La porte s'ouvrit cette fois avec bien plus de douceur que la fois dernière.

Onpu pénétra tranquillement dans la chambre, accompagné d'un eisen-nin chauve et de très petite taille. Toujours clouée au lit, Ozuka était sagement restée à sa place. Avec ce sceau à blocage de chakra au front, elle n'aurait pas pu aller bien loin de toute façon. Maïka lui avait assuré que la blessure au flan de la désertrice avait totalement cicatrisé.

Il s'approcha d'elle, le sourire au coin des lèvres.

- C'est donc toi. Un petit bout de temps que j'entends parler de toi, Ozuka. Appelle-moi On'.

Depuis son combat contre Kenji, il avait inconsciemment pris la mauvaise habitude de se passer la main sur le visage, et plus exactement les sillons qu'il y avait creusés. Comme pour s'habituer à leur présence, à la façon d'un adolescent avec ses premiers poils de barbe. Qu'il n'avait d'ailleurs toujours pas. Problème hormonal ?

- Désolé de ne pas être venu te voir plus tôt... Maïka ou une infirmière te l'a sûrement signalé, mais Hayashi Daïki est présumé décédé. C'est ton ancien collègue Meteora qui me l'a annoncé, et il est actuellement notre prisonnier. Te voilà donc face à la relève du Godaime, et je ne parle malheureusement pas de ce cher Garison-san.

Le petit médecin chauve agita la main pour signifier que c'était de lui qu'on parlait, et attrapa une chaise de l'autre main pour monter dessus et se mettre à la hauteur de la patiente.

- Mais parlons de toi, plutôt. Que ce soit Nikkou, Maïka, ce Natsuki ou même le personnel hospitalier, tout le monde s'accordera pour dire que tu fais maintenant plus ou moins... partie de la famille.

Alors que Garison-san posait un doigt sur le front de la femme pour désactiver son sceau à blocage de chakra, Onpu se penchait sur les lanières pour les détacher et redonner à Azuko toute sa liberté de mouvement.

- Te voilà donc libre de sortir du village. Et comme convenu, nous apprécierons ta coopération. Avant toute chose, réglons les points qui n'ont pas été abordés avec ma collègue la dernière fois, et ensuite nous parlerons du futur, si tu veux bien. Qu'est-ce qui a bien pu t'amener à t'engager avec ces mercenaires pour attaquer le village ? Notre cher Meteora était-il l'unique tête pensante de cette opération ?

Il s'avança vers elle, et lui tendit la main pour l'aider à s'extirper de son lit d'hôpital une bonne fois pour toutes.

- Marchons un peu.

Citation :

Ne nous fais pas sortir de l'hôpital tout de suite, c'est tout ce que je te demande

On' s'était adossé au mur du couloir lui aussi. A l'écoute attentive du discours d'Ozuka, il commençait à comprendre à quel point la situation devait être difficile à suivre pour elle. Son analyse comportementale lui confirmait que son discours d'amnésique était sincère, même s'il n'aurait pas ressenti le besoin d'une preuve à ce sujet.

- Vraiment ? … C'est déjà une information précieuse, merci pour ça.

Il se passa les mains dans les cheveux, roulant les yeux, réfléchissant à la façon la plus simple d'expliquer à cette femme des aspects du puzzle au centre duquel elle avait pourtant évolué sans en avoir conscience.

- Meteora... est un des déserteurs qui a participé à l'attaque du village, il est le ravisseur de Daïki. C'est un shinobi du clan Kadoria possédé par une âme folle qui nourrit une obsession maladive pour le visage des gens, si bien qu'il les collectionne. Cerise sur le gâteau, il n'est pas mortel. Je lui ai parlé il y a quelques jours, alors qu'il avait des trous gros comme ça dans la poitrine quand on l'a flanqué derrière les barreaux.
On croyait logique que ça soit lui derrière l'assaut, mais d'après toi... en tout cas, si tu m'en fais la demande, je peux t'arranger un entretien avec lui. Nous avons pris nos dispositions, il n'est pas dangereux là où le gardons.

Il recommença à avancer dans le couloir, puis monta l'escalier pour atteindre l'étage supérieur. Une curieuse odeur y régnait, comme du souffre.

- J'ai... encore du mal à concevoir la nébulosité du chaos qui peut régner dans ta tête, mais je compatis. Même si j'ai jamais été amnésique moi-même. Il te faudrait des repères pour repartir sur des bases solides, et je suis disposé à te les donner... une minute.

Il remonta son écharpe sur son nez, entrouvrit une porte devant laquelle ils venaient de s'arrêter, passa une tête à l'intérieure. L'odeur de tantôt y paraissait plus intense. Un adolescent inconscient était allongé sur le lit, avec un masque respiratoire particulièrement volumineux. Une infirmière portait un masque à gaz, et répondit à la question silencieuse d'Onpu en secouant la tête, comme pour dire « non, rien de neuf ». Il la remercia de la main, et ferma délicatement la porte, avant d'enlever l'écharpe et reprendre la route dans le couloir.

- Depuis le quatrième Hokage, on fait notre possible pour apporter notre soutien aux Sabakyô, les aider à dompter leur terrible don. Ils nous le rendent en se battant pour nous au village, et nous les soignons dans des conditions spéciales a posteriori. Ce n'est pas juste donnant donnant, c'est un cycle vertueux. C'est en partie pour ça que je préfère parler de famille... mais je comprends ton point de vue.

Ils atteignirent le bout du couloir, pénétrèrent dans une sorte de mini-cafétéria isolée du reste du couloir. Maïka était là, elle filtrait du café. Quand elle vit passer la nukenin, elle lui adressa un signe de la main avec un sourire en coin.
Il se vautra sur un canapé, invitant implicitement Ozuka à faire de même.

- Passons aux choses sérieuses. Plusieurs options s'offrent à toi si tu veux vraiment nous prêter main forte. Tu peux, comme tu nous l'a proposé, faire tourner ton réseau pour essayer de remonter jusqu'aux autres nukenins influents qui ont participé à l'assaut pour le compte de la feuille, prêter main forte au village pour l'aider à bourgeonner après cet automne meurtrier, ou simplement t'installer quelque part dans les quartiers résidentiels pour quelques temps et laisser tout ça décanter. L'important, c'est que tu te sentes soutenue.