu’il réalisait assez vite. Le dénouement de cette affaire portant sur le nukenin, cependant, n’allait pas dans le sens qui l’agréait. Zennosuke aurait souhaité qu’on lui confie personnellement le rôle de veiller sur le guerrier rouge. Tant qu’il semblait encore oublieux, cet homme pouvait être bénéfique à Kumo. Cependant le jour même où il retrouverait l’entièreté de sa mémoire, il pouvait s’avérer immédiatement d’une dangerosité sans limite pour le village. Dès lors, qui s’occuperait de son cas ? En son for intérieur, le Jônin espérait que le Raikage mette au moins un membre du Satoru sur l’affaire. Autrement tout ceci aurait une fin désastreuse car Yanosa était puissant et sournois, à n’en pas douter. Il fallait espérer que le Kage prenne la bonne décision. À moins que la fin de l'histoire ne se termine à nouveau en queue de poisson comme pour la première fois…

La fin de l’histoire, le Seki n’en saurait probablement pas grand-chose. Du moins, si cette histoire devait prendre fin dans une période proche. Pour la première fois depuis que Tsumei l’avait fait « shinobi de l’Ombre », Zennosuke se voyait envoyer hors de Kumo pour une durée indéterminée. La mission consistait à se rendre à Konoha, village allié de longue date, afin d’y récolter le maximum d’information sur les furyous. Finalement… le Raikage s’était résolu à une action d’importance pour répondre aux équations que posait l’épineux dossier Furyous. Le sceau de Makka, ce même sceau qui avait poussé ces êtres à attaquer et à raser le village de Kiri, était à présent à Kumo. Dès que les Furyous le sauraient, il fallait s’attendre à une attaque surprise de leur part. Comme pour Kiri…

Zennosuke se trouvait à présent sur le sentier perdu, en présence de l’Ombre et du conseiller à la défense du village, le chef du clan Seki : Hasaki. C’est à ce dernier que fut confiée la lettre à remettre à Yamanaka Meïa. Cette femme serait la principale interlocutrice pour cette délicate mission. Une enquête voilà de quoi il s’agissait. À priori la lettre du Raikage devait leur permettre de mener de bonnes investigations sur le territoire de Hi no Kuni. En tant que pays allié, Konoha ne devrait pas poser de difficulté, la coopération militaire incluant forcément l’échange d’information.

Le Seki se souvint alors de ce sommet des Kage à Suna. Ce fameux jour où la menace des Furyous s’était matérialisée… Ce jour-là, le Seki avait demandé aux représentants des différents grands pays ninja de mettre en place une unité de centralisation et de partage de l’information sur la question du Furyous. Il avait également proposé Konoha pour être au cœur de ce système d’information. Ne possèdent-ils pas un clan passé expert en matière de collecte, de traitement et de diffusion d’information ? Les Yamanaka, ce même clan auquel appartenait la Meïa que Hasaki et lui devaient rencontrer… Il s’y était attendu, ce jour-là, sa proposition éminemment importante avait été snobée par ceux présents : Deux kirijins qui s’intéressaient à tout sauf ce qui est crucial pour eux et pour les autres, deux sunajins sans envergure, deux konohajins réfléchis mais qui pourtant n’ont pas réagi à la proposition – peut-être ne souhaitaient-ils pas entériner eux-même cette décision- et enfin, Tsumei qui semblait obnubilé que par ses seuls plans secrets… Quel perte de temps ! Combien de précieuses informations l’humanité aurait-elle gagnée si tout ceci avait été mis en place tôt. Aujourd’hui, à cause du manque d’initiative des hommes, les furyous décidaient de tout ce qui se passait, de comment cela se passait et quelles en seraient les conclusions. Les hommes n’étaient rien d’autres que de simples seconds rôles d’une pièce qui les concernaient pourtant au premier chef… Aucune initiative, aucune pro-activité. Restait à espérer que cette décision de l’Ombre de Kumo, soit le début d’une nouvelle phase dans la méthode de résolution du problème furyou.

Zennosuke se contenta d’un hochement de tête lorsque son regard croisa celui de l’Ombre. Il le comprenait. Son rôle, en plus de chercher des informations sur les furyous, serait également de faire en sorte que le conseiller du Raikage, Seki Hasaki, revienne vivant à Kumo quoi qu’il arrive. Hasaki était un bon combattant, certes, très utile, mais il manquait encore de puissance et de savoir-faire pour faire face aux situations les plus dangereuses. Zennosuke, quant à lui, était déjà assez balèze pour tenir tête à deux shinobis de haut niveau… Sans exagération aucune.

Le rôle d'un shinobi est d'appliquer les ordres de ses supérieurs et mener à bien sa mission sans états d'âme. Celle-ci était d'importance capitale pour Kumo et tout ce qui touche Kumo, concerne au premier chef Zennosuke. Le duo allait réussir. Car tous les deux shinobis se sentaient pleinement concernés.